jeudi, décembre 4, 2025
Accueil Blog Page 310

L’Espagnol Indra veut diriger la composante Guerre Electronique du programme SCAF

C’était à prévoir, et d’ailleurs prévu : la société d’électronique embarquée espagnole Indra, par ailleurs désignée par Madrid comme référant principal pour l’Espagne dans le programme SCAF au grand dam d’Airbus, a réclamé le pilotage de la composante guerre électronique du programme rassemblant la France, l’Allemagne et l’Espagne pour concevoir le Système de Combat Aérien du Futur. Indra s’appuie sur sa désignation pour le pilotage du programme AEA pour Airborn Electronic Attack du Programme de coopération permanente structurée européen, ou PESCO, qui rassemble également la France (Thales), l’Allemagne (Hensoldt), l’Italie (Fincantieri) et la Suède (Saab), soit 5 des 6 partenaires des programmes SCAF et Tempest européens.

La revendication de Madrid est loin d’être dénuée de sens, ou de manquer de pertinence. L’Espagne sait qu’elle ne parviendra pas à s’imposer dans les « grands domaines » de la coopération autour du SCAF, comme la conception du NGF (Next-Génération Fighter), du système de systèmes, de la propulsion de nouvelle génération, ou du radar et systèmes d’armes, chasses gardées des grands groupes franco-allemands. Mais en matière de guerre électronique, il n’existe pas de leader incontesté en Europe, alors que le domaine est appelé à devenir central dans les systèmes embarqués, qu’ils soient aériens ou non. En se positionnant sur le programme AEA et SCAF, Indra s’assure donc de devenir, à plus ou moins court terme, ce référant européen, gage de pérennité sur l’avenir.

Airbus a présenté mi-novembre son Typhoon ECR destiné au remplacement des Tornado ECR de la Luftwaffe

Reste que d’autres acteurs européens ont des compétences avérées dans ce domaine, comme Thales et MBDA qui ont conçu conjointement le SPECTRA (Systeme de Protection et d’Evitement des Conduites de Tirs du Rafale), ou les acteurs du Pretorian DASS (Defensive Aid Sub-System) du Typhoon, alors qu’Indra n’a joué qu’un rôle limité dans ce programme. Il n’est donc pas du tout certain que Paris, comme Berlin, se satisfassent de cette exigence, ne serait-ce que sur des questions d’antériorités et de compétences avérées dans le domaine. C’est là que le pilotage du programme AEA du PESCO, également assuré par Indra, pourra jouer un rôle déterminant, puisqu’il permettra de servir de banc d’essai pour les compétences réelles de la société Espagnole, avant de les appliquer au SCAF lui-même.

Quoiqu’il en soit, le fait qu’un des 3 référants majeurs du programme SCAF désigne la Guerre Electronique comme son domaine de compétence privilégié est un excellent signe, indiquant à quel point cette composante, jusqu’ici relativement mise au second plan par les industriels européens, est aujourd’hui au coeur des préoccupations sur le vieux continent. Les annonces faites ces dernières semaines, par Airbus DS, Saab, autour du Pesco et désormais autour du SCAF, en attestent.

13 canons de 127 mm/62 calibres Mk 45 Mod 4 pour l’Indian Navy

Le ministère de la Défense des États-Unis d’Amérique transmettait le 19 novembre 2019 son approbation au Congrès au sujet d’une demande indienne pour l’acquisition de 13 canons de 127 mm/62 calibres Mk 45 Mod 4. Le Congrès n’ayant aucune raison manifeste de refuser l’accord, la Marine indienne (Indian Navy) devrait pouvoir installer ces pièces sur treize futurs destroyers qui adopteront une norme américaine en matière de systèmes navals qui est appelée à de nouvelles évolutions.

Marina militare : deux unités navales multifonctionnelles à grande vitesse pour les missions spéciales

La Marina militare (Marine militaire) de la République italienne lançait, au plus tard, en 2015 le programme Unità Navale Polifunzionale ad Alta Velocità (UNPAV) ou K-180. La première unité – Angelo Cabrini (2019) – entrait en service le 7 juillet 2019. La deuxième et dernière unité, le Tullio Tedeschi, lancée le 11 mai 2019, devrait rejoindre la flotte italienne en janvier 2020. Ce programme apporte une capacité d’infiltration d’agents, de commandos et de plongeurs par bâtiments de surface avec une capacité intrinsèque de projection régionale et, peut être, de déploiement extra-régional grâce un hypothétique enradiage.

