lundi, décembre 1, 2025
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Un nouvel hélicoptère d’attaque pour les armées chinoises

Cette semaine, des clichés publiés sur les réseaux sociaux chinois, ont montré un nouveau modèle d’hélicoptère d’attaque effectuant ses essais en vol. Baptisé Z-21 par les internautes, l’appareil semble évoluer dans la catégorie des hélicoptères de combat lourd, comme l’Apache américain, ou le Mi-28 russe.

Pour en savoir plus :

China’s New Heavy Attack Helicopter Spotted For The First Time

Malgré 9 000 véhicules blindés perdus, la Russie pourra encore faire la guerre en Ukraine plusieurs années

Les chars perdus par les armées russes en Ukraine, ont fait l’objet de très nombreuses publications depuis le début du conflit en Ukraine, il y a maintenant deux ans. Toutefois, si pendant la première moitié du conflit, ces pertes étaient souvent interprétées comme un signe de l’épuisement progressif des armées russes, l’optimisme a depuis cédé la place à un pessimisme croissant, alors que les industries russes ont sensiblement augmenté leurs capacités de livraison, au point de venir compenser, semble-t-il, leurs pertes instantanées, si pas depuis le début du conflit.

Une récente analyse des clichés satellites des zones de stockage des équipements blindés russes, hérités de l’Union Soviétique, permet désormais de mieux comprendre la dynamique en cours, et la soutenabilité de l’effort produit par Moscou, pour venir à bout des défenses ukrainiennes. Et les conclusions ne sont guère encourageantes.

9 000 blindés perdus par la Russie en 2 années de guerre en Ukraine

Il est vrai que les armées russes ont subi des pertes effroyables depuis l’entame de l’offensive contre l’Ukraine. Selon les analyses, il semble qu’elles aient perdu, en deux années de combat, 9 000 véhicules blindés, mais aussi plus d’une centaine d’avions à aile fixe, et autant de voilure tournante, alors que de 100 000 à 150 000 russes auraient perdu la vie.

Destruction blindés en Ukraine
Les armées russes ont perdu 9 000 chars et 8 800 vehicules blindés en Ukraine, lors des deux premières années du conflit.

Notons, avant toute chose que, concernant les véhicules blindés, ces chiffres doivent être pris avec une certaine précaution. Non pas que les blindés décomptés n’aient pas été mis hors de combat, mais on ignore le nombre de véhicules récupérés et remis en état de combattre, par les russes.

Ce chiffre est d’autant plus élevé que, désormais, les lignes bougent peu, ce qui permet davantage aux sapeurs russes de ramener les blindés endommagés vers les centres de tris et de réparation. Il en va de même, d’ailleurs, du côté ukrainien.

Toutefois, dans de nombreux domaines, les pertes cumulées de l’armée russe en Ukraine, dépassent l’inventaire des armées françaises, britanniques, allemandes, polonaises, italiennes et espagnoles, cumulées. Rappelons que des pertes deux fois moins importantes, sur une période de temps cinq fois plus longue, avait convaincu Moscou de se retirer d’Afghanistan en 1989.

Pourtant, ici, ni le Kremlin, ni les armées russes, et pas plus l’opinion publique en Russie, semblent montrer le moindre signe d’épuisement ou de contestation vis-à-vis de cette campagne d’agression, construite sur des arguments que les russes eux-mêmes savent fantaisistes. Pire encore, les autorités russes, Vladimir Poutine en tête, paraissent plus confiantes que jamais, dans la perspective d’une victoire en Ukraine.

L’industrie militaire russe a livré 1 300 chars et 2 400 véhicules blindés au profil incertain

Il faut dire que, ces derniers mois, le rapport de force a progressivement évolué en faveur des armées russes. Celles-ci reçoivent, en effet, beaucoup plus de matériels neufs ou réparés, mais aussi de munitions, et d’hommes, que ne peuvent en mobiliser les armées ukrainiennes, de leur côté.

T-72 detruit en Ukraine
Au debut du conflit, les lignes bougeant rapidement, la recupération des blindés endommagés était particulièrement difficile.

Ainsi, les chercheurs Yohann Michel et Michael Gjerstad, de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), ont publié le 12 février, une étude sur les pertes russes, mais aussi sur le renouvellement de leurs équipements, qui peut expliquer, en partie du moins, la confiance affichée par le kremlin ces derniers mois.

Selon celle-ci, les armées russes auraient reçu, en 2023, pas moins de 1 200 à 1 300 chars livrés par l’industrie de défense, et 2 400 véhicules de combat d’infanterie, et de transport de troupe blindés, des chiffres somme toute assez proche de ceux annoncés par les autorités russes à ce sujet.

Une grande partie de ces blindés, est constituée de véhicules hérités de l’époque soviétique, des chars T-72, T-80, T-62 et même T-55, ainsi que des blindés BMP-1, MT-LB et BTR-70, et des canons automoteurs 2S7 et 2S5, et prélevés sur les quelque 60 espaces de stockage répartis sur l’ensemble du territoire russe.

Ces blindés sont remis en condition de combattre, avec parfois des éléments de modernisation souvent inégaux, avant d’être envoyés, en flux tendu, vers les unités engagées en Ukraine, de sorte que la pression opérationnelle, et la concentration de la puissance de feu, demeurent égales en dépit des pertes, alors qu’elles vont décroissantes pour les Ukrainiens.

Les stocks de blindés russes dureront encore au moins 2 ans, surement plus

C’est précisément là que l’étude publiée par l’IISS, apporte des données particulièrement pertinentes. Les deux chercheurs ont, en effet, suivi l’évolution de ces stocks, en observant les clichés satellites depuis le début du conflit.

Zone de stockage russie chars
Images satelittes de la 22ème zone de stockage de chars en Russie, de juin 2021 à juin 2023.

Comme on pouvait s’y attendre, ces stocks ont sensiblement diminué depuis février 2022. Toutefois, cette évolution tend à se stabiliser, voire à décroître, alors que la production de blindés neufs, par l’industrie de défense russe, augmente dans le même temps.

De fait, les projections attestent que, sur la base des stocks d’armement restants, la Russie est en capacité de soutenir la même intensité de combat que lors des deux années qui viennent de s’écouler, pendant au moins deux ans, certainement trois, et peut-être même davantage, si la proportion de blindés neufs, produits par l’industrie, venait à augmenter, ou si les pertes venaient à baisser.

Ces données battent en brèche une des plus grandes certitudes d’avant-guerre, selon laquelle le parc de blindés de réserve en Russie, était à ce point mal entretenu, qu’il ne représentait plus un potentiel opérationnel mobilisable significatif.

La production de blindés russes neufs T-90M et BMP-3 accélère

Toute porte à croire, en effet, qu’au-delà des blindés prélevés sur les stocks de l’armée russe, le nombre de blindés neufs produits par l’industrie de défense russe, a considérablement augmenté depuis le début du conflit, et pourrait même continuer de croitre, dans les mois à venir.

Uralvagonzavod
L’usine uralvagonzavod de Nijni Taguil produirait une cinquantaire de T-90M et BMP-3 chaque mois.

La communication russe faisait déjà état, en janvier 2023, d’une production mensuelle d’une cinquantaine de blindés neufs, T-90M et BMP-3, par l’usine Uralvagonzavod de Nijni Taguil. Depuis, la représentativité de ces blindés, dans les pertes documentées en source ouverte, a augmenté de manière notable, venant, si pas confirmer de manière certaine, en tout accréditer cet ordre de grandeur.

En outre, d’importants efforts semblent être produits, par le Kremlin, pour réorganiser la Supply Chain de ces grandes entreprises qui assemblent les équipements neufs, pour accroitre cette production.

C’est en particulier le cas dans le domaine des moteurs, raison pour la laquelle l’annonce de l’ouverture d’une ligne de production de T-80BVM, équipés d’une turbine produite par des capacités industrielles différentes de celles en saturation pour produire les moteurs turbo diesel du T-72 et du T-90, parait cohérente.

