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6 Rafale supplémentaires pour la Grèce et des Mirage 2000-5 pour l’Ukraine ?

Dans une interview vidéo donnée au site de défense Kathimerini, le ministre de la Défense grec, Nikos Dendias, a donné des précisions sur l’effort entrepris pour rationaliser et moderniser la flotte de chasse des forces aériennes helléniques.

La flotte de chasse grecque va passer, en effet, de sept modèles d’avions de chasse aujourd’hui, à seulement trois, le F-16V, le F-35A et le Rafale, une fois atteinte la prochaine décennie.

Outre l’acquisition de F-35A une fois le standard Block IV atteint, le ministre a par ailleurs indiqué qu’Athènes entendait acquérir, dans les années à venir, 6 Rafale supplémentaires auprès de la France, pour porter sa flotte à 30 appareils, mais également de vendre, sur le marché de l’occasion, ses F-16 C/D Block 30, et surtout ses très performants Mirage 2000-5, faisant immédiatement lever l’oreille des Ukrainiens et de leurs alliés.

Le besoin impérieux de rationaliser la flotte de chasse grecque

La flotte de chasse des forces aériennes helléniques, se composent, aujourd’hui, de pas moins de 7 différents modèles, pour 230 appareils : F-4S Phantom 2, F-16 Block 30, F-16 Block 50, F-16 Block 52, F-16 Block 70, Mirage 2000-5 et Rafale.

Mirage 2000 grecs
Les forces aériennes grecques ont été les seules en Europe à choisir le Mirage 2000 de Dassault Aviation

Ce patchwork de chasseurs créé de nombreux casse-têtes, qu’il s’agisse d’acquérir les pièces détachées et les munitions indispensables pour chacun d’eux, comme de former et d’entrainer les équipages et personnels de maintenance pour chaque appareil.

À titre de comparaison, les forces aériennes françaises, Armée de l’Air et Aéronavale, alignent autant de chasseurs, mais de seulement 3 modèles : le Mirage 2000D, le Mirage 2000-5F et le Rafale B/C/M. A termes , elles opéreront 225 Rafale, au début de la prochaine décennie.

Cette rationalisation, rendue possible grâce à la polyvalence absolue du Rafale, a permis de remplacer sept modèles (Mirage 2000C/D/N, Jaguar, Mirage F1CR, Super Étendard et F-8 Crusader), et ainsi de considérablement simplifier la gestion des pièces détachées, la maintenance ainsi que la formation des personnels de maintenance.

F-16V, F-35A et Rafale supplémentaires dans les années à venir

Les forces aériennes helléniques, elles aussi, visent à rationaliser leur flotte de chasse, en passant de sept modèles actuellement en service, à seulement 3 : Le F-16V, le F-35A et le Rafale.

La conversion de 84 des 90 F-16 Block 52+ helléniques commandés en 2009, au standard Block 70 Viper, a débuté en 2019, et le premier appareil porté à ce standard par l’avionneur local HAI, a été livré aux forces aériennes helléniques en janvier 2021.

F-35A
La Grèce attendra que le F-35 atteigne le Block IV pour passer commande, afin de de préserver de ses « problèmes de jeunesse »

Le F-16V dispose d’une évolution du turboréacteur F-110 de Pratt&Whitney, ainsi que d’un nouveau radar AN/APG-83 SABR de Northrop-Grumman à antenne électronique active AESA, d’un nouvel ordinateur de mission, et d’une avionique et de systèmes de communication modernisés, comprenant, notamment, une liaison 16 et un viseur à casque.

En juillet 2022, les autorités grecques annoncèrent qu’elles commanderaient, dans les années à venir, une quarantaine de F-35A Lighting II américains, pour remplacer ses F-4S et F-16 Block 30 vieillissants.

Athènes rédigea une demande au Foreign Military Sales pour 20 F-35A, ainsi qu’une option pour 20 appareils supplémentaires. Elle remplaçait une précédente demande pour 18 F-35A et 6 options, rédigée en 2020, mais qui ne donna pas lieu à une cotation officielle du FMS.

Le FMS a répondu, cette fois, à Athènes, simultanément à l’autorisation donnée à la Turquie d’acheter 40 F-16V neufs, et 80 kits de conversion de ses propres F-16 Block 52, vers ce standard. La cotation porte sur les 40 F-35A demandés par Athènes, et atteint 8,6 Md$. Il est toutefois probable que la première commande grecque, qui devrait intervenir dans les mois ou années à venir, ne portera que sur 18 ou 20 appareils, soit une flotte suffisante pour armer un escadron de chasse.

RAfale grec
La Grèce devrait prochainement commander 6 Rafale supplémentaires pour amener sa flotte à 30 appareils, selon le ministre de la défense.

Dans son interview donnée à Kathimerini, le ministre de la Défense grec, Nikos Dendias, précise toutefois qu’Athènes attendra la version Block IV du F-35, pour passer commande, estimant que le F-35 aura, alors, effacé ses nombreux problèmes de jeunesse.

En septembre 2020, Paris et Athènes annoncèrent un accord de défense étendu, portant notamment sur la livraison de 3 frégates FDI et de 18 Rafale, dont 12 d’occasion prélevés sur l’inventaire de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Moins d’un an plus tard, en avril 2021, la Grèce annonça la commande de six appareils supplémentaires.

Une grande partie des 24 Rafale helléniques a été livrée à ce jour. L’appareil français porte désormais une part significative de la puissance aérienne du pays, spécialement en mer Égée, face à la Turquie, même si les tensions entre les deux pays se sont apaisées, ces derniers mois.

Nikos Dendias a indiqué, dans cette même interview, qu’Athènes entendait désormais commander à nouveau 6 Rafale supplémentaires, pour amener la flotte hellénique à 30 appareils, soit deux escadrons de 15 chasseurs. Ce faisant, les forces aériennes helléniques préserveront le rapport 80% /20 % entre avions de chasse américains et français, qui est le sien aujourd’hui avec les F-4, F-16 et Mirage 2000.

Les Mirage 2000-5 et F-16 Block 30 grecs pour l’Ukraine ?

Le ministre grec de la Défense, a indiqué, dans cette interview, qu’il entendait, désormais, vendre les appareils destinés à quitter l’inventaire des forces aériennes helléniques, sur le marché de l’occasion.

Mirage 2000-5 grec
Les 2000-5 grecs sont proches des -9 émirati, emportant notamment le radar RDY-2 et le missile air-air MICA IR/EM.

Plus spécifiquement, Athènes entend vendre plusieurs dizaines de F-16 C/D Block 30, et surtout la vingtaine de Mirage 2000-5 qui assurent, aujourd’hui encore, la défense du ciel grec.

À l’instar des Mirage 2000-9 des Émirats arabes unis, les 2000-5 grecs emporte le radar RDY-2, ainsi que les très performants missiles Mica IR/EM, SCALP-ER et AM-39 Exocet, en faisant un appareil de combat aussi performant que polyvalent.

Bien évidemment, l’hypothèse ukrainienne est privilégiée, qu’il s’agisse des F-16 Block 30, mais aussi des Mirage 2000-5 grecs, d’autant qu’une telle flotte constituerait un volume suffisant pour éventuellement être abondée, plus tard, par les -5F de l’Armée de l’Air et de l’Espace, qui seront remplacés par des Rafale sur la seconde moitié de la décennie, ainsi que pour les 6 Mirage 2000D modernisés, mais disparus de l’inventaire de l’AAE, dans la LPM 2024-2030.

Reste qu’Athènes n’aura certainement pas la possibilité de se séparer de ses chasseurs, même dans un effort de rationalisation, sans compensation budgétaire, pour lui permettre d’acquérir les Rafale et F-35A restant à financer.

Comme pour les Caesar français ou les Zuzana slovaques, il est possible qu’une coalition de pays occidentaux se forme autour d’Athènes, pour financer la transaction, et transférer vers Kyiv, ces appareils qui pèseraient certainement sur l’équilibre des forces en Ukraine.

Face aux pertes sévères en Ukraine, l’US Army achète l’Iron Fist israélien pour protéger le M2 Bradley

Pour équiper une partie de sa flotte de véhicules de combat d’infanterie M2 Bradley, l’US Army avait annoncé l’acquisition de l’autre système APS israélien, l’Iron Fist, en marge de l’acquisition de l’APS Hard-kill Trophy pour protéger une partie de la flotte de chars de combat M1A2 Abrams.

Toutefois, les contraintes budgétaires liées à ce programme, l’empêchèrent d’acquérir les APS Iron Fist, le programme étant, depuis, régulièrement repoussé, pour les mêmes raisons.

Sont-ce les pertes de Bradley ukrainiens qui ont influencé l’état-major de l’US Army ? Quoi qu’il en soit, le Major-général Glenn Dean, directeur du programme du service pour les systèmes de combat au sol, a annoncé que l’US Army était parvenue à préserver certaines capacités budgétaires, qui lui ont permis d’acquérir « plusieurs douzaines » de ces systèmes Iron Fist israéliens, pour les installer sur une petite flotte de M2 Bradley.

La vulnérabilité des blindés en Ukraine inquiète les planificateurs de l’US Army

Si l’attention médiatique est souvent donnée sur les pertes russes en Ukraine, en particulier concernant ses chars et blindés, les pertes ukrainiennes, elles-aussi, sont très importantes, y compris concernant les équipements occidentaux fournis aux armées ukrainiennes.

M2 Bradley et Leopard 2A6 endommagés en Ukraine.
Le site Oryx indique que 72 M2 Bradley ukrainiens ont été detruits, endommagés ou capturés, depuis le debut du conflit.

