Alors que les risques de voir Washington affaiblir ou supprimer la protection américaine de l’Europe ne cessent de croitre, les armées britanniques et françaises constituent, en de nombreux aspects, les forces militaires les plus complètes et les plus expérimentées de l’ensemble du théâtre européen, exception faite de la Russie. Ce sont aussi les deux seuls pays européens à disposer de la puissance nucléaire stratégique.
Pourtant, ces deux puissances clés pour la sécurité du vieux continent, semblent aujourd’hui sur le déclin, payant le prix de budgets militaires trop réduits et d’une activité opérationnelle trop soutenue pour le format de leurs armées, durant les années 2000 et 2010. En outre, celles-ci sont exposées à d’importantes difficultés dans les domaines des ressources humaines et à des arbitrages sévères en matière de programmes d’équipements.
Aujourd’hui, le risque de voir, sur un calendrier particulièrement court, les États-Unis se désengager du théâtre européen, ne cesse de croitre. Ces deux pays pourraient, alors, avoir à assumer le rôle de protecteur de l’Europe, pour lequel ni l’un, ni l’autre n’est pleinement dimensionné.
Cependant, qu’en serait-il si les armées britanniques et françaises, venaient à opérer telle une force armée unifiée, pour contenir la menace russe, mais aussi pour fédérer les européens autour d’un nouveau pacte sécuritaire ?
Sommaire
La menace croissante d’un désengagement des États-Unis du théâtre européen et annexes
Lors d’une récente interview, l’ancien président Donald Trump, à nouveau favori des sondages dans la course à la Maison-Blanche, a réitéré ses menaces concernant un retrait de la protection « offerte » par les États-Unis, aux pays européens de l’OTAN, si les européens « ne payaient pas leur dû« , sans véritablement préciser ce que le « dû » en question, représentait.

Quoi qu’il en soit, entre les propos du candidat Trump, et ceux de son colistier, JD Vance, il ne fait guère de doute que s’ils venaient à retrouver le Bureau Ovale, le soutien américain à la défense européenne serait sous une menace historique, même si les européens venaient à céder aux exigences forcément croissantes et itératives, du nouveau président américain.
En outre, même s’il ne mettait pas ses menaces à exécution, ou si Kamala Harris remportait la présidence, le développement des tensions entre Washington et Pékin, voire entre Séoul et Pyongyang, risquent fort d’amener les armées américaines à devoir se désengager massivement des théâtres européens, moyen-orientaux et africains, pour concentrer leurs forces sur le théâtre Pacifique, face à l’Armée Populaire de Libération.
Il semble, dès lors, évident que les Européens doivent désormais anticiper très sérieusement un retrait américain d’Europe, et peut-être, même, une menace sur le bouclier nucléaire avec lequel les États-Unis ont protégé l’Europe de l’Ouest face à l’Union Soviétique et aujourd’hui la Russie jusqu’à présent.
Les armées françaises et britanniques demeurent sous le seuil de crédibilité pour se substituer à la protection américaine
Toutefois, les armées américaines ne représentent pas uniquement la principale force militaire de l’OTAN, ni le bouclier nucléaire de l’ensemble de ses membres, en dehors de la Grande-Bretagne et de la France qui disposent de leur propre dissuasion stratégique.

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Bonjour Fabrice, article tres interessant qui prend tout son sens aujourd hui!! 👍
Un passage a retenu mon attention. A savoir l alliance avec la Grece qui de fait exclu la Turquie de l alliance. La situation geographique sur les deux rives en faisant un pays important il ne faudrait pas qu ils s allient a la Russie avec ce qui est actuellement la plus grande armée de l OTAN hors USA avec une croissancevet une BITD de valeur. Sans quoi s ajouter un adversaire de cette taille en plus d une Russie equipee et efficace pourrait constituer un probleme majeur pour les pays enclavés par la mer noire.
Car concernant la nouvelle Syrie je crains un scenario facon Irak et un retour a un alignement plus oriental qu occidental a moyen terme. Ajoutons a cela une Algerie tres bien equipée, une Egypte qui s oriente vers l equipement militaire Chinois depuis son adhesion aux Brics.
Se prepare un groupe de pays en mediterrannée dont il va falloir tenir compte militairement parlant.
Erdogan est ce qu il est mais l avoir contre soi ou avec soi change beaucoup de choses quand a l equilibre militaire de l europe a mon avis.
bonjour, oui l’avoir contre soi ne sera pas facile, mais dans l’otan il n’en fait qu’à sa tête et comme certains autres tente de tout bloquer au gré de ses arrangements personnels. quand à sa bitd, oui bon il fabrique sous license, sous marin allemands et frégates, porte avions espagnol et ses avions il ne sait pas faire un réacteur . pour les moteurs et boites de ses chars c’est pareil. alors relativisons quand même ? pour moi la turquie n’a jamais fait partie de l’europe, mais du moyen orient !
