lundi, décembre 1, 2025
Accueil Blog Page 371

Accélération du programme HIL : retour aux bonnes vielles ficelles

Moins de un an après la parution de la LPM 2019-2025, présentée en son temps (il y a juste un an, donc), comme l’Alpha et l’Oméga des lois de programmation, qui allait sauvegarder les forces armées françaises de la rupture capacitaire en cours, il semble que les failles et les oublies de cette LPM commencent à apparaitre au grand jour, et nécessite des mesures d’urgence.

C’est le cas d’une grande partie du parc d’hélicoptères des 3 armées, dont beaucoup de voilures tournantes ont déjà soufflé leurs 30 bougies. Il était évident, avant même la parution de la LPM, que cette problématique représentait un enjeux critique pour les forces armées. Pour autant, le programme HIL, destiné à remplacer par moins de 160 hélicoptères moyens et leges dans les armées, a été intégré de sorte à ne prévoir l’entrée en service du premier exemplaire qu’en 2028, les hélicoptères qui avaient plus de 30 ans en 2018 auront donc plus de 40 ans.

Face à cela, les armées ont commencé à tirer le signal d’alarme, pointant notamment les prix croissant et délirant du maintien en condition opérationnel de ce parc. Au point que l’Amiral Prazuck, chef d’Etat-Major de la Marine, s’est dit favorable à louer des hélicoptères Dauphin ou H160 dans l’attente de l’entrée en service du futur HIL, plutôt que de continuer à faire voler ses Alouettes III, ses Dauphins et ses Lynx.

Face à l’urgence, donc, le ministère a fini par admettre l’evidence, et avancer de 2 années le programme HIL. Sans être suffisant, c’est déjà mieux. Mais pour financer cela, il a recours à une des vieilles ficelles du ministère de La Défense, le report de charge. Ainsi, l’acceleration du programme sera portée intégralement par les industriels, à savoir Airbus Hélicoptères, Safran et Thales, et sera payée par le ministère lors de la prochaine LPM, avec des intérêts. En d’autres termes, il s’agit de creuser encore davantage le reste à payer déjà abyssal du ministère des armées, qui atteignait 50 Md€ en 2017, et au sujet duquel le candidat E. Macron s’était engagé à le réduire à des niveaux beaucoup plus raisonnables . En effet, la dette de l’Etat vis-à-vis de certains industriels atteint des sommes ahurissantes, 4 Md€ pour Dassault Aviation semble-t-il, inversant évidemment le rapport e force lors des négociations au sujet de nouveaux contrats.

Concernant Airbus Hélicoptère, qui rappelons le vient de terminer un plan d’apurement de son personnel sur son site de Marignane, lui faire porter le poids de la dette apparait comme particulièrement hasardeux, alors que le marché des voilures tournantes redémarre a peine, et que de nouveaux acteurs, comme la Turquie, ou la Chine, arrivent sur le marché.

Cette modalité n’a en soit qu’une vertu, celle de paraitre opaque au niveau d’Euro-Stat, et donc de ne pas être décomptée dans la dette ou les deficits publiques. Et c’est probablement ce qui a amené le ministère à y avoir recours. Pourquoi, dans ce cas, ne pas basculer intégralement dans la doctrine de Défense à valorisation Positive, qui permettrait de financer dans une dynamique maitrisée l’augmentation des moyens des forces armées, tout en créant plusieurs centaines de milliers d’emploi ?

Mystère ….

Les ambitions de l’US Army pour son artillerie se dévoilent

Selon le centre de recherche et d’experimentation de l’US Army Picatinny Arsenal, cité par le blog defense-blog.com, l’artillerie américaine serait sur le point de faire un immense bon en avant en terme de performance dans les années à venir. En effet, sous 4 ans, les premiers systemes du programme ERCA[efn_note]Extended Range Canon Artillery[/efn_note] entreront en service dans les forces.

Ce programme a des objectifs pour le moins ambitieux, en étendant la portée des M109 Paladin à 100 km, contre 30 km aujourd’hui lorsqu’ils utilisent des obus à propulsion additionnelle, et une cadence de tir de 6 à 10 obus par minute, la encore supérieure au M109.

Pour ce faire, le programme ERCA va procéder aux remplacement du canon et de l’affut du M109, pour un canon plus long et un système de chargement semi-automatique. Il utilisera également l’obus XM1113 Excalibur à guidage GPS dont la portée atteint 70 km, associé à une charge propulsive étendue XM654.Il pourra également utiliser l’obus XM1115, une version du XM1113 capable d’évoluer en environnement brouillé (laser, inertiel ?..).

Si les objectifs de l’US Army sont effectivement atteints, celle-ci reprendra l’avantage qu’elle avait perdu face à la Russie (et la Chine), dont les systèmes d’artillerie mobile atteignent déjà une portée supérieure à 50 km, et sont dotés d’un guidage GLONASS/BEIDOU ou Laser.

En France, si le canon automoteur CEASAR atteint déjà une portée de 42km, Nexter développé un nouvel obus, le Katana, à guidage GPS et dont la portée dépassera les 60 km. Mais très peu d’informations sont disponibles à ce jour sur ce programme, pourtant crucial pour maintenir une capacité d’artillerie crédible en environnement de haute intensité.