En outre, même si la production de T-90M devait plafonner à 35 ou 40 exemplaires par mois, la Russie disposerait tout de même de 420 à 480 nouveaux chars, parfaitement modernes, par an, soit 4 fois plus que n’en recevront les européens, chaque année, sur les 10 ans à venir.

Un rapport d’attrition en faveur des armées russes aujourd’hui

Si le rapport de forces face aux armées européennes est déjà préoccupant, on imagine, aisément, à quel point il s’avère dangereux pour l’avenir de l’Ukraine. En effet, les industries ukrainiennes ne parviennent plus à produire de blindés lourds, d’autant que la Russie mène, depuis plusieurs semaines, une campagne de frappe systématique des infrastructures industrielles défense du pays, précisément pour améliorer le rapport de force en évolution.

chars perdus en Ukraine - Leopard 2 et M2 bradley ukrainiens
Les pertes ukrainiennes sont beaucoup plus difficile à compenser que les pertes russes, pour les hommes comme pour les equipements.

Dans le même temps, les stocks sur lesquels les européens ont pu prélever les blindés envoyés en Ukraine, depuis le début du conflit, tendent, eux aussi, à s’épuiser, alors même que le nombre de véhicules cédés est très inférieur à celui reçu par les armées russes sur la même période.

Ainsi, alors que les armées ukrainiennes sont engagées, depuis quelques mois, dans une trajectoire d’épuisement de leurs moyens, dont le manque de munition ne représente qu’un des aspects, les armées russes, elles, tendent à consolider leurs moyens, parfois, il est vrai, avec des blindés de plus de 60 ans, mais aussi de chars très modernes T-90M et T-80BVM.

Dès lors, si la production de munitions représente, aujourd’hui, l’urgence absolue pour donner aux armées ukrainiennes, les moyens de résister à la puissance de feu russe, il est aussi indispensable, pour les mois à venir, de mettre en œuvre, en Europe, des capacités industrielles dédiées à contenir l’évolution du rapport de force en matière de blindés, côté ukrainien.

tube caesar Planification et plans militaires | Actualités Défense | Chars de combat MBT
La France a proposé de mettre à disposition de l’Ukraine une partie de ses capacités de production de canons portés CAESAR, pour 80 exemplaires par an, si les financements requis étaient trouvés.

Faute de quoi, l’effondrement des armées ukrainiennes semble inévitable à moyen terme, une fois le seuil de densité de moyens disponibles, pour opacifier le front, franchit par des pertes non compensées.

Et de se rappeler que les quinze ou vingt milliards d’euros requis, chaque année, pour donner aux armées ukrainiennes, les moyens d’épuiser les armées russes, couteront certainement bien moins cher, aux européens, que l’arrivée probable de 10 ou 15 millions d’Ukrainiens en Europe fuyant le joug russe, à la suite de la chute des armées ukrainiennes. Ce sans même parler de l’évolution du tracé de la menace à l’Est, et des moyens nécessaires pour le protéger.

MGCS : Paris et Berlin valident le partage industriel du futur char de combat européen

Longtemps menacé, tant par les divergences d’attente entre les armées, et par les tensions concernant le partage industriel, le programme MGCS, qui doit permettre de remplacer les chars de combat Leopard 2 allemands et Leclerc français, autour de 2040, avait un avenir incertain, jusqu’à ce que les ministres de tutelle des deux pays, décident de le prendre en main, en septembre dernier.

Après que les armées des deux pays rapprochent leurs visions, en début d’année, concernant ce que devait être ce futur programme, il fallait, désormais, s’attaquer au point de friction le plus délicat, le partage industriel, alors que les tensions entre Rheinmetall et Nexter, avaient presque fait imploser le futur char européen.

Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, les ministres de la Défense des deux pays, viennent d’annoncer que cette étape, aussi décisive que difficile, venait d’être franchie, et qu’un accord avait été trouvé, concernant le partage industriel entre les différents acteurs industriels de ce programme.

Un programme MGCS à la trajectoire chaotique depuis 2015

Depuis son lancement, en 2015, le programme MGCS est passé par différentes phases, d’intensité variable. Après une entame modeste, il a connu un regain d’intérêt en 2017, devenant l’un des piliers de l’initiative d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, pour donner naissance à l’Europe de la Défense.

MGCS vision allemande
Vision allemande du MGCS présentée par l’Armée allemande en janvier 2024

Rapidement, cependant, des divergences sont apparues, d’abord entre les attentes des armées françaises et allemandes, puis dans le domaine du partage industriel, après que le Bundestag a imposé que l’Allemand Rheinmetall rejoigne le programme, en 2019.

Pendant plus de trois ans, le programme était alors resté presque en état de stase, faisant peser de sérieux doutes sur sa pérennité. Dans le même temps, la résurrection du marché du char de combat, amena l’industrie allemande à concevoir le Leopard 2A8, une évolution du A7 intégrant, notamment, un APS Trophy, faisant peser une nouvelle menace sur le calendrier du MGCS, initialement prévu pour 2035, et pouvant, de fait, cannibaliser le marché adresse du char allemand.

Début 2023, le programme était menacé, au point que même les industriels, et les militaires, semblaient excédés et parfois découragés, par le manque de progrès, alors que les tensions franco-allemandes commençaient à diffuser sur la scène publique.

Comme pour le programme SCAF qui, lui aussi, traversa une zone de forte turbulence, il fallut que les ministres français et allemands de la Défense, reprennent en main le sujet en septembre 2023, pour le remettre sur des rails. Quelques semaines plus tard, les deux pays annonçaient l’arrivée de l’Italie dans le programme, et début janvier, l’Armée de Terre et la Bundeswehr, parvenaient enfin à aligner leurs attentes, pour redynamiser le programme.

Un accord équilibré pour le partage industriel entre les industriels

Ne manquait plus, alors, pour le relancer et le sécuriser, qu’un accord concernant le partage industriel. C’est précisément ce à quoi se sont attelés Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, et Boris Pistorius, son homologue allemand.

Lecornu Pistorius MGCS
Sebastien Lecornu et Boris Pistorius à Berlin pour discuter du programme MGCS en juillet 2023

Avec succès ! En effet, dans une conférence de presse donnée à l’issue d’une rencontre entre les deux hommes, ceux-ci ont confirmé qu’un accord avait été trouvé et validé, concernant le partage industriel autour du programme.

Après avoir reconnu que les négociations avaient été difficiles, le ministre allemand a indiqué que l’accord trouvé était équilibré et garantissait une « répartition 50 50 entre les industries des différentes nations » pour ce qui concerne la production industrielle.

Il faudra attendre davantage de détails sur le sujet, notamment pour ce qui concerne la phase de conception et la répartition des différents piliers, et le calendrier, pour savoir comment les questions les plus difficiles ont été arbitrées, en particulier concernant l’armement principal du char, qui cristallisait les tensions entre Rheinmetall et Nexter.

Le Kremlin met la Russie sur le Pied de Guerre face à l’Occident

Ces derniers jours, les déclarations se sont succédé en Russie, pour présenter la trajectoire que Vladimir Poutine entend donner au pays, face à l’Ukraine, et face à l’Europe. Que ce fut, ou non, provoqué par les annonces faites par le Président français, le président russe nouvellement réélu a dorénavant abattu ses cartes, quant à ses ambitions, et aux moyens dont il entend se doter, pour y parvenir.

Ainsi, avec la constitution de deux nouveaux corps armées combinées en zone ouest, face à l’Europe, l’augmentation des moyens industriels pour livrer encore davantage d’armement et de munitions aux forces, ou encore la requalification de l’Opération spéciale militaire en Ukraine, en guerre, ouvrant la voie à une nouvelle mobilisation, tout indique que la Russie est maintenant sur le pied de guerre, visant, au-delà de l’Ukraine, l’Europe elle-même.