Marine populaire vietnamienne : développement d’un sous-marin de poche de 100 tonnes ?

La Marine populaire vietnamienne (Hải quân nhân dân Việt Nam) bénéficiait de l’acquisition de deux sous-marins de poche type Yugo en 1997. Ils étaient utilisés au profit des opérations spéciales et clandestines. La diffusion d’une image par (@IndoPac_Info), citoyen espagnol résidant au Vietnam, relance les spéculations sur cette discrète capacité d’infiltration sous-marine vietnamienne : un projet de conception national pour les remplacer aurait été lancé.

Force maritime d’autodéfense japonaise : proposition industrielle d’un LHD de 19 000 tonnes

La société de construction navale Japan Marine United Corporation (Yokohama) présentait au salon Defence and Security Equipment International (DSEI) Japan 2019 la maquette d’un avant projet de porte-hélicoptères d’assaut amphibie (ou Landing Helicopter Dock (LHD) alors que le ministère de la défense (防衛省, Bōei-shō) n’avait sollicité aucune proposition puisque lancé aucun programme. Cette société japonaise d’ingénierie navale ambitionne de remporter le remplacement des trois bâtiments de débarquement de chars (Landing Ship Tank (LST) de la classe Ōsumi. Une proposition à replacer dans le cadre de la reconstruction des capacités aéronavales et amphibies japonaises vis-à-vis des tabous et oppositions politiques, diplomatiques hérités de la Deuxième Guerre mondiale.

Peut-on fusionner les programmes SCAF et Tempest dans un unique programme européen ?

Après l’appel de patrice Caine, CEO de Thales, c’est au tour de Guillaume Faury, le CEO d’Airbus, d’appeler au rapprochement des programmes SCAF rassemblant la l’Allemagne, l’Espagne et la France, et du programme TEMPEST menée par le Royaume-unis, avec le soutien de l’Italie et de la Suède. Mais au delà des déclarations d’intention, ce rapprochement est-il pertinent, ou seulement possible, eu égard aux paramètres entourant les deux programmes européens ?

Les leçons du passé

A la fin des années 80, et le début des années 90, l’Europe parvint à developper 3 programmes d’avions de chasse, le Rafale français, le Gripen suédois et le Typhoon rassemblant Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Unis. Ces 3 appareils se sont livrés une guerre commerciale impitoyable au fil des années, entamant les marges des constructeurs, et limitant les bénéfices des programmes exports pour atteindre des seuils industriels permettant des économies d’échelle, que ce soit en terme de conception, fabrication, utilisation et évolution.

Rafale et Typhoon sont deux appareils européens très proches en terme de performances et d’aspects

Ces oppositions firent le jeu des Etats-Unis, et notamment de Lockheed qui, avec le F35, parvint à s’imposer sur de nombreux contrats européens, profitant des limites de chacun des programmes du continent, notamment en terme d’investissement. Il semble donc raisonnable de penser qu’il faille impérativement éviter de faire la même erreur avec les programmes de chasseurs de nouvelle génération SCAF et Tempest, deux programmes évoluant sur les mêmes calendrier avec des ambitions proches.

Les difficultés de la coopération internationale

Au delà du constat initial, la mise en oeuvre d’un tel rapprochement s’avérerait être plus que complexe. En effet, et on le constate déjà au sein même du programme SCAF, la coopération industrielle induit nécessairement d’importants partages industriels. Pour chaque état, la charge industrielle exécutée sur son sol représente une source de revenues importants ainsi que d’emplois, permettant de modérer, voir d’annuler la charge que représentent les investissements consentis. C’est la raison pour laquelle de nombreux états, qu’ils soient européens ou non, ont cherché ces dernières décennies à developper leur propre industrie de Défense, privilégiant les contrats accompagnés d’une clause de transfert de technologie, et d’assemblage locale des équipements. Mais developper ces compétences industrielles représente également un investissement, et les Etats, souvent par ailleurs en proie à des difficultés budgétaires et sociales, sont déterminés à préserver leur base industrielle et technologique de défense dans les contrats en coopération.