Si ces nouveaux systèmes très prometteurs ont des performances impressionnantes, le prix de chaque obus l’est tout autant. Ne risque-t-on pas de créer, avec les systèmes d’artillerie, le même phénomène que celui qui aura privé les croiseurs Zumwalt de leur artillerie ultra-performante, chaque obus coutant plus de 800.000$ ?

Face à l’Iran, les États-Unis renforcent leurs alliés et leur présence dans le Golfe

Le département d’État américain a annoncé que le Président Trump avait usé de sa prérogative présidentielle pour autoriser l’exécution de contrats d’armements avec l’Arabie Saoudite du Prince Ben Salman, les Émirats Arabes Unis et d’autres alliés de la région, pour un montant global de 8 Md$. Cette mesure est justifiée par l’administration américaine par l’élévation des risques de conflits dans la région avec l’Iran. Parallèlement, les forces armées américaines vont renforcer leurs présences dans la zone, en envoyant quelques 1000 hommes supplémentaires, afin de renforcer les capacités défensives des troupes déjà déployées sur place.

Cette annonce, toute impressionnante qu’elle puisse être, montre que, contrairement à certaines analyses et declarations hâtives, les Etats-Unis n’ont nullement l’intention d’intervenir directement contre l’Iran. Il faut dire qu’une telle intervention serait des plus hasardeuses, et par ailleurs, très complexe. Si la puissance militaire iranienne est évidemment à la portée de la puissance militaire US, plusieurs facteurs militent contre une telle intervention :

  • Les Etats-Unis ne disposent d’aucun allié susceptible de laisser utiliser son territoire pour mener une opération terrestre contre l’Iran, et surtout pas l’Irak, dont le gouvernement Chiite a toujours pris une position neutre voir bienveillante face à l’Iran.
  • Une campagne purement aérienne n’aurait pas d’effets prédictibles satisfaisants, si ce n’est la radicalisation de l’ensemble de la population iranienne, comme de l’ensemble des chiites dans le monde
  • Enfin, et surtout, cela obligerait les Etats-Unis à deployer et concentrer des moyens au Moyen-Orient, alors qu’ils peinent à contenir simultanément la montée en puissance chinoise et russe.

Depuis deux ans maintenant, la question du double-front focalise l’attention d’une part importante du Pentagone. Les Etats-Unis auraient déjà beaucoup de mal à intervenir face à la Chine et la Russie simultanément; une intervention contre Iran priverait mécaniquement le pays de ses capacités à intervenir face à l’un ou l’autre de ces deux adversaires, laissant les mains libres à Pekin ou Moscou se déployer ou bon leurs semble. En outre, dans une telle hypothèse, il est plus que probable que Teheran trouverait une assistance militaire et technologique importante auprés de ces deux pays, dans le but, évident, de fixer et d’embourber les forces américaines dans un conflit à grande distance. Une intervention contre l’Iran serait, dés lors, une erreur stratégique pour les Etats-Unis, susceptible de compromettre leur position mondiale pour les décennies à venir.

En revanche, rien n’empêche les Etats-Unis de mettre en oeuvre un conflit par procuration, en alimentant en armes, munitions et aides économiques, les pays susceptibles de frapper l’Iran, avec l’espoir de faire chuter le régime des Mollahs. L’Arabie saoudite, avec ses alliés emirati et koweti, et éventuellement le soutien des Egyptiens, pourraient être le fer de lance de cette action. Mais s’ils ont des moyens importants, les forces des pays du golfe n’ont pas souvent démontré de grandes qualités militaires. Les Israéliens, en revanche, ont toujours fait preuve d’une excellente maitrise des techniques militaires, et d’une grande combativité. En outre, les attaques répétées menées par la Hezbollah contre les villes frontières israéliennes sont la conséquence d’un soutien accrue de l’Iran, et d’un renforcement net des forces iraniennes en Syrie. Mais une attaque Israélienne contre l’Iran pourrait provoquer un regain de haine contre l’Etat hébreux dans la péninsule arabe, comme dans toute la région. Enfin, et malheureusement pour les Etats-Unis, ces deux alliés ne pourraient, non plus, s’allier ouvertement face à l’Iran, une telle alliance étant de nature à embraser tout le Moyen-Orient.

Il apparait donc qu’en dépit du discours offensif tenu par le président Trump et son administration face à l’Iran, les options réelles de Washington dans ce dossier sont plus que réduites, la seule action réaliste se limitant à un soutien apporté à l’Arabie saoudite et ses alliés, en espérant ne pas provoquer de soutien chinois et/ou russe à l’Iran.

C’est précisément le sens des annonces faites par le président Américain.

Affaire Huawei : le point sur le bras de fer Chine-US et ses conséquences pour la Défense

Après avoir d’abord émis un décret présidentiel pour interdire l’achat par les entreprises américaines de technologies développées par Huawei, le Ministère américain du Commerce accorde finalement un sursis de 3 mois au constructeur Chinois. En apparence, ces changements de cap ont pu laisser penser que le gouvernement américain naviguait à vue. Toutefois, Donald Trump a annoncé ce vendredi ne pas se fermer à la possibilité d’inclure le cas Huawei dans les négociations d’un accord commercial avec la Chine. Malgré la fermeté des mesures adoptées, les Etats-Unis dévoilent leur main : exploiter l’affaire Huawei pour établir un rapport de force favorable dans la guerre commerciale livrée contre la Chine.

