Assistons-nous à une prise de conscience, certes tardive, mais bienvenue, concernant le besoin de capacités de guerre électronique et de suppression des défense aérienne en Europe ? Quoiqu’il en soit, en une semaine de temps, trois annonces majeures ont été faites en Europe concernant le developpement de technologies de guerre électronique embarquées sur aéronefs.
La première annonces est d’origine allemande. Airbus DS a en effet proposé une version de guerre électronique de son Typhoon, identifiée comme Typhoon ECR, un appareil spécialisé dans les missions de guerre électronique et de suppression des défenses anti-aériennes adverses, ou SEAD. Destiné à remplacer les quelques 28 Tornado ECR en service dans la Luftwaffe, il fait parti de l’offre du constructeur européen pour remporter l’appel d’offres allemand pour le remplacement de sa flotte de Tornado, et au sujet duquel l’avion européen est opposé au F/A18 E/F Super Hornet de Boeing, et à sa version de guerre électronique, l’EA18G Growler. Le nouvel appareil sera conçu par Airbus DS, qui prendra la tête d’un groupement formé par Hensoldt, MBDA, MTU, Premium Aerotec, et Rolls-Royce.
Parallèlement, Saab a présenté la semaine dernière son Electronic Attack Jammer Pod, ou EAJP, un pod de brouillage destiné à équiper le chasseur JAS 39 E/F Gripen, et dont les caractéristiques lui permettrait non seulement d’assurer l’auto protection de l’appareil, mais d’étendre cette protection aux aéronefs avoisinants, permettant au Gripen de se transformer, lui aussi, en appareil de guerre électronique, notamment dans sa version biplace F.
Le Gripen suédois équipé du nouveau pot EAJP de guerre électronique lors de son premier vol le 4 novembre
Mais la plus grande surprise vient d’un projet lancé conjointement par la France, l’Italie et l’Espagne dans le cadre du PESCO, le programme de coopération structurée permanente européen, destiné à concevoir un système d’attaque électronique aéroportée (Airborne electronic attack system ou EAE en anglais), pour équiper les appareils des forces armées des 3 pays, ainsi que ceux d’autres forces européennes. L’Allemagne et la Suède sont également parties prenantes du programme. Un contrat est attendu pour 2020, et c’est l’espagnol Indra, par ailleurs désigné par l’Espagne comme référant au niveau du programme SCAF, qui portera le programme, avec l’italien Electronicca, l’allemand Hensoldt, le français Thales et le suédois Saab. Ce programme dépasse les ambitions des deux initiatives précédentes, puisqu’il s’agit de developper non seulement un outil, mais une base de savoir-faire et de cooperation technologique à l’échelle européenne, pour l’ensemble des aspects de la guerre électronique, y compris les dimensions Cyber. On constate par ailleurs qu’il rassemble des pays appartenant au programme SCAF ainsi qu’au programme Tempest, et peut donc, idéalement, constituer une base collaborative de rapprochement des deux programmes européens.
On constate également que l’Allemagne, et notamment le spécialiste de l’électronique de Défense Hensoldt, participe à deux de ces 3 programmes, laissant penser que Berlin n’a guère l’intention d’abandonner le Typhoon au profit du F18 Super Hornet pour remplacer ses Tornado. Quoiqu’il en soit, on ne peut que se montrer satisfait de voir qu’enfin, les européens semblent considérer avec sérieux ces questions de guerre électronique. Reste qu’au delà de la conception purement technologique des équipements, il faudra de nombreuses années avant de pouvoir aligner des équipements réellement efficaces, le temps, notamment, d’enregistrer et d’analyser l’ensemble des signaux auxquels ces équipements pourront être confrontés. Comme cela est souvent dit, il ne faut que quelques années à une armée pour perdre une capacité opérationnelle, alors qu’il faut souvent plus d’une décennie pour l’acquérir, ou l’acquérir à nouveau ….
La phrase du président E.Macron prononcée à l’occasion d’une interview donnée au site économique britannique « The Economist », selon laquelle l’alliance était désormais en état de mort cérébrale, a fait grand bruit parmi les membres de l’Alliance. Et force est de constater qu’aucun des gouvernants des pays membres, et plus particulièrement en Europe, n’a appuyé le constat du président français. Peut-on en conclure que ces conclusions françaises étaient « intempestif » comme l’a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, quelques heures à peine après la publication de la dite interview ? pas si sur …
Si les déclarations officielles visant à donner poids aux propos d’Emmanuel Macron ont été très rares, et en règle générale, ont émané de pays n’appartenant pas à l’OTAN, comme la Russie, les déclarations pour modérer et s’opposer au constat français ont été, en revanche, très nombreuses. Que ce soit la chancelière allemande, le secretaire générale de l’OTAN, le norvégien E Stoltenberg, ou l’américain M.Pompeo, tous ont mis en avant deux points qui, selon eux, sont au coeur de la stratégie de défense collective européenne, à savoir la nécessité du soutien américain pour défendre le continent, et le rôle historique qu’à joué l’alliance dans le maintien de la paix pendant la guerre froide. Mais ces arguments, avancés pourtant avec assurance, pourraient bien porter en eux les raisons mêmes du constat de l’Elysée, et d’un sentiment hostile à l’OTAN croissant en France depuis quelques années dans l’opinion publique.
La dépendance européenne à la protection américaine
En effet, au plus fort de la guerre froide, en 1980, les membres européens de l’Alliance Atlantique, qui n’étaient pourtant que 13 à l’époque en comptant la Turquie, représentaient 45% des investissements de Défense de l’Alliance, les Etats-Unis en représentant 51%, le Canada 4%. Ces mêmes 13 pays représentaient 70% des forces blindées globales, et 55% des forces aériennes mobilisables, alors que 62% des effectifs totaux en étaient issus.
