Convaincue de sa supériorité technologique et militaire depuis la fin de la guerre froide et la guerre du Golfe, l’US Army n’a pas lancé de programmes majeurs, concernant le renouvellement de son parc matériel de haute intensité, depuis le fameux BIG 5 des années 70.
Le fait est, aujourd’hui encore, ce sont les Abrams, Bradley, Black Hawk, Apache et Patriot, qui forment le fer de lance des brigades mécanisées et aéromobiles américaines, tous des matériels ayant été conçus à l’occasion de ce super-programme.
Alors que les tensions dans le Pacifique vont croissantes, et sur la base des retours d’expériences en Ukraine, l’US Army a entrepris une profonde mutation, tant pour ce qui concerne ses attentes pour moderniser et remplacer ses équipements, que pour la doctrine qui encadre le pilotage de ces programmes.
Sans qu’il soit ainsi nommé, on voit bien que se dessine, désormais, un nouveau super programme BIG 5, avec le char M1E3, le véhicule de combat d’infanterie XM30 du programme OMFV, l’hélicoptère de manœuvre V-280 Valor du programme FLRAA, l’annulation et le remplacement du super-canon XM1299 ERCA, et le déploiement d’une défense aérienne multicouche avec les programmes M-SHORAD et IFPC-2. La question est de savoir s’il suffira à redonner aux armées US, la dominance technologique et militaire qu’elles entendent retrouver ?
Sommaire
Le programme BIG 5 de l’US Army à l’issue de la Guerre du Vietnam
À l’issue de la guerre du Vietnam, au début des années 70, l’US Army prit conscience de l’écart qui la séparait des armées soviétiques. En effet, lorsqu’elle concentrait ses moyens et investissements pour cette guerre à mi-chemin entre la haute intensité et l’anti-insurrection, Moscou avait profondément modernisé ses forces, avec l’arrivée de nombreux nouveaux équipements jugés plus efficaces que ceux en service aux États-Unis, comme le char de combat T-72, le véhicule de combat d’infanterie BMP-1, les systèmes anti-aériens SA-6 et S-200 et les hélicoptères Mi-8 et Mi-24.
Pour répondre à ce défi, l’US Army entreprit de concevoir une nouvelle génération d’équipements pour reprendre l’avantage technologique et opérationnel sur les matériels et les forces russes.
C’est ainsi que naquit le super-programme BIG 5, qui donna naissance à cinq des matériels militaires les plus emblématiques de la puissance militaire américaine de 1980 à aujourd’hui, avec le char M1 Abrams, le véhicule de combat d’infanterie M2 Bradley, le système antiaérien à longue portée Patriot, et les hélicoptères UH-60 Black Hawk et AH-64 Apache, qui entrèrent en service entre la fin des années 70 et le début des années 80.
Il en fut de même, d’ailleurs, pour l’US Air force, avec la conception des F-15 Eagle et F-16 Fighting Falcon, et pour l’US Navy avec les porte-avions nucléaires classe Nimitz, les sous-marins nucléaires d’attaque classe Los Angeles, les croiseurs Ticonderoga, les destroyers Arleigh Burke et les frégates O.H Perry, ainsi que les chasseurs embarqués F-14 Tomcat puis F/A-18 Hornet.
Ces programmes ont été à ce point efficaces qu’ils continuent, quarante ans plus tard, de représenter la colonne vertébrale de la puissance militaire américaine, sur terre comme dans les airs, ainsi que sur et sous les océans.
Ces performances remarquables, mais aussi les engagements américains en Irak et en Afghanistan, entrainèrent une doctrine d’équipement privilégiant, d’une part, les ruptures technologiques majeures, très rarement couronnées de succès par ailleurs, et d’autre part, des évolutions itératives des équipements existants, pour assurer l’intérim, dans l’attente de ces nouveaux programmes qui n’arrivaient pas.
Le choc de la guerre en Ukraine et l’anticipation d’un conflit dans le Pacifique, modèlent la nouvelle doctrine de l’US Army
De fait, à la sortie de ces deux conflits, les armées américaines, et plus particulièrement l’US Army, la plus impliquée, se sont retrouvées dans une situation qui n’était pas sans rappeler celle qui était la leur, au début des années 70, après la signature des accords de Paris.
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