samedi, décembre 6, 2025
Accueil Blog Page 264

La guerre civile libyenne pourrait-elle redéfinir le combat aérien moderne ? Partie 1/2

Depuis l’intervention occidentale en Libye en 2011, et plus encore depuis 2014, le pays est plongé dans une guerre civile protéiforme s’appuyant sur un véritable chaos géopolitique. Au fil du temps, les tensions se sont cristallisées entre deux factions qui revendiquent toutes les deux le contrôle de la totalité du territoire libyen : le Gouvernement d’Union Nationale (GNA) basé à Tripoli, et l’Armée Nationale Libyenne (ANL) du maréchal Haftar, qui tente de s’emparer de la capitale historique du pays.

Ces dernières années, les interventions étrangères en soutien à l’un ou l’autre des deux camps se sont multipliées et ont radicalement changé d’ampleur. Les déploiements de forces spéciales et les raids aériens plus ou moins discrets des premières années se poursuivent aujourd’hui, mais les soutiens politiques à l’ANL et au GNA s’affichent désormais au grand jour, avec des déploiements de troupes étrangères, de mercenaires « privés », de systèmes anti-missiles modernes, de drones armés et même, plus récemment, de flottes entières d’avions de combat !

Si, sur le plan technique, le conflit libyen ne présente pas de grandes nouveautés, il pourrait cependant changer en profondeur la conduite des opérations militaires dans la troisième dimension. Sur le plan tactique comme sur le plan stratégique, cette guerre civile pourrait ainsi avoir des conséquences, sur le long terme, encore insoupçonnées.

UCAV Bayraktar turque Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le Bayraktar TB2, conçu en Turquie, s’est illustré récemment en Syrie puis en Libye, y compris face à des systèmes de défense très sophistiqué. Robuste et économique, le Bayraktar peut éventuellement être utilisé comme un vecteur consommable, selon la valeur militaire de sa cible.

Le drone armé : nouvelle arme d’attrition ?

Ces dernières semaines, l’actualité militaire libyenne a surtout été marquée par des combats singuliers bien particuliers. En effet, plusieurs des redoutables systèmes de défense aérienne Pantsir S1 utilisés par l’ANL ont été détruits par des frappes de précisions réalisées par des drones Bayraktar TB2 opérés pour le compte du GNA. Comme souvent dans ce conflit, ces équipements ne sont pas à proprement parlé libyens : les Pantsir d’origine russe (sur un véhicule allemand) appartiennent en effet aux Emirats Arabes Unis, qui soutiennent activement le maréchal Haftar, tandis que les drones Bayraktar sont mis en œuvre par l’important contingent militaire turc déployé en Libye pour appuyer le GNA.

Rapidement, de nombreux analystes sont venus rappeler que les Pantsir détruits n’étaient pas tous pleinement opérationnels, les vidéos dévoilées montrant au moins un système détruit alors qu’il était en déplacement, dans une phase de transit radar éteint. De plus, les opérations turques ne se sont pas faites sans pertes du côté des drones. Une situation qui n’est pas sans rappeler des évènements très similaires qui se sont produits en Syrie plus tôt dans l’année, même si les Pantsir émiratis ont la réputation d’être mis en œuvre par des opérateurs plus qualifiés.

Le système Pantsir S1 russe assure une protection rapprochée anti aérienne anti missile et anti drones des sites sensibles Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le Pantsir-S1 combine des senseurs, des missiles et des canons anti-aériens sur le même véhicule. Les modèles vendus aux EAU, que l’on retrouve en Libye, sont basés sur un camion allemand plutôt que russe.

Pour autant, si les frappes turques ne permettent pas de démontrer l’inefficacité intrinsèque des systèmes de défense aérienne, elles devraient bouleverser en profondeur certaines préconceptions au sujet de la défense aérienne à courte portée, notamment au sein de l’OTAN. Les forces occidentales sont en effet pauvrement équipées en systèmes anti-aériens de courte et moyenne portée. Lorsqu’ils existent, ces systèmes reposent généralement sur une poignée de missiles Mistral ou Stinger mis en oeuvre en petit nombre par des fantassins, des véhicules légers ou des hélicoptères, bien incapables de contrer des attaques saturantes de drones. Or, les Bayraktar, incomparablement moins chers et plus facile à produire que les Pantsir-S1 d’origine russe, ont démontrés que des systèmes aériens relativement rudimentaires peuvent suffire pour mettre à bas (ou au moins limiter la mobilité) des lance-missiles bien plus sophistiqués.

La victoire du low-cost ?

Nul doute que les retours d’expérience libyens et syriens devraient pousser d’autres pays à investir plus massivement dans des drones MALE ou, plus simplement, dans des drones tactiques armés, que les industriels turcs, israéliens ou chinois proposent aujourd’hui à un très bon prix. Une généralisation de ces systèmes de « déni d’accès tactique » devrait, en retour, entrainer un regain d’intérêt pour les systèmes de défense à courte portée. Or, les forces occidentales, et européennes en particuliers, ne disposent pas de systèmes disponibles sur étagère pour contrer de telles menaces.

Pour compléter les Mistral et Stinger, il faudrait en effet un missile plus lourd, embarqué sur véhicule, capable de véritablement remplacer les systèmes Roland, Rapier et Crotale, par exemple. Un véhicule lourd combinant des missiles légers de type Mistral/Stinger et un armement plus lourd, comme un VL-MICA ou un système SLAMRAAM (voire même une variante terrestre du SeaRAM), serait sans doute une option pertinente, quoiqu’indéniablement coûteuse à l’achat. Pour l’heure, malheureusement, les efforts européens en matière de défense aérienne semblent se focaliser essentiellement sur les systèmes laser. Si de tels équipements présentent un intérêt réel, comme nous avons pu le voir dans de précédents articles, ils semblent cependant plus adaptés aux conflits d’hier qu’à ceux de demain, malgré leur aspect futuriste. S’ils permettent en effet de contrer des mini-drones voire des roquettes opérés par des insurgés ou des groupes terroristes, ils resteront largement insuffisant face à des UAV tactiques ou même des drones MALE.

Le drone chinois MALE Wing Loong 2 et les divers armements quil peut mettre en oeuvre Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Comparativement à un Reaper américain ou un Heron israélien, les drones MALE chinois disposent d’une conception plus simple et demandent une maintenance plus lourde sur de longues périodes. Moins chers à remplacer, ils servent ainsi efficacement dans les conflits de moyenne intensité.

Pendant longtemps, les Etats-Unis et Israël ont dominé le marché des drones Moyenne Altitude Longue Endurance, et l’intégration d’armement sous les drones MALE restait exceptionnelle, permettant à Washington de limiter l’usage de ces systèmes aériens dans les conflits modernes. Ce n’est désormais plus le cas. La Turquie mais surtout la Chine proposent désormais des solutions opérationnelles très efficaces, équipées de senseurs modernes, très lourdement armées, et surtout à un prix très abordable. Pire encore, des systèmes UAV conçus spécifiquement pour permettre des attaques saturantes en essaim sont désormais disponibles sur le marché. De quoi leur permettre d’absorber de gigantesques parts de marchés, y compris chez les clients traditionnels des USA dans le Golfe Persique, tout en augmentant la menace globale que représentent les drones.

Ce petit miracle chinois sur le marché du drone s’explique par une approche radicalement différente du maintien en condition opérationnelle des équipements : les systèmes chinois (et turcs, dans une moindre mesure) sont low-cost parce qu’ils ne sont pas faits pour durer. Non pas qu’ils soient techniquement inférieurs, mais ils ont été conçus en partant du fait qu’une utilisation au combat entrainerait rapidement de très lourdes pertes. De sorte que les voilures, les capteurs et les moteurs ne sont pas conçus pour être utilisés intensément sur de longues périodes, mais plutôt pour être économiques et rapides à produire, afin de procéder à leur remplacement régulier. Et, de fait, les drones tactiques et les MALE chinois (mais aussi américains ou israéliens) ont effectivement un taux de perte au combat très élevé, que ce soit en raison d’accidents ou sous le feu ennemi (voire sous le feu ami).

mistral ATLAS sur vehicule Sherpa de Arquus Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Les systèmes de défense rapproché les plus répandus en occident, notamment en France et aux USA, restent mal adaptés aux attaques saturantes. Dans ces pays, la supériorité aérienne est plus souvent assurée par des chasseurs, ce qui s’avère coûteux et peu réactif dans les opérations à longue distance.