Les pays européens disposaient de 70% des forces blindées de l’OTAN en 1980, pour moins de 50% aujourd’hui
En 2020, la situation est sensiblement différente. Les pays européens ne représentent plus que 27% des investissements de défense des membres de l’alliance, contre 70% pour les Etats-Unis. Les effectifs des 26 états membres européens ne représentent plus que 56% des effectifs mobilisables, les forces blindées sont passées sous les 50%, les forces aériennes sous les 45%, avec, par ailleurs, des disparités importantes en matière de technologie, puisqu’une part significative des blindés et aéronefs décomptés sont d’anciens materiels issus du pacte de Varsovie, technologiquement obsolètes.
Si en $ constants, le niveau globale des dépenses des pays de l’alliance, hors USA, a retrouvé son niveau de 1989 en 2019, le budget américain a, lui, augmenté de prés de 80% sur la même période, expliquant le décrochage profond entre les deux groupes. Pire, les grandes nations de Défense européennes de 1980, l’Allemagne Fédérale, la France, le Royaume-uni ou l’Italie, ont vu leurs investissements reculer sensiblement, et n’être compenser que par l’augmentation du budget d’autres pays ou de nouveaux membres, comme la Turquie, ou la Pologne.
De fait, et objectivement, le secrétaire général de l’OTAN a parfaitement raison lorsqu’il il annonce qu’aujourd’hui, 80% des capacités militaires de l’alliance sont fournies par les Etats-Unis, pour peu que l’on prenne en compte les capacités opérationnelles et technologiques des forces, ainsi que leur disponibilité. Et ce déséquilibre majeur, créé non pas par les Etats-Unis mais par les Européens, apparait être au coeur des dysfonctionnements actuels rencontrés par l’Alliance, que ce soit à Bruxelles ou en Syrie, et que le président français synthétise sous le terme de mort cérébrale.
Ne se trompe-t-on pas de cible ?
Face à ce constat, il est tentant de jeter l’opprobre sur l’OTAN elle-même, et sur les Etats-Unis. La première pour être devenue l’instrument d’influence du second, notamment en matière de contrat de défense, et les seconds, pour vouloir abuser de leur position dominante. Mais là encore, ce serait inverser causes et conséquences !
Deux Mirage 2000-5F effectuent un vol suite à un tango scramble le 21 août 2018 sur la base aérienne d’Ämari en Estonie.
En effet, même si le président Trump manque clairement de finesse politique dans ses décisions, rendant le discours de l’alliance sur la scène internationale chaotique, comme nous avons pu le voir au sujet de la Syrie il y a peu, la main mise de fait des Etats-Unis sur l’OTAN n’est pas arrivée avec lui. Le président Obama, et Georges W.Bush avant lui, en avait également fait usage, de manière simplement moins visible médiatiquement. Mais les président américains, et leurs administrations, ne doivent pas rendre de compte aux opinions publiques européennes, mais à leur propre opinion, celle qui les a élu. Or, aujourd’hui, un américain paie chaque année plus de 2000 $ pour le financement de La Défense américaine, alors qu’un Norvégien en paie 1300, un britannique 980, un français 709, et un allemand 591 (nb: ce dernier chiffre me semble soumis à caution, le montant de calcul s’établissant plutôt autour de 480). Comment un président américain peut-il justifier un tel écart en matière d’effort de Défense vis-à-vis des pays européens les plus riches, qui eux n’y contribuent que pour la moitié, le tiers, voir le quart pour les allemands ?
De fait, le déséquilibre des pouvoirs dans l’OTAN, et les atermoiements qu’ils génèrent, engendrant une certaine paralysie des idées et des institutions, ne sont que les conséquences d’une situation là encore créée par les Européens, et non la cause des problèmes constatés. Et de fait, en vociférant contre l’OTAN, les français, ainsi que de nombreux mouvements politiques européens qui y dénoncent un hégémonisme américain, ne font qu’ignorer les causes profondes de cette situation. Quand aux médias, en France comme en Europe, bien peu sont ceux qui ont dépassé la simple reprise des petites phrases de chacun pour entrer plus avant dans le détail, malheureusement …
L »Europe de La Défense « Française » est-elle une alternative ?
Plutôt que de s’en prendre aux causes, le président français a donc préféré focaliser son discours sur les conséquences, en proposant, pour y remédier, la construction d’une « Europe de La Défense », vision purement française d’une Europe qui, en mettant l’ensemble de ses moyens militaires en commun, et qui organisera sa puissance militaire à l’échelle du continent, pourrait retrouver un statut perdu de grande puissance mondiale. Malheureusement, cette vision fantasmée d’une Super Puissance Europe, n’est partagée aujourd’hui par aucun des gouvernements des pays européens membres de l’Alliance Atlantique, pas même de l’Union européenne. Et ce pour des raisons multiples et parfois divergentes :
Pour l’Allemagne, l’objectif est clairement de limiter autant que possible l’effort de défense, qu’il soit financier ou humain, quitte a devoir céder une partie de se souveraineté aux Etats-Unis pour cela. Loin d’être dogmatique ou mercantile, cette vision est dictée par la démographie du pays. En effet, d’ici 20 années, la population active allemande passera sous la barre symbolique des 50% de la population totale, avec l’explosion du nombre de personnes âgées et de retraités. De fait, pour maintenir un système social équilibré, le pays doit concentrer sa population active sur des postes à forte productivité, et générant beaucoup de valeur ajoutée destinée aux exportations. Elle ne peut donc pas consacrer une part significative de cette force active à des missions de Défense, tout juste peut elle consentir à prendre un rôle clé dans l’industrie de Défense européenne, et éventuellement aider les pays alliés ayant des démographies plus favorables.
