Le Département d’Etat américain a approuvé, ce 29 octobre 2019, la vente d’une centaine de kit pour la modernisation de 98 F15J des forces aériennes d’autodéfense nippones, vers un standard identifié comme le F15JSI, pour F15 Japan Super Interceptor. Le contrat est évalué à 4,5 Md$ par le DE américain, qui a transmis le dossier au Foreign Military Sales FMS pour négocier dans le détail ce dossier avec les autorités japonaises.
En 1980, les forces aériennes japonaises commandèrent 223 F15J, dont 20 F15DJ biplaces, appelés à constituer la colonne vertébrale de la Défense aérienne nippone, et remplacerons quelques 230 F104 Starfighters acquis en 1962, et qui, contrairement aux versions européennes, semblent avoir été appréciés par les pilotes japonais. A l’instar du F15C pour l’US Air Force, les F15J étaient avant tout destinés à assurer la défense aérienne du pays, et l’appareil n’a que peu évolué pour recevoir des armements air-sol. En revanche, il met en oeuvre de nombreux missiles air-air différents, dont les classiques AIM-9 Sidewinder et AIM-7 Sparrow, ainsi que les missiles de l’entreprise Mitsubishi AAM-3 (combat tournoyant à guidage infrarouge), AAM-4 (moyenne portée à guidage radar actif) et AAM-5 (version modernisée de l’AAM-3).
Avec le renforcement de la puissance militaire Chinoise, mais également avec la menace que fait peser la Corée du nord sur l’archipel nippone, les autorités japonaises ont entrepris, depuis 2012, la modernisation des forces armées d’autodéfense du pays, avec un budget défense en constante augmentation et atteignant désormais les 47 Md$, soit autant que des pays comme la France ou le Royaume-Uni. Parmi les axes de modernisation figure, bien évidemment, les forces aériennes d’autodéfense nippones, qui ont ainsi pu commander prés de 150 avions de combat furtif F35 A et B, la version à décollage et atterrissage court et vertical, ces derniers étant destinés à armer les porte-aéronefs de la Marine du pays. En outre, Tokyo a lancé un programme de chasseur de nouvelle génération, à l’instar de la Corée du Sud ou la Turquie. Mais là ou ces deux derniers visent avant tout une alternative moins couteuse au F35, les autorités nippones semblent, elles, viser un appareil lourd de la catégorie du F22, ce dernier n’ayant pas reçu d’autorisation d’exportation de la part de Washington, au grand désespoir de Tokyo.
Dans l’attente du developpement de ce nouvel appareil, dont le destin est loin d’être figé, ou de l’achat d’un nouvel appareil lourd tel le programme de chasseur NG de l’US Air Force, Tokyo se devait de moderniser sa flotte de F15J vieillissante, afin d’être en mesure de tenir la ligne face aux J16, J20 et Su35 chinois, ainsi que les Su34, Su35 et rapidement les Su57 russes. C’est précisément l’objet de la modernisation de 98 F15J au nouveau standard F15 Japan Super Interceptor.
Cette modernisation sera effectuée par Mitsubishi, qui avait déjà assemblé sous licence les F15 japonais, et qui fait de même pour les F35 nippons. Les kits de modernisation seront, eux, fournis par l’industrie américaine. Ce kit comprend le radar APG-82(v)1, version très évoluée de l’APG63 disposant d’une antenne AESA et du processeur qui alimente l’APG-79 du F/A 18 E/F Super Hornet, le nouveau système de contrôle de bord et de mission Advanced Display Core Processor II, et le système d’autodéfense et de guerre électronique ALQ-239 Digital Electronic Warfare System complémentaire à la modernisation déjà entamée sur le parc de F15J. Ainsi équipé, le F15 JSI se rapproche du F15 XE dont l’US Air Force a lancé l’acquisition, lui aussi spécialisé dans le combat aérien. L’appareil verra ses performances air-air grandement améliorées par cette évolution, lui conférant des capacités comparables à des appareils plus modernes, comme le Rafale français, le Typhoon européen, ou le Su35 russe. Il pourra, en outre, mieux collaborer avec les F22, F15 et F/A 18 E/F américains, et les F35 des forces nippones et américaines présentes sur ce théâtre.
Le contrat intègre également la mise à jour de systèmes secondaires, comme les outils de communication et transmission, ou de géolocalisation, ainsi que de nombreux services connexes, ceci expliquant le tarif somme toute élevé, puisqu’égal à 47 m$ par appareil, soit presque deux fois le prix auquel le Japon avait acquis ses F15J dans les années 80. Bien que cela ne soit pas exprimé dans le contrat, il est probable que les appareils qui recevront ce kit de modernisation verront également leur potentiel de vol restauré, de sorte à étendre leur durée de vie de 15 à 20 années, et justifier un tel investissement.