mercredi, septembre 17, 2025
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SSN-AUKUS : L’Australie va-t-elle construire des Virginia pour sortir de l’impasse de 2034 ?

Il existe, en France, une certaine délectation lorsqu’il s’agit d’observer le programme SSN-AUKUS, qui doit permettre de doter la Royal Australian Navy de sous-marins nucléaires d’attaque américains et britanniques, s’enfoncer progressivement dans une ornière qui semble inexpugnable, eu égard à la manière dont Scott Morrison, le Premier ministre australien, avait mené ses négociations secrètes avec Boris Johnson et Joe Biden, sans jamais en informer Paris, avec qui l’Australie avait une relation contractuelle stratégique.

En effet, le vieillissement des sous-marins australiens de la classe Collins, plus avancé qu’envisagé, les difficultés rencontrées par l’industrie navale américaine pour augmenter ses cadences de production au niveau requis pour autoriser la vente de Virginia à l’Australie, et la hausse ininterrompue des coûts prévisionnels de ce programme, apparaissent, pour un regard français, comme autant de retours de karma pour la Marine australienne, nonobstant le fait que l’Australie et sa marine demeurent des partenaires stratégiques de la France, notamment pour la protection et la sécurité de la Nouvelle-Calédonie.

Jusqu’à présent, rien ne semblait pouvoir éviter la catastrophe qui se profile pour la Royal Australian Navy, lorsqu’elle devra retirer du service ses sous-marins classe Collins, et que l’US Navy ne sera pas en mesure de lui céder les SNA classe Virginia promis, en 2034, faute d’une production suffisante pour les remplacer, amenant plusieurs spécialistes du sujet à envisager différents scénarios plus ou moins applicables ou satisfaisants.

Est-ce par erreur, par accident ou à dessein ? Quoi qu’il en soit, l’hypothèse émise par un sénateur américain, Mark Kelly, de faire assembler directement des Virginia par l’industrie navale australienne, pourrait bien représenter la seule porte de sortie envisageable pour Canberra, dans ce domaine, même si les défis et contraintes, pour lui donner corps, seraient loin d’être négligeables…

L’impasse du programme SSN-AUKUS devient de plus en plus évidente aujourd’hui

Observer, aujourd’hui, l’évolution du programme SSN-AUKUS, qui rassemble l’Australie, les États-Unis et la Grande-Bretagne, pour équiper le premier d’une flotte de sous-marins nucléaires d’attaque, et pour accompagner le dernier dans la conception du successeur des SNA classe Astute, s’apparente de plus en plus, au fil du temps, au fait de regarder un accident inévitable arriver au ralenti.

SSN-AUKUS Johnson Morrison Biden
Boris Johnson, Scott Morrison et Joe Biden, les trois architectes du programme AUKUS

Lancé en 2021, après avoir annulé le programme de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle Swordfish Barracuda du Français Naval Group, l’alliance tripartite AUKUS entre ces trois pays, a toujours été intimement liée au programme SSN-AUKUS. Dans l’esprit de Scott Morrison, le Premier ministre australien, ainsi que de Joe Biden, le président américain, et de Boris Johnson, le Premier ministre britannique, il s’agissait, en effet, autant de créer les fondements d’une nouvelle alliance dans le Pacifique, face à la Chine, que de permettre à la Royal Australian Navy de franchir le seuil technologique et capacitaire décisif des sous-marins nucléaires d’attaque.

Si, initialement, le programme était estimé, par Canberra, à 240 Md$ AU, sur l’ensemble de la durée de vie des 3 SSN classe Virginia devant être acquis d’occasion autour de 2035, auprès de l’US Navy, des 3 SSN-AUKUS, la nouvelle classe de sous-marins nucléaires d’attaque co-développée pour succéder aux Astute britanniques à partir de 2040, et de 2 SSN-AUKUS ou Virginia neufs, en fonction des contraintes industrielles et de calendrier, le programme a rapidement vu ses coûts prévisionnels croître, pour atteindre, à présent, 340 Md$.

Pour autant, ce n’est pas la hausse du budget devant être supporté par l’Australie, qui représente néanmoins l’équivalent de l’ensemble des coûts d’acquisitions militaires annuels actuels, par ses armées, sur une période de 20 ans, qui engendre le plus d’inquiétudes sur l’ile-continent.

En effet, dès 2022, les difficultés rencontrées par l’industrie navale américaine, qui peine à livrer plus d’un SNA par an, et l’évolution des besoins de l’US Navy pour remplacer et étendre sa flotte de SNA, qui doit passer de 42 à 60 navires d’ici à 2050, firent naître des préoccupations croissantes concernant la livraison, promise par Joe Biden à l’Australie, de Virginia d’occasion, prélevés sur l’inventaire de l’US Navy, en 2034, 2035 et 2036.

SSn Virginia construction
L’industrie navale américaine semble dans l’incapcité de retrouver les cadences de production des sous-marins nucléaires d’attaque classe Virginia d’avant-covid, ce qui représente une menace très sérieuse pour le programme SSN-AUKUS.

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Quelles stratégies pour la défense française, face à la déferlante allemande à venir en 2030 ?

Alors que le sommet de l’OTAN de La Haye se rapproche, l’avenir de la Défense française demeure encore particulièrement flou. Ainsi, là où Berlin multiplie les annonces afin d’anticiper les transformations radicales à venir pour ses armées et son industrie de défense, en application de la hausse des dépenses de défense qui seront avalisées par ce sommet, Paris, de son côté, reste, à son habitude, très discret à ce sujet.

De fait, aujourd’hui, la posture française, à un mois de ce sommet historique pour l’avenir de la sécurité en Europe, demeure officiellement identique à ce qu’elle était il y a un an, tout au moins dans l’attente de la publication de la Révision 2025 de la Revue stratégique 2022, et des conséquences budgétaires et programmatiques qu’elle engendrera.

