mercredi, novembre 13, 2024

En visant 2040, les armées françaises sont-elles dans le bon tempo opérationnel et technologique ?

Alors que de nombreux facteurs pointent vers une hausse rapide des tensions internationales dans les années à venir, les armées françaises, elles, sont engagées dans une dynamique de modernisation visant une échéance au-delà de 2040. On peut, dès lors, s’interroger sur la pertinence du tempo opérationnel et technologique qui guide la programmation française, au regard de l’évolution de la situation sécuritaire internationale.

« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans l’avenir« . Cette phrase de Winston Churchill, maintes fois citées, ne représente en fait qu’une réécriture de la célèbre phrase de Thucydide, « L’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement« .

Lorsque l’on applique ces maximes à la présente situation, on ne peut s’empêcher de remarquer les nombreuses similitudes qui existent entre le développement des tensions à l’échelle mondiale aujourd’hui, et la situation internationale qui prévalait à la fin des années 40, plus particulièrement après que le 29 aout 1949, l’Union soviétique était entrée dans le club des nations nucléaires.

Vers un nouveau cycle de tensions croissantes et de conflits jusqu’en 2035-2040 ?

Désignée Guerre froide, cette période s’étala d’avril 1949, avec la création de l’OTAN puis du Pacte de Varsovie, à la chute du mur de Berlin, en novembre 1989. Elle se caractérisa par une période de tensions croissantes de 1949 à 1962, et la crise des missiles de Cuba, un période de stabilisation et même de baisse des tensions entre 1963 et 1982, puis une nouvelle phase de tension de 82 à 85, avec la crise des euromissiles, sur fond d’effondrement économique du modèle soviétique.

Si l’on devait transposer ce développement à la présente situation, cela supposerait qu’entre 2022 et l’offensive russe contre l’Ukraine, et 2035, le Monde devrait suivre une courbe croissante pour ce qui concerne les tensions internationales, les risques de guerre et l’instabilité mondiale.

Abrams-X GDLS
Abrams M1E3, OMFV, FARA, Constellation, NGAD… L’ensemble des grands programmes des armées US pointent vers une entrée en service avant 2030.

C’est précisément sur ce calendrier que les armées américaines travaillent depuis quelques années, estimant qu’un conflit avec la Chine autour de Taïwan pourrait intervenir à partir de 2027. En outre, sans l’annoncer publiquement, tout indique que le Pentagone considère désormais que cette confrontation est invariable, ou tout au moins suffisamment probable pour s’y préparer activement.

De fait, il conviendrait, aujourd’hui, que les Armées françaises, et plus globalement, les armées européennes, évoluent, elles aussi, pour répondre à l’évolution probable des tensions dans cette dynamique historique, que l’on peut rapprocher, d’une certaine, des travaux du docteur Philippe Fabry baptisés Historionomie.

Bien que manquant d’une analyse statistique et exhaustive, cette approche s’est montrée étonnamment capable d’anticiper les tensions actuelles, et ce, depuis le début des années 2010, soit bien avant que les prémices évidentes de dégradations soient apparus en Russie, en Chine ou en Turquie.

Le tempo opérationnel et technologique des armées françaises pointe au-delà de 2040

Or, tout indique qu’aujourd’hui, les armées françaises sont engagées dans un objectif visant un point haut opérationnel au-delà de 2040, soit bien au-delà du cycle de tension croissante en développement, qui devrait s’étendre jusqu’en 2035, peut-être un peu au-delà, si l’on adhère à la notion de cycle historique.

Concrètement, aujourd’hui, il apparait que les armées françaises acceptent de négliger leurs capacités de réponse à court ou moyen termes, pour garantir une efficacité optimale à long terme, c’est-à-dire après 2040.

L’exemple du char EMBT de génération intermédiaire pour l’Armée de Terre

Un exemple concret de cette stratégie assumée a été donnée mi-octobre, à l’occasion d’une réponse du ministère des Armées à une question écrite du député Philippe Gosselin. Celui-ci interrogeait le ministère au sujet l’opportunité pour l’Armée de terre de se tourner vers le modèle E-MBT de KNDS comme solution intérimaire chenillée lourde, dans l’attente de l’arrivée du MGCS, après 2040, sujet plusieurs fois debout dans nos colonnes.

char e-mbt

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2 Commentaires

  1. Il faudra demander à nos potentiels adversaires de retarder leurs ambitions le temps nécessaire à la mise en conditions de nos défenses principales. Sans compter que la cinquième colonne de nos chances pour la France commence à s’impatienter et bout d’impatience à venger les « maltraitances » que leurs arrière-grands parents ont subi au long du 20eme siècle !

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