En 2019, les autorités indiennes avaient signé, avec la Russie, l’extension de la licence de construction des chars de combat T-90 par l’industrie de Défense indienne, avec l’autorisation de construire 464 nouveaux T-90S, dénommée « Bhishma » en Inde, du nom du dieu gardien de la mythologie indienne. La construction de ces nouveaux blindés a désormais débuté, et permettra à New Delhi d’équiper 8 nouveaux régiments de chars lourds destinés à être positionnés sur la frontière orientale face à la Chine.
Une fois le contrat exécuté, les forces armées indiennes disposeront de plus de 2000 T-90 armant 32 régiments blindés, chacun disposant de 45 chars de combat en ligne, et de 17 chars en réserve. Ceux-ci compléteront les 4 régiments équipés du char de facture local Arjun, et des quelques 32 régiments mettant en oeuvre le char lourd Ajeya, version modernisée du T72 russe. Au total, elles alignent prés de 4500 chars de combat lourds et presque 70 régiments cuirassés, en faisant la troisième armée blindée mondiale.
Le Bhishma représente la colonne vertébrale des forces blindées lourdes indiennes
Le T90S Bhishma disposent de nombreuses améliorations vis-à-vis du T90S initial. Outre le système de visé infrarouge Catherine-FC du français Thales, permettant au char d’opérer aussi bien de jour comme de nuit à des distances dépassant les 2000 m, il est protégé par le blindage réactif Kaktus K6, version améliorée du Kontakt K5 russe, et surtout d’une système de protection actif LEDS-150 acquis auprés de Saab après une compétition qui opposa, en 2008, L’israélien Rafael, l’américain Raytheon, le russe Rosoboronexport, et le britannique BAe System. Cet Active Protection System (APS) ou système Hard-Kill, utilise un missile léger Mongoose-1 pour intercepter les menaces à une dizaine de mètres du char, avant l’impact.
Le char chinois T99A, ou sa version export VT-4, est un blindé moderne et performant, disposant de l’ensemble des équipements qui équipent les chars occidentaux les plus modernes, comme l’Abrams M1A2 ou le Leopard 2A7+.
La nouvelle commande de T90S Bhishma par New Delhi est dictée par la montée en puissance des composantes blindées lourdes tant au sein de l’Armée Populaire de Libération chinoise, que des forces armées pakistanaises. Toutes deux mettent en oeuvre de plus en plus de chars modernes chinois Type 99 ou de sa version export VT-4, un blindé de 58 tonnes disposant de l’ensemble des équipements modernes comme un système de contrôle de tir à visée infrarouge, une blindage composite associé à un sur blindage réactif et un APS, ainsi que d’un moteur de 1500 cv offrant un rapport puissance-poids de presque 26 cv par tonne. L’armée populaire de libération aligne déjà plus de 1000 chars de ce type, alors que les forces pakistanaises en aligne plus de 350 et a commandé 240 exemplaires supplémentaires.
Le char de facture locale Arjun souffre d’un prix d’acquisition presque deux fois supérieurs à celui du Bhishma.
L’industrie indienne a développé son propre modèle de char lourd, le Arjun, un char de 68 tonnes (version Mk2), en service depuis 2009 (Mk1) et 2016 (Mk2). Si le char a montré des performances satisfaisantes lors des tests, avec un niveau d’efficacité global comparable au Bhishma, son prix est presque deux fois plus élevé que ce dernier, avec un cout unitaire de presque 8 millions de $, la ou le T90S ne coute de 4,5 m$ l’exemplaire. Ceci explique pourquoi New Delhi continu à acquérir des T90 russes, malgré les presque 1 Md$ qui seront perçus directement par la Russie sous forme de licence pour les 464 nouveaux chars commandés. En revanche, la Defence Research & Developpement Organization, ou DRDO, l’agence indienne en charge des programmes industriels de défense, continue de developper l’Arjun Mk2, et le blindé pourrait être utilisé comme base du programme Futur Ready Combat Vehicle, un nouveau char lourd qui entrera en service post 2025. Sauf si Moscou parvient, une nouvelle fois, à faire une offre ne pouvant être refusée concernant son T-14 Armata…
Avec son prédécesseur le MQ-1 Predator, le MQ-9 Reaper est
le drone américain le plus emblématique de ces vingt dernières années. Utilisé
par l’USAF et la CIA, exporté au Royaume-Uni, en Italie ou encore en France, ce
drone de reconnaissance et d’attaque évoque à lui seul la nature asymétrique
des conflits afghans, irakiens et africains menés par les États-Unis et leurs
alliés. Or, depuis le milieu des années 2010, les forces armées américaines se
retrouvent à nouveau confrontées à des menaces de haute intensité, que ce soit
face à la Russie ou à la Chine.
Dans un tel contexte, le MQ-9 Reaper apparaît comme un outil inadapté et dépassé, forçant l’USAF à anticiper de quelques années son remplacement par un nouveau système non-piloté et à limiter à 337 le nombre de plateformes commandées, au lieu des 363 jusqu’ici planifiés. L’arrêt de commandes de Reaper dès 2022 pourraient être un coup dur pour son fabriquant General Atomics mais aussi pour les alliés des USA qui se sont récemment portés acquéreurs de l’engin. Cela permettrait cependant de libérer des crédits pour étudier le remplacement du Reaper par une famille d’engins mieux adaptés aux conflits futurs.
Ayant effectué son premier vol en 2009, le drone Avenger (Predator-C) de General Atomics a été conçu pour prendre la relève du Reaper dans les environnements les plus contestés. General Dynamics pourrait bien proposer un dériver de son Avenger pour le futur marché de remplacement des MQ-9 Reaper
Si le MQ-1 Predator était initialement une plateforme de surveillance, de renseignement et de reconnaissance (ISR) qui a été ultérieurement armée, le MQ-9 Reaper a été conçu dès l’origine pour pouvoir embarquer quatre bombes à guidage laser/GPS ou huit missiles légers Hellfire, une charge offensive digne d’un hélicoptère de combat ou d’un chasseur-bombardier léger. Si cela s’avère toujours largement suffisant sur des théâtres de faible intensité, notamment dans le Sahel ou en Afghanistan, il manque cependant au Reaper les capacités d’autodéfense permettant à un véritable chasseur d’opérer dans un environnement contesté : détection de menaces, suite de guerre électronique, discrétion radar, lance-leurres, etc.