Sur le fondement de l’International Emergency Economic Powers Act, l’ordre exécutif sur la sécurisation des technologies et des services de l’Information et des Communications de la Supply chain signé par Donald Trump, interdit aux opérateurs américains de télécoms de se fournir auprès de certaines firmes étrangères considérées comme faisant porter un risque à la sécurité nationale. La responsabilité revient au Secrétaire au Commerce de juger si des personnes physiques ou morales représentent ou non un risque pour les Etats-Unis. Il n’est pas précisé si les critères de sélection ou les motivations de bannir ou non seront rendus publics. Dans tous les cas, bien que n’apparaissant pas explicitement dans le décret exécutif, Huawei et la Chine sont bien évidemment les premiers à être visés et impactés par cette mise au ban.

« Malgré la fermeté des mesures adoptées, les Etats-Unis dévoilent leur main :
exploiter l’affaire Huawei pour établir un rapport de force favorable
dans la guerre commerciale livrée contre la Chine« 

Parallèlement, Huawei ainsi que 68 de ses filiales ont été placées sur l’ « Entity List » du Bureau de l’Industrie et de la Sécurité (BIS) du Ministère du Commerce. Cette liste soumet à l’octroi d’une licence d’autorisation « l’export, le ré-export ou le transfert » d’articles spécifiques vers les personnes, entreprises, organisations ou pays qui y figurent. S’ils n’obtiennent pas d’autorisation explicite du gouvernement américain, Huawei et ses filiales devront se passer des composants américains pour fabriquer leurs smartphones.

Sur le plan pratique, Huawei se voit brutalement dénier l’accès au système d’exploitation Android développé par la firme américaine Google pour ses futurs modèles ainsi qu’aux composants stratégiques fabriqués par Qualcomm, Broadcomm et Xilinx. Ainsi, ce ne sont pas seulement les agences gouvernementales mais aussi les acteurs privés qui se désengagent. Des opérateurs taiwanais (Chungwa Telecom), Japonais (Ymobile, KDDI, etc) et britanniques (EE) ont annoncé ne plus commander les dernières versions des téléphones Huawei.

« S’ils n’obtiennent pas d’autorisation explicite du gouvernement américain, Huawei et
ses filiales devront se passer des composants américains pour fabriquer leurs smartphones.« 

Chant du Cygne des Etats-Unis ?

Si la situation semble se corser pour Huawei, le constructeur Chinois semble loin de tomber des nues. Deux lettres internes rendues publiques et reconnues par Huawei révèlent que HiSilicon, sa filiale en charge des semi-conducteurs, a depuis plusieurs années consacrées des ressources pour élaborer des plans de continuité d’activité si un jour les Etats-Unis venaient à couper l’accès à des technologies clefs pour la fabrication de leurs produits.

De part et d’autres du Pacifique, les industries technologiques Américaines et Chinoises sont interdépendantes. Il est vrai qu’aucun concurrent ne peut fournir des composants d’une qualité similaire aux produits américains pour le même prix. Les équipementiers Chinois devront se satisfaire de produits moins performants et probablement plus chers. Cela ne signifie pas pour autant que la Chine sera perdante. Ren Zhengfei, fondateur du géant Chinois, assurait que les Etats-Unis sous-estimaient les capacités de la firme notamment quant à sa capacité à produire elle-même les puces jusqu’alors fournies par l’industrie américaine.

     
De l’autre côté du Pacifique, il est également difficilement imaginable que des firmes technologiques américaines telles que Apple puissent se passer des manufactures Chinoises. De la même manière, Huawei dispose d’une longueur d’avance sur la concurrence en termes de 5G. Si les Etats-Unis lui ferment les portes du marché américain, ils devront eux-aussi se satisfaire d’un pis-aller en matière de 5G. D’un point de vue historique, le simple fait que Washington déploie autant d’effort pour protéger son territoire contre l’importation de technologies étrangères peut révéler un aveu de faiblesse.

Sur le long terme, on peut légitimement se demander, qui de l’industrie Américaine ou Chinoise,
aura le plus à perdre ?

Cette décision, aussi médiatique soit-elle, ne doit donc pas empêcher de prendre du recul et d’adopter une vue d’ensemble. Cette décision radicale fait suite à une longue liste de vives charges mutuelles entre Pékin et Washington depuis 1 an. Après des tractations diplomatiques infructueuses, le gouvernement américain a augmenté en mai 2019 ses droits de douanes sur les biens chinois faisant passé la taxe de 10% à 25%. La Chine a de son côté pris des mesures de représailles en augmentant à son tour ses propres tarifs.  En décembre dernier, la fille du fondateur de Huawei et directrice financier a été arrêtée au Canada à la demande des Etats-Unis pour ses soupçons de violation des sanctions à l’encontre de l’Iran. Ces crises successives s’inscrivent dans un contexte plus vaste d’une compétition technologique entre deux des Etats les plus puissants du monde avec des conséquences directes dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale.