La coopération opérationnelle et technologique entre le Royaume-Unis et les Etats-Unis semble parfaitement convenir aux attentes des dirigeants britanniques.
Pour la Grande-Bretagne, membre historique des « Five Eyes« , le lien transatlantique est perçu comme constitutif de la puissance internationale du pays. Elle en retire, notamment, une accès privilégié aux technolgies de Défense US, aux renseignements américains, ainsi que, et ce n’est pas négligeable, au marché US des équipements de Défense. Chaque année, plus de la moitié des équipements de Défense importés par les Etats-Unis sont d’origine britannique.
Pour les Pays de l’Est de l’Europe, l’équation est encore plus simple. Ils savent être dans l’incapacité, seuls ou avec l’aide des européens, de faire face à une offensive russe si celle-ci devait intervenir. De fait, à l’exception de la Hongrie de Victor Orban, qui maintien un contact privilégié avec Moscou, la majorité de ces pays imaginent n’avoir d’autres choix que de resserrer les liens avec Washington, pour accroitre leur propre sécurité. Ce rapprochement ne se fait pas sans compensation, généralement sous la forme de substantiels contrats de Défense. Mais les gouvernements, comme les opinions publiques, y sont pour leur majorité prés afin d’avoir une assurance vie signée de Washington.
Au final, il n’y a pas d’autres pays, en Europe, qui souhaite, comme la France, retrouver de l’influence mondiale au prix de sa propre sécurité, qu’elle soit politique, militaire ou économique. Or, la France est, aujourd’hui, dans l’incapacité de proposer une quelconque alternative à chacun de ses problèmes, étant elle même dans une situation économique tendue, et ne disposant que d’une puissance militaire conventionnelle limitée. Rien qui puisse, en tout cas, valoir le risque pour Varsovie, Berlin, Londres ou Riga.
Conclusion
La situation est-elle pour autant sans solution ? Au contraire, des solutions existent, et il n’appartient qu’à la France de les mettre en oeuvre. Il apparait de ce qui précède que viser l’OTAN n’est pas justifié, ni objectivement, ni par calcul de politique européenne. Si la France veut effectivement faire avancer l’idée de Défense de l’Europe par les Européens, elle devra, d’abord et avant tout, devenir crédible sur le sujet. Certes, les forces françaises sont aguerries, et efficaces. Mais lorsqu’il s’agit de déployer une brigade blindée en Estonie ou en Roumanie pour renforcer les capacités défensives des alliés, ou lorsqu’il s’agit de déployer des navires et des avions de combat en Grèce pour neutraliser les velléités turques, ce n’est pas la France qui intervient, mais les Etats-Unis. Et tant que la France ne sera pas capable de prendre en main ces aspects, son discours sera totalement inaudible en Europe.
La France dispose d’une situation unique en Europe, avec une industrie de Défense globale, une dissuasion nucléaire, une armée de métier expérimentée, ainsi qu’un taux de chômage important, notamment chez les jeunes, et une démographie plutôt favorable. Elle dispose donc des moyens pour accroitre sensiblement son effort de Défense sans augmenter les déficits publics, surtout en appliquant des doctrines comme La Défense à Valorisation Positive, ou un plan global comme le Socle Défense. Or, si les investissements de Défense français augmentent significativement, il est certain que l’Allemagne comme la Grande-Bretagne feront de même ; historiquement ces 3 pays ont toujours eu des dépenses de défense sensiblement comparables, et aucun pays n’a laisser un autre prendre une avance significative dans ce domaine.
Le président français E.Macron, la première ministre britannique T.May et la Chancelière allemand A. Merkel en Bulgarie au sommet de l’UE de Sofia le 17 Mai 2018
L’augmentation des dépenses et des moyens, associée à des « Quick win » comme des opérations de réassurance en Europe, des operations exterieures en autonomie, et des accords politiques bilatéraux avec d’autres pays non membre de l’OTAN ou de l’UE, seront alors de nature à générer un basculement lent mais irrémédiable des pays de la dépendance à la protection US, vers une notion de défense européenne globale, pouvant d’ailleurs parfaitement se developper au sein même de l’OTAN, ou en marge de celle-ci. Enfin, la France devra, et c’est indispensable, étendre la dissuasion nationale à l’Europe, et mettre en place des mécanismes permettant aux pays européens de s’approprier une partie de la décision, comme dans le cadre des armes nucléaires américaines dans l’OTAN.
De fait, si la France veut effectivement, au delà du simple discours sur la scène internationale, promouvoir sa vision européenne de La Défense, elle devra commencer par entamer les changements nécessaires pour assoir sa crédibilité dans le domaine, et s’armer de détermination et de patience. Avec la montée en puissance des forces armées chinoises dans le Pacifique et l’Ocean Indien, les Etats-Unis devront consacrer chaque année davantage de ressources à ce théâtre, au point de ne plus pouvoir, d’ici quelques années, assurer efficacement La Défense effective qu’attendent l’immense majorité des gouvernants et opinions publiques européens. La France devra être prête, à ce moment, pour proposer les bases de son socle européen de Défense, avec de réelles chances de créer un mouvement de fond sur le continent. Encore faut-il commencer par se regarder soit même dans le miroir …
Malgré un PIB de seulement 55 Md$, soit autant que la Bulgarie et à peine plus que la Lituanie, les forces aériennes biélorusses mettent aujourd’hui en oeuvre une quarantaine de Mig29 et 68 avions d’attaque Su25, ainsi que 5 avions de transports An26 et Il76, et une soixantaine d’hélicoptères Mi8, Mi24 et Mi26. Elle a en outre, entrepris de remplacer les 25 chasseurs à long rayon d’action Su-27 déclassés en décembre 2012, par 12 Su30SM acquis auprés de la Russie. Ces nouveaux appareils seront livrés au rythme de 4 par an entre 2019 et 2021, et les deux premiers exemplaires doivent l’être ce 13 Novembre 2019, sur l’aérodrome militaire de Baranovichi, selon le ministre de La Défense Bielorusse Andrei Ravkov.
