mercredi, décembre 3, 2025
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Anticipant des délais sur la livraison des Columbia, l’US Navy veut accélérer l’extension des sous-marins nucléaires Ohio

La durée de vie d’une partie des sous-marins nucléaires Ohio américains va devoir être rapidement étendue pour permettre la jonction avec l’entrée en service des SNLE de la classe Columbia.

Le plus souvent, lorsque des délais supplémentaires viennent ralentir ou décaler les programmes de livraison d’équipements militaires, les causes sont à chercher dans des difficultés technologiques, voire dans des décisions budgétaires.

Ce n’est pourtant pas ces facteurs qui inquiètent le Secrétaire à la Navy américain Carlos Del Toro au sujet de la livraison des nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Columbia qui doivent remplacer les sous-marins nucléaires Ohio à partir de 2027.

En effet, si 3 ans séparent la livraison de la première unité à l’US Navy en 2027, et la deuxième unité en 2030, et deux années supplémentaires jusqu’à la troisième unité en 2032, les 9 autres navires doivent, quant à eux, être livrés à un rythme d’un sous-marin par an jusqu’à 2040.

Pour assurer la permanence de la composante sous-marine de la dissuasion nucléaire, qui suppose 10 SNLE opérationnels, l’US Navy devait, à partir de 2026, entreprendre de déterminer quels navires de la classe Ohio pouvaient être une nouvelle fois prolongés de quelques années.

Rappelons que les Ohio, entrés en service entre 1984 et 1997 concernant les 12 navires assurant aujourd’hui la dissuasion nucléaire américaine, avaient déjà été prolongés une première fois il y a quelques années, pour leur permettre d’atteindre une vie opérationnelle de 42 ans contre 35 ans initialement prévue, et ainsi assurer le chevauchement avec le programme Columbia.

Les sous-marins nucléaires Ohio, comme les Los Angeles, sont entrés en service au cours des années 80 et 90.
Les chantiers navals US font l’expérience de nombreuses difficultés de recrutement, notamment depuis la crise Covid.

Les tensions internationales, et la nécessité absolue de maintenir une posture de dissuasion pleinement opérationnelle et garantie dans les années à venir, oblige désormais l’US Navy à étendre la vie opérationnelle de certains de ces navires, pour anticiper d’éventuels retards du programme Columbia.

En effet, selon l’assistant secrétaire à la Navy en charge de la recherche, du développement et des acquisitions, Jay Stefany, les chantiers navals mobilisés pour la construction des Columbia, pourraient rencontrer, dans les années à venir, d’importantes difficultés pour recruter la main d’œuvre nécessaire à la montée en puissance des rythmes de production des navires de la classe, notamment pour soutenir un rythme rapide de livraison d’un navire par an à partir de la 4ᵉ unité.

Dans ce contexte, il est indispensable d’entreprendre, dès 2025, l’identification des coques de SNLE Ohio capables de soutenir une nouvelle extension de vie, de sorte à absorber les délais de livraison supplémentaires qui pourraient intervenir lors de la prochaine décennie.

L’extension de vie des Ohio sera une tâche complexe, pour des sous-marins ayant déjà connu une activité opérationnelle intense aux cours des 42 années précédentes. Ces navires ne doivent pas uniquement naviguer, ils doivent également se montrer particulièrement discrets de sorte à assurer l’efficacité de la dissuasion américaine.

Reste que les problèmes qui touchent aujourd’hui un programme aussi sensible que les SNLE américains, pourraient également venir entraver d’autres grands programmes navals.C ‘est notamment le cas de la montée en puissance de la livraison de sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Virginia, ou les frégates de la classe Constellation.

Comme beaucoup de forces armées dans le monde, l’US Navy est aujourd’hui contrainte de moderniser ses équipements à un rythme bien supérieur à celui qu’il devrait être, conséquences de mauvais investissements (Zumwalt, LCS..) ayant lourdement handicapé le planning de renouvellement programmé des équipements.

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Les capacités des chantiers navals chinois ont cru sur une dizaine d’années pour permettre de moderniser et d’étendre progressivement les forces navales de l’Armée Populaire de Libération

En outre, une fois le pic d’activité passé, les industriels ayant produit l’effort requis pour répondre aux besoins, risquent fort de devoir faire face à une baisse sensible de l’activité. En effet, la plupart des équipements auront été livrés sur une petite fenêtre de temps, avec le risque de créer un phénomène de vagues industrielles autoentretenues dans la durée.

Le problème est d’autant plus délicat que de l’autre coté du Pacifique, la Chine, de son coté, poursuit un programme industriel naval exemplaire, avec une montée en puissance progressive sur 15 ans, suivi d’un rythme de production correspondant à la montée en puissance des forces navales chinoises sur un cycle industriel complet de 30 ans.

Dit autrement, le constat fait par Carlos Del Toro au sujet des SNLE de l’US Navy, pourrait être le symptôme d’un déséquilibre plus profond, conférant à Pékin un net ascendant stratégique sur le dimensionnement des forces navales, mais également de l’industrie navale des deux pays. Le bras de fer qui les oppose depuis plusieurs années, promet alors de perdurer encore plusieurs décennies.

L’Estonie et la Lettonie se tournent conjointement vers le système antiaérien IRIS-T SLM pour protéger le ciel balte

Le Système antiaérien IRIS-T SLM de l’allemand Diehl a été choisi conjointement par deux pays baltes, l’Estonie et la Lettonie, pour accroitre les performances de leurs forces armées dans ce domaine.

En 2022, seuls six pays membres de l’OTAN investissaient plus de 2% de leur PIB pour leurs dépenses de défense. La moitié d’entre eux est représentée par les trois pays baltes qui, en dépit de leurs faibles moyens, produisent un effort exemplaire dans ce domaine, non seulement du point de vue budgétaire, mais également du point de vue militaire et humain.