Focus sur les enjeux technologiques dans le domaine de la Défense et de la Sécurité Nationale

A l’origine du décret, un constat fait par Washington : l’augmentation de la création et de l’exploitation de vulnérabilités des technologies et des services de l’information et des communications par des puissances étrangères accrues par l’acquisition ou l’utilisation de matériel venant de puissances étrangères. Les préoccupations sécuritaires exprimées par les Etats-Unis pour justifier la levée de bouclier face à l’avancée Chinoise sont loin de n’être qu’une construction rhétorique. La polarisation du débat autour de Huawei est symptomatique et révélateur des enjeux technologiques et de sécurité nationale.

« un constat fait par Washington : l’augmentation de la création et de l’exploitation de vulnérabilités des technologies et des services de l’information et des communications par des puissances étrangères »

Huawei est accusé d’espionnage et de servir de cheval de Troie pour le compte du gouvernement Chinois. En ligne de mire : une loi Chinoise de 2017 qui obligerait les entreprises sur le territoire à coopérer avec les services de renseignement Chinois s’ils le demandaient. Face à ces accusations, Liang Hua a tenté de rassurer le gouvernement britannique en adoptant une réponse pour le moins audacieuse : si les préoccupations soulevées par cette loi sont légitimes, il n’existe toutefois aucune loi qui sanctionnerait l’équipementier s’il refusait de se conformer à la requête des agences de renseignement. Dans la pratique, la loi ne pourrait donc pas s’appliquer. Cette assurance semble toutefois bien mince face aux inconvénients qu’un regain de tension avec les USA engendrerait si le Royaume-Uni accueillait le réseau 5G huawei sur ton territoire. Dépourvu de preuves avérées de collusion avec le gouvernement Chinois ou d’acte d’espionnage, le Royaume-Uni s’est toutefois refusé à bannir purement et simplement l’équipementier Chinois mais l’a limité à ses activités non-essentielles.

Faisant fi des mises en garde de ses Ministres de la Défense (renvoyé dans la foulée pour une accusation de fuite), de l’intérieur et des Affaires étrangères, Theresa May a donné le feu vert au géant Chinois pour participer au réseau 5G national en ce qui concerne les matériels non-critiques. Les britanniques excluent une pure et simple interdiction pour y préférer un entre-deux. De son côté, Huawei renouvelle les actes de bonne foi en promettant notamment de signer un « No-spy agreement » avec le gouvernement britannique. « No spying, no back doors » assure le président de Huawei, Liang Hua.

Conscient de l’avancée de l’entreprise Chinoise au sein même de la Communauté des Five Eyes, Washington était allé jusqu’à menacer de revoir ses partenariats stratégiques en matière de renseignements si ses alliés optaient pour le réseau 5G Chinois. En l’espèce, pour les Etats-Unis la distinction entre les éléments essentiels et non-essentiels du réseau 5G est sans importance au vue des enjeux de cybersécurité et de sécurité nationale. Le partage de renseignements sera certainement réévalué avec les britanniques avertit Washington. Ils en ont également profité pour rappeler que les mêmes mesures seront prises pour l’ensemble de leurs partenaires qui ouvrirait ses portes au réseau 5G de Huawei ou de n’importe quel autre fournisseur non fiable.

« Conscient de l’avancée de l’entreprise Chinoise au sein même de la Communauté des Five Eyes, Washington était allé jusqu’à menacer de revoir ses partenariats stratégiques en matière de renseignements si ses alliés optaient pour le réseau 5G Chinois« 

Face à ce que Pékin dénonce comme une entreprise de concurrence déloyale par les Etats-Unis, Huawei se lance dans une vaste opération « patte blanche » vis-à-vis de l’Ouest. Le 5 mars 2019, Huawei ouvre un Centre de transparence cybersécurité en plein cœur de l’Europe à Bruxelles. L’objectif de ce centre est de se rapprocher des parties prenantes clefs de la cybersécurité européenne. Huawei cherche à démontrer ses bonnes pratiques en termes de sécurité et de transparence pour renforcer le dialogue et la confiance avec les institutions. En guise de bonne foi, Huawei est allé jusqu’à dévoiler son code source pour rassurer sur l’implémentation d’une 5G Chinoise sécurisée en Europe et contre les accusations de backdoors intégrées.

En parallèle la marque multiplie les initiatives pour renforcer son soft-power notamment en restant très active sur les réseaux sociaux pour mettre en valeur les publications qui lui sont favorables et opposer un contre-discours à ses critiques.

Pour ces mêmes alliés, à l’exception de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, 5G Huawei et sécurité nationale ne semblent pas incompatibles. En ce qui concerne la France, Emmanuel Macron assure que l’interdiction de Huawei sur le territoire national n’est pas à l’ordre du jour. « Notre position est différente des Américains sur ce sujet » déclarait Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie. Le gouvernement français adopte une position similaire aux Britanniques en ce qu’elle préfère une stratégie du compromis : tirer profit de l’innovation technologique de la 5G Chinoise pour son industrie tout en s’assurant des garanties pour préserver sa souveraineté et se protéger de possibles ingérences.

D’un point de vue opérationnel, le déploiement d’un réseau de 5G Chinois en Europe est un sujet de vives préoccupations. Outre les risques d’espionnage et de pillage de propriétés intellectuelles, la technologie 5G est une technologie duale par nature. Alors que le champ de bataille est de plus en plus connecté, la maturité en termes d’infrastructure que la Chine est en train de développer se traduira par un avantage opérationnel incontestable (systèmes d’information plus fiables, plus rapides et pouvant interconnecter plus d’éléments, etc).

