mercredi, décembre 3, 2025
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Lockheed propose de s’engager sur 5 ans pour baisser les couts de maintenance du F35A

Nous l’avons vu à plusieurs reprises, les couts de maintenance et la disponibilité sont les deux aspects les plus critiqués du programme F35 aujourd’hui. Et pour cause, en 2018, l’US Air Force évaluait les couts de maintenance industriels par heure de vol à 44.000 $, à comparer aux 14.000 € d’un Rafale par exemple. Quand à la disponibilité, les chiffres de 2019 ne sont guère meilleurs que ceux des années précédentes, avec une disponibilité opérationnelle peinant à dépasser les 50%, et ce malgré l’augmentation rapide du parc d’aéronefs. Face à ces constats, et surtout face aux nouveaux programmes de l’US Air Force qui risquent de réduire sensiblement l’enveloppe de F35 commandés par les Etats-Unis, Lockheed sort aujourd’hui les grands moyens, en proposant une nouvelle forme de contrat de maintenance, visant à faire baisser efficacement les prix et augmenter la disponibilité de la flotte mondiale de F35.

Concrètement, le leader industriel mondial propose de passer d’un contrat annuel de maintenance, renégocié chaque année, à un contrat pluriannuel, d’une durée de 5 ans, avec des engagements fermes sur les couts de maintenance annuelle par appareil, et un engagement de disponibilité de 80 %. Pour cela, Lockheed se dit prêt à constituer son propre stock de pièces détachées, de sorte à fluidifier et accélérer les procédures d’approvisionnement, en quittant la gestion en flux tendu actuel, qui pose visiblement d’immenses problèmes. En outre, l’industriel argumente sur le fait que sur les 5 prochaines années, alors que le parc d’appareils livrés aux forces américaines aura atteint les 1,200 unités, le Pentagone devra payer 15 Md$ de frais industriels de maintenance, là ou un engagement sur 5 ans lui permettrait d’économiser 1Md$. Enfin, le groupe mettra tout en oeuvre pour amener les prix de maintenance au niveau des 25.000 $ par heure de vol, objectif donné par l’US Air Force pour ne pas devoir réduire le volume de la commande de F35.

Le systeme Autonomous Logistic Information System du F35 aurait de nombreuses failles de securite Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
Le système de maintenance ALIS devait permettre une gestion simplifiée et accélérée des approvisionnements en pièces détachées sans passer par une gestion de stock centralisée

Concrètement, ces propositions de Lockheed tiennent beaucoup de l’artifice de communication. En effet, depuis des années, ce dernier ne cesse de répéter que les prix de maintenance diminueront avec la montée en puissance des cadences de production, et du parc installé d’appareils. En promettant une économie de 1 Md$ sur 15 Md$ anticipé, Lockheed ne fait qu’appliquer une diminution de 6,7% des prix de maintenance, alors que le parc, lui, va être multiplié par 3. En outre, la promesse de tout mettre en oeuvre pour réduire les couts de maintenance, telle que présentée aujourd’hui, est non-contraignante, et aucune pénalité ne semble lui être attachée, contrairement à la disponibilité. Enfin, les couts de maintenance annoncés ne concernent que les couts industriels, et ne prennent pas en compte les couts des personnels des forces armées dédiés à cette mission, ce qui est loin d’être négligeable, puisque l’USAF estime qu’il faut 45 hommes pour maintenir le F35 pour une heure de vol.

Les engagements concernant le disponibilité sont, en revanche, très concrets, puisque le groupe propose un taux de disponibilité de 80%, et des pénalités s’il n’y parvenait pas. On remarque cependant que Lockheed se propose de faire ce que les ateliers aéronautiques militaires ont fait pendant des décennies, à savoir une gestion de stock par anticipation. Or, un des arguments du F35, largement mis en avant dans toutes les campagnes marketing de l’appareil, reposait justement sur l’élimination des couts de gestion de stock grâce au système ALIS, et à une gestion en flux tendu. En d’autres termes, après avoir éliminé les gestions de stock militaires, qui remplissaient parfaitement leurs rôles, sur de fausses promesses, Lockheed propose désormais de les privatiser pour retrouver un niveau de disponibilité cohérent avec ce type de stock …. Astucieux non ?