Ainsi, 72 des M2 Bradley fournis par les États-Unis à l’Ukraine, ont été rapportés détruits, endommagés ou capturés depuis le début du conflit, aux côtés de plusieurs M1A1 Abrams, arrivés pourtant récemment, et en petit nombre. Plus globalement, une grande partie des équipements de première ligne fournis par les occidentaux, ont été détruits ou endommagés, parmi lesquels 36 Leopard 2 A4/A6 et Stridsvagn 122, 11 Marder 1A3 et 5 CV9040C.

Le plus souvent, ces blindés ont été touchés par des mines, ou frappés par des drones ou des missiles ou roquettes antichars. C’est précisément contre ce type de menace que les APS Trophy et Iron Fist, doivent intervenir, pour accroitre la survivabilité des blindés, et de leurs équipages, au combat.

Les APS Hard-kill et Soft-kill pour redonner de la survivabilité aux blindés

Ainsi, l’US Army avait pu déterminer, lors des essais, que l’Iron Fist installé sur un M2 Bradley, était en mesure d’intercepter et détruire une roquette ou un missile antichar, dans 70 % des cas, soit plus de deux fois sur trois.

M1A2 Abrams avec Trophy
L’US Army dispose d’environ 400 MBT Abrams M1A2, soit une Brigade de combat blindée, protégés par l’APS Trophy de Rafael.

Fondamentalement, cela multiplie par trois, la survivabilité de ce blindé au combat, ainsi que de son équipage et des groupes d’infanteries transportés, même si, dans ce domaine, il est apparu, en Ukraine, que les blindés européens et américains, s’avéraient bien plus protecteur que les modèles russes, même frappé par un missile.

Si cette faible survivabilité des blindés sur la ligne d’engagement, explique les pertes élevées rapportées tant par les russes que les ukrainiens, en matériels comme en hommes, elle est également à l’origine de la stagnation du front, les forces blindées n’étant plus en mesure de percer les dispositifs défensifs adverses, couverts par une puissante artillerie et protégés par d’immenses champs de mines.

Plusieurs douzaines d’Iron Fist israéliens pour les M2 Bradley de l’US Army, dans l’attente de l’OMFV

Pour l’US Army, il était donc indispensable, pour espérer compenser un éventuel désavantage numérique, de doter une partie de ses blindés, la plus exposée, de ce type de protection supplémentaire.

Initialement, elle devait commander, en 2020, 400 systèmes Trophy pour ses M1A2 Abrams, et 150 Iron Fist, pour les Bradley. Toutefois, rapidement, le prix évoluèrent à la hausse, en particulier pour ce qui concerne l’installation des systèmes Trophy sur les chars américains.

Ainsi, seuls 336 systèmes avaient été installés sur les chars américains fin 2021, pour 560 m$, support compris. Une seconde commande de 280 m$ a été annoncée en juillet 2022, sans préciser le nombre de systèmes concernés.

OMFV Lynx Rheinmetall
Le programme OMFV doit permettre (enfin) à l’US Army de remplacer ses M2 Bradley, en service depuis els années 80.

Cette hausse des couts d’installation, se fit au détriment de la commande des APS Iron Fist devant protéger les Bradley, d’autant que ces blindés devaient être remplacés, à partir de 2027, par les nouveaux véhicules de combat d’infanterie issus de la compétition Optionnaly Manned Fighting Vehicle, nativement équipés d’un APS.

Le programme OMFV ayant connu de nombreux soubresauts ces dernières années, et un report de plusieurs années, l’acquisition de systèmes Iron Fist revint sur le haut de To Do List de l’US Army, ce d’autant que les Bradley ont connu d’importantes pertes au combat, en Ukraine.

Le nombre de systèmes concernés, le calendrier et l’enveloppe du programme, n’ont pas été révélés par le Major-général Glenn Dean, qui s’est contenté d’indiquer que ce nombre sera plus proche de « quelques douzaines », que de l’équipement de la flotte entière.

Là encore, cela n’a rien d’étonnant, étant donné le prix élevé de l’installation du système, représentant presque autant que le prix d’achat du Bradley lui-même, et l’espoir de voir le nouveau programme OMFV aller, cette fois, à son terme. Le remplacement des M2 pourra bien débuter d’ici à la fin de la décennie, cette fois-ci.

Après l’échec du Strikeshield de Rheinmetall, toujours pas l’APS Hard-Kill pour le Stryker

Si l’US Army a trouvé des solutions sur étagère pour renforcer la protection de ses chars Abrams, et de ses Bradley, deux blindés chenillés et datés, elle n’y est toujours pas parvenue concernant la protection de son véhicule de transport de troupes 8×8 Stryker.

US Army Stryker protégé par un Strikeshield lors des essais
L’APs Strykeshield de Rhienmetall n’a pas convaincu l’US Army pour proteger ses Stryker.

Ce blindé de 19 tonnes au combat, est entré en service à partir de 2002 pour remplacer les M113 américains. Ils sont employés pour le transport de troupes sous blindage, mais également l’appui feu de l’infanterie, le commandement, l’évacuation sanitaire ou encore la guerre électronique et la reconnaissance d’artillerie.

De fait, le Stryker est, lui aussi, employé en première ligne, qui plus est en grand nombre, avec 4 900 exemplaires livrés aux forces américaines. En revanche, pour préserver sa mobilité, le véhicule est faiblement blindé.

L’US Army a tenté, à plusieurs reprises, d’y installer un APS Hard-kill, notamment les versions allégées du Trophy et de l’Iron Fist israélien, et plus récemment le Strikeshield de Rheinmetall, sans parvenir à trouver la formule adaptée. Cela constitue, naturellement, un sujet d’inquiétude pour l’état-major américain, le blindé étant appelé à constituer la colonne vertébrale des unités d’infanterie américaines, pendant encore de nombreuses années.

Le budget 2025 du Pentagone anticipe une hausse prochaine des tensions dans le Pacifique

La préparation du budget 2025 du Pentagone est, comme chaque année, un excellent support de débats et d’articles de presse. Et pour cause ! Celui-ci se construit en 4 étapes successives, toutes plus ou moins publiques, s’étalant sur plusieurs mois.

D’abord, les Armées et le Pentagone, produisent un budget prévisionnel, cadré par les objectifs budgétaires de l’exécutif. Puis, l’exécutif arbitre et valide ce budget, qui passe ensuite au Congrès. Celui-ci doit alors, point par point, le valider, et souvent l’amender.

Une fois le budget principal validé par le Congrès, la messe n’est cependant pas dite. En effet, arrivent alors les listes de requêtes non financées des Armées. Il s’agit des programmes non intégrés dans les arbitrages de l’exécutif, mais jugés critiques par les Armées.

Cet exercice permet notamment aux Armées de récupérer des crédits supplémentaires, alloués par le Congrès, pour financer leurs programmes, mais aussi, aux industriels de faire pression pour obtenir des commandes supplémentaires. Boeing est parvenu, de cette manière, à préserver sa ligne de production de Saint-Louis jusqu’en 2028, alors que l’US Navy souhaitait arrêter les commandes de l’appareil depuis plusieurs années.

Un budget 2025 du Pentagone classique en apparence, mais des programmes non financés très différents

La préparation du budget 2025, n’avait rien de particulièrement spectaculaire jusqu’à présent. Certes, le budget restera très élevé, 850 Md$, plus que le PIB de la Pologne ou que la Suède. Évidemment, il a porté quelques surprises, comme la commande d’un unique sous-marin de la classe Virginia, ou la baisse des commandes de F-35.

Budget 2025 du Pentagone Congrès
Aux Etats-Unis, c’est le Congrès, et non l’executif, qui a le dernier mot sur le budget du Pentagone.

Toutefois, ce n’est pas là qu’il faut chercher une évolution de posture du Pentagone et des Armées pour les années à venir, mais dans la liste des programmes non financés. Loin de demander, comme il est d’usage, des crédits pour davantage d’équipements majeurs, avions de combat, destroyers, blindés et missiles, l’essentiel de ces demandes porte, cette année, sur le renforcement de la résilience au combat des armées américaines.

Ainsi, l’US Air Force demande 3,5 Md$ supplémentaires, pour faire des stocks de pièces détachées, ainsi que pour durcir et étendre les infrastructures, en particulier dans le Pacifique, ainsi que pour financer des manœuvres supplémentaires sur ce même théâtre.

L’US Navy, elle aussi, n’a inclus aucun navire ni aucun aéronef supplémentaires dans cette liste. Elle demande en revanche 2,2 Md$ supplémentaires, pour aider à transformer les chantiers navals US, ainsi que pour renforcer et durcir les infrastructures de la base de Guam.

L’US Army a produit des requêtes limitées à la défense anti-drones, alors que le Corps de Marines, réclame pour sa part 2,4 Md$ supplémentaires, bien plus conventionnels, pour l’achat de CH-53 ou des véhicules de combat amphibies ACV-30, bien que l’essentiel de ses demandes portes sur la construction d’infrastructures supplémentaires, en particulier dans le Pacifique.

base navale de Guam
La défense de la base navale de Guam, fait l’objet d’investissements croissants depuis plusieurs années, de la part de l’US navy comme de l’US marines Corps.

Enfin, le Commandement spatial SPACECOM et la nouvelle Space Force, demandent respectivement 1,2 et 1,15 Md$ supplémentaires, pour le financement de programmes confidentiels.

Le théâtre Pacifique et la Chine demeurent les priorités du Pentagone

Il apparait, de l’étude de ce budget, que l’essentiel de l’attention des Armées américaines, se porte aujourd’hui, sans surprise, sur le théâtre Indo-pacifique. Plus surprenant, en revanche, est la fébrilité apparente dans le renforcement rapide des capacités de résilience et d’engagement, orientées spécifiquement vers le théâtre pacifique.

La base de Guam semble, à ce titre, concentrer une attention toute particulière, dans la planification américaine. Située dans la chaine des Mariannes, elle se trouve à 2700 km au sud-ouest de l’ile de Taïwan, épicentre de la confrontation anticipée sino-américaine.