C’est précisément là que se situe la faiblesse de l’appel de Guillaume Faury, comme de celui de Patrice Caine. Car en fusionnant le SCAF et le Tempest dans un programme européen unique, destiné à concevoir et fabriquer un appareil qui sera la colonne vertébrale de la puissance aérienne européenne pendant plusieurs décennies, la charge de travail disponible, même en augmentant les ambitions du programme, est sensiblement inférieure à la charge minimum nécessaire pour maintenir l’ensemble des BITD dans chacun des 6 pays concernés. En d’autres termes, des pans industriels entiers seraient appelés à disparaitre dans chacun des pays sur l’autel de l’effort européen. Outre le poids social d’une telle décision, cela obligerait également les pays européens à une interdépendance totale concernant des programmes ultérieurs, ce qui entraverait les capacités de décision de pays comme la France disposant, par exemple d’une composante aérienne de dissuasion.

Le partage industriel autour du SCAF pose déjà problème entre les 3 partenaires

Une telle fusion serait particulièrement dommageable à la France et à la Grande-Bretagne, deux pays ayant une industrie capable de produire l’intégralité des besoins industriels de défense en autonomie, et qui seraient dès lors contraints de sacrifier des composantes industrielles très performantes simplement pour satisfaire au partage industriel. Déjà, au sein de programme SCAF, des tensions de ce type apparaissent, avec d’un coté le motoriste MTU au sujet du pilotage de la composante moteur, ou l’espagnol Indra qui exige le pilotage de la composante guerre électronique, sans parler des arbitrages difficiles entre Thales, Hensoldt et Airbus DS concernant le système de vol et le radar, ou entre Dassault Aviation et Airbus DS pour le système de systemes et la conception globale. Il n’y a tout simplement pas assez de travail pour tout le monde, et chaque pays, chaque entreprise, veut préserver et developper ses propres capacités, dans un modèle à somme nulle. Or, si c’est déjà très compliqué entre 3 pays pour le SCAF, on imagine bien ce qu’il en sera entre 6 pays autour d’une programme unifié …

Une solution possible

Une des solutions, déjà abordée, consisterait à transformer le SCAF/Tempest en un « Programme de Programmes », pour developper non pas un système de combat aérien, mais plusieurs, répondant à un calendrier et un cahier des charges différenciés. Ainsi, il serait possible, à enveloppe budgétaire constante pour les 6 états participant, de developper non pas 1 mais 3 appareils de combat : un chasseur léger de 5ème génération à horizon 2030, un chasseur moyen/embarqué de 6ème génération à horizon 2040, et un chasseur lourd de 6ème génération avancée à horizon 2050, chacun bénéficiant des développements technologiques des précédents dans un tuilage performant. En procédant ainsi, non seulement la BITD globale serait préservée, mais les risques technologiques seraient très atténués, et l’offre industrielle serait plus étendue, et plus performante.

Un chasseur léger intégré à un programme SCAF étendu ouvrirait de nouvelles opportunités commerciales et opérationnelles

Rappelons en effet que, sur les 10 dernières années, l’avion le plus vendu en Europe reste le F16, la majorité des états européens n’ayant pas les ressources pour acheter et mettre en oeuvre une flotte de Rafale, Typhoon ou F35. En outre, cette approche est « agile », dans le sens ou elle permet une adaptation rapide aux évolutions technologiques et opérationnelles, là ou le programme SCAF/Tempest obligera à concevoir l’emploi de la force aérienne sur des paradigmes édictés entre 2022 et 2028. Même si l’appareil se présente comme évolutif, comme l’est le Rafale, il sera tout de même limité par son architecture générale, que ce soit en terme de vitesse, de rayon d’action, de plafond et de furtivité. Même avec la meilleur volonté du monde, il serait impossible aujourd’hui de transformer le Rafale en avion furtif, ou le Typhoon en un appareil capable de dépasser Mach 2,5. Or, tout porte à croire qu’une nouvelle course aux armements est en cours, et que les cycles technologiques définissant les systèmes de combat sont appelés à considérablement se réduire, à l’instar des années 60 et 70, sous la pression conjointe des industries de défense américaines et chinoises.

Conclusion

Le rapprochement des programmes SCAF et Tempest est, dès lors, impossible avec les paradigmes économiques et technologiques actuels, sans engendrer une importante casse industrielle et sociale dans l’ensemble des pays participants. En revanche, dès lors que l’on dépasse ces paradigmes, il apparait qu’une solution est non seulement possible, mais qu’elle est même largement souhaitable, car ne proposant que des bénéfices pour l’ensemble des acteurs du nouveau programme. Cela ne pourra cependant se faire sans un réel volontarisme industriel et politique, accompagné d’un courage sans faille, pour aller convaincre l’ensemble des partenaires européens potentiels de l’intérêt de la démarche. Si Airbus et Thales sont effectivement sincères dans leurs appels, c’est très probablement par cette démarche qu’ils devront passer pour espérer parvenir à un résultat tangible. Ceci dit, le jeu en vaut clairement la chandelle !