Conclusion

A bien des égards, l’attrition semble bien partie pour revenir au cœur des stratégies aériennes à venir. Certains constructeurs occidentaux l’ont déjà intégré, le Loyal Wingman de Boeing Australia ayant été conçu pour pouvoir être aisément sacrifié en cas de conflit de haute intensité. Pour autant, le changement de mentalités chez les militaires et industriels occidentaux reste encore assez lent. Après trente années de conflits asymétriques où les forces armées régulières se sont vues opposées à des tactiques, méthodes et outils faiblement technologiques, il semble difficile d’accepter que des groupes armés non-étatiques (ou proto-étatiques) ont désormais accès non seulement à des systèmes aériens de première frappe (conventionnels) efficaces. Il sera alors d’autant plus difficile de reconnaître que certains d’entre eux ont également la possibilité de réaliser des attaques saturantes et, dans une certaine mesure, de contester la supériorité aérienne des forces occidentales, érigée comme un monument intangible depuis plus de trente ans.

Etant donné l’implication grandissante des compagnies militaires privées et la généralisation (et transformation) des conflits par proxy, cela n’a pourtant rien d’étonnant. Ce sera d’ailleurs le sujet de la seconde partie de cet article, à paraître vendredi 29 mai.

Le chasseur léger LCA Tejas est enfin pleinement opérationnel dans l’Indian Air Force

Il y a deux mois, nous avons évoqué le premier vol d’un avion de combat léger (Light Combat Aircraft) Tejas au standard FOC, représentative des avions au standard opérationnel final. Produit en Inde par HAL, le Tejas est un avion de combat léger dont le développement a connu de très nombreux retards et surcoûts, limitant aujourd’hui son impact opérationnel au sein de l’Indian Air Force. Ainsi, la force aérienne indienne n’a pour l’instant commandé que 40 Tejas Mk1. Les vingt premiers sont déjà en escadrons et opèrent selon un standard IOC qui ne couvre qu’une petite partie des missions dévolues à l’avion, et qui limite énormément leur utilisation. Aujourd’hui, l’Indian Air Force a cependant intégré en escadron le premier des vingt Tejas Mk1 commandé au standard FOC.

Exploité au maximum de ses possibilités, le Tejas FOC dispose enfin d’une capacité de combat aérien à longue portée, d’une perche de ravitaillement en vol, d’un domaine de vol élargit (vitesse et maniabilité) et de nouveaux emports externes (armements air-air et air-sol, nouveaux réservoirs de carburant, etc.). HAL a déjà indiqué que quatre autres avions au standard FOC devraient être livrés prochainement à l’IAF. Au-delà des 20 appareils commandés directement au standard FOC, les avions livrés en IOC et actuellement en service devraient également être progressivement mis à niveau.

HAL LCA Tejas Navy Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Pour le moment, l’Indian Navy ne souhaite pas suivre la voie de l’Indian Air Force. Si elle continue, contractuellement, de développer le Naval Tejas, elle ne compte pas acheter cet appareil qu’elle estime trop léger pour répondre aux besoins opérationnels actuels.

Pour le département de la défense indienne, la nouvelle tombe à pic. En effet, le LCA Tejas est actuellement au cœur d’une polémique qui enfle dans le milieu de la défense indienne. En raison de la crise du Covid-19, et face à la crise économique qui menace lourdement les investissements de défense indiens, le ministère de la défense avait initialement déclaré vouloir suspendre l’acquisition de l’appel d’offre MMRCA 2 au profit d’une commande de 83 LCA Tejas Mk1A améliorés. Sur le plan politique, le Tejas était alors présenté comme une alternative purement indienne à l’acquisition d’avions étrangers, qu’il s’agisse du favoris Rafale ou d’un autre concurrent européen, américain ou russe.

Or, comme nous avons pu le dire dans notre dossier spécial consacré à ce sujet, l’Indian Air Force a toujours souhaité acquérir parallèlement un avion léger conçu en Inde et un avion médian d’origine étrangère, mais assemblé et partiellement produit en Inde. Les deux programmes sont ainsi complémentaires sur le plan opérationnel et sur le plan industriel, en contribuant à dynamiser l’économie indienne et en permettant d’importants transferts de technologie.

Depuis, l’Indian Air Force a abondamment communiqué sur ses ambitions, rappelant son soutien au programme MMRCA 2 et l’importance de ce projet pour l’industrie, l’économie et les forces militaires indiennes. Il n’empêche que, peu importe les besoins réels de l’IAF, les dépenses de défense indiennes seront probablement considérablement réduites dans les années à venir. Le LCA Tejas, dont la ligne d’assemblage est déjà en place, pourrait donc être le seul avion à être produit pour l’IAF dans les années à venir, le temps qu’un immense contrat comme le MMRCA 2 puisse être définitivement signé. Comme nous l’avions évoqué, cela pourrait alors ouvrir une fenêtre d’opportunité pour la France et Dassault Aviation, afin de vendre deux escadrons de Rafale supplémentaires.

Le « GPS Britannique » ne verra probablement jamais le jour

En 2018, à l’annonce de l’éviction du Royaume-Uni du programme Galileo pour cause de Brexit, les vives réactions émanant de la classe politique et du gouvernement britannique avaient achevé de convaincre Theresa May de brandir la menace d’ériger un système de géo-positionnement national et indépendant de l’initiative européenne. Une étude de faisabilité et 130 millions de livres sterling plus tard, le symbole de l’indépendance post-Brexit souffre incontestablement d’un retard à l’allumage. Des désaccords entre ministres et hauts fonctionnaires britanniques se font désormais jour quant à la viabilité d’un projet onéreux mais non moins stratégique dans un contexte international particulièrement dégradé.

En effet, d’après un article du Daily Telegraph en date du 8 mai, certains officiels du Cabinet Office et du Department for Business, Energy and Industrial Strategy feraient pression sur le gouvernement britannique pour qu’il reconsidère l’ambition d’un système GPS « made in UK ». Bien que publiquement soutenu par le Premier ministre Boris Johnson, le coût estimé du projet oscillant de 3 à 5 milliards de livres sterling pourrait avoir raison de ce dernier, dans un climat économique fortement dégradé par la crise du Covid-19. L’étude de faisabilité qui devait être publiée en mars dernier est à l’arrêt et retardée d’ « au moins six mois ». C’est pourtant cette même étude qui doit établir l’architecture du projet et lancer les premiers travaux. Une autre étude aurait été lancée par le Cabinet Office pour questionner la pertinence, le périmètre et la forme d’un système de géolocalisation national, obscurcissant ainsi davantage l’horizon de ce dernier.

Galileo satellites Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Comme le système GPS américain, le Glonass russe ou le BeiDou chinois, Galileo s’appuie sur une constellation d’une trentaine de satellites. La mise en oeuvre d’un réseau parallèle purement britannique, à l’heure du Brexit, est sans doute parfaitement illusoire. D’autres alternatives techniques sont cependant possibles pour des usages militaires plus spécifiques.