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Le programme F-X pourrait être la némésis du F-35, par les bouleversements de paradigmes industriels qu’il apportera

On comprend également, dans cette proposition probablement présentée un peu à la hâte, que le groupe américain est désormais sous la pression des annonces qui seront faites le 1er octobre par Will Roper, au sujet des changements radicaux que veut apporter l’US Air Force, qui compte pour plus de la moitié des engagements de commandes du F35, à ses futurs programmes d’aéronefs. Car, en suivant la logique annoncée lors de l’interview donnée à defensenews.com par ce dernier, il ne fait aucun doute que le parc global de F35 de l’Air Force sera revue à la baisse, de façon sensible. Or la moindre baisse risquerait de modifier sensiblement les modèles de prix annoncés, tant pour l’acquisition que pour la maintenance et l’évolution des appareils. Une fois encore, on ne peut que constater les points de similarité entre le programme F35 et le F104 il y a une soixantaine d’années.

Raytheon présente son nouveau missile air-air léger Peregrine

Alors que nombreux sont ceux qui attendent des informations sur les programmes AIM-260 JATM de Lockheed, ou Long Range Engagement Weapon de Raytheon, deux systèmes d’arme air-air à longue portée destinés à concurrencer les Meteor, PL15 et autres Kh47M, Raytheon a présenté hier, par communiqué de presse, son nouveau missile air-air léger à courte portée, qui n’en est pas moins surprenant.

En effet, le Peregrine, puisque tel est le nom donné au nouveau missile, mesure 6 pieds de longs, soit 1m80, pour une masse de 50 livres, soit moins de 23 kilos. Raytheon ne donne aucune indication sur les performances du missile, comme sa portée ou sa vitesse, mais assure qu’il est capable d’atteindre « de grandes vitesses et une grande manoeuvrabilité », lui permettant d’être efficace contre les avions, hélicoptères et drones. Et de mettre en avant une des qualités principales du Peregrine, son prix, lui permettant d’être employé contre des cibles de faibles valeurs.

Surtout, avec des dimensions aussi réduites, le Peregrine pourra être embarqué en grand nombre dans les soutes des avions de combat de nouvelle génération, le missile étant deux fois plus court et 3 fois plus léger que l’AIM-9X Sidewinder par exemple. Dès lors, il sera possible, à l’instar de ce que présenta MBDA lors du Salon DSEI avec le nouveau missile court de combat à vue pouvant être double-pack sur une même rampe, d’augmenter à configuration égale, le nombre de missiles air-air emportés par un appareil, sans altérer ses performances de vol. On imagine également que, pour les appareils de nouvelle génération équipés de soutes, le Peregrine pourrait être mis en oeuvre par des barillets pouvant contenir un nombre important de missiles, offrant une solution pour engager les essaims de drones ou les attaques de saturation, par exemple.

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On peut se demander si cette annonce de Raytheon n’est pas destinée à reprendre la main face à MBDA qui avait présenté son missiles double-pack pour Tempest et Typhoon au salon DSEI 2019

Il est interessant de constater qu’en dépit des progrès en matière d’engagement au delà de la portée visuelle, ou BVR, les spécialistes des missiles comme Raytheon et MBDA, continuent de developper des systèmes à courte portée pour les engagements rapprochés. Comme n’avaient cessé de le clamer les pilotes américains durant la guerre du Vietnam, un avion de combat doit disposer, comme un combattant, d’un fusil d’assaut, en l’occurence ses missiles à longue portée, d’un pistolet, ses missiles à courte portée, et d’un couteau, son canon. Il semble donc que, contrairement aux années 60, personne n’ait oublié ce précepte fondamental du combat aérien.

Le KF41 Lynx de Rheinmetall en finale en Australie

Les autorités australiennes ont annoncé le nom des 2 finalistes du programme Land 400 Phase 3 doté d’un budget de plus de 10 Md$, et visant à remplacer les véhicules de combat d’infanterie M113 en service depuis les années 80 dans les forces du pays par 450 VCI modernes. Pour cela, Canberra a sélectionné le KF41 Lynx de Rheinmetall, et le AS21 Redback du Sud-Coréen Hanwha, éliminant de fait les deux autres véhicules en lice, le CV90 de BAe et l’Ajax de General Dynamics, pourtant considérés par beaucoup comme favoris. Par ces choix, les autorités militaires australiennes semblent avoir privilégier la protection des équipages et des personnels, en sélectionnant les IFV les plus lourds et les plus résistants du panel.