Berlin serait proche de commander 33 nouveaux avions Typhoon

Une nouvelle qui était plus qu’attendue par Airbus DS, et l’ensemble de l’industrie aéronautique de défense allemande : Selon le PDG de Airbus Défense & Space, Dirk Hoke, les autorités allemandes devraient commander en début d’année 2020, 33 nouveaux chasseurs Eurofighter Typhoon, ainsi que 5 appareils en option. Concomitamment, 110 radars à antenne active AESA E-Scan seront commandés dans le cadre d’un programme de modernisation à mi-vie des Typhoon de la tranche II et III en service dans le Luftwaffe.

Cette commande ne constitue pas une première tranche consacrée au remplacement des Tornado Allemand, dont la décision n’est pas encore officiellement annoncée, mais de remplacer les 33 premiers Typhoon livrés à la Luftwaffe. En effet, ces appareils de la tranche I ne peuvent évoluer sans une réfection totale, rendant l’opération inappropriée. Outre le radar AESA, les nouveaux Typhoon de la tranche IV et les appareils des tranches II et III modernisés à ce standard, verront le système de protection DASS Pretorian modernisé, l’adjonction de réservoirs conformes, et le remplacement des câblages internes en fibre optique pour accompagner la modernisation de l’ordinateur de bord.

les Typhoon tranche III du Taktisches Luftwaffengeschwader 31 sont spécialisés dans l’attaque au sol

Les forces aériennes allemandes mettent en oeuvre aujourd’hui 141 avions de combat Typhoon, dont 33 de la tranche I qui seront remplacés par la commande ici détaillée. Ces appareils sont avant tout destinés aux missions de défense aérienne, et arment principalement 4 escadrons de combat

  • Taktisches Luftwaffengeschwader 31 (attaque au sol)
  • Taktisches Luftwaffengeschwader 71 « Richthofen » (défense aérienne)
  • Taktisches Luftwaffengeschwader 73 (défense aérienne et entrainement)
  • Taktisches Luftwaffengeschwader 74 (Défense aérienne)

Le Taktisches Luftwaffengeschwader 51 « Immelmann » spécialisé dans la suppression des défenses aériennes, et le Taktisches Luftwaffengeschwader 33 spécialisé dans l’assaut aérien, volent encore sur Tornado IDS/ECR. Ils abandonneront leur monture pour le vainqueur de la compétition opposant le Typhoon IV/ECR d’Airbus DS et le F/A 18 E/F Super Hornet de Boeing. Si le Typhoon est déclaré vainqueur, la Luftwaffe mettra en oeuvre une flotte de 220 Typhoon, soit presque autant que la flotte de Rafale devant équiper l’Armée de l’Air et l’Aeronautique navale française selon le Livre Blanc de La Défense de 2013.

Le contrat VBCI de Nexter au Qatar pour 2 milliards d’euros serait très menacé

Le contrat VBCI portant sur l’acquisition de 490 Véhicules Blindés de Combat d’Infanterie, par le Qatar, annoncé publiquement, il y a bientôt deux ans, serait en très mauvaise posture, selon Michel Cabirol, du site économique La Tribune.

En cause, la mise en examen du PDG du club de football parisien PSG, Nasser Al-Khelaïfi, par ailleurs très proche de l’émir du Qatar, le Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, pour corruption d’arbitres par les autorités judiciaires françaises.

En représailles, l’Émir du Qatar aurait ordonné au ministère de La Défense de lancer un nouveau programme pour remplacer les VBCI de Nexter, auquel auraient déjà répondu le finlandais Patria, l’américain General Dynamics et l’italien OTO Melara.

Malgré le déplacement de Florence Parly, la ministre des Armées françaises, lundi 25 novembre au Qatar, ultime tentative pour sauver ce contrat de 2 Md€ stratégique, et dont on ignore les résultats, l’optimisme n’était pas de mise chez Nexter, ni à l’Hôtel de Brienne.