Elle représente, à ce titre, un verrou stratégique pour les États-Unis et leurs Armées, afin de contenir la Chine et la Marine chinoise, dans la partie nord-ouest du Pacifique, mais aussi pour mener des actions aériennes et navales en soutien à Taïwan, le cas échéant.

base aérienne de Guam
La base aérienne de Guam permet aux bombardiers américains d’atteindre la Chine ou Taiwan avec un préavis court. Elle est toutefois exposée aux frappes préventives chinoises.

Celle-ci a déjà vu, ces dernières années, ses défenses antiaériennes et antimissiles, largement renforcées, pour répondre à une éventuelle attaque préventive chinoise. Toutefois, en 2025, la préparation opérationnelle de la base de Guam franchira un nouveau palier, avec de nouvelles infrastructures renforcées permettant d’accueillir et de protéger des forces plus élevées.

À l’inverse, rien n’indique, dans la construction du budget 2025 du Pentagone, que les armées américaines anticiperaient spécifiquement des déploiements supplémentaires en Europe, en dépit du regain de tensions récent sur le vieux continent.

De toute évidence, le Pentagone concentre pleinement son attention sur le Pacifique, et entend déléguer, dans un avenir désormais proche, l’endiguement de la menace russe, aux européens, même si des forces US demeureront stationnées en Europe.

Le spectre d’une baisse des crédits de défense américains, annoncée par l’équipe de Donald Trump inquiète le Pentagone.

Les listes des programmes non financés, publiées par les Armées US, montrent également un certain empressement, pour se mettre en capacité de soutenir un engagement de haute intensité, en particulier face à la Chine, sur un calendrier relativement resserré.

Donald Trump Flynn
Donald Trump a menacé, a plusieurs reprises, de reduire les dépenses militaiires américaines, s’il était élu.

La montée en puissance de l’APL et de la Marine chinoise, ainsi que le durcissement du ton de Pékin concernant Taïwan, mais aussi les Philippines et le Japon, y sont évidemment pour beaucoup.

Cependant, une autre facteur est, très probablement, à l’œuvre dans ce dossier. En effet, alors que les chances de victoire de Donald Trump lors des prochaines élections présidentielles américaines, sont élevées, celui-ci a, à plusieurs reprises, menacé de réduire considérablement les dépenses militaires américaines, s’il remportait la victoire, ainsi que de réduire le périmètre d’intervention des États-Unis sur la scène internationale, en Europe en particulier.

Par ce budget, qui fait la part belle aux munitions, pièces de rechange et infrastructures, davantage que sur la commande de nouveaux équipements majeurs, les Armées US constituent aussi, vraisemblablement, un tampon opérationnel suffisant pour absorber une dégradation rapide des tensions internationales, permettant à l’exécutif de réagir pour prendre le relais, budgétairement et industriellement parlant.

Conclusion

On le voit, si le budget 2025 du Pentagone, en cours de négociation, s’avère dans la continuité des précédents, la liste des programmes non financés, transmise par les armées au Congrès, révèle une accélération de la préparation opérationnelle des Armées US, axée spécifiquement sur le théâtre pacifique.

US Army europe
En dépit d’une hausse sensible des tensions, le budget 2025 du Pnetagone ne montre aucune renfrocement de la posture US en Europe.

Plus que jamais, l’échéance de 2027, évoquée initialement, il y a trois ans, par l’amiral Phil Davidson, lorsqu’il était à la tête du Commandement pacifique US, semble d’actualité, en tout cas dans l’esprit des planificateurs militaires américains.

Cette échéance proche, et la primauté donnée par le Pentagone, comme par l’exécutif américain, à une éventuellement confrontation sino-américaine, doit évidemment amener les européens à réviser leurs propres postures de défense, alors que, dans le même temps, tout indique que la Russie, ainsi que l’Iran, sont engagés dans un renforcement massif de leurs capacités militaires.

L’avion de combat KF-21 Boramae sud-coréen a-t-il fait son premier faux-pas ?

Depuis son lancement, le programme d’avion de combat de génération intermédiaire sud-coréen KFX, et son avion de combat KF-21 Boramae, a suscité l’admiration auprès de nombreux spécialistes.

Premier avion de combat développé par Séoul, celui-ci a, en effet, été mené tambours battants depuis son lancement, tant dans la phase de conception, que la fabrication des prototypes. Il en fut de même, concernant la campagne d’essais en vol de l’appareil.

Un programme exemplaire en apparence, mené tambours battants par la Corée du Sud

Ainsi, moins d’un an après le premier vol du prototype 01, en juillet 2022, l’appareil était crédité d’une première qualification opérationnelle, et commandé à 120 exemplaires par les forces aériennes sud-coréennes, avec des livraisons débutant en 2025, pour une entrée en service dès 2026.

KF-21 Boramae prototype
KAI, l’industriel aux manettes concernant le Boramae, a construit 6 prototypes, dont deux biplaces, en une seule année.

Rien ne semblait pouvoir arrêter le chasseur bimoteur sud-coréen, et son programme d’une rigueur toute sud-coréenne. Rien ? Sauf, peut-être, la réalité. En effet, l’agence de l’équipement de défense sud-coréenne, la DAPA, vient d’annoncer que le premier lot de KF-21 commandés par les forces aériennes du pays, en 2024, passerait des 40 appareils prévus, à seulement 20 unités.

Selon le communiqué succinct publié à ce sujet, il s’agirait, par ce report temporaire, compensé dès l’année suivante par une commande supplémentaire des 20 appareils manquants, de permettre de réaliser des tests supplémentaires portant sur le radar, mais aussi sur l’intégration des missiles air-air sur l’appareil. Et de préciser que des vérifications de faisabilité devaient être menées.

Le nombre d’appareils du premier lot de KF-21 Boramae divisé par deux par la DAPA

Qu’un programme aussi ambitieux rencontre quelques retards, n’est en rien surprenant. Rappelons-nous ainsi que le programme F-35, pour sa part, a cumulé plus de cinq ans de retard sur son programme initial, pour la livraison des premiers appareils aux forces aériennes, et que des retards supplémentaires s’accumulent, pour ce qui concerne la pleine capacité opérationnelle, liée à l’arrivée du standard Block IV.

KF 21 Boramae premier vol
Le premier vol du KF-21 Boramae est intervenu en juillet 2022.

Toutefois, que le terme de faisabilité, intervienne si tard dans le programme, pour justifier d’une baisse de commande, et pas simplement, d’un report de livraison, peut interpeler. En effet, celui-ci suppose que certaines capacités attendues concernant l’avion, et son système de combat, pourraient rencontrer certaines difficultés complexes, pouvant s’opposer à leur implémentation.

Cette annonce va pleinement à l’encontre de la communication sud-coréenne sur ce dossier depuis son lancement, présenté comme un exemple de programme maitrisé et mené avec efficacité. Elle fait, à ce titre, évoluer le regard que l’on pouvait porter sur certaines informations le concernant.

L’étrange comportement de l’Indonésie dans le programme KFX

Ainsi, à son lancement, le programme KFX a été conçu comme une collaboration entre Séoul et Jakarta, l’Indonésie devant supporter, comme ce fut le cas pour l’avion d’entrainement et d’attaque T-50, 20 % des investissements, et produire 20 % des travaux de conception et de fabrication.

T-50 Mighty Dragon
L’avion d’entrainement et d’attaque T-50 Mighty Dragon a été co-developpé par la Corée du Sud et l’Indonésie.

Or, depuis son lancement, Jakarta, sans jamais quitter officiellement le programme, n’a jamais payé sa participation à Séoul, sa dette s’élevant, désormais, à plus de 800 m$. Cette posture est d’autant plus surprenante que, dans le même temps, l’Indonésie a commandé, et payé, 42 avions de combat Rafale français.

Les autorités indonésiennes ont toujours affirmé qu’elles restaient engagées dans le programme KF-21 Boramae, sans pour autant y participer industriellement, et encore moins en payant sa part. Maintenant que l’étude et la conception sont entièrement réalisées, les chances que Jakarta embarquent à nouveau dans le programme, sont des plus réduites.

Pas de volontaires pour se substituer à Jakarta, en dépit des atours du KF-21 Boramae

Conscient de cette situation, et pour trouver le Milliard de $ manquant dans le plan de financement du programme, Séoul aurait entamé des discussions avec d’autres partenaires potentiels. La Pologne et les EAU ont été évoqués comme des partenaires potentiels.

Pourtant, en dépit d’une promesse opérationnelle et industrielle attractive, ni l’un ni l’autre n’ont saisi la main tendue par Séoul. Abu Dhabi s’est simplement contenté de démentir, alors que le gouvernement polonais d’A.Duda, avait annoncé qu’il pourrait le rejoindre, une fois la phase de conception et d’essais terminée. Maintenant que le pro-européen Donald Tusk a pris les rênes du pays, il est peu probable que Varsovie se tourne à nouveau vers Séoul dans ce dossier.

version navale KF-21N
KAI étudeirait la possibiltié d’une version navale du KF-21, designée KF-21N.

On peut s’interroger, maintenant que le KF-21 Boramae a rencontré un premier obstacle sur la scène publique, ce qui a retenu ces deux pays, par ailleurs très volontaires pour ce qui concerne le développement de leur base industrielle et technologique défense respective, de profiter de l’espace libéré par Jakarta, pour s’engouffrer dans l’opportunité ?

Reste à voir, à présent, la réelle portée de cette première tâche sur un dossier, jusqu’à présent parfait en apparence, pour l’avion de combat sud-coréen. Il se peut tout à fait, qu’il ne s’agisse que d’un retard mineur, comme la plupart des programmes ambitieux d’armement en connaissent. Il se peut, également, que ce report soit, en fait, l’arbre qui cacherait une forêt de difficultés, plus ou moins masquées par la communication sud-coréenne, et qu’il est désormais plus difficile de camoufler.

