Dans une interview vidéo donnée au site de défense Kathimerini, le ministre de la Défense grec, Nikos Dendias, a donné des précisions sur l’effort entrepris pour rationaliser et moderniser la flotte de chasse des forces aériennes helléniques.
La flotte de chasse grecque va passer, en effet, de sept modèles d’avions de chasse aujourd’hui, à seulement trois, le F-16V, le F-35A et le Rafale, une fois atteinte la prochaine décennie.
Outre l’acquisition de F-35A une fois le standard Block IV atteint, le ministre a par ailleurs indiqué qu’Athènes entendait acquérir, dans les années à venir, 6 Rafale supplémentaires auprès de la France, pour porter sa flotte à 30 appareils, mais également de vendre, sur le marché de l’occasion, ses F-16 C/D Block 30, et surtout ses très performants Mirage 2000-5, faisant immédiatement lever l’oreille des Ukrainiens et de leurs alliés.
Sommaire
Le besoin impérieux de rationaliser la flotte de chasse grecque
La flotte de chasse des forces aériennes helléniques, se composent, aujourd’hui, de pas moins de 7 différents modèles, pour 230 appareils : F-4S Phantom 2, F-16 Block 30, F-16 Block 50, F-16 Block 52, F-16 Block 70, Mirage 2000-5 et Rafale.
Ce patchwork de chasseurs créé de nombreux casse-têtes, qu’il s’agisse d’acquérir les pièces détachées et les munitions indispensables pour chacun d’eux, comme de former et d’entrainer les équipages et personnels de maintenance pour chaque appareil.
À titre de comparaison, les forces aériennes françaises, Armée de l’Air et Aéronavale, alignent autant de chasseurs, mais de seulement 3 modèles : le Mirage 2000D, le Mirage 2000-5F et le Rafale B/C/M. A termes , elles opéreront 225 Rafale, au début de la prochaine décennie.
Cette rationalisation, rendue possible grâce à la polyvalence absolue du Rafale, a permis de remplacer sept modèles (Mirage 2000C/D/N, Jaguar, Mirage F1CR, Super Étendard et F-8 Crusader), et ainsi de considérablement simplifier la gestion des pièces détachées, la maintenance ainsi que la formation des personnels de maintenance.
F-16V, F-35A et Rafale supplémentaires dans les années à venir
Les forces aériennes helléniques, elles aussi, visent à rationaliser leur flotte de chasse, en passant de sept modèles actuellement en service, à seulement 3 : Le F-16V, le F-35A et le Rafale.
La conversion de 84 des 90 F-16 Block 52+ helléniques commandés en 2009, au standard Block 70 Viper, a débuté en 2019, et le premier appareil porté à ce standard par l’avionneur local HAI, a été livré aux forces aériennes helléniques en janvier 2021.
Le F-16V dispose d’une évolution du turboréacteur F-110 de Pratt&Whitney, ainsi que d’un nouveau radar AN/APG-83 SABR de Northrop-Grumman à antenne électronique active AESA, d’un nouvel ordinateur de mission, et d’une avionique et de systèmes de communication modernisés, comprenant, notamment, une liaison 16 et un viseur à casque.
En juillet 2022, les autorités grecques annoncèrent qu’elles commanderaient, dans les années à venir, une quarantaine de F-35A Lighting II américains, pour remplacer ses F-4S et F-16 Block 30 vieillissants.
Athènes rédigea une demande au Foreign Military Sales pour 20 F-35A, ainsi qu’une option pour 20 appareils supplémentaires. Elle remplaçait une précédente demande pour 18 F-35A et 6 options, rédigée en 2020, mais qui ne donna pas lieu à une cotation officielle du FMS.
Le FMS a répondu, cette fois, à Athènes, simultanément à l’autorisation donnée à la Turquie d’acheter 40 F-16V neufs, et 80 kits de conversion de ses propres F-16 Block 52, vers ce standard. La cotation porte sur les 40 F-35A demandés par Athènes, et atteint 8,6 Md$. Il est toutefois probable que la première commande grecque, qui devrait intervenir dans les mois ou années à venir, ne portera que sur 18 ou 20 appareils, soit une flotte suffisante pour armer un escadron de chasse.
Dans son interview donnée à Kathimerini, le ministre de la Défense grec, Nikos Dendias, précise toutefois qu’Athènes attendra la version Block IV du F-35, pour passer commande, estimant que le F-35 aura, alors, effacé ses nombreux problèmes de jeunesse.
En septembre 2020, Paris et Athènes annoncèrent un accord de défense étendu, portant notamment sur la livraison de 3 frégates FDI et de 18 Rafale, dont 12 d’occasion prélevés sur l’inventaire de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Moins d’un an plus tard, en avril 2021, la Grèce annonça la commande de six appareils supplémentaires.
Une grande partie des 24 Rafale helléniques a été livrée à ce jour. L’appareil français porte désormais une part significative de la puissance aérienne du pays, spécialement en mer Égée, face à la Turquie, même si les tensions entre les deux pays se sont apaisées, ces derniers mois.
Nikos Dendias a indiqué, dans cette même interview, qu’Athènes entendait désormais commander à nouveau 6 Rafale supplémentaires, pour amener la flotte hellénique à 30 appareils, soit deux escadrons de 15 chasseurs. Ce faisant, les forces aériennes helléniques préserveront le rapport 80% /20 % entre avions de chasse américains et français, qui est le sien aujourd’hui avec les F-4, F-16 et Mirage 2000.
Les Mirage 2000-5 et F-16 Block 30 grecs pour l’Ukraine ?
Le ministre grec de la Défense, a indiqué, dans cette interview, qu’il entendait, désormais, vendre les appareils destinés à quitter l’inventaire des forces aériennes helléniques, sur le marché de l’occasion.
Plus spécifiquement, Athènes entend vendre plusieurs dizaines de F-16 C/D Block 30, et surtout la vingtaine de Mirage 2000-5 qui assurent, aujourd’hui encore, la défense du ciel grec.
À l’instar des Mirage 2000-9 des Émirats arabes unis, les 2000-5 grecs emporte le radar RDY-2, ainsi que les très performants missiles Mica IR/EM, SCALP-ER et AM-39 Exocet, en faisant un appareil de combat aussi performant que polyvalent.
Bien évidemment, l’hypothèse ukrainienne est privilégiée, qu’il s’agisse des F-16 Block 30, mais aussi des Mirage 2000-5 grecs, d’autant qu’une telle flotte constituerait un volume suffisant pour éventuellement être abondée, plus tard, par les -5F de l’Armée de l’Air et de l’Espace, qui seront remplacés par des Rafale sur la seconde moitié de la décennie, ainsi que pour les 6 Mirage 2000D modernisés, mais disparus de l’inventaire de l’AAE, dans la LPM 2024-2030.
Reste qu’Athènes n’aura certainement pas la possibilité de se séparer de ses chasseurs, même dans un effort de rationalisation, sans compensation budgétaire, pour lui permettre d’acquérir les Rafale et F-35A restant à financer.
Comme pour les Caesar français ou les Zuzana slovaques, il est possible qu’une coalition de pays occidentaux se forme autour d’Athènes, pour financer la transaction, et transférer vers Kyiv, ces appareils qui pèseraient certainement sur l’équilibre des forces en Ukraine.




