Pour Varsovie, l’avenir de la DĂ©fense europĂ©enne passe par Washington

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Le site d’information de DĂ©fense amĂ©ricain Defensenews.com a demandĂ© Ă  plusieurs personnalitĂ©s de l’environnement dĂ©fense occidental d’exprimer leur vision et leurs attentes concernant la dĂ©cennie Ă  venir. Parmi eux figure le ministre polonais de La DĂ©fense, Mariusz BĹ‚aszczak, et les positions qu’il a exprimĂ©es, ainsi que les objectifs annoncĂ©s, sont en contradiction profonde avec la vision proposĂ©e par le prĂ©sident Français depuis quelques semaines.

Rappelons que si traditionnellement, la France prĂŞche pour le renforcement de l’autonomie stratĂ©gique europĂ©enne et pour rĂ©duire la dĂ©pendance technologique et opĂ©rationnelle vis-Ă -vis des Etats-Unis, le prĂ©sident français, Emmanuel Macron, a clairement durcit son discours en appelant Ă  une prise en main, par les europĂ©ens, de leurs problĂ©matiques de dĂ©fense, en Europe et alentour. Selon lui, il est dangereux de dĂ©lĂ©guer Ă  Washington les clĂ©s de La DĂ©fense europĂ©enne, car l’agenda de la Maison Blanche peut sensiblement divergĂ© de celui des nations europĂ©ennes.

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Il semble, en revanche, que les positions polonaises soient toute autre. En effet, Mariusz BĹ‚aszczak a clairement dĂ©finit la feuille de route de Varsovie pour la prochaine dĂ©cennie dans le domaine de La DĂ©fense, et cette route passe par les Etats-Unis. Ainsi, le ministre polonais n’a pas une seule fois fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’Europe de La DĂ©fense dans sa lettre, alors qu’il cite 5 fois l’OTAN, et 6 fois les Etats-Unis ou leurs forces. L’objectif principal annoncĂ© est de rĂ©pondre Ă  l’ensemble des exigences de Washington pour favoriser le rapprochement militaire entre les deux pays. Ainsi, Varsovie consacrera plus de 2,5% de son PIB Ă  La DĂ©fense en 2030, contre 2% aujourd’hui, augmentera le format de ses forces en crĂ©ant notamment une 4eme division mĂ©canisĂ©e, et surtout, envisagera d’acheter des Ă©quipements amĂ©ricains. On peut noter ainsi que le seul Ă©quipement nommĂ© dans ce document est le F35 de Lockheed.

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Au delĂ  des questions purement liĂ©es Ă  La DĂ©fense elle-mĂŞme, les positions du gouvernement polonais s’expliquent par deux facteurs : le Brexit et les tensions germano-amĂ©ricaines. En effet, il semble que Varsovie ait dĂ©cidĂ© de se positionner comme le favoris de Washington dans l’Union europĂ©enne, rĂ´le jusqu’ici tenu par Londres, et qui souvent entraina des blocages et des difficultĂ©s institutionnelles Ă  Bruxelles. On ne s’Ă©tonne pas, dès lors, de voir la Pologne parmi les plus fervents dĂ©fenseurs d’une ouverture du PESCO aux entreprises de dĂ©fense amĂ©ricaines. Mais les ambitions polonaises vont au delĂ , et tentant de ravir la position centrale dans l’OTAN que tenait jusqu’ici l’Allemagne, prĂ©textant les tensions commerciales qui opposent aujourd’hui Washington et Berlin, et le manque d’investissement allemand au niveau des dĂ©penses de dĂ©fense, vivement critiquĂ©e par le PrĂ©sident Trump. En outre, la Pologne considère que sa position gĂ©ographique, au contact avec la BiĂ©lorussie et l’Ukraine, et jouxtant l’enclave de Kaliningrad, justifie d’y concentrer une grande partie des forces amĂ©ricaines positionnĂ©es en Europe.

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Ces positions polonaises s’expliquent par plusieurs facteurs. Du point de vue de la dĂ©fense, Varsovie et Moscou restent très antagonistes, et la Pologne est aujourd’hui en pointe en Europe pour porter le message de la menace que reprĂ©sente les armĂ©es russes pour l’Europe de l’Est. En outre, la Pologne escompte ĂŞtre rĂ©compensĂ© de la loyautĂ© dont elle fait preuve vis-Ă -vis des Etats-Unis, notamment sur le plan Ă©conomique. Enfin, on remarque que le gouvernement polonais du prĂ©sident Andrzej Duda a, Ă  de nombreuses reprises, exprimĂ© son hostilitĂ© vis-Ă -vis de l’Union europĂ©enne, en raison notamment des critiques menĂ©es par cette dernière sur certaines mesures anti-dĂ©mocratiques prises par les autoritĂ©s polonaises. Dans ce domaine, le soutien des Etats-Unis serait donc de nature Ă  inflĂ©chir les positions de Bruxelles.

Quoiqu’il en soit, il semble clair que la Pologne ne se destine pas Ă  jouer la carte de l’Europe de La DĂ©fense. Elle n’est d’ailleurs pas la seule, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe. Le prĂ©sident français devra, dès Los, montrer bien plus que de la persuasion pour parvenir Ă  amener certains pays europĂ©ens Ă  prendre des positions plus europĂ©ennes et moins « atlantistes » qu’aujourd’hui. Mais la tache sera difficile, et nombreux sont ceux qui la juge mĂŞme impossible. Une chose est certaine, la France devra faire la dĂ©monstration flagrante de l’intĂ©rĂŞt des positions qu’elle dĂ©fend, pour espĂ©rer entamer une processus de changement. Et cela nĂ©cessitera un renforcement sensible de ses forces armĂ©es, et de son industrie de DĂ©fense.

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