Le RETEX mer Rouge plaide pour un renforcement immédiat de la défense antiaérienne des frégates françaises

De nombreux spécialistes navals ont, à plusieurs reprises, appelé à renforcer les défenses anti-aériennes des frégates françaises de premier rang, et plus généralement, des navires de la Marine nationale.

En effet, traditionnellement, la Marine française a privilégié le nombre de coques à leur armement, dans un contexte, il est vrai, de tensions géopolitiques moindres, et de vaches maigres budgétaires.

Toutefois, la dernière intervention du ministre des Armées, le 26 mars, faisant notamment référence à la consommation de missiles Aster par les frégates déployées en mer Rouge, trace une perspective difficile à ignorer, tant par le ministère que par l’Amirauté.

22 missiles Aster tirés en 4 mois par deux frégates françaises

Sébastien Lecornu a indiqué, lors de ce point presse, que les deux frégates, déployées en mer Rouge à partir de la fin du mois de novembre 2024, d’abord la frégate FREMM Languedoc de la classe Aquitaine, jusqu’à la fin du mois de janvier, et relevée depuis, par la Frégate de FREMM de défense Aérienne Alsace, de la classe éponyme, ont lancé, sur cette durée, 22 missiles Aster contre les drones et missiles Houthis, pour se protéger, et protéger les navires commerciaux escortés.

Fregates françaises classe f Alsace
L’Alsace est la premirèe frégate française a avoir réalisée une interception de missiles balsitiques au combat.

Or, ce nombre représente presque la moitié du nombre total de missiles antiaériens Aster 15 et 30 à bord de ces deux frégates, 16 pour la Languedoc, 32 pour l’Alsace, alors que l’on peut difficilement avancer que le théâtre sur lequel elles ont évolué, était particulièrement intense (toutes proportions gardées), ni que les missiles et drones lancés par les Houthis, nécessitaient une consommation supérieure de munitions.

Ce Retex montre également que, dorénavant, même les théâtres de moindre intensité technologique, les Houthis n’étant pas des réputés pour leurs armes de haute technologie, en dépit du soutien iranien, exposent les navires français à des menaces aériennes et balistiques majeures, nécessitant de disposer de capacités renforcées dans ce domaine.

Le format insuffisant à 16 Aster des frégates de la classe Aquitaine et Amiral Ronarc’h de la Marine nationale

Ce besoin de renforcement des défenses antiaériennes concerne, plus spécifiquement, deux classes de frégates représentant l’essentiel de la flotte de surface de premier rang, de la Marine nationale, les frégates FREMM de la classe Aquitaine avec six navires, et les cinq futures frégates FDI de la classe Amiral Ronarc’h.

En effet, l’une comme l’autre ne disposent, dans ce domaine, que de deux systèmes de lancement vertical SYLVER 50, pouvant accueillir, au total, 16 missiles anti-aériens Aster 15, d’une portée de 50 km, et Aster 30, pouvant dépasser les 100 km et disposant de capacités antibalistiques basses couches, ainsi que d’un canon de 76 mm.

canon 76mm FREMM
Le canon de 76mm de l’Alsace s’est révélé efficace contre les drones Houthis.

L’engagement des navires français en mer Rouge montre que sur un théâtre de moyenne intensité, une frégate de premier rang doit être en mesure de lancer au moins 11 missiles antiaériens sur un mois, y compris en employant, lorsque c’est possible, son canon de 76 mm, voire son hélicoptère embarqué, pour intercepter des drones d’attaque.

Bien évidemment, la marge restante, soit 5 missiles, semble bien trop faible pour un navire de plus de 700 m€, transportant une centaine de marins français, et devant escorter des navires commerciaux.

Les options pour le renforcement rapide des capacités antiaériennes et antimissiles des frégates françaises

Pour répondre à ce défi que l’on peut qualifier d’immédiat, plusieurs options sont accessibles pour la Marine nationale, et le ministère des Armées, avec une empreinte budgétaire, somme toute, limitée.

L’ajout de deux VLS Sylver 50 pour les FDI de la classe Amiral Ronarc’h

La première de ces alternatives serait d’installer, dès à présent, deux VLS SYLVER 50 supplémentaires sur les 5 FDI de la classe Amiral Ronarc’h, comme c’est le cas, par ailleurs, des trois frégates FDI destinées à la Marine hellénique.

FDI grecques
Les FDi grecques emporteront 4 Sylver 50 pour 32 missiles antiaériens.

Ces frégates disposent, en effet, des espaces réservés pour accueillir ces VLS, qui doubleraient le nombre de missiles Aster 15 et 30 embarqués, soit 32 missiles, à l’identique des frégates de défense antiaérienne de la classe Alsace.

Les navires étant déjà équipés du très performant radar AESA Sea Fire 500 de Thales, elles deviendraient de très efficaces escorteurs antiaériens et antibalistiques, en plus d’être le très performant escorteur anti-sous-marins qu’elles promettent d’être.

À noter que les deux frégates de défense aériennes de la classe Horizon, les frégates Forbin et Chevalier Paul, disposent, elles aussi, de deux emplacements Sylver réservés, leur permettant, au besoin, de passer à 8 Sylver, soit 64 missiles Aster. En revanche, l’ajout de Sylver sur les FREMM des classes Aquitaine et Alsace, ne peut être envisagé sans une transformation majeure, donc longue et onéreuse, du navire.

Le système CIWS RapidFire pour les FREMM, Horizon et FDI

La seconde alternative, concernant l’ensemble de la flotte de frégates de premier rang de la Marine nationale, consisterait en l’installation d’un système de défense anti-aérienne et anti-missile rapprochée, ou CIWS, sur chaque navire.

Rapid Fire nexter Thales
Le Rapid Fire de Nexter et Thales, procure un dépense rapprochée efficace contre les missiles de croisière et les drones.

Dans ce domaine, Thales et Nexter ont codévelopé une solution très prometteuse, le système Rapid Fire, une tourelle automatique armée du canon 40 CTC à munitions télescopées, offrant une protection efficaces dans un rayon de 4 km au navire contre les aéronefs, missiles et les drones.

Ce système conférerait aux frégates françaises une sécurité ultime, si elles devaient épuiser leurs missiles stockés, pour contrer à une menace, au moins le temps d’évacuer la zone d’engagement.

Cette tourelle arme déjà le nouveau bâtiment de ravitaillement de la Flotte Jacques Chevallier, et équipera à l’avenir, outre ses deux sisterships, les patrouilleurs hauturiers et les six grands bâtiments de guerre des mines de la Marine nationale.

Relativement légère, elle pourrait trouver sa place sur le roof arrière des FDI, en lieu et place du RAM installé sur les frégates helléniques, et, au même endroit, pour les FREMM et Horizon, moyennant une réorganisation des systèmes et, peut-être, un renforcement de la zone.

Le Système Lanceur Modulaire Polyvalent et le missile Mistral 3

Le troisième et dernier système susceptible d’apporter une réponse, à court terme, au besoin de renforcement de la puissance de feu antiaérienne des frégates françaises, est le nouveau Lanceur Modulaire Polyvalent, présenté il y a quelques mois par Naval group.

Lanceur Polyvalent Modulaire Naval group
Le LMP de Naval Group, accueille 4 modules pouvant recevoir chacun 4 missiles Mistral 3.

Comme son nom l’indique, ce lanceur peut recevoir plusieurs modules, 4 en l’occurrence, chaque module pouvant être armé de dix roquettes de 70 mm, de leurres, de deux charges de profondeurs, de deux missiles Akeron MP, ou de quatre missiles antiaériens Mistral 3.

En d’autres termes, le LMP permettrait à une frégate de disposer, au besoin, d’un supplément de 16 missiles sol-air à très courte portée Mistral 3 prêts au tir, un missile que l’on sait particulièrement efficace contre les missiles de croisière ou les drones.

Couplé à un CIWS comme le RapidFire, le LMP permettrait non seulement d’augmenter considérablement les capacités d’autoprotection des navires, mais aussi de créer un second rideau défensif pour les navires escortés, un Mistral 3 ayant une portée pouvant atteindre 7 km.

Conclusion

Le renforcement rapide des moyens de défense antiaérienne, antimissile et antidrone, des frégates de premier rang de la Marine nationale, ne peut désormais plus être ignoré, alors que la consommation de missiles Aster en mer Rouge, a montré à quel point leur armement, dans ce domaine, était aussi insuffisant, que les munitions sont performantes.

FREMM Alsace Aster Planification et plans militaires | Analyses Défense | CIWS et SHORAD
Un format à 32 Aster, comme les FREMM DA de la classe Alsace, s’impose probablement pour les FDI.

Plusieurs mesures, relativement économiques et rapides à mettre en œuvre, peuvent être appliquées, d’autant plus efficacement que les frégates FDI sont encore en chantier.

Il serait, à présent, absurde, quel que soit le point de vue considéré, de livrer ces frégates à la Marine nationale, avec seulement 2 Sylver 50, et 16 missiles Aster, et non, comme les frégates grecques, avec 32 missiles.

Toutefois, si l’augmentation du nombre de Sylver s’impose, elle n’exclut pas la nécessité de doter ces frégates, comme l’ensemble des frégates en service au sein de la Marine nationale, d’un système CIWS pour assurer une protection ultime, voire d’un renforcement de défense, proposé par le nouveau LMP de Naval Group.

Les économies que l’on pense pouvoir faire aujourd’hui, à ce sujet, risquent fort de se payer, très bientôt, avec un navire gravement endommagé, voire coulé, et de nombreuses vies perdues.

Comment le programme SCAF peut-il séduire la Suède ?