Conclusion

Il serait extrêmement trompeur de penser que Pékin se conforterait dans une position de victime. Ce mardi 21 Mai, le président Xi Jinping a rendu une visite remarquée par les médias Chinois à l’entreprise JL Mag, spécialisée dans les terres rares et dont les produits sont utilisés dans de nombreux composants électroniques et dans l’armement de pointe. Dans une sorte de pied de nez aux Etats-Unis, Pékin a ainsi rappelé la dépendance américaine à l’approvisionnement Chinois. François Lenglet, journaliste à RTL, rappelle que

«  la Chine produit 61% du sillicium mondial, 67% du germanium, 84% du tungstène mondial et 95% des terres rares » ce qui en fait désormais « le pays le plus influent en ce qui concerne l’approvisionnement mondial en maintes matières premières critiques »[1].


[1] https://www.rtl.fr/actu/conso/huawei-pourquoi-le-monde-entier-est-il-dependant-de-la-chine-7797680048

Le S-400 n’est-il qu’un système intermédiaire ?

A mesure que les informations arrivent sur le système S-500, il est évident que les russes ont, pour ce système, de grandes ambitions. A lui seul il remplira les fonctions des systèmes à moyenne, longue, très longue portée, antimissiles balistiques et probablement antisatellites. De fait, il couvrira, à lui seul, les fonctions assurées en occident par les PATRIOT, THAAD et GBI. Pour ceci, le système S-500 mettra en œuvre une série de radar permettant la couverture basse altitude, haute altitude et longue portée ainsi qu’un radar ayant une fonction anti missile balistique.

A cette suite de radar sera associée une conduite de tir fonctionnant sur 360° (4 radars plaques ?). Mettant en œuvre une gamme de missiles variés adaptée à l’ensemble des cibles que le système sera susceptible de détruire. A la lecture des ambitions affichées pour ce système (qui devront être confirmées lors des tests), il apparait alors que le S-400 n’est qu’un système intermédiaire permettant de faire la jonction entre les S-300 vieillissant et le futur S-500.

Il est d’ailleurs intéressant de se rappeler que la première dénomination de ce qui allait devenir le S-400 était alors S-300 PMU-3 rappelant la parenté de ce système avec les modèles antérieurs. On comprend alors mieux pourquoi les russes n’hésitent pas à le vendre à l’étranger même en dehors des pays faisant partie de leur sphère d’influence historique. Il semble alors que les russes prévoient de faire reposer leur défense aérienne sur le futur-500 et que le S-400 n’aura été qu’un système intérimaire.

On devine également que la dénomination S-400 au lieu de S-300 PMU-3 est une démarche sans doute marketing destinée à renforcer l’attrait du système sur le marché international. Ceci ne retirant rien des qualités ni de l’efficacité du système, puisqu’il a permis de mettre en œuvre une première génération de certains sous-systèmes (radars et missiles) qui seront réutilisés en version modernisée sur le S-500.

La mise en service du S-500 engendrera probablement le retrait progressif des différentes générations de S-300, des systèmes antimissiles S-300VM et du système A-135 GALOSH. La défense antiaérienne étant complétée par les S-400 déjà acquis, les S-350 pour la moyenne portée, les TOR-M2 (SA-15), PANTSIR-S2 (SA-22) et le futur système SOSNA pour la courte portée, auxquels s’ajoutent la profusion de canons antiaériens et de missiles portatifs très courte portés (SATCP). Une vaste gamme de matériel étudiée pour faire face à une large gamme de menaces.

Le Sénat américain met en place des garde-fous pour empêcher une sortie de l’OTAN

Les positions du président Donald Trump vis-à-vis de l’OTAN sont imprévisibles. D’ailleurs, le pluriel utilisé dans « les positions » n’a rien d’une figure de style, le président américain ayant bien fait état, selon le contexte, de positions très différentes, et même divergentes, concernant l’alliance atlantique, allant des menaces de sorties unilatérales à des déclarations enflammées sur le lien indéfectible qui uni les États-Unis et les pays européens au sein de cette alliance.

Quoiqu’il en soit, les sénateurs américains ont préféré prendre les devants face à leur versatile président, en mettant en place des garde-fous pour prévenir toute action inconsidérée. Et quoi de plus efficace que de frapper au porte-monnaie ? Pour arriver à leur fins, les sénateurs ont voté une loi empêchant de financer tout retrait de troupes américaines d’Europe pendant un an, de sorte à rompre le lien de simultanéité qui pourrait exister entre une annonce de sortie de l’OTAN, et les premiers retraits de troupe, limitant de fait le bénéfice politique d’une telle initiative.

S’agit-il d’une manœuvre de politique interne visant à marquer davantage l’inconstance présidentielle ? C’est une hypothèse, mais il faut garder à l’esprit que le sénat est resté aux mains des Républicains à la suite des élections de mi-mandat, en 2018. Il a donc fallut, pour que cette loi soit votée, que des sénateurs républicains la soutiennent.