La Russie s’apprête à s’engager davantage en Ukraine, et face à l’Europe.

« Nous sommes en guerre. Oui, cela a commencé comme une opération militaire spéciale, mais dès que cette société a été formée là-bas, lorsque l’Occident collectif y est devenu un participant du côté de l’Ukraine, c’est déjà devenu une guerre pour nous. J’en suis convaincu. Et tout le monde devrait comprendre cela, pour sa mobilisation interne « .

Russie Dmitry Peskov
Le porte-parole du Kremlin, Smitry Peskov, a requalifié dans une interview, l’Opération spéciale Militaire en Ukraine, en guerre.

C’est ainsi que s’est exprimé le porte-parole du Kremlin, Dimtry Peskov, interrogé par le site d’information russe Arguments et Faits. Rappelons qu’il y a peu encore, le simple fait de faire référence à l’opération spéciale militaire russe, avec le terme de « guerre », était répréhensible dans le droit russe, et punit d’une peine de prison pouvant atteindre 15 ans, pour les journalistes et personnes publiques.

De fait, ce changement, dans les mots de Peskov, est tout sauf anecdotique. Non seulement désigne-t-il la Guerre en Ukraine, comme une guerre, ce qui ouvre la voie, par exemple, à la mobilisation de réservistes supplémentaires, mais il étend la notion d’ennemie à « l’Occident collectif », c’est-à-dire l’ensemble des pays du bloc occidental apportant une assistance militaire à Kyiv.

Sans entrainer directement l’ouverture des hostilités avec des pays européens, cette déclaration prépare l’opinion russe pour que le Kremlin et son président, nouvellement réélu, accélèrent la transformation du pays, au sein des institutions, tout en faisant porter la responsabilité de cette évolution, au soutien apporté par ces mêmes occidentaux à l’Ukraine.

Vers une transformation rapide et massive des Armées russes pour prendre de vitesse l’OTAN

La déclaration du porte-parole du Kremlin, intervient au lendemain de l’annonce, par Sergueï Choïgou, de la création d’une trentaine de nouvelles unités majeures, 14 divisions et 16 brigades, ainsi que de deux Corps d’armées pour les intégrer, positionnés dans le district militaire Zapad (ouest), ainsi que dans les deux nouveaux districts militaires, celui de Leningrad, et celui de Moscou.

T-80BVM Russie Zapad 2017
T-80BVM et terminator russes durant l’exercice Zapad 2017

Ces deux corps d’armées combinées pourraient permettre aux forces russes de créer un rapport de force insoutenable en Ukraine, mais aussi, de venir menacer directement certains pays occidentaux, comme les Pays Baltes ou la Finlande.

Si la création de ces unités avait été annoncée dès 2021, sa mise en œuvre, sur la seule année 2024, comme annoncé par le ministre de la Défense russe, va nécessiter une augmentation considérable des moyens des forces armées russes.

Ainsi, celles-ci vont devoir augmenter leurs effectifs de 200 000 à 250 000 hommes, ce qui suppose le recrutement, sur 2024, de plus de 350 000 hommes, soit presque 25 % des effectifs militaires russes aujourd’hui, en tenant compte de l’attrition des forces engagées en Ukraine à renouveler.

Ce d’autant que Dmitry Peskov a préparé le terrain à ce sujet, dans cette même intervention, appelant la population à prendre conscience que le territoire russe était dorénavant menacé, faisant référence aux frappes ukrainiennes sur Belgorod de cette semaine.

Bien évidemment, une telle augmentation ne peut être envisagée sans un recours à une nouvelle mobilisation massive de réservistes, d’autant que donner, à l’intervention en Ukraine, le statut de guerre, simplifiera leur déploiement, peut-être aussi celui des conscrits, dans cette zone de combat.

Un effort sans précédent pour l’industrie de défense russe depuis l’effondrement du bloc soviétique

À cet effort pour redimensionner les Armées, s’ajoute un effort tout aussi considérable, de la part de Moscou, pour accroitre la production de son industrie de défense. Il s’agit, pour le Kremlin, de parvenir, simultanément, à remplacer les pertes subies en Ukraine, à accroitre les moyens disponibles sur ce théâtre, et à équiper les 30 unités qui seront créées ou transformées sur l’année.

Uralvagonzavod
Usine Uralvagonzavod

Une grande partie de cet effort a été produit en 2023, avec la transformation et l’extension de cette industrie de défense, ayant engendré le recrutement de près d’un demi-million de salariés supplémentaires depuis le début du conflit. Dans le même temps, une grande partie des dirigeants occidentaux refusait de voir objectivement cette transformation.

Ceci aurait permis de considérablement augmenter les capacités de production de cette industrie, vis-à-vis de son niveau de production avant la guerre. Ainsi, en visite à Nijni-Novgorod, le ministre de la Défense russe a déclaré que les entreprises de defense de cet Oblast, avaient multiplié leurs productions de 2,5 depuis 2021.

Précédemment, il avait été évoqué, par le ministère de la Défense russe, et par le porte-parole du Kremlin, que la production de blindés, de missiles, d’obus et de nombreux autres équipements militaires, par l’industrie russe, avait été multipliée par 3, parfois par 5, sur la même période.

Ainsi, le ministère de la Défense russe avait indiqué que 1 500 chars avaient été livrés par l’industrie russe en 2023. Ce nombre, jugé crédible par les services de renseignement européens, comprend une grande partie de chars anciens rapidement modernisés, issus de réserves qui tendent à s’épuiser à moyen terme.

Uralvagonzavod
Construction de chars neufs en Russie

Toutefois, il ne représente pas le niveau de production atteint par l’industrie de défense russe en fin d’année, donc disponible en 2024, après que les efforts de modernisation ont été produits, mais une progression sur l’ensemble de l’année.

En d’autres termes, si, sur les 1 500 chars annoncés livrés aux armées russes en 2023, seuls 400 ou 500 étaient effectivement des T-90M ou des T-72B3M neufs, la production en 2024 de ce type de blindés, pourrait atteindre 600 ou 700 unités neuves, ce qui demeure considérable, même si le nombre de blindés reconditionnés, venait à diminuer.

Dans le même temps, la production d’avions de combat et de sous-marins ne semblent pas pâtir de la concentration des moyens industriels vers la production d’armement destinés au combat de mêlée, à l’artillerie et aux frappes à longue portée.

La transformation de l’économie russe pour soutenir une guerre de haute intensité de longue durée

Pour financer l’augmentation du format des Armées, d’une part, et la transformation et l’augmentation des capacités industrielles de défense, de l’autre, la Russie consacrera à ses armées, en 2024, plus de 10 % de son PIB, et 40 % de son budget fédéral.

Deux thèses s’opposent, quant à la soutenabilité, dans la durée, de cet effort. Pour les plus optimistes, Moscou a dû profondément piocher dans ses réserves budgétaires depuis le début du conflit, pour soutenir cet effort.

Ainsi, Moscou a été contraint, en 2023, de couvrir un déficit de presque 4,5 trillions de Roubles de déficits, soit 45 Md$, soit presque autant que les 55 Md$ du Fonds de secours alimenté par les recettes énergétiques, disponibles avant-guerre.

char russe detruit en ukraine
Char russe detruit en Ukraine.

Selon cette analyse, donc, la Russie pourrait être, dans un avenir proche, dans l’incapacité de soutenir son effort de défense, une fois ces réserves budgétaires asséchées, l’obligeant ainsi à réduire sensiblement ses investissements dans ce domaine, faute à risquer la banqueroute.

Les plus pessimistes, eux, estiment que les transformations, engagées depuis plusieurs années, de l’économie, auraient permis au pays de rapidement rebondir après les sanctions occidentales, comme le montre la croissance de son PIB en 2023 de 2,3 %.

