L’envoi potentiel de troupes européennes en Ukraine, évoqué par Emmanuel Macron en marge du Sommet de Paris du 26 février, n’arrête pas de provoquer de nombreuses réactions, en France, en Europe, et au-delà. Toutefois, loin de déclencher une dynamique en faveur de l’émergence d’une Europe plus unie, plus déterminée, et plus forte, pour soutenir l’Ukraine, cette phrase s’est transformée en retour de flammes contre le président français.
En effet, non seulement l’hypothèse est-elle vivement critiquée par les oppositions en France, mais elle est parvenue à créer un véritable consensus en Europe et même au sein de l’OTAN, mais contre elle. Quant aux russes, sans grande surprise, ils savourent la débâcle, non sans tourner en ridicule la posture de la France.
Sommaire
Un manque évident de crédibilité de la France en Europe sur les questions de Défense
Il est possible de débattre des heures sur le bienfondé, ou pas, de l’hypothèse évoquée par le chef d’État français. Cependant, cet épisode montre, avant tout, le manque cruel de crédibilité de la France sur ces questions géostratégiques, y compris en Europe, et en particulier l’immense écart qui existe aujourd’hui, entre les ambitions exprimées par la France dans ce domaine et les moyens dont disposent, effectivement, ses armées.
Le faible poids de la France concernant les questions géostratégiques
Plusieurs facteurs historiques, certains avérés, d’autres parfois fantasmés, tendent à éroder la crédibilité de la parole française en matière de défense sur la scène géopolitique européenne et mondiale. En outre, les européens, et leurs dirigeants, ont été conditionnés, depuis plusieurs décennies, à suivre presque aveuglément les directives des États-Unis dans ce domaine, tout en s’en remettant à Washington, et à ses très puissantes armées, pour leur sécurité.
Les évolutions de ces dernières semaines, que ce soit en Ukraine face à la Russie, mais aussi aux États-Unis, avec un Congrès qui bloque toujours un paquet d’aide à l’Ukraine désormais vital, et un Donald qui remportera sans surprise les primaires républicaines, et qui devient le favori des sondages, concernant les élections de novembre, avaient, semblait-il, bousculé les européens dans leurs certitudes, au point que de nouveaux discours ont émergé à La Haye, Rome, Varsovie et même à Berlin.
C’est d’ailleurs, probablement, en pensant pouvoir profiter de cette évolution apparente des dirigeants européens, qu’Emmanuel Macron a tenté ce qui ressemble désormais, de plus en plus, à un coup de bluff, en présentant l’intervention de troupes européennes en Ukraine, comme une hypothèse de travail, alors qu’elle n’avait, très certainement, été évoquée que brièvement, sans emphase, et sans le moindre soutien, lors de la conférence.
La faiblesse des armées françaises dans le domaine conventionnel entrave les aspirations de Paris pour l’émergence d’une autonomie stratégique européenne.
C’est bien, dans ce contexte, la faiblesse des armées françaises, en particulier en matière de combat symétrique conventionnel de haute intensité, qui fait perdre sa crédibilité au discours français, lorsque Paris évoque l’envoi potentiel de troupes en Ukraine, ou plaide en faveur d’une autonomie stratégique européenne.
En effet, de toute évidence, les européens ne s’estiment pas prêts à se confronter à la Russie, sans que l’initiative vienne de Washington, et sous la protection de l’US Army et de l’US Air Force. Malheureusement, dans ce domaine, les armées françaises sont très loin de proposer une alternative suffisamment crédible pour Varsovie, Vilnius ou Bucarest, afin de déclencher un frémissement en ce sens.
France vs Russie : un rapport de force potentiel bien moins marquant qu’il n’y parait
Dans l’esprit de presque la totalité des européens, et même dans le monde, la France ne peut pas, en effet, représenter, à elle seule, un adversaire potentiel crédible pour venir dissuader Moscou dans des domaines stratégiques.
Le rapport de force militaire moyen de 7 contre 1 en faveur des armées russes
En effet, avec 2 000 têtes nucléaires, 3000 chars, 1200 avions de combat, une cinquantaine de sous-marins, et une force armée de 1,3 million d’hommes, les armées russes surclassent très largement les 350 têtes, 200 chars, 225 avions de combat, 10 sous-marins de 210 000 hommes des armées françaises, dans un rapport moyen de 1 contre 7.
En matière de dissuasion, il convient de rappeler que les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et les 2 escadrons de Rafale B nucléaires des forces stratégiques françaises, disposent largement de la puissance suffisante pour détruire toute la Russie, alors qu’il n’est guère utile, pour Moscou, de pouvoir détruire plus de 15 fois la France.