La Suède fait l’objet, aujourd’hui, de toutes les convoitises de la part des deux programmes européens d’avions de combat de nouvelle génération, SCAF et GCAP. Toutefois, loin de se laisser aisément séduire, Stockholm a confié à Saab la réalisation d’une étude, qui doit lui permettre d’arbitrer entre ces deux programmes, voire en faveur d’un développement autonome, comme ce fut le cas pour le JAS 39 Gripen.

De toute évidence, les autorités suédoises se donnent le temps de la réflexion, pour préserver au mieux ses compétences industrielles et ses capacités défensives, dans ce dossier.

Comment, dans ces conditions, le programme SCAF pourrait anticiper ces attentes suédoises, pour s’assurer de la participation de Stockholm et de Saab à ce programme européen stratégique ?

Stockholm confie à Saab l’étude préliminaire de son futur avion de combat

Le 22 mars, l’avionneur suédois Saab s’est vu notifier par l’Administration des Équipements de Défense suédoise, ou FMV, un contrat portant sur l’étude préliminaire et conceptuelle, du système de combat aérien futur de la Flygvapnet, l’armée de l’air suédoise.

JAS 39 Gripen
Bien que son turboreacteur soit américain, le JAS 39 Gripen reste un avion dont l’ADN est suédois.

Cette étude, qui doit s’étaler jusqu’en 2025, se fera en coordination étroite avec le FMV, les forces aériennes suédoises, l’agence de recherche de défense, ainsi que les autres partenaires industriels.

Elle devra conférer à Stockholm une vision claire des enjeux technologiques, opérationnels et budgétaires, de l’ensemble de ceux liés à la conception d’un système de combat aérien se voulant efficace dans les décennies à venir, ceci comprenant la conception de l’avion de combat, des drones, des systèmes de combat, et de l’ensemble du système de systèmes.

La Suède veut préserver ses compétences en matière de conception d’avions de combat

Fondamentalement, les autorités suédoises, qui se savent courtisées aussi bien par le programme SCAF (Allemagne, Espagne, France et Belgique), que par le programme GCAP (Italie, Japon et Royaume-Uni), veulent disposer d’une vision transversale et objective, pour simultanément répondre à ses besoins à venir, et soutenir ses compétences industrielles.

Il est vrai que, dans ce domaine, comme dans celui des sous-marins, la Suède a un statut à part sur le marché mondial. Avec seulement 10,5 millions d’habitants, et un PIB de moins de 650 milliards d’euros, elle est, de très loin, le plus petit pays ayant l’expérience, par ailleurs fort réussie, de la conception de chasseurs modernes, avec la famille Gripen.

Usine Saab Gripen
La Suède entend préserver les compétences et les savoir faire de son industrie aéronautique de défense.

Même si Saab a dû se tourner vers certains composants américains, pour son JAS 39, comme le turboréacteur F-404/414, le Gripen demeure majoritairement un avion de combat dont l’ADN est suédois, et qui en reprend d’ailleurs les qualités traditionnelles, étant économique, performant et robuste.

On comprend, dans ces conditions, que Stockholm entende très probablement monnayer, au mieux, sa participation à un autre programme Européen d’avion de combat. Il n’est, bien évidemment, pas question ici d’argent, mais bien du développement de ses compétences industrielles et technologiques, et de conserver, pour la Flygvapnet, une puissance aérienne significative face à la menace russe.

Intégrer la Suède au programme SCAF, mais pas pour le NGF ?

La question se pose, dès lors, de la meilleure manière dont le programme SCAF européen, pourrait anticiper les attentes des dirigeants, industriels et militaires suédois ?

Il suffit, pour cela, de regarder la trajectoire suivie actuellement par SCAF, et auparavant, par le Rafale et le Typhoon, face au Gripen, et au Viggen et Draken avant lui, pour comprendre que Stockholm n’est probablement pas enthousiaste à l’idée de rejoindre un programme axé sur la conception d’un chasseur lourd et onéreux, comme le Tempest ou le NGF le sont aujourd’hui.

Rappelons à ce titre que la Suède avait été le premier à rejoindre le programme Tempest britannique, en 2017, lors de sa présentation. Toutefois, sa participation fut très limitée, se bornant à quelques échanges conceptuels et technologiques. Depuis, Stockholm a annoncé d’abord prendre du recul vis-à-vis du programme britannique, puis s’en retirer lorsque celui-ci intégra le Japon.

programme SCAF NGF
Le NGF du SCAF sera certainement un appareil doté de performances exceptionelles, mais il sera aussi onéreux, ne le mettant pas à la portée de toutes les bourses.

Non seulement le partage industriel, déjà organisé pour ces deux programmes, ne laissera que des bribes de technologies pour Saab, en sa qualité d’avionneur, mais le prix de ces appareils, viendra certainement limiter le format de la Flygvapnet, alors qu’elle doit protéger un territoire presque aussi étendu que celui de la France.

Il est donc probablement préférable, pour séduire la Suède, de concevoir la collaboration entre Stockholm et le programme SCAF, comme un programme de Programmes, avec, à la clé, non pas un chasseur unique, mais deux appareils, le NGF et un chasseur plus léger, plus économique et monomoteur.

Préparer un dossier attractif pour séduire la Suède et Saab

Dans ces conditions, si SCAF veut s’assurer de la coopération suédoise, il convient d’anticiper correctement cette hypothèse. Cela suppose, dans un premier temps, d’étudier quelles seraient les technologies, voire les piliers, qui pourront éventuellement être mutualisés entre les deux programmes, afin d’en accroitre la soutenabilité budgétaire.

GCAP Tempest
Le Tempest du programme GCAP, promet d’être encore plus lourd et cher que le NGF européen.

En outre, il serait certainement nécessaire d’étudier la possibilité de concevoir une seconde version du turboréacteur, aujourd’hui confié à Safran et MTU. En effet, si deux des turboréacteurs de nouvelle génération actuellement en conception, seront suffisants pour propulser efficacement un chasseur de 25 à 30 tonnes, un unique de ces moteurs ne sera pas adapté pour un chasseur monomoteur de 15 ou 18 tonnes.

Il faudra donc probablement accroitre l’objectif de puissance du turboréacteur du NGF pour qu’il puisse équiper le modèle suédois, ou décliner l’architecture pour une version plus imposante, et surtout plus puissante, destinée au chasseur monomoteur.

Enfin, il sera certainement pertinent d’étudier les convergences de besoins des participants au programme SCAF, au sujet d’un chasseur monomoteur plus économique, mais plus léger, pour augmenter la masse de leurs forces aériennes.

Rappelons, à ce titre, que les Mirage 2000 français s’avèrent bien souvent largement suffisant pour assurer certaines missions extérieures ou de police du ciel, face au Rafale, tout en coutant deux fois moins cher à mettre en oeuvre.

Conclusion

On le voit, la mission confiée à Saab, par les autorités suédoises, concernant l’étude préalable et conceptuelle d’un futur système de combat aérien, ne remet pas en question la possibilité, pour Stockholm, de rejoindre l’un des deux programmes d’avions de combat de 6ᵉ génération européens.

Rafale C Mirage 2000D
L’Armée de l’air emploie toujours ses Mirage 2000, dont les performances s’avèrent souvent bein suffisantes pour de nombreuses missions, tout en étant sensibleemnt moins onéreux que le Rafale.

Il faudra, toutefois, à ces programmes, se montrer proactifs, pour anticiper les besoins et ambitions réelles de la Suède, de ses armées comme de ses industriels, pour éviter que, comme dans les années 80, un troisième programme européen, s’appuyant en partie sur des technologies américaines, viennent phagocyter le marché européen et mondial adressable pour ces appareils.

Surtout, en se montrant souple et imaginatif, il est possible d’amener le programme européen à un statut supérieur, un programme de programmes, l’enrichissant d’une offre complémentaire qui pourrait répondre aussi bien aux besoins de la Flygvapnet, que de plusieurs forces aériennes européennes et mondiales, ne disposant pas des ressources pour s’équiper d’une flotte de NGF, ou souhaitant, simplement, gagner en masse.

L’US Air Force adapte le F-22 Raptor au théâtre Pacifique

Si le chasseur de supériorité aérienne F-22 Raptor de l’US Air Force, est toujours considéré, malgré son âge, comme le meilleur avion de combat air-air du moment, l’appareil de Lockheed Martin n’en est pas pour autant dépourvu de certaines faiblesses.

C’est notamment le cas sur le théâtre Pacifique, pour lequel l’autonomie au combat du F-22 est insuffisante, tout comme le nombre de munitions transportées dans ses soutes. Il semble cependant que l’US Air Force ait trouvé la parade dans ces domaines.

En effet, des clichés publiés sur les réseaux sociaux, montrent un F-22 emportant sous les ailes, des réservoirs de carburant au profil furtif, ainsi que des pods, tout aussi furtifs, qui pourraient aussi bien transporter des missiles air-air supplémentaires, ou des senseurs passifs supplémentaires, comme un IRST.

Le F-22 Raptor, toujours le chasseur de supériorité aérienne ultime 27 ans après son premier vol

Depuis son premier vol, en septembre 1997, le F-22 Raptor demeure non seulement la référence américaine en matière de supériorité aérienne, mais il reste universellement reconnu comme une référence unique, en matière d’avions de combat.

F-22 Raptor US Air Force
Bien qu’ayant été conçu dans les années 80, le F-22 Raptor reste considéré aujourd’hui comme l’avion de superiorité aérienne le plus performant.

Il faut dire que le Raptor est l’avion de tous les superlatifs. Il a ainsi été le premier avion désigné comme appartenant à la fameuse, et parfois sulfureuse, 5ᵉ génération des avions de combat, créant, à ce titre, le cahier des charges de ce qu’un appareil devait intégrer pour y appartenir, comme la furtivité, la fusion de données, la super-manœuvrabilité ou encore la super-croisière.