Les autorités françaises se trouvent de fait dans une situation très délicate à gérer, avec d’un côté un cout industriel très important en cas d’annulation d’un contrat qui représente plus de 25.000 emplois/an pour l’économie française, de l’autre, selon le principe républicain de la séparation des pouvoirs, il n’est pas concevable d’annuler la procédure engagée par les instances judiciaires pour céder à l’Émir du Qatar.

Contrat VBCI 2
Le VBCI 2 monté d’une tourelle T40 menant en oeuvre le canon 40 CTAS et les missiles MMP

Cette situation est représentative d’une faiblesse critique de l’industrie de Défense française, à savoir sa très forte dépendance aux exportations. En effet, aujourd’hui, plus de 40% du chiffre d’affaires déployé par la Base Industrielle et Technologique de Défense française, ou BITD, est réalisé à l’exportation.

Cela représente de 6 à 8 Milliards d’euros par an de volume d’affaires, et finance pas loin de 80.000 emplois directs et induits de cette BITD. Or, comme le montre cet exemple, l’exposition française est non seulement très importante, mais également concentrée vers des pays au fonctionnement autocratique, comme le Qatar, l’Arabie saoudite, ou les Emirats Arabes Unis.

Précédemment, la baisse sensible des exportations françaises, avec son lot de tensions industrielles et sociales, résultant d’un durcissement des relations avec Ryad il y a quelques années, allait dans le même sens.

De fait, les entreprises de défense françaises, pourtant jugées stratégiques par le gouvernement et une majorité de Français, se retrouvent très exposées à des changements de position de ses clients, d’autant plus susceptibles d’arriver qu’il s’agit de gouvernements très centralisés et peu démocratiques.

Ce risque majeur qui menace la BITD nationale est la conséquence d’un paradigme à la vie dure : les exportations seraient indispensables au financement des programmes de défense français.

S’il est vrais que les exportations de Défense représentent une manne financière pour le budget de l’État, qui récupère en trois ans l’équivalent du montant contracté en taxes et économies budgétaires, il n’y a pas de relations directes entre le financement des programmes de défense nationaux, qui sont budgétairement auto-porteurs, et les exportations, qui devraient, de fait, n’être considérées qu’au spectre de l’intérêt politique et diplomatique qu’elles représentent, et du risque y attenant.

En outre, une exposition de plus de 20% aux exportations « instables » menaceraient n’importe quel grand groupe industriel, et il conviendrait donc de réduire le volume relatif, par entreprise, des exportations vers ces pays jugés risqués.

L’annulation de la commande du Qatar pourrait menacer de nombreux emplois et des sites industriels

Reste que l’annulation de ce contrat, à court terme, menacerait la pérennité de nombreux emplois, voire de certains sites industriels, et mettrait Nexter dans une situation de faiblesse alors même que le groupe est engagé dans un bras de fer avec ses homologues allemands, et notamment Rheinmetall, au sujet du partage industriel dans le programme MGCS.

Par l’association d’une société de programme, société de financement portant l’exécution du programme jusqu’à la livraison des équipements, et d’une optimisation de la Supply Chain nationale, il serait possible aux autorités françaises de remplacer cette commande par une commande équivalente de VBCI « lourds », équipés de la tourelle T40 comme cela était proposé au Qatar, à destination des forces françaises pour en renforcer sa composante « haute intensité ».

Il serait également possible d’intégrer d’autres pays européens dans la démarche, avec une compensation budgétaire sur les recettes fiscales engendrées par la France sur les commandes européennes, de sorte à rendre l’offre particulièrement attractive, que ce soit pour la Belgique en complément des VBMR/EBRC, les Pays Baltes, la Bulgarie ou la Grèce.

Le financement ainsi organisé permettrait à l’Etat de collecter les recettes et les économies budgétaires consécutives de la commande, soit 120 à 140% du montant de cette commande, avant même de devoir payer les équipements, lors de leur livraison. Cette approche, issue de la doctrine  » Défense à Valorisation Positive », offrirait de nombreux avantages :

  • préserver la chaine industrielle et les emplois qualifiés,
  • ouvrir des opportunités d’exportation vers les pays européens,
  • renforcer Nexter face à ses homologues allemands dans le contrat MGCS.
  • Et sensiblement renforcer les capacités d’intervention française dans le haut du spectre d’engagement

Loin d’être une fatalité, cet épisode regrettable pourrait, au contraire, servir de catalyseur à une nouvelle manière de concevoir et de financer l’effort de défense national, tout en montrant à nos partenaires européens la détermination française dans La Défense collective du continent, indispensable pour crédibiliser le discourt nationale sur la scène européenne en matière de Défense.