Le Su30SM, identifié par l’OTAN comme Flanker-H, apportera un regain de capacité à cette force aérienne toute acquise à Moscou. L’appareil bimoteur et biplace de 22 mètres de long et 14,7 m d’envergure, a une masse maximum au décollage de 34,5 tonnes. Il emporte presque 6 tonnes de carburant en interne, et ses 2 réacteurs AL31FL Saturn à flux vectoriel affichent une poussée unitaire de 74,5 KN à sec, et de 122,6 KN avec post-combustion, propulsant l’appareil à plus de Mach 2 en haute altitude, et de plus de 1300 km/h à basse altitude. Il met en oeuvre l’excellent radar N011M Bars (ours) PESA peut détecter des cibles de 5m2 à prés de 400 km, et les engager à 200 km.
Si le Su30SM est un appareil parfaitement polyvalent, il reste un excellent chasseur de supériorité aérienne, grâce à une grande manoeuvrabilité, une importante capacité d’emport de missiles, et un excellent radar Bars.
Très manoeuvrant en combat aérien, c’est un avion polyvalent capable d’emporter de très nombreuses munitions air-air (R77, R73, R27), et Air-Surface (Kh59, Kh31..) ainsi que de nombreuses bombes guidées ou non. Un des atouts du Su30SM réside dans son équipage double, permettant de partager la masse de travail entre le pilote et l’officier système d’arme. Les forces aériennes russes ont récemment entrepris de moderniser leurs Su30SM vers le standard SMD, qui rapproche les équipements et les performances du Su30 du Su35S, notamment avec le Radar Irbis, des capacités d’emports étendues, et une nouvelle version du réacteur AL31F1S plus économique et plus endurant.
Les forces aériennes biélorusses mettent en ouvre 43 Mig29 dont 13 sont des Mig29BM, équivalents aux Mig29SMT, et donc capables d’effectuer des missions Air-Sol et Air-Surface.
Reste qu’hormis les 13 Mig29 modernisés au standard BM en 2004, les forces aériennes biélorusses disposent avant tout d’appareils obsolètes et donc vulnérables. La décision d’acquérir 12 Su30SM plutôt que de moderniser ses Mig29 restant et une partie de ses Su25, ne fait que confirmer l’intrication forte qui existe avec les forces aériennes russes, qui elles aussi, délaissent aujourd’hui ces deux appareils au profit des chasseurs lourds de la famille Flanker. Dans le périmètre géopolitique russe, les contraintes d’interopérabilité avec les forces tutélaires sont, semble-t-il, toutes aussi pressantes que dans l’OTAN.
C’est en toute cas ce que l’on peut en déduire en apprenant par Lockheed-Martin et l’US Air Force que le F35A et le F22 participeront tout deux à la prochaine édition du Dubai Air Show, qui se tiendra du 17 au 21 novembre prochain aux Emirats Arabes Unis. Il faut dire que le marché potentiel représenté par les monarchies du Golfe est très important, avec notamment le remplacement des mirage 2000-9 et les F16 des forces aériennes émirati, et le remplacement potentiel des F15 des forces saoudiennes, pour ne citer que les demandes les plus pressantes. Mais face à l’opportunité de pouvoir acquérir le chasseur de 5ème génération américain, il est possible que ces mêmes monarchies sunnites, de plus en plus proches d’une confrontation avec l’Iran, mais également en tension avec les Frères Musulmans en position de force en Turquie et au Qatar, cherchent à étendre leur potentiel militaire aérien, comme elles le font déjà concernant les potentiels terrestres et surtout navals.
Cela générera, en revanche, une inquiétude certaine coté européen, alors que la France espère, il est vrais avec de moins en moins de conviction, placer le Rafale aux Emirats Arabes Unis depuis plusieurs années, et que le Typhoon européen et le Gripen suédois y cherchaient encore de nouvelles opportunités il y a peu. Même la Russie, pourtant un moment très active dans cette région, semble renoncer, en n’amenant au Dubai Air Show ni le Su57, ni même le Mig35 ou le Su35 (ce qui, au passage, semble accréditer l’avancé des négociations avec la Turquie concernant ce dernier appareil). En revanche, Moscou semble déterminée à accroitre le rapprochement avec Le Caire entamé il y a quelques années, alors que des manoeuvres conjointes en Egypte viennent de se terminer, et que le Ministre de La Défense russe se rend sur place pour approfondir les axes de coopération entre les armées des deux pays.
La France négocie depuis plusieurs années avec les EAU pour remplacer la flotte de Mirage 2000-9 par des Rafale. L’arrivée inopportune du F35A risque de malmener ces négociations.
Reste à voir la position de Jeruzalem à ce sujet. En effet, si Washington avait refusé aux pays du Golfe l’acquisition de F35 initialement, c’était avant tout pour satisfaire aux exigences sécuritaires d’Israel, par ailleurs important client du programme. Ce changement de posture laisse donc perplexe, sachant qu’il est peu probable que l’Etat Hébreux ait changé ses positions sur le sujet. Cela ouvre plusieurs hypothèses :
Il peut d’agir d’une présentation purement de communication politique, sans intention réelle de vente, afin de tenir éloigné les alliés sunnites des offres russes
Il peut, à l’inverse, s’agir d’une manoeuvre pour tenter d’entraver un rapprochement déjà engagé entre certaines monarchies du Golfe et la Russie ou la Chine, pour acquérir effectivement des avions de combat ou des systèmes stratégiques.