Le Reaper s’avère ainsi de plus en plus vulnérable sur les
théâtres du Moyen-Orient, où les systèmes de défenses anti-aériennes se
multiplient, et est tout bonnement inadapté dans le cadre d’une éventuelle
défense des pays Baltes face à la Russie, ou encore pour des opérations en
Asie-Pacifique face à la Chine. Pire encore, la complexité et la robustesse du
Reaper, insuffisantes face à de vraies menaces et inutiles dans un environnement
non-contesté, le rendent particulièrement onéreux à l’achat et à l’usage,
expliquant en partie le succès commercial des drones MALE (moyenne altitude
longue endurance) chinois en Afrique ou au Moyen-Orient.
Le concept de Loyal Wingman développé par Boeing Australia pourrait servir de base à un remplaçant du Reaper. Pour les missions de haute intensité, l’USAF ne semble cependant pas encore avoir choisi entre une option de drone performant et durable (plus coûteux) ou une option de drone consommable (plus économique uniquement dans le cadre de conflits de haute intensité)
Lors d’une récente déclaration devant la Chambre des Représentants américaine, le responsable des acquisitions de l’US Air Force a ainsi affirmé que l’USAF souhaitait stopper la production de Reaper à partir de l’année fiscale 2022 afin de concentrer ses efforts sur le développement d’une famille de systèmes plus adaptés aux missions à venir. Pour permettre une utilisation dans un conflit de haute intensité, deux solutions sont ainsi évoquées et étudiées en parallèle par l’USAF :
Augmenter la survivabilité des drones
Réduire leurs coûts pour en faire des systèmes
consommables
Pour continuer à réaliser des missions ISR de longue durée, la survivabilité est un élément essentiel. Dans le haut du spectre opérationnel, les MQ-9 Reaper seront donc remplacés en partie par des drones plus furtifs, plus rapides, dotés de systèmes de détection et de brouillage électronique, emportant probablement leur charge utile et leur armement en soute. On peut ainsi imaginer un système ressemblant au drone Avenger présenté par General Atomics, ou bien à un équipement sous forme d’aile volante, à l’instar du drone de reconnaissance RQ-180.
Pour les opérations de basse intensité, l’USAF évoque
directement la possibilité de remplacer une partie des Reaper par un drone MALE
dérivé d’un modèle civil, de nombreuses start-up américaines développant de
tels systèmes pour des utilisations diverses telles que l’étude de l’environnement,
l’agriculture, l’industrie pétrolière ou la communication. Pour le représentant
de l’USAF, une telle solution pourrait renforcer le tissu industriel américain,
permettant aux industriels d’être plus compétitifs sur un marché civil aujourd’hui
pris d’assaut par les productions chinoises. En finançant suffisamment en amont
de telles solutions, l’USAF pourrait alors disposer d’un drone MALE de
conception civile adapté aux conflits de basse intensité, avec des capteurs sur
mesure et éventuellement un armement minimal, mais avec des coûts d’exploitation
considérablement plus faibles que ceux du Reaper.
L’industrie italienne propose depuis plusieurs années des drones MALE adaptés aussi bien au marché civil qu’aux opérations ISR, avec le Sky-Y dès 2007 puis, en 2019, le Falco Xplorer. Les usages civils restent cependant encore limités, mais devraient se multiplier dans les années à venir.
Enfin, une troisième option est évoquée, afin de combiner le
meilleur des deux mondes. A l’instar du Loyal Wingman proposé par Boeing pour escorter
et renforcer les capacités offensives des avions de combat, l’USAF pourrait
opter pour un drone de haute performance optionnellement consommable. Disposant
d’un design furtif et d’une vitesse de croisière respectable, un tel drone
serait capable de survivre dans un environnement contesté le temps d’accomplir
sa mission. Son retour à la base serait cependant optionnel, et l’engin sera
conçu pour un nombre de vols limité, permettant de réduire ses coûts de
production et de minimiser les conséquences financières de sa perte au combat.
S’il peut paraître contradictoire d’imaginer un drone à la
fois plus performant et moins cher qu’un Reaper, il convient de voir que ce
dernier est conçu pour un usage assez intensif, quand bien même il est limité
aux conflits de basse intensité. Un drone plus furtif et plus rapide, pour peu
qu’il ne soit prévu que pour quelques centaines d’heures de vol avec une
maintenance réduite au minimum, peut parfaitement s’avérer plus économique à l’usage,
surtout dans un cadre opérationnel où la durée de vie moyenne des UAV se
comptera probablement en dizaines d’heures uniquement. Ainsi, pour son concept
de « loyal wingman », Kratos propose un Q-58A Valkyrie à seulement 2
millions $ l’unité, pour peu qu’il soit produit en série, contre environ 16
millions $ pour un RQ-9 Reaper actuel.
Le XQ-58A Valkyrie de Kratos est un démonstrateur de loyal wingman abordable et consommable permettant d’accompagner les avions de combat de l’USAF. La force aérienne américaine pourrait également s’inspirer de tels concepts pour remplacer une partie de ses Reaper et autoriser un engagement dans des zones fortement défendues.
Quels que soient les choix que va effectuer l’USAF dans les années à venir, il semble désormais intégré que les forces armées américaines se préparent à un retour des conflits de haute intensité. En matière de drones de reconnaissance et d’attaque, cela se traduira par des choix techniques et doctrinaux radicalement différents de ceux effectués en Europe, où le programme EuroMALE vise avant tout à concevoir un drone MALE robuste et endurant pour de longues opérations de basse intensité.
Le 5 mars dernier, la force maritime d’autodéfense japonaise
(ou JMSDF) a admis en service son premier sous-marin conventionnel équipé de
batteries lithium-ion. Onzième bâtiment de la classe Sōryū, le Ōryū est
également le premier sous-marin au monde à être doté de ce type d’accumulateurs
qui permettent d’augmenter significativement les performances en plongée des
sous-marins.
Si elles présentent de très nombreux avantages, les batteries li-ion ne sont pas pour autant dépourvues de défauts. Loin d’être une solution miracle, elles intéressent néanmoins de nombreux constructeurs navals, notamment le Français Naval Group, en raison des avantages opérationnels qu’elles peuvent offrir.