L’AS21 Redback, dérivé du K21 du même constructeur Hanwha, affiche une masse de 42 tonnes, peut transporter 8 hommes en armes sur 520 km, et dispose d’une tourelle équipée d’un auto canon de 30 mm, d’une mitrailleuse 7,62mm télé-opérée et d’un lanceur rétractable pour missile anti-chars. Il dispose en outre d’un système de protection soft-kill, et peut recevoir un système hard-kill si besoin.

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le véhicule de combat d’infanterie AS21 Redback du sud-coréen Hanwha

Le KF41 Lynx, qui atteint 44 tonnes, peut transporter 8 hommes en plus de ses 3 membres d’équipage, et met en oeuvre, via sa tourelle au design futuriste Lance 2.0, un auto canon de 35 mm, une mitrailleuse 7,62mm coaxiale, et un lanceur double pour missiles anti-char Spike. Lui aussi dispose d’une panoplie soft-kill élaborée, et peut recevoir une protection hard-kill selon les besoins exprimées par le client.

Les deux finalistes vont désormais participer à une campagne de tests en conditions réelles de 12 mois, pour évaluer les performances et lever les risques autour de chaque véhicule. En parallèle, Canberra étudiera de prés les offres de compensation industrielles des deux candidats, chacun s’étant déjà engagé à assembler les véhicules sur place, et à utiliser autant que possible les industries locales dans le processus. Pour les deux véhicules, ce contrat apparait comme essentiel, puisqu’ils n’ont pour l’heure été sélectionnés par aucune force armée.

L’Australie semble réussir au groupe allemand Rheinmetall, qui avait déjà remporté la compétition Land 400 Phase 2, avec une commande de 211 véhicules de reconnaissance armée Boxer pour 3,6 Md$, et qu’il est également engagé dans la compétition Land 8116 pour la fabrication de 30 systèmes d’artillerie mobile pour lequel il propose le Pzh2000, face notamment au K9 du même Hanwha.

L’attaque contre les installations pétrolières saoudiennes aurait été menée par des armes d’origine iranienne

Selon le porte-parole des forces armées iraniennes, le Colonel Turki al-Malki, l’attaque menée samedi 14 septembre 2019 aurait été menée par des armes d’origine iranienne, selon les premiers résultats de l’enquête menée actuellement. Il précise également que les attaques n’auraient pas été menées à partir du Yemen, comme le clame les rebelles Houtis, sans préciser cette origine toutefois. Il semble en outre que la thèse d’une attaque par drones soit de plus en plus remise en cause, au profit d’une attaque par missiles de croisière, plus cohérente avec les dégâts occasionnés.

Les autorités saoudiennes semblent vouloir prendre toutes les précautions nécessaires pour désigner le coupable de ces attaques qui privent le pays de la moitié de ses capacités d’exportation de pétrole brut, et provoqua une hausse de prés de 10% des cours du baril de pétrole brut sur les places de marché mondiale ce lundi. En effet, selon le prince héritier, Mohammed Bin-Salman, le Royaume est prêt à mener des attaques de représailles contre le commanditaire de l’attaque, sachant pertinemment que tout désigne Téhéran.

Une attaque de représailles contre l’Iran menée par l’Arabie saoudite, déclencherait probablement un embrasement généralisé de la région, avec des conséquences importantes sur le marché mondial du pétrole, dont plus de 25% transite par le détroit d’Ormuz. Dès lors, Riyad entend s’assurer du soutien de ses principaux alliés comme les Emirats arabes unis et les Etats-Unis, comme de ses partenaires européens, chinois ou israéliens.

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Avec 72 Typhoon, 224 F15 et 80 Tornado, les forces aériennes saoudiennes sont en mesure de mener des attaques de représailles contre Téhéran,

A ce titre, le président Trump a d’ores et déjà déclaré, vis Twitter comme à son habitude, qu’il était prêt à soutenir militairement une attaque contre les agresseurs du Royaume. Les autorités chinoises ont elles fait part de leur grande inquiétude quand aux conséquences d’une telle action. En effet, la précédente crise énergétique de grande ampleur, conséquences de la guerre Iran-Irak en 1979-1980, déclencha une diminution de 9% des approvisionnements mondiaux dans un marché à 60 millions de barils par an, avec des conséquences très importantes sur la croissance et l’économie mondiale. Un conflit entre l’Arabie-Saoudite et l’Iran aujourd’hui pourrait menacer 15% à 20% des approvisionnements mondiaux en pétrole dans un marché à 80 millions de barils par an, entrainant des conséquences non seulement sur les pays occidentaux, mais sur les pays émergents, et notamment la Chine ou l’Inde, avec des risques d’instabilité importants.