Ainsi, l’Estonie, avec seulement 1,3 million d’habitants et un PIB de 38 Md$, consacre 1 Md$ à ses armées en 2023, soit 2,85% de son PIB, et garde sous les drapeaux 7500 militaires dont la moitié est constituée de conscrits effectuant un service militaire de 11 mois, soit presque deux fois plus de militaires en activité que la France une fois rapporté à la population.

La Lettonie, de son côté, fait encore mieux, avec 16.000 militaires en activité pour une population de seulement 1,9 million d’habitants, et un budget de défense de 800 m$ pour un PIB de 40 Md$, soit, un effort de défense de 2,3%.

Pour autant, et en dépit de la menace particulièrement présente pour ces pays bordant la Mer Baltique et partageant une frontière directe avec la Russie, l’un comme l’autre sont soumis à des effets de seuils importants en matière de capacités militaires, rendant très difficile la mise en œuvre de certaines capacités, comme les forces navales ou aériennes, ainsi que d’une défense anti-aérienne moderne.

Jusqu’à présent, les deux armées étaient, dans ce domaine, limitées aux systèmes anti-aériens portables d’infanterie, le RBS-70 suédois et le Stinger américain pour les Lettons, et le Mistral français pour les Estoniens. Si les alliés de l’OTAN déploient des capacités aériennes et anti-aériennes, en plus des moyens mécanisés, dans les pays baltes, Riga et Tallinn entendaient accroitre leurs capacités propres dans ce domaine.

Le système antiaérien IRIS-T SLM s'est montré performant en Ukraine
Le système Iris-t SLM est particulièrement souple et peu s’appuyer sur différents types de véhicules, de radar ou de systèmes de combat.

Pour y parvenir, les deux baltes entreprirent, en juin 2022, de négocier et de mettre en œuvre conjointement un système moderne de défense anti-aérienne, le centre estonien pour les investissements de défense RKIK – (Riigi KaitseInvesteeringute Keskus), ayant été en charge de mener l’étude initiale auprès de six industriels pour déterminer le système le plus à même de répondre aux besoins opérationnels, mais également aux attentes budgétaires et industrielles des deux pays.

Au final, c’est le système antiaérien IRIS-T SLM de l’allemand Diehl défense qui a été sélectionné, le début de négociations exclusives avec l’industrie ayant été annoncé conjointement par la ministre de la Défense lettone, Ināra Mūrniece, et par son homologue estonien, Hanno Pevkur, lors d’une conférence de presse durant laquelle les deux ministres ont précisé qu’il s’agissait, pour les deux pays, du programme d’acquisition de défense le plus couteux jamais entrepris jusqu’ici, une unique batterie IRIS-T SLM étant annoncée, en données publiques, autour de 140 m$.

Selon le site polonais defense24.pl, il est possible que la décision des pays baltes ait été conditionnée par les résultats opérationnels de la batterie IRIS-T qui a été transmise aux défenseurs ukrainiens en octobre dernier, cette dernière ayant été créditée, de manière officielle, de plus de 60 cibles abattues de tout type, alors qu’une seconde batterie de même type aurait été livrée à Kyiv il y a quelques semaines.

Capable d’intercepter des cibles aériennes dans un rayon de 25 km jusqu’à 20.000 mètres d’altitude, et de les détecter dans un rayon de 250 km, l’IRIS-T SLM se compose d’un radar 3D comme le CEAFAR, le TRML-4D, le Girafe A4 ou le Groundmaster 200, d’un poste de contrôle et de 3 transporteurs-érecteurs-lanceurs (ou TEL) armés chacun de 8 missiles IRIS-T. Une nouvelle version, désignée SLX et étendant la portée d’interception à 40 km, est en développement actuellement.

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La batterie IRIS-T SLM mise en œuvre en Ukraine depuis octobre 2022 semble avoir fait la démonstration d’une grande efficacité opérationnelle

Considérant les besoins de défense anti-aérienne pour les deux pays, et notamment la protection des deux capitales Riga et Tallinn, on peut supposer qu’au moins 2 batteries, plus probablement 4, seront acquises à l’occasion de ce contrat, la formation des opérateurs et la maintenance des systèmes pouvant en revanche être mutualisées entre les deux forces armées qui ont entrepris une intense collaboration depuis 2015 et l’assaut russe sur la Crimée et le Donbass.

Pour autant, la mise en œuvre de ces systèmes, prévue pour 2025, ne devrait pas amener à un allègement du dispositif anti-aérien et aérien déployé dans les pays Baltes par l’OTAN, mais ils en compléteront efficacement les capacités pour contrer une éventuelle agression.

Drone de combat et guerre électronique, le Rafale F5 sera prêt pour la haute intensité opérationnelle comme commerciale en 2030

En juillet dernier, alors que les discussions étaient au point mort entre Dassault Aviation et Airbus DS au sujet du partage industriel autour du premier pilier du programme SCAF, Eric Trappier, le PDG de l’avionneur français, avait entrepris une offensive médiatique afin de présenter les alternatives pour la France si le programme d’avion de combat européen venait à péricliter.

La solution alors proposée par Dassault reposait alors sur la conception d’une évolution majeure du Rafale F5, une sorte de Super-Rafale, associée à un drone de combat moyen de type Loyal Wingman dérivé des acquis technologiques du programme nEUROn.

Un mois plus tard, dans un article publié sur Meta-defense, nous présentions plusieurs arguments en faveur d’une telle approche comparable, basée sur une version dédiée à la guerre électronique du Rafale ainsi que sur un Loyal Wingman dérivé du Neuron, les deux étant jugés indispensables dans les années à venir, que le programme SCAF vienne à péricliter, ou pas.

De toute évidence, le Ministère des Armées, ainsi que les État-majors de l’Armée de l’Air et de l’Espace et de la Marine Nationale, avaient, eux aussi, mené un raisonnement comparable.

