jeudi, décembre 12, 2024

Future intégration du missile hypersonique 3M22 Tsirkon à la corvette Gremyashchiy

Selon les déclarations du 31 octobre 2019 du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Vladimirovitch Poutine, la corvette Gremyashchiy (projet 20385), alors au large de Kaliningrad et à bord de laquelle était le président russe, sera, en plus d’être affecté à la Flotte du Pacifique, équipé du missile hypersonique 3M22 Tsirkon (SS-N-23 dans la classification OTAN), réputé pouvoir atteindre Mach 8 et une portée de 400 km. Le message stratégique quant à la valeur de la présence navale russe dans le Pacifique est clair.

La flotte maritime militaire de Russe (Военно-Морской Флот (ВМФ) – Voïenno-Morskoï Flot (VMF) est engagée dans une période décisive où il est discuté dans les cercles décisionnels russes l’avenir et surtout la pertinence d’entretenir les capacités océaniques, presque toujours héritées de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).

La plupart des programmes navals enregistrent régulièrement des lenteurs et des retards. Rare sont ceux construits à des délais acceptables, compatibles avec les objectifs assignés. Seuls les sous-marins à propulsion classique du projet 636.3 et les Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE) des projets 955, 955A et 955B. La situation est toute autre pour les programmes des grands bâtiments de surface qu’il s’agisse des refontes ou des constructions neuves.

projet 20385 Actualités Défense | Armes et missiles hypersoniques | Constructions Navales militaires
La corvette Gremyashchiy lors de ses essais à la mer

Ce sont les projets de corvettes qui, bon an mal an, enregistrent les cadences de production les plus acceptables non pas en raison de la célérité des chantiers navals mais des caractéristiques intrinsèques de ces bâtiments de faible tonnage et faibles dimensions, peu onéreux qui permettent de multiplier les commandes et les mises sur cale dans un grand nombre de chantiers. À l’orée du milieu des années 2030, et en supposant que les cibles prévues pour les différents projets se transforment régulièrement en ordre de mises sur cale, alors la marine russe devrait admettre au service actif de jusqu’à 64 corvettes des projets 20380 (10), 20385 (8), 20386 (7), 21630 (3), 21631 (12), 22160 (6) et 22800 (18).

Mais seuls les bâtiments des projets 20385, 20386, 21631 et 22800 possèdent ou possèderont des lanceurs octuples 3S-14 UKSK (Универсальный корабельный стельбовой комплекс ou système de tir polyvalent de tir) au nombre d’un ou deux par bâtiment suivant le projet considéré. Ces systèmes peuvent accueillir les missiles anti-navires supersoniques 3M-55 Yakhont (SS-N-26 Strobile dans la classification OTAN), missiles anti-navires hypersoniques 3M22 Tsirkon (SS-N-23 (OTAN) et missiles de croisière 3M-54 Kalibr (SS-N-27 Sizzler dans la classification OTAN) et missiles anti-sous-marins RPK-9 Medvedka (SS-N-29 (OTAN) plus d’autres variantes du 3M-54 Kalibr.

Il est à noter que le missile anti-navire hypersonique 3M22 Tsirkon impose, certainement en raison de la chaleur des gaz produits lors du tir, une version modernisée du lanceur : l’USKS-M. La plateforme navale devant recevoir ce missile hypersonique devra donc logiquement en être équipé.

Tir dun missile de croisiere Kalibr a partir dune corvette de la Marine russe Actualités Défense | Armes et missiles hypersoniques | Constructions Navales militaires
Le Missile de croisière Kalibr est née pour satisfaire le traité INF interdisant à la Russie la possession de missiles balistiques et de croisières terrestres .

La corvette Gremyashchiy (2019) est l’un des deux bâtiments du projet 20385 avec le Provornyy. Ils doivent être admis au service actif en 2019 au profit de la Flotte du Pacifique après avoir été mis sur cale, respectivement, en 2011 et 2013. Leur système de lancement vertical se compose d’un lanceur octuple 3S-14 UKSK(-M ?) et de deux lanceurs octuples Poliment-Redut accueillant des missiles anti-aériens.

Cette décision présidentielle russe dévoilée le 31 octobre ouvre la voie à l’introduction de missiles anti-navires hypersoniques, ce qui ne peut que constituer un message clair aux acteurs navals de l’océan Pacifique que si la Russie enregistre une régression, en général, du tonnage de sa flotte et des lenteurs de son renouvellement, sur le plan de la qualité elle entend soutenir la comparaison et être présente sur les capacités opérationnelles décisives. Aucune parade n’existerait encore face à un missile pouvant atteindre jusqu’à Mach 8.

Décision qui ré-hausse, une fois encore, la valeur stratégique des corvettes russes dotées des lanceurs UKSK/UKSK-M dont 45 unités dotées de ces lanceurs pourraient être admises au service actif jusque dans les années 2030. Celles-ci peuvent, par leurs dimensions, naviguer dans les eaux côtières, voire sur le cours des fleuves pour certains projets, et en haute-mer où elles exercent une influence décisive soit à terre par l’entremise des missiles de croisière (3M-54 Kalibr), soit en mer face à des unités navales isolées, voire des groupes navals constitués par leurs futurs missiles anti-navires hypersoniques (3M-22 Tsirkon) dont peu ou pas de marines peuvent parer. De quoi renforcer les capacités de déni d’accès de la marine russe.

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