Le Toryū est le douzième bâtiment de la classe Sōryū. Cette classe sera suivie au cours de la décennie en cours par une nouvelle classe de sous-marins de hautes performances, dotés a priori de batteries li-ion.
Construit par Mitsubishi Heavy Industries près de Kobe, le Ōryū sera prochainement suivi par le douzième sous-marin de classe Sōryū, le Toryū, qui a été lancé en novembre 2019 par les chantiers de Kawasaki, qui assurent la construction d’un sous-marin tous les deux ans, en alternance avec Mitsubishi. Comme les autres bâtiments de la classe Sōryū, ces deux sous-marins présentent un déplacement de 4200t en plongée, ce qui en fait pour l’heure les plus gros sous-marins conventionnels du monde. Contrairement à leurs aînés, toutefois, les Ōryū et Toryū disposeront d’un mode de propulsion très différents.
Jusqu’à présent, la classe Sōryū présentait déjà d’excellentes
performances en plongée, grâce à l’utilisation à la fois de puissantes
batteries au plomb, offrant une vitesse maximale de plus de 20 nœuds, et un
module de propulsion anaérobie AIP basé sur quatre moteurs Stirling offrant une
endurance de 11000km à la vitesse de 6,5 nœuds. Pour les deux derniers bâtiments
de la classe, les batteries li-ion de type NCA (Nickel Cobalt Aluminium)
remplacent non seulement les anciennes batteries acide-plomb mais également l’intégralité
du module AIP.
Malgré la nouveauté de son système de propulsion, les essais en mer du Ōryū n’auront pas duré plus longtemps que ceux des autres bâtiments de la classe.
Privé d’AIP, il ne sera plus possible de recharger les
batteries autrement qu’avec les moteurs diesel au schnorchel, autrement dit à
la surface. En contrepartie, les batteries li-ion en elles-mêmes disposeront d’une
capacité énergétique largement supérieure aux batteries acide-plomb. Dans les
faits, sur ces seules –gigantesques– batteries li-ion, le Ōryū disposera d’une
autonomie doublée par rapport à l’ancien système AIP, tout en étant bien plus
rapides à recharger que les anciennes générations de batteries.
Toutefois, comme dit plus haut, ce système n’est pas parfait
pour autant. En premier lieu, il convient de voir que les batteries li-ion sont
bien plus coûteuses que les batteries acide-plomb, les deux derniers Sōryū
coûtant chacun environ 600 millions $ contre environ 490 millions $ pour les précédents
bâtiments de la classe. Ensuite, si les batteries li-ion ne sont pas à
proprement parler plus dangereuses que des batteries acide-plomb, elles
présentent des risques différents, auxquels les sous-mariniers sont moins
habitués et qui, de manière générale, sont moins documentés. Or, dans le
domaine militaire plus que n’importe où ailleurs, on préfère bien souvent se
confronter à des problèmes récurrents mais que l’on sait gérer plutôt qu’à des
mauvaises surprises plus rares mais aux conséquences imprévisibles.
Compatible avec les designs de sous-marins existants et à l’étude, le module AIP de Naval Group FC2G restera bien plus économique et simple à implanter qu’une solution de batteries Li-Ion. L’industriel française propose néanmoins de combiner ces deux nouvelles technologies pour des solutions optimales, y compris dans des sous-marins de petite dimension.
Ainsi, si les batteries acide-plomb sont connues pour
libérer des substances chimiques toxiques en cas d’accident, et notamment de
contact avec l’eau de mer, les batteries li-ion sont globalement bien plus
sûres dans un environnement marin. Cependant, elles présentent un risque, rare
mais existant, de combustion spontané. Or, s’il est une chose qu’un
sous-marinier craint plus qu’une fumée toxique suite à une voie d’eau, c’est
bien un incendie à bord. Développées par l’industriel GS Yuasa depuis le début
des années 2000, les batteries li-ion intégrées au Ōryū disposent cependant de
systèmes de sécurité accrus et d’un haut niveau de finition devant permettre de
limiter les risques d’accident. De plus, la conception interne du bâtiment et l’entrainement
de l’équipage ont été adaptés afin de prendre en compte les particularités de
ce type de propulsion.
Pour l’heure, le coût de telles solutions limite
drastiquement l’intérêt porté par les marines qui s’équipent actuellement en
sous-marins conventionnels. Ces dernières années, les marines ayant adopté une
propulsion AIP sont déjà minoritaires, aucun client du Scorpène de Naval Group
n’ayant ainsi choisi d’y intégrer les solutions AIP proposées par Naval Group. Tout
porte à croire, au moins tant que la technologie reste récente, que celles
choisissant de s’équiper de batteries li-ion en complément ou en remplacement d’un
module AIP seront encore moins nombreuses.
Le Hakuryū, troisième bâtiment de la classe Sōryū, n’est pas doté de batteries li-ion mais d’un système AIP et de batteries plus classique. Le Japon n’a pas prévu de moderniser ses 10 premiers Sōryū avec des batteries li-ion, mais le Ōryū et le Toryū serviront de modèles pour la propulsion de la nouvelle classe de sous-marins japonais prévue pour les prochaines années.
Il n’empêche que, à l’instar des solutions AIP de dernière
génération, disposer dans son catalogue d’une option li-ion reste important
pour les industriels de premier plan. Que ce soit Mistubishi, Kawasaki ou Naval
Group, tout y voient autant un facteur différenciant sur les appels d’offre les
plus fortunés qu’un élément marketing permettant de les positionner comme des
grands noms du secteur des sous-marins. Incidemment, maîtriser de telles
solutions technologiques, même si elles ne sont pas intégrées sur des
sous-marins de première ligne, sera indispensable pour la maîtrise industrielle
des nouvelles solutions sous-marines. A plus petite échelle, ce type de
batteries se retrouve déjà à bord de petits véhicules sous-marins, comme les
torpilles d’exercice F21 et le drone D19 de Naval Group, et seront probablement
au cœur de nombreux projets de drones sous-marins autonomes de grandes
dimensions, qui sont aujourd’hui en étude tant en Russie qu’aux États-Unis, en
Asie ou en Europe.