L’autre hypothèse est qu’il existe une véritable crainte au sein de la classe politique américaine concernant les intentions du président vis-à-vis de l’OTAN. Une hypothèse d’autant plus problématique que la majorité des états européens construisent leur politique de Défense au seul sein de l’OTAN, avec une intervention massive des États-Unis. Ce paradigme est au cœur du plébiscite européen pour le F35 comme pour le Patriot PAC3, largement préférés à leurs homologues européens, avec pour objectif d’optimiser l’inter-opérabilité avec les forces US.

Entre l’hypothèse, certes peu probable, d’une sortie de l’OTAN des États-Unis, et une hypothèse, en revanche plus que probable, de l’érosion rapide des forces américaines sur le théâtre européen liée au renforcement militaire chinois, les postulats sur lesquels beaucoup de pays européens construisent leur défense s’avèrent bien risqués ….

Le Royaume-Unis veut étendre l’article 5 de l’OTAN aux attaques Cyber

Les pays membres de l’OTAN peuvent, s’ils font l’objet d’une agression militaire, faire appel à l’article 5 de l’Alliance, dit « article de Défense collective ». Dans les faits, l’attaque contre ce pays membre deviendrait une attaque contre l’ensemble des pays de l’alliance. Chaque pays serait cependant libre des moyens qu’il engagerait pour lutter contre cette agression et porter assistance au pays agressé. Cet article n’a été invoqué qu’une seule fois depuis la création de l’Alliance Atlantique, après les attaques du 11 septembre 2001, par les États-Unis, ce qui provoquera l’intervention de l’OTAN en Afghanistan.

Face à la recrudescence des attaques cyber contre des cibles de plus en plus stratégiques, attaques nécessitant des moyens et des compétences du niveau d’un état, le ministre britannique des affaires étrangères, Jeremy Hunt, a déclaré, lors d’une conférence de l’OTAN dédié à la défense Cyber, disposer de suffisamment d’éléments pour en appeler à cet article 5 de Défense collective. Selon le ministre, tous les indices pointent vers la Russie, qui chercherait à disposer de nombreux moyens stratégiques pour immobiliser le pays par une attaque Cyber, si le besoin s’en faisait sentir. Il a également mis en cause cette même Russie au sujet de l’ingérence dans les processus électoraux aux États-Unis, comme en Ukraine. Et de conclure qu’il serait certainement pertinent de créer un « article 5bis », plus adapté que les présent articles, pour prendre en compte la réalité des attaques cyber.

Reste qu’il est très difficile d’identifier avec certitude l’origine d’une attaque Cyber, et qu’il est parfaitement possible de faire pointer les indices dans une direction particulière. Eu égard aux manipulations de « preuves » qui ont déjà eu lieu pour justifier certaines actions militaires, créer une mécanique forte au sein de l’alliance concernant la réponse à apporter face à un offensive digitale, risquerait d’ouvrir la voie a des opportunités de manipulations de l’opinion publique, voir des nations alliées. C’est d’autant plus vrais qu’il est virtuellement impossible de vérifier objectivement la matérialité de l’attaque, ni son origine, sans disposer d’un accès disposant de très hauts privilèges dans les systèmes d’information, ce qui, évidemment, serait très difficile à imaginer, même entre alliés.

De fait, même si la Défense Cyber doit sans le moindre doute faire l’objet d’une très importante priorité en Europe, et si les membres de l’OTAN comme de l’UE ont tout intérêt à collaborer au plus haut niveau dans ce domaine, il parait hasardeux d’inclure cette hypothèse dans un « article 5 bis ». Des moyens de sauvegarde et de protection périmétrique des infrastructures sensibles, couplés à des procédures permettant une reprise d’activité ou un fonctionnement en mode dégradé de ces infrastructure, et des moyens de riposte cyber pouvant être supra-nationaux, apparaissent à la fois adaptés et proportionnés pour faire face à la menace.

Une chose est certaine : Si les offensives cyber, attribuées à raison ou à tort à la Russie, constituent une menace aujourd’hui en temps de paix, c’est que les infrastructures stratégiques européennes n’ont qu’une très faible résilience en cas de conflit majeure, donc qu’au delà des faiblesses des armées européennes déjà évoquées, l’existence même de l’Europe en tant que société politique et économique serait en grand danger dès l’entame d’un tel conflit.

Peut-être est-ce ce point, plus que tout autre, qui devrait concentrer l’attention des politiques européens dans les années à venir, en matière de Défense européenne.

Entre fantasme et conservatisme, y-a-t-il une place pour une Armée Européenne ?

En ce dernier jour de campagne électorale pour les Européennes, l’idée de la création d’une armée européenne revient sur le devant de la scène, avec la publication d’une tribune co-signée par plus d’une soixantaine de députés et sénateurs de la majorité présidentielle, faisant l’apologie d’une Armée Européenne pour garantir la paix sur le Vieux Continent. Tribune immédiatement dénoncée et critiquée par les acteurs de l’opposition, la jugeant vide de sens, et, d’une certaine manière, mensongère.