En outre, un tel conflit condamnerait sans le moindre doute les efforts européens pour tenter de préserver ce qu’il reste des accords de Vienne, et qui, s’ils venaient à être définitivement abandonnés, pourrait amener Israel à mener des raids contre les installations nucléaires iraniennes, avec une contagion probable du conflit en Irak, Syrie et au Liban.

Les jours qui viennent vont donc se révéler cruciaux pour l’avenir du Moyen-orient, qui, chaque jour, s’obscurcie davantage.

L’US Air Force va changer radicalement son planning de developpement et d’acquisition de ses appareils de combat

Dans une interview donné au site Defensenews.com, le directeur des acquisitions de l’US Air Force, Will Roper, a déclaré que l’US Air Force s’apprêtait à annoncer, le 1er octobre prochain, un profond bouleversement dans la gestion de ses programmes de developpement et d’acquisition d’aéronefs de combat. Exit les programmes pharaoniques avec des développements sur 2 décennies, l’US Air Force souhaite revenir à des cycles de conception et de fabrication courts, quitte à mettre en oeuvre plusieurs modèles d’appareils spécialisés dans sa flotte.

Il ne s’agit ni plus, ni moins, que du retour des doctrines qui avaient courts dans les années 50, 60 et 70, avec des appareils ayant des cycles de vie plus court, et développés en quelques années en intégrant des technologies en provenance des programmes de démonstrateurs. Exit également les grandes théories sur l’optimisation de la maintenance en disposant d’un parc très homogène, il semble que l’Air Force soit revenue à des notions d’avions spécialisés, développés pour des missions spécifiques, et acquis en moyenne série de quelques centaines d’exemplaires.

F22 Raptor Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
L’US Air Force ne dispose que de 186 F22 dans sa flotte

Cette approche vise, dans un premier temps, à developper un nouvel appareil de supériorité aérienne, le programme F-X, faisant la synthèse des technologies déjà stabilisées du moment, dans un délais inférieur à 5 ans. Cet appareil, destiné à remplacer les F15C arrivant en limite de potentiel, viendra épaulé les 186 F22 en service. Il sera en revanche developper pour avoir une maintenance simplifiée et une haute disponibilité, ce qui est loin d’être le cas du F22, ou du F35 aujourd’hui.

Par cette annonce, on devine que Will Roper répond aux exigences du Pentagone pour disposer des moyens nécessaires et suffisants pour pouvoir faire face simultanément à un conflit en Europe et dans le Pacifique, avec des protagonistes qui ont développé des appareils de nouvelle génération lourds et donc adaptés à la supériorité aérienne. Il signe également, à plus ou moins moyen terme, la prochaine révision à la baisse du format de F35A de l’US Air Force, pour ramener l’appareil de Lockheed à son rôle majeur, celui de chasseur léger destiné à remplacer le F16, et non à celui d’avions super polyvalent dont il n’a pas les capacités. On peut même y voir une véritable logique avec l’extension de vie du A10.

F35A Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
L’aura d’avion multiple ultime du F35A va certainement être écornée par le changement de doctrine de l’USAF

Il faudra évidemment atteindre la conférence de presse du 1er octobre pour avoir les détails exactes de ces plans à venir. Il n’en demeure pas moins que cette annonce prend le contre-pied absolu des programmes européens, SCAF comme Tempest, tant dans leurs délais que dans leurs méthodologies. En effet, par ce changement profond de paradigmes, l’US Air Force signifie qu’elle entend se préparer à un conflit à court terme, pouvant intervenir dès 2030, là ou le européens n’envisage pas d’entrée en service avant 2035 ou 2040. En outre, elle abandonne l’idée de l’appareil multi-mission unique au profit d’une flotte d’appareils spécialisés, à l’Instar de la Chine et de la Russie, qui suivent exactement cette méthodologie depuis 2 décennies, avec les programmes Su34, Su35, Su57, Pak DP coté russe, et les JH7, J10, J11, J-16 et J20 chinois.

