L’attention concernant la modernisation des forces mécanisées russes est bien souvent captée par la famille Armata, que ce soit le char de combat T-14, le véhicule de combat d’infanterie lourd T-15, ou le dépanneur de chars T-16. Pourtant, de nombreux autres blindés modernes vont entrer en service concomitamment aux Armata, que ce soit les VCI chenillés Kurganet-25, le transport de troupe blindé sur roues (et version VCI) Bumerang, et le canon automoteur 2S35 Koalitsiya, dont le premier lot de série vient d’être produit par l’usine Uraltransmash, filiale d’Uralzavodwagon basée à Ekaterinbourg.
Destiné à renforcer les canons automoteurs 2S19 Msta en remplaçant les modèles les plus anciens, le 2S35 Koalitsiya annonce des performances dépassant largement celles de ses homologues déjà en service, comme le M109 Paladin américain. Ainsi, le canon de 152mm du Koalitsiya propulse des obus guidés à propulsion additionnelle jusqu’à 80 km, alors que les obus standard équipant aujourd’hui les Msta atteignent une portée de 40 km (contre 36 pour les Msta, 24 km pour le M109). Aucun canon automoteur occidental, à l’exception du CAESAR de Nexter, n’atteint de telles portée. Le nouveau blindé russe a déjà atteint, lors des essais, une cadence de tir de 10 obus par minute, mais il est sensé pouvoir atteindre le rythme de 16 obus par minute, bien que reste à démontrer.
Hautement automatisé, le 2S35 Koalitsiya a été conçu pour réduire très sensiblement la durée de mise en batterie, de sorte à pouvoir très rapidement se mettre en position, tirer une salve d’obus, puis quitter les lieux avant d’être localisé et engagé par des tirs de contre-batterie. Il partage, à ce titre, le système de communication et d’information de la famille Armata. Même s’il devait initialement être monté sur un châssis Armata, il est monté sur celui du T-90 aujourd’hui. On estime cependant qu’une fois l’appareil propulsif du T-14 parfaitement fiable, il est très probable que la production de 2S35 passera sur ce châssis.
L’artillerie est au coeur de la puissance de feu des forces terrestres russes. Avec plus de 1500 canons automoteurs et 1000 lance-roquettes automoteurs en service, la densité des systèmes d’artillerie mobile est sensiblement égale à 1:1 vis à vis du nombre de chars de combat, et atteint les 3:1 si l’on prend en compte les batteries tractées et les systèmes anti-aériens automoteurs. En Europe, alors même que le nombre de chars de combat est dramatiquement bas eu égard aux nombres de soldats, ce taux n’atteint pas 1:2 pour la majorité des armées. Pour l’Armée de terre française, une fois les nouveaux Caesar et mortiers de 120 mm automatiques montés sur Griffon entrés en service, ce taux sera proche de 1:1,3.
Alors que la précision, la portée et la densité des systèmes anti-aériens ne cessent de croitre, le rôle de l’artillerie dans les engagements de haute intensité est à nouveau crucial dans la conduite des opérations, afin de disposer de la puissance de feu nécessaire. Ce constat n’a d’ailleurs pas échappé à de nombreux états-majors, ou les Think tank qui les conseillent, qui s’inquiète de l’inadaptation des forces à un éventuel engagement lourd, face à un adversaire technologiquement performant. L’entrée en service très prochaine du 2S35 Koalistiya n’améliorera certainement pas la situation pour les forces européennes …