Une alternative serait déjà envisagée et consisterait à utiliser les systèmes américains ou européens tout en recourant à quelques satellites britanniques pour affiner et crypter les données. Moins ambitieux donc, mais surtout moins onéreux, un tel schéma n’est pas sans rappeler les initiatives japonaise (Quasi-Zenith Satellite System) et indienne (Indian Regional Navigation Satellite System) : les deux Etats ont fait le choix d’un système régional, complémentaire des données partagées par le GPS américain. Dans les faits, les activités spatiales britanniques sont déjà extrêmement dépendantes des Etats-Unis, plus que dans tout autre domaine, à l’exception de la dissuasion nucléaire. Mais Londres doit se montrer davantage capable d’offrir quelque chose en retour à un allié dont la politique tend davantage vers l’isolationnisme. A cet égard, le secrétaire d’Etat à la Défense Ben Wallace avait exprimé ses craintes en janvier dernier quant aux fondements de la relation spéciale avec Washington mais aussi de la dépendance du Royaume-Uni à la couverture aérienne et satellitaire américaine, impactant directement les capacités de Londres en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance.

Mais qu’en est-il de la voie européenne ? Bien que les relations entre la Commission et Londres dans le cadre des négociations du Brexit aient rapidement conduit à un bras de fer sur le dossier Galileo, dans les faits, Bruxelles ne s’est jamais réellement opposée au maintien de Londres au sein du programme. Néanmoins, ce sont les conditions de participation post-Brexit exigées par la Commission qui auraient conduit le Royaume-Uni à suivre sa propre voie.

En effet, Galileo offre un service appelé « PRS » pour « Public Regulated Service » – une combinaison de fréquences cryptées et sécurisées réservée aux applications gouvernementales – transposition européenne d’une stratégie américaine déjà bien éprouvée : chaque lot de récepteurs conçu par l’industrie américaine et vendu via la procédure de Foreign Military Sales (FMS) possède une clé cryptographique unique, modifiable à souhait par le Pentagone, lui octroyant la capacité de dégrader – voir entraver –  la réception du signal GPS. Ainsi, Galileo permet bien un partage du réseau crypté avec une entité tierce, mais il ne peut se faire que sous les conditions imposées par l’UE, marquant la subordination de l’utilisateur au propriétaire du système. Bruxelles a donc retiré de fait le droit discrétionnaire du Royaume-Uni à utiliser le PRS et de profiter de l’influence géopolitique que celui-ci aurait pu lui procurer.

Quazi Zenith Satellite System Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Historiquement dépendant du GPS américain, le Japon avec son Quasi-Zenith Satellite System (QZSS) dispose, en permanence et en toute autonomie, sur l’ensemble de son territoire, d’un système de géo-positionnement extrêmement pointu et complémentaire des informations distribuées par le système américain. Il repose sur l’utilisation du signal émis par quatre satellites qui circulent sur une orbite géosynchrone elliptique survolant en permanence une région centrée sur le Japon.

Element clé dans l’autonomie de la prise de décision, la géolocalisation est aujourd’hui massivement utilisée par les armées contemporaines : elle est un formidable outil consolidant la suprématie opérationnelle des troupes engagées sur le terrain. Il est dès lors compréhensible que Londres n’ait pas voulu se contenter du siège passager, qui plus est après avoir injecté plus de 1.4 milliards d’euros dans Galileo depuis 2003. Néanmoins, une exclusion totale du programme européen pourrait faire perdre aux industriels britanniques les prochains appels d’offre afférents à la modernisation du programme : l’industrie spatiale britannique a contribué à hauteur de 17% de l’effort industriel de Galileo, bien que sur le plan technique, les Européens disent pouvoir désormais avancer sans leur aide, la mainmise de l’Union sur la chaîne industrielle étant totale. Ainsi, une alternative nationale va de soit et peut constituer un puissant moteur pour un secteur qui, bien que connaissant un rythme de croissance quatre fois plus élevé que le reste de l’économie britannique, pourrait dès lors connaître d’importantes turbulences dans les mois et années à venir à la lumière de la crise actuelle du Covid-19.

Ainsi, l’érection d’une politique d’influence internationale via un système à couverture globale indépendant paraît être, aujourd’hui, un dessein inatteignable pour Londres, eu égard au climat économique et politique pesant sur l’île. Dès lors, si le Royaume-Uni aspire à préserver son indépendance, l’existence de deux accords – l’un avec l’UE, l’autre avec Washington – serait logique et cohérente. Dans le cas contraire, le pays devra choisir entre s’accommoder de la dépendance aux partenaires d’hier ou bien porter son regard vers le grand large, et davantage qu’elle ne le fait déjà. Ainsi, à la lumière de l’importance cruciale de l’Espace, sphères civile et militaire confondues, ne pas établir une stratégie spatiale digne de ce nom dans la prochaine revue stratégique de défense (Strategic Defence and Security Review) constituerait une grave erreur d’appréciation au regard des ambitions déclarées de Londres en matière d’autonomie et de souveraineté.

La Russie entame les tests d’une version sur roues de son canon automoteur Koalitsiya-SV

Alors que les unités d’artillerie de l’armée russe perçoivent leurs premiers canons automoteurs chenillés de 152mm 2S35 Koalitsiya-SV, une nouvelle version du blindé, cette fois montée sur un chassis de camion Kamaz-6550 à 4 essieux, a entamé ses tests d’état, phase indispensable avant de pouvoir être commandée par les armées russes.

Conçu comme le 2S35 Koalitsiya par l’institut d’étude centrale Burevestnik, le nouveau système d’artillerie emporte une tourelle presque identique à celle de son prédécesseur, avec un canon 2A88 de 152 mm à chargement automatique capable de soutenir une cadence de tir de 16 obus par minutes, su un camion 8×8 Kamaz-6350, offrant, selon ses concepteurs, une mobilité et une souplesse d’utilisation très supérieure à celle du 2S35. Ainsi, selon Vasily Nabatov, chef designer du programme cité par l’agence Tass, le nouveau véhicule pourra beaucoup plus facilement employer les routes carrossées, et nécessitera une maintenance très allégée. En effet, alors qu’un 2S35 nécessite une revision complete du train roulant tous les 5000 km, cette distance parcourue ne constitue, selon Vasily Nabatov, que la distance de « rodage » de la version montée sur roue.

2S35 koalitsiya sv Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le canon automoteur 2S35 Koalitsiya-SV a été présenté pour la première fois au public lors de la parade militaire du 9 Mai 2015, en compagnie du T14 Armata.

Il faut dire que l’artillerie automotrice montée sur roue à la cote ces derniers temps dans les forces armées, puisque plusieurs programmes aux Etats-Unis, en Chine, en Inde ou encore en Israel, ont vu le jour et commencent à entrer en service dans certaines armées. Mais c’est bel et bien au Canon Automoteur sur Roues, ou CAESAR, du français Nexter, que revient le mérite d’avoir en premier su mettre en pratique les performances de cette association jusqu’ici réservée aux systèmes d’artillerie léger comme les mortiers ou les obusiers de 105 mm. En effet, aux mains des artilleurs français, les CAESAR déployés par la France ont démontré des performances insoupçonnés, notamment en terme de portée et de précision. De quoi impressionner jusqu’aux plus fervents défenseurs des systèmes lourds, comme l’US Army et son M109 Paladin.

Que ce soit au Mali ou en Irak et en Syrie, ces systèmes d’artillerie ont surtout fait la demonstration de nouvelles tactiques basées sur la mobilité et la vitesse. Ainsi, a plusieurs reprises, les CAESAR furent utilisés pour effectués des « raids d’artillerie », association une pénétration rapide en territoire adverse, une mise en batterie suivi d’un feu nourri de plusieurs salves contre une cible, et un repli tout aussi expéditif hors de porté d’une riposte adverse. Il est vrais qu’au delà de sa grande mobilité, le CAESAR bénéficie également d’une mise en batterie très rapide, d’une visée extrêmement précise même avec des obus non guidés, d’une grande cadence de tir, et de la capacité à repartir en moins d’une minute après que le dernier obus n’ait été tiré, ce qui en fait aujourd’hui le système d’artillerie considéré comme le plus performant par de nombreux artilleurs de l’OTAN.