Le risque d’un déclassement américain dans la course pour la maîtrise à l’IA

A l’heure actuelle, les États-Unis restent la première puissance dans la course à la maîtrise de l’IA grâce à leur hégémonie numérique. Mais de nombreuses inquiétudes internes face à la progression de la Chine dans la technologie de l’IA tendent à révéler de nombreuses fragilités américaines en la matière.

I- L’hégémonie américaine dans la couche physique du cyberespace

Les États-Unis ont historiquement créé un fossé numérique avec les autres puissances par leur influence omniprésente dans le cyberespace depuis sa création. Il faut rappeler que les États-Unis peuvent être considérés comme le Heartland du milieu physique du cyberespace par leur rôle historique dans le développement de ce milieu, notamment le programme ARPANET. Actuellement, environ 99 % du trafic des données du cyberespace passent par les câbles de fibre optique sous-marins. Ils peuvent être considérés comme des constructions vitales au niveau mondial. En effet, leur indisponibilité aurait des impacts négatifs considérables dans tous les domaines touchant ainsi la sécurité nationale et la vie économique de tous les États. Ceux détenant des câbles sur leur territoire disposent d’un avantage considérable pour des fins d’espionnages. Or, la majeure partie de ces câbles possède un point d’ancrage sur le territoire américain. Dès lors, cela implique que les États-Unis constituent un point névralgique du cyberespace. D’ailleurs, le pouvoir politique américain en a bien saisi toute l’ampleur. En effet, il s’agit du seul État ayant créé un organisme national, la Federal Communication Commission, afin de s’assurer de l’intégrité des câbles (câbles américains ou câbles étrangers) ayant un point d’accroche sur son territoire. Dès lors, ils disposent de nombreux data centers abritant de nombreuses données. Ces dernières étant vitaux pour la croissance de l’IA, les États-Unis en tirent bénéfice.

Le territoire américain abrite ainsi de nombreux data centers servant au cloud mondial. De cette manière, les États-Unis ont développé un arsenal législatif leur permettant de capter les données transitant sur ces serveurs. En 2013, les autorités américaines ont réclamé à Microsoft les données d’un utilisateur américain stockées en Irlande sous le fondement de la loi américaine Stored Communication Act. Afin de préserver sa réputation auprès de ses clients, l’entreprise américaine avait contesté la demande des autorités américaines. .

Le Président américain Trump a promulgué, grâce à l’appui du Congrès, le Clarifying Lawful Overseas Use Of Data Act (Cloud act) le 23 mars 2018, avant la décision de la Cour Suprême, et à la surprise générale des autres États. Ce texte dispose explicitement d’une application internationale. Chaque société américaine et leurs filiales ayant une part d’activité dans le cloud doivent transmettre les données réclamées par les autorités américaines en cas de « serious crime », quels que soient la nationalité ou l’emplacement du data center de la société américaine. Ainsi, chaque personne connectée, chaque entreprise ayant recours aux services cloud de prestataires américains,est potentiellement susceptible de voir ses données examinées par les institutions américaines.

Ainsi, les États-Unis sont une véritable cyberpuissance par le nombre d’infrastructures majeures du cyberespace installées sur leur territoire et le lawfare numérique exercé. Cette hégémonie, appuyée par les GAFAM, permet de disposer d’avantages considérables dans le développement de l’IA.

II- Les GAFAM : piliers de l’avancée américaine en matière d’IA

L’atout majeur sur lequel repose la puissance américaine en termes d’IA est le poids considérable des GAFAM en la matière. Les GAFAM disposent de toutes les infrastructures et technologies nécessaires aux travaux de recherche sur cette technologie d’avenir. En outre, le territoire américain accueille plus de 1 400 start-up spécialisées en IA. Ce vivier explique l’attrait considérable que ce lieu représente pour tous les chercheurs et innovateurs en la matière. Pour l’Union européenne, il s’agit d’une perte de 240 000 européens préférant y travailler pour l’année 2017. Pire encore, ces multinationales captent les esprits étrangers en s’implantant sur les territoires tiers. En proposant des salaires élevés et des conditions de travail idéales, les plate-formes numériques américaines parviennent à attirer les professionnels les plus prometteurs en leur sein. Les GAFAM vont jusqu’à financer les formations de haute technologie des États étrangers comme Google finançant la chaire intelligence artificielle de l’école Polytechnique en France. La volonté de l’entreprise de recruter ses futurs talents au sein de cette institution est explicite. Les étudiants les plus doués sont ainsi captés par ces dernières. Ainsi, les États dotent ces individus de compétences vitales par des formations publiques mais ne sont pas en mesure de retenir ces cerveaux.