Enfin, cela peut signifier que le boni technologique du F35, et notamment sa furtivité, ne représente plus un avantage jugé décisif pour Washington, et que la possession de cet appareil ne peut, dès lors, aucunement menacer Israël.
Il faudra observer les réactions officielles et officieuses des dirigeants arabes, ainsi que des israéliens et des américains, pour savoir laquelle (ou lesquelles) de ces hypothèses apparaitra comme la plus probable. Malheureusement, aucune d’entre elles n’offre de perspectives encourageantes pour les européens.
La signature le 10 octobre d’une lettre d’intention entre Athènes et Paris pour l’acquisition de deux frégates FDI (Frégate de Défense et d’Intervention), plus très probablement la construction de deux autres en Grèce, ouvrait les discussions techniques pour rapprocher la FDI du besoin militaire de la marine de guerre hellénique. L’un des probables points durs devrait être le nombre et le choix des missiles anti-aériens. La marine grecque se repose notamment sur plusieurs missiles anti-aériens de facture américaine et exprime le besoin d’obtenir à travers les FDI d’unités de défense aérienne bien pourvues en missiles.
Le groupe italien d’aéronautique et de Défense Leonardo a annoncé avoir investi dans la société américano-espagnole SkydwellerAeroInc, spécialisée dans la conception de drones solaires, afin de concevoir le premier drone à énergie solaire capable de transporter une charge significative sur une durée, et des distances, quasi illimitées. Parmi les nombreux atouts de cette technologie, Leonardo met en avant le rôle qu’elle pourrait jouer pour le rétablissement des services et des infrastructures après une catastrophe massive, naturelle ou non, et notamment en cas de destruction des réseaux de communication ou du réseau de satellites, qui aujourd’hui procurent de très nombreux services indispensables à l’action de l’Etat, et notamment des forces armées. Dans ce domaine, trois grandes catégories de technologie ont émergé ces dernières années.
Les Drones Solaires
Les drones solaires s’apparentent à un aéronef sans équipage dont l’énergie est produite par un ensemble de batteries et de panneaux solaires. La sustentation est créée par la dépression formée sur l’extrados de l’aile en mouvement, et la vitesse, indispensable à cette sustentation, est assurée par un ou plusieurs moteurs à hélice électriques. Evoluant dans les couches hautes de l’atmosphère, l’aéronef charge ses batteries et prend de l’altitude pendant la journée, et utilise la nuit au mieux cette énergie électrique et potentielle (altitude) accumulée pour se maintenir en vol. La charge utile emportée, qui peut être composée de capteurs ou de systèmes de communication, est déterminée par la finesse[efn_note]on appelle finesse d’un aéronef la distance horizontale qu’il peut parcourir en planée par unité de distance horizontale perdue. Une finesse de 10 signifie qu’en plané, l’aéronef va avancer de 10 km par tranche de 1000 mètres d’altitude perdue[/efn_note] et la taille de l’aéronef[efn_note] déterminant entre autre le nombre de panneaux solaires embarqués[/efn_note], ainsi que par la performance énergétique du groupe panneaux solaires – batteries -appareil propulsif. Cette technologie permettra, selon les ingénieurs de Skydweller, de maintenir un drone en vol de manière presque illimitée, et de le déplacer (lentement) sur des distances elles aussi illimitées, tout en emportant une charge utile « importante », sans toutefois prendre le risque de donner une valeur chiffrée à ce qualificatif.
Le Sky Dweller de Leonardo et la société Skydweller Aero pourra, selon ses concepteurs, se maintenir en vol de manière illimitée
Les drones solaires ont l’avantage d’être simple à déployer, notamment en cas de catastrophe ou de conflit, et de pouvoir maintenir une position stable au dessus d’une zone, idéale pour les missions de surveillance, qu’elle soit terrestre ou maritime. En revanche, le système est très vulnérable, par sa taille et sa faible vitesse, aux défenses anti-aériennes à moyenne et longue portée, capables d’attendre les altitudes ou évolueront ces équipements. On ne peut, dès lors, les employer dans le cadre d’un conflit mettant en scène des adversaires technologiques, tout du moins pas à portée des défenses anti-aériennes adverses. En revanche, pour des applications civiles, comme le renseignement ou le rétablissement des services de communication suivant une catastrophe naturelle, pour la surveillance de grands espaces, comme les espaces maritimes, même en situation de conflit de basse et moyenne intensité, ou pour palier la suppression de services de communication ou de localisation satellitaires, cette approche semble parfaitement viable et performante.
Les Dirigeables à haute-altitude
Les ballon dirigeables avaient presque totalement disparu des inventaires militaires ces 50 dernières années, jugés trop lents et trop vulnérables pour représenter un atout militaire. Mais l’augmentation de la dépendance aux réseaux de communication, ainsi que les besoins de surveillance d’espaces de plus en plus importants, ont remis cette technologie au gout du jour depuis quelques années, et plusieurs programmes, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine, ou en Europe, s’attachent à developper une solution de surveillance employant un ballon dirigeable à haute altitude. Les capacités de ces dirigeables modernes sont relativement proches de celles des drones solaires, que ce soit en terme de performances ou de capacités d’emport de charge. Ils sont tout aussi simple, voir davantage, à déployer et employer, et sont, eux aussi, très vulnérables dès lors que l’adversaire disposerait d’une défense aérienne performante. La sustentation est assurée par le gaz contenu dans le ballon, et la propulsion par un groupe propulsif embarqué.