En outre, le budget fédéral prévisionnel, pour 2024, ne prévoit qu’un déficit limité de 1,5% du PIB du pays, bien loin du seuil des 3 % qui pose un problème à tant de pays européens aujourd’hui, d’autant que le pays est très peu endetté, et qu’il peut se tourner vers les marchés chinois, indiens ou brésiliens des BRICS, pour se refinancer, ainsi que sur l’épargne des russes, notamment des plus riches.

Ce faisant, la Russie présenterait des données macroéconomiques solides, alors même qu’il est déjà pleinement engagé dans un conflit majeur de très haute intensité depuis deux ans. Il pourrait donc soutenir cet effort, contre l’Ukraine, ou contre d’autres, pendant plusieurs années, sans mettre en péril ses équilibres sociaux.

S’il est difficile de trancher entre ces deux hypothèses, sans une étude longue et approfondie de la transformation économique russe, force est de constater que Moscou considère, et agit, comme si cet effort était parfaitement soutenable, tant les transformations économiques et industrielles sont importantes et vont en ce sens.

Des institutions russes renforcées et une opinion publique sous contrôle étroit

Enfin, les récentes élections russes, ont démontré que le Kremlin, épaulé du FSB et des Armées, ont désormais un contrôle presque absolu du pays, et de sa population. Ainsi, en dépit d’évidentes fraudes massives lors de ces élections qui, en l’absence d’opposants, n’en étaient pas, aucun mouvement de contestation significatif n’a émergé dans le pays.

Elections russes
Résultats officiels des élections présidentielles russes

De plus, les annonces qui se multiplient depuis ces élections, ci l’augmentation du format des Armées, là la désignation de Guerre concernant le conflit en Ukraine, et les conséquences que ces annonces engendrent, concernant une très probable nouvelle mobilisation, démontrent la confiance de Vladimir Poutine quant à sa main mise sur l’ensemble des rouages du pays et de ses institutions, plus fortes et centralisées que jamais, sans jamais craindre la contestation.

La période 2027-2030 sera-t-elle celle de tous les dangers en Europe ?

Les projections qu’entrainent les récentes déclarations de l’exécutif russe, ainsi que l’analyse des fondements militaires, industriels, économiques et sociaux, qui les sous-tendent, n’appellent guère à l’optimisme.

En effet, tout indique que les armées russes sont engagées dans une phase de transformation rapide, alors que le pays, lui, se structure pour soutenir économiquement, industriellement, budgétairement et humainement, cette transformation dans la durée.

Il est très probable qu’initialement, au moins jusqu’à l’automne 2024, les moyens seront concentrés vers l’Ukraine, avec pour objectif de créer un rapport de force positif suffisant pour provoquer l’effondrement du dispositif défensif du pays.

Leclerc Armée de terre
Les Européens ont quelques mois pour réagir, pour être au rendez-vous de 2026

Au-delà, et pendant l’année 2025, les armées russes se doteront de capacités supplémentaires de manœuvre, susceptibles de représenter, à partir de mi-2026, une capacité d’intervention contre les pays européens très significatives, de 200 000 à 300 000 hommes, soit autant que le dispositif initialement déployé pour l’offensive en Ukraine. Elle pourrait également représenter une force de relève en Ukraine, si la guerre venait à durer, en particulier si les Européens y déployaient des moyens militaires défensifs.

Enfin, si la guerre en Ukraine venait à prendre fin, avec une victoire russe, selon les ambitions russes, Moscou disposerait, après une à deux années de régénération, d’une capacité de manœuvre de plus de 600 000 hommes, en zone Zapad, représentant une menace considérable contre les européens.

De fait, à partir du milieu de l’année 2026, plus probablement de 2027 et après, les Armées russes disposeront très certainement d’une puissance militaire considérable, conçue pour être en mesure de soutenir un engagement majeur dans la durée. Et ce sont les européens qui sont désignés, sans la moindre ambiguïté désormais, comme l’adversaire de la Russie.

Conclusion

Par ces annonces successives venues de Russie, depuis quelques jours, le Kremlin agit désormais de manière parfaitement claire et visible. Sans le moindre doute, Moscou se prépare, à marche forcée, à un conflit majeur en Europe, d’abord pour vaincre l’Ukraine, puis contre l’OTAN, par l’action militaire directe ou, plus probablement, par la menace, en exhibant un rapport de force trop déséquilibré.

Deux alternatives s’offrent donc aux européens, sachant que 2027 est aussi la date avancée par les analystes américains, concernant le début du pic de tensions avec la Chine dans le Pacifique, obligeant les armées américaines à concentrer leurs moyens sur ce théâtre.

Sommet Européen de Bruxelles
Sommet Européen de Bruxelles

La première serait de renforcer, très rapidement, les armées européennes et ukrainiennes, en libérant les ressources budgétaires nécessaires, et en mobilisant les moyens industriels, économiques et sociétaux, pour transformer rapidement les armées européennes, ce dans tous les domaines, y compris en matière de dissuasion.

Ce faisant, les Européens, ou tout au moins une partie d’entre eux, viseraient alors pleinement le pat stratégique, pour s’engager dans une nouvelle guerre froide, avec les risques et niveaux d’investissements de défense, que ce statut engendre.

La seconde consisterait à rester dans la trajectoire actuelle, en pariant sur l’impossibilité, pour le pouvoir politique russe, de soutenir, dans la durée, un tel effort, en attendant qu’un événement intérieur vienne provoquer l’effondrement du régime. Cette position requiert cependant de s’en remettre pleinement à la dissuasion, qu’elle soit française et britannique ou partagée dans le cadre de l’OTAN.

Quoi qu’il en soit, les dirigeants européens doivent savoir, désormais, qu’ils ne pourront plus plaider la surprise, si la situation venait à encore se détériorer dans les mois et années à venir, et que les européens se retrouvent sans moyens pour la contenir.

La dissuasion française aura-t-elle besoin de plus de sous-marins SNLE 3G ?

Le 20 mars, a eu lieu la cérémonie de la première découpe de tôle du premier nouveau sous-marin SNLE 3G, pièce maîtresse de la dissuasion française, en présence du chef d’état-major de la Marine, l’Amiral Vaujour, du Délégué général de l’Armement, Emmanuel Chiva, et du PdG de Naval Group, Eric Pommellet, sur le site de Naval Group de Cherbourg, qui accueille toute la construction sous-marine française.

Cette cérémonie marque l’entame d’un des plus importants projets industriels français jamais entamé. En effet, la conception et la construction, d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, est fréquemment considérée comme l’un des sujets industriels et technologiques les plus complexes existants, au moins autant que celles d’un lanceur spatial lourd ou d’un porte-avions nucléaire.

Au-delà de cet enjeu technologique, et des investissements colossaux nécessaires pour donner naissance à ces navires et leurs armes stratégiques, ce programme porte également l’avenir de la composante sous-marine de la dissuasion nucléaire française, celle-là même qui porte l’assurance-vie du pays.

Toutefois, de nombreux spécialistes du sujet, remettent en question le format du programme SNLE 3G. En effet, s’il reprend le format à 4 SNLE de la classe Le Triomphant actuellement en service, celui qui précédait pendant la Guerre Froide, était composé de 6 SNLE de la classe Le Redoutable.

Face à la montée des tensions internationales, en particulier avec la Russie, la France va-t-elle pouvoir se satisfaire d’une flotte de seulement 4 SNLE, ou va-t-elle devoir revenir à une flotte à 6 navires, comme dans les années 70 et 80 ?

Les origines du format à 4 SNLE pour la dissuasion française

Initialement, donc, la première flotte de SNLE français, était composée de six navires. Ce format permettait à la Flotte Océanique Stratégique de maintenir en permanence 2 bâtiments à la mer, alors qu’un troisième était en prêt à prendre la mer sous 24 heures, et un quatrième à 30 jours. Le cinquième navire était à l’entrainement, et le sixième en maintenance programmée.

SNLE Le Triomphant
La Marine nationale employait 6 SNLE de la classe Le Retouble dans les années 70, 80 et 90.