Le F-22 est ainsi une furtivité multi-aspect encore inégalée à ce jour, même par le F-35, qui n’offre une grande furtivité qu’en secteur frontal et arrière. Ses deux soutes d’armement lui permettent de conserver une furtivité optimale en mission air-air, avec 6 AMRAAM et 2 Sidewinder prêts à faire feu.

Il a été, par ailleurs, le premier chasseur disposant d’une réelle fusion de donnée, bien que sensiblement moindre de cette du Lightning II. Il a aussi été le premier à être doté d’un radar à antenne active AESA, l’An/APG-77, qui demeure une référence en matière de détection air-air, en étant capable de détecter et suivre une cible à presque 600 km de distance.

Ses deux turboréacteurs Pratt&Whitney F-119, délivrent chacun une poussée sèche de 12 tonnes, lui permettant d’atteindre la super-croisière, c’est-à-dire de soutenir un régime supersonique en palier, sans post-combustion. Celle-ci fait croitre la poussée du moteur à presque 16 tonnes, conférant au chasseur un rapport puissance poids supérieur à 1 en configuration de combat.

F-22 Rapotr base aérienne birtanniques
Le F-22 Raptor a été conçu pour le théatre européen, pour lequel un rayon de combat de 1000 km était suffisant.

Doté d’une poussée vectorielle, et de commande de vol électrique, le F-22 dispose enfin d’une très grande manœuvrabilité, et peut réaliser des figures étonnantes, en particulier à basse vitesse, parfois appelée super-manœuvrabilité.

On notera, à ce titre, que les caractéristiques initialement avancées pour qualifier la 5ᵉ génération d’avions de combat, sur la base du F-22, ont évolué pour permettre au F-35 de s’en revendiquer, bien qu’il soit incapable de super-croisière ou de super-manœuvrabilité.

Reste que le F-22 a souffert de deux défauts ayant lourdement handicapé sa carrière opérationnelle. D’une part, il était cher, et même très cher, plus de 150 m€ par appareil, plus de deux fois le prix d’un F-15 au même moment. En outre, il était à ce point supérieur aux autres aéronefs, qu’il ne fut que très peu modernisé jusqu’à récemment, alors que se profile déjà le programme NGAD pour le début de la prochaine décennie.

Les limites du F-22 sur le théâtre Pacifique face à la Chine

S’il surclasse sensiblement les autres avions de combat pour la mission de supériorité aérienne, le F-22 n’est cependant pas dépourvu de certaines limites. La plus importante, aujourd’hui, pour l’US Air Force, est son autonomie et ses capacités d’emport limitées, en termes d’armement.

Rafale F4
Contrainrement au Rafale, le F-22 n’emporte pas d’armement sous voilure, ce qui nuirait à sa furtivité.

En effet, pour conserver son indispensable furtivité, le F-22 ne peut ni emporter de réservoirs extérieurs, ni de munitions sous la cellule et les ailes, comme c’est le cas, par exemple, du Rafale, du F-15 ou du Typhoon.

De fait, l’appareil a un rayon d’action de combat de l’ordre de 600 nautiques, sur carburant interne et en configuration air-air, 450 nautiques s’il utilise la super-croisière. Au-dessus du théâtre européen, pour lequel le chasseur a été conçu, ce rayon d’action est largement suffisant pour décoller des bases allemandes, britanniques ou italiennes, et intervenir sur la frontière russe en Europe de l’Est, ou de Scandinavie. Une fois sa mission exécutée, il peut rapidement revenir à sa base, et réarmer, pour repartir.

La situation est radicalement différente dans le Pacifique. Ainsi, le rayon d’action du F-22 est à peine suffisant pour mener une patrouille de combat aérien de courte durée à proximité de Taïwan, en partant des bases de japonaises sur l’ile de Kyoshu. Et l’espace aérien taïwanais est très largement hors de portée du F-22 décollant de Guam, sauf à se faire épauler par plusieurs ravitailleurs, par ailleurs vulnérables.

Le F-22 ayant pour mission prioritaire, dans un tel scénario, de nettoyer l’espace aérien de la menace air-air chinoise, pour permettre aux F-35, F-16, et F-15 de soutenir les forces, et aux ravitailleurs et Awacs de l’US Air Force, de soutenir ce dispositif aérien, ils doivent donc disposer d’une autonomie au combat très supérieure à celle qui est la sienne aujourd’hui.

Réservoirs externes et pods de munitions furtifs pour accroitre les capacités du chasseur de l’US Air Force

Pour répondre à ce cahier des charges des plus exigeantes, il est donc nécessaire au F-22 de disposer de davantage de carburant, et davantage de munitions, ce sans dégrader ses performances aéronautiques et combattantes, et sans altérer sa furtivité, qui demeure son plus important atout.

C’est précisément ce qui a été observé par un spotter américain, à proximité de la base aérienne et port spatial de Mojave, en Californie. Ses clichés, publiés sur Twitter/X, montrent, en effet, un F-22 emportant deux réservoirs de carburant externes au profil furtif, ainsi que deux pods identifiés comme des conteneurs furtifs pour munitions, ou pour doter le chasseur de nouveaux capteurs, notamment un détecteur infrarouge IRST.

De toute évidence, ces appendices sont destinés à apporter une première réponse permettant au F-22 Raptor de compenser ses principales faiblesses face à la Chine sur le théâtre Pacifique, que ce soit en étendant son autonomie de combat, en le dotant de nouveaux senseurs passifs, et en augmentant, potentiellement, son armement disponible.

Ainsi paré, le chasseur américain pourra certainement nettoyer le ciel bien plus efficacement, en amont du dispositif aérien américain en soutien à Taïwan, dans l’hypothèse d’un conflit sino-taïwanais. Ces modifications agiraient donc comme un multiplicateur de forces spécifique à ce théâtre.

Une plate-forme d’expérimentation pour le programme NGAD

Selon l’US Air Force, les évolutions et transformations qui seront apportées au F-22 dans les mois et années à venir, permettront également d’enrichir les connaissances technologiques et opérationnelles, pour le programme Next-Generation Air Dominance, ou NGAD.

NGAD Programme
L’US Air Force ne prévoit d’acquerir que 200 chasseurs issus du programme NGAD, pour remplacer les 187 F-22 livrés de 1996 à 2011.

Celui-ci doit remplacer, à partir de la fin de la décennie, ou plus probablement du début de la prochaine, les premiers F-22 américains. Comme celui-ci, l’US Air Force ne prévoit d’en acquérir qu’un nombre limité, autour de 200 exemplaires, l’appareil étant déjà annoncé comme très onéreux, plusieurs centaines de millions de dollars par chasseur, de l’aveu même de Franck Kendall, le Secrétaire à l’Air Force américain.

Reste à voir, maintenant, si les observations faites à Mojave, se généraliseront sous les ailes du F-22 dans un futur proche. Face à la pression que font peser les forces armées chinoises, en Mer de Chine du Sud, face aux Philippines, en Mer de Chine de l’Est, face au Japon, et autour de Taïwan, on peut raisonnablement penser que ce sera le cas.

Les Aster 30 de l’Alsace abattent 3 missiles balistiques Houthis et entrent dans une toute nouvelle catégorie

En dépit de performances remarquables lors des essais, le missile Aster 30, et son petit frère, l’Aster 15, conçus et fabriqué par MBDA, a toujours peiné pour s’imposer face aux missiles américains, comme le SM-2 et l’ESSM dans la version navale, ou le Patriot pour la version terrestre.

Beaucoup doutaient, en effet, des performances au combat du missile, en particulier contre des cibles rapides et évolutives, ou contre des missiles balistiques. De fait, ces dernières années, ce sont le Patriot et l’ESSM américain, et l’Iris-T SLM allemand, qui se sont taillés la part du lion dans les acquisitions européennes.

Mais les choses pourraient bien changer dans les mois et années à venir. En effet, non seulement la famille Aster a-t-elle démontré, en mer Rouge, sa grande efficacité et fiabilité, contre les drones et missiles de croisière Houthis, mais elle est parvenue, semble-t-il, à abattre trois missiles balistiques antinavires lancés simultanément contre le convoi de navires commerciaux escortés par la frégate française Alsace, propulsant l’Aster 30 dans une toute autre catégorie, celle des missiles antibalistiques dont l’efficacité a été éprouvée au combat, et de quelle manière !

3 Aster 30 pour 3 missiles balistiques antinavires Houthis

Le 21 mars au matin, alors qu’elle escortait des navires commerciaux le long des côtes yéménites en mer Rouge, la frégate de défense aérienne Alsace française, a détecté trois missiles balistiques se dirigeant vers elle. Le navire lança, apparemment, des missiles Aster 30, un par cible, pour les intercepter. Les missiles firent coup au but, détruisant les menaces.

La vidéo de l’interception du missile Houthis.

Présentée de cette manière, l’information peut presque sembler banale. Elle est pourtant loin de l’être. En effet, intercepter un missile balistique, est une tâche particulièrement difficile et complexe, qui nécessite de disposer simultanément des moyens de détection et de guidage adaptés, de l’intercepteur requis, d’opérateurs entrainés, et d’une certaine dose de chance. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, bien peu de forces armées disposent effectivement de cette capacité, et encore moins de Marines.

Mais l’exploit de l’Alsace ne se limite pas à rejoindre ce club très fermé des navires disposant de capacités ABM (pour Anti-balistique Missile). En effet, le navire français parvint à engager trois missiles balistiques presque simultanément, et à tous les détruire avec un faible nombre de missiles.

Tirs Aster 30 ABM Alsace
Cliché pris d’un des navires escortés par l’Alsace, montrant la frégate française et les trois tracés de lancement de ses missiles Aster 30. Il semble bien, donc, que seuls seulement trois misisles ont été employés.