Il est frappant de constater, dans ce dossier, que l’immense majorité des positions exprimées sont basées sur la seule expression de convictions personnelles, et qu’à aucun moment, une réflexion objective n’a été menée pour savoir si, oui ou non, un tel projet était réalisable, et si tel est le cas, sous quelle forme. Les partisans de l’idée mettent en avant des bénéfices macro-politiques probables à très long terme, ignorant la réalité des divergences européennes sur le sujet. Les opposants listent, quant à eux, ces divergences et les difficultés qu’un tel projet pourrait rencontrer, et se contente de les juger trop importantes pour pouvoir être dépassées. Le sujet a été d’autant plus mal traité, politiquement et médiatiquement, qu’Emmanuel Macron, comme Angela Merkel, se sont prononcés en faveur de ce projet, sans être en mesure d’en tracer les grandes lignes, laissant libre court à toutes les interprétations possibles, et donc à toutes les oppositions.

Pourtant, la nécessite d’un renforcement rapide et massif des capacités de défense européennes ne fait guère de doute aujourd’hui, entre la montée en puissance de la force militaire russe, un pays pourtant 4 fois moins peuplé et 10 fois moins riche que l’Union Européenne, et cependant capable aujourd’hui de balayer l’ensemble des forces européennes conventionnelles, très vulnérables sans l’aide des États-Unis ; la Chine qui développe une force militaire qui égalera voire dépassera la puissance américaine dans moins de 3 décennies ; la Turquie, dont l’appartenance à l’OTAN semble être de plus en plus compromise, et dont le président se rapproche chaque jour davantage de V.Poutine et Xi Jinping ; ou l’alliance sunnite, composée de toutes les monarchies sunnites du Golfe Persique et d’une galaxie de pays à majorité sunnite, comme l’Égypte, qui renforce sans discontinue sa force militaire comme son industrie de Défense, et prend chaque jour plus d’indépendance ; pour ne citer que les menaces les plus directes. A cela s’ajoute des États-Unis au comportement erratique, exigeant des européens une allégeance sans faille, comme le montre les tensions récentes au sujet des fonds européens dédiés à l’industrie de Défense, et qui, surtout, devront chaque année davantage concentrer leurs forces dans le Pacifique pour contrôler la puissance militaire chinoise, réduisant, de facto, le potentiel militaire déployable en Europe.

Dans ces conditions, et sachant qu’aucun pays européen n’a aujourd’hui capacité à s’opposer seul à ces menaces, ni à s’imposer en Europe comme élément fédérateur d’un effort de Défense cohérent à l’échelle de l’Union, la logique d’une « Armée européenne » fait sens, et ne peu se satisfaire d’un simple rejet, sans proposer de solution alternative effective et efficace.

En revanche, on le comprend, le risque à traiter n’est pas polymorphe, et se résume à être en mesure de protéger le continent comme chacun des membres de l’Union Européenne, face à un adversaire capable de mener le conflit sur son propre sol. Le besoin est donc purement défensif, et, par nature, doit être proportionné pour être parfaitement dissuasif, quelque soit l’ennemi. Dès lors, il n’est pas nécessaire de chercher à concevoir une fédéralisation des armées européennes, un projet contesté par la majorité des gouvernants européens, et qui constitue le principal angle d’attaque des opposants au projet d’armée européenne.

Il est possible, en revanche, de concevoir une force militaire nouvelle formée de réservistes, dans une logique de contrôle matricielle entre États et Europe, et dont la fonction serait limitée à la défense du continent et des membres de l’Union, à l’image de la Garde Nationale américaine, dont l’encadrement et l’utilisation sont partagés entre les États et l’État fédéral. Dans cette approche, chaque état européen conserverait ses forces nationales, avec une totale autonomie d’utilisation, et pourrait faire appel à sa propre composante de la garde nationale si besoin. La gouvernance de l’Union Européenne, qu’il conviendra d’adapter, pourra également mobiliser cette « Garde Européenne« , pour répondre aux menaces existentielles, sans que cela ne soit perçu par nos voisins comme une menace, l’outil étant structurellement contraint de limiter son intervention au seul territoire européen. En outre, un tel modèle permettrait d’équilibrer les efforts de défense entre les pays européens, de façon plus subtile et adaptée aux réalités économiques, sociales et démographiques de chaque pays, bien plus efficacement qu’un simple objectif de dépense relatif au PIB, qui a perdu beaucoup de sens alors que le monde se réarmait.

On le voit, l’Europe de la Défense, et le principe d’Armée Européenne, nécessitent une approche méthodique et objective, pour répondre aux enjeux de la sécurité européenne dans les décennies à venir. Il n’est pas question, dans un simple article, de proposer un modèle complet de construction d’une telle armée. En revanche, comme nous venons de le voir, il est possible d’imaginer des modèles répondant potentiellement aux enjeux et en adéquation avec la réalité européenne aujourd’hui, pour peu que l’on accepte de sortir des postures politiques et dogmatiques, et que l’on accepte de regarder les enjeux, les risques, ainsi que les moyens, avec la volonté de garantir la sécurité de l’Union, et donc, des Français.

La Belgique et les Pays-bas officialisent la commande de 12 bâtiments de guerre des mines du consortium Naval Group / ECA

Après validation par leurs parlements respectifs, la Belgique et les Pays-bas ont officiellement signifié au consortium formé par le français Naval Group et le belge ECA la commande de 6 chasseurs de mines de nouvelles génération pour la Marine Royale Belge, et autant pour la Marine Royale Néerlandaise, accompagnés d’une centaine de drones sous-marins pour la détection et le désamorçage des mines sous-marines. Il s’agit d’un contrat de 2 Md€, un des plus importants contrats à l’exportation signé par Naval Group ces 10 dernières années.