En effet, dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, il fut rapidement admis qu’il était désormais indispensable de doter le Rafale, dans ses versions à venir, de capacités de suppression des défenses anti-aériennes adverses, représentées par l’acronyme anglophone SEAD.

La guerre aérienne en Ukraine a fait la démonstration, s’il était besoin, de la menace que représentent aujourd’hui les systèmes anti-aériens modernes pour qui entend obtenir la supériorité aérienne, et surtout pour qui, comme la France et l’ensemble des forces armées occidentales, a confié à ses forces aériennes une grande partie de sa propre puissance de feu.

Avant le Rafale F5 en 2030, la version F4 commencera à rejoindre les unités de l'Armée de l'Air et de la Marine Nationale dans les années à venir
Avant le Rafale F5 en 2030, la version F4 commencera à rejoindre les unités de l’Armée de l’Air et de la Marine Nationale dans les années à venir

Les capacités SEAD qui doteront le Rafale dans les années à venir, en partie sur le standard F4 et pleinement sur le standard F5, reposeront très probablement sur le développement de nouvelles munitions air-sol anti-radiation capables de remonter un faisceau radar pour en détruire l’émetteur.

L’appareil empotera également de puissants brouilleurs qui permettront à un Rafale non seulement de se protéger lui-même, mais également les autres appareils alliés évoluant dans la zone et ne disposant pas de systèmes de guerre électronique aussi performants que son propre SPECTRA, comme les chasseurs moins évolués, les drones et les hélicoptères.

Le Rafale ainsi doté qui équipera les forces aériennes françaises lors de la prochaine décennie, sera ainsi relativement proche de la version dédiée imaginée dans l’article du mois d’aout de Meta-Défense. En revanche, rien n’indiquait jusqu’ici qu’un drone de combat de type Loyal Wingman serait développé pour épauler le Rafale. C’est désormais chose faite !

En effet, dans le cadre des discussions parlementaires encadrant le prochain vote de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, le Ministère des Armées a déposé le 16 mai un amendement visant à clarifier les efforts qui seront entrepris pour le programme Rafale, et notamment concernant la nouvelle version F5 qui sera développée au cours de cette période, pour entrer en service autour de 2035 initialement, puis précisé pour 2030.

On le savait déjà, le Rafale F5 sera un appareil très différent des versions précédentes, au point qu’il est désormais question de faire diverger les futures évolutions de l’appareil en deux familles, l’une concernant les appareils actuellement en service jusqu’aux premières versions du standard F4, et une seconde branche destinée à porter des capacités nouvelles nécessitant une profonde révision de la structure de l’appareil, à partir du standard 4.2 à suivre, et qui prendra sa pleine mesure dans le standard F5.

L’amendement déposé par le Ministère des Armées précise donc que le développement de cette nouvelle branche du programme Rafale, et du standard F5, sera en partie effectué au cours de la LPM 2024-2030.

Mais il précise également certaines des capacités qui seront développées dans ce cadre, comme des capacités de traitement largement accrues, et surtout deux nouvelles capacités clés, à savoir la suppression des défenses anti-aériennes adverses d’une part, ainsi que le développement d’un drone de combat basé sur les acquis technologiques du programme nEUROn, ce qui constitue une première dans la communication officielle française, le sujet n’ayant pas même été abordé comme un axe de travail potentiel jusqu’ici.

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Développé conjointement par la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, la Suède et la Suisse, le Neuron a fait son premier vol en décembre 2012

En effet, jusqu’à présent, l’hypothèse fréquemment retenue était que le Rafale français, comme le Typhoon européen, bénéficierait, dans le domaine des drones de combat, des développements des drones « Remote Carrier » développés dans le cadre du programme européen SCAF.

La formulation retenue dans l’amendement laisse supposer qu’il s’agirait, là, du développement d’un nouvel appareil, probablement complémentaire des Remote Carrier, qui évoluerait à l’instar des programmes Loyal Wingman développés aux États-Unis ou en Australie, ou encore du S70 Okhotnik B russe, aux côtés des avions de combat de manière autonome et à leur profit, sans devoir être préalablement aéroportés comme ce sera le cas des Remote Carrier.

Bien évidemment, il faudra attendre d’obtenir davantage de détails de la part du Ministère des Armées et des État-majors français, pour se faire une idée de ce que sera cet appareil, ainsi que de ses capacités.

Toutefois, le fait que le NEUROn ait été cité en référence, laisse supposer qu’il s’agira d’un drone relativement imposant, le Neuron atteignant sept tonnes, furtif et capable d’emporter une vaste panoplie de systèmes et d’armement, avec le potentiel de démultiplier les capacités de l’avion de combat qu’il épaulera en tant qu’ailier.

Pour autant, l’annonce de ce développement, dans le cadre du programme Rafale F5, va ouvrir de très nombreuses opportunités opérationnelles comme industrielles et commerciales.

En effet, l’arrivée conjointe de drones de combat de type Neuron mais également de Remote Carrier, notamment des versions légères développées par MBDA pouvant potentiellement être transportés tant par le Rafale que son allié dronisé, permettra au chasseur français de palier son manque de furtivité, en évoluant à distance de sécurité des zones de défense aérienne et en laissant ses alliés robotisés, qui eux seront furtifs, le soin de porter le feu.

En outre, ce nouveau drone de combat permettra potentiellement de palier, tout du moins en partie, au manque de masse des forces aériennes françaises, notamment en remplaçant pour certaines missions le rôle de l’ailier, voire en se substituant à des appareils plus légers que le Rafale, comme le Mirage 2000D (ou le Super Étendard) dans les missions d’attaque.