Pour se rendre compte de la prouesse, on peut observer la vidéo ci-dessous, montrant un système Patriot ukrainien aux prises avec des missiles balistiques russes près de Kyiv. Il est, en effet, commun de lancer plusieurs missiles pour intercepter un missile balistique, même lorsque celui-ci n’a pas les capacités de manœuvre et de contre-mesure des missiles balistiques russes comme l’Iskander.

Pour contrer les missiles balistiques, le système Patriot lancent en règle générale plusieurs missiles par cible, comme ici à Kyiv.

À ce titre, on ne manquera pas de s’étonner, suite à cette flamboyante démonstration d’efficacité, que le SAMP/T et l’Aster 15/30 et Block 1/NT, ne soient pas nativement intégrés au programme européen Européen Sky Shield Initiative allemand, tant ils se sont montrés efficaces, peut-être bien davantage que le Patriot américain, voire que l’Iris-T SLM allemand.

Des attaques Houthis combinées de plus en plus denses et complexes

À ce titre, les attaques menées par les rebelles Houthis, contre les navires civils et militaires croisant en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, sont loin d’être dénuées de menace, ou de sophistication.

Celles-ci associent, le plus souvent, des drones à longue portée en charge de repérer précisément les cibles, à une attaque combinée associant drones d’attaque, missiles de croisière antinavires et missiles antinavires balistiques.

Dans ce domaine, les Houthis disposent même d’une gamme complète de systèmes, allant des systèmes Faleq, Al-Bhar Al-Ahmar et Mayun à courte portée équipés d’autodirecteurs infrarouges, aux systèmes Tankil et Asef, d’une portée de 450 à 500 km, versions locales antinavires des Rad 500 et Fateh 313 iraniens.

missiles antinavires balistiques Houthis
Les rebelles Houthis mettent en oeuvre différents modèles de missiles balsitiques antinavires, dont certains de conception irainienne.

Rappelons, à ce titre, que le Fateh 313 est une évolution du Fateh-110, le missile employé par les gardiens de la révolution pour frapper les bases aériennes irakiennes d’Al Asad et d’Idlib, protégées, sans grand succès, par des batteries Patriot.

En d’autres termes, les missiles balistiques employés par le Houthis contre les navires civils et militaires croisant près de ses côtes, sont des adversaires de premier plan pour les défenses antiaériennes occidentales, et ne sont en rien, des cibles aisées ou des menaces moindres.

L’Aster 30 et les frégates françaises changent de catégorie avec cette démonstration de force

Dès lors, il n’est en rien galvaudé d’affirmer que par cette interception réussie, non pas d’un ou deux, mais de trois missiles balistiques antinavires lancés simultanément, par la frégate française, à l’aide de seulement trois missiles Aster 30, fait entrer l’un comme l’autre, dans une toute nouvelle catégorie, celle des systèmes antibalistiques à l’efficacité éprouvée au combat.

Une telle efficacité avérée ne manquera pas d’être considérée par les futurs clients potentiels des navires français, mais aussi des missiles Aster navals comme terrestres, ceux-ci pouvant se parer, désormais, de la tant convoitée étiquette « Combat proven« , qui influence aujourd’hui, bien plus qu’hier, les décisions en matière d’achat d’armement.

Frégate Alsace Marine nationale
La frégate Alsace dispose d’une evolution du radar Herakles des frégates de la classe Aquitaine, disposant de davantage de modules, et de capacités accrues. Toutefois, rien n’indiquait, jusqu’à présent, qu’il disposait de capacités antibalistiques.

Ce d’autant que rien n’indiquait, dans les spécifications de la frégate Alsace, qu’elle, et son radar Herakles survitaminé, seraient en capacité de mener ce type de mission antibalistique.

La version exacte du missile employé reste également obscure. Il pourrait s’agir de l’Aster Block 1, une évolution de l’Aster 30 conçue pour intercepter des missiles balistiques d’une portée de 300 à 600 km, comme le Scud, ou le Fateh-313. Mais le missile Aster 30 serait, lui, capable d’intercepter des cibles balistiques d’une portée plus réduite.

De fait, tant que des précisions n’auront pas été apportées à ce sujet, le vague subsistera, d’autant que la frégate française n’a aucun intérêt à communiquer sur la composition de son armement aujourd’hui.

La Frégate Alsace multiplie les premières depuis son arrivée en mer Rouge, et inspire les autres navires

Au-delà de cet épisode remarquable, la frégate Alsace a fait la démonstration de toute son efficacité à plusieurs reprises depuis qu’elle est arrivée en mer Rouge, pour relever la frégate Languedoc, à la fin du mois de janvier 2020.

Si la Languedoc a été la première frégate française à employer son armement antiaérien au combat, et à utiliser ses Aster 15 pour abattre des drones Houthis, l’Alsace a rapidement marqué sa différence.

Canon 76 mm FREMM
L’Alssace a été le premier, et le seul à date, navire français à avoir abattu un drone de combat à l’aide de son artillerie navale.

D’abord, en abattant des drones Houthis, non à l’aide de ses missiles, mais de son canon de 76 mm, s’appuyant pour cela sur ses nouveaux systèmes de surveillance et de visée Paseo XR, de Safran, installés en urgence sur le navire peu avant son départ.

Plus récemment, elle a encore une fois marqué les esprits, lorsque son hélicoptère embarqué Panther parvint à abattre un drone antinavire Houthis, à l’aide de sa mitrailleuse de sabord de 7,62 mm. Là encore, la parcimonie de l’équipage de l’Alsace a été remarqué. Le drone a été abattu en seulement deux salves de 3 tirs, soit avec seulement 6 munitions de 7,62 mm.

La démonstration faite par le Panther de l’Alsace a, d’ailleurs, inspiré les autres navires de la mission Aspide européenne. En effet, deux jours plus tard, un NH90 allemand, embarqué à bord de la frégate F124 Hessen, exécuta la même manœuvre pour abattre un drone Houthis à l’aide de sa mitrailleuse de 12,7 mm de sabord.

Panther frégate Alsace
Le Panther de l’Alsace est parvenu à intercepter un drone Houthis puis à l’abattre à l’aide de sa mitrailleuse de sabord. La procédure a été reprise avec le même succès, par le NH90 de la frégate allemande Hessen deux jours plus tard.

L’ensemble de ces succès opérationnels montrent à la fois les qualités des équipages, de l’entrainement et de l’encadrement au sein de la Marine nationale, mais aussi les qualités, parfois même insoupçonnées, des équipements et du navire, qui ne manqueront pas d’être mises en avant, lors des prochaines compétitions internationales.

Maj 05/04/24 : L’analyse initiale de cet article, émettant l’hypothèse que seuls trois missiles ont été employés pour abattre les balistiques Houthis, a d’abord été confirmée par voie interne, avant d’être remise en question une fois la frégate Alsace de retour à Toulon. Nous avons corrigé l’article en conséquence, sans que l’on sache, précisément, le nombre de missiles employé pour cette interception.

Programme MGCS : Rheinmetall est-il marginalisé au profit de KNDS dans le nouvel accord franco-allemand ?

Longtemps embourbé dans des bras de fer entre industriels, le programme MGCS semble avoir retrouvé une trajectoire solide, après que les ministres français et allemands de la défense, aient annoncé la signature prochaine d’un accord concernant le partage industriel à son sujet.

Si les deux hommes sont restés discrets sur la teneur de cet accord, les journalistes spécialisés sont parvenus à glaner certaines informations, permettant de s’en faire une idée par anticipation.

Celui-ci prévoirait, ainsi, de remettre le groupe franco-allemand KNDS aux commandes du programme MGCS, et de faire primer le partage industriel, par BITD, au partage par industriel, conférant notamment au français Nexter, le pilotage de la conception de l’armement principal et de la tourelle du ou des blindés.

Cet arbitrage met à mal toute la stratégie du groupe Rheinmetall, qui a rejoint MGCS en 2019, et qui n’a cessé, depuis, de poursuivre une stratégie ambiguë, voire hostile, venant considérablement handicaper le programme.

La Genèse tumultueuse du programme MGCS franco-allemand

Lancé en 2015, autour de la nouvelle coentreprise franco-allemande KNDS rassemblant Krauss-Maffei Wegmann et Nexter, le programme de système de combat principal terrestre du futur, ou MGCS, devait permettre de concevoir les blindés et les systèmes qui remplaceront les Leopard 2 allemands, et Leclerc français, à horizon 2035.

Programme MGCS vu par Rheinmetall
MGCS vu par Rheinmetall –

Ce programme connut un regain d’attention en 2017, lorsque Emmanuel Macron, nouvellement élu, et Angela Merkel, s’engagèrent conjointement dans plusieurs programmes majeurs franco-allemands, pour donner naissance à une nouvelle Europe de la Défense.

Rapidement, cependant, les difficultés se sont accumulées sur la trajectoire de ce programme, qui progressa à peine depuis cette date, handicapé par des divergences dans les attentes des états-majors français et allemands d’une part, et par des difficultés dans l’élaboration de la coopération industrielle, de l’autre.

Si les armées allemandes et françaises sont parvenues à définir un socle commun pour produire, enfin, une expression de besoin commune à l’automne dernier, restait à résoudre les immenses tensions en matière de partage industriel, considérablement exacerbée depuis l’arrivée du groupe Rheinmetall allemand dans le programme.

Il semble que ce soit désormais le cas. En effet, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées français, et Boris Pistorius, son homologue allemand, ont annoncé ce vendredi, un accord industriel, permettant d’avancer désormais dans ce programme.

Si, initialement, les détails de ce partage industriel étaient pour le moins opaque, les informations recueillies çà et là par les journalistes spécialisés, permettent maintenant de se faire une idée de sa structure. Et tout porte à croire que le rôle de Rheinmetall a été considérablement diminué pour remettre MGCS sur ses chenilles.