In fine, les GAFAM souhaitent conserver leur puissance numérique sur le long terme en investissant massivement dans l’IA. Ces entreprises se constituent progressivement en véritable oligarchie de l’IA. A titre d’illustration, le budget recherche et développement (R&D) d’Amazon est estimé à plus de 22 milliards de dollars pour l’année 2018. Certes, ce budget n’est pas exclusif au développement de l’IA mais reste représentatif des moyens pouvant être mis à disposition d’une telle entité afin de poursuivre la course à l’armement technologique. De son côté, Microsoft a annoncé investir 1 milliard de dollars dans la société OpenAI afin d’établir une IA forte. Il ne s’agit que d’une infime partie des investissements en la matière. L’exemple le plus marquant a été le rachat de la start up DeepMind, dont est issu AlphaGo, par Google. Cette IA a montré des avancées considérables par ses victoires sur l’Homme sur le jeu de Go ou les jeux vidéos multijoueurs. Ces succès semblent anodins mais prouvent la capacité d’adaptation et de prise de risque de cette IA face aux réactions humaines

Le programme AlphaGo a montré les performances de l’IA développée par la Start Up Deep Mind

Pire encore, les services régaliens de nombreux Etats étrangers dépendent des outils américains tel que le système d’exploitation Windows de Microsoft, les rendant donc vulnérables.

Malgré des frictions avec les GAFAM, le gouvernement américain s’appuie sur ces entreprises pour dominer la course à l’IA. Microsoft a ainsi été retenu pour le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), d’une valeur de 10 milliards de dollars, du Pentagone afin de moderniser les systèmes informatiques de l’armée américaine en s’appuyant sur le Cloud Azure. L’autre rival était Amazon. De même, Microsoft fournit également les futurs casques Hololens, permettant aux soldats américains de bénéficier d’une meilleure vision nocturne tout en leur fournissant diverses données comme la mesure des signes vitaux, et l’IVAS (le système d’assistance visuelle augmentée). Toutefois, les salariés des GAFAM ne sont pas des fonctionnaires. Les intérêts de l’entreprise et ceux de l’État fédéral peuvent être opposés. Les employés de Google se sont déjà rebellés contre les décisions de leurs dirigeants en se déclarant contre et pour l’annulation du projet MAVEN. Ils ont eu gain de cause. Ce programme devait approfondir les technologies de reconnaissance par drone de l’armée américaine.

III- Une maîtrise américaine de l’IA à consolider

La maîtrise de l’IA est une priorité pour la Maison-Blanche.L’image d’une nouvelle course à la conquête spatiale.A cette fin, plusieurs plans ont été annoncés depuis la présidence Obama face à la montée en puissance chinoise.

Premièrement, en 2016, il y a eu le National Artificial Intelligence research and development strategic plan. Ce dernier a annoncé clairement la volonté américaine d’être l’acteur numéro un en la matière. Cela explique la volonté gouvernementale d’investir dans cette technologie. Ce plan a été une série d’objectifs pour les centres de recherche fédéraux et les milieux académiques. Deuxièmement, le Président Trump a annoncé le 11 février 2019 l’initiative AI for the American People afin de développer l’IA au sein Etats-Unis. Ce dernier considère qu’il est primordial que les États-Unis maintiennent leur position de meneurs dans le domaine de l’IA afin de garantir l’économie et la sécurité nationale. Auparavant, deux plans avaient été publiés. Le premier, le Summary of the 2018 White House Summit On Artificial Intelligence For American Industry a précisé qu’afin de conserver la position de meneur des États-Unis en la matière en promouvant les R&D publics tout en limitant les freins à l’innovation. Pour la première fois, un Président américain a explicitement déclaré que l’IA est une priorité de recherche pour les administrations liées à la R&D. De même, l’IA est reconnue comme un intérêt stratégique vital. Ainsi, le Summary of the 2018 Department of Defense Artificial Intelligence Strategy démontre clairement l’intérêt militaire en matière d’IA. Ce qui justifie l’annonce de la DARPA d’investir 2 milliards de dollars dans l’IA afin de lancer la prochaine vague d’IA censée être plus réactive aux changements.