Le CAESAR en version lourde sur un chassis 8x8 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
La configuration du nouveau Koalitsiya est très proche de celle du CAESAR lourd de Nexter commandé par l’armée royale danoise

Le Koalitsiya sur roues de Burevestnik est certes plus lourd, et donc moins mobile que son homologue français, mais il n’en demeure pas moins très performants. Il possède en effet les mêmes attributs que ceux de la version chenillée employant la même tourelle automatisée, avec une portée dépassant les 40 km avec obus standard, une cadence de tir de 16 à 20 coups par minutes, et un système de visée et d’information très évolué. En outre, avec 60 obus en soute, et une parfaite compatibilité avec les procédures de rechargement du 2S35 qui ne prend que 15 minutes, il surclassera ses homologues occidentaux en matière de puissance de feu.

Le Sh15 de 155mm lors du salon Zhuhai Air Show Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
La configuration Roue-Canon tend à se generaliser dans de nombreuses armées. Ici le SH-15 du chinois Norinco.

Une fois les tests d’état passés, le nouveau Koalitsiya sera également un adversaire de taille sur le marché export, dans une version plus à même de séduire des clients étrangers que le modèle chenillé à la maintenance plus lourde. Il représentera donc un concurrent potentiel très sérieux pour le CAESAR lourd français, mais également l’Archer suédois. Alors que la version classique du CAESAR se voit concurrencé par le SH-15 chinois, le 2S35 se positionne surtout face au PZH 2000 allemand et au Paladin américain.

Avec le missile Martlet, les hélicoptères Wildcat de la Royal Navy disposeront d’une puissance de feu unique au monde

Dans un communiqué de presse commun, Thales et Leonardo ont annoncé le premier tir réussi d’un missile LMM (Lightweight Multirole Missile) depuis un hélicoptère AW159 Wildcat. Développé par Thales, le LMM est un missile léger polyvalent développé pour le compte des forces armées britanniques. Au sein de la Royal Navy, il a déjà été testé pour des tirs mer-mer à partir de frégates, mais c’est la première fois que le nouveau missile (désigné Martlet dans la Royal Navy) effectue un tir depuis un hélicoptère Wildcat.

Pour l’occasion, l’hélicoptère conçu par la branche britannique de l’Italien Leonardo (anciennement Westland) a été équipé de ses nouveaux supports d’armements, le Weapon Wing de Leonardo. Développé pour apporter une portance supplémentaire à l’hélicoptère, les Weapon Wings permettent au Wildcat d’emporter un armement lourd avec un impact minimal sur l’autonomie, la vitesse et la charge utile de l’appareil.

LMM Wildcat Helicopter 1024px Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le Wildcat pourra embarquer jusqu’à vingt missiles multirôles Martlet, lui conférant une capacité opérationnelle unique face à tous types de menaces asymétriques

Equipé de Weapon Wings, un AW159 Wildcat peut ainsi embarquer quatre missiles antinavires Sea Venom (désignation britannique du missile ANL co-développé avec la France) ou bien une charge impressionnante de vingt LMM Martlet ! Avec son poids de 13kg, le Martlet est un missile particulièrement léger. Ses performances et sa compacité lui permettront cependant d’offrir au Wildcat des capacités uniques au monde pour un appareil de cette classe.

Sur le plan technique, le LMM Martlet pèse donc 13kg et est intégré à un conteneur permettant le transport et le tir du missile. Conçu pour ne jamais avoir besoin d’entretien au cours de sa vie opérationnelle de 15 ans, le Martlet est facile à mettre en œuvre et dispose de performances impressionnantes pour sa masse. Il est ainsi capable d’atteindre la vitesse impressionnante de Mach 1,5 et dispose d’une portée opérationnelle d’environ 7 ou 8 km. Sa charge militaire combine fragmentation et charge creuse, et son guidage repose sur le suivi d’un faisceau laser, insensible aux leurres et brouilleurs conventionnels. Ces caractéristiques permettent ainsi au LMM Martlet d’être utilisé aussi bien contre des cibles navales légères que des cibles terrestres peu protégées, tout en disposant d’une capacité anti-drone et anti-hélicoptère.

AW159 Wildcat Martlet Sea Venom Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Wildcat doté d’un emport mixte de Sea Venom et de Martlet

A bien des égards, le Martlet fait ainsi du Wildcat le premier hélicoptère de combat naval spécifiquement optimisé pour la lutte contre les nouvelles menaces asymétriques qui prolifèrent notamment dans la Péninsule Arabique. Concrètement, un unique Wildcat équipé de dix ou vingt Martlet pourra ainsi abattre un grand nombre de mini-drones aériens, des embarcations légères pilotées ou téléguidées, une colonne de 4×4 équipés d’artillerie et de missiles légers ou encore des positions retranchées en milieu urbain, notamment des snipers.

La Royal Navy ne manque d’ailleurs pas de communiquer au sujet du Wildcat, qui sera embarqué dès l’années prochaine à bord de la première croisière du porte-avions HMS Queen Elizabeth. Comme nous l’avions vu dans un précédent dossier consacré aux porte-avions européens, la Royal Navy ne compte pas exploiter ses porte-avions de la même manière que l’US Navy ou la Marine Nationale. Les porte-avions britanniques serviront également de porte-hélicoptères, et joueront un rôle majeur dans le combat littoral et les manœuvres amphibies.

Pour la Royal Navy, cela implique de pouvoir disposer d’un hélicoptère polyvalent et bien armé capable à la fois de protéger le porte-avions contre les menaces asymétriques et d’appuyer les troupes des Royal Marines et de la British Army dans leurs opérations amphibies. En cela, le couple Wildcat/Martlet est véritablement unique au monde, en conférant à un hélicoptère de seulement 6 tonnes la capacité de détruire jusqu’à vingt cibles terrestres, maritimes et aériennes.

Thales LMM Martlet Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Les supports d’armements traditionnels ne permettaient d’embarquer que dix LMM à bord du Wildcat, ce qui représentait déjà une capacité opérationnelle très sérieuse.

Mieux encore, le Martlet n’empêche par le Wildcat de pouvoir embarquer des armements plus lourds pour traiter des cibles de plus grandes dimensions. Ainsi, pour la destruction de cibles navales plus lourdes (entre le patrouilleur et la corvette), le Wildcat embarquera quatre Sea Venom / ANL (ou deux Sea Venom + dix Martlet). L’hélicoptère léger pourra également embarquer des charges de profondeur et des torpilles Stingray pour la lutte anti-sous-marine.

Pour le moment, cette versatilité est véritablement inédite. En effet, si les MH-60R Seahawk de l’US Navy (10 tonnes à pleine charge) disposent également d’une double capacité d’emport torpilles / missiles, seuls huit missiles Hellfire peuvent être embarqués, et ces derniers ne disposent pas de la capacité air-air que Thales promet pour son LMM Martlet. Pour répondre aux attaques asymétriques saturantes, les forces américaines se reposent encore pour le moment sur les capacités opérationnelles des hélicoptères lourds des Marines ou de l’US Army. Comme nous l’avons déjà vu, l’AH-64E Guardian Apache peut ainsi embarquer jusqu’à vingt missiles Hellfire et Stinger, offrant une force de frappe plus lourde mais moins versatile que le couple Wildcat/Martlet.

H160 militaire face 900x600 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le futur H160M de la Marine Nationale dispose d’une capacité d’emport théorique similaire à celle du Wildcat. Pour autant, son armement sera bien plus limité, la Marine Nationale n’ayant pour l’instant demandé qu’un emport de deux missiles ANL (version française du Sea Venom)

A bord des porte-avions de la Royal Navy, les Wildcat vont opérer aux côtés des WAH-64 Apache britanniques, très proches des Guardian Apache américains. Avec leurs 10 tonnes à pleine charge et leur armement lourd composé de missiles et de roquettes, les Apache restent cependant optimisés pour le combat de haute intensité et les opérations de longue durée. Capable à la fois de transporter des troupes, de lutter contre des navires, des sous-marins, des drones de tous types et des hélicoptères adverses, le Wildcat se présente comme un aéronef particulièrement polyvalent et un outil défensif indispensable aux groupes aéronavals britanniques.

