mardi, mars 19, 2024

La Grèce s’apprêterait à commander 6 Rafale supplémentaires

« Un escadron de combat se compose de 18 appareils, mais un bon escadron de combat dispose de 24 avions ». C’est ainsi qu’une source militaire grecque propre du dossier a présenté l’intention prochaine de la Grèce de commander 6 Rafale supplémentaires auprés de la France pour le 332ème escadron de chassé hellénique, qui a déjà envoyé 6 pilotes à Mont-de-Marsan pour entamer leur transformation sur l’avion français. Sur la base du contrat en cours portant sur l’acquisition de 18 Rafale au standard F3R, dont 6 appareils neufs et 12 prélevés sur le parc de l’Armée de l’Air et de l’espace, Athènes estime le montant de la transaction à 800 m€, afin de conférer aux forces aériennes helléniques un avantage substantiel et durable sur son adversaire de toujours, les forces aériennes turques.

L’hypothèse d’une ou de plusieurs commandes supplémentaires de Rafale est très rapidement apparue dans les cercles militaires, politiques et industriels grecs, une fois la première commande entérinée. Aussi performant dans les missions Air-Air, notamment grâce aux missiles Meteor et Mica NG, que dans les frappes air-sol et air-surface, l’arrivée des Rafale apparait comme un « Game Changer » dans les tensions qui opposent Athènes à Ankara en Mer Egée. Mais pour l’heure, les autorités grecques doivent investir avec précaution leur budget d’acquisition d’équipement de défense annuel, alors que le pays prévoit d’acquérir 4 nouvelles frégates et de moderniser ses corvettes Meko 200HN pour 5 Md€, qu’il s’est déjà porté acquéreur d’hélicoptères de lutte anti-sous-marine MH-60 Romeo et qu’il modernise une partie de sa flotte de F16 au standard Block 70+ Viper. En outre, l’Armée de terre hellénique doit bientôt moderniser son parc de blindés médians, avec un besoin estimé à plus de 2000 véhicules.

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Le Rafale apparait aux yeux des forces aériennes helléniques comme un « Game Changer » dans la compétition qui l’oppose aux forces aériennes turques.

Mais l’acquisition probable de 6 nouveaux Rafale montre la confiance que portent les forces aériennes helléniques, mais également les autorités d’Athènes, tant dans leur nouvel appareil que dans le partenariat de défense très solide qui uni la France et la Grèce, en particulier face aux coups de boutoir répétés du président R.T Erdogan ces derniers mois. Et il est très possible que dans les années à venir, Athènes entreprenne de commander de nouveaux lots de Rafale, qu’ils soient neufs ou modernisés, tant pour tenir la dragée haute aux quelques 300 F16, F4 et F5 turcs, que pour consolider l’interopérabilité avec les forces aériennes et aéronavales françaises. La détermination montrée par Paris à soutenir la Grèce ces derniers mois est un paramètre puissant dans cette volonté.

On ne peut exclure, toutefois, qu’il s’agisse également d’une forme de « compensation » offerte à la France si Athènes venait à choisir une offre concurrente à celle de Naval Group dans le programme de frégates helléniques. En effet, plusieurs offres sont considérées comme très attractives par les autorités du pays, en particulier celle de Damen qui propose 4 frégates Sigma10515 lourdement armées dans des délais très courts, pour un peu plus de 3,2 Md€. Celle-ci représente une concurrente sérieuse de la FDI française, notamment grâce à ses 4 VLS Mk41 permettant d’embarquer dans ses 32 silos des missiles à longue portée SM2 ainsi que des missiles à moyenne portée ESSM à 4 par cellule, là ou les 4 Sylver 50 de la FDI ne permettent que de mettre en oeuvre 32 missiles Aster, certes plus performants que les SM2 ou ESSM, mais sensiblement moins nombreux. Et la cession gratuite des frégates Jean Bart et Latouche Treville de la Marine Nationale en solution d’attente ne semble pas être un argument déterminant pour Athènes, les Pays-Bas proposant ses 2 frégates de la classe Karel Doorman considérée elles aussi comme performantes.

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Bien qu’incontestablement plus performante dans presque tous les domaines, la FDI de Naval Group est fortement contestée dans le programme de frégates Helléniques par les offres néerlandaises, britanniques et américaines.

L’offre britannique sur la base de frégates Type 31 apparait également attrayante pour Athènes en dépit de ses capacités opérationnelles plus limitées, surtout du fait de son prix unitaire inférieur à 500 m€ sans armement, avec l’espoir non feint de la Marine Hellénique de pouvoir négocier le transfert des 2 frégates Type 23 qui doivent être retirées du service par la Royal Navy dans les prochaines années conformément aux directives de la nouvelle Revue Stratégique Intégrée. Enfin, l’offre américaine, sur la base de frégate légère MMSC, si elle reste très en retrait du point de vue opérationnel, dispose d’un soutien diplomatique appuyé de Washington, alors qu’Athènes continue d’espérer que la Maison Blanche prenne plus fermement son partie face à Ankara sur fond de tensions turco-américaines et de sanctions. Pour résumer la situation, l’offre française est incontestablement la plus performante sur une majorité d’aspects opérationnels parmi les 4 propositions qui semblent avoir les faveurs d’Athènes, mais c’est aussi la plus cher, et les limitations du système de lancement vertical Sylver jouent clairement en sa défaveur.

Reste que les décisions d’acquisition d’armement ne se limitent pas à la simple comparaison de prix et de performances sur une feuille Excel. L’implication des forces françaises aux cotés des forces helléniques ces derniers mois face à Ankara jouera incontestablement un rôle déterminant dans les arbitrages qui seront menés, alors que l’appel à proposition concernant le programme de frégates helléniques restent sous la forme de négociations bilatérales d’état à état, et non sous la forme d’un appel d’offre. La très forte présence française lors de l’exercice Iniochos 2021, avec pas moins de 11 Rafale et 5 Mirage 2000D dépêchés par l’Armée de l’Air et la Marine nationale, montre la volonté de Paris de construire avec Athènes une alliance de fait, alors que dans le même temps, les contacts entre l’industrie de défense française et hellénique se multiplient pour étudier les synergies et les possibilités de coopération.

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