Avec en permanence un navire immobilisé, ce format permettait de bâtir la posture de dissuasion française et de seconde frappe, sur une flotte de cinq navires disponibles, dont deux en patrouille.

La conception des SNLE qui devaient prendre le relais des Redoutable, à partir du début des années 90, débuta en 1981. Alors, le format de cette flotte envisagé demeurait inchangé, à six navires. À la suite de l’effondrement du bloc soviétique, ce format fut ramené à quatre navires.

Il s’agissait, alors, d’adapter le format de la dissuasion française à la doctrine de stricte suffisance française, et au passage, d’économiser plusieurs dizaines de milliards de francs. En outre, le ministère de la Défense estimait que ces nouveaux navires étant beaucoup plus discrets que ceux qu’ils remplaceront, et armés de missiles beaucoup plus performants, la réduction du format n’entamerait pas la réalité de la posture de dissuasion française.

À partir de la fin des années 90, la posture de la Force océanique Stratégique, fut ainsi ramenée à un unique SNLE en patrouille, un second navire en alerte à 24 heures, et un troisième pouvant être mis en œuvre à 30 jours. Le quatrième navire, lui, restait en maintenance programmée.

L’évolution de la menace sous-marine russe ces dernières années

Force est de constater que cette posture fut largement satisfaisante pendant les 20 premières années du millénaire. Rappelons qu’en 2008 et 2009, la flotte russe ne parvenait pas à assurer la permanence de la patrouille sous-marine stratégique plus d’un tiers du temps.

Sous-marin Borei-A
La marine russe est engagée dans une modernisation intense de sa flotte sous-marine stratégique comme tactique.

Depuis, cependant, les choses ont considérablement évolué. Comme évoqué dans un précédent article, Moscou concentre, depuis le milieu des années 2010, d’importants moyens pour moderniser sa flotte sous-marine.

Ainsi, depuis 2015, la flotte russe a admis au service 19 nouveaux sous-marins, dont quatre nouveaux SNLE Boreï-A, trois SSGN Iassen-M, un sous-marin nucléaire porte-drone et onze sous-marins conventionnels. La dynamique n’est pas destinée à s’atténuer, puisque plus de 20 nouveaux sous-marins, dont 11 nucléaires, doivent rejoindre le service d’ici à 2030.

Non seulement la Marine russe dispose-t-elle de nombreux nouveaux sous-marins, mais ceux-ci s’avèrent également beaucoup plus modernes, discrets et bien équipés, que les navires qu’ils remplacent.

Quant aux relations entre la France et la Russie, elles sont, de l’avis de nombreux spécialistes, aussi détériorées qu’elles avaient pu l’être lors de la crise des Euromissiles, considérée comme l’une des deux grandes crises, avec celle des missiles de Cuba, de la Guerre Froide.

L’émergence de nouveaux adversaires potentiels concomitants

Non seulement la menace russe, sur la flotte de SNLE, et donc sur la crédibilité de la dissuasion française, est-elle considérablement accrue, et promet de l’être encore davantage dans les années à venir, mais d’autres acteurs internationaux font également évoluer la menace, ou modifient le besoin de réponse de celle-ci.

SNLE Type 09IV
La Chine dispose aujourd’hui de 6 SNLE Type 09IV et 09IVa. Il est probable que cette flotte sera portée à l’avenir à 12 navires, comme les Etats-Unis et la Russie.

Ainsi, la dissuasion chinoise, qu’elle soit sous-marine, mais aussi terrestre et aérienne, évolue très rapidement. Si celle-ci est principalement axée sur le bras de fer qui l’oppose aux États-Unis, elle modifie dans le même temps le besoin de réponse de la dissuasion française, alors que Moscou et Pékin font montre d’une grande convergence de positions et de destins.

La Corée du Nord, elle aussi, a largement fait progresser ses moyens nucléaires. Le pays se serait ainsi doté d’un missile balistique à portée intercontinental, le Hwasong HS-18, susceptible d’atteindre l’Europe à partir de la mer de Corée.

La guerre en Ukraine, et ses effets sur la stabilité mondiale, a redistribué les cartes des alliances internationales, et rapproche certains pays, comme l’Iran, de l’obtention d’armes nucléaires. Le pays dispose lui aussi de missiles balistiques capables d’atteindre l’Europe, comme le Shahab-3 et le Sejjil.

Ces deux pays, ardents soutiens de Moscou en Ukraine, pourraient recevoir un appui technologique russe, pour accroitre les performances de leurs missiles, ainsi que la miniaturisation de leurs têtes nucléaires.

Enfin, la redéfinition rapide de la sécurité mondiale, pourrait amener d’autres pays à s’armer, eux aussi, de capacités nucléaires, en particulier ceux qui s’estiment directement menacés par des pays disposants de ce type d’armes. L’Arabie Saoudite, la Turquie, ou encore la Corée du Sud, ont émis ce type d’ambitions.

L’évolution de la menace technologique sur les SNLE français

Non seulement la menace sur la crédibilité et l’efficacité de la dissuasion française, évolue-t-elle en volume et en origine, mais elle doit également faire face aux évolutions technologiques rapides auxquelles elles doivent se confronter.

Système S-500 Prométeus
Les systèmes de defense antimissibles, comme le S-500 Prometeus russe, reduisent statistiquement l’efficacité globale de la dissuasion française.

Deux domaines en évolution rapide sont concernés. Le premier est celui de la défense anti-missile. La Russie, mais aussi la Chine, et de nombreux autres pays, investissent, en fait, massivement pour se doter de moyens susceptibles de constituer une défense efficace contre les missiles balistiques et leurs véhicules de rentrée atmosphérique.

Pour pallier cette défense, les missiles balistiques, comme le M51 qui arme les SNLE français, emportent simultanément plusieurs véhicules. En outre, des travaux sont engagés pour developper un planeur hypersonique, à l’instar du système Avangard russe, bien plus susceptible de franchir les défenses anti-missiles.

Toutefois, il convient de tenir compte de ce facteur d’attrition des vecteurs, comme c’était le cas lors de la Guerre froide, raison pour laquelle la France disposait alors de 540 têtes nucléaires en 1980, contre autour de 300 seulement, aujourd’hui.

Le second facteur technologique concerne le développement des drones sous-marins. Ces submersibles autonomes, économiques et disposant potentiellement d’une grande endurance, vont très certainement pulluler dans les océans dans les années et décennies à venir.

Ils vont, de fait, accroitre considérablement les risques de détection d’opportunité des sous-marins, et des SNLE en particulier, qu’ils soient français ou non, y compris après qu’ils ont été dilués, une procédure qui permet un navire de commencer sa patrouille avec l’assurance de ne pas être suivi par un submersible adverse.

USV Chine
La multiplication des drones sous-marins va faire peser une menace croissance sur les sous-marins lanceurs d’engins en patrouille.

Cette menace ramènera rapidement le risque de compromission d’un SNLE à des niveaux qui n’existaient plus depuis l’apparition des sous-marins de la classe Le Triomphant, sans que la discrétion accrue des SNLE 3G puisse constituer une réponse suffisante.

Faut-il revenir à une flotte à 6 SNLE ?

Il apparait de ce qui précède, que le contexte global dans lequel la composante sous-marine de la dissuasion française va devoir évoluer dans les décennies à venir, se rapprochera bien davantage de celui rencontré lors de la guerre froide, que durant la période post-guerre froide.

L’augmentation de la flotte de SNLE semble donc s’imposer. En passant de un à deux sous-marins en patrouille, les risques d’avoir l’ensemble de la composante sous-marine de la dissuasion française, simultanément compromis, est, en effet, considérablement diminué.

En outre, avec deux navires à la mer, trois en période de crise, quatre en période de crise intense, le nombre de vecteurs potentiels sera considérablement accru. Ceci permettrait de répondre à l’émergence des systèmes antibalistiques modernes, ainsi qu’à la ventilation potentielle des cibles.

