Royal Navy : contrat signé pour les cinq frégates Type 31

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Le programme General Purpose Frigate (GPFF) ou Type 31 a donné lieu à la signature d’un contrat entre le ministère de la Défense britannique (ministry of Defence) et le consortium emmené par Babcok ce 15 novembre 2019. La phase d’industrialisation du programme débute dans l’optique de livrer cinq frégates entre 2023 et 2028.

Les frégates Type 23 ou classe Duke étaient seize à l’origine mais trois furent cédées à la marine chilienne. Il est remarquable que ces frégates bénéficiaient et bénéficient encore de travaux importants dont une refonte à mi-vie, une modernisation de leur suite de lutte anti-sous-marine avec en point d’orgue l’embarquement du sonar 2087 (CAPTAS-4 de Thales) pour huit des treize et un remplacement de leur système anti-aérien Sea Wolf par le Common Anti-Air Modular Missile (CAMM).

Dernièrement, un système combinant un canon télé-opéré de 30 mm avec cinq missiles Martlet Lightweight Multirole Missile (8 km, Mach 1,5) dont le Royaume-Uni a commandé 1000 exemplaires en 2011, appelé MMP (Missile Moyenne Portée) en France, a été aperçu en essais en juillet 2019 à bord du HMS Sutherland. La Royal Navy tenterait d’en équiper toutes les frégates de la classe Duke afin de renforcer leurs capacités défensives face à des essaims.

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Il s’agit depuis le début des années 2010 de pourvoir au remplacement des treize Type 23. La Strategic Defense Review 2010 se prononçait en faveur du lancement du programme Global Combat Ship (GCS) ou Type 26 à cet effet. Deux versions des futures frégates étaient prévues, à savoir :

  • huit frégates anti-sous-marines afin de remplacer toutes les Type 23 (HMS Westminster (1994 – 2028), HMS Northumberland (1994 – 2029), HMS Richmond (1995 – 2030), HMS Somerset (1996 – 2031), HMS Sutherland (1997 – 2032), HMS Kent (2000 – 2033), HMS Portland (2001 – 2034) et HMS St Albans (2002 – 2035) pourvues du sonar 2087 ;
  • cinq frégates d’emploi général pour succéder aux Type 23 (HMS Argyll (1991 – 2023), HMS Lancaster (1992 – 2024), HMS Iron Duke (1993 – 2025), HMS Monmouth (1993 – 2025) et HMS Montrose (1994 – 2027) dépourvues du sonar 20187.

La phase d’industrialisation devait débuter dès 2016. Revirement de la Strategic Defense Review 2015 qui confirme le programme Global Combat Ship (GCS). Le premier ministre David Cameron, confirmait les seules les huit Type 26 en version anti-sous-marine mais la version d’emploi général est décorréler du programme. Il était dorénavant rechercher une classe entièrement nouvelle. Le programme General Purpose Frigate (GPFF) ou Type 31 était lancé.

Martlet Lightweight Multirole Missile Actualités Défense | Consolidation industrielle Défense | Constructions Navales militaires
Le HMS Sutherland essayait en juillet 2019 un montage permettant de coupler un canon télé-opéré de 30 mm avec cinq missiles Martlet Lightweight Multirole (Missiles Moyenne Portée (MMP) en France) de MBDA. Ils permettent de renforcer les capacités de lutte asymétrique et contre les essaims. Le système pourrait équiper toutes les frégates Type 23 puis les Type 31.

La manœuvre dans la stratégie des moyens navals britanniques doit permettre, selon ses concepteurs, d’abaisser le coût du programme de remplacement des cinq frégates Type 23 au point d’espérer d’en commander plus de cinq dans un contexte du débat naissant sur l’insuffisance du nombre de destroyers et frégates dans la marine britannique. Le tonnage visé était de l’ordre des 4000 tonnes.

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Deux contraintes supplémentaires sont ajoutées dans la foulée de la publication de la National Shipbuilding Strategy (6 septembre 2017) : le dessin de la future frégate doit lui permettre d’être exportée et d’abonder le plan de charge des bureaux d’études et chantiers navals britanniques. D’autre part, et de manière subséquente, le coût unitaire de construction des futures frégates est fixé à 250 millions de livres sterling (ou 278,37 millions d’euros (2015).

Il s’agit pour Londres de revitaliser son industrie navale en obligeant aux conception et construction nationales de ses bâtiments de combat et auxiliaire, ce qui constitue un revirement après que la classe Tide de quatre pétrolier-ravitailleurs ait été construite en Corée du Sud mais achevée au Royaume-Uni. Le programme Carrier Vessel Futur (CVF) servait d’ores et déjà à restructurer l’industrie navale britannique.

Une première procédure d’appel d’offres était lancée au profit du programme General Purpose Frigate (GPFF) en 2017. Quatre consortiums industriels répondent entre octobre et novembre 2017 : BMT proposait la frégate Venator 110, Babcock avec l’Arrowhead 120, BAE Systems s’associe avec Cammell Laird car son plan de charge est plein (Type 26, patrouilleurs hauturiers River batch 2) pour proposer la Leander.

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Finalement, BMT s’est rapproché de Babcock entre novembre 2017 et mai 2018. L’Arrowhead 120 fut retenue comme proposition commune et se transforma en Arrowhead 140. En outre, Ferguson Marine (Glasgow), Harland & Wolff (Belfast), Odense (Danemark), Thales UK, rejoignirent le consortium. Il s’agit de la reprise des plans des frégates danoises de la classe Iver Huitfeldt, des frégates de défense aérienne de 6600 tonnes à pleine charge, conçue justement par Odense.

Type 31 deuxieme procedure Actualités Défense | Consolidation industrielle Défense | Constructions Navales militaires
Le programme General Purpose Frigate (GPFF) lancé en 2015 visait une frégate de taille intermédiaire de l’ordre des 4000 tonnes et c’est finalement la proposition au déplacement le plus important qui l’emportait le 12 septembre avec 5800 tonnes à pleine charge.

La première procédure d’appel d’offres fut annulée le 25 juillet 2018 car selon le ministry of Defence les conditions n’étaient pas réunies, les industriels ne proposant pas, officiellement, d’offres acceptables avec les objectifs du programme. La compétition fut relancée en novembre 2018 avec le consortium de Babcock proposant l’Arrowhead 140, BAE Systems/Cammell Laird la Leander et Atlas Elektronik UK/Thyssenkrup Marine Systems rejoignirent la compétition avec la MEKO A-200.

Le 12 septembre 2019, le ministry of Defence annonça retenir la proposition du consortium emmené par Babcock fondée sur l’Arrowhead 140. Les deux parties entraient alors en négociations exclusives et celles-ci aboutirent le 15 novembre 2019. Le dessin général de la frégate s’atait affiné et modifié (avant du bloc passerelle, zone mission reconfigurable, installations aéronautiques). Le coût unitaire de production était toujours arrêtée à 1250 millions de livres sterling (1468,61 millions d’euros (2019) pour cinq frégates. Le coût du total du programme comprenant les parts des autres membres du consortium et donc une partie des équipements s’élèvait à 2000 millions de livres sterling (2349,78 millions d’euros (2019), ce qui valorise la frégate Type 31 à 469,95 millions d’euros.

L’addition des coûts ne saurait être complète sans préciser que les futurs chantiers des cinq frégates seront abondés par les Government-Furnished Equipment (GFE). Une partie des systèmes d’armes seront débarqués des frégates Type 23 à l’instar du Sea Ceptor (CAMM). Il serait logique qu’il en soit de même pour les systèmes combinant un canon télé-opéré de 30 mm avec cinq missiles Martlet Lightweight Multirole Missile (8 km, Mach 1,5) devant équiper les Type 23. Il est également souhaité que le sonar 2087, après avoir équipé huit frégates Type 23 puis autant de frégates Type 26, soit installé sur les cinq frégates Type 31 quand il sera remplacé, probablement par une suite sonar ultra-basse fréquence sur les Type 26.

Le coût unitaire final de la Type 31 serait alors plutôt proche des 600 millions d’euros, loin de l’image de « low cost frigate » collée à sa coque comparativement aux Type 26 (1000 millions de livres sterling ou 1173,79 millions d’euros par frégate (2019).

Type 31 architecture Actualités Défense | Consolidation industrielle Défense | Constructions Navales militaires
L’architecture de la Type 31 présente trois points principaux intéressants : 1) une artillerie navale orientée vers la défense anti-aérienne avec des cadences de tir élevées et la possibilité de tirs croisés sur tous les secteurs ; 2) deux zones configurations que sont les quatre baies latérales et la zone sous le pont d’envol et 3) une propulsion CODAD plutôt que CODOG.

La Type 31 fondée sur l’Arrowhead 140 sera une frégate longue d’environ 138,7 pour un maître-bau (plus grande largeur) de 19,75 mètres. Le tirant d’eau devrait être de 4,8 mètres. Le déplacement à pleine charge serait de l’ordre des 5800 tonnes. La vitesse maximale serait de 28 nœuds, l’autonomie devrait être de 9000 nautiques à 12 nœuds et la capacité en vivres de 28 jours. Elle sera armée par un équipage de 100 marins avec une capacité en logement permettant d’accueillir 60 passagers supplémentaires.

La propulsion sera du type Combined Diesel And Diesel (CODAD) avec quatre moteurs diesel groupés deux par deux dans deux compartiments séparés entraînant deux lignes d’arbre avec hélice à pas variable. Une attention très particulière sera portée au choix des moteurs diesel car les destroyers Type 45 ont souffert de nombreux déboires avec leurs diesel-générateurs dans les eaux tropicales, au point d’imposer un programme de remplacement.

Le système de combat des futurs bâtiments sera le Tacticos baseline 2 de Thales. Le choix du radar de veille aérienne s’est porté sur le NS100 proposé par Thales. Il s’agit d’un radar à tridimensionnel à antenne active et balayage électronique (active electronically scanned array (AESA) travaillant en bande S. Il est réputé détenir une portée d’environ 280 km de rayon. Il serait supérieur de par ses caractéristiques au radar Artisan des Type 23 et Type 26. Au lancement des frégates, un sonar de coque UMS 4110 Kingklip pourrait être présent mais le doute demeure. Un sonar 2087 remorqué à immersion variable (Variable Depth Sonar (VDS) actif à très basse fréquence pourrait être ajouté au cours de la vie opérationnelle des bâtiments quand ils seront débarqués des Type 26.

La pièce d’artillerie principale sur la plage avant sera le 57mm Mk 110 Mod 0 de Bofors avec 1000 obus en magasin. La cadence de tir est de 240 obus/minute pour une portée utile de 17 000 mètres. Il s’agira d’observer si l’obus Programmable and Proximity-fused (3P) est retenu car il fit sensation en France vis-à-vis de ses capacités anti-aériennes mais aussi anti-surface contre de multiples embarcations légères.

L’artillerie secondaire comprendra deux pièces de 40mm Mk 4 de Bofors, en lieu et place du système 20mm Phalanx CIWS auparavant désiré. La première tourelle de 40mm Mk 4 sera intégré sur un roof dominant la pièce de 57 tandis que la deuxième tourelle sera installée au-dessus du hangar aéronautique. Configuration idéale permettant de battre les secteurs avant et arrière et de croiser les tirs sur les secteurs bâbord et tribord avec seulement deux pièces. Deux canons télé-opérés de 30 mm pourraient équipés l’arrière des ailes de la passerelle de navigation. Reste à voir s’il s’agira des systèmes combinant un canon télé-opéré de 30 mm avec cinq missiles Martlet Lightweight Multirole Missile (8 km, Mach 1,5) des Type 23.

Type 31 configuration Royal Navy plage avant Actualités Défense | Consolidation industrielle Défense | Constructions Navales militaires
Cette vue en face avant de la maquette de la Type 31 avec la configuration arrêtée par la Royal Navy (octobre 2019) permet d’apprécier la présence de l’artillerie légère. Il est soupçonné que les deux ailes de la passerelle reçoivent chacune un canon télé-opéré de 30 mm couplé avec cinq Martlet Lightweight Multirole Missile.

Le système de lancement vertical Sea Ceptor (24 x CAMM) sera intégré à la superstructure, entre le bloc passerelle et le mât arrière, et sera donc prélevé à chaque désarmement d’une frégate Type 23. Les réserves prévues dans l’architecture de la frégate permettraient d’accueillir les conteneurs de lancement de 8 Surface Ship Guided Weapon (SSGW), les missiles anti-navires intérimaires qui feront la jonction entre les Harpoon Block 1C et les Future Cruise/Anti-Ship Weapon (FC/ASW) et donc les livraisons sont prévues de 2022 à 2024. Il serait également possible de compléter le système de lancement vertical par quatre lanceurs octuples Mk 41. Mais cela supposerait de manière manifeste de débarquement le Sea Ceptor et d’accueillir ses missiles CAMM dans les nouveaux lanceurs. Pour rappel, ces missiles anti-aériens CAMM peuvent être ensilotés par quatre (« quad-pack ») dans des lanceurs Mk 41 ou SYLVER A43 et A50.

La Royal Navy ne s’est pas encore prononcée quant à la pertinence d’une capacité à tirer des missiles de croisière pour sa flotte de surface, et plus particulièrement à rejoindre le volet naval des capacités anti-missiles balistiques avec ses destroyers Type 45. Le choix des missiles pour ces deux capacités opérationnelles déterminera probablement le choix des lanceurs entre les solutions américaine (Mk 41 Strike Lenght (RIM-161 Standard Missile 3 et RGM-109E Tomahawk Land Attack Missile Block IV) et franco-italienne (SYLVER A50 (ASTER Block 1 NT) et A70 ( Missile de Croisière Naval (MdCN).

Au centre de la frégate se trouve quatre baies polyvalentes pouvant recevoir autant d’embarcation semi-rigides que de drones de surface (Unmanned Surface Vehicle (USV) ou sous-marins (Autonomous Underwater Vehicle (AUV). Des conteneurs accueillant des modules missions peuvent être embarqués dans des espaces dédiés sous la plage hélicoptères sur une superficie de 119 m² et un volume de six conteneurs Équivalent Vingt Pieds (EVP ou Twenty-foot Equivalent Unit (TEU). Cela pose la question du choix de ces missions complémentaires.

La guerre des mines peut être une hypothèse car ses choix architecturaux semblent permettre d’accueillir une suite dronisée de guerre des mines. Les hypothèses relatives aux choix britanniques pour le programme franco-britannique Maritime Mine CounterMeasures (MMCM) quant à l’existence d’un bâtiment dédié seront relancées, la Marine nationale s’oriente vers un tel bâtiment. La Type 31 pourra peut-être projeter loin et longtemps une capacité de guerre des mines alors que Londres s’est engagée à baser une frégate Type 23 dans le Golfe Persique et qu’une capacité de guerre des mines y est en permanence déployée.

Le hangar aéronautique est conçu pour l’embarquement d’un hélicoptère lourd Merlin HM.1 pour la lutte anti-sous-marine. La plateforme hélicoptère est conçue pour de supporter les appontages de Chinook HC Mk4 à Mk6/6A.

Avec un certain paradoxe, les frégates Type 26 des batch 1 (HMS Glasgow, HMS Cardiff, HMS Belfast) et batch 2 (HMS Birmingham, HMS Sheffield, HMS Newcastle, HMS Edinburgh et HMS London) construites par BAE Systems à Glasgow seront encore en production (2017 – 2033) alors que les cinq frégates Type 31 dont l’industrialisation débutera au sein du chantier naval de Rosyth en 2021 auront d’ores et déjà été toutes livrées, au plus tard en 2028. La première Type 31 devrait être admise en 2023, la même année que la première Frégate de Défense et d’Intervention française. La Royal Navy n’a pas encore baptisé les bâtiments de cette classe.

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