Il y a toutefois une réelle problématique à ce scénario, le fait que la Grande-Bretagne soit sorti de la Communauté Européenne ce qui donne un grand levier politique aux détracteurs d’une telle solution.
he voila 5 mois après les prédictions du voyant Mr wolf (extra lucide) commencent à se réaliser. macron et le first minister vont aller voir trump cette semaine pour essayer de lui porter la bonne parole (bon courage à eux deux !) bizzaremment le trouillard scholz va surement dégager de la scène pour être remplacer par un francophile qui déclare (j’en crois pas mes oreilles) vouloir resserer le couple franco/allemand et étudier une alternative au départ des américains. je me suis pincé à cette annonce, bon il est pas encore élu, ni a constitué son gouvernement mais apparemment c’est dans le moove, comme disent les djeunes. bon si on arrive à cela et à débloquer le problème du financement de nos armées, nous auront fait un grand pas en avant et pourrons commencer à tirer des plans sur la comète. wait and see (sea pour les marins, hehe)
Scholz ne sera très probablement pas réélu, mais Friedrich Merz, qui dirige la CDU, se montre encore plus volontaire dans ce domaine. Article demain
a demain donc, excusez d’avoir vendu la mèche
Bonjour,
Je suis très intéressé par ce qui va se produire dans les semaines à venir.
Concernant la position américaine, voici un article qui me semble très sérieux pour expliquer la position de Trump. Il y est question de finance (la dette américaine, son financement et sa soutenabilité, dans un contexte où l’oligarchie américaine ne paie pas d’impôt). Comment les USA peuvent-ils conjuguer enrichissement des oligarques et taux d’intérêt bas: en sabrant dans les dépenses et en imposant à l’Europe de continuer à acheter de la dette américaine via tous les moyens de pression possible. Une remontée des taux d’intérêt sur la dette en dollars aurait des conséquences importantes pour tous les oligarques. Ils souhaitent donc l’éviter à tout prix.
https://legrandcontinent.eu/fr/2025/02/21/lempire-aux-pieds-dargile-la-faille-economique-du-projet-de-donald-trump/
La constitution d’un bloc franco-britannique de sécurité est l’une des réponses. La seconde est le lancement de l’e-Euro. La troisième est une politique de réarmement conséquente.
La quatrième est une relance de la natalité en Europe et la cinquième une réduction du gaspillage d’argent public via la simplification de la réglementation et des sureffectifs.
Merci d’avoir ressorti cet article. Le chemin politique est de plus en plus clair.
Bonjour,
Beaucoup sous-estiment l’antagonisme très fort qui existe entre D. Trump et l’institution militaire américaine. De nombreux incidents avec les militaires avaient émaillé la mandature précédente de Trump, heurtant parfois l’ensemble de la hiérarchie. Les hauts gradés du Pentagone affichent une réelle défiance pour cet homme qui les méprise et « qui ne reconnaît qu’une seule valeur militaire : l’obéissance à son autorité » (sic).le fossé s’est encore agrandi avec le candidat Trump actuel.
La question de l’OTAN ne se pose pas du tout avec les mêmes enjeux stratégiques pour ces militaires américains et l’exécutif de la Maison Blanche.
Il n’est pas certain que l’exécutif américain ait le dernier mot.
Pour un éclairage plus précis sur cet antagonisme, lire l’intéressant article de The Atlantic ici :
http://www.theatlantic.com/politics/archive/2024/10/trump-military-generals-hitler/680327/
(article qui a évidemment donné lieu, vu son titre, à de nombreux Fakes)
bonjour,
les amis Anglais sont nos meilleurs amis et aussi nos meilleurs ennemis..
toujours est il que ce sont des gens qui savent se battre , nous avons fait le coup de poing sur plusieurs théatre ensembles, et que ce n’est pas une armée d’opérette comme certaines autres, malgré le dégraissage qu’elle a subit depuis une quinzaine d’années, grâce à ses merveilleux hommes politiques.
il vaut bien mieux essayer quelque chose avec les Anglais , même si cela ne fonctionne pas à chaque fois, que de continuer des tentatives avec l’Allemagne, tentatives stériles à chaque fois…
Bonjour M. Wolf,
Il me semble que l’histoire des mobilisations européennes (en 1914 ou 1940) montre quels changements psychologiques profonds peuvent advenir en quelques semaines, une fois un pays en guerre, et s’accompagner d’ailleurs de mutations industrielles fulgurantes. Des changements restés souvent inimaginables quelques mois ou années plus tôt, hélas.