Dissuasion française SNLE classe Le Triomphant
Le SNLE Triomphant doit rester indétectable pour assurer sa mission de dissuasion

Enfin, même si cela n’a pas d’effet sur le plan purement stratégique, une flotte à 6 SNLE permettrait à la France d’apparaitre, aux yeux de ses partenaires européens, comme une alternative crédible à la menace nucléaire russe, même si celle ci-disposera encore de deux fois plus de sous-marins.

Quid des moyens de protection et de destruction de la Marine nationale ?

Si l’augmentation du nombre de SNLE permettra de crédibiliser encore davantage la dissuasion française dans les décennies à venir, le renforcement des capacités de protection, et surtout de chasse au sous-marin, pourrait venir influencer le rapport de force en Europe.

En effet, avec seulement six sous-marins nucléaires d’attaque, une dizaine de frégates et une vingtaine d’appareils de patrouille maritime, la Marine Nationale dispose des moyens juste suffisants pour protéger, simultanément, la procédure de dilution et de retour des SNLE de l’île-longue, dans le Finistère, et l’escorte d’un grand groupe aéronaval ou aéro-amphibie.

En d’autres termes, elle ne dispose pas des moyens suffisants pour aller, elle-même, traquer les SNLE russes, de sorte à faire peser, sur ces navires, la même menace que les SNA et SSGN russes font peser sur les SNLE français en patrouille, en particulier en tentant de les prendre en filature lors de leur phase de dilution.

SNA classe Suffren
Les 6 SNA franaçis ne permettent pas de porter la menace sous les sous-marins stratégiques russes.

De même, la Marine nationale aurait, elle aussi, tout intérêt à se doter de drones de reconnaissance sous-marins, tant pour densifier la protection des sous-marins français, que pour tenter de détecter les navires russes, directement dans leur zone de patrouille.

Conclusion

Alors que le volet industriel du programme SNLE 3G, le contexte international, mais aussi le rapport de force dans le domaine sous-marin avec la Russie, et les évolutions technologiques en cours, invitent les autorités françaises à reconsidérer, rapidement, le format de cette nouvelle flotte, alors que se dessine plusieurs décennies d’intenses tensions, en particulier avec la Russie.

L’augmentation de cette flotte, mais aussi, comme évoqué, de celles des SNA et des drones sous-marins, mobiliserait évidemment d’importants investissements. Elle nécessiterait, aussi, d’augmenter les ressources humaines dédiées à cette mission, ce qui, on le sait, est un défi important.

Pour autant, face à l’évolution prévisible des rapports de forces, En Europe, mais aussi en Asie et au Moyen-Orient, et pour répondre aux légitimes inquiétudes des français face à cette trajectoire anxiogène, le renforcement de la dissuasion française, en particulier de sa composante sous-marine, s’avère très certainement une indispensable nécessité.

L’hélicoptère embarqué d’une frégate française abat un drone Houthis

Depuis plusieurs mois, les frégates françaises escortent les navires civils qui transitent par le golfe d’Aden, le détroit de Bab el-Mandeb et en mer Rouge. La frégate Languedoc d’abord, puis la frégate Alsace qui l’a relevée il y a quelques semaines, ont ainsi abattu plusieurs drones et missiles Houthis, lancés contre elle et contre les navires escortés.

Ces drones ont aussi été parfois interceptés par des avions de combat occidentaux, des F/A-18 E/F Super Hornet américains, des Typhoon britanniques, et des Mirage 2000-5 français.

Toutefois, personne n’était encore parvenue à intercepter et détruire un de ces drones, à partir d’un hélicoptère. C’est déjà chose faite, par un hélicoptère embarqué de la Marine nationale.

Un hélicoptère embarqué français remporte sa première victoire aérienne

L’information a été rendue publique par le commandement européen de l’opération Aspide EUNAVFOR Aspide, sur le réseau Twitter. « Le 20 mars, alors qu’il effectuait une protection rapprochée de @EUNAVFORASPIDES en mer Rouge, l’hélicoptère embarqué d’un destroyer français a abattu un drone Houthis menaçant la navigation commerciale ».

hélicoptère embarqué AS365 Panther Marine nationale
Les hélicoptères AS565 Panther de la Marine Nationale arment les frégates antiaériennes, les frégates légères furtives et les frégates de surveillance.

Bien que sibyllin, ce communiqué donne aussi plus d’informations qu’il n’y parait. Ainsi, le seul navire dans la zone, sous le commandement Aspide, est la frégate de défense antiaérienne Alsace.

Celle-ci met en œuvre un hélicoptère Panther, pour les missions de reconnaissance, de surveillance et de liaison, et non un Caïman marine, spécialisé dans la lutte anti-sous-marin.

En matière d’armement, le Panther dispose d’une mitrailleuse de sabord de 7,62 mm. C’est donc probablement celle-ci qui a été employée pour abattre le drone. Ce qui révèle des talents de pilotage et de tirs remarquables de la part de l’équipage de l’appareil, premier hélicoptère naval embarqué français de l’histoire, à remporter une victoire aérienne.

La menace des missiles et drones Houthis ne faiblit pas

Au-delà de cet épisode, il apparait que les tirs de drones, mais aussi de missiles de croisière et de missiles balistiques, de la part des rebelles Houthis, ne semble pas s’atténuer, en dépit des frappes américaines et britanniques ayant eu lieu il y a quelques semaines.

frégate alsace
La frégate Alsace, entrée en service en novembre 2021, assure l’escorte des navires commerciaux le long des cotes yemenites, dans le cadre de l’opération Aspide.

Il s’agit de munitions de conception, voire de facture iranienne, ne souffrant d’aucune interruption, d’autant que Téhéran n’est plus entravé pour alimenter les rebelles Houthis dans ces domaines.

Économiser les munitions, le mot d’ordre des frégates et destroyers occidentaux

Les interceptions réalisées par les avions de combat, à l’aide de l’artillerie navale, et désormais, à l’aide d’un hélicoptère, donnent également des informations clés, quant à cet engagement.

Comme révélé en Ukraine, il apparait que les drones envoyés par les Houthis, s’avèrent lents et très vulnérables. Sans rien enlever à la performance de l’équipage du Panther de la Marine nationale, il est nécessaire que la cible soit particulièrement lente, et sans évolution, pour qu’elle puisse être possible.

Si les drones sont des cibles faciles, ils ne sont pas sans poser de sérieux problèmes aux marines occidentales qui assurent la protection du trafic commercial. Même s’ils sont lents, s’ils parviennent à ne pas entrer dans le périmètre restreint de protection du canon de 127 ou de 76 mm, ils obligent les frégates et destroyers à employer leurs missiles.

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L'hélicoptère embarqué d'une frégate française abat un drone Houthis 27

Ils tendent donc à épuiser rapidement le nombre de missiles antiaériens à moyenne et longue portée, embarqués à bord des navires, et qui ne peuvent être remplacés à la mer.

Dans le même temps, ces missiles sont indispensables pour intercepter les missiles de croisière antinavires, voire les missiles balistiques, lancés également par Sana contre les navires croisant à proximité, bien plus difficiles à intercepter, et bien plus dangereux pour les navires visés.

Les destroyers et frégates européens, américains ou britanniques, doivent donc faire tout leur possible pour économiser leurs munitions, ce qui conditionne activement leur capacité à rester sur zone, et assurer leur mission.

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’interception réussie, par l’hélicoptère français, du drone Houthis. En procédant ainsi, l’appareil a certainement permis à la frégate Alsace d’économiser un missile Aster, missile qui pourra se relever bien utile dans les semaines à venir.

À voir, désormais, si l’exemple sera reproduit dans les jours et semaines à venir, par le Panther de la frégate Alsace, comme par les autres hélicoptères embarqués des navires européens ?