En revanche, cette nouvelle approche correspond à tout point de vue à celle proposée depuis 2 ans dans le cadre de la doctrine Défense à Valorisation Positive, avec des appareils spécialisés, construits à intervalles réguliers, couvrant l’ensemble du spectre des missions, et dont l’entrée en service serait antérieure à 2030. On ne peut qu’espérer que ce bouleversement à venir outre-atlantique amènera Politiques et Industriels à sortir du carcan conceptuel qui préside à la planification défense aujourd’hui en France et en Europe….

L’US Army veut équiper ses hélicoptères et drones de missiles à longue portée

Le commandement en charge des acquisitions de l’US Army a émis une demande d’informations concernant un nouveau missile tactique destiné à équiper ses hélicoptères et drones de combat, et dont la portée dépasserait les 30 km, avec un objectif affiché d’être au delà de 40 km, et une vitesse proche des seuils transsoniques. Le nouveau missile devra équiper les appareils du programme Futur Vertical Lift, ainsi que les hélicoptères existants, ceci incluant les AH64 Apache, mais également les UH60 Black Hawk et les CH47 Chinook. Il devra être en mesure d’éliminer des cibles fixes et mobiles, par tous temps, de jour comme de nuit, et notamment les systèmes de défense anti-aérienne rapprochée, les blindés légers et les personnels.

Cette demande répond à la vulnérabilité croissante des voilures tournantes vis-à-vis des systèmes de protection anti-aérienne rapprochée, ou SHORAD, dont les performances et la portée ont grandement évolué ces dernières années. Ainsi, Si le Tunguska russe pouvait engager un appareil dans un rayon de 7 km, le Pantsir SM sera lui apte à intercepter une cible jusqu’à 40 km.

Pantsir S2 Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
version améliorée du Pantsir S2, le Panstir SM pourra engager des cibles à 40 km de distance.

Mais l’extension de la portée des missiles tactiques devra passer par une nouvelle conception du combat aéroterrestre, jusqu’ici employé uniquement dans la zone de combat « à vue ». En dépassant le seuil des 20 km, l’US Army veut donc faire entrer les hélicoptères de combat dans le domaine du BVR, ou Beyond Visual Range. Et cela ne pourra se faire que par une très importante intégration des moyens d’engagement coopératif des forces, de sorte à diviser les actions de tir de celles de désignation de cible, et donc d’identification, qui, elle, ne pourra se faire qu’optiquement.

A noter que la Russie a également fait le même constat, et, comme souvent, lui a apporté une réponse à court terme, en équipant ses nouveaux hélicoptères Mi-28NM, commandés à 96 exemplaires et dont la livraison interviendra d’ici 3 à 4 ans, d’un nouveaux missiles anti-char à longue portée, identifié comme « article 305 », capable d’atteindre des cibles à 25 km. En revanche, il n’y a pas de programme équivalent en Europe, le Tigre 3 franco-allemand devant intégrer un missile qui serait soit dérivé du Spike israélien, soit du MMP français, et aucun des deux n’ayant une portée, même étendue, supérieure à 12 km.

Taiwan veut accélérer la procédure d’acquisition des 66 F16V sur fond de nouvelles armes chinoises

Taipei n’a guère l’intention de patienter au sujet de sa commande de 66 F16V validée par le Departement d’Etat le 20 aout, et qui doit prochainement recevoir l’aval du congrès américain très prochainement. En effet, les autorités taïwanaises ont signifié à leurs homologues américaines leur intention de conclure au plus vite les négociations, et d’accélérer, autant que possible, les procédures de livraison concernant les équipements commandés.

Cette annonce intervient alors que, en marge des préparations du défilé du 1er Octobre pour le 70eme anniversaire de la naissance de la République Populaire de Chine, plusieurs photos de nouveaux équipements chinois sont apparues. Ainsi, le défilé intégrera une composante drones, avec le drone MALE Wing Loong déjà bien connu, mais également le drone de combat furtif Sharp Sword, ainsi qu’un nouveau drone ayant les attributs d’un appareil à haute vitesse, et qui est identifié par les observateurs de drone supersonique. Les missiles balistiques seront également à l’honneur, avec notamment les missiles balistiques anti-navires à moyenne portée DF26, et le missile intercontinental DF41 qui doit remplacer le missile DF5 actuel. Le DF41 est un missile balistique de 80 tonnes lancé à partir d’une plate-forme mobile, et peut atteindre des cibles à plus de 13.000 km en emportant jusqu’à 10 MIRV de 20 à 150 kt. En outre, les clichés concernant l’évolution des travaux du premier LHD chinois de Type 075 montrent des progrès importants et rapides, et confirment le lancement du bâtiment d’ici la fin de l’année, avec une entrée en service probable d’ici la fin 2020, ou le début 2021.