Vue d’artiste du programme High-Altitude Airship de 2011, confié à Lockheed Martin, et qui devait rester à 18 km d’altitude pendant un mois. Des panneaux solaires assurent l’alimentation électrique du système.
Comme le drone solaire, il n’emporte aucun équipage, considéré comme facteur limitant l’autonomie et entravant les capacités d’emport de charge. N’ayant pas de capacité à régénérer sa propre énergie, l’autonomie est limitée par ses propres réserves (batterie, carburant) embarquées au décollage. Mais ne devant pas dépenser d’énergie pour la sustentation, sa performance énergétique globale est excellente. Le dirigeable a des contraintes d’emploi proches de celles du drone solaire, du fait de sa vulnérabilité, et de sa faible vitesse. Il est de fait probable que cette approche s’effacera face aux drones, dès lors que l’équation énergétique globale du système aura dépassé un certain seuil.
Les micro-satellites
Un micro-satellite est un satellite artificiel de petite taille et d’un poids allant de 10 à 100 kg, évoluant en orbite basse autour de la terre, dans la thermosphère (80 km à 500 km d’altitude) , ou dans l’exosphère (de 500 à 2000 km). Il peut être lancé par un lanceur léger, ou par un lanceur aéroporté par un aéronef. Contrairement aux satellites traditionnels, le micro-satellite n’est pas conçu pour apporter le meilleur rapport service/prix sur une longue durée de vie, mais pour avoir le meilleur cout d’utilisation sur une durée relativement courte. Il constitue en cela une alternative de choix pour rétablir des services de communication, de renseignement, ou de géolocalisation, perdus, par exemple, lors de la destruction des satellites lourds les mettants en oeuvres.
Très active dans le domaine des lanceurs, et des armes anti-satellites, la Chine l’est également dans le domaine des micro et nano satellites.
Les micro et nano-satellites (1 à 10 kg) représentent aujourd’hui la solution la plus efficace pour rétablir rapidement des services satellitaires spatiaux, alliant des couts de mise en oeuvre relativement bas, et une faible vulnérabilité face aux systèmes classiques de défense anti-aériens. Mais ils ne sont pas dénués de défauts. Ainsi, ils ne peuvent pas maintenir de position géostationnaire du fait de leur altitude d’évolution, et ne peuvent donc pas assurer en permanence la surveillance ou la transmission des communications au dessus d’une zone. Une solution à base de nano-satellites ne peut reposer, dés lors, que sur un parc de satellites prêts à l’emploi, et lancés en échelon de sorte à pouvoir assurer la couverture complète des zones utiles. Elle ne permet pas, non plus, de mener des missions de surveillance sur de vastes étendues, pour les mêmes raisons.
Conclusion
Comme souvent, chaque technologie présente ses avantages, et ses inconvénients. Les drones solaires et les dirigeables sont adaptés pour la surveillance de grands espaces, et les applications à visée civile, alors que les micro-satellites répondent à des enjeux opérationnels en cas de conflit, mais nécessitent un déploiement en flotte pour être efficaces. Le drone solaire prendra probablement le pas sur le dirigeable prochainement, alors que les performances énergétiques des panneaux solaires, batteries et moteurs électriques, s’amélioreront. En revanche, le micro-satellite semble s’imposer comme incontournable pour quiconque souhaite mettre en oeuvre un Plan de Continuité/Reprise d’Activité suite à la destruction, par un adversaire, des infrastructures de communication, de localisation et de renseignement, qu’elles soient spatiales ou terrestres.
Alors que l’ensemble des systèmes de combat de nouvelle génération reposent désormais sur une consommation accrue d’échanges de données avec les réseaux satellites, il parait indispensable, pour une armée moderne, de mettre en oeuvre une mécanique alliant ces deux technologies, pour ne pas s’exposer au risque de « décapitation » par la destruction des réseaux satellites nationaux et alliés, domaine dans lequel certains pays investissent avec méthode depuis de nombreuses années.
L’US Army a passé commande à General Dynamics Electromagnetic Systems d’une solution pour produire de l’hydrogène employable par ses véhicules à partir d’eau trouvée sur place par l’unité mécanisée. Cette solution permettrait, selon ses promoteurs, de se passer du transport de réserves importantes d’hydrogène pour alimenter les piles à combustible des véhicules. Outre les aspects purement sécuritaires, l’hydrogène étant un gaz hautement inflammable et explosif, ce procédé permettrait de simplifier la chaine logistique concernant le carburant des véhicules, un sujet critique alors que les notions de ligne de front et de mobilité des forces ont beaucoup évolué ces dernières décennies.
En effet, plusieurs entreprises sont parvenues à developper, ces dernières années dans le monde, des procédés économiques et stables pour produire de l’hydrogène en quantité par des systèmes dits « d’électrolyse simplifiée ». Traditionnellement, la production d’hydrogène par électrolyse nécessitait une membrane très couteuse et complexe à utiliser pour éviter que les molécules d’hydrogène et d’oxygène issues des molécules d’eau, ne se mélangent et finissent par exploser. Pour résoudre le problème, les chercheurs ont employé une des spécificités de la mécanique des fluides, en soumettant les gaz ainsi produit au champs magnétique produit pas les électrodes, permettant de séparer les deux gaz, sans qu’il soit nécessaire d’utiliser la fameuse membrane. Pour ce faire, il est toutefois requis que les deux électrodes soient très proches, de l’ordre de quelques dizaines de microns.