L’armée américaine connaît des succès en matière d’IA. La réussite de l’IA Alpha en matière de combat aérien l’a prouvé. Le colonel Gene Lee avait clairement exprimé ses impressions sur celle-ci en la considérant comme « la plus agressive, le plus réactive, la plus dynamique et la plus crédible intelligence artificielle » qu’il a pu voir. La doctrine de l’armée américaine en la matière se se repose sur cinq piliers :

  • Développer des systèmes pertinents et réalistes utilisant l’IA grâce à une synergie entre les laboratoires de recherche et les industriels.
  • Propager l’IA dans les différentes composantes des forces armées américaines.
  • Développer la compréhension des utilisateurs à l’IA tout en s’engageant à augmenter le nombre d’individus aptes au développement de cette technologies. La rivalité face aux GAFAM en terme de recrutement est pleinement reconnue sur ce secteur.
  • Accroître les partenariats entre le monde industriel, de la recherche, et les alliés.
  • Imposer ses normes éthiques en la matière notamment l’impact de l’IA sur les drones armés.

Classiquement, les domaines qui seront touchés en priorité par les IA sont la maintenance prédictive et le milieu cyber. Le premier permettra une meilleure disponibilité des équipements, tandis que le second est une nécessité dû à l’explosion de données et de cyberattaques de plus en plus rapides. L’IA servira également à terme le domaine de la balistique comme en témoigne le programme NGSW (Next Generation Squad Weapons). L’IA permettra au tireur de bénéficier d’un système de conduite de tir d’informations liées aux conditions de tirs, comme les conditions atmosphériques, ou encore la distance de tir.

Le programme NGSW vu par Sig Hauer

De même, les États-Unis restent encore en tête dans la maîtrise des matériaux requis pour développer les IA. Par exemple, le territoire américain possède encore les plus puissants supercalculateur, tels que Summit et et Sierra, permettant d’optimiser la vitesse de traitement des futurs IA. Cependant, la Chine en possède bien plus. Sur le dernier classement top 500 des supercalculateurs, près de la moitié d’entre eux sont chinois. Les États-Unis en possèdent 117 de classés.

A moyen terme, l’effort américain en matière d’IA reste encore trop faible pour maintenir sa position de leadership et assurer la sécurité américain. Ce constat est le fait du rapport préliminaire de la Commission nationale de sécurité sur l’IA créée par le Congrès. Elle craint la montée en puissance de la Chine en la matière provoquant la perte de la première place pour les États-Unis. Selon les estimations récentes, la Chine dépasserait les États-Unis en terme de publication de recherche déterminantes. Il n’est pas sans rappeler que la Chine a la maîtrise de la reconnaissance faciale grâce à l’IA. L’intérêt de ce rapport est qu’il tend à se révéler contre des restrictions totales envers la Chine malgré ses méthodes de récupérations technologiques, mais la Commission ne propose pas de réelle solution.

Face au concurrent chinois, les États-Unis veulent pouvoir compter sur ses alliés, malgré une position isolationniste sur la scène internationale proclamée par le Président Trump. Depuis juin 2018, le Centre interarmées pour l’IA a été fondé par le département de la Défense américain. Comme de nombreux États, les États-Unis ont été affectés par l’utilisation croissante des deep fakes lors d’opérations d’influences hostiles.

Toutefois, une coopération afin de créer une IA commune semble peu vraisemblable. Les données nécessaires à une IA digne de confiance sont nécessairement nombreuses et souvent sensibles. Un développement commun semblable nécessiterait donc une ouverture des données pertinentes à tous les États participant au projet, ce qui semble peu réalisable. L’interopérabilité de l’IA entre les différentes forces alliées sera pourtant déterminante afin d’établir des opérations multilatérales notamment dans le cadre de l’OTAN.

Lancement du programme ARCHANGE de Guerre électronique pour l’Armée de l’Air

La ministre des Armées, Mme Florence Parly, a annoncé la décision de lancer le programme Avions de Renseignement à CHArge utile de Nouvelle Genération (ARCHANGE) le 18 novembre 2019 aux termes du comité ministériel d’investissement. Il doit permettre la livraison de trois Falcon 8X dotés d’une Charge Universelle de Guerre Électronique (CUGE) dont le premier devra être livré en 2025 à l’Armée de l’Air.