360 Défense 20/03/24 : Trump, JASSM-R, US Navy, Abrams, KF-21 Boramae

Aujourd’hui, sur 360 Défense

  • L’Allemagne commande 75 missiles de croisière JASSM-ER pour ses futurs F-35A
  • Le KF-21 Boramae sud-coréen effectue son premier ravitaillement en vol
  • Bahreïn va commander 50 chars Abrams M1A2 pour 2,2 Md$
  • L’US Navy propose deux options au Congrès pour ses acquisitions
  • Donald Trump promet de protéger l’Europe, si les européens continuent de payer

Pour en savoir plus

La Marine russe recevra 4 nouveaux sous-marins en 2024, dont 2 à propulsion nucléaire.

Contrairement à la flotte de surface, la flotte sous-marine de la Marine russe, demeure un adversaire de taille, y compris pour la très puissante US Navy, qui lui reconnait un important potentiel opérationnel.

Et pour cause ! Là où la flotte de surface russe peine à moderniser ses unités, y compris les plus significatives comme ses croiseurs et frégates, ainsi que son porte-avions, la flotte sous-marine, elle, a admis au service pas moins de 13 nouveaux navires depuis 2020, dont 8 étaient à propulsion nucléaire.

À titre de comparaison, sur la même période, l’US Navy n’a admis au service que cinq nouveaux sous-marins, des SSN classe Virginia, et la Chine, entre deux et trois à propulsion nucléaire Type 094A, et pas davantage de sous-marins à propulsion conventionnelle Type 039B et C.

On comprend, dès lors, que pour Moscou, le développement de la flotte sous-marine revêt une dimension stratégique, concentrant une majeure partie des efforts budgétaires et industriels du pays dans le domaine naval.

Visiblement, la dynamique est loin de se tarir. En effet, à l’occasion de la journée des sous-mariniers russes, le 18 mars, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a confirmé que la marine admettra au service pas moins de 4 nouveaux sous-marins, dont deux à propulsion nucléaire, durant l’année 2024.

Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins Prince Pozharsk classe Boreï-A

Le premier de ces navires est le sous-marin nucléaire lanceur d’engins Kniaz Pozarskiy, ou Prince Pozharsk. Ce navire sera le cinquième navire de la classe Boreï-A à rejoindre les forces océaniques stratégiques russes depuis le Kniaz Vladimir, en juin 2020.

Marine russe Borei-A
Les SNLE de la classe Boreï-A emportent 16 missiles balsitiques stratégiques Bulava, armés chacun de 6 à 10 MIRV.

Évolution de la classe Boreï, dont trois navires ont rejoint la Marine russe de 2012 à 2014, le Boreï-A est un navire de 170 mètres affichant une jauge de 24 000 tonnes en plongée. Sa mission principale est de transporter et de mettre en œuvre, à la demande du Kremlin, ses 16 missiles balistiques SLBM RSM-56 Bulava d’une portée estimée supérieure à 10 000 km, transportant chacun 6 à 10 MIRV armés d’une charge nucléaire.

Particulièrement discret, les Boreï et Boreï-A portent la capacité de riposte dans la triade nucléaire russe. Ils constituent une avancée majeure vis-à-vis des SSBN classe Delta IV qu’ils remplacent désormais.

Pour rappel, il y a de cela tout juste 20 ans, au début des années 2000, la Marine russe ne parvenait pas à assurer la permanence de la patrouille nucléaire sous-marine. Elle conserve aujourd’hui deux à trois navires en patrouille en permanence.

Lorsque les 12 Boreï et Boreï-A seront en service, en 2031, elle pourra conserver 3 à 4 navires en patrouille, autant que les États-Unis, deux fois plus que la Chine, et trois fois plus que la France et la Grande-Bretagne.

Le sous-marin nucléaire lance-missiles Arkhangelsk classe Iassen-M

La classe Iassen-M est le pendant tactique des Boreï-A en matière de sous-marins à propulsion nucléaire russes. D’une longueur de 130 mètres, ces navires ont un déplacement en plongée supérieur à 13 500 tonnes.

classe Iassen-M
La classe Iassen remplace simultanément des SSGN et des SSN

Chaque sous-marin emporte 32 missiles de croisière, antinavires et de frappe vers la terre, dans autant de silos verticaux. Ce qui leur vaut la classification de sous-marin nucléaire lance-missile, SSGN dans la classification OTAN, et non de sous-marin nucléaire d’attaque, ou SSN, comme le sont les Virginia américains, les Suffren français et les Astute britanniques.

Pour autant, les Iassen-M font de redoutable Hunter-killer, particulièrement performants en matière de chasse aux sous-marins et aux grands navires adverses, comme les porte-avions. Il est reconnu très discret, suffisamment pour franchir la ligne de bouées sonar protégeant les côtes américaines, selon l’US Navy.

Ses silos peuvent accueillir et lancer différents types de missiles, dont le P-800 Onyx antinavire supersonique d’une portée de 600 km, différents types de missiles Kalibr pouvant atteindre des cibles terrestres à plus de 2000 km, et le nouveau missile hypersonique de croisière 3M22 Zircon, donné pour avoir une portée de 1 000 km.

Après la construction du premier Iassen, le Severodvinsk, de 1993 à 2014, celle du second navire de la classe et premier Iassen-M, le Kazan, aura durée deux fois moins de temps, de 2009 à 2021.

Iassen-M Kazan
Le Kazan est le premier navire de type Iassen-M

L’Arkhangelsk, qui entra en service en 2024, et qui sera le quatrième Iassen-M à rejoindre la Marine russe, n’aura pris que 9 ans à construire, entre la pose de la quille en 2015, et son admission au service actif.

Au total, la Marine russe prévoit de recevoir 11 Iassen-M d’ici à 2033. Ces navires vont remplacer les sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Sierra et Akula encore en service, et probablement une partie des Oscar II.

Le sous-marin conventionnel Yakutsk classe Varsavanka

Contrairement aux marines américaines, britanniques et françaises, qui se sont toutes trois tournées exclusivement vers des sous-marins à propulsion nucléaire, la Marine russe met également en œuvre une importante flotte de sous-marins à propulsion classique.

Ceux-ci représentent, aujourd’hui, plus d’un tiers de la flotte sous-marine russe. Elle se compose de dix sous-marins du projet 877, baptisés Kilo par l’OTAN, et de onze navires du projet 636.3, Improved Kilo pour l’OTAN, et Varsavanka par la Marine russe.

Le Yakutsk appartient à cette classe Improved Kilo. Il s’agira du douzième navire de ce type à rejoindre la flotte russe, et de la sixième unité à rejoindre la flotte du Pacifique. Les six premiers, auxquels appartient le Rostov gravement endommagé par une frappe de missiles ukrainiens en septembre 2023, ont, eux, été affectés à la flotte de la mer Noire.

636.3 Improved Kilo Bosphore
La flotte de la mer noire dispose, théroquement, de 6 sous-marins Improved Kilo, mais le Rostov sur le Don a été gravement endommagé par des missiles ukrainiens en 2023.

Long de 74 mètres, ces sous-marins conventionnels sont imposants, avec un déplacement en plongée de 3 100 tonnes. Ils affichent une autonomie de 45 jours à la mer, et de sept jours en plongée à faible vitesse. Leur armement se compose de 18 torpille de 533 mm, et de quatre missiles antinavires ou de croisière Kalibr.

Bien que relativement datés, les Improved Kilo demeurent des navires performants, et discrets, particulièrement bien adaptés pour opérer dans les mers partiellement fermées, comme en Baltique et en mer Noire, ou pour la défense côtière, comme dans le pacifique.

Après les six unités livrées à la flotte de la mer Noire, et les 6 à la flotte du pacifique, l’Amirauté russe prévoit d’acquérir six derniers navires, destinés à la flotte de la Baltique et de la mer du Nord. À ce jour, toutefois, seuls quatre de ces navires ont effectivement été annoncés commandés.