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Photo satellite des répétitions du défilé du 1er Octobre à Pekin montrant la composante Drones

Tout semble en effet indiqué que Pekin soutien avec détermination la modernisation rapide de ses forces armées, et sera de fait rapidement en capacité d’associer la puissance du nombre liée à son format à celle liée à la mise en oeuvre d’équipements modernes et performants, faisant peser des menaces existentielles sur l’ile indépendante de Taiwan. Car si les autorités de l’ile savent pertinemment qu’elles ne seront jamais en mesure de l’emporter dans la durée contre les forces de Pekin dans un conflit conventionnel, elles savent également qu’en résistant suffisamment longtemps, elles donneront le temps aux représailles économiques occidentales pour affaiblir la détermination de Pekin face à sa population, et pourront même bénéficier, le cas échéant, du soutien militaire des Etats-Unis voir de l’ensemble du camp occidental.

C’est donc une course contre la montre qui s’est engagée à Taipei pour renforcer et moderniser les forces de défense de l’ile, jusque là très ralenti par les hésitations américaines et européennes afin de ne pas froisser Pékin, face à la dynamique chinoise qui atteindra, dans les quelques années à venir, le potentiel nécessaire et suffisant pour s’emparer militairement de l’Ile.

F-35, inquiétudes des industriels belges sur les retombées économiques du contrat

En visite pour quelques jours en Belgique dans le cadre de la coopération industrielle autour du chasseur de combat F-35, l’avionneur américain Lockheed Martin a rencontré ce vendredi les industriels de l’aéronautique belge. Commençant à s’impatienter et souhaitant activement collaborer avec la firme américaine, les inquiétudes de ces derniers vont grandissantes face à un déluge de promesses partout où s’est imposé le F-35.

Sur un contrat s’élevant à 15 milliards d’euros, pas moins de 3 milliards de retombées auraient été évoqué sans pour autant être gravé dans le marbre. Lorsqu’en juin 2019, deux hauts responsables de Lockheed étaient venus rappeler la détermination du constructeur à honorer l’ensemble de ses promesses faites à la Belgique, les industriels belges se plaignaient déjà du silence radio outre-Atlantique. De la sorte que, dans le cadre du salon du Bourget, Michele Evans, vice-présidente de la firme américaine, était venue affirmer que « les partenariats en Europe sont essentiels au succès du F-35 » tout en rappelant que pas moins de 25 % des composants du F-35 étaient « made in Europe ». Enfin, à Richard Edwards, un autre vice-président de l’entreprise, de conclure que « Lockheed Martin n’est pas une entreprise qui dit ‘nous allons faire tout cela’ et ‘ensuite ne rien donner’ (…) cela se passe dans le monde. Cela ne se passera pas avec nous ».

Censées rassurer les pays européens acquéreurs du F-35, ces déclarations n’ont, en l’état actuel, toujours pas été suivi d’actes concrets. D’après la RTBF, les trois principaux industriels de l’aéronautique belge, à savoir Sonaca, Sabca et Asco, ont co-signé en juillet une lettre d’intention à l’endroit de Lockheed Martin, pour manifester à la fois leur désir de collaborer – chacun dans son domaine de compétences – mais aussi et surtout signifier leur empressement à concrétiser prochainement un contrat ferme, dans l’idée de produire des composants de l’avion sur le sol belge.

Dans les faits, cette missive conjointe est en réalité une réponse à trois courriers de l’avionneur américain envoyés distinctement aux trois industriels. Lockheed y soulignait ses difficultés à obtenir un panorama clair et précis du secteur industriel de l’aéronautique belge. A la fois flous et obscurs, de tels propos étaient donc de nature à justifier les profondes inquiétudes des acteurs belges du secteur.

En effet, bien que Lockheed Martin et l’un de ses fournisseurs, Pratt & Whitney, aient déjà signé dans le courant du mois de janvier des « Memorandum of Agreement » (MoA) – ou protocoles d’accord – avec des acteurs-clés de l’industrie aéronautique belge (Asco, Belgium Engine Center, Feronyl), force est de constater que ces derniers ne voient toujours rien venir. Une question demeure ainsi en suspens : ces intentions vont-elles se transformer en un contrat béton, fixant définitivement les conditions de productions ?