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Les drones Remote Carrier sont des drones de combat autonomes aéroportés développés dans le cadre du programme SCAF

Ces nouvelles capacités, associées à la nouvelle branche d’évolution initiée par le standard F5, pourront de fait renforcer l’attrait pour les forces aériennes internationales du Rafale qui, d’un point de vue opérationnel, n’aura plus guère à envier au F-35 dans ses domaines de prédilection (Furtivité, SEAD…), mais qui disposera toujours de performances supérieures en termes de vitesse, rayon d’action ou capacités d’emport.

Ainsi, alors que le positionnement concurrentiel du Rafale sur la scène international pouvait prêter à inquiétude au-delà de 2030, les développements évoqués dans l’amendement ministériel, laissent supposer que l’appareil conservera un réel attrait après cette date, et ce, jusqu’à l’entrée en service du SCAF (2045 ?) et peut-être même au-delà.

Enfin, ces annonces constituent probablement un soulagement pour plusieurs industriels de la défense français, notamment ceux qui virent une partie de leurs savoir-faire et compétences sacrifiés sur l’autel de la coopération européenne dans le cadre du partage industriel du programme SCAF.

En effet, en développant pleinement non seulement une nouvelle version avancée du Rafale, mis aussi un drone de combat national, le Ministère des Armées garantit, au moins en partie, à ces industriels qu’ils pourront maintenir compétences et savoir-faire technologiques dépassant le seul programme SCAF, notamment en développant l’ensemble du probablement très riche techno-système qui entourera le Rafale F5 et son drone de combat attitré.

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Avec le standard F5 et le drone de combat en développement, le Rafale restera une alternative de premier plan pour les forces aériennes internationales après 2030, y compris face au F-35

Reste que, si l’Amendement N°292 déposé par le gouvernement trace une route prometteuse pour le Rafale, les forces aériennes françaises et l’industrie aéronautique de défense nationale, il faudra attendre que les programmes qui en découleront soient effectivement lancés et détaillés pour en percevoir l’exacte nature.

Car si les ambitions se sont succédées au parlement par voix d’amendements, l’enveloppe globale de la LPM, elle, est restée figée, et rien n’indique à ce jour qu’il soit effectivement possible de l’étendre dans les années à venir. Et de se rappeler que dans un jeu à somme nulle, les bénéfices de l’un se font nécessairement au détriment des autres.

Quoiqu’il en soit, on en peut que se satisfaire de la trajectoire établie par cet amendement dans le cadre de la LPM à venir, chose suffisamment rare pour être notée.

L’Iran construirait un nouveau site nucléaire hors de portée des meilleures bombes occidentales conventionnelles

Selon de récents clichés de la société Plant Labs, l’Iran construirait un nouveau site nucléaire près de Natanz, à ce point protégé qu’il pourrait résister aux meilleures armes conventionnelles occidentales.

Le développement du programme nucléaire iranien est un sujet de grande préoccupation sur la scène internationale, en particulier pour les voisins de la république islamique, mais également pour les pays occidentaux qui dépendent de l’approvisionnement énergétique en provenance du Moyen-Orient, ainsi que pour Israël qui est, depuis longtemps, désigné par Téhéran comme l’adversaire majeur du pays.

Ces dernières années, les messages d’alerte n’ont cessé de se succéder, alors que l’Iran a purifié des quantités d’uranium dans ses centrifugeuses bien au-delà des limites autorités par l’Agence Internationale l’Énergie Atomique, 10 fois plus même, selon l’organisme.

L’Iran elle-même contribue à cette inquiétude, en annonçant être parvenue à constituer un stock de 300 kilos d’uranium enrichi à 60% et aurait même atteint un taux d’enrichissement de 83,7%, à quelques % du seuil des 90% pour la création d’une arme nucléaire.

Et les dernières révélations faites par l’Associated Press sur la base d’analyses de clichés satellites de Planet Labs PBC, montrant d’importants travaux d’excavation près de Natanz, à 220 km au sud de Téhéran, et surtout à proximité d’un autre site nucléaire majeur iranien.

Les clichés satellites montrent que le site des travaux est lourdement protégé, notamment par des défenses anti-aériennes et par des unités des Gardiens de la Révolution, alors que la montagne de débris laisse supposer que l’installation en construction serait particulièrement profonde et volumineuse.

Elle serait ainsi suffisante non seulement pour recevoir les centrifugeuses iraniennes, mais également d’autres installations, et surtout à une telle profondeur qu’elles seraient hors de portée des meilleurs systèmes conventionnels occidentaux, y compris américains.

Le site nucléaire iranien de Natanz
Cliché des travaux empress a Natanz (Planet Labs – Associated Press)

Force est de constater que beaucoup de conjectures entourent la démonstration faite par l’AP dans l’analyse des clichés de Planet Labs du site de Natanz. Toutefois, on ne peut non plus nier que le raisonnement est solide, et que les hypothèses sur lesquelles il est construit sont solides. I

Il ne s’agit donc pas d’une certitude, encore moins d’une preuve, mais ces travaux, leur localisation et leur nature tendent en effet à accréditer l’hypothèse d’installation à vocation nucléaire, même si, dans le respect de la législation internationale, Téhéran aurait dû déclarer la construction de telles infrastructures à l’AIEA, ce qu’elle n’a évidemment pas fait.

La construction d’un site à ce point dissimulé et durci va très probablement attiser les tensions régionales et internationales, en particulier pour Israël qui, depuis plusieurs années, anticipe la nécessité de devoir frapper les installations nucléaires iraniennes pour empêcher le pays de se doter de l’arme nucléaire.

Jérusalem estime en effet publiquement que l’Iran est désormais à moins de deux ans de disposer d’une telle arme qui viendrait profondément bouleverser les équilibres stratégiques régionaux, d’autant plus une fois que les forces aériennes iraniennes seront équipées des Su-35s commandés auprès de Moscou il y a quelques mois, et dont la livraison se fait toujours attendre.