Si les batteries li-ion représentent l’avenir de la
propulsion sous-marine conventionnelle, on pourrait s’étonner de ne pas les
retrouver à bord de la classe Attack, la version conventionnelle du Barracuda
de Naval Group vendu à 12 exemplaires en Australie. D’autant plus que le Japon
proposait des Sōryū dotés de batteries li-ion à l’Australie, face à la proposition
française. L’explication est, en réalité, assez simple : pour l’Australie,
il était moins cher de se doter d’un sous-marin lourd de plus de 5000t doté d’un
gros volume de batteries acide-plomb que d’acquérir un sous-marin de 4000t doté
de batteries à plus grande densité énergétique, mais disponibles en moindre
quantité.
Pour sa classe Attack, la Royal Australian Navy a opté pour le Shortfin Barracuda de Naval Group, plus lourd que le Sōryū, mais doté au final d’un système de propulsion plus volumineux mais moins cher à performances égales.
Concrètement, les batteries li-ion semblent ainsi mieux se
prêter à une intégration dans un design existant, en lui permettant d’augmenter
considérablement ses capacités, qu’à une introduction dans un nouveau type de
sous-marins, qu’il sera moins cher de dimensionner pour recevoir plus de
batteries acide-plomb et de modules AIP conventionnels. Les choses pourraient
cependant évoluer avec le temps et la baisse des coûts progressive de ce
nouveau type de batteries. Si la société australienne PMB Defence et le Grec
Sunlight ont déjà été sollicités pour développer les batteries conventionnelles
de la classe Attack, Naval Group reste prêt à proposer sa nouvelle solution de
batteries li-ion LIBRT sur les derniers bâtiments de la classe Attack, si la
marine australienne en faisait la demande.
De plus, pour les marines souhaitant conserver des designs compacts pour opérer dans des mers fermées tout en se dotant de quelques capacités océaniques, Naval Group propose de coupler ses batteries LIBRT et son nouveau module AIP aussi bien sur des petits bâtiments de type Scorpène (1800t) que sur des dérivés de ses concepts SMX Ocean ou SMX 3.0 (environ 3000t).
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Dans « L’Art de la Guerre », Sun Tzu soutient que tout avantage ou bénéfice, si petit soit-il, doit être employé s’il ne nuit pas à d’autres facteurs existants. C’est probablement en appliquant ce précepte de la pensée confucéenne que les autorités militaires chinoises ont décidé, selon le site globaltimes.cn, d’appliquer une livrée basse visibilité anti-radar sur l’ensemble des nouveaux aéronefs de combat entrant en service dans les forces. Les appareils déjà en service recevront la même livrée basse visibilité, sans recevoir la peinture anti-radiation des appareils neufs. L’objectif est à la fois d’augmenter la furitvité visuelle et électromagnétique des appareils, mais également de faciliter l’identification nationale des appareils grâce à une livrée standardisée.
Au delà du chasseur de 5ème génération J-20, le nouveau J-16 polyvalent, appareil dérivé du Su-30 russe dont il reprend les principales caractéristiques ainsi que la configuration biplace en tandem, était déjà équipé de cette livrée et ce revêtement anti-radar. Avec ce décret, les nouveaux chasseurs légers J-10, mais également probablement les appareils de transport et de soutien tels les Y-20, en seront dotés, alors que les appareils plus anciens, comme le J-11 ou le JH-7, ne profiteront que de la livrée basse visibilité.
Le J16 disposait déjà d’un revêtement anti-radiation depuis 2019, et d’une livrée basse visibilité gris sombre
Les ingénieurs chinois auraient conçus un revêtement anti-radiation qui permettrait, selon certaines sources, de réduire le rayonnement radar renvoyé de prés de 30dB, permettant de réduire la portée de détection des radars adverses. Toutefois, ses bénéfices sont relativement limités, d’autant que les appareils chinois, hormis le J-20, ne sont pas optimisés pour la faible visibilité. Ainsi, le Su-30 dont est dérivé le J-16 à une surface équivalente radar frontale de plus de 3 mètres carrés, rendant l’appareil détectable à plus de 100 km par les radars des avions d’alerte aérienne avancée comme les E-2D Hawkeye en service dans les forces d’autodéfense japonaises. Même avec une peinture antiradar, cette distance ne serait réduite que de quelques dizaines de kilomètres, ne permettant pas de transformer l’appareil en aéronef « furtif ». En outre, ces peintures anti-radiations sont le plus souvent chères et complexes à utiliser. Ceci explique pourquoi seuls les appareils neufs en seront dotés, et non tous les appareils, à l’occasion de l’application de la peinture basse visibilité par exemple.
Le chasseur léger polyvalent J-10C avait jusqu’ici une livrée classique gris claire, et ne bénéficiait d’aucun revêtement anti-radiation
Cette décision ne permettra pas aux appareils chinois de prendre l’avantage sur les appareils en service dans les forces aériennes américaines, japonaises ou sud-coréennes. En revanche, elle les mettra, tout au moins pour les appareils neufs, sur un pied d’égalité avec les appareils de 4eme génération d’origine américaine, comme les F16 ou les F15, dont la furtivité a été réduite au fil du temps. Ainsi, un appareil comme le F16V acquis par Taiwan, a une surface équivalente radar en secteur frontal inférieur à 1 mètre carré, rendant l’appareil « discret » sans être pour autant furtif. Equipés de radar à antennes active AESA, d’un revêtement absorbant, et de missiles modernes comme le PL15, les J-10 et J-16 chinois auront dès lors des performances très proches des plus modernes de leurs homologues occidentaux F16V et F15X, hormis évidement le F35.
Comme nous l’évoquons souvent dans nos lignes, il
semble bien que l’initiative stratégique ait changé de camps, après trois
décennies de supériorité américaine sur les affaires militaires. En Chine, en
Russie et auprès de leurs principaux clients, la généralisation de systèmes de
déni d’accès (A2/AD) tant antiaériens qu’antinavires a réduit peu à peu la
supériorité aérienne et navale occidentale. Parallèlement, l’émergence d’une
marine océanique chinoise a représenté, pour l’US Navy, un challenge inédit depuis
la fin de la Guerre Froide, poussant les forces armées américaines à adapter
leur stratégie des moyens à ces nouvelles menaces qui planent sur leurs forces
expéditionnaires.