Etant donné les capacités que promet le missile LMM et la coopération actuelle autour du missile Sea Venom / ANL, on peut cependant regretter que les forces françaises, par exemple, n’aient pas choisi de s’équiper d’un armement équivalent pour leurs futurs hélicoptères H160M Guépard. Semblable au Wildcat en matière de masse et de puissance, le Guépard ne devrait embarquer que deux missiles ANL / Sea Venom, et éventuellement des roquettes et des nacelles canon. Un armement de type Martlet ou équivalent, même avec un emport plus léger, pourrait pourtant répondre à de réels besoins de la part de la Marine Nationale, qui doit également affronter des menaces asymétriques croissantes aussi bien au Moyen-Orient que lors de ses opérations en Afrique notamment. Sur le plan industriel, une solution possible pourrait être le missile MMP de MBDA. Conçu pour la lutte anti-char, le nouveau missile léger de l’Armée de Terre pourrait prochainement équiper les frégates de la Marine Nationale, pour renforcer leur protection contre les menaces asymétriques. MBDA prévoyant d’adapter son MMP en version aéroportée pour équiper des drones, une utilisation à bord des nouveaux hélicoptères Guépard serait alors de l’ordre du possible.

Le retrait américain du traité « Ciel Ouvert » menace le contrôle des armes nucléaires et la sécurité des pays Baltes

La semaine dernière, le New York Times annonçait que l’administration Trump souhaitait retirer les USA du traité « Open Skies ». Si cet accord international joue désormais un rôle mineur dans le contrôle des armes, il reste encore hautement symbolique et contribue directement à la sécurité de certains alliés des Etats-Unis, notamment les pays Baltes.

Pour la Maison Blanche, le retrait américain se justifierait par le manque de transparence et les violations répétées de la Russie vis-à-vis des accords Ciel Ouvert, comme nous l’avions évoqué dans notre précédent article à ce sujet. En pleine année électorale, et alors que Donald Trump se présente encore comme un négociateur international hors-pair, le retrait d’Open Skies semble surtout préparer au retrait américain des accords New START qui limitent le nombre d’armes nucléaires détenues par les Etats-Unis et la Russie. Or, jusqu’à présent, les provocations de Trump visant à pousser Moscou à renégocier les traités ont toutes largement échouées.

OC 135 USAF Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Les USA utilisent deux OC-135, des anciens ravitailleurs modifiés, pour mener leurs vols Open Skies. En sortant du traiter Open Skies, Washington économisera le coût de leur remplacement.

Le traité « Open Skies » : un outil diplomatique

L’origine du traité Ciel Ouvert remonte aux années 1950, quand le président Eisenhower propose à l’Union Soviétique d’encadrer certaines mesures d’espionnages afin d’améliorer la confiance réciproque entre les deux pays. Rejeté à l’époque, l’accord a ensuite été renégocié après la chute de l’Union Soviétique. Signé en 1992, le traité Open Skies entre en application en 2002 et permet aux trente-cinq pays signataires de réaliser des vols de reconnaissance au-dessus du territoire des autres signataires.

Ces vols doivent être planifiés au moins 72h à l’avance, et peuvent embarquer des observateurs de plusieurs pays signataires, dont celui qui est survolé. Les avions n’embarquent que des capteurs optiques, radars et infrarouge dont la précision est strictement encadrée, et ne peuvent pas emporter de capteurs électroniques ou radars de haute résolution. Globalement, la précision des observations Open Skies restent inférieures à celles des satellites les plus récents, mais le but du traité n’est pas tant de fournir des données de renseignement fiables aux grandes puissances, mais plutôt d’établir des relations cordiales entre-elles.

TU 214 opened Sky Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le Tu-214 a été sélectionné pour remplacer les Tu-154 utilisés pour les vols Open Skies russes. Si la Russie possède un grand nombre de satellites-espions, les survols Open Skies (notamment en Europe de l’Est) étaient vus comme un moyen économique pour surveiller à la fois les moyens militaires et les infrastructures civiles de pays potentiellement adverses.

En autorisant une surveillance continue des moyens militaires adverses, il est ainsi possible de s’assurer que des mouvements de troupe ou de matériel correspondent bien à la conduite d’exercices, et non pas à des préparations de guerre ou d’invasion. En apportant de la transparence, Open Skies doit permettre d’éviter les erreurs d’interprétation pouvant mener à des tensions, des crises, ou des conflits ouverts.

Les limites d’Open Skies

Depuis quelques années, cependant, les Etats-Unis reprochent à la Russie de ne pas respecter le but premier d’Open Skies. En effet, Moscou a régulièrement imposé des limites au survol de son territoire, en restreignant notamment la durée et le nombre de vols autorisés autour de Kaliningrad, l’enclave russe au Sud des pays Baltes. De même, les plus gros exercices militaires russes sont régulièrement interdits de survol, Moscou mettant alors en avant des questions de sécurité des vols pour limiter ces derniers.

Pourtant, dans d’autres circonstances, des vols sans aucune restriction ont pu être proposés au-dessus de Kaliningrad à la fois aux Etats-Unis et à d’autres membres du traité, dont les pays Baltes. Pour Moscou, les autorisations de vol semblent ainsi être des moyens de pression diplomatiques parmi d’autres, ce qui contrevient effectivement à l’esprit même d’Open Skies.

ciel ouvert russe en france Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Des An-30 sont fréquemment utilisés par la Russie pour ses vols au dessus de l’Europe, comme ici en France.

Pour l’administration américaine, les écarts russes semblent suffisants pour justifier un retrait du traité, Washington précisant également que les survols russes du territoire américain auraient permis à Moscou de récupérer des données sur des cibles civiles pouvant être victimes de frappes conventionnelles ou de cyberattaques.

Retrait d’Open Skies : une mauvaise idée ?

Pour Donald Trump, le retrait de Washington du traité Ciel Ouvert devrait servir d’électrochoc et pousser la Russie à devenir plus raisonnable, conduisant à un nouveau traité plus équilibré en faveur des USA. Cette rhétorique typique du président américain n’a pour l’instant jamais donné les résultats escomptés, bien au contraire. Que ce soit lors du retrait des accords sur le nucléaire iranien ou avec le retrait unilatéral des accords INF sur les missiles nucléaires de portée intermédiaire, la position de l’administration Trump n’aura au final conduit qu’à augmenter les risques pesant sur les Etats-Unis. Sans traités de contrôle, aussi imparfaits soient-ils, les adversaires potentiels des USA se retrouvent désormais libres de constituer leurs arsenaux d’armements stratégiques sans limitation légale ou diplomatique.

La situation est d’autant plus grave qu’un retrait d’Open Skies fin 2020 pourrait être rapidement suivi par le retrait américain des accords New START négociés par l’administration Obama. Faisant suite aux accords START de la Guerre Froide, New START a pour but de limiter le nombre d’armes nucléaires déployées par les forces américaines et russes. La continuation de New START par les Etats-Unis aurait ainsi été conditionnée par l’intégration de la Chine dans les accords. Une attitude qui démontre autant la volonté de Donald Trump d’augmenter la pression sur Pékin que sa méconnaissance totale des sujets stratégiques.

Photo devenue culte du president Trump offensif et de la chanciellere allemande desabusee lors du sommet de lOTAN Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Les pressions diplomatiques exercées par Donald Trump, qui gère sa diplomatie comme une négociation commerciale musclée, semblent pour le moment avoir plus de « succès » sur les alliés des Etats-Unis que sur les « amis » russes du président américain. A quel prix pour les relations américano-européennes?