Le sous-marin conventionnel Velikie Luki classe Lada

Le dernier sous-marin qui rejoindra la Marine russe en 2024 est le Velikie Luki. Ce navire appartient à la classe nouvelle classe de sous-marin à propulsion conventionnelle russe Lada.

Censée remplacer les Varsavanka à partir de 2010, La classe Lada devait permettre aux bureaux d’étude Rubin russe, de s’imposer dans les compétitions internationales face aux sous-marins allemands, français et chinois, venus s’imposer, y compris sur certains marchés captifs russes, comme en Inde.

Saint-Pertersbourg sous-marin
Le sous-marin Saint-Péterbourg n’aura servi qu’à peine plus de douze ans. Les Lada suivant ont été entièrement redessinés.

La mise au point de ce navire, et de son système de propulsion anaérobie AIP, a cependant été très laborieuse. La première unité de la classe, le Saint-Pétersbourg, prit 17 ans à construire, contre seulement trois ans pour les Kilo et Improved Kilo au même moment.

En dépit de ce délai, le navire dû encore patienter pendant six ans avant que la Marine russe n’accepte de l’intégrer à la flotte du nord, plus par dépit et sous pression politique, que parce qu’il était parvenu à résoudre ses problèmes. pour parfaire le tableau, l’Amirauté russe a annoncé, en 2023, le retrait du Saint-Pétersbourg, après à peine plus de douze ans de service.

Son successeur, le Kronshtadt, est très différent du premier navire de la classe. Celui-ci a vu sa coque et nombre de ses composants entièrement redessinés et le navire a rejoint la flotte du nord en début d’années 2024, ce qui, d’ailleurs, permit de ferrailler le Saint-Pétersbourg.

Le Velikie Luki, qui doit entrer en service à la fin d’année 2024, est donc la troisième unité de la classe Lada, qui doit compter trois navires de plus, tous destinés à la flotte du nord. Le navire est plus compact que les 636.3, avec une longueur de 72 mètres, et un déplacement, en plongée, de 2 700 tonnes.

Kronshtadt sous-marin
Lancement du Kronshtadt.

En revanche, il est beaucoup plus moderne que ces derniers, bien qu’il soit, toujours, dépourvu d’une propulsion AIP, ou de batteries Lithium-ion, comme les plus modernes des sous-marins conventionnels occidentaux ou chinois.

Surtout, le navire est plus automatisé, ne nécessitant qu’un équipage de 35 personnes, contre 52 pour les Improved Kilo, alors que le navire emporte un armement bien plus conséquent, avec 16 torpilles ou missiles antinavires à changement de milieu, et jusqu’à 10 missiles de croisière Kalibr.

La dynamique de la Marine russe ne s’essouffle pas, avec 6 nouveaux sous-marins de 2025 à 2026.

L’arrivée de ces quatre nouveaux sous-marins, appartenant à quatre classes différentes, en une seule année, au sein de la Marine russe, a de quoi impressionner, pour un pays dont le PIB demeure presque moitié moindre de celui de l’Allemagne.

Ces chiffres n’ont pourtant rien d’extraordinaire. Ainsi, en 2023, la Marine russe avait également reçu quatre nouveaux sous-marins, l’Empereur Alexandre III classe Boreï-A, le Krasnoyarsk classe Iassen-M, le Ozhaysk classe Varsavanka et le Kronshtadt classe Lada. Ils étaient trois en 2022 (Boreï-A, Improved Kilo et Anteï), et quatre en 2021 (Boreï, Improved Kilo et deux Iassen-M).

636.4 Improved Kilo
Construction d’un sous-marin projet 636.3 Improved Kilo

Et les années à venir seront très vraisemblablement de même calibre. Ainsi, de 2025 à 2026, la Marine russe va admettre au service pas moins de cinq nouveaux sous-marins, deux Iassen-M, un Improved Kilo et deux Lada; puis trois en 2027, Iassen, un Improved Kilo et le dernier Lada.

Elle disposera, alors, non seulement d’une des flottes sous-marines les plus puissantes de la planète, mais également une des plus modernes.

Des nouvelles du programme de sous-marin nucléaire lance-missiles classe Arktur de nouvelle génération

Qui plus est, Moscou n’entend pas se reposer une fois la modernisation de sa flotte sous-marine achevée. En effet, les bureaux d’étude Rubin, travaillent déjà à la conception des successeurs des Iassen-M, qui entreront en service lors de la seconde moitié de la décennie.

Initialement baptisée Laïka, il y est désormais fait référence sous le nom de Arktur. Ce navire combinera les fonctions des sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Akula, des sous-marins nucléaires lance-missiles de la classe Iassen-M, et, en partie, des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins Boreï-A.

En effet, sans qu’il soit ouvertement fait référence à un armement nucléaire, le sous-marin disposera de missiles de croisière, mais aussi de missiles balistiques et hypersoniques, pour attaquer des cibles navales ou terrestres.

Projet Aktur Rubin
Maquette du projet Aktur des bureaux d’étude Rubin

Dans une interview donnée à RIA Novosti, igor Vilnit, le PDG de Rubin, a par ailleurs précisé que le niveau acoustique du navire sera encore réduit, « éteint » étant le qualificatif employé, et qu’il mettra également en œuvre des drones sous-marins, offensifs comme défensifs.

Le sous-marin sera aussi plus compact que les Boreï-A, avec une longueur de seulement 134 mètres, un déplacement réduit de 20 %, et un équipage ramené sous la barre des 100 hommes. Pour autant, il n’a pas pour objet de remplacer les Boreï. Ceci sera fait par une autre classe, qui doit entrer en service au-delà de 2037.

Conclusion

On le voit, la Marine russe produit un effort incommensurable, pour rapidement moderniser sa flotte sous-marine. Ceci explique, d’ailleurs, en grande partie le faible taux de renouvellement de sa flotte de surface, en consommant la majorité des ressources budgétaires et humaines.

Il s’agit certainement d’un bon calcul pour Moscou, qui n’a ni les moyens humains, ni financiers, pour faire jeu égal avec Washington ou Pékin dans ce domaine. En revanche, sa maitrise de la guerre sous-marine et de ses technologies, peut lui conférer, pour plusieurs décennies encore, une puissance relative bien supérieure à ce que son économie et ses ressources humaines peuvent produire.

Udaloy class
la flotte de surface de haute mer russe demeure majoritairement équipée de navires datant de l’époque soviétique

Reste que le potentiel opérationnel d’une flotte très majoritairement composée de sous-marins, tout performants qu’ils puissent être, est limité. En effet, si ces navires font de sérieux adversaires contre une flotte, civile ou militaire, ils ont des capacités de projection de puissance limitées dans la durée, et ne peuvent pas, à eux seuls, assurer l’escorte d’une force navale.

De fait, en dehors de ses moyens stratégiques remarquables, faisant jeu égal, dans ce domaine, avec les États-Unis pourtant 15 fois plus riches, la Marine russe demeurera une composante secondaire de la puissance militaire russe, ne pouvant ni déployer de composante aéronavale, ni de véritable force d’assaut à longue distance.

Reste qu’alors que la dissuasion des deux puissances nucléaires européennes repose en grande majorité sur ses propres sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, il conviendra, probablement, d’évaluer à nouveau la pertinence du format à quatre navires, face à une flotte sous-marine modernisée et particulièrement étendue.

360 Defense 19/03/24 : Chinook, Patmar, Marine thaï, Amca et Caesar

Aujourd’hui, sur 360 Défense 

  • La Royal Air Force va commander 14 hélicoptères lourds CH-47F Chinook 
  • L’aéronavale française anticipe la conception de son futur avion de Patmar
  • La Marine thaïlandaise sans solution pour remplacer ses frégates et sous-marins
  • L’Inde valide le développement de son chasseur AMCA de nouvelle génération
  • Le Danemark financera des Caesar supplémentaires pour l’Ukraine

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