Su35s base syrie Planification et plans militaires | Constructions Navales militaires | Etats-Unis
L’arrivée de Su-35s en Iran donnerait aux forces aériennes l’allonge nécessaire pour atteindre le sol israélien

Le rapprochement entre Téhéran et Moscou peut également amener ce dernier à paralyser le Conseil de Sécurité des Nations Unis pour durcir les sanctions contre le régime iranien, voire à accroitre les livraisons de systèmes d’armes évolués comme les systèmes anti-aériens S-400, les batteries côtières Bastion ou les avions de combat Sukhoï, de sorte à accroitre considérablement le potentiel de nuisance de l’Iran, et donc l’attention occidentale à son égard.

Une chose est certaine, les autorités iraniennes doivent être bien sûres d’elles pour entreprendre un tel chantier qui ne pouvait passer inaperçu des satellites d’observation occidentaux, et dont la finalité n’est guère difficile à imaginer.

Le système optronique « Hemispace » de Lerity sera présent au Paris Air Show 2023

LERITY expose ses innovations, dont sa solution électro-optique de détection de drones à 360°, HEMISPACE TM,

au Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace de Paris-Le Bourget du 19 au 25 juin, 2023. LERITY vous invite à rejoindre ses collaborateurs sur le salon au stand numéro G 137 dans le Hall 2B (sous l’égide du groupe ALCEN) et sur l’espace du Ministère des armées, dans le zone A3 sur le tarmac à l’extérieur, où LERITY a l’honneur de présenter HEMISPACETM.

LERITY, concepteur et fabricant, spécialiste reconnu dans le domaine des systèmes de vision innovants à haute technicité, est une entreprise française avec plus de 35 ans d’existence. Ses équipements sont conçus pour répondre aux besoins les plus exigeants et sont intégrés sur diverses plateformes (terrestres, marines, aériennes). Dans le domaine de l’aéronautique, LERITY fabrique notamment les caméras HUD (Head-Up Display – Affichage tête haute) pour le RAFALE.

Pour en savoir plus : https://www.lerity-alcen.com/

Pour suivre LERITY sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/lerity-alcen/

Pour voir une vidéo promotionnelle sur HEMISPACE https://youtu.be/aVQXbUZXTPo

Taïwan commande 18 systèmes M142 HIMARS supplémentaires à Lockheed-Martin

Taïwan va commander 18 M142 HIMARS supplémentaires afin d’accroitre sa puissance de feu à moyenne portée face à la menace croissance d’une intervention militaire chinoise sur l’ile.

À l’instar des Mirage lors des guerres israélo-arabes et des bombes guidées laser de la guerre du Golfe, la guerre en Ukraine a fait émerger certaines stars du marché international de l’armement, comme le drone TB2 turc, le canon Caesar français ainsi que le système d’artillerie à longue portée M142 HIMARS de l’américain Lockheed-Martin.

Le succès du M142 HIMARS en Ukraine et sur la scène internationale

Le système n’avait été commandé, en dehors des Etats-Unis, que par 5 forces armées pour moins de 80 exemplaires avant le 24 février 2022. Il a depuis été commandé par 6 nouvelles armées dans le monde, pour plus de 70 unités, sans compter la commande potentielle polonaise qui sera de 200 à 500 unités.

Taïwan faisait partie des premiers clients internationaux de l’HIMARS, avec une commande de 11 exemplaires annoncée en octobre 2020. Le succès de l’HIMARS a peut être influencé Taipei pour faire face à une éventuelle offensive chinoise. En effet, les autorités du pays viennent de rendre publique leur intention de commander 18 unités supplémentaires devant être livrés à partir de 2026.

Très mobile grâce à sa configuration 6×6 pour une masse au combat inférieure à 19 tonnes, le M142 HIMARS permet de traiter des cibles distantes de 15 à 500 km selon les munitions mises en œuvre.

Le M142 HIMARS s'est montré efficace en Ukraine
L’efficacité des systèmes HIMARS en Ukraine a convaincu plusieurs pays de se doter de ce système, ou de systèmes équivalents comme le K-239 ou le PULS

ATACMS et PrSM, des munitions à portée étendue

Armé de roquettes GMLRS de 227 mm, le système peut emporter 2×6 munitions d’une portée de 15 à 92 km (150 km pour l’ER-GMLRS) à guidage GPS transportant une charge militaire de 91 kg, capables de traiter de larges surfaces contre des cibles faiblement durcies.

Le missile balistique ATACMS, ou plutôt les missiles balistiques appartenant à cette classification, a une portée de 300 km, et est conçu pour éliminer les cibles durcies dans la profondeur du dispositif de l’adversaire, avec une charge militaire de 230 kg identique à celle qui équipe le missile anti-navire Harpoon.

Une nouvelle munition, baptisée Precision Strike Missile ou PrSM, est capable d’atteindre des cibles à 500 km de distance, alors qu’une version modernisée de celle-ci, en cours de développement et équipée d’un statoréacteur, permettra d’atteindre 1 000 km de portée.

Taïwan attend ses livraisons d’armes

Reste que si Taïwan a annoncé de nombreuses commandes de matériels militaires américains ces dernières années, les livraisons, elles, se font attendre.

Ainsi, en début d’années 2023, les commandes taïwanaises aux industriels de défense américains n’ayant pas été livrées atteignaient le montant astronomique de 19 Md$. Ce niveau est d’autant plus surprenant que les Etats-unis ne cessent de tenter de fédérer ses alliés pour dissuader Pékin d’entreprendre une action militaire contre son voisin.

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Successeur de l’ATACMS, le PrSM atteint déjà une portée de 500 km, et pourra atteindre des cibles à 1 000 km dans les années à venir

Cette situation a amené, à plusieurs reprises, des sénateurs américains à s’étonner, voire à s’agacer de la situation. En effet, si la livraison d’armes à Taipei provoque immanquablement une réaction hostile de Pékin, l’absence de livraison d’armes amène bien davantage Pékin à estimer l’opération militaire possible.