Pour l’heure, avant même de parler de New START, la fin d’Open Skies restera bien plus dommageable pour l’OTAN et ses alliés que pour la Russie. En effet, dans le cadre du traité, tous les signataires de Ciel Ouvert ont accès à l’intégralité des observations des autres signataires. Si les moyens déployés pour Open Skies restent bien inférieurs à ce que peuvent obtenir les satellites militaires Américains, Russes, Britanniques ou Français (et même souvent inférieur aux imageries satellitaires civiles), ils représentent tout de même une source de renseignement précieuse pour certains pays, notamment la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie et l’Ukraine, en première ligne face à la Russie et la Biélorussie. Pour les services de renseignement de ces pays, le retrait américain d’Open Skies sera dramatique, d’autant plus si Moscou décide à son tour de mettre fin à son engagement dans le traité.

Ce retrait américain pourrait ainsi, au final, faire le jeu de Moscou avant de faire celui de Washington. La Russie aurait alors une excellente excuse pour quitter à son tour Open Skies, ce qui lui permettrait de procéder plus facilement à des déplacements de troupes et de matériel, notamment autour des pays Baltes. Certes, Moscou perdrait la capacité de survol des pays de l’OTAN. Mais la Russie dispose déjà de systèmes satellitaires perfectionnés et d’outils de reconnaissance électronique opérant aux portes de l’Europe. Enfin, tout déplacement de troupes américaines vers l’Europe se faisant par voie aérienne ou maritime, le besoin de survol du territoire américain est également quasiment nul aujourd’hui.

Encore une fois, l’administration Trump aura confondu négociation diplomatique et bras de fer, sans que cette méthode n’ait jamais démontré son efficacité. En se retirant d’Open Skies, Washington va donner à Moscou un ascendant moral au sein du traité, sans pour autant contraindre la Russie à respecter l’esprit de Ciel Ouvert. Pire encore, l’Administration Trump prend une nouvelle fois une décision unilatérale qui va grandement fragiliser ses alliés les plus exposés aux menaces russes, ce qui contribuera encore une fois à renforcer les positions européennes les plus sceptiques vis-à-vis de la diplomatie américaine.

Northrop Grumman dévoile sa mini-torpille capable d’embarquer à bord des drones MQ-8C Fire Scout et des sous-marins d’attaque Virginia

La compagnie américaine Northrop Grumman a récemment dévoilé une mini-torpille désignée Very Lightweight Torpedo, ou VLWT, basée sur un design développé par l’US Navy. Cette nouvelle torpille ultralégère devrait être proposée dans le cadre du programme CRAW (Compact Rapid Attack Weapon) visant à développer une torpille légère capable d’agir comme une arme d’autodéfense « hard-kill » pour les sous-marins d’attaque de la classe Virginia.

Cependant, au-delà des applications sous-marines, Northrop Grumman envisage d’exploiter pleinement le potentiel de sa torpille ultra-légère en l’intégrant à bord de son drone naval MQ-8C Fire Scout. Pour Northrop Grumman, ce serait alors l’occasion de proposer un véritable UCAV (drone de combat) naval multifonction capable de concurrencer voire même de remplacer dans certains usages l’hélicoptère MH-60 Seahawk.

L’US Navy travaille depuis des années sur des systèmes de torpilles légères pouvant être exploitées à des fins défensives et offensives. L’idée a commencé à émergé avec l’apparition de torpilles d’attaque de nouvelle génération, dotées de têtes chercheuses capables d’ignorer les leurres conventionnels, voire de suivre directement le sillage d’un navire, ne lui offrant alors aucune échappatoire. Un système anti-torpille basé sur une torpille légère (programme ATTDS) avait même été installé sur cinq porte-avions nucléaires, avant d’être débarqué pour causes de problèmes techniques insolubles.

MU90 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
La MU90 européenne, similaire à la Mk54 américaine, dispose théoriquement d’une capacité défensive anti-torpille. La plupart des utilisateurs, dont la France, n’auraient cependant pas « acheté » cette capacité purement logicielle.

Désormais, avec le programme CRAW, l’US Navy voit plus grand. Les mini-torpilles en cours de développement seront non seulement capable de détruire les torpilles lourdes assaillantes, mais elles pourront également être utilisées pour attaquer des unités de surface ou sous-marines. Sur le papier, la capacité offensive d’une torpille légère est pourtant soumise à caution. En effet, avec ses 17cm de large et ses 104 kg, la VLWT proposée par Northrop Grumman est près de seize fois plus légère que la torpille lourde de référence embarquée à bord des sous-marins américains, la Mk48 ! Elle est même encore deux fois plus légère que la torpille légère Mk54 (276kg) embarquée à bord des hélicoptères et des avions de patrouille de l’US Navy, mais également utilisée pour la protection des unités navales de surface.

Or, les torpilles légères comme la Mk54 sont déjà souvent considérées comme trop légères pour l’attaque de certaines cibles lourdes, notamment les sous-marins nucléaires de gros tonnages ou les navires de surface de manière générale. Quelle pourrait donc être l’intérêt tactique d’une torpille offensive encore plus légère ? Pour l’US Navy, la future CRAW ne viendrait pas remplacer les Mk48 à bord des sous-marins mais viendrait au contraire répondre à de nouveaux besoins. D’une part, elle sera en mesure d’intercepter les torpilles ennemies, mais elle sera également en mesure de détruire des essaims de drones de surface légers, de nouveaux types de vecteurs faiblement défendus, ou encore des drones sous-marins de toutes tailles. Jusqu’à présent très rares, ces équipements ont en effet tendance à se multiplier ces dernières années, et pourraient même intégrer les arsenaux de dissuasion de certains pays comme la Russie ou la Chine.

Face à des menaces sous-marines autonomes et démultipliées, des torpilles légères embarquées en grand nombre pourraient être la parade idéale. La faible taille de la VLWT permettrait d’en embarquer au moins quatre à la place d’une seule Mk48. Mais, sur les sous-marins de classe Virginia, ces torpilles ultra-légères pourraient surtout intégrer les lanceurs verticaux réservés aux missiles de croisière Tomahawk. Plusieurs dizaines de VLWT pourraient ainsi être embarquées sans impacter l’emport en torpilles lourdes, et en ne réduisant que légèrement l’emport en missiles de croisières.

CVLWT Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le prototype dévoilé par Northrop Grumman est basé sur le design « Common Very Lightweight Torpedo », développé par une équipe d’universitaires et reversé aux différents compétiteurs du programme CRAW en 2016.

Pour l’US Navy, d’autres usages pourraient également découler du programme CRAW, comme l’intégration de mini-torpilles au sein même de mines sous-marines par exemple. Il est également parfaitement possible que des mini-torpilles intègrent également les futurs drones sous-marins américains, en tous cas les plus gros modèles.

Mais Northrop Grumman propose également de révolutionner la guerre sous-marine menée depuis la surface. En effet, l’industriel américain fourni déjà à l’US Navy son drone MQ-8C Fire Scout basé sur un hélicoptère Bell 407. Pour le moment, le drone n’est utilisé que comme plateforme d’observation et de reconnaissance. Mais à l’avenir, l’US Navy prévoit de pouvoir le doter d’armes de précisions. Jusqu’à présent, il était entendu que ces armes seraient avant tout des roquettes à guidage laser, voire des missiles Hellfire, afin d’offrir une capacité de frappe à terre et de lutte contre les cibles de surface légères.

Pour Northrop Grumman, le MQ-8C pourrait également devenir une redoutable plateforme anti-sous-marine grâce aux torpilles VLWT. En théorie, le Fire Scout pourrait embarquer jusqu’à trois torpilles de ce type et conserver une autonomie deux ou trois fois supérieure à celle d’un MH-60. Si la VLWT n’aura sans doute pas le pouvoir de destruction d’une Mk54, elle restera largement dissuasive pour n’importe quel sous-marin moderne.

P8 Poseidon de lUS Navy largant une torpille lors dun exercice ASM 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
D’après Northrop Grumman, le P-8 Poseidon pourraient également embarquer la future mini-torpille.