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bonjour,
oui comme d’habitude nous sommes traités de va t’en guerre, mais bon nous avons l’habitude. de toutes façons on ne fera rien avec l’allemagne qui continuera à contrecarrer toutes les initiatives françaises quelqu’elles soient. je ne parle même pas des progammes scaf et mgcs, qui à mon avis finiront comme le reste dans les oubliettes de la coopération franco-allemande. lançons l’EMBT des maintenant, nous n’avons pas eu besoin des allemands pour faire le leclerc, sauf peut le boite de vitesse, mais si l’on fait un hybride il,n’y en aura plus besoin ! quand au scaf concentrons les moyens sur le rafale 5 et son environnement et ce sera déjà bien. il pourra apponter sur le grand charles , sans pour cela avoir besoin d’un successeur de 75000 tonnes. si l’on a des drones qui eux sont furtifs et vont au contact , quel est le besoin d’avoir un scaf puisque il peut rester en retrait du danger potentiel. à vouloir faires des cooperations hasardeuses on perd notre temps, nos comptétences et nous mettons comme d’habitude à la botte des allemands qui ne sont même plus capables de mettre en ligne un bataillon de chars ni d’envoyer une une frégatte avec des missiles qui fonctionnent (heureusement pour les américains car avec des alliés comme eux, pas besoin d’ennemis).
quand à nos jeunes générations qui elles veulent la paix et ne surtout pas se mobiliser pour leur pays, le jour ou poutine viendra leur botter le c.. il ne leur demandera pas s’ils sont d’accord, mais ce sera un peu tard.
je pense que les français et les europeens en général vont devoir sortir de leur confort et changer leur façons de voir les choses. nous voulons tous la paix mais il faut mettre les points ssur les I à certains pour qu’ils comprennent qu’il ne faut pas venir nous em….
bonne journée à tous
bonjour,
je suis très fan de votre publication.
Je comprends complètement le besoin de se ré-enforcer, le manque de vison pendant très longtemps, mais se mêler à la cour européenne pour accuser ce président qui heureusement a régi, pas assez fort peut être, je trouve cela un peu facile.
Penser que si nous avions été plus fort les autres pays nous auraient soutenu, c’est oublier ce réflexe européen dès que la France prends un peu d’importance. De plus cette réaction des pays européens montre plus une peur qu’une vrai analyse de l’effet de cette déclaration.
Emettre l’hypothèse que des troupes au sol pourrait être déployer, c’est juste prévenir la Russie et laisser planer le doute. Cette arme utilisée par la Russie. et franchement que peut faire la Russie à la France, nucléaire c’est de l’auto destruction et pour ce qui est de l’armée conventionnelle, le chemin vers Paris passe par l’Otan. Juste renvoyer la Russie à son impuissance devant l’Ukraine, la France c’est un autre morceau…
Tous ces pays européens, si Trump nous lâche, seul devant la Russie, sur qui pourront ils compter pour leur parapluie nucléaire?
Combien a couté ce parapluie nucléaire ces 60 dernières années ?
Qui a été visionnaire?
Bien sur on aurait pu faire plus.
Depuis 60 ans, ces pays européens ont toujours minimisée notre force nucléaire et critiquée. Trop agressive, peuple guerroyeur, perdant, revanchard.
Cela pour se lover dans la sacro sainte protection US et dépendre du gaz Russe.
Alors oui on n’a pas fait assez, mais on n’a pas été aider.
Et on est difficilement impressionnable ce que l’on ne peut pas dire du reste de l’Europe.
Ne jamais oublier que s’autoflageller c’est donner du grain à moudre à ceux qui nous veulent plus faible.
Et cela ne nous renforce jamais.
il faut bien sur être autocritique mais nous ne sommes pas seuls dans ce bateau.
Je ne pense pas du tout que le but de l’article était de s’autoflagellé mais plutôt de pousser le gouvernement à à faire plus.
Mais ce titre : Un manque évident de crédibilité de la France en Europe sur les questions de Défense.
j’avoue difficile à avaler, que nous propose l’Europe à nous les Français :
Investissement dans la dissuasion conventionnelle ou nucléaire = 0
Sans les états Unis, crédibilité = 0
Que nous jugions nous en tant que Français, que l’on en fait pas assez complètement d’accord.
Franchement l’avis des autres pays européens, s’il veulent prendre des pincettes, plus facile que de proposer une vrai évolution vers une puissance militaire Européenne …et malheureusement pour eux, oui la France en sera le pilier. Et c’est là que le bât blesse…
ps:
Maintenant si dans 6 mois la Russie perce le front et qu’un risque d’effondrement s’avére, est-on sûr que Français, Anglais et Américains voir l’Otan restera l’arme au pied.
Bien cordialement et fidèlement votre
Merci pour ce commentaire. Je ne vous contredirai pas, sur la manière dont les européens ont une certaine peur viscérale. Maintenant, la situation est ce qu’elle est. On peut la regretter, mais il est impossible de la changer, en tout cas pas dans les délais. Même avec beaucoup de temps, je crains que ce soit tout simplement hors du scope. Il ne s’agit pas de distribuer les bons et mauvais points, simplement de poser un constat : les ambitions d’un coté, les attentes des européens concernant la puissance des armées européennes de l’autre, ne sont pas alignées.
Ceci étant posé, et sachant qu’il est nécessaire aux européens de s’adapter à la réalité en cours d’évolution rapide, la seule solution serait de proposer aux européens une alternative potentielle, même partielle, à la protection US. Et aujourd’hui, les armées françaises sont très loin de pouvoir y arriver.
D’ou l’article. Parce qu’annoncer des ambitions, sans s’en donner les moyens, dans un contexte comme celui-ci, c’etait évidemment aller droit dans le mur.
Maintenant, si le président veut effectivement donner corps à cette autonomie stratégique européenne, il lui revient de répondre aux attentes, même implicites, des européens, et donc de doter la France d’une armée, bien plus significative.