Selon l’assistante Secrétaire d’État aux affaires militaires américaines, Jessica Lewis, les délais de livraison d’armes ne sont pas exclusifs à Taïwan. Ils relèveraient de la hausse soudaine des commandes internationales auprès de l’industrie de défense US, mais également des conséquences de la crise Covid sur la production américaine.

Il est vrai, cependant, que les délais aujourd’hui proposés pour la livraison de certains systèmes d’armes, comme le HIMARS, sont à ce point longs qu’ils ont amené des pays comme la Pologne ou les Pays-Bas, à se tourner vers des solutions alternatives, le K239 Chunmoo sud-coréen ou le PULS israélien.

Une telle option est toutefois hors de portée de Taïwan, très peu de pays étant, à l’inverse des Etats-Unis, prêts à souffrir le courroux de Pékin pour avoir vendu des armes à Taïwan.

La Roumanie va commander 2 sous-marins Scorpène au français Naval Group

L’annonce était attendue. Elle semble désormais officielle. Selon le site defenseromania.ro, le parlement roumain a donné son aval pour l’acquisition de deux sous-marins Scorpene, ainsi que deux bâtiments de guerre des mines d’occasion acquis auprès de la Royal Navy.

Le contrat avec la France portera sur la construction des deux submersibles par Naval Group, ainsi que la livraison de torpilles, d’éléments de maintenance ainsi qu’un ensemble de services incluant la formation et le soutien des personnels techniques et militaires, y compris en matière de guerre sous-marine.

Si le montant du contrat est connu, 2 Md€, son calendrier du contrat n’a pas, pour l’heure, été dévoilé ni par les autorités roumaines, ni par Naval Group.

L’acquisition de ces deux sous-marins va considérablement accroitre le potentiel de la Marine roumaine, et bouleverser le rapport de force naval en Mer noire, aujourd’hui essentiellement contrôlée par les Marines turques et russes, cette dernière alignant 6 sous-marins 636.3 Improved Kilo au sein de la flotte de la Mer Noire.

Performants, discrets et dotés d’excellents systèmes de combat, les deux Scorpène roumains seront de fait une entrave notable à la liberté de manœuvre russe dans ces eaux, tant au-dessous que sous la surface.

À noter que le contrat portant sur la construction locale de corvettes Gowind 2500 par les chantiers navals Constanta annoncée en 2019, Naval Group et l’industriel ne parvenant pas à trouver un terrain d’entente budgétaire, selon le site roumain.

Les sous-marins Scorpène roumains auront fort à faire en Mer Noire
La flotte de mer noire russe aligne 6 sous-marins à propulsion conventionnelle 636.3 Improved Kilo. L’arrivée des Scorpène roumains va sensiblement bouleverser les équilibres navals sur ce théâtre.

L’acquisition de ces deux nouveaux Scorpène représente un immense succès pour Naval Group, Non seulement le constructeur français parvient-il à renouer avec le marché européen plus de 35 ans après la livraison du dernier Agosta à la marine espagnole, mais le Scorpene dépasse, par cette commande en devenir, le record d’exportation de sous-marins français avec la Daphné, avec 16 navires exportés vers 5 marines.

Un record d’autant plus remarquable que le Scorpène n’a jamais été mis en service au sein de la Marine Nationale, celle-ci s’étant tournée, dans les années 90, vers une flotte sous-marine exclusivement composée de navires à propulsion nucléaire.

Ce succès pourrait d’ailleurs en appeler d’autres. Comme nous l’avions écrit il y a quelques mois, l’année 2023 pourrait bien être l’année du Scorpene, plusieurs autres marines étant désormais en négociations concrètes avec Navy Group pour s’en doter à relativement court terme, dont les Philippines, l’Indonésie et peut-être même l’Argentine.

Si ces discussions venaient à aboutir, le Scorpene pourrait alors réaliser l’exploit de dépasser le succès commercial du Type 214 allemand à ce jour, acquis à 21 exemplaires par quatre marines. Reste désormais à concrétiser ces négociations, pour amener le Scorpène sur le podium historique des plus grands succès de l’industrie de défense français.

Le programme d’avion de combat sud-coréen KF-21 Boramae passe une première qualification de combat

Moins d’une année après que le prototype du chasseur de nouvelle génération sud-coréen KF-21 Boramae a fait son premier vol, le programme KFX se poursuit tambour battant pour respecter le très ambitieux calendrier qui prévoit d’entamer la production de série dès 2024 et l’entrée en service des premiers appareils dès 2026 pour remplacer les F-4 et F-5 encore en service au sein des forces aériennes du pays.

En effet, dans un communiqué de l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, l’agence supervisant les acquisitions des programmes d’armement du pays a annoncé que l’appareil venait de passer une première évaluation de ses capacités de combat, de sorte à ouvrir la voie vers la production de série l’année prochaine.

Il faut dire que les ingénieurs et pilotes d’essais sud-coréen n’ont pas chômé ces derniers mois. Les 4 prototypes déjà construits, trois monoplaces et un biplace, ont déjà effectué plus de 200 vols d’essais ayant permis d’en évaluer le comportement, la vitesse, l’allonge, le fonctionnement des systèmes et le domaine de vol de l’appareil.

Mais le plus surprenant n’est pas tant l’intensité des essais, que le respect strict du calendrier prévu, alors que le Boramae est le premier chasseur moyen, qui plus est bimoteur et à mi-chemin entre les 4ᵉ et 5ᵉ génération, sans qu’il rencontre de difficultés techniques ou conceptuelles obligeant à quelques délais supplémentaires.