Pour peu qu’un Fire Scout soit équipé d’une ou deux VLWT et de quelques dizaines de bouées acoustiques, il pourrait alors représenter un outil supplémentaire au service des MH-60 Seahawk, qui resteront toujours plus performants grâce à leur sonar plongé et leurs torpilles plus lourdes. Agissant de manière coordonnée avec un Seahawk, un Fire Scout armé pourra permettre d’étendre une zone de recherche, accélérer la détection d’une cible, de maintenir la pression sur l’ennemi pendant que le Seahawk ravitaille ou bien permettre une recherche sur différents vecteurs.

En cela, la proposition de Northrop Grumman ressemble beaucoup à ce que Airbus propose autour de son VSR700, la capacité à embarquer des mini-torpilles en plus. En effet, l’avionneur européen propose depuis quelques années d’équiper son drone VSR700 de bouées acoustiques de dernière génération afin que le drone soit exploité conjointement à un hélicoptère NH90, voire à un H160M équipé spécifiquement pour l’emport d’une ou deux torpilles légères MU90. Cependant, le VSR700 n’a pour l’instant été sélectionné que par la Marine Nationale, dans le cadre du programme SDAM, dont les ambitions sont bien plus humbles que ce que propose Airbus. En effet, alors que l’avionneur se déclare prêt à intégrer rapidement des bouées acoustiques, des roquettes à guidage laser ou même des missiles antinavires légers sur son VSR700, le programme SDAM n’envisage que des missions de surveillance et de reconnaissance, avec un calendrier assez peu ambitieux. Reste à voir si les propositions de Northrop Grumman pousseront Airbus à développer en interne les capacités que la marine française n’a pas les moyens de financer elle-même.

L’US Air Force va lancer un appel d’offre pour les réacteurs des futurs F-15EX Advanced Eagle

Face aux retards et aux limitations opérationnelles du F-35 (notamment en termes de portée et de charge utile), la force aérienne américaine semble particulièrement attachée à remplacer ses plus vieux F-15C Eagle par… de nouveaux F-15. En effet, si l’US Air Force maintient son objectif d’acquérir 1700 monoréacteurs F-35 auprès de Lockheed Martin, elle compte parallèlement intégrer en escadrons une ou deux centaines de F-15EX Advanced Eagle, nouvelle variante du biréacteur F-15 Eagle de Boeing.

Jusqu’à présent, il semblait convenu que les Advanced Eagle de l’USAF seraient équipés des mêmes moteurs que les dernières variantes du F-15 exportées en Corée du Sud, à Singapour ou encore au Moyen-Orient. Dans le cadre de l’acquisition de F-15EX en plusieurs lots consécutifs, l’US Air Force avait donc approché General Electric, constructeur du réacteur F110-GE-129. Le motoriste américain devait alors se préparer à produire jusqu’à 480 moteurs F110, de quoi propulser plus de 220 F-15EX, avec un nombre important de moteurs de rechanges.

f Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Pour l’USAF, Boeing a proposé à la fois un F-15X monoplace et un F-15EX biplace. Ce dernier a été préféré, à la fois pour prolonger l’expérience du F-15E Strike Eagle et pour permettre une mise en service plus rapide, le F-15EX étant très proche des Advanced Eagle biplaces vendus au Qatar et en Israël.

Aux dernières nouvelles, cependant, les négociations exclusives menées avec General Electric ne seraient plus d’actualité, et la propulsion du F-15EX Advanced Eagle serait désormais ouverte à la concurrence. En l’occurence, l’USAF devra choisir entre le F110 de GE et une variante du F100 de Pratt & Whitney, probablement le F100-PW-229 ou le F100-PW-232.

Le F100 de Pratt & Whitney présente le gros avantage d’équiper déjà la totalité des F-15 de l’USAF, à la fois dans leurs versions de supériorité aérienne (F-15C/D) et dans leurs versions chasseurs-bombardiers (F-15E). Choisir le F100-PW-229, notamment, permettrait de faciliter la transition entre les Eagle d’ancienne génération et les nouveaux Advanced Eagle au sein des escadrons.

A l’inverse, si le F110 de General Electric est un nouveau venu dans la flotte de Eagle de l’USAF, ce moteur équipe déjà plus de 70% des F-16 en service dans les forces américaines. Mieux encore, le F110-GE-129 est pour le moment le seul moteur pleinement intégré au Advanced Eagle et à ses commandes de vol électriques. Le choix initial d’opter pour General Electric pour motoriser le F-15EX avait justement pour but d’éviter de financer l’intégration du moteur de P&W, que l’USAF aurait dû supporter seule puisque les clients export de l’Advanced Eagle ont opté pour le F110-GE-129.

F 15EX engines Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le F110-GE-129 de General Electric équipe plus de 85% des F-15 vendus ces 15 dernières années, et est pour l’instant le seul moteur qualifié sur l’Advanced Eagle. Pratt & Whitney, de son côté, équipe tous les F-15 en service dans l’USAF, et mise sur l’uniformité de la flotte pour contrer l’offre de GE.

En réalité, cette ouverture à la concurrence a toutes les chances d’être avant tout une manoeuvre visant à pousser General Electric à baisser le prix de vente de ses réacteurs. L’exemple du F-16 est en cela très marquant: si le F100 de P&W n’a équipé que moins d’un quart des F-16C/D de l’USAF, sa présence face au F110 de GE a poussé ce dernier à baisser ses marges financières sur chaque contrat remporté, diminuant d’autant la facture pour l’USAF.

En ouvrant à nouveau la compétition sur la motorisation de ses futurs F-15EX, l’USAF semble donc vouloir retrouver une certaines rationalité économique et pousser les industriels dans leurs retranchement. Pour rappel, le F-35 devait initialement disposer d’une motorisation alternative avec le réacteur F136 développé par General Electric et Rolls Royce, avant que le programme ne soit annulé au profit du seul F135 de Pratt & Whitney. Si cette annulation, décidée en 2011, avait pour but d’économiser quelques milliards de $ de frais de développement, elle pourrait bien coûter bien plus cher au contribuable américain sur le long terme.

F 15EX fighter interceptor configuration Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Destiné à remplacer en priorité les F-15C/D de supériorité aérienne, le F-15EX devrait pouvoir embarquer plus d’armement et de carburant pour ce type de missions, tout en disposant des mêmes capacités de frappe au sol que le F-15E Strike Eagle.

Concernant le F-15EX, la question de la motorisation ne sera probablement tranchée que sur le long terme. En effet, l’USAF réclame au moins 144 appareils, mais anticipe d’acheter désormais jusqu’à 461 réacteurs, laissant toujours penser que plus de 200 Advanced Eagle pourraient être achetés pour remplacer à la fois les F-15C de supériorité aérienne et une partie des F-15E Strike Eagle de frappe au sol.

Dans un premier temps, l’USAF ne devrait cependant pas avoir le choix. Afin de pouvoir mettre en service les premiers F-15EX en 2023, la force aérienne américaine se dotera tout d’abord de F110 de General Electric (au moins une vingtaine de réacteurs). Reste à voir si l’USAF souhaite attribuer la fourniture des 461 réacteurs suivants directement à un des deux motoristes, où si elle souhaite mettre systématiquement GE et P&W en compétition pour chaque commande pluriannuelle de F-15EX, comme elle avait pu le faire pour les acquisitions de F-16C/D dans les années 1980 et 1990.

Malgré la crise sanitaire et économique, la Chine augmentera son budget Défense de 6,6% en 2020

Certains chiffres en disent plus à eux seuls que plusieurs dizaines de page d’analyses. C’est le cas pour la croissance du budget de La Défense Chinois pour 2020, qui s’élèvera à 6,6% en dépit de la crise économique et sanitaire qui frappe, et continuera de frapper, le monde dans les mois, et peut-être les années à venir. L’information a été publiquement présentée l’occasion de la session annuelle du Congrès du Parti National chinois.