Avec ces 12 bâtiments, les marines belges et néerlandaises disposeront de la force de guerre des mines la plus moderne et la plus importante en Europe, couplée à un savoir-faire reconnue au travers le monde. En outre, les chasseurs de mines retenus en imposent par leur taille, avec une jauge de 2500 tonnes, cinq fois plus importante que les chasseurs de mines tripartites qui équipent actuellement les deux marines, ainsi que la Marine Nationale.

Aprés le contrat CAMO[efn_note]Capacité Motorisé[/efn_note], signé en novembre 2018, et portant sur l’achat de 382 VBMR Griffon et 60 ERBC Jaguar et une coopération accrue entre les armées de terre française et belges pour 1,6 Md€, c’est le second contrat majeur passé par la Belgique à la France en matière de Défense en 6 mois, pour un montant dépassant les 3,2 Md€ du contrat visant à acquérir 32 F35 auprès de Lockheed pour remplacer les F16 de la force aérienne Belge.

De quoi largement pondérer les jugements emportés ayant suivi cette décision belge, d’autant que la Belgique et les Pays-Bas, et le Luxembourg, pourraient à nouveau se retourner vers la France pour le programme ISTAR, visant à remplacer les véhicules blindés légers des 3 pays, et au sujet duquel Nexter pourrait proposer le VBMR Léger Serval, commandé à prés de 2000 exemplaires par les armées françaises pour remplacer une partie des VAB et VBL à partir de 2022. De fait, une coopération quadripartite pourrait avoir beaucoup de sens, d’autant qu’elle rendrait le programme éligible aux fonds européens de Défense.

L’US Navy parie sur le laser pour protéger ses bâtiments de combat

Pour expliquer à quel point l’US Navy est prête à s’investir dans la technologie Laser, notamment pour défendre ses bâtiments de combat, le Chef des opérations navales de surface, le contre-amiral Ron Boxall, a donné l’exemple de Cortez, qui coula ses navires en arrivant sur le nouveau monde, afin de galvaniser ses hommes, qui savaient qu’il n’y aurait pas de fuite possible.

Et en effet, la marine américaine compte bien forcer le destin, en remplaçant dès 2021 sur le destroyer USS Preble, celui-là même qui ne cesse de défrayer la chronique et ayant pris l’habitude de frôler les ilots revendiqués par la Chine en mer de Chine, le système CIWS Phalanx par le système HELIOS, un laser de 60 Kw développé par Lockheed Martin, pour protéger le bâtiment contre les drones. Le pari de la Navy est toutefois risqué, puisque, selon les dires mêmes de l’amiral Boxall, un laser doit avoir une puissance d’au moins 500 Kw, pour être en mesure d’intercepter les missiles envoyés contre le destroyer, alors que l’HELIOS ne pourra évoluer qu’à 150 Kw.

Selon lui, aujourd’hui, le laser constitue une des seules alternatives viables pour protéger les bâtiments de combat face aux attaques de saturation, tactique supposée des adversaires des États-Unis en cas de conflit de haute-intensité. En multipliant les attaques, le bâtiment ciblé épuisera ses défenses, notamment ses missiles surface-air, et se retrouvera rapidement sans protection, représentant, dès lors, une cible facile. La solution reposant sur l’augmentation du nombre de missiles emporté par le navire n’est pas satisfaisante non plus, puisque le cout de chaque missile surface-air s’équilibrant avec celui des missiles anti-navires, le solde de la destruction du bâtiment restera toujours en faveur de l’attaquant.

De fait, les systèmes laser, dont le prix d’utilisation est particulièrement faible, représenteraient une alternative très adaptée, si tant est qu’ils soient effectivement capables d’intercepter les menaces approchantes à grande vitesse comme les missiles anti-navires super ou hyper-soniques, et de faire face à une attaque par saturation, visant à envoyer plus de missiles que le système de défense ne peut en traiter dans le temps qui lui est donné.

Bien que cela n’ai pas été abordé par l’amiral Boxall, le Rail Gun constituerait également une alternative. Comme le laser, le cout d’un tir est largement inférieur à celui de sa cible potentiel, et lui aussi, requiert une importante source d’électricité pour fonctionner. En revanche, le Rail Gun n’est pas contraint par la ligne de visée, comme le laser, il est beaucoup moins sensible aux conditions météorologiques, et plus versatile, pouvant être employé contre des cibles navales et terrestres à grande distance.

Reste que, pour l’heure, la survivabilité des bâtiments de combat est conditionnée par leur capacité à emporter un nombre important de missiles, et à mettre en œuvre des systèmes CIWS, en ultime recours. Une donnée qui a souvent été ignorée politiquement en France pour satisfaire les exigences de Bercy, et qui mènera la Marine Nationale à ne disposer que de 16 missiles anti-aériens, certes performants, sur prés de 75% de sa flotte de combat de 1er rang (11 frégates sur 15). Les 50 m€ qu’auraient couté 16 Aster supplémentaires et 1 CIWS par frégate de 1er rang, risque de couter très cher à la Marine Nationale et à l’État en cas de conflit ….