Le Naval Strike Missile équipe déjà les bâtiments de combat côtiers LCS de l’US Navy. Relativement léger, il peut être mis en oeuvre par des véhicules terrestres mobiles et faciles à disperser.
Comme l’US Navy, l’US Marines Corps dépend administrativement du Département de la Marine américaine, mais n’est pas intégré pour autant à l’US Navy. Spécialisé dans le débarquement et le combat littoral, l’USMC est une véritable force expéditionnaire dotée de sa propre cavalerie, de sa propre aviation et, bien entendu, de ses fusiliers marins, le cœur historique de son activité. Aujourd’hui, toutefois, l’USMC ne dispose pas de capacité antinavires propre, à l’exception des armements pouvant être mis en œuvre par ses chasseurs embarqués. Face à la montée en puissance de la marine chinoise et à la réorientation stratégique des moyens militaires américains vers le Pacifique, l’USMC a cependant récemment déclaré devant le Sénat américain que l’acquisition de capacités antinavires mobiles sera la principale priorité pour la modernisation de ses équipements terrestres.
L’enjeu, pour l’USMC, est crucial. En cas de crise ou de
conflit dans le Pacifique, l’USMC aura comme principale mission de saisir,
occuper et protéger de nombreuses îles et zones littorales pouvant servir de
point d’appui à une force alliée souhaitant attaquer la Chine (ou endiguer une
attaque venue de Chine). En disposant de
ses propres batteries antinavires déployables, le Corps sera en mesure d’assurer
la protection de ses bases avancées face à une contre-attaque ou un
débarquement chinois sans avoir à solliciter le soutien des navires de surface
de l’US Navy. Une capacité également
investiguée par l’US Army pour les mêmes raisons.
Le 4×4 JLTV, ici équipé d’un lanceur de munitions vagabondes (drones-suicides) pourrait servir à tracter un lanceur HIMARS doté probablement d’un unique missile NSM. Le véhicule serait alors équipé d’un système de circulation autonome, afin d’être piloté à distance.
Mieux encore, l’un des deux systèmes évoqués par l’USMC pour
cette future capacité antinavires devrait permettre à l’USMC de jouer un rôle
direct dans une stratégie de déni d’accès maritime, bien au-delà des simples
objectifs d’autodéfense des bases avancées. Sur le plan technique, les
solutions envisagées par l’USMC sont à la fois simples et ambitieuses,
puisqu’elles reposent sur la réutilisation d’équipements existants et sur l’introduction
de technologies de ruptures, notamment des véhicules téléopérés.
Le premier système antinavires prévu pour l’USMC est le NMESIS, pour Navy Marine Expeditionary Ship Interdiction System. Le NMESIS consiste en un véhicule téléopéré ROGUE-Fires capable de tirer des missiles antinavires Naval Strike Missile (NSM) conçus par la société norvégienne Kongsberg, fabriqué sous licence par Raytheon et équipant déjà les corvettes LCS de l’US Navy. Le ROGUE-Fires en lui-même récupère également des éléments de véhicules existants. Ce drone terrestre pourrait ainsi être basé sur le châssis du nouveau 4×4 de l’US Army, le JLTV, auquel on aurait adapté un système de lancement HIMARS, que l’on retrouve sur les camions lance-roquettes multiples M142. Un tel système n’embarquerait probablement qu’un missile antinavire mais serait particulièrement mobile. Pour la défense à courte portée, la détection de cibles pourrait se faire via un radar implémenté sur un autre véhicule ou directement par le biais de l’autodirecteur du missile. La portée du NSM atteignant 185km contre des cibles navales et côtières, l’USMC aura plus probablement recours à un aéronef (hélicoptère, chasseur, drone, etc.) doté d’une liaison de données L16 pour la désignation des cibles au-delà de l’horizon. On notera qu’un système plus lourd basé sur le même missile est en service dans la marine polonaise.
Pour l’heure, les Tomahawk peuvent être lancés depuis des navires de surface ou des sous-marins. Rien n’interdit, en théorie, leur mise en oeuvre depuis des lanceurs terrestres mobiles, probablement montés sur camions.
La deuxième capacité réclamée par l’USMC pour l’année
fiscale 2021 s’inscrit dans la droite ligne du réalignement naval américain,
puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’acquérir, dans un premier temps, 48
missiles Tomahawk Block Va Maritime Strike, la
nouvelle variante antinavire à très longue portée du missile de croisière
Tomahawk. Capable de frapper une cible terrestre ou navale à plus de
1700km, le Tomahawk Maritime Strike permettrait l’USMC de constituer une large
bulle anti-accès autour de ses zones de déploiement, sans pour autant
réquisitionner de destroyers ou de croiseurs de l’US Navy. A l’instar des
Tomahawk lancés depuis un navire, la désignation initiale de la cible devra
être réalisée par des moyens extérieurs (satellites, sous-marins, avions de
patrouille, drones, etc.), l’autodirecteur du missile lui permettant par la
suite de trouver et engager seul sa cible. La nature du lanceur mobile devant
mettre en œuvre ces Tomahawk n’est pas encore connue. En effet, les forces
américaines et les industriels ne travaillent sur de telles solutions que depuis
le
retrait américain du traité INF en 2019. Pour mémoire, ce traité
interdisait depuis 1987 la mise en oeuvre de missiles de croisière terrestres d’une
portée comprise entre 500 et 5500km.
En 2017, déjà, une variante du lanceur HIMARS était proposée afin de mettre en oeuvre simultanément un missile NSM et un missile anti-aérien AMRAAM. Pour l’heure, le lanceur HIMARS peut embarquer soit six roquettes, soit un unique missile sol-sol ATACMS
Pour l’USMC, l’acquisition à partir de 2021 des premiers démonstrateurs de NMESIS et de batteries mobiles de Tomahawk est particulièrement stratégique, et pas uniquement d’un point de vue capacitaire. Après deux décennies d’engagements continus en Afghanistan et en Irak aux côtés de l’US Army, l’US Marines Corps entend aujourd’hui redevenir une arme navale de premier plan. Dans une éventuelle future campagne en Asie-Pacifique, le Corps devra être en mesure de disperser ses forces en petits groupes autonomes sur des îles éparses, tout en harcelant et privant de liberté de manœuvre la flotte chinoise. Or, pour manœuvrer vite et tenir le terrain, l’USMC aura besoin de capacités antinavires propres, mais aussi d’une défense antiaérienne efficace. Une des solutions à moyen terme serait alors de disposer de plateformes lance-missiles modulaires aptes à la fois au lancement de missiles antinavires NSM et de missiles anti-aériens AIM-120 AMRAAM, une option envisagée sur la base du lanceur HIMARS depuis 2017.
Les autorités japonaises ont présenté les deux programmes complémentaires de developpement d’armes hypersoniques pour renforcer leurs capacités défensives, notamment face à la Chine, la Russie, et la Corée du Nord qui la semaine dernière encore, a effectué des tirs de missiles balistiques vers la mer du Japon. Le premier programme repose sur un missile de croisière hypersonique ayant des capacités anti-navires, alors que le second est un planeur hypersonique comparable à l’Avangard russe ou le DF17 chinois. Ne disposant pas de systèmes anti-missiles capables de neutraliser la menace posée par les nouveaux missiles hypersoniques russes ou chinois, les autorités nippones ont fait le choix de developper leurs capacités défensives en miroir, de sorte à représenter une menace équivalente vis-à-vis d’un agresseur potentiel.
Le premier programme est un missile de croisière hypersonique pouvant aussi bien être utilisé contre des cibles navales que terrestres. Le missile utilisera un moteur aérobie de type scramjet, laissant anticiper qu’il disposera d’une portée importante, compatible avec les grandes distances d’engagement du théâtre Pacifique. Il est conçu pour être en mesure de « percer » le pont d’un porte-avions, précision cependant superfétatoire eu égard à l’énergie cinétique dégagée par l’impact d’un missile de plus de 2 tonnes volant à plus de Mach 5, suffisante à elle seule pour couper en deux un grand bâtiment de guerre.
L’illustration publiée par les autorités nippones lors de la présentation des programmes de missiles hypersoniques montre le rôle des satellites dans la détection des cibles et le controle des missiles
Le second système repose sur un missile balistique mettant en oeuvre un planeur hypersonique, à l’instar du système Avangard déjà en service dans les forces russes. Le missile balistique permettra d’atteindre l’altitude et la vitesse requise, alors que le planeur hypersonique permettra de maintenir cette vitesse jusqu’à l’impact tout en disposant d’une importante capacité de manoeuvre, rendant le projectile impossible à intercepter par les missiles anti-balistiques existants aujourd’hui. La présentation fait également état d’une charge militaire haute densité pré-formée, projetant à une vitesse de presque 10 km/s des particules de metal fondu pour maximiser les dégâts.
Tokyo espère avoir les premiers prototypes produits entre 2024 et 2028, et l’entrée en service des deux systèmes avant la fin de la décennie. Le developpement des missiles s’accompagnera du renforcement des moyens de détection et de contrôle spatiaux et par drones, dans une approche qui se compare bien davantage à une posture stratégique de dissuasion que d’une capacité de défense conventionnelle. N’étant pas dotés de têtes nucléaires, les missiles hypersoniques japonais devront compenser par une précision accrue et une capacité à frapper des cibles stratégiques avec une grande précision, qu’elles soient ou non mobiles.
La transformation des deux destroyers porte-hélicoptères de la classe Izumo en porte-aéronefs capables de mettre en oeuvre des avions F35B marquera le retour des porte-avions dans la marine nippone plus de 80 ans après le retrait du dernier navire de ce type.
Depuis l’arrivé au pouvoir du premier ministre Shinzo Abe, le Japon a considérablement augmenté ses ambitions technologiques en matière de défense. Au delà des systèmes d’armes traditionnellement conçus par l’industrie du pays, comme les navires de surface, les sous-marins ou les blindés, les autorités nippones ont entrepris de developper des technologies de défense de pointe, comme les missiles hypersoniques, les armes à énergie dirigée ou les canons électriques, de sorte à réduire, dans le temps, la dépendance aux Etats-Unis en matière de Défense, même si le discours officiel reste axé sur la coopération indispensable avec Washington. Ainsi, en 2019, Tokyo annonça son intention de transformer ses deux destroyers porte-hélicoptères de la classe Izumo en porte-aéronefs mettant en oeuvre des avions de combat F35B. De même, il y a quelques jours, les autorités japonaises ont annoncé centraliser l’ensemble des développements technologiques concernant le programme de chasseur de 5ème génération F-X sur le territoire, même si des entreprises américaines sont appelées à participer au programme, de sorte à détenir l’ensemble des technologies, et donc des clés d’évolution de son appareil.
Le programme de chasseur de nouvelle génération japonais F-X sera intégralement conçu au japon, avec l’aide de sociétés aéronautiques américaines
Reste que cette annonce constitue une réelle évolution dans la doctrine défensive nippone, qui jusqu’ici, n’avait jamais mis en oeuvre de systèmes d’armes à visée stratégique, comme des missiles de croisière ou des missiles balistiques. Avec ces développements, Tokyo se dote non seulement d’armes de riposte, mais aussi d’armes dotées potentiellement de capacités offensives majeures, faisant écho à la transformation des navires de la classe Izumo en porte-aéronefs. Les autorités japonaises finalisent donc ainsi la transformation de la doctrine strictement défensive des forces d’auto-défense du pays, vers une doctrine plus souple, permettant si besoin de mener des frappes offensives ciblées de sorte à garantir la sécurité de la nation. Il est, dès lors, plus que probable que le pays ne s’arrêtera pas là, et continuera, progressivement, à abaisser les barrières idéologiques et légales issues de la seconde guerre mondiale, de sorte à être en mesure de relever les défis sécuritaires posés par la Chine et la Corée du Nord.
La société de bio-ingénierie canadienne Medicago a annoncé hiers, par la voix de son CEO Bruce Clark, avoir développé un vaccin contre le coronavirus Covid19 qui touche désormais durement de nombreux européens. En outre, il affirme que la méthode de fabrication innovante de son laboratoire permettrait de produire 10 millions de doses par jour, avant d’ajouter que la production pourrait intervenir à partir de novembre.
La société Medicago a obtenu en 2010 plusieurs dizaines de millions de $ dans le cadre d’un programme de recherche financé par la DARPA, pour construire un site de recherche et de production en Caroline du nord, après avoir démontré être capable de produire, en 20 jours, un vaccin contre un nouveau virus. Pour y parvenir, Medicago utilise non pas des oeufs, comme traditionnellement, mais des agrobacteries assimilées par les plantes, en l’occurence un cousin du tabac, pour produire les protéines employées dans les vaccins. Cette technologie permet non seulement de ne pas devoir manipuler de virus « vivants », mais elle est particulièrement adaptée pour la production de masse des vaccins dans des délais très courts. Raison pour laquelle elle a suscité l’intérêt du Pentagone et de la DARPA. Toutefois, ni cette technologie ni le vaccin conçu par son intermédiaire n’ont reçu, pour l’heure, l’agrément de mise sur le marché des services de santé fédéraux américains.
Medicago emploie une plante proche du tabac cultivée pour produire les protéines utilisées pour developper le vaccin contre le coronavirus Covid19.
Méconnue du grand public, la recherche militaire en matière de pharmacologie est aujourd’hui à l’origine de très nombreuses avancées médicales, que ce soit dans le domaine des antibiotiques, des antalgiques, des technologies de cicatrisation ou post-traumatiques. C’est également elle qui a développé les premières applications de télé-médecine, et est en pointe en matière de bionique, de prothèses, ou d’impression 3D de tissus vivants. En outre, les services de santé des armées constituent pour les Etats une force de réaction rapide pour déployer des capacités médicales. Ce fut le cas en Chine mi-janvier, lorsque l’Armée Populaire de Libération déploya dans la région de Wuhan plus de 2500 soignants et leur équipement en seulement 4 jours. Ce déploiement a, semble-t-il, été déterminant pour contenir la propagation de l’épidémie dans le pays.
Aujourd’hui, la recherche militaire en matière de santé s’oriente vers deux domaines de pointe. Le premier repose sur l’utilisation des nanotechnologies, capables d’améliorer la nature et la qualité du diagnostique en délimitant précisément les zones nécessitant une intervention et, potentiellement, en portant une partie de cette intervention dans cette zone de manière faiblement traumatique. Cette méthode fait l’objet, notamment, d’un programme de l’agence d’innovation du Pentagone, la DARPA, avec pour objectif de developper des nano-médicaments capables d’implanter un brin d’ARN dans les bactéries provoquant une infection, entrainant leur neutralisation. Cette technologie permettrait, dès lors, de faire face aux souches de bactéries résistantes aux antibiotiques qui se développent dans le monde.
La conception de membres artificiels est un des axes de developpement de la bionique, notamment pour les forces armées, dans le traitement des blessures traumatiques
La bionique a, pour sa part, pour objectif d’interfacer le corps humain avec des éléments technologiques traditionnels de sorte à en étendre les capacités. Les applications vont des prothèses de membres controlées par les influx nerveux ou cérébraux du porteur, aux prothèses améliorant les performances et les capacités des organes humains, comme l’oeil, l’ouïe, ou sous forme d’exosquelette, ainsi qu’aux interfaces neurales, ouvrant la voie à la communication de « cerveau à cerveau » ou au « pilotage par la pensée » qui, il y a peu, étaient encore du domaine de la science-fiction. Avec le retour des tensions entre états et la réapparition des risques de confrontations majeures entre grandes nations technologiques, les investissements en matière de recherche médicale militaire repartent à la hausse.
Alors que l’Armée Populaire de Libération vient de publier un appel d’offre pour acquérir deux types de drones suicides, ou « Munitions Vagabondes » qui décrit mieux les spécificités de ces armes, l’Inde n’a pas tardé à faire de même. Le 6 mars, les autorités militaires indiennes ont ainsi lancé une demande d’information pour acquérir une centaine de systèmes permettant à un soldat d’infanterie de mettre en oeuvre une munition vagabonde, que ce soit pour des missions d’interdiction, d’attaque ou de reconnaissance.
Les caractéristiques demandées de cette munition vagabonde sont clairement établies, avec un rayon d’action de 15 kilomètres en ligne de visée, une autonomie supérieure à 30 minutes, et une capacité à évoluer à plus de 4500 m d’altitude, une nécessité pour opérer sur les plateaux tibétains qui font face à la Chine. En outre, le système doit être portable et déployable par un soldat d’infanterie, avec une masse inférieure ou égale à 20 kg, et offrir des capacités de visualisation de jour comme de nuit. La charge militaire n’est pas imposée, mais elle doit être suffisante pour traiter des forces d’infanterie ou des objectifs faiblement blindés.
Le Hero-30 de UVision répond aux exigences indiennes. Il est mis en oeuvre par un conteneur tactique portable et controlé par radio
C’est la société israélo-indienne AVision, une joint Venture entre la société indienne Aditya Precitech et l’israélien UVision Air, spécialisée dans ce type d’équipements et constructeur de la famille de munitions vagabondes Hero, qui sera en charge de concevoir et construire ces systèmes, dans une approche compatible avec la doctrine « Make in India » du président Modi. La livraison est attendue dans 18 mois.
Les munitions vagabondes sont souvent perçues comme de simples missiles par de nombreuses personnes. Pourtant, elles en diffèrent dans la conception, les performances et la doctrine d’emploi. Un missile est une munition dont l’utilisation suppose la présence d’une cible. Même si certains missiles, comme le MMP antichar fr MBDA, peuvent détecter une cible « à la volée » , c’est à dire une fois lancé, le tir n’est déclenché qu’une fois la cible identifiée et sa position établie.
Le « suicide » d’une munition vagabonde ne constitue qu’une des différentes options tactiques à la disposition des forces pour traiter les cibles détectées
A contrario, la munition vagabonde est conçue avant tout pour patrouiller au dessus d’une zone, et ce pendant une longue durée. Pour cela, son architecture se rapproche bien davantage de celle des drones que des missiles, de sorte à économiser au maximum l’énergie et avoir, de fait, l’autonomie la plus importante possible. La finalité de la munition vagabonde n’est d’ailleurs pas de détruire une cible, mais de la détecter, et si besoin, de la détruire. Mais cette destruction peut être assurée par plusieurs méthodes, comme des missiles, des obus d’artillerie, des roquettes, des bombes d’aviation et, en dernière alternative, en utilisant la munition comme un missile, en se jetant sur cette cible.
La doctrine d’utilisation des munitions vagabondes diffère donc totalement de cette d’un missile. Elles sont en effet destinées à effectuer des missions de reconnaissance, de localisation et d’identification des forces adverses présentes sur une zone, et d’en interdire l’accès pendant une longue durée. Elles sont donc à la croisée des chemins entre les drones de reconnaissance et les mines terrestres, en interdisant l’accès à une zone déterminée pendant plusieurs dizaines de minutes, voir plusieurs heures, sauf à devoir subir des pertes importantes.
Le contrôle de la munition vagabonde s’effectue par l’intermédiaire d’une tablette de contrôle tactique durcie offrant une grande précision.
L’Inde a été un des premiers pays à s’intéresser à ce type de munitions en faisant l’acquisition de systèmes israéliens Harpy et Harpy 2 auprés d’Israël. New Delhi doit en effet, diviser ses forces entre les menaces venant du Pakistan au nord ouest, et de la Chine à l’Ouest sur les plateaux himalayens. Elle doit également maintenir une capacité militaire significative face au Bangladesh, proche de Pékin. Les munitions vagabondes offrent, dès lors, des opportunités tactiques permettant de limiter les risques de débordement, pour un temps tout du moins. Il s’agit également de compenser, à court terme, l’utilisation massive de drones de tout type dont dispose l’Armée chinoise, et dans une moindre mesure, son allié Pakistanais.
Traditionnellement non alignée, l’Indonésie avait coutume d’équilibrer ses acquisitions en matière d’équipements de défense entre les différents blocs. Durant la guerre froide, comme l’Inde, les forces aériennes de Jakarta faisaient ainsi voler conjointement des Mig 19 et Mig 21 soviétiques aux cotés de A4 Skyhawk américains, et cette situation a perduré après la chute de l’Union Soviétique, en faisant évoluer ensemble des Su-27 et Su-30 russes et des F16 américains. Mais ce type de positionnement « intermédiaire » ne convient plus à Washington.
Depuis son arrivé à la Maison Blanche, Donald Trump a clairement entrepris de reconstituer une structure de bloc sur la planète, avec d’un coté le bloc articulé autour des Etats-Unis, et de l’autre celui structuré autour du couple sino-russe. Et pour contraindre les pays à faire ce choix, il a promulgué, en 2017, la législation CATSAA, qui menace tout pays se portant acquéreur de materiels de défense russes ou chinois de sanctions, pouvant aller de la suspension des autorisations d’exportation de materiels de défense américains, à des sanctions économiques sévères.
Jakarta souhaitait acquérir 11 chasseurs lourds à long rayon d’action Su-35 pour remplacer ses 5 Su-27 et ses 11 Su-30 à terme.
Devant remplacer ses Su-27 arrivants en limite d’âge, Jakarta s’était naturellement tourné vers Moscou, et avait signé en 2018 un accord pour commander 11 Su-35. Dans le même temps, et comme à son habitude, le pays a annoncé vouloir acquérir deux nouveaux escadrons de F16 Viper auprés des Etats-Unis. Mais depuis l’entrée en fonction du CATSAA, il apparaissait clair que le pays devrait faire un choix, d’autant que Washington n’a, semble-t-il, pas fait l’économie de menaces à son égard si le gouvernement indonésien venait à passer outre l’interdiction américaine. Après avoir, un temps, tenté de reproduire le positionnement de New Delhi, qui parvient jusqu’à présent à ignorer les menaces américaines en mettant dans la balance les conséquences d’une exclusion ses entreprises des très lucratifs marchés militaires indiens, Jakarta a finalement jeté l’éponge, et vient d’annoncer renoncer à acquérir les Su-35 russes, ainsi que les patrouilleurs que le pays devait acquérir auprés de Pékin.
Washington, grand seigneur, propose de nouveaux F16 Viper comme alternative, un appareil qui n’a pourtant aucune des caractéristiques du Su-27 ou du Su-35, à savoir un chasseur lourd de supériorité aérienne à long rayon d’action, et non un chasseur léger polyvalent. Mais visiblement, Jakarta souhaite « monnayer » ce renoncement en obtenant, en compensation, l’autorisation d’acquérir des F-35A américains, dont l’exportation lui a, jusqu’ici, été refusée. Il n’est pas certain, cependant, que les forces aériennes indonésiennes soient gagnantes d’un tel accord.
Quoiqu’il en soit, on peut s’interroger sur le bienfondé de la stratégie du président Trump en matière de politique internationale, qui oblige clairement les gouvernants à choisir un camp, et donc à reconstituer la logique de bloc qui fut à l’origine de la guerre froide et qui, par deux fois, amena le monde au bord de la guerre nucléaire totale. En procédant ainsi, il pousse la Russie dans le giron chinois, tout comme de nombreux pays, notamment en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. La seule alternative à cette trajectoire mortifère ne pourrait venir que des européens qui, s’ils représentent une puissance politiquement modérée, n’en sont pas moins une puissance économique majeure, faisant jeu égal avec les Etats-Unis. Encore faudrait-il que les Européens eux-mêmes prennent conscience de ce rôle potentiel, plutôt que de reproduire un schéma issu de la Guerre Froide, aujourd’hui dépassé.
C’est probablement pour cette raison que les autorités indonésiennes ont mandaté leur ministre de La Défense, Prabowo Subianto, pour étudier la possibilité de se retourner vers des solutions alternatives. En janvier 2020, ce dernier s’est rendu à Paris pour étudier l’opportunité de commander 48 avions Rafale français, ainsi que 3 ou 4 sous-marins Scorpene et 2 corvettes Gowind 2500. Après quoi, il s’est rendu en Allemagne pour rencontrer Thyssenkrupp, le concurrent de Naval Group dans le domaine des sous-marins. Une telle alternative permettrait à Jakarta de maintenir une flotte aérienne composée d’un appareil léger, le F16V, et d’un appareil plus lourd, le Rafale, disposant d’un rayon d’action, d’une autonomie, et d’une capacité d’emport supérieurs au F16, mais également au F35.