Les 3 années durant lesquels le Docteur Will Roper dirigea les acquisitions et la R&D de l’US Air Force, de février 2018 à janvier 2021, furent marquées par un dynamisme oublié depuis plusieurs décennies par les forces américaines, tant dans la conception même des nouveaux avions de combat que dans le pilotage des programmes eux-mêmes. Architecte de la « Digital Century Série » qui aujourd’hui encadre les programmes de l’USAF, y compris le très prometteur programme Next Generation Air Dominance, ou NGAD, qui doit donner naissance au remplaçant du F-22 Raptor avant 2030, et qui pourrait bien produire dans la foulée un remplaçant au F-16 en lieu et place du F-35A, mais également du programme Skyborg destiné à concevoir une intelligence artificielle capable de piloter un grand nombre d’appareils pour un grand nombre de missions, Will Roper a marqué de son empreinte le futur de l’US Air Force. Et s’il a été amené à quitter son poste fin janvier 2021, ce n’était du qu’au caractère politique de celui-ci, et à sa nomination par Donald Trump; en aucun cas à une demande du Pentagone.
Depuis, le docteur Roper a rejoint le secteur privé, mais il ne fallut guère de temps pour que la Royal Air Force se rapproche de lui et de sa vision innovante de l’avenir de l’industrie aéronautique militaire. En effet, à la demande de son chef d’Etat-Major, l’Air Chief Marshal Mike Wigston, celui-ci a intégré en juillet le Squadron 601, une unité recréée en 2019 pour piloter la réflexion sur ces sujets. Tout naturellement, il s’est rapidement orienté vers le programme FCAS, son chasseur de nouvelle génération Tempest et son drone Loyal Wingman Mosquito, retrouvant un cadre comparable à celui qu’il avait du quitter au sein de l’US Air Force avec les programmes NGAD et Skyborg. Will Roper n’agira naturellement pas en qualité de décideur, comme c’était le cas précédemment, mais de conseil, notamment pour faciliter la transformation numérique de l’industrie aéronautique britannique, et ainsi lui permettre de basculer vers les paradigmes de conception numérique intégrale rompant en de nombreux aspects avec la conception traditionnelle employée en Europe.
Il est utile de rappeler que l’application de cette doctrine permit aux équipes de Will Roper de developper un premier démonstrateur du programme NGAD, il est vrai marqué du sceau du secret, et ce en tout juste une année, et pour un budget inférieur à 1 Md$, selon l’analyse faite par certains spécialistes US sur la base des ressources disponibles à l’US Air Force pour ce programme. Or, si la Grande-Bretagne à l’ambition de faire, et son industrie aéronautique les compétences d’y parvenir, la plus grande menace qui pèse aujourd’hui sur le programme FCAS est budgétaire, nombre de spécialistes, y compris la haute autorité budgétaire britannique, estiment qu’il sera difficile de parvenir à financer un programme avec ces ambitions, dans le délais visé, avec les ressources prévues par le Ministère de La Défense britannique. Et d’estimer que Londres aujourd’hui cherche surtout à se mettre en position de force dans le cas d’un éventuel rapprochement avec le programme SCAF européen, ou si celui-ci venait à péricliter, pour y accueillir l’Allemagne et potentiellement l’Espagne.
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