Outre l’intérêt purement économique d’un tel procédé, car supprimant la membrane à la fois chère et à la durée de vie limitée, il permet d’utiliser des solutions ioniques beaucoup plus variées, alors que les membranes ne fonctionnent que dans des solutions au PH très acide. De fait, il devient possible de produire de l’hydrogène avec de l’eau accessible in-situ, qu’elle soit faiblement minéralisée, ou même alcaline, comme l’eau de mer.
Traditionnellement, l’électrolyse de l’eau en hydrogène et oxygène nécessitait une membrane polymère chère et à la durée de vie limitée
En revanche, rien n’est dit sur l’alimentation en énergie de ce procédé. Dans le civil, l’intérêt de ces procédés est lié principalement aux capacités de stockage d’énergie propre qu’il représente, à partir d’électricité produite par des procédés non stockables, comme l’éolien ou le solaire. Il permet donc d’adapter la production à la demande, nonobstant les facteurs extérieurs de production d’énergie électrique (vent, soleil ..). Mais dans un cadre opérationnel, le besoin en énergie stockée est immédiat, et massif. Pas question donc de se satisfaire d’une production solaire ou éolienne pour constituer les réserves d’hydrogène nécessaires à la manoeuvre.
Or, la production d’énergie électrique par générateur à carburant consommerait autant de carburant qu’il n’en remplacerait, voir davantage. De fait, tant qu’il n’existera pas de solution de production électrique transportable et autonome, cette solution sera limitée à l’alimentation de postes établis, ayant pu déployer des panneaux solaires et/ou des éoliennes, seuls capacités de production dans le temps valables pour ces technologies. On peut imaginer que des solutions à base de batteries pourraient permettre de donner une certainement autonomie limitée à des unités en mouvement, mais la solution semble peu commode, et surtout très chère.
La solution avancée pourrait permettre à des postes avancés de disposer d’une certaine autonomie énergétique, pouvant même produire le carburant nécessaire à ses véhicules.
Reste que cette approche peut permettre d’alimenter en énergie des postes avancés en zone isolée, comme il y en eu beaucoup en Afghanistan par exemple, et de fournir du « carburant » pour les véhicules mis en oeuvre par ces postes, simplifiant à coup sur, l’approvisionnement en énergie. En revanche, cette technologie ne devrait pas, à court ou moyen terme, représenter une alternative viable à l’utilisation des carburants fossiles, qui continuent à avoir des propriétés uniques les rendants indispensables pour longtemps. Un jour, peut-être ….
Les relations entre New Dehli et Moscou sont au beau fixe. En effet, après avoir approuvé la commande de 4 frégates de type Grigorovich de la classe Talwar il y a un an, entamé des négociations pour commander rapidement de nouveaux Mig29 et assembler de nouveaux Su30MKI, et validé la commande de 5 régiments de système S400, les autorités indiennes ont signé une commande de 469 chars de combat T90, probablement au standard T90MS qui seront construits sur place, selon le principe du « Make in India ». Cette nouvelle commande portera le nombre de T90 en service dans les forces armées indiennes au delà de 1600 unités, formant 21 régiments équipés chacun de 45 chars de combat, et 18 chars d’entraînement et de soutien. Pour rappel, l’armée indienne met également en oeuvre plus de 2400 chars de combat T72, dont 1000 ont déjà été modernisés au standard m1, et qu’une consultation pour la modernisation au standard m2 de 1000 unités supplémentaires a été lancée en 2017.
Prés de 1000 T72 indiens ont été modernisé au standard m1 par la Russie et Israel
Cette commande est, ceci dit, étonnamment comparable à celle que souhaitait passer le Pakistan en début d’année, portant sur 340 T90MS et 240 VT4 chinois, et qui fut ultérieurement annulée, semble-t-il, par Moscou, qui s’est engagée à ne pas vendre d’équipement de défense au Pakistan autre que des systèmes liés à l’anti-terrorisme. Il peut donc s’agir, pour New Dehli, de compenser en partie le préjudice subit par l’industrie russe, et en particulier Rosoboronexport, qui construit les chars de combat T90, suite à l’annulation de ce contrat. La commande Indienne est estimée à prés de 2 Md$.
Avec cette nouvelle commande, les forces indiennes disposeront de prés de 4000 chars de combat, dont plus de 3500 seront des versions modernes du T72 et du T90. A titre de comparaison, les forces pakistanaises disposent, elles, de prés de 1500 chars dont moins de 1000 peuvent être considérés comme modernes comme le Al-Khalid, le T80UD et le VT4, alors que les forces chinoises mettent en ligne 3500 chars modernes des type 99 et Type 96. En revanche, ce rapport de force positif n’est pas aussi marqué concernant les véhicules de combat d’infanterie avec seulement 2500 BMP-2 et 1500 transports de troupe blindés indiens contre plus de 3500 au Pakistan, et 5000 en Chine. La situation est encore plus déséquilibrée en matière d’artillerie automotrice, avec moins de 400 systèmes dans les forces indiennes, contre 450 au Pakistan, et plus de 1200 en Chine. L’Armée indienne semble continuer à privilégier les systèmes tractés avec plus de 4200 systèmes de tous types, en dépit de leur vulnérabilité face aux systèmes de contre-batterie modernes.
Les forces indiennes emploient encore 2500 BMP-2, qui seront remplacés par le véhicule de combat d’infanterie Abhay issu du programme « Make in India »
L’industrie indienne, au travers du « Made in India » du premier ministre N.Modi, est impliquée dans plusieurs programmes de blindés de nouvelle génération, comme le programme Future Ready Combat Vehicle, un chars de combat de la classe 45-50 tonnes destiné à remplacer les T72, et le véhicule de combat d’infanterie Abhay, un blindé de 23 tonnes pouvant transporter 7 soldats et équipé d’un canon de 40 mm, destiné à remplacer les 2500 BMP-2 en service. Des travaux sont également menés pour concevoir un canon automoteur de 155 mm monté sur roue, dans une approche comparable à celle du CAESAR de Nexter.