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Didier Reynders, actuel ministre de la Défense belge, quittera ses fonctions en novembre prochain et deviendra le nouveau commissaire européen à la justice.

D’après Bernard Delvaux, président de Sonaca, il n’est pas exclu que le gouvernement « doive intervenir pour soutenir la démarche »1. C’est dire le déficit de crédibilité accumulé ces onze derniers mois par l’avionneur américain à l’égard des industriels belges. Et comme si cela ne suffisait pas, le timing est on ne peut plus mauvais : non seulement l’exécutif belge est actuellement affaibli avec à sa tête un gouvernement en affaires courantes, mais surtout, le ministère de la Défense va connaître un quatrième changement de ministre en moins d’un an, Didier Reynders quittant son poste en novembre prochain pour rejoindre la Commission européenne.

Ainsi, la visite de ce vendredi et la table-ronde qui se tiendra lundi concentrent toutes les espérances des industriels de l’aéronautique belge. Toutefois, il est de notoriété publique que la Belgique a mal joué dans les négociations – malgré l’obtention d’un tarif exceptionnel – et les engagements de Lockheed à l’égard de l’industrie belge demeurent résolument faibles : la firme américaine n’aura probablement aucun mal à s’en dégager si elle fait montre de mauvaise volonté. Or, bien que s’agissant de sa première « compétition internationale » avec un pays non-partenaire de son développement, la commande, par la Belgique, d’une trentaine d’avions de chasse représente une goutte d’eau pour la firme. D’autres pays acquéreurs ou souhaitant le devenir, à l’instar d’Israël et de la Pologne, ont eux-mêmes des prétentions conséquentes en termes de compensations et ce, pour des volumes d’acquisition bien plus élevés que ceux de la Belgique. Or, bien que Lockheed Martin ait fait miroiter d’importantes compensations industrielles, le gâteau ne pourra être indéfiniment divisé, Bruxelles étant susceptible d’en faire les frais.

La Belgique pourrait avoir définitivement raté le coche en plaçant son industrie dans une position délicate mais surtout en cédant, une fois de plus, à une logique aujourd’hui précaire, celle consistant à conditionner sa sécurité nationale à l’achat de matériel américain. Pour Thibauld Jongen, CEO de la Sabca, s’il advenait à ce que l’industrie ne récolte « que des miettes », la responsabilité ne relèverait pas de Lockheed Martin mais davantage des choix politiques de la Belgique.

Axel Trinquier – spécialiste des questions de défense européenne.

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Le SCAF est-il dans la Tempête ?

Alors que l’Italie a annoncé rejoindre le programme d’avions de combat de nouvelle génération Britannique Tempest il y a quelques jours, le PdG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a fait part de ses inquiétudes concernant les tergiversations et divergences qui sont apparues entre Paris et Berlin au sujet du programme SCAF, en mettant en garde contre un report excessif de la signature du contrat consacrant le développement du démonstrateur, prévu pour voler en 2026.

Et le programme franco-allemand rejoint par Madrid, qui faisait preuve de tant d’assurance il y a peu, et qui n’hésitait pas à dénigrer publiquement le programme Tempest, se retrouve désormais dans une situation inconfortable, pour ne pas dire préoccupante.

En effet, les tergiversations allemandes, puisque présentées ainsi, reposent sur plusieurs aspects stratégiques et dimensionnant du programme, comme le partage industriel, le mode de financement du programme, son contrôle parlementaire, la politique d’exportation et même certains axes technologiques. Autant dire que le programme SCAF, en dehors de l’étude préalable financée en début d’année, n’a pas avancé d’un pouce, certains aspects stratégiques, comme la capacité nucléaire ou navale du système, n’ayant pas même fait l’objet d’un accord ferme entre Paris et Berlin.

Ces divergences sont exacerbées par celles liées au programme de char de combat de nouvelle génération franco-allemand MGCS, au sujet duquel le groupe allemand Rheinmetall mène une offensive politico-médiatique au Bundestag pour tenter d’obtenir un contrôle majoritaire du programme, au détriment de la parité stricte issue de l’association Nexter-Krauss Maffei Wegman dans le groupe KNDS.