Dès lors, il est possible de se montrer inquiet et anxieux face au mutisme des autorités françaises, lorsque Berlin multiplie les annonces visant à faire de la Bundeswehr la première armée conventionnelle en Europe, de l’industrie de défense allemande un substitut potentiel à l’industrie américaine, y compris en se dotant d’un mécanisme proche du FMS, et de l’Allemagne, comme pivot stratégique de cette défense européenne.

Pourtant, nonobstant les décisions et arbitrages qui seront pris par l’exécutif français dans les semaines à venir à ce sujet, la France, ses armées et son industrie de défense disposent, elles aussi, d’atouts exclusifs pour contenir cette déferlante allemande qui se dessine en Europe, et pour garantir la pérennité et la sécurité de son outil de défense, au-delà de la recomposition globale qui se profile.

Le budget des armées françaises devrait atteindre 100 Md€ en 2030, si la France respecte l’objectif d’effort de défense de 3,5% PIB

Le postulat qui détermine l’évolution des armées, de l’industrie de défense et des ambitions allemandes de prendre le leadership en Europe sur les questions de défense et de sécurité collective repose sur la quasi-certitude, à présent, que les membres de l’OTAN entérineront un accord visant à augmenter, pour chacun d’eux, leur effort de défense jusqu’à un plancher de 3,5 % du PIB, en 2030, conformément aux exigences de Donald Trump pour maintenir la protection stratégique américaine sur l’Europe.

SNA Tourville et FDI lors essais à la mer naval Group

Avec un PIB de 4 300 Md€ aujourd’hui, l’Allemagne consacrera donc 160 Md€/an à la Bundeswehr en 2030, en devenant le troisième pays au classement mondial des investissements de défense.

Ce faisant, le budget de la Bundeswehr sera presque multiplié par 2,5 par rapport aux 63 Md€ de 2025, lui offrant d’immenses capacités d’investissement et de recrutement pour, effectivement, viser la position de leader en Europe dans le domaine des forces conventionnelles dédiées au théâtre européen.

En outre, cette hausse budgétaire permettra d’accroître, là encore de façon considérable, les investissements fédéraux dans l’industrie de défense allemande, pour la propulser, elle aussi, en position de leadership sur le Vieux Continent.

Les récentes déclarations de Boris Pistorius, le ministre de la Défense, et de Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand, indiquent que l’Allemagne se prépare, à présent, à remplacer en grande partie les armées américaines (qui devraient fortement diminuer en nombre) dans le schéma de défense européen, et que son industrie de défense s’apprête, elle aussi, à profiter de cette réorganisation globale.

Considérant les moyens budgétaires et industriels du pays, ainsi que sa position centrale sur le continent, on peut donc raisonnablement craindre que la dynamique lancée outre-Rhin vienne en grande partie effacer le rôle de la France, de ses armées et de son industrie de défense en Europe, ce qui pourrait même, à terme, représenter une menace pour la pérennité de cette industrie, aujourd’hui sur la seconde marche du podium mondial des exportateurs d’armement.

Ce serait cependant ignorer les atouts, eux aussi exclusifs, dont dispose la France, ses armées et son industrie de défense dans ces domaines, ainsi que l’obligation qui sera également faite à la France, lors du sommet de La Haye, de porter son effort de défense à 3,5 % de son PIB, soit autour de 100 Md€, en 2030. Or, comme nous le verrons, 100 Md€/an pour les armées françaises ne sont guère éloignés, en termes d’effets militaires et industriels, des 160 Md€/an de la Bundeswehr…

La question de la soutenabilité budgétaire de l’augmentation de l’effort de défense, souvent mal posée en France

Avant toute chose, il est indispensable, une nouvelle fois, d’aborder la question de la soutenabilité, pour les finances publiques françaises, d’une hausse aussi importante, représentant 45 à 50 Md€ supplémentaires par an d’ici à 2030, soit 1,5 % du PIB.

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Quelles stratégies pour la défense française, face à la déferlante allemande à venir en 2030 ? 9

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L’Allemagne se prépare à faire main basse sur le marché européen de l’armement en 2030.

« Quand on parle d’industrie de défense, un Allemand parle d’industrie, un Français parle de défense ». Cette phrase, vous l’avez évidemment déjà lue ou entendue, en tant que lecteur de ce site. Elle explique, en effet, nombre des difficultés et tensions qui ont opposé Paris et Berlin, ces dernières années, en particulier autour des programmes SCAF et MGCS.

Mais alors que l’Allemagne s’apprête à une révolution profonde en matière d’effort de défense, tant pour répondre à l’évolution des tensions et des menaces que pour satisfaire Donald Trump tout en anticipant un possible retrait américain du vieux continent, jamais cette phrase n’aura mieux décrit la manière dont Berlin s’apprête à prendre le leadership en Europe en matière de défense, en s’appuyant sur sa plus grande force : un PIB de 4 300 Md€, plaçant le pays sur la troisième marche mondiale, au coude-à-coude avec le Japon, et loin devant les autres pays européens, comme le Royaume-Uni (2 800 Md€, 6ᵉ), la France (2 600 Md€, 7ᵉ) et l’Italie (2 000 Md€, 10ᵉ).

En effet, le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, vient d’annoncer la création d’une offre cadre destinée aux alliés européens, visant à leur permettre d’acquérir certains grands équipements de défense produits par l’industrie de défense allemande, comme le char Leopard 2A8 ou le sous-marin U212 CD, aux mêmes conditions que la Bundeswehr.

En d’autres termes, en reproduisant un mécanisme comparable au fameux Foreign Military Sales américain, Berlin se prépare à faire main basse sur le marché des équipements de défense en Europe, en s’appuyant sur ses atouts : une industrie réactive et d’immenses capacités de financement.

Avec 160 Md€/an, l’Allemagne devrait disposer du troisième budget mondial de défense de la planète en 2030

Depuis le début du réarmement de la République fédérale d’Allemagne, avec les accords de Bonn de 1952, marquant la fin du régime d’occupation de la RFA et la renaissance des armées allemandes, Paris et Bonn, puis Berlin à partir du 3 octobre 1990, suite à la réunification, ont toujours veillé à maintenir des dépenses de défense équilibrées entre les deux pays, de sorte qu’aucun ne puisse effectivement représenter une menace dissymétrique excessive vis-à-vis de l’autre.

armées allemandes Bundeswehr
La Bundeswehr auta le troiisème budget miltiaire de la planete en 2030, en appliquant l’exigence de 3,5% PIB de Donald Trump.

Ce protocole non formalisé, mais fermement respecté, demeurait encore fermement actif jusqu’à peu. Ainsi, lorsqu’en 2018, un officier général allemand présenta le modèle “Socle Défense” au ministère allemand des Finances (dirigé alors par un certain Olaf Scholz), ce dernier rejeta fermement le principe proposé, en expliquant que cela viendrait nécessairement rompre cet accord tacite franco-allemand, qu’il soit appliqué par Paris, par Berlin, ou par les deux.

Ces dernières années, cependant, celui-ci est, pour ainsi dire, passé aux oubliettes, en particulier du côté allemand, en deux phases successives. La première eut lieu en février 2022, peu après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, lors de l’annonce du Zeitenwende par ce même Olaf Scholz, qui prévoyait l’augmentation du budget des armées allemandes à 2 % du PIB dès 2023, et l’attribution d’une enveloppe de reconstruction de 100 Md€, à dépenser sur les trois à quatre années à venir.

Alors que la France atteignait à peine un effort de défense de 2 % en 2023, en application de la LMP 2018-2025, et que la trajectoire suivante ne dépassait pas les 2,2 % en 2030, il était évident qu’un puissant décrochage allait intervenir entre les efforts de défense français et allemands, dès 2024 ou 2025. Et de fait, en 2025, le budget allemand de la défense, atteignant 2 % du PIB du pays, est de 63 Md€, soit 25 % plus élevé que les 50,5 Md€ français.

Le second événement qui finit d’enterrer cet accord tacite franco-allemand a été le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, avec des exigences fermes en matière d’élévation de l’effort de défense plancher en Europe.

En effet, si plusieurs chiffres ont été évoqués jusqu’ici par le locataire du Bureau ovale, un consensus semble se dessiner autour d’un effort de défense à 3,5 % du PIB en 2030, complété par un effort sécuritaire de 1,5 % pour 2032 à 2035, ces engagements devant être adoptés par les membres de l’OTAN, à l’occasion du sommet de La Haye, du 24 au 26 juin 2025.

Donald Trump national Guard Association 2024
Tout porte à croire que les européens cederont aux exigences de Donald Trump, en portant leur effort de défense à 3,5% PIB d’ici à 2035.

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La Marine allemande s’engage dans un très ambitieux plan de transformation pour 2035

Comme la Luftwaffe et Das Heer, l’Armée de terre, la Deutsche Marine, la Marine allemande a été lourdement affaiblie par 25 années de sous-investissements critiques de la part de Berlin, après la réunification et la fin de la guerre froide, ainsi que par des exigences parfois très excessives du Bundestag, le Parlement allemand, concernant l’emploi et la modernisation des forces armées allemandes, au fil de ces années.

Celle-ci a ainsi vu ses effectifs et moyens fortement décroître, après la réunification, en particulier après la fusion de la Volksmarine d’Allemagne de l’Est dans la Bundesmarine de la République fédérale d’Allemagne, pour donner naissance à la Deutsche Marine en 1990. Mais ses navires ont, eux aussi, été conçus politiquement, donnant naissance, par exemple, à la classe de quatre frégates F125 Bade-Wurtemberg, des navires imposants de 150 m et 7 200 tonnes entrés en service de 2019 à 2022, ne disposant d’aucune capacité anti-sous-marine et d’une capacité antiaérienne réduite à l’autodéfense, loin des performances des 8 frégates polyvalentes F122 classe Bremen qu’elles remplacent.

La situation de la Deutsche Marine était à ce point dégradée, en 2022, que même le Zeitenwende d’Olaf Scholz, et son enveloppe de 100 Md€, ne suffirent pas à la ramener à son plein potentiel opérationnel. Mais les choses vont bientôt radicalement changer, à ce sujet !

En effet, s’appuyant sur la hausse massive de l’effort de défense allemand qui se dessine, afin d’atteindre les 3,5 % du PIB qui seront exigés, selon toute vraisemblance, par Donald Trump pour 2030, à l’occasion du sommet de l’OTAN de La Haye à la fin du mois de juin, et sur le volontarisme affiché par le nouveau chancelier Friedrich Merz, en matière de défense, la Marine allemande a présenté le plan Zielbild Marine 2035+, qui amplifie les ambitions déjà exposées en 2023, et vise rien de moins que de la ramener au premier plan, en Europe.

9 à 12 nouveaux sous-marins U212 CD et plus de 12 grands sous-marins sans équipage

En matière de flotte sous-marine, le plan Zielbild Marine 2035+ ne change pas la trajectoire déjà connue, pour ce qui concerne l’extension de la flotte de sous-marins de type U212 CD.

TKMS Type 212CD Marine allemande norvégienne
Vue d’artiste du Type 212 CD commandé à 6 exemplaires par la Marine norvégienne ainsi que par la Deutsche Marine

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Les armées françaises doivent-elles se spécialiser pour mieux répondre aux enjeux sécuritaires à venir

La France s’enorgueillit, depuis les années 60, de disposer d’un format d’Armées globales, lui conférant un vaste potentiel d’action sur la scène internationale. Et en effet, les armées françaises disposent d’une panoplie de capacités qui, aujourd’hui, ne sont détenues que par les superpuissances mondiales chinoise et américaine, avec son porte-avions et ses sous-marins nucléaires, ses forces de projection de puissance, et surtout sa dissuasion à deux composantes.

Toutefois, alors que les budgets ont été lourdement contraints depuis la fin des années 90, et le début des bénéfices de la Paix, les Armées françaises, comme l’industrie de défense nationale, ont dû se spécialiser dans certains domaines, sans jamais, cependant, renoncer à ce format global, dont le paradigme demeure très ancré dans la classe politique nationale aujourd’hui.

Alors qu’une séquence historique s’ouvre à présent, en France et en Europe, pour l’avenir des armées et de l’industrie de défense, avec la publication de la Révision 2025 de la Revue Stratégique 2022, et le sommet de l’OTAN de La Haye, tous deux devant aboutir à l’annonce d’une hausse sans précédent de l’effort de défense français et européen, il semble nécessaire de s’interroger, objectivement, sur le bien-fondé de ce dogme, au regard de l’évolution de l’équation stratégique européenne et mondiale.

Le format d’Armées globales représente-t-il toujours un intérêt stratégique pour la sécurité de la France, et pour que le pays puisse préserver son rang sur la scène internationale ? Quels sont les domaines d’excellence des Armées françaises, si celles-ci devaient se spécialiser ? Et quelles seraient les conséquences d’une telle spécialisation sur la sécurité et l’autonomie stratégique française et européenne, et sur l’industrie de défense nationale ?

Le format global des Armées françaises, hérité du Gaullisme

Depuis la crise de Suez, en 1956, la France s’est engagée dans une trajectoire propre, en matière de défense, réduisant bien plus que ses alliés européens de l’OTAN sa dépendance à la protection des États-Unis.

armées françaises Forces aériennes strattégiques De gaulle
En structurant la dissuasion française, et en perenisant la logique des arsenaux militaires, le Général de Gaulle a posé les fondations du format d’Armées globales français.

Cette trajectoire a été encore accentuée, et bordée, avec l’arrivée du Général de Gaulle à la tête de l’État, en 1958, ce dernier accentuant les investissements et le volontarisme national pour se doter d’une capacité militaire globale, disposant notamment de sa propre dissuasion, et d’une industrie nationale capable de soutenir cette indépendance, afin de pouvoir “Choisir nos guerres, et les gagner”, selon ses propres mots.

Ainsi, lorsque Paris annonça son retrait du commandement intégré de l’OTAN, sans quitter l’alliance politique, en 1966, les armées et l’industrie de défense françaises étaient prêtes à donner au pays, à ceux qui le dirigeaient, une capacité de défense globale, capable d’intervenir aussi bien en Europe, face au Pacte de Varsovie, qu’en Afrique, pour protéger le Tchad des attaques libyennes, ou dans le Pacifique, l’océan Indien et Atlantique nord et sud.

Ce format d’armées globales est devenu, depuis, un marqueur clé des objectifs politiques en matière de défense, ainsi que des investissements nationaux dans ce domaine, créant au passage une spécificité française sur la scène internationale, qui faisait jeu égal, en termes d’autonomie, avec l’Union soviétique et les États-Unis, dans un grand nombre de domaines.

De l’armée globale à «l’armée d’échantillons»

Pour parvenir à cet objectif, avec des moyens représentant l’équivalent de 10 à 12 % des budgets soviétiques et américains en matière de défense, Paris, ses Armées et ses industriels durent faire preuve d’une très grande ingéniosité.

C’est ainsi que la France s’est spécialisée, dans les faits, dans la conception d’armements performants, mais sensiblement plus légers et économiques que leurs homologues américains, avec un AMX-30 40 % plus léger et moitié moins cher que le M-60, un Mirage III deux fois plus léger et trois fois moins onéreux que le F-4 Phantom, ou un sous-marin nucléaire d’attaque Rubis, 65 % plus compact et léger, et quatre fois moins cher que les Los Angeles américains.

SNA Rubis lors des essais de plongée en 1982
SNA Rubis lors des essais de plongée en 1982

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Les bâtiments de guerre des mines classe City, prochain succès export de Naval Group

Avec 8 milliards d’euros de prises de commandes, et 4,3 Md€ de chiffre d’affaires, 2024 a été une année historique pour le spécialiste français des systèmes navals de combat, Naval Group, qui dispose, à présent, d’un confortable carnet de commandes de 18 Md€, à produire dans les années à venir, tant pour la Marine nationale, avec les SNA classe Suffren, les frégates classe Amiral Ronarc’h et la conception du PANG et des SNLE3G, qu’à l’internationale, avec les commandes de sous-marins indonésiens et néerlandais, et la fabrication des FDI classe Kimon grecques.

En outre, l’industriel est engagé dans plusieurs négociations qui seraient proches d’aboutir, dont 3 sous-marins Scorpene classe Kilvari en Inde, et une quatrième frégate FDI en Grèce, alors que d’autres dossiers paraissent évoluer favorablement, en Argentine (Scorpene Evo), au Brésil ou en Norvège.

Toutefois, si les frégates, les corvettes et, naturellement, les sous-marins français, se taillent la part du lion, dans ces exportations, il se pourrait bien que la grande vedette, dans les années à venir, pour les exportations navales militaires françaises, n’appartiennent pas à ces catégories de navires, mais à celle des bâtiments de guerre des mines…

FDI, Gowind, Scorpene Evo, Barracuda : le catalogue du français Naval Group est prêt pour la hausse des budgets défense européens

Sur la scène internationale, le catalogue des navires militaires du français Naval Group, a tout pour séduire. En effet, l’industriel dispose d’une gamme parfaitement hiérarchisée de navires offrant, chacun, un excellent rapport performances-prix, et un positionnement attractif et concurrentiel, vis-à-vis de l’offre concurrente.

Frégate FDI Amiral Ronarc'h de la Marine nationale lors de ses premiers essais à la mer
Frégate FDI Amiral Ronarc’h de la Marine nationale lors de ses premiers essais à la mer

Ainsi, la FDI, qui va entrer en service dès cette année avec la livraison de la frégate Amiral Ronarc’h de la classe éponyme, à la Marine nationale, et de la frégate Kimon à la Marine hellénique, propose un concentré de capacités, en matière de lutte antiaérienne, lutte anti-sous-marine et antinavire, ainsi que de guerre cyber et électronique, que l’on ne retrouve, traditionnellement, que sur des navires plus lourds de 1000 à 2000 tonnes, et plus chers de 100 à 150 m€, voire davantage.

Cette alliance de compacité et de performances, est d’ailleurs au cœur de l’argumentaire commercial de Naval Group en Norvège, pour le remplacement des frégates classe Nansen, eu égard à la géographie très spécifique autour de laquelle la Sjøforsvaret, la marine royale norvégienne, doit évoluer. À ce titre, Naval Group et le norvégien Kongsberg, ont signé, la semaine dernière, un accord de coopération industriel de grande importance, pour renforcer l’attractivité de l’offre française dans cette compétition.

Outre les frégates, les sous-marins à propulsion conventionnelle représentent, aujourd’hui, le second cheval de bataille de Naval Group, avec une offre dite « océanique », articulée autour des nouveaux Scorpene Évolution, équipés de batteries lithium-ion, et la gamme « grand océanique », composée des sous-marins de la gamme Barracuda, plus imposants et équipés de ces mêmes batteries.

Blacksword barracuda Naval Group
Vue d’artiste de la classe Orca de la Marine néerlandaise, basée sur le modèle Blacksword Barracuda de Naval Group

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Revue Stratégique, Sommet de l’OTAN… : la France entre dans un moment décisif pour sa défense

Entre la publication de la révision de la Revue stratégique 2022, dans un contexte international plus intense que jamais depuis presque quarante ans, un sommet de l’OTAN qui a toutes les chances de devenir historique, et les annonces industrielles qui se multiplient, en Europe, autour des investissements de défense, une séquence sans équivalent débute, à présent, pour la France, ses Armées et son industrie de défense.

En effet, les décisions qui seront prises par les autorités françaises, dans les semaines à venir, pourraient bien tracer une trajectoire qui déterminera l’évolution du rôle, de la crédibilité et du poids de la France sur la scène internationale et européenne, dans un contexte d’une complexité rare.

Alors que les Armées et l’industrie de défense françaises peinent toujours à se relever de 20 années de sous-investissements, en dépit des hausses récentes de crédits, que doit-on attendre de la révision 2025 de la Revue Stratégique 2022 et du sommet de l’OTAN de La Haye, à la fin du mois de juin ?

Quelles sont les conséquences et les menaces, sur l’industrie de défense française, des hausses de l’effort de défense européen qui se dessinent ? Et comment la France peut-elle espérer rivaliser, et préserver son rang international, dans le contexte budgétaire qui est le sien ?

Les Armées françaises sous fortes contraintes en dépit des budgets en hausse

Depuis 2018, le budget des Armées françaises a connu une hausse sans précédent ces 30 dernières années. Celui-ci est, en effet, passé de 32,3 Md€ en 2017, à 50,5 Md€ hors pensions, en 2025, soit une hausse de 56% en huit ans, pour une inflation de 21% sur la même période.

revue stratégique 2022 revision gazelle alat
Les Gazelle de l’ALAT ne cessent de devoir joueur les prolongations, notamment en raison de la reduction du nombre de Tigre devant être commandés par la France, passé de plus de 200 exemplaires, initialement planifié, à 77.

Rappelons que sur les 17 années ayant précédé cette hausse, le budget des armées était passé de 36,4 Md€ en 2009 à 32,3 Md€ en 2017, soit une baisse de -11,2%, alors que, dans le même temps, l’activité opérationnelle avait été d’une grande intensité, avec les engagements en Libye, en Afghanistan, en RdC, au Mali puis dans la bande sud-saharienne et en Irak.

Sans surprise, donc, en 2017, les armées françaises étaient épuisées, lourdement démoralisées, et souffraient d’une érosion capacitaire très élevée, alors que de très nombreux programmes, destinés à moderniser les forces, avaient été annulés, reportés ou rabotés.

On aurait pu penser qu’avec la hausse de plus de 50% de leur budget, les armées françaises auraient retrouvé le sourire. C’est en partie vrai, mais en partie, seulement. En effet, la situation était à ce point détériorée, en 2017, que les efforts consentis jusqu’en 2021, par ailleurs relativement limitées (+21% / +6,9 Md€/an), permirent avant tout de stopper l’hémorragie capacitaire, et de rééquilibrer l’équation des Ressources Humaines, sans véritablement améliorer les choses, de manière sensible, sur le plan capacitaire.

Par ailleurs, la crise covid, et le pic inflationniste de 2021 et 2022, ont raboté une part importante des hausses budgétaires consenties jusque-là. En d’autres termes, la véritable reconstruction capacitaire des Armées françaises, a débuté en 2023, et non en 2017, ceci expliquant que ses effets tardent à se faire ressentir sur le terrain.

infanterie
Si les armées peinent toujours à recruter dans certaines spécialités, la démoralisation globale qui existait en 2017, semble s’être atténuée à présent.

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Rafale vs J-10 : Au Bourget, une tout autre version de l’engagement du 7 mai fait surface

Au Salon du Bourget 2025, alors que les regards se tournaient vers les avancées technologiques du Rafale F5 et les tensions industrielles autour du programme SCAF, un tout autre dossier est venu s’inviter dans les discussions : celui de l’engagement aérien du 7 mai entre l’Indian Air Force et la Pakistan Air Force. Contre toute attente, des sources militaires et industrielles françaises ont profité de l’événement pour livrer une version radicalement différente de celle qui, depuis trois semaines, avait largement dominé la scène médiatique internationale.

Car depuis le 7 mai, c’est le récit sino-pakistanais qui s’était imposé : une victoire nette de la PAF, obtenue grâce au J-10CE chinois et à ses missiles PL-15, face à des Rafale indiens surclassés. Une victoire tactique, technologique et symbolique, reprise sans grande nuance dans de nombreux médias, et exploitée à plein par les industriels chinois pour promouvoir leurs appareils auprès de clients traditionnels de Dassault Aviation.

Mais que s’est-il réellement passé ce jour-là ? Que vaut le contre-récit français présenté à huis clos lors du Bourget ? Et, plus largement, que nous dit cette bataille des narratifs sur les rapports de force contemporains — qu’ils soient tactiques, industriels ou cognitifs ?

Cet article ne vise pas à trancher entre deux vérités. Il cherche à comprendre comment un affrontement aérien peut devenir, en quelques heures, un champ de bataille informationnel à part entière, et comment s’y forge — ou s’y déconstruit — la réputation opérationnelle d’un système d’armes. Car derrière l’opposition entre Rafale et J-10, c’est toute la question de la maîtrise du récit stratégique qui se pose.

Le Pakistan annonce une grande victoire aérienne après l’engagement du 7 mai 2025 contre l’Indian Air Force

Le 7 mai 2025 pourrait bien s’inscrire comme l’un des jalons majeurs de l’histoire contemporaine de l’aviation de combat. Aux premières heures du jour, l’Indian Air Force (IAF) a lancé une offensive aérienne de grande ampleur contre plusieurs objectifs militaires et paramilitaires situés au Pakistan, en représailles à l’attentat perpétré le 22 avril à Pahalgam, dans le Cachemire indien, qui avait fait 26 morts et plus de 20 blessés, en majorité des pèlerins hindous.

Rafale indian air force
Le Rafale est l’appareil le plus moderne de l’Indian Air Force.

Cette opération, d’abord désignée sous le nom de code Sindoor, a rapidement dégénéré en une série d’engagements air-air d’une rare intensité, impliquant plus d’une centaine d’appareils : environ soixante avions de chasse indiens ont affronté une cinquantaine de chasseurs pakistanais, dans ce que plusieurs analystes considèrent désormais comme le plus important affrontement aérien de type BVR (Beyond Visual Range – combat hors de portée visuelle) jamais enregistré, et le plus intense combat air-air depuis l’opération Bolo menée par l’US Air Force au-dessus du Nord-Vietnam, le 2 janvier 1967 — bien que cette dernière n’ait pas eu lieu au-delà de la portée visuelle.

Dès la fin des combats, deux stratégies de communication radicalement opposées ont émergé. Fidèle à sa tradition de discrétion sur les opérations en cours, New Delhi a opté pour le silence, se limitant à indiquer que l’ensemble des équipages engagés étaient rentrés sains et saufs. Aucune évaluation, aucun bilan, et surtout, aucun contre-récit officiel n’est venu éclairer ou contester les premières interprétations de l’engagement.

À l’inverse, Islamabad a adopté une stratégie proactive, voire offensive, en multipliant les déclarations publiques, les détails tactiques et les assertions chiffrées. Dès le 8 mai, la Pakistan Air Force (PAF) a revendiqué une victoire nette et historique. Selon ses porte-parole, les forces pakistanaises auraient abattu sept appareils indiens, dont trois des nouveaux Rafale de l’IAF, acquis par New Delhi en 2016, et représentant l’appareil de combat le plus moderne actuellement en service au sein des forces aériennes indiennes. Ces succès auraient été rendus possibles par le déploiement du nouveau duo technologique de la PAF : le chasseur multi-rôle J-10CE et son missile air-air longue portée PL-15, tous deux d’origine chinoise.

Ce discours, structuré, détaillé, et renforcé par la diffusion de documents opérationnels (cartes, animations, extraits de vidéo), a rapidement trouvé un écho dans la presse régionale et au sein de nombreux relais d’analyse pro-pakistanais ou pro-chinois. En l’absence de toute forme de contre-discours de la part de l’Inde, il s’est imposé dans les médias internationaux comme le récit dominant — d’autant plus convaincant qu’il semblait reposer sur des faits tangibles.

J-10CE Pakistan
J-10CE des forces aériennes pakistanaises.

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L’engagement du 7 mai met la pression sur le programme F/A-XX de l’US Navy

Si la presse française demeure discrète et très prudente, quant au bilan de l’engagement du 7 mai entre les avions de combat indiens et pakistanais, pour le reste de la presse internationale, il ne fait aucun doute que des chasseurs chinois sont parvenus à abattre un ou plusieurs chasseurs Rafales indiens, pourtant un appareil aux qualités et performances reconnues, venant mettre sous pression, aux États-Unis, le programme F/A-XX de l’US Navy déjà sous tension.

Peu importe, à ce titre, que les engagements ayant suivi, les 8 et 9 mai, aient été à l’avantage de la chasse indienne, et que le Rafale, comme le missile de croisière Brahmos, soient en passe de devenir un symbole national, dans le pays. Les grands vainqueurs de cet engagement, sur la scène internationale, restent les chasseurs et les missiles chinois, qui se sont faits, en une heure de temps, une place dans l’élite des avions de combat modernes.

Ce changement de statut n’a pas été ignoré des forces aériennes américaines. De façon fort à propos, l’US Air Force a présenté, il y a deux jours, son ambition de mettre en service le F-47, super-furtif et doté un rayon d’action de 1850 km, et ses drones de combat, eux aussi furtifs, d’ici à 2029, précisément pour relever le défi posé par le reclassement chinois, désormais incontournable.

Pour l’US Navy, en revanche, la situation est beaucoup plus difficile. En effet, son programme de chasseur de 6ᵉ génération F/A-XX, risquerait de se voir reporté de trois ans, selon les dernières révélations de Reuters, afin de libérer ses crédits pour d’autres investissements, jugés prioritaires par le Secrétaire à la Défense, Pete Hegseth.

Ce faisant, les porte-avions américains ne disposeraient que d’un escadron de F-35C à leur bord, pour faire face aux chasseurs chinois de 4ᵉ et 5ᵉ génération, armés des missiles à longue portée PL-15, 16 et 17, qui auraient abattu des Rafale, et qui, par transitivité, se montreraient tout aussi efficace contre ses F/A-18 E/F Super Hornet, qui représentent encore l’essentiel de sa chasse embarquée, et que le programme F/A-XX devait justement permettre de remplacer, au cours de la prochaine décennie...

Communication ou pas, les avions de combat et les missiles chinois sont pris beaucoup plus au sérieux depuis l’engagement indo-pakistanais du 7 mai

Force est de constater, au sujet de l’engagement indo-pakistanais du 7 mai, qu’en dehors d’un débat franco-français, quant à savoir si oui, ou non, un ou plusieurs avions Rafale ont bien été abattus par la chasse pakistanaise, à l’aide de missiles et d’avions de conception chinoise, très rares sont ceux, dans la presse internationale, à douter de cette affirmation des forces aériennes pakistanaises.

J-10
J-10 des forces aériennes chinoises.

Or, comme évoqué dans un précédent article, si un appareil aussi performant que le Dassault Rafale, dont les qualités sont bien connues des acteurs internationaux, montre des signes de vulnérabilité dans un tel contexte, on peut aisément anticiper que les avions de combat occidentaux comparables, comme l’Eurofighter Typhoon, le JAS-39 Gripen, le F-15EX ou le F/A-18 E/F Super Hornet, sont tout autant exposés, face aux chasseurs et aux missiles chinois.

En effet, au-delà du contexte qui peut expliquer en partie les succès pakistanais, la perception globale, à présent, est que les systèmes chinois sont bel et bien performants, y compris les systèmes les plus évolués, comme le missile air-air à très longue portée PL-15, ou les avions de génération intermédiaire équipés d’une électronique embarquée chinoise évoluée, comme le J-10C, le J-11B ou les J-15 et J-16, pour ne parler que de la 4ᵉ génération.

Ainsi, si le cours de bourse de Dassault Aviation a perdu presque 10 % dans les 4 jours ayant suivi le début des affrontements, celui du chinois CAC, qui fabrique le J-10, ainsi que le J-20 et le supposé J-36, a progressé de presque 60% sur la même période, avant de revenir à une hausse plus modérée 12%, sur sept jours. À l’inverse, sur 7 jours, Dassault a largement réduit ses pertes, d’un peu moins de 5%.

Outre ce constat, qui ne vaut que quant à l’efficacité de la communication Pakistanaise, il ne fait aucun doute que cet engagement aura profondément modifié la perception de la qualité et de la qualité des équipements chinois.

Ainsi, Le très influent représentant de Californie, Ken Calvert, chef du tout aussi influent, sous-comité budgétaire de défense de la Chambre, a déclaré, à l’occasion d’une audience avec le secrétaire de la Marine, le chef des opérations navales par intérim et le commandant du Corps des Marines : « Je crains que toute hésitation de notre part à procéder à l’approvisionnement prévu des chasseurs de sixième génération pour la Marine ne nous laisse dangereusement surpassés dans un combat en Chine« .

Si l’Indian Air Force ne nie pas la perte d’avions de combat, le Rafale est en passe de devenir un symbole de puissance en Inde.

Au sujet de cet engagement, une petite digression s’impose, pour éclaircir certains points, quant aux évolutions constatées lors des engagements, au-delà du 7 mai et jusqu’à la trêve décrétée par New Delhi et Islamabad, le 10 mai.

Rafale Indian air force
Rafale C des forces aériennes indiennes. (Photo by Manjunath Kiran / AFP)

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[INVITÉ] L’acquisition grecque des frégates FREMM italiennes : une opportunité stratégique, non une menace pour les intérêts français

Alors que la Grèce poursuit sa course à la modernisation navale face à l’expansion rapide du complexe militaro-industriel turc, des informations récentes faisant état de négociations entre Athènes et Rome pour l’acquisition de deux frégates FREMM italiennes de seconde main, pour la Marine hellénique, ont suscité quelques inquiétudes dans les milieux français de la défense.

De prime abord, cette acquisition pourrait sembler compromettre la relation stratégique patiemment construite entre Paris et Athènes, notamment en ce qui concerne la commande d’une quatrième frégate FDI et la perspective de chantiers navals additionnels.

Pourtant, une analyse approfondie montre qu’il s’agit là non pas d’un revers, mais d’une opportunité de renforcer les synergies de défense intra-européennes, d’approfondir la coopération trilatérale, et, au final, de consolider l’ancrage stratégique de la France en Méditerranée orientale.

L’acquisition de FREMM italiennes par la Grèce : complémentarité, non concurrence, avec les FDI françaises

L’offre portant sur les Carlo Bergamini et Virginio Fasan — deux premières FREMM de la classe italienne — répond à une urgence grecque : celle du temps. Confrontée à une modernisation accélérée de la Marine turque et à un environnement stratégique de plus en plus complexe, la Grèce a un besoin clair et immédiat de combler un fossé capacitaire croissant.

Frégate FREMM  italiennes Bergamini
[INVITÉ] L’acquisition grecque des frégates FREMM italiennes : une opportunité stratégique, non une menace pour les intérêts français 42

Si les frégates françaises FDI (dont trois sont déjà commandées) offrent une supériorité technologique manifeste, elles nécessitent plusieurs années de construction et de livraison. À l’inverse, les FREMM italiennes, bien que plus anciennes et moins avancées, sont disponibles immédiatement, à un coût abordable, et pleinement opérationnelles — une solution de court terme pragmatique qui permet à la Grèce de maintenir sa présence navale dès maintenant.

D’un point de vue plus large, ces unités ne concurrencent pas les FDI françaises, elles les complètent. Elles permettent de combler un vide opérationnel immédiat, tout en laissant le temps à la marine hellénique de recevoir ses unités plus avancées. Cette acquisition pourrait même renforcer l’intérêt d’Athènes pour une quatrième FDI, en stabilisant la situation à court terme et en assurant la continuité de son programme de transformation navale.

Renforcer les synergies européennes de défense

Plus stratégiquement, l’offre italienne démontre une réalité essentielle : les pays européens sont de plus en plus capables d’agir avec agilité et solidarité face à des défis sécuritaires communs. La capacité de l’Italie à libérer rapidement des frégates opérationnelles et l’avance technologique française en matière de construction navale ne s’excluent pas, elles s’additionnent, formant un socle cohérent pour une Europe de la défense plus réactive.

Marine turque Erdogan Reis
[INVITÉ] L’acquisition grecque des frégates FREMM italiennes : une opportunité stratégique, non une menace pour les intérêts français 43

Les défis posés par l’évolution stratégique de la Turquie — son autonomie croissante vis-à-vis de l’OTAN, ses ambitions régionales — ne sont pas seulement un problème grec. Ils concernent l’ensemble des partenaires méditerranéens et européens. Dès lors, la coopération entre la France, l’Italie et la Grèce ne doit pas être perçue comme une rivalité commerciale, mais comme une responsabilité partagée dans le maintien de la stabilité régionale.

C’est dans ce contexte que les accords de défense tripartites prennent tout leur sens. Des exercices conjoints, des programmes industriels codéveloppés, le partage du renseignement et une intégration logistique accrue permettraient une interopérabilité européenne plus fluide et plus crédible. Cela renforcerait la capacité de dissuasion régionale et affirmerait la maturité stratégique de l’Europe face à des acteurs extérieurs.

Une victoire stratégique pour la France

Les intérêts français dépassent largement la seule logique contractuelle. La France s’est toujours positionnée comme une puissance méditerranéenne majeure, dotée d’une capacité militaire et politique à intervenir dans des théâtres complexes — du Levant à la Libye. La Grèce, via le partenariat stratégique franco-hellénique, constitue un relais essentiel de cette présence et un partenaire fiable, qui partage les priorités géopolitiques françaises.

FDI Kimon Marine hellenique
[INVITÉ] L’acquisition grecque des frégates FREMM italiennes : une opportunité stratégique, non une menace pour les intérêts français 44

Tout renforcement des capacités navales grecques — qu’il vienne de France, d’Italie ou d’ailleurs en Europe — soutient la vision stratégique d’une autonomie européenne en matière de défense.

Il favorise une présence européenne crédible en Méditerranée orientale, améliore l’interopérabilité avec la Marine nationale et renforce la coopération industrielle sur le continent. À ce jour, la France demeure le seul partenaire capable d’offrir à Athènes des capacités de pointe en matière de défense navale et aérienne — des frégates FDI aux Rafale.

Conclusion : Voir plus grand

Plutôt que de percevoir l’accord sur les FREMM italiennes comme un revers, la France gagnerait à l’accueillir comme un signe positif. Il témoigne d’une Europe de la défense en maturation, capable de réagir de façon souple et concertée à des menaces communes. C’est un progrès stratégique, non une régression.

FDI marine hellenique
[INVITÉ] L’acquisition grecque des frégates FREMM italiennes : une opportunité stratégique, non une menace pour les intérêts français 45

Cet épisode souligne l’urgence pour la France d’accélérer ses propres délais d’exportation, d’innover dans son modèle industriel, et de renforcer sa coopération avec les autres puissances européennes dans une logique d’architecture de sécurité partagée. La défense de l’Europe ne repose plus sur des accords bilatéraux isolés, mais sur la cohésion multilatérale — dont le partenariat franco-grec demeure un pilier central.

En somme, soutenir les besoins urgents d’Athènes, quel que soit le fournisseur, va dans le sens des intérêts stratégiques français. Cela garantit que la Grèce demeure un partenaire crédible, compétent et confiant dans une région cruciale pour la sécurité européenne. Une marine grecque plus forte n’est pas une menace pour l’influence française : c’est un atout majeur.

Ioannis Sidiropoulos, LL.M (LSE, UvA) est avocat, ainsi que chercheur universitaire non-résident à l’Académie diplomatique de l’Université de Nicosie.

Cet article est un article « Invité », publié par Meta-Defense, publié pour étendre le débat autour des sujets de défense. Il ne reflète pas nécessairement les positions du site sur le sujet.


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