L’hypothèse que vous envisagez ne me paraît pas du tout absurde et me rappelle le projet iconoclaste (et plus ambitieux encore) de « fusionner » les deux pays, de lier leurs destins au cœur de la débâcle de juin 1940. Éphémère projet certes, mais soutenu avec force par… Churchill et de Gaulle, tout de même, qui n’étaient pas les premiers venus dans la réflexion sur l’impérialisme et la nation. L’idée d’un tel rapprochement prend racine avant la guerre, une « union » franco-britannique était alors l’objet de réflexions dans les milieux diplomatiques pour faire face à la menace allemande.
Cette préparation d’avant-guerre n’avait pas abouti, pas plus que le projet lui-même n’aboutit en 1940, rejeté en quelques heures par Paris. L’ensemble témoigne cependant d’une proximité culturelle, économique et politique entre les deux pays, surtout face à une menace orientale.
Mais justement. Quelle place faire aux Allemands et aux Italiens (pour ne pas citer d’autres pays d’Europe) dans cette « Entente Cordiale » qui dure depuis 1904 ? Épineuse question d’équilibre européen que vous soulevez fort justement. N’allons pas recréer un nouveau (et funeste) « jeu des alliances » en Europe.
https://www.charles-de-gaulle.org/blog/2020/06/03/lettren13-16-juin-1940-projet-dunion-des-deux-peuples/
De mon point de vue, un « abandon » US créerait un tel traumatisme, en Europe, et un tel appel d’air, vis-à-vis de nos adversaires, qu’il est nécessaire de créer un point de gravité permettant aux autres, de se retrouver dans un contexte suffisamment rassurant pour recréer une unité globale. Or, si on commence à multiplier les acteurs dans les discussions initiales, on rajoute immanquablement des délais, délais qui risquent de s’avérer très handicapant très rapidement. Ce qui est évoqué, ici, ce n’est pas un mouvement de fond, mais un plan d’urgence, qu’il convient de convertir, le cas échéant, en moins de 48 h, pour permettre une recomposition européenne de l’OTAN, à une semaine, soit sous le temps réaction de l’adversaire.
En matière de stratégie européenne et d’alliances les intérêts économiques mènent la dance et l’Allemagne doit préserver son outil industriel pour préserver son économie quitte à tailler des croupières à ses » Alliés concurrents » comme la France et L’Angleterre ses principaux rivaux et en l’occurrence surtout la France qui ne bénéficie pas du soutient militaire Américain .La France est donc le point faible de l’Europe face à l’Allemagne qui passe son temps et son énergie à saborder les projets communs militaires .Il n’y a donc aucun intérêt à poursuivre une politique de coopération avec les Allemands quand on voit comment ceux-ci traitent les projets Franco-Allemands avec pour le moins une certaine désinvolture . Non, en matière d’économie nationale chacun pour soi .Les Allemands tiennent à conserver leur leadership en Europe quittent à marcher sur ses alliés et notamment leur pire allié qu’est la France ,en grande difficulté par ailleurs.
Il n’y a de bonne volonté qu’en dehors des impératifs économiques et militaires de chaque puissance qu’elle soit Européenne ou ailleurs, les Allemands « fabriquent » en chine et vendent en Europe pour le plus grand bien de leur balance commerciale .Les Français achètent leurs bien de consommation en Chine et ne fabriquent plus grand chose d’où la déplorable situation de notre balance commerciale qui fait de notre pays le « caniche » de l’Allemagne . Seule la BIDT militaire Française tire un peu son épingle du jeu mais pour combien de temps ?
Si tous les hommes de bonnes volontés pouvaient vous entendre ! merci pour vos papiers.
Merci ) Après, il faut garder à l’esprit qu’il est toujours éminemment plus facile de dire, que de faire ))
Les casques a pointes reste et resteront au centre de nos problèmes ……. qu’ils soient économiques ou militaires.
Cette voie semble très intéressante pour justement leur mettre le bois 🙂
Belle vision prospective, convaincante quoiqu’un peu utopiste (mais j’espère me tromper).
Je pense juste que dans vos explications vous avez inversé Bir Hakeim et Mers-El-Kebir, sans que cela gêne la compréhension d’ensemble du développement en question.
Bien cordialement
bien vu, corrigé )
Imaginer une alliance franco-britannique de type structurel en matière de défense serait une première historique. Cela signifierait surmonter des siècles de rivalités, de guerres et de méfiance. Au-delà des divergences culturelles, c’est avant tout le défi politique et financier qu’il faudra relever. Mettre de côté les intérêts nationaux, dépasser les clivages, et enfin œuvrer pour le bien commun européen. Une telle coopération pourrait redéfinir les relations entre nos deux pays, en montrant que, face aux menaces, l’unité est plus forte que les divisions. Une véritable révolution dans l’histoire de nos relations mais aussi dans l’histoire de l’humanité, un beau rève.