La posture plus qu’ambiguë de Rheinmetall depuis son arrivée dans le programme MGCS

Il faut dire que Rheinmetall a eu un rôle particulièrement ambigu, et loin d’être constructif, depuis qu’il fut imposé par le Bundestag dans le programme MGCS, en 2019. Partenaire traditionnel du KMW dans la conception des chars allemands Leopard 1 et Leopard 2, le groupe de Düsseldorf estimait, certainement non sans raison, qu’il lui était légitime de participer au programme franco-allemand.

KF-51 Panther
Le KF-51 Panther fut l’une des révélations du salon Eurodatory 2022

Toutefois, Rheinmetall poursuivait, parallèlement, un agenda propre, avec le développement du char KF-51 Panther, qui a été présenté en juin 2022 à l’occasion du salon Eurosatory, et présenté, un temps du moins, comme une alternative économique et efficace au couteux et complexe MGCS franco-allemand.

Ainsi, le Panther était présenté, dès sa présentation publique, non comme un démonstrateur, mais comme un prototype, laissant entendre qu’il était très proche de la production industrielle. Et pendant près d’un an, son concepteur ne cessa de tenter de le faire adopter par la Bundeswehr, ventant les atouts de son blindé.

Son bouillant CEO, Armin Papperger, ne cachait pas même ses ambitions dans ce domaine, répétant à qui voulait l’entendre, que le MGCS devait être considéré comme un programme à très long terme, à horizon 2045 ou 2050, là où le Panther répondait aux besoins immédiats des armées allemandes et européennes.

Une équation impossible à résoudre à l’origine d’une partie des difficultés rencontrées ces dernières années

Dans le même temps, Rheinmetall ne cessa de jouer l’obstruction dans les tentatives de négociations du partage industriel entre les industriels français et allemands, engagés dans le programme MGCS.

Nexter
La BITD française pilotera bien la conception et la tourelle de l’armement de MGCS, semblet-t-il.

Il est vrai que les domaines d’intervention de Rheinmetall, dans l’armement, le système de combat, et la protection des chars allemands précédents, venaient directement chevaucher les domaines qui, précisément, devaient revenir au français Nexter dans le partage industriel initialement établi.

À peine eut-il rejoint le programme MGCS, que Rheinmetall exigea d’obtenir un tiers des grands piliers technologiques, soit autant que le français Nexter, et que le second groupe allemand Krauss-Maffei Wegmann.

Toutefois, cette exigence rendit les négociations impossibles. En effet, le programme MGCS devait être financé à part égal par Paris et Berlin, avec un retour industriel, lui aussi, à part égal. Pour respecter ces deux contraintes, il fallait donc que les 33% de Nexter représentent 50 % de la charge industrielle, et inversement, que les 66 % des deux groupes allemands, ne représentent, eux aussi, que 50 % de cette même charge industrielle.

Surtout, Rheinmetall exigea que le nouveau char soit armé de son nouveau canon de 130 mm développé pour le Panther, sujet attribué à Nexter initialement, qui a conçu le canon ASCALON de 140 mm à cet effet.

Désillusions en série pour Rheinmetall

Le programme était de fait dans une impasse, qui d’ailleurs convenait parfaitement au groupe de Düsseldorf, désireux de placer son Panther. Ces douze derniers mois, cependant, ne se déroulèrent certainement pas comme il l’avait anticipé.

Leopard 2A7HUN
Le Leopard 2A8 est une evolution du Leopard 2A7HUN acheté par la Hongrie.

En premier lieu, en avril 2023, KMW présenta une nouvelle évolution du Leopard 2, le Leopard 2A8. Équipé d’un système de protection actif Trophy, ainsi que d’une vetronique, de senseurs et d’un système de communication modernisés, le Leopard 2A8 resserrait l’écart qui le séparait du Panther, tout en conservant la filiation avec le Leopard 2 lui-même.

Le succès de ce nouveau char fut fulgurant. La Bundeswehr commanda 18 exemplaires pour remplacer les Leopard 2A6 envoyés en Ukraine. Plus tard, la Norvège commua sa commande de 2A7 signée quelques mois plus tôt, vers le nouveau modèle. La République tchèque, la Lituanie, et plus récemment l’Italie, sont aussi entrées en négociation exclusive pour acquérir le nouveau char, moins d’un an après qu’il fut révélé.

Dans le même temps, le carnet de commande du KF-51 Panther demeure dramatiquement vierge, même si la Hongrie a annoncé qu’elle participerait à son développement et sa fabrication, sans pour autant s’engager sur une commande.

Enfin, outre le Leopard 2A8, KNDS fait désormais la promotion du char EMBT, une tourelle de nouvelle génération développée par Nexter, montée sur une caisse de Leopard 2 de KMW, là où le Leopard 2 n’a pas ses entrées, comme en Égypte.

KNDS redevient l’entité pilote du programme MGCS

Le coup de grâce, pour Rheinmetall, semble être venu avec l’annonce du nouvel accord franco-allemand, concernant MGCS. En effet, selon plusieurs sources journalistiques spécialisées, il semble que KNDS ait retrouvé une place prépondérante dans le programme, et dans le pilotage des huit piliers qui le compose : Plateforme (caisse et propulsion), Feu classique, Feu innovant (armes à énergie dirigée, missiles…), communication et cloud de combat, simulation, senseurs, protection et infrastructures.

Pistoruis et Lecornu
Sebastien Lecornu et Boris Pistorius à Berlin pour discuter du programme MGCS en juillet 2023

Rheinmetall conservera, bien évidemment, sa place dans ces développements, tout comme l’Italien Leonardo arrivé récemment. Toutefois, la primeur a été donnée à un équilibre stricte entre les BITD des pays participants, au prorata de leur participation financière.

Ce qui, immanquablement, viendra sévèrement handicaper les attentes du groupe de Düsseldorf, dans la mesure où le pilier Plateforme sera exécuté par KMW, ce qui consommera une grande partie de la part allemande dans le programme.

Il semblerait que ce point aura été le plus difficile dans les négociations entre S.Lecornu et B.Pistorius, le français ayant dû rappeler à son homologue allemand, que Safran avait accepté de donner à l’allemand MTU une position équivalente à la sienne, dans le second pilier du programme SCAF, en dépit des compétences et de l’expérience très supérieures du motoriste français en matière de conception de turboréacteur militaire.

Nexter obtient la conception de la tourelle et de l’armement

Le corollaire de cette nouvelle répartition est qu’il semblerait bien que Nexter ait obtenu la conception de l’armement principal du programme, le Pilier 2, et plus globalement de la tourelle du blindé.

Ceci constituait le principal point d’achoppement entre le français et Rheinmetall, ces dernières années, pour les raisons évoquées plus haut. De fait, tout porte à croire que le nouveau char franco-allemand, sera bien doté du canon ASCALON de 140 mm, capable d’atteindre des cibles jusqu’à 10 km en tir tendu, et disposant d’une capacité de destruction et de pénétration jusqu’ici inégalée.

Canon ASCALON
Le canon ASCALON semble bien placé pour équiper le futur char lourd franco-allemande

Plus généralement, l’industriel français retrouve, par cet accord, peu ou prou le périmètre qui devait être le sien initialement, avant que Rheinmetall ne rejoigne le programme, et le conduise à l’état de stase dans lequel il était depuis 2019.

Il faudra, bien évidemment, libérer des espaces pour Rheinmetall, qui dispose de réelles compétences dans ces domaines, ainsi qu’à Leonardo, lui aussi très compétent en matière d’artillerie et de senseurs. Il est d’ailleurs probable que le passage à huit piliers, proche de l’organisation du SCAF également tripartite, permettra de faciliter cette répartition.

Enfin, en remettant KNDS à la tête du programme, et Nexter aux manettes de la conception de l’armement et de la tourelle, cet accord politique, pourrait enfin permettre de réintégrer l’initiative EMBT au sein du programme franco-allemand, pour lui donner le soutien requis.

Conclusion

On le voit, l’accord obtenu par les ministres français et allemands, se veut avant tout équilibré, pour garantir aux états des retours industriels et technologiques conformes à leurs investissements.

Ce faisant, il met à mal toute la stratégie poursuivie par Rheinmetall ces dernières années, pour tenter de s’arroger la part du lion ou, mieux encore, de le faire dérailler au profit de son Panther.

EMBT
La tourelle EMBT va-t-elle retrouver sa place au sein du MGCS, comme initialement envisagé ?

Il sera, dès lors, difficile à faire accepter outre-Rhin, en particulier par le Bundestag, auprès duquel Rheinmetall dispose de soutiens puissants et féroces, ceux-là mêmes qui l’imposèrent dans le programme en 2019. On peut penser que la commande de 123 Boxer armés, annoncée presque concomitamment par la Bundeswehr, pour plus de 2 Md€, serait une forme de compensation pour le groupe allemand.

Sera-ce suffisant pour le faire rentrer dans le rang ? Seul l’avenir le dira. Mais maintenant que le programme MGCS s’est étendu, avec l’arrivée de l’Italie, on peut penser qu’il sera plus difficile au Parlement allemand d’y imposer ses désirs et ambitions, d’autant que l’accord se veut, avant tout, équilibré, et que revenir dessus, reviendrait à nier cette notion d’équité.

Un nouvel hélicoptère d’attaque pour les armées chinoises

Cette semaine, des clichés publiés sur les réseaux sociaux chinois, ont montré un nouveau modèle d’hélicoptère d’attaque effectuant ses essais en vol. Baptisé Z-21 par les internautes, l’appareil semble évoluer dans la catégorie des hélicoptères de combat lourd, comme l’Apache américain, ou le Mi-28 russe.

Pour en savoir plus :

China’s New Heavy Attack Helicopter Spotted For The First Time