La munition air-sol GBU-39 Small Diameter Bomb est une bombe légère planante et guidée, destinée à détruire des objectifs variés, allant des positions renforcées aux blindés, en limitant les dégâts et pertes collatérales. D’une masse de 129 kg, elle dispose d’un système d’ailettes qui se déploient après le largage permettant d’atteindre des cibles distantes jusqu’à 110 km, ou 75 km pour les cibles mobiles. Dérivée en plusieurs variantes, elle emporte différentes charges militaires de nature et de puissance différente selon la mission et la cible, ainsi que d’un guidage pouvant être inertiel couplé au signal GPS, laser ou radar.
Un des intérêts de la GBU-39, et de sa trajectoire planante, est de pouvoir manoeuvrer à proximité de l’objectif pour, par exemple, attaquer par la cible un angle d’attaque approprié. C’est précisément pour cela que Boeing, qui s’est associé au Suédois Saab pour l’occasion, a développé une version sol-sol de cette munition, en associant un propulseur fusée à la GBU-39 afin de fournir l’altitude et la vitesse initiale lui permettant d’atteindre des cibles jusqu’à 130 km. L’ensemble est embarqué dans un conteneur de lancement autonome, ou dans un tube de lancement M26 équipants les lance-roquettes M270 ou HIMARS.
Les tests de la Ground Launched Small Diameter Bomb, ou GLSDB, débutés en 2015, ont montré des capacités prometteuses en matière de portée comme de précision, ainsi que de souplesse d’utilisation. En effet, la GLSDB peut aisément entre emportée et mise en pauvre à partir d’ un véhicule ou d’un navire, offrant un regain de puissance de feu à un cout relativement faible au regard des performances. De fait, elle pourrait, dans des délais relativement courts, combler certaines déficiences auxquelles l’artillerie américaine fait face aujourd’hui, dans l’attente de l’entrée en service des nouveaux systèmes de tir indirect, un des grands programmes en cours de l’US Army.
Reste que, si les GLSDB ont une portée et une précision interessantes, elles ont également, comme toutes les munitions planantes, une faiblesse notable, leur faible vitesse. En effet, une bombe gravitationnelle planante évolue entre 250 et 300 noeuds, la rendant vulnérable aux systèmes de défense rapprochée, comme par exemple le Pantsir ou le Tor M2 russes. Pour contrer cette vulnérabilité, les attaques aériennes mettent en oeuvre plusieurs GBU-39 simultanément, réduisant sensiblement la probabilité qu’un CIWS puisse toutes les éliminer, et donc empêcher la destruction de la cible qu’il devait protéger. Il faudra probablement envisager une procédure similaire pour les GLSDB, dès lors que l’adversaire emploiera des systèmes de protection rapprochée. En outre, les procédures d’identification et désignation de cibles devront être adaptées à une utilisation terrestre ou navale, très différentes de celles faites à partir d’un aéronef.
Il n’empêche qu’avec la GLSDB, l’US Army pourrait disposer d’une solution intérimaire interessante et bon marché pour rapidement augmenter sa puissance de feu dans la profondeur du dispositif de l’adversaire. Sa capacité à être mise en oeuvre à partir de conteneurs de lancement autonome permet également de disperser ces vecteurs, et donc d’en réduire la vulnérabilité. Surtout, cela permettrait aux forces américaines de disposer des bénéfices du soutien aérien rapproché, sans pour autant disposer de ce soutien aérien, quelqu’en soit la raison.
Il faudra cependant attendre une éventuelle une commande du système par l’US Army, qui, nous le savons, fait actuellement face à de nombreux programmes de modernisation, tous plus couteux les uns que les autres, et pourtant tous aussi indispensables. Malgré ses qualités indiscutables, il n’est donc pas acquis que l’Armée américaine se porte acquéreur du système d’arme de Boeing et Saab.