KF 21 Boramae biplace Planification et plans militaires | Constructions Navales militaires | Etats-Unis
4 prototypes dont un biplace du KF-21 Boramae participent aujourd’hui à la campagne d’essais en vol du programme KFX

À titre de comparaison, il fallut presque 10 années à l’industrie aéronautique de défense française entre le premier prototype en 1991 et l’arrivée des premiers Rafale M au sein de la flottille 12F, et le constructeur Saab a mis près de 10 ans à concevoir et produire son Gripen E.

Bien évidemment, chaque programme à son histoire et ses propres contraintes, mais il n’en demeure pas moins vrai que l’industrie aéronautique sud-coréenne réalise aujourd’hui avec le KF-21 Boramae une impressionnante démonstration de ses nouvelles capacités pour concevoir, tester et produire un nouvel avion de combat moderne dans un délai particulièrement court.

Il n’est donc guère surprenant que, comme le char K2 Black Panther ou le canon automoteur K9 Thunder avant lui, le KF-21 rencontre un véritable intérêt sur la scène internationale, alors même qu’il a encore tout à démontrer.

Au-delà de l’Indonésie, dont la participation au programme est aujourd’hui incertaine en dépit des annonces faites en ce sens, Jakarta étant plus prompt à s’afficher qu’à régler ses factures semble-t-il, l’appareil est déjà au cœur de négociation entre la Corée du Sud et la Pologne.

À l’instar du char K2, et avec un prix unitaire évaluer autour de 80 m$, il pourrait en effet représenter une solution de génération intermédiaire pertinente et économique pour de nombreuses forces aériennes, y compris en Europe, en mal de solutions pour remplacer leurs F-16, Mig-29 ou Mirage 2000, ne pouvant pas franchir le pas budgétaire pour se doter d’une flotte suffisante de F-35A ou de Rafale F4, alors que les SCAF et GCAP européens n’entreront pas en service avant une quinzaine d’années, et que tout indique qu’ils seront plus onéreux que les appareils qu’ils remplaceront.

Rafale F41 Mont de Marsan CEAM Planification et plans militaires | Constructions Navales militaires | Etats-Unis
Le Rafale F4/F5 aura-t-il les arguments pour s’imposer face au prometteur KF-21 Boramae sur le marché international au delà de 2030 ?

En ce sens, l’arrivée du KF-21 Boramae sur le marché international des avions de combat, risque fort d’engendrer une situation comparable à celle créée par le char Black
Panther, obligeant les industriels, notamment européens, à concevoir en urgence une solution susceptible de se positionner face à cet appareil prometteur et pourtant conçu sur la base de technologies toutes maitrisées et connues de l’industrie aéronautique de défense européenne.

Et de se rappeler qu’avant la signature du contrat polonais, bien peu, en Europe, considéraient le K-2 comme une réelle menace sur la main mise européenne (allemande) sur le marché des chars de combat…

50% des décès de militaires russes en Ukraine seraient la conséquence d’une mauvaise formation aux premiers secours

Il est rare, aujourd’hui, que les organes de presse russes s’aventurent à publier des témoignages pointant des dysfonctionnements au sein des armées, et en particulier lorsque cela concerne l’opération spéciale militaire en Ukraine, telle que désignée officiellement.

Il est vrai que la critique de l’une comme l’autre est désormais passible de 15 années de prison, et les tribunaux russes semblent plutôt enclins à appliquer strictement les nouvelles lois de la Douma dans ce domaine.

Ce fut pourtant le cas dans un article publié par le site Ria Novostii le 27 avril, en l’occurence une interview du chef du centre de formation en médecine tactique Kalashnikov Artem Katulin.

Si l’interview en elle-même est édulcorée et n’a guère d’intérêt, elle contient tout de même une révélation des plus spectaculaires. En effet, selon Artem Katulin, 50% des décès de militaires russes en Ukraine, seraient liés à de mauvais soins d’urgence, et donc à une mauvaise formation des troupes aux premiers secours.

Et d’enfoncer le clou en précisant que 30% des amputations réalisées sur les militaires participant à l’opération spéciale militaires, sont la conséquence d’un garrot mal posé.

Selon lui, si les membres du centre sont présents en Ukraine et effectuent un important travail de formation, la plupart des militaires demeurent sans connaissances appropriées, ceci expliquant en partie les lourdes pertes enregistrées.

Firsthelp training ukrain Planification et plans militaires | Constructions Navales militaires | Etats-Unis
La formation aux premiers secours est particulièrement sérieusement effectuée par les soldats ukrainiens, avec l’aide de formateurs occidentaux (ici espagnol)

Selon la Defense Intelligence Agency américaine, les armées russes auraient enregistrées entre 189.500 et 223.000 pertes depuis le début du conflit, dont 35,500-43,000 tués et 154,000-180,000 blessés.

Selon l’estimation de Artem Katulin, ce sont donc entre 17.750 et 21.500 soldats russes qui ont perdu la vie en Ukraine du fait d’une formation bâclée dans le domaine des premiers secours, soit l’équivalent du quart des effectifs appartenant aux Forces Opérationnelles terrestres françaises.

A noter que dans la même interview, Artem Katulin indique que le problème est profond en Russie, alors que 85.000 personnes sont décédés des suites d’un accident chaque année sur les 5 dernières années, et qu’une grande partie aurait pu être sauvée avec une meilleure formation aux premiers secours.

En France, et plus généralement au sein de l’OTAN, le secours aux soldats blessés repose sur 3 strates complémentaires. Le Sauvetage au Combat de Niveau 1 ou SCN1, est une formation globale donnée à tous les militaires, permettant de placer un garrot, de poser un pansement compressif, de donner au blessé des antalgiques et de le mettre en position d’attente.