Cette croissance pour le moins importante est toutefois présentée par la communication chinoise comme une baisse, en l’occurrence une baisse de la croissance annuelle de l’effort de défense, qui a cru en moyenne de 10,5% par an sur les 10 dernières années, et qui croissait encore de 7,5% en 2020. Il s’agit, selon l’analyse publiée par le site d’état GlobalTimes.cn, de garantir la pérennité des programmes lancés ces dernières années, et donc de respecter l’effet de transformation et de modernisation de l’Armée Populaire de Libération et de l’Industrie de Défense chinoise entrepris depuis le début des années 2000, et accéléré depuis 2012 et l’accession au pouvoir du président Xi Jinping.

FC31 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
En deux décennies, la Chine a rattrapé la quasi totalité de son retard technologique, notamment en multipliant les programmes d’armements développés en parallèle pour les forces chinoises et pour l’exportation, comme l’avion de combat furtif FC-31.

Cette annonce intervient dans un contexte, ou plutôt des contextes, bien particuliers. En premier lieu, il prend à contre-pied l’ensemble des planificateurs occidentaux qui prévoyaient le gel ou la baisse des crédits de défense dans le monde, et une hausse très limitée de ces crédits en Chine, et l’ordre de 1% à 3%, alors que dans le même temps, il apparait de plus en plus probable que ces mêmes crédits destinés à l’effort de Défense vont sensiblement diminuer pour l’ensemble des pays occidentaux, les Etats-Unis en tête de file.

D’autre part, l’annonce intervient alors que les tensions entre Pékin et Taipei ne cessent de croître, notamment depuis la réélection pour un second mandat de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en janvier dernier, et la deterioration très importante des relations sino-américaines sur relation de guerre commerciale et de lutte pour la suprématie mondiale. Sur les seuls premiers mois de l’année 2020, les forces aériennes et navales chinoises ont ainsi multiplié les exercices autour de l’ile indépendante depuis 1947 et considérée comme secessioniste par les autorités de Chine Populaire depuis. Dans le même temps, et en dépit de l’affaiblissement temporaire de son dispositif aéronaval dans la zone indo-pacifique en raison de l’épidémie de Covid19 ayant immobilisé le porte-avions USS Théodore Roosevelt, les forces américaines ont également multiplié les démonstration de présence en déployant à plusieurs reprises des forces navales en mer de Chine, et en renforçant le dispositif aérien présent sur place.

USS Roosevelt Guam 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le Covid-19 a privé les USA du porte-avions Roosevelt, son principal atout face à la Chine. L’US Navy maintient tout de même sept porte-avions à la mer en ce moment.

Même si la Chine a, semble-t-il, su maitriser la propagation de l’épidémie de Coronavirus sur son territoire, et en a donc limité les effets sur sa propre économie, il n’en demeure pas moins vrais que le pays, très dépendant des exportations vers les pays occidentaux, subira lui aussi les contre-coups de la recession qui frappe déjà l’Europe et les Etats-Unis. De fait, en confirmant une telle augmentation de l’effort de défense pour 2021, les autorités chinoises confirment sans qu’aucun doute ne soit permis que l’objectif prioritaire de Pékin est de disposer, à moyen terme (2030/2035), d’une puissance militaire capable de s’opposer, et peut-être de prendre l’ascendant sur le bloc occidental. Il sera désormais très important de surveiller l’évolution de l’effort de Défense russe, pays parmi les plus touchés par la crise Covid19 mais également par la baisse du prix des hydrocarbures.

Il s’agit maintenant, pour les nations occidentales, de prendre la mesure des conséquences que représenterait un décrochage de l’effort de défense dans ces années critiques, alors même que le principal compétiteur à l’échelle mondial de l’occident se renforce à grandes enjambées. Mais l’exercice s’avère des plus délicats, eu égard à l’endettement et aux deficits publics consécutifs des interventions des états pour tenter de preserver le modèle socio-économique des pays, limitant de fait de façon rédhibitoire les options pour des financements consacrés à La Défense. Dans ce domaine, il ne faudra surement pas se contenter de declarations sur l’intérêt de l’investissement de défense, mais bel et bien imaginer de nouvelles formes de financement capables de répondre aux enjeux tout en respectant le contexte économique et budgétaire des états eux mêmes. A ce titre, et à ce titre seulement, pourrons nous prévenir un scénario comparable à celui qui fit suite à la grande crise de 1929.

L’Ukraine devrait rapidement renouveler ses avions de combat

Le Conseil Militaire du Commandement de l’Armée de l’Air ukrainienne a récemment approuvé son nouveau plan prospectif, le Air Force Vision 2035. Ce document valide enfin l’acquisition de nouveaux avions de combat pour les forces aériennes ukrainiennes, qui souffrent à la fois de l’âge de ses appareils et d’énormes difficultés de maintenance. En effet, la plupart des aéronefs ukrainiens sont d’origine russe ou soviétique. Or, depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, Moscou n’est logiquement plus considéré comme un fournisseur fiable pour les forces armées ukrainiennes.

Pour la première fois, le futur pilier de la défense aérienne ukrainienne ne sera donc pas un MiG ou un Sukhoï. Comme nous l’avions évoqué dans un précédent article, l’Ukraine pourrait toutefois jeter son dévolu sur un appareil à l’héritage russe évident, en l’occurrence le JF-17 sino-pakistanais. En fonction des finances disponibles, Kiev pourrait également s’intéresser au Gripen NG suédois, ainsi qu’au F-16V américain, très sollicité en Europe de l’Est. On sait que des négociations ont déjà eu lieu ces dernières années à la fois avec Saab et avec Lockheed Martin, sans jamais aboutir en raison du prix des avions vendus neufs.

jf 17 block ii 77976 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le JF-17 sino-pakistanais pourrait séduire la force ukrainienne pour son excellent rapport qualité-prix et sa logistique similaire à celle des avions russes actuellement utilisés. Mais le F-16V, potentiellement basé sur des cellules d’occasion revalorisées, pourrait avoir l’ascendant politique.

D’autres options pourraient cependant être proposées. Pour l’heure, rien n’indique que Dassault Aviation (Rafale) ou Boeing (Super Hornet) n’aient été approchés. On peut cependant imaginer que des offres basées sur des avions d’occasion pourront également être présentées par des pays ou des avionneurs, pour peu que la force aérienne ukrainienne accepte cette idée. On pourrait alors y retrouver des F-16 américains ou israéliens, mais aussi des Eurofighter Typhoon de la Tranche 1.

Cependant, la volonté de se doter d’un avion apte à la fois à assurer la défense aérienne du pays et la frappe en profondeur chez l’ennemi laisse plutôt penser à l’acquisition d’avions de combat de première main. Les nouveaux avions remplaceront en priorité les MiG-29, Su-24 et Su-25, largement utilisés pour la frappe au sol. Les Su-27 de supériorité aérienne, à bout de souffle, pourraient être finalement modernisés, en fonction des finances ukrainiennes.

1080px Ukrainian Air Force Sukhoi Su 27P Flanker 29583343448 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Conflit Syrien
Le potentiel opérationnel des derniers Su-27 reste incertain. Les appareils pourraient être trop anciens pour qu’une modernisation s’avère économiquement viable. Mais la force aérienne ukrainienne pourrait bien n’avoir pas d’autre choix que de leur faire jouer les prolongations

En raison des faibles capacités de financement de l’Ukraine, un premier lot d’appareils devrait être acheté en 2021 ou 2022. Il ne s’agirait probablement que de six à douze appareils dans cette première phase, à livrer rapidement. D’autres appareils seront ensuite achetés par lot à partir de 2025. Un tel programme plaide également en faveur d’appareils neufs dont l’industrialisation sera assurée jusqu’en 2030 au moins, ce qui pourrait favoriser à la fois le F-16V américain et le JF-17 pakistanais.

Air Force Vision 2035 envisage également, dans la décennie 2030, la mise en service d’un nouvel avion de transport médian de conception nationale, ainsi que l’entrée en service dans les prochaines années d’un nombre croissant de drones tactