jeudi, septembre 18, 2025
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L’Armée de terre pourrait bien avoir son char de génération intermédiaire, comme le Leopard 3 !

Depuis plusieurs années, la question du besoin d’un char de génération intermédiaire se pose régulièrement, pour l’Armée de terre française, entre un Leclerc qui semble de plus en plus exposé, un MGCS qui n’entrera en service qu’au-delà de 2040, et un contexte sécuritaire qui ne cesse de se dégrader, en particulier en Europe de l’Est.

Pour autant, l’hypothèse avait systématiquement été rejetée, jusqu’à présent, par l’Armée de terre et le ministère des Armées, contraints, tous deux, par une LPM 2024-2030 sans marge de manœuvre budgétaire, et l’urgence de certains programmes clés, comme SCORPION.

Les déclarations faites par Emmanuel Chiva au site Challenge.fr, pourraient ouvrir de toutes nouvelles perspectives, à ce sujet. En effet, le DGA a évoqué, à mots détournés, la possibilité, pour la France, de se tourner vers des blindés allemands, reconnaissant la proéminence de l’industrie allemande dans ce domaine, en Europe.

Or, en l’état des compétences de la BITD française, et des besoins de l’Armée de terre, le seul domaine dans lequel se tourner vers l’industrie allemande en matière de blindés, aurait du sens, n’est autre que concernant un char de combat de génération intermédiaire, voire, éventuellement, le véhicule de combat d’infanterie, qui pourrait l’accompagner…

Le char de génération intermédiaire pourrait bien retrouver les faveurs de la DGA, sous certaines conditions.

Depuis plusieurs années, certains spécialistes de la question, actifs sur la scène publique, comme Yann Boivin (Blablachar.com) et Marc Chassillan, ont multiplié les mises en garde, au sujet du décrochage de la composante blindée lourde de l’Armée de terre, et plus spécialement, concernant la composante char de combat.

Armée de terre Leclerc renové
En dépit de ses évolutions et de son intégration dans la bulle Scorpion, le Leclerc XLR est jugé par de nombreux spécialistes, comme trop vulnérable (et en nombre trop réduit) pour répondre aux besoins de l’Armée de terre française jusqu’à l’arrivée du programme MGCS, au-delà de 2040.

Pour eux, le char Leclerc, dans sa version actuelle ou XLR, ne dispose pas des performances, de la survivabilité et de la puissance de feu suffisante, pour s’engager efficacement sur un théâtre de haute intensité, comme en Europe de l’Est.

De fait, et dans l’attente de l’arrivée des blindés lourds du programme franco-allemand MGCS, au-delà de 2040, une génération intermédiaire de chars de combat s’impose, pour l’Armée de Terre, à l’instar du Leopard 2A8 et de son successeur, le Leopard 3, pour la Bundeswehr, ou encore du M1E3 américain.

Ces inquiétudes ont d’ailleurs amené l’industriel française spécialiste du sujet, KNDS France, à proposer, lors du salon Eurosatory 2024, deux démonstrateurs attractifs, répondant à cette définition, le Leclerc Évolution et l’EMBT, dans le cadre d’une stratégie coordonnée avec KNDS Deutschland autour du Leopard 2A8 et 3, pour couvrir l’ensemble des besoins et opportunités, notamment sur la scène internationale.

Pour autant, jusqu’ici, ces ouvertures répétées et appuyées, étaient restées lettres mortes, auprès de l’Armée de terre, la DGA et le ministère des Armées. En effet, la Loi de Programmation Militaire 2024-2030 étant déjà sous tension et avec des marges de manœuvre budgétaires très faibles, un tel programme se serait nécessairement fait au détriment d’autres, jugés encore plus prioritaires, comme le programme SCORPION sur le segment intermédiaire, les canons Caesar MK2 ou la dronisation globale.

Rien ne semblait, donc, devoir faire vaciller cette trajectoire et l’Armée de terre devait attendre 2040 et le programme MGCS, pour retrouver une puissance de frappe blindée lourde digne de ce nom. Rien, jusqu’à présent….

VBMR Griffon
La priorité de l’Armée de terre, pour la LPM 2024-2030, est d’avancer le plus possible dans le renouvellement du segment médian et l’arrivée de la bulle de combat infovalorisé SCORPION.

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Le programme des frégates classe Constellation de l’US Navy, affiche 5 ans de retard… en 5 ans seulement !

Les frégates de la classe constellation de l’US Navy, ont été conçues, à la fin des années 2010, pour palier l’échec du programme Littoral Combat Ship, des navires polyvalents censés assurer différentes missions.

En effet, non seulement la Marine américaine faisait-elle face à la montée en puissance très rapide de la Marine chinoise, qui mettaient en service chaque année, huit escorteurs de type frégates ou destroyers, contre seulement deux, pour l’US Navy, mais elle devait également répondre à l’augmentation rapide et sensible, de la menace sous-marine, tant dans le Pacifique, face à la Chine, que dans l’Atlantique nord, face à la Russie.

Le programme FFG/X de frégates de nouvelle génération, devait précisément permettre de rapidement combler ces deux faiblesses, en produisant rapidement, et à un rythme soutenu, une vingtaine d’escorteurs spécialisés dans la lutte anti-sous-marine.

Pour y parvenir, l’US Navy assura avoir tiré les leçons de ses échecs avec LCS, notamment en se tournant vers la frégate FREMM classe Bergamini, de l’italien Fincantieri, pour lui permettre de répondre aux exigences de délais, de cadences de production et de couts, imposées par le Congrès.

Cinq ans après la sélection de l’industriel italien, tous les indicateurs entourant ce programme, sont au Rouge. Non seulement la construction de la première frégate de la classe, l’USS Constellation, n’a-t-elle progressé que de 10%, en deux ans, mais le programme affiche, aujourd’hui, cinq ans de retard sur son calendrier prévisionnel, comme s’il n’avait pas évolué, depuis l’annonce du vainqueur, en mai 2020.

Le programme FFG/X, la relève capacitaire et industriel après l’échec des LCS de l’US Navy

La construction des frégates de la classe Constellation, trouve son origine dans le programme FFG/X, lancé par l’US Navy en 2018, après le constat d’échec sanglant, du programme Littoral Combat Ship, ou LCS.

LCS classe Independance
LCS classe Independance, conçues et contruites par le chantier naval Marinette, detenu par Fincantieri.

Ces navires polyvalents, articulés autour des classes Freedom et Independance, étaient entrés en service à partir 2008, pour remplacer différents navires de l’US Navy, dont les frégates anti-sous-marines classe O.H Perry, et les chasseurs de mines de la classe Avenger.

Pour cela, le très ambitieux programme s’appuyait sur un système de modules de mission, des capacités en container pouvant être embarqué par chaque navire, pour en faire ci, un spécialiste de la guerre des mines, là, un escorteur de lutte anti-sous-marine, ou encore un navire de surveillance côtière ou de lutte anti-navire.

Dès le début des années 2010, cependant, il devint évident que le principe des modules de mission était bien trop ambitieux, pour la technologie disponible. En outre, les deux classes rencontraient d’importants problèmes de fiabilité, notamment pour ce qui concernait leur système de propulsion, sans aucune solution rapide et évidente, en ligne de mire.

De fait, à partir de 2017, l’US Navy entreprit de réduire le volume prévu de LCS, attendu que celles-ci n’avaient pas les équipements et la puissance de feu nécessaire, pour être engagées en zone hostile. Plus tard, il fut décidé de ramener à seulement à 35 unités, le nombre de navires commandés, contre 55 initialement prévus, de retirer du service les premières LCS livrées, ainsi que de spécialiser et armer davantage les unités restantes, sans qu’elles soient véritablement exploitables, dans le contexte naval qui se dessinait.

Face à cet échec industriel et programmatique monumental à 28 Md$, et aux besoins croissants de l’US Navy de disposer d’un véritable escorteur anti-sous-marin océanique, tant pour remplacer le retrait des dernières frégates O.H. Perry, en 2015, que pour rester au contact de la flotte chinoise, qui s’étendait de 8 escorteurs chaque année, celle-ci lança, en 2018, le programme FFG/X.

Frégate FREMM Bergamini
Frégate italienne classe Bergamini.

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Chars, Avions de combat : l’industrie de défense française sait-elle encore faire ? Et saura-t-elle faire demain ?

Si l’évolution des tensions internationales, et les risques de guerre, génèrent une anxiété sensible au sein de la population, l’industrie de Défense française, elle, y voit la fin de 30 années de budgets faméliques et d’engagements non-tenus par l’état, ayant menacé jusqu’à sa pérennité, il y a encore quelques années.

De fait, après 1992, la principale préoccupation des Dassault, Nexter, DCNS et autres Thomson, a été de maintenir leurs compétences de conception et leur outil industriel, sans avoir les budgets d’états pour y parvenir, alors que même le marché export, lui aussi, reculait sévèrement.

Conséquence directe de cette PLS des industries de défense française, celles-ci ont beaucoup moins innové, de 1990 à aujourd’hui, en comparaison des 30 années précédentes. Ainsi, alors que Dassault avait développé 5 avions de combat tactiques (Mirage V, Mirage F1, Jaguar, Mirage 2000 et Super-Étendard) de 1960 à 1990, et trois grands programmes de démonstrateurs (Gerfaut, Mirage G et Rafale), l’entreprise n’aura conçu que le Rafale et le démonstrateur Neuron, sur les trente années qui suivirent, de 1990 à 2020.

De fait, aujourd’hui, les grands succès de l’industrie de défense française, repose encore, et avant tout, sur des équipements conçus, le plus souvent, à la fin des années 80 et durant les années 90, comme l’avion Rafale, le canon Caesar ou le sous-marin Scorpene. La question se pose, alors : l’industrie de défense française est-elle encore capable d’innover et de produire de nouveaux équipements majeurs, comme le char de bataille ou l’avion de combat, après 30 années de stase industrielle ? Et sera-t-elle capable de le faire, à l’issu des programmes SCAF et MGCS ?

Polyvalence et évolutivité : les armées et l’industrie de défense françaises sont engagées dans un développement à pas générationnel à la fin de la guerre froide

Depuis le milieu des années 60, les industries de défense françaises produisaient de nouveaux équipements sur un rythme plus ou moins décennal. Ainsi, tous les dix ans, parfois moins, un nouvel avion de combat, une nouvelle frégate, un nouvel hélicoptère et un nouveau sous-marin, entraient en service dans les armées françaises.

Armée de l'air et de l'Espace Rafale Mirage 2000D
Moins de 8 ans ont séparé le premier vol du Mirage 2000, en 1978, de celui du démonstrateur Rafale, en 1986. 12 ans plus tôt, volait pour la première fois le Mirage F1, en 1966, et encore dix ans avant cela, en 1956, celui du Mirage III. Dans les trente ans qui suivirent le premier vol du Rafale, Dassault n’a fait volé aucun nouvel avion de combat.

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Comment le Drone de combat du Rafale F5 permettra-t-il à Dassault Aviation de sauter la 5ᵉ génération ?

En matière d’avions de combat modernes, on peut penser qu’il n’y a pas, aujourd’hui, deux appareils conçus sur des paradigmes aussi opposés, entre le F-35 de l’américain Lockheed Martin, et le Rafale de Dassault Aviation.

En effet, là où le premier a tout sacrifié, ou presque, aux attributs de la 5ᵉ génération, avec une excellente furtivité sectorielle, et un grand nombre de capteurs fusionnés par le système d’information et les immenses capacités de traitement numériques du chasseur américain, le second représente l’évolution ultime d’un avion de combat polyvalent équilibré, conçu pour apporter un haut niveau d’efficacité, dans tous les domaines et scénarios d’engagement.

Pour autant, force est de constater, aujourd’hui, qu’en dehors des pays n’ayant pas (encore) été autorisés à acquérir le F-35, ou ceux qui souhaitent se tenir à distance de la mainmise de Washington qui accompagne immanquablement l’achat de l’appareil, tous les autres se sont tournés, sans exception à ce jour, vers le chasseur furtif, souvent au détriment du Rafale.

Alors que Donald Trump ne fait aucun mystère de son intention d’élargir sensiblement le marché de son avion de combat phare, on pourrait penser qu’un vent de panique se s’est levé pour l’avionneur français, alors-même que rien n’indique que le Rafale sera doté, dans les années à venir, des attributs de la 5ᵉ génération qui apparaissent si séduisants, sur la scène internationale.

Pourtant, il n’en est rien. Bien au contraire, celui-ci est plus confiant que jamais, dans le potentiel commercial de son chasseur dans les années à venir, déjà mieux exporté que le Mirage 2000, avec plus de 300 exemplaires commandés. En effet, face au F-35, et des autres avions de combat plus ou moins de 5ᵉ génération, en préparation, Dassault prépare sa riposte, pour 2030, en associant le Rafale F5 à un nouveau drone de combat lourd, dans un nouveau paradigme opérationnel qui pourrait bien prendre l’avantage, dans ce bras de fer.

Furtivité et fusion des données multi-senseurs, les deux plus-values décisives du F-35 américain

On le sait, le F-35, s’il est un système d’armes remarquable, il n’est pas, à proprement parler, un bon avion. En effet, celui-ci ayant tout sacrifié pour une furtivité sectorielle la plus efficace possible, et pour ses capacités de détection, de traitement et de communication, il affiche un comportement en vol, très inférieur à celui des autres appareils contemporains, même sensiblement plus lourds.

F-35 us air force
Avec plus de 20 forces aériennes ayant commandé le F-35, l’avion de Lockheed Martin est incontestablement le plus grand succès aéronautique international ces 30 dernières années.

Ainsi, le F-35 peine-t-il à maintenir un vol supersonique au-delà de Mach 1,2, en vol rectiligne horizontal, et uniquement à relativement haute altitude, lorsque la densité de l’air est la plus faible. Il monte mal, également, et n’est pas particulièrement manœuvrant. En outre, sa configuration monomoteur, représente un handicap dans certains régimes de vol, notamment à basse altitude.

Pourtant, celui-ci a été retenu, à ce jour, par une vingtaine de forces aériennes occidentales, en faisant l’avion de combat standard au sein de l’OTAN. Il ne cesse, par ailleurs, d’être réclamé par d’autres pays, comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie ou, encore, la Thaïlande et l’Indonésie.

Si les pressions diplomatiques et le puissant rôle normatif que les États-Unis et leurs armées peuvent imposer à leurs partenaires, peuvent expliquer, en partie, ce succès, force est de constater que, la plupart du temps, l’appareil était véritablement plébiscité par ceux qui l’ont acquis.

Et pour cause ! En dépit de ses limites aéronautiques, de ses couts très élevés et de sa faible disponibilité, le chasseur de Lockheed Martin affiche des plus-values opérationnelles, lui permettant d’effectuer des missions hors de portée des appareils traditionnels dits de 4ᵉ génération, que ce soit dans le domaine de la supériorité aérienne, de l’appui feu ou des frappes profondes et stratégiques, en défiant les défenses aériennes et les radars adverses, tout en disposant d’une perception de leur environnement, sans équivalent à ce jour.

De fait, que ce soit lors des exercices organisés par l’OTAN et aux États-Unis, ou au sujet des utilisations au combat faites de l’appareil, notamment par les forces aériennes israéliennes, le constat est unanime : le F-35 est, aujourd’hui, l’avion de combat occidental le plus efficace du marché, loin devant ses concurrents, comme les F-15EX, F-16V ou F/A-18 E/F américains, ou les Gripen, Typhoon et Rafale, européens.

Rafale armée de l'air Typhoon Royal Air Force
Dassault Rafale et Eurofighter Typhoon ont systèmétiquement été écartés face au F-35 américain, lors des récentes compétitions et évaluations.

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La plupart des armements allemands est inadapté à la guerre en Ukraine…

Une majorité des armements allemands livrés à l’Ukraine, dans sa guerre contre les armées russes, est inadaptée aux opérations de guerre, telles qu’elles se déroulent dans ce conflit !

Cette affirmation, on peut ne pas être étonné de la lire sur un site d’information spécialisé Défense français, alors que, traditionnellement, les deux alliés et piliers de l’industrie de défense européenne continentale, sont également en compétition permanente.

Pourtant, cette phrase ne vient pas de France, ni d’ailleurs en Europe ou dans le Monde. Elle a été prononcée par l’attaché de défense adjoint allemand posté à Kyiv, à l’occasion d’une conférence donnée à l’école de sous-officiers de l’armée à Delitzsch, en Saxe, qui forme les sous-officiers de Das Heer, l’Armée de terre allemand.

Pzh-2000, Iris-T SLM, Leopard 2A6… le Retex sans concession de l’attaché de défense allemand à Kyiv sur les armements allemands au combat

En règle générale, le discours public des autorités nationales, et des armées, au sujet des performances opérationnelles de leurs armements au combat, ne se compose que d’une succession de superlatifs et d’autosatisfaction. En effet, le statut « Combat Proven » d’un équipement militaire, est un atout de taille, pour son succès commercial international.

Armements allemands Leopard 2A6 ukraine
Le baptème du feu du Leopard 2A6 en Ukraine a été très difficile. Mais il s’agisait, alors, davantage d’une erreur tactique ukrainienne, que d’une faiblesse du char allemand. Au contraire, celui-ci s’est montré plutot efficace et resistant, une fois employé de manière cohérente. En revanche, il est très difficile à maintenir et à réparer, sans retour en atelier.

De fait, très majoritairement, les propos publics de cette catégorie, ressemblent davantage à un argumentaire commercial, qu’à une analyse objective des performances et faiblesses observées, au combat, de ces équipements.

C’est pourtant bien à cette analyse sincère et honnête, que certains estiment même, bien peu diplomatique, que s’est livré l’attaché de Défense adjoint allemand, en Ukraine, à l’occasion d’un discours de l’école de sous-officiers de l’armée à Delitzsch, au nord de Leipzig. Si le discours était naturellement confidentiel, et réservé à un auditoire de militaires allemands, sa transcription a cependant été obtenue par plusieurs quotidiens allemands, raison pour laquelle son contenu est, à présent, public.

Étant donné les informations données, dans ce discours, on imagine aisément que les grands industriels de défense allemands, qu’il s’agisse de KNDS, de Rheinmetall, de Hensoldt ou de DIEHL Defence, comme les autorités politiques, auraient largement préféré qu’il soit resté confidentiel. En effet, le tableau présenté, concernant les armements envoyés par Berlin aux armées ukrainiennes, est loin d’être flamboyant.

Et tout y passe ! Le Leopard 2A6, qui était, il y a encore quelques années, le char le plus performant et évolué de la Bundeswehr, est jugé à ce point compliqué, que toute opération de maintenance nécessite un retour vers l’arrière, dégradant très sensiblement sa disponibilité.

Le système antiaérien IRIS-T SLM, s’il est très performant, il utilise surtout des missiles bien trop chers, pour les cibles interceptées (essentiellement des drones Geran), et les difficultés de réassort en munitions en détériore l’efficacité globale (il n’est pas le seul, cela dit).

Iris-t slm en ukraine
L’IRIS-T a montré qu’il était un système antiaérien très efficace en Ukraine. Toutefois, les tensions sur la livraison des missiles, et le prix des munitions, constituent de sérieuses faiblesses, pour son utilisation efficace au combat.Reconaissons qu’il n’est pas le seul, dans ce cas.

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Le futur Lance Roquette Multiple français entamera ses essais dès 2026 !

Avec seulement 7 Lance roquette multiples en service, paradoxalement baptisés Lance roquette unitaires, ou LRU, l’artillerie à longue portée française est identifiée, depuis plusieurs années, comme une des plus importantes faiblesses capacitaires de l’Armée de terre.

Non seulement ces LRU sont-ils bien trop peu nombreux, mais ils reposent sur des technologies datées, avec une portée n’atteignant que 70 km pour la roquette M31, très loin des performances offertes par les LRM modernes comme le HIMARS américain, le PULS israélien, et surtout, le 9A52-4 Tornado-S, qui remplace le BM-30 Smerch dans les armées russes.

Pour palier cette faiblesse, la LPM 2024-2030 a prévu une enveloppe de 600 m€, dans le cadre du programme Frappe Longue Portée – Terrestre, ou FLP-T, pour acquérir 12 systèmes d’ici à 2030, afin de remplacer les LRU hors d’âge de l’Armée de terre, avec l’objectif de disposer de 26 systèmes, à horizon 2035.

Toutefois, jusqu’à présent, le flou régnait au sujet de l’origine de ce nouveau LRM, et plusieurs options ont été avancées, comme l’acquisition du HIMARS américain, et même du Pinaka indien, alors que New Delhi semble avoir fait de l’acquisition de ce système par les armées françaises, en enjeu des négociations en cours, concernant l’achat des Rafale M et des sous-marins Scorpène supplémentaires, par la Marine indienne.

Finalement, la DGA, l’agence de l’armement du ministère des Armées, a opté pour une stratégie volontaire et souveraine, en arbitrant en faveur du développement d’un système entièrement français. Mieux encore, celui-ci entamera sa campagne de tirs et d’essais, dès le milieu de l’année 2026, et sera donc bien prêt pour remplacer les LRU de l’Armée de terre, avant 2030 !

La DGA a opté pour le développement d’un lance roquette multiple d’une portée de 150 km par la BITD française

Conçu principalement pour des engagements de haute intensité, les LRU français ont été longtemps négligés, dans les arbitrages budgétaires du ministère des Armées. Et pour cause, sur les trente dernières années, alors que les armées françaises sont intervenues sur plus d’une dizaine de théâtres de conflit, de l’Ex-Yougoslavie à l’Irak, en passant par l’Afghanistan, la Libye, la Syrie ou l’Afrique sud-saharienne, le LRU n’a été employé qu’une fois, au Mali.

Lance roquette multiple LRU au Mali armée de terre
LRU au Mali. Les deux dystèmes déployés ont obtenu de très bons résultats, avec 16 coups au but pour 16 tirs.

La guerre en Ukraine, et le retour du risque de conflit de haute à très haute intensité, notamment en Europe, a profondément inversé la perception du besoin, dans ce domaine, pour l’état-major français. En effet, les HIMARS américains, comme les Smerch et les Tornado-S russes, jouent, depuis 2022, un rôle clé dans le rapport de force entre les armées ukrainiennes et russes.

La France n’est d’ailleurs pas la seule à avoir identifié ce besoin. Ainsi, en Europe, une douzaine de forces terrestres, a entrepris de se doter de LRM, ou de remplacer leurs systèmes existants.

Toutefois, jusqu’à présent, tous se sont tournés vers des systèmes importés, comme le HIMARS américains, le PULS israélien ou le K239 Chunmoo sud-coréen. Et pour cause : il n’existe, à ce jour, aucune offre alternative, purement européenne, pour cette catégorie de systèmes d’arme, pourtant essentiels dans un contexte d’engagement de haute intensité, même si plusieurs pays, comme la Pologne ou l’Allemagne, ont entrepris de négocier des partenariats industriels, pour localiser une partie de la production des systèmes acquis, ou de leurs munitions.

En novembre 2024, la DGA avait confié une mission d’étude préalable, au sujet d’une solution souveraine dans ce domaine, à deux consortiums nationaux, l’un formé par Thales et Ariane Group, l’autre par Safran et MBDA. Pour autant, à ce moment-là, la stratégie française demeurait très incertaine, entre l’achat d’un système sur étagère, comme l’HIMARS américain, ou le développement d’un système souverain.

Mi-février, une indiscrétion laissait même entendre que Paris pourrait se tourner vers le LRM Pinaka indien, sous la pression de New Delhi, sans que l’on sache s’il s’agissait d’une solution intérimaire, voire complémentaires du développement ou de l’acquisition d’un système labellisé OTAN.

Pinaka LRM
Le LRM PInaka indien a une portée de 70 km.

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Pourquoi le SAMP/T franco-italien peine-t-il autant sur la scène internationale et européenne depuis 2013 ?

Lorsque le Système Antiaérien à Moyenne Portée / Terre, ou SAMP/T, est entré en service dans les armées françaises et italiennes, au début des années 2010, le consortium Eurosam, qui pilote le programme, ainsi que les industriels MBDA, Thales et Leonardo, avaient de grandes ambitions, pour leur nouveau système, au-delà des 14 batteries commandées par la France et l’Italie.

Quatorze ans plus tard, la déception est à la mesure de ces ambitions déçues. En effet, un seul pays, Singapour, s’est tourné vers le système européen, en dépit de ses qualités opérationnelles démontrées, et d’un missile sol-air, l’Aster 30 B1, qui est probablement le meilleur de sa catégorie, dans les arsenaux militaires aujourd’hui.

En effet, les occidentaux sont, pour la plupart, restés fidèles au Patriot américain, alors que ceux qui y résistèrent, se sont tournés vers des systèmes israéliens, voire chinois ou turcs, plutôt que vers la très performante solution européenne.

Comment peut-on expliquer l’échec commercial du SAMP/T Mamba, sur la scène internationale et européenne ? Quels sont les atouts du nouveau SAMP/T NG, pour réussir là où le Mamba a échoué ? Et quelles sont les chances et les enjeux des compétitions européennes dans lequel le SAMP/T NG est engagé, aujourd’hui ?

Le très efficace SAMP/T Mamba aligne les échecs sur la scène internationale

Depuis son entrée en service, en 2011, le système sol-air moyenne portée/terrestre, ou SAMP/T, baptisé Mamba par l’Armée de l’Air française, a multiplié les démonstrations d’efficacité, lors de ses différents tirs d’essais.

SAMP/T Mamba
Le Patriot demeure la référence en Europe, en matière de systèmes antiaériens à longue portée. C’est aussi l’unique système dans la catégorie longue portée / antibalsitique, dans le cadre de l’intiative European Sky Shield allemande, alors qu’il existe une solution purement européenne, le SAMP/T Mamba.

Il faut dire que le cahier des charges, imposé par Paris et Rome, était, on ne peut plus ambitieux, avec un taux d’interception garanti « supérieur à 80% » selon MBDA, et probablement encore davantage, contre les cibles aériennes manoeuvrantes et balistiques, permettant une utilisation de type Shoot-See-Shoot, avec le tir d’un unique missile par cible.

En dépit de ces performances plus que remarquables, permettant de poser une bulle de protection antiaérienne de 80 à 100 km de rayon, contre la plupart des menaces existantes, allant de l’avion de combat au missile de croisière supersonique, en passant par les missiles balistiques d’une portée inférieure ou égale à 600 km, comme l’Iskander-M russe ou le Fateh-110 iranien, le SAMP/T a rencontré d’immenses difficultés pour convaincre sur la scène internationale.

Ainsi, en Europe, les armées désireuses de s’équiper d’un système à moyenne et longue portée, ont privilégié le Patriot américain, sensiblement plus onéreux, mais jugé plus efficace, et surtout plus interopérable avec les forces armées américaines.

Au-delà des frontières européennes, le SAMP/T s’est toujours incliné face au Patriot américain, au S-400 russe, au FD-2000 chinois et, depuis peu, au David Sling ou au Barak-MX israéliens, ne parvenant à convaincre que Singapour, en 2013.

HQ-9 Chine déni d'accès
Plusieurs pays, comme le Maroc, ont préféré se tourner vers le FD-2000 chinois, version export du HQ-9, lui-même dérivé du S-300 soviétique.

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Comment les drones militaires transforment-ils le tempo technologique de tous les équipements de defense ?

25 années ! C’est le temps qu’il faudra, à peu de chose près, pour concevoir le prochain avion de combat franco-allemand NGF, issu du programme SCAF, entre le lancement du programme, en 2017, et son entrée en service probable, peu après 2040. Et ce, uniquement si tout se passe comme prévu, et qu’aucun délai politique, industriel, technologique ou budgétaire, vienne entraver ou ralentir le programme.

25 années, ce n’est pas si long, pour un avion de combat, si on les compare aux 25 dernières années qui nous séparent d’aujourd’hui, c’est-à-dire en l’an 2000. 2000 fut l’année de l’entrée en service du Rafale M au sein de la flottille 12F, en remplacement de ses F-8 Crusader, qui avaient eux-mêmes servi 35 ans à bord des porte-avions français.

C’est aussi deux ans après le premier vol du F-35 de Lockheed Martin, et du début de la production de masse de l’Eurofighter Typhoon. C’est en 2000, enfin, que déubtait la campagne d’essais intensive du Chengdu J-10 chinois, et que le Su-30MKI russo-indien, effectuait son premier vol.

En d’autres termes, les avions de combat qui sont aujourd’hui au cœur des puissances aériennes mondiales, et qui représentent le pinacle de la technologie aéronautique militaire, ont tous été conçus, ou sont entrés en service, il y a 25 ans.

On comprend, alors, que s’appuyer sur des calendriers comme ceux-ci, s’étalant sur deux décennies, pour developper un avion de combat de nouvelle génération, pouvait apparaitre raisonnable, jusqu’à présent, afin de lisser leurs immenses couts de développement, et de se donner le temps de franchir les pas technologiques nécessaires pour qu’ils demeurent efficaces pour les 30 ou 40 années qui suivront leur entrée en service.

Mais est-ce encore le cas, aujourd’hui, alors qu’en à peine plus de trois ans, la guerre en Ukraine a transformé des pans entiers des doctrines et technologies de défense, des armées russes et ukrainiennes, évidemment, mais aussi des armées du monde entier, face à l’évidente accélération du tempo technologique défense ces dernières années ?

La dérive des délais de conception et du tempo technologique des équipements de défense ces 30 dernières années

En effet, les 30 années qui suivirent l’effondrement du bloc soviétique et la fin de la Guerre froide, jusqu’en 2020, firent apparaitre un corollaire inquiétant à la désormais célèbre Loi d’Augustine, du nom d’un ancien président de Lockheed Martin qui prédisait, dans les années 70, que le prix des avions de combat allait à ce point croitre dans les années à venir, aux États-Unis, que les trois corps disposant d’une aviation de chasse, l’US Air Force, l’US Navy et l’US Marines Corps, n’auront d’autre choix que de se partager un unique appareil, selon les jours de la semaine, à partir de 2050.

US Air Force tempo technologique
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Le fait est, le développement du F-22 américain, presque 70 Md$ autour de 1995, a effectivement couté 9 fois plus cher que celui du F-15 Eagle autour de 1970, alors que l’inflation, aux États-Unis, très élevée il est vrai, n’explique qu’une augmentation de 200%. En d’autres termes, le développement du F-22 a couté à l’US Air Force, 3 fois plus cher que celui du déjà estimé très onéreux F-15, 25 ans plus tôt, en $ constants.

Ce coefficient multiplicateur se retrouve entre le F-16 et le F-35, passés de 7,7 Md$ en 1976 pour le Fighting Falcon, à 80 Md$ pour le F-35 en 2010, pour une inflation de x3. La règle s’applique aussi en Europe, alors que le développement du Tornado avait couté 8 Md£ en 1980, et celui du Typhoon 23 Md€ en 2005.

Les couts de développement (et les couts d’acquisitions) n’ont cependant pas été les seuls à croitre considérablement, sur cette période. Ainsi, il n’avait fallu que 11 ans entre les premières études concernant le développement du F-15, en 1965, et son entrée en service, en 1976, alors qu’il en aura fallu 16 pour le F-22, et 22 pour le F-35. De même, le développement du Tornado n’avait pris que 11 ans, contre 19 ans pour l’Eurofighter Typhoon.

Et les choses ne vont pas aller en s’améliorant, dans les années à venir. En effet, le futur avion de combat de l’US Air Force, le F-47, est en développement depuis plus de 17 ans, et n’entrera pas en service avant 2030, soit après 21 ans de développement. De même, le programme SCAF franco-allemand, lancé en 2017, n’entrera en service qu’en 2040, dans le meilleur des cas, après 23 ans de développement.

Armée de l'air Rafale en patrouille serrée
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Les missiles balistiques Iskander-M russes mettent en défaut le Patriot américain au-dessus de Kyiv

Depuis son entrée en service en Ukraine, pour protéger les grandes villes du pays des attaques de missiles russes, le système antiaérien et antibalistique Patriot a été plébiscité, pour son efficacité, par les armées de Kyiv.

Les batteries Patriot livrées par les alliés européens, ont, en effet, obtenu de très bons résultats pour intercepter les missiles de croisière, ainsi que les missiles balistiques Iskander-M, lancés par la Russie contre des infrastructures civiles et militaires ukrainiennes. Même le missile Kinzhal, soi-disant trop rapide pour être intercepté, ne semblait pas devoir résister au Patriot américain.

Pourtant, la semaine dernière, les Patriot qui défendaient Kyiv, ont été pris en défaut. En effet, un seul des six missiles balistiques Iskander-M, qui visaient la capitale ukrainienne, a pu être intercepté par les batteries antimissiles américaines. Pire encore, les autres missiles fréquemment employés par la Russie, contre l’Ukraine, comme le Kalibr, le Kh-101 ou le Kinzhal, semblent, eux aussi, afficher des taux d’impact en progression sensible, ces dernières semaines, vis-à-vis des mois précédents.

Comment expliquer cette baisse sensible de l’efficacité des Patriot américains, face aux Iskander-M russes ? Pourquoi les frappes russes se sont-elles intensifiées, depuis plusieurs mois, contre l’Ukraine ? Et en quoi, ce constat devrait-il influencer les arbitrages d’équipement des armées européennes, en particulier dans le domaine antiaérien et antibalistique ?

La Russie lance plusieurs dizaines de missiles balistiques Iskander-M à courte portée sur l’Ukraine chaque mois

Il n’y a de cela que quelques mois encore, la question des stocks restants de missiles balistiques et de missiles de croisière, dans l’arsenal russe, semblait indiquer, selon les informations alors distillées par les services de renseignement ukrainiens et occidentaux, une probable pénurie dans ce domaine, dans les mois à venir.

Iskander-M russe
La Russie produit, aujourd’hui, une cinquantaine de missiles balistiques Iskander-M par mois, pour un total de 150 missiles convetionnels à vocation stratégique, destinés à être employés contre les infrastructures ukrainiennes.

Aujourd’hui, pourtant, c’est exactement le phénomène inverse qui se produit. En effet, chaque mois, la Russie lance plusieurs dizaines de missiles balistiques Iskander-M à courte portée, mais également de missiles de croisière navals Kalibr, et de missiles de croisière aéroportés Kh-101, contre les infrastructures ukrainiennes, aux côtés de presque 1800 drones d’attaque Geran et drones leurres, pour le seul mois de mars 2025.

Entre temps, la production industrielle russe pour ce type de munition conventionnelle à visées stratégiques, s’est considérablement accrue. Ainsi, le think tank britannique RUSI estime, à présent, que la production mensuelle de missiles balistiques Iskander-M, par la Russie, attendrait la cinquantaine d’unités par mois, celle de Kalibr et de KH-101, la quarantaine d’exemplaires chacune, auxquels il convient d’ajouter entre dix et vingt missiles balistiques aéroportés Kinzhal.

La production de drones d’attaque Geran, semble bien avoir dépassé les 500 à 600 exemplaires initialement envisagés. De fait, chaque mois, la Russie a la possibilité de lancer, sur l’Ukraine, de 130 à 150 missiles balistiques et de croisière, et certainement un millier de drones d’attaque, accompagnés d’autant de drones leurres, contre les infrastructures ukrainiennes, sans consommer son propre stock de munitions.

Corollaire de ce constat, si les combats devaient cesser en Ukraine, les armées russes seraient en capacité de constituer, très rapidement, un arsenal offensif stratégique conventionnel, qui s’étendrait de 600 Iskander-M, 500 Kalibr, 500 Kh-101, 200 Kinzhal et autour de 10,000 Geran, par an, leur conférant une puissance de première frappe formidable, notamment contre l’Europe, le cas échéant.

L’efficacité des systèmes Patriot ukrainiens s’est détériorée face aux Iskander-M et Kinzhal russes

Pour se prémunir de ces frappes, Kyiv ne peut, aujourd’hui, que s’appuyer sur les systèmes antiaériens fournis par ses alliés occidentaux. Dans ce domaine, le système Patriot américain s’avère particulièrement apprécié des militaires ukrainiens.

batterie Patriot Pologne
Les systèmes Patriot employés pour protéger Kyiv s’étaient montrés, jusqu’à présent, très efficaces face aux missiles Iskander-M et Kinzhal russes. La semaine dernière, cependant, seul un missile iskander, sur les 6 lancés par la Russie contre Kyiv, a pu être intercepté par les systèmes américains.

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Pourquoi la Grèce passe-t-elle à côté d’une opportunité unique pour garantir sa sécurité face à la Turquie ?

En 2021, la Grèce et la France signaient un partenariat de défense très ambitieux, visant à accroitre l’interopérabilité et l’efficacité collective des forces armées des deux pays. Il s’agissait, pour Athènes et Paris, de contenir les appétits croissants de la Turquie de R.T Erdogan, en particulier en mer Égée, à la suite de déclarations et de démonstrations de forces répétées et hostiles, des armées et des autorités turques.

Les deux pays s’étaient alors entendus autour d’une coopération étendue, spécialement, dans le domaine industriel, après qu’Athènes faisait l’acquisition de 18 Rafale et de trois frégates FDI. Cependant, depuis la signature de ces deux contrats, la dynamique entre la France et la Grèce semble s’être essoufflée, pour ne pas dire, s’être arrêtée, les armées grecques s’étant, majoritairement, tournées vers des solutions d’équipements américaines, pour se moderniser, ces trois dernières années.

Alors qu’Athènes vient d’annoncer la prochaine libération d’une enveloppe d’investissements de 27 Md$ pour moderniser ses armées, il semble que l’accord historique de défense liant les deux pays, soit à présent de l’histoire ancienne. En effet, depuis quelques mois, une affaire concernant la livraison de missiles Meteor à la Turquie, dans le cadre de la vente de 40 Eurofighter Typhoon, est venue dégrader les relations franco-grecques.

Pourtant, à bien y regarder, jamais la situation sécuritaire de la Grèce n’a été aussi détériorée qu’aujourd’hui, et jamais le pays a eu plus besoin d’un allié puissant, militairement, et fiable politiquement, pour participer à sa sécurité.

En persévérant dans cette voie, Athènes pourrait bien passer à côté d’une opportunité unique, dans son histoire, afin de garantir sa propre sécurité, ainsi que l’intégrité de son territoire, face à une Turquie dont la puissance militaire et économique ne fera que creuser l’écart avec elle, dans les années à venir…

La Grèce face à la menace turque aujourd’hui

Si, en Europe, tous les regards se portent, depuis plusieurs mois, sur la Russie, et sur le désengagement potentiel des États-Unis du théâtre européen, la Grèce, elle, n’a d’yeux que pour le développement des moyens militaires turcs. En effet, si les deux pays sont, fondamentalement, alliés au sein de l’OTAN, ils nourrissent des ressentiments forts l’un pour l’autre, qui trouvent leur origine sur les partitions de la Thrace orientale et de la mer Égée, suite à la défaite de la Turquie, lors de la Première Guerre mondiale.

Mirage 2000-5 forces aériennes hellénqiues
Les forces aériennes grecques sont équipées d’avions de combat français et américains depuis la fin des années 1970.

Le fait est, l’essentiel de ces deux espaces maritimes et terrestres, ont été rattachés à la Grèce, limitant considérablement la zone économique exclusive turque le long de ses côtes. Dès lors, les deux pays sont en situation de pré-guerre permanente, depuis plusieurs décennies.

Jusqu’à présent, le point culminant de cette confrontation larvée, fut la conquête d’une partie de l’ile de Chypre par les armées turques, en juillet 1974. Toutefois, depuis 2000 et l’arrivée de R.T Erdogan au pouvoir, à Ankara, la Turquie s’est engagée dans un très important effort pour moderniser ses armées, ainsi que pour se doter d’une industrie de défense visant l’autonomie stratégique.

De fait, les armées turques, qui avaient déjà un très important avantage numérique sur les forces helléniques, se retrouvent, à présent, à parité technologique avec leurs homologues grecques, alors que les options de coercition économiques et technologiques des pays occidentaux, pour entraver le bon fonctionnement de ses équipements militaires, se sont très sensiblement affaiblis, au fil des années, et des progrès de l’industrie de défense turque.

Ce d’autant que l’écart de PIB, entre les deux pays, s’est considérablement creusé ces 50 dernières années. Alors que la Grèce affichait un PIB de 56 Md$ en 1980, contre 68 Md$ pour la Turquie, celui-ci n’atteint aujourd’hui que 220 Md$ pour la Grèce en 2023, contre 1,120 Md$, pour la Turquie, et que la population turque de 85 millions d’habitants, est huit fois plus supérieure que celle de la Grèce, de 10,5 millions d’habitants.

La coopération entre Paris et Athènes en matière de défense ces dernières années

Face à de tels déséquilibres, la seule alternative, pour Athènes, serait de se rapprocher de certains de ses alliés proches, pour dissuader Ankara de pousser son avantage économique et surtout militaire, afin de reprendre possession de la mer Égée et de la Thrace orientale, les deux sujets ayant été clairement identifiés comme des objectifs stratégiques par le président R.T Erdogan, et ce, dès son arrivée au pouvoir, en 2000.

Orus Reis frégate
Ankara a déployé à plusieurs reprises le navire d’exploration minière Orus Reis dans la ZEE grecque, en 2020 et 2021, la Turquie estimant que la partage des eaux de la Mer Egée, post première guerre mondiale, lui était beaucoup trop defavorable.

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