Ces divergences, somme toute largement prévisibles puisqu’identiques à celles qui firent capoter tant de programmes do coopération en Europe, sont en outre renforcés par une méfiance réciproque entre les deux BITD, les français jugeant les allemands focalisés sur les aspects commerciaux et financiers au détriment des performances opérationnelles, les allemands estimant que les français cherchent à s’accaparer l’ensemble du programme, ne laissant à l’Allemagne que le rôle de banquier.

Quant au Tempest, que le ralliement de la Suède, puis de l’Italie, ne fait que crédibiliser, il apparait de plus en plus comme une alternative crédible pour Berlin, et notamment pour le Bundestag, si Paris venait à ne pas prendre en considération ses exigences.

Maquette du SCAF Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
Le SCAF lors de la présentation de la maquette au salon du Bourget 2019

Pourtant, le Tempest ne constitue nullement une alternative au SCAF, puisqu’il en reprend les paradigmes, et la structure, l’interdépendance arbitraire au MGCS et à l’Eurodrone en moins. Comme ce dernier, il représentera le seul développement d’appareils de combat pour ses participants entre 2020 et 2050, et engendrera, dès lors, les mêmes problèmes de partage industriel, comme d’exportation et de contrôle budgétaire, chaque pays souhaitant préserver sa propre BITD.

En outre, deux des membres du programme sont équipés de F35, ce qui peut créer un déséquilibre dans les objectifs et missions attribués au Tempest, vis-à-vis d’un pays n’étant doté que de Typhoon, comme l’Allemagne, ou l’Espagne, une fois les Tornado et F18 retirés du service.

A contrario, cela permettrait à la France de pleinement exploiter sa propre BITD, sans notions de partage industriel complexe, mais limiterait le volume d’appareils à construire, et ferait porter intégralement les couts de développement et de fabrication sur les finances publiques françaises, notion que l’on sait ne pas être pertinente, mais qui est toutefois largement mise en avant.

Les obstacles autour des programmes SCAF et TEMPEST sont malheureusement les mêmes que lors de l’entame des programmes, et le resteront tant que les questions de fond n’auront pas été traitées avec courage et clairvoyance, à savoir l’incompatibilité entre le nombre d’acteurs européens, et la masse de travail à fournir pour concevoir un nouvel avion de combat.

De fait, la division en deux programmes est tout simplement indispensable aujourd’hui à la préservation des savoir-faire répliqués entre les pays, qui alignent 4 intégrateurs, 3 motoristes, 8 développeurs de systèmes embarqués et 5 fabricants de systèmes d’armes …

En revanche, en développant deux appareils identiques, à savoir des bimoteurs de classe 25/30 tonnes furtifs de 6ᵉ génération, les deux programmes se cannibalisent l’un l’autre, réduisant les volumes domestiques adressables et les potentiels d’exportation, augmentant les prix unitaires des 2 appareils. Et comme cela a déjà été dit, aucun des deux programmes ne pourra revendiquer le titre de programme européen, puisque leurs prix les mettront hors de portée de plus de la moitié des membres de l’union…

Vue dartiste du programme davion de 5eme generation TFX turc Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
La Conception d’une gamme complémentaire d’appareils constitue la seule alternative positive aux deux programmes européens. Si les européens ne le font pas, d’autres le feront, comme la Turquie.

On ne le répétera jamais assez, la seule alternative aujourd’hui, pour sortir par le haut de cette tempête, repose sur la transformation des programmes SCAF et Tempest en un programme de Programmes, pour concevoir et fabriquer non pas un appareil ayant deux noms différents, mais 3 appareils différents, à savoir un chasseur léger monomoteur, un chasseur moyen embarqué, et un chasseur lourd de supériorité aérienne , ainsi que de drones de combat, sur une durée de 35 années, avec un tuilage technologique renforcé.

Non seulement cette approche permettrait d’intégrer les 6 grandes BITD aéronautiques européennes sans impasse technologique imposée, mais fournirait une gamme d’appareils complémentaires permettant un positionnement étendu sur les marchés exports, l’optimisation des prix des appareils et donc des formats de forces aériennes européennes et alliées, le tout dans une planification récursive sur 35 années, de sorte à développer les savoir-faire et la coopération européenne sur le long terme dans une dynamique positive.

Surtout, une telle approche ne couterait pas plus cher aux finances publiques, au sens ou l’on ne prend en considération que les sommes investies par les Etats, que la somme des investissements consentis par l’ensemble des partenaires des programmes SCAF et Tempest.