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Le
renouvellement des Forces Navales de la République de Bulgarie (FNRB
ou Voennomorski sili na Republika Bǎlgariya) procède de plusieurs
documents stratégiques aux objectifs cohérents. Les capacités de
guerre des mines de la flotte bulgare ne bénéficieraient, au mieux,
que d’une modernisation par l’acquisition de bâtiments de seconde
main. Le renouvellement interviendrait au cours des années 2020.
Alors que la livraison des 4 derniers Su-35s prévue cette année à été effectuée avec 2 mois d’avance, les autorités militaires ont fait savoir qu’elles passeront prochainement une nouvelle commande de Su35s, pour prendre la suite de la commande de 50 exemplaires passée en 2016 et qui se terminera en 2020 avec la livraison des 10 derniers exemplaires. Le nombre d’appareils qui seront commandés n’est pas spécifié pour l’heure, mais elle sera probablement autour de 48 à 50 exemplaires, comme les deux commandes précédentes. Cette commande permettra à l’usine aéronautique de Komsomolsk-sur-Amour de maintenir une production nominale en assurant la transition vers la production du Su-57 Felon, assemblé également par cette entreprise.
Concomitamment, les autorités russes ont confirmé la prochaine commande de 48 chasseurs-bombardiers Su-34, venant compléter la flotte de 132 appareils déjà en service, et les quelques appareils restants à livrer d’ici l’année prochaine. Au final, les forces aériennes et aéronavales russes disposeront donc d’un peu moins de 200 Su-34 lorsque la production à l’usine NAPO de Novossibirsk prendra fin. Une fois cette commande effectuée, l’usine produira quelques éléments du Su-57, et semble avoir été retenue pour produire le drone de combat S-70 Okhotnik-B en série, montrant au passage le rôle déterminant que cet appareil est appelé à jouer dans les prochaines années dans la stratégie aérienne russe.
Le Su34 a montré de bonnes performances lors de son utilisation dans le conflit Syrien
Nous assistons là probablement aux commandes parmi les dernières concernant la très prolifique famille du Su-27 identifié par l’OTAN comme le Flanker, et qui donna également naissance au chasseur polyvalent Su-30 et au chasseur embarqué Su-33. Il est possible qu’une dernière commande de Su-35s soit passée, notamment pour maintenir la ligne de production vis-à-vis d’éventuelles commandes supplémentaires à l’exportation, plusieurs prospects restants à convertir, comme l’Indonésie, l’Egypte, la Chine pour une seconde commande, et éventuellement la Turquie.
En revanche, il s’agira sans aucun doute de la dernière production du Su-34, malgré les bons résultats opérationnels enregistrés en Syrie. Il semble désormais acquis qu’il ne remplacera pas l’ensemble de la flotte de bombardiers tactiques Su-24M, dont 170 appareils restent en service dans les forces aériennes et aéronavales russes, et dont la modernisation se poursuit. Ce sera probablement au couple Su-57 S-70 Okhotnik-B de remplacer les derniers exemplaires en service d’ici 2030-2035. A noter toutefois que la dernière variante du Su-24, le Su-24M2/MR/MP est dotée de nombreux équipements issus du programme « Gefest », et dispose donc de performances largement accrues, avec un cockpit modernisé, un nouveau système de navigation SPV-24, et de nouvelles munitions de précision, dont le missile anti-navire Kh31 et le missile de croisière Kh59.
Le grand absent de la modernisation en cours des forces aériennes russes est le Mig-35
Si le ministère de La Défense russe maintient sa production de chasseurs et de chasseurs-bombardiers lourds de la famille Flanker, comme il a relancé la production de bombardiers stratégiques Tu-160M2 et la modernisation de 60 bombardiers à long rayon d’action Tu22M3M, il reste spectaculairement silencieux concernant le remplacement des quelques 280 chasseurs légers Mig-29, dont 24 Mig29K appartenant à l’aéronautique navale, qui représentent pourtant prés de 20% de sa flotte de chasse globale, et dont la limite de vie se profile dans un avenir proche. Et la commande des 14 premiers appareils sur 24 prévus, passée en 2018, pour équiper la patrouille acrobatique des forces aériennes russes, est loin d’apporter une réponse à ce besoin. Pourtant, avec son avionique moderne, un radar Zhuck-AE AESA à venir, un rayon d’action au combat de 1000 km (il s’agissait du grand point faible du Mig-29 qui était limité à 600 km), et un prix d’acquisition estimé à moins de 25m$ pour la Russie, le Mig35 pourrait permettre une modernisation rapide d’une part significative de la force aérienne russe, qui évolue encore sur Mig29 et Su24/25, soit prés de 500 appareils aujourd’hui.
De même, comme l’ont montré la commande Egyptienne de 48 Mig-29M/M2 très proches du Mig35, l’ouverture récente de négociations en urgence avec New Dehli pour la livraison de Mig-29 supplémentaires, ou la commande algérienne de 16 nouveaux appareils, il existe un marché significatif pour un appareil moderne, léger et bon marché. En l’absence d’un soutien plus marqué au Mig-35, l’Industrie Aeronautique russe risque de s’effacer petit-à-petit de ce marché, au profit du F16V américain ou du J10C chinois, à l’instar de la France lorsqu’elle a abandonné la série des mirage 2000 pour ne se consacrer qu’au Rafale.