Le SCN2 est une formation donnée aux auxiliaires médicaux dans les unités. Spécialistes des premiers secours en environnement hostile, ils sont en mesure d’effectuer certains actes complexes, dans l’attente du transfert et de la prise en compte du blessé pour son évacuation. Le SCN3, enfin, concerne les personnels médicaux (médecins et infirmiers) intervenant en arrière de la zone d’engagement.

A ces 3 échelions s’ajoutent des moyens, comme des blindés médicalisés ou des hélicoptères, pour évacuer rapidement les blessés vers le SCN3. Il est interessant de constater que les forces ukrainiennes, formées au plus prêt des standards de l’OTAN, si elles affichent 30% de moins de blessés que les forces russes, ont surtout 57% moins de morts, ce qui tend à accréditer l’estimation faite par Artem Katulin, tout comme son origine.

Les scientifiques russes seront-ils les bouc-émissaires des échecs de l’opération spéciale militaire en Ukraine ?

Plusieurs scientifiques russes, ayant notamment travaillé sur les armes hypersoniques russes, ont récemment été arrêtés par le FSB sur accusation de traitrise.

Les surprises ont été très nombreuses depuis le 24 février 2022 et le début de l’opération spéciale miliaire russe contre l’Ukraine. L’une des plus significatives, et pourtant l’une des moins commentées, n’est autre que le très faible nombre d’arrestations au sein de l’état-major et des services de renseignement russes.

Plus encore, le ministre de la Défense Sergei Choïgou, le chef d’état-major Valeri Gerasimov comme le chef du FSB Alexandre Bortnikov, demeurent tous trois en poste, alors que de tels échecs auraient été sanctionnés au moins par une démission forcée dans tous pays, y compris dans nos propres démocraties.

Si quelques militaires de second rang, quelques obscures politiciens et des membres sans substance des services de renseignement ont effectivement été arrêtés, ou furent victimes d’une redoutable épidémie de chute par la fenêtre, les hautes sphères, elles, sont restées en place.

Au-delà du constat lui-même, les causes de cette situation figée sont très probablement à trouver dans un puissant rapport de force qui oppose aujourd’hui les armées russes rangées derrière Choïgou et Gerasimov, avec un évident risque de coup d’État si leurs chefs venaient à être menacés, et le réseau formé par l’exécutif avec l’aide du FSB, lui aussi pouvant, au besoin, déclencher un chaos monumental si les armées venaient à se montrer hostile.

Le tout engendre une situation figée, mais ô combien tendue au plus haut niveau de l’État russe, avec un risque bien réel qu’une altération du rapport de force vienne déstabiliser le statu quo et engendrer un effondrement du pays. C’est précisément pour maintenir ce statu quo que les autorités civiles comme militaires russes ont besoin de responsables sur qui faire retomber la responsabilité des échecs en cours.

T90A Destroyed Ukraine Planification et plans militaires | Constructions Navales militaires | Etats-Unis
Pour l’heure, le Kremlin n’a pas désigné de responsables des échecs des armées russes en Ukraine

Ne pouvant se tourner contre les responsables les plus évidents, politiques, mitaines et service de renseignement, les autorités russes, au sens large, ont dû commencer à étendre leur périmètre de recherche.

Et il semblerait que les scientifiques russes ont été désignés comme de parfaits boucs émissaires. C’est ainsi que depuis l’été dernier, pas moins de 16 grands scientifiques appartenant à l’académie des sciences de Sibérie, ont été persécutés par le FSB, en particulier parmi les sommités ayant développé certaines technologies de défense les plus modernes.

Arrêté à l’été 2022, le chef de 54 ans du Laboratoire de technologies optiques quantiques de l’Université d’État de Novossibirsk et grand spécialiste mondial des Lasers, Dmitry Kolker, fut conduit au centre de détention provisoire de Lefortovo, ou il décèdera quelques jours plus tard dans l’attente de son procès.

Le professeur Kolker était accusé d’avoir transmis à la Chine des informations stratégiques basées sur ses recherches, notamment à l’occasion de conférences qu’il avait donné dans le pays ces dernières années.

Cette même accusation a été portée contre trois autres scientifiques de l’Institut de mécanique théorique et appliquée de Novossibirsk (ITPM) à l’origine de recherches avancées dans le domaine des systèmes hypersoniques.

Le 7 avril, le docteur Valery Zvegintsev, fondateur du laboratoire d’aérodynamiques des gaz au sein de l’institut, a été placé en résidence surveillée sur la base d’accusations strictement identiques. Son directeur, Alexander Shiplyuk, avait lui été emprisonné dès le mois d’aout à la prison de Lefortovo, tout comme le directeur de recherche Anatoly Maslov, dans l’attente de leur procès avec une probable sentence d’emprisonnement à vie à la clé.

Les 3 hommes ont été au cœur du développement des nouvelles armes hypersoniques russes, comme le missile Kinzhal (qui n’a d’hypersonique que le nom), et le missile anti-navire 3M22 Tzirkon.

Les scientifiques russes arrêtés ont notamment développés des armes hypersoniques comme le Kinzhal
Anatoly Maslov, Alexander Shiplyuk et Valery Zvegintsev ont tous trois menés des recherches stratégiques sur les armes hypersoniques ayant amené à la conception du Kinzhal

Reste qu’après avoir vu une partie de sa jeunesse diplômée quitter le pays au début de l’opération en Ukraine pour fuir la mobilisation, et avoir sacrifié une partie non négligeable de ses forces vives dans les tranchées ukrainiennes, il semble que Moscou soit désormais prêt à sacrifier son élite scientifique afin de désigner à la vindicte populaire des responsables des échecs passés et présents, et de la désormais possible défaite militaire à venir.

Cette même élite qui fut incontestablement le seul héritage que la Russie parvint à préserver de l’Union Soviétique, et qui joua un rôle crucial dans la reconstruction du pays et de son influence sur la scène internationale à partir de 2000. Fin de règne ?