Armada española : prochaine fermeture de la coque du sous-marin espagnol Isaac Peral

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L’étape symbolique de la fermeture de la coque du premier sous-marin du programme S-80 devrait intervenir la semaine prochaine (Esteban Villarejo, « Navantia, a punto de ensamblar el casco del primer submarino S-81 », Por Tierra, Mare y Aire, 12 décembre 2019). La poursuite du chantier pourra alors se concentrer sur les derniers travaux d’achèvement avec à l’horizon la mise à l’eau, les essais à la mer et l’admission au service actif, aujourd’hui estimé à 2022.

Le programme S-80 dérive d’une collaboration entre DCN International et Izar dans les années 1980 portant le développement de deux projets parallèles dont l’un deviendra le Scorpène (variantes alors dénommées CA-2000, CM-2000 et AM-2000) et l’autre le S-80 qui était présenté au salon naval du Bourget en 1990. Il avait été question de rapprocher les deux projets avec proposition faite à l’Espagne de commander pour sa marine un S-80 Scorpène en 1998. Les divergences franco-espagnoles apparaissent progressivement jusqu’au point d’orgue : la rupture entre DCNS et Izar. L’affaire était portée devant un tribunal d’arbitrage ayant donné raison à la société navale française pour lui confier à elle seul le programme Scorpène. Izar recevait commande des premières études pour le sous-marin alors dénommé S-80A le 23 mars 2004.

Le programme alors estimé à 1756 millions d’euros (2004) devait permettre la conception puis la construction quatre S-80A dont le premier aurait été livré dès 2011. Le S-80A ne bénéficie pas des priorités budgétaires du ministère de la Défense espagnol, à l’instar d’autres programmes tels que le programme F-110. Non seulement le devis financier est porté de 1756 millions d’euros (2004) à 2212 millions d’euros (2010) mais, en plus, la livraison du premier bateau est repoussé à 2015.

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Le S-81, premier bâtiment du programme S-80 en sa variante S-80A, était mis sur cale le 13 décembre 2007. L’Armada española baptisait les quatre bâtiments le 31 janvier 2012 :

  • S-81 Isaac Peral (2022 ?),
  • S-82 Narciso Monturiol (2024 ?),
  • S-83 Cosme García (2026 ?),
  • S-84 Mateo García de los Reyes (2027 ?).

La phase d’industrialisation du programme connaissait des difficultés prodigieuses :

L’intégration de la propulsion aérobie était l’une d’elles. Le S-80 (années 1980 – 1998) bénéficiant des travaux franco-espagnols pouvait recevoir une propulsion aérobie MESMA (Module d’Energie Sous-Marine Anaérobie). Le module s’intègre à la coque comme un tronçon supplémentaire. Izar devenu Navantia (2005) avait confié en 2007 à la société espagnole Hynergreen le soin de développer une propulsion aérobie. Les difficultés rencontrées furent telles qu’il avait été envisagé une solution alternative car le module était considéré comme ne pouvant être livré à temps en 2018.

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Autre difficulté majeure, Navantia eu à révéler en 2013 que le S-80A avait une masse trop importante, de l’ordre de 75 à 100 tonnes, de nature à mettre en cause la flottabilité des bateaux dans le cadre de la poussée d’Archimède lors qu’ils navigent sous la mer. Résoudre le problème nécessitait l’intervention de l’entreprise américaine General Eletric Boat. La solution proposée est radicale : allongement de la coque de 10 mètres, portant la longueur totale de 71 à 81,05 mètres, et inversion de l’ordre de construction entre les S-81 et S-82 afin de retarder aussi peu que possible le programme, la construction de l’Isaac Peral étant jugé trop avancée pour permettre la modification sur cale. Finalement, l’ordre de construction n’est pas modifié et l’anneau de coque supplémentaire lui y est soudé en 2016.

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Cette infographie espagnole a le grand mérite de précise comment le S-80A a vu sa coque être allongée entre 2013 et 2014 dans les études détaillées commandées à cet effet. Le plus dommage est que ces anneaux augmentant la longueur totale de 71 à 81,05 mètres ne semblent pas profiter à l’accroissement des capacités opérationnelles, notamment vis-à-vis du nombre d’armes tactiques.

Après l’addition de ces différentes modifications le S-80A n’est plus et le programme S-80 comptait alors une nouvelle variante, le S-80 Plus. Le devis financier augmente une nouvelle fois, ne pouvant que suivre l’allongement des coques et donc l’accroissement du déplacement en plongée. Le coût du programme atteignant 3685 millions d’euros en 2018 et ce serait même plus de 3900 millions d’euros en 2019.

La fermeture de la coque de l’Isaac Peral au cours de la semaine du 16 au 22 décembre 2019 engagera la dernière ligne droite des travaux d’achèvement. Les prochaines étapes symboliques seront l’apparition de la coque toute de noir vêtue puis sa mise à l’eau en 2021. Les essais constructions et militaires devraient être conduits alors entre cette dernière date et jusqu’à l’admission au service actif du bateau en 2022.

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Les S-80 Plus sont des bateaux bénéficiant d’une longueur de coque de 81,05 mètres pour un diamètre de 11,68 mètres, leur donnant une finesse de coque de 6,93. Leur déplacement en surface serait finalement de 3200 tonnes pour un déplacement en plongée atteignant les 3700 tonnes. Ils peuvent marcher jusqu’à 12 nœuds en surface, entre 20 et 25 nœuds en plongée. Leur autonomie est prévue pour 4300 nautiques à 3 nœuds en surface et 15 jours de navigation sous-marine continue grâce à la propulsion aérobie. Ils seront armés par un équipage de 32 marins avec la possibilité d’accueillir huit hommes des forces spéciales.

Leur armement se compose de six tubes lance-torpilles de 533 mm. La capacité de la ou des soutes à armes tactiques n’est pas précisée mais eu égard au déplacement et à la longueur de coque celle-ci devrait avoisiner la vingtaine d’armes. Les torpilles lourdes seront les DM2A4. Les directions de tir retenues auprès de sociétés américaines permettent d’apprendre que les missiles anti-navires prévus sont des UGM-84 Sub-Harpoon block II et qu’elles permettront également la mise en œuvre des UGM-109 Tomahawk (Madrid avait noué un accord avec Washington pour se doter de missiles de croisière en 2005 mais l’a abandonné en 2009). Des mines multi-influences pourront également intégrer les racks des armes tactiques.

Le S-81 Isaac Peral sera suivi par la livraison des trois autres bateaux en 2024, 2025 et 2027. L’Armada española espère pouvoir commander un lot supplémentaire de deux sous-marins qui seraient logiquement les S-85 et S-86. Reste à obtenir l’aval du gouvernement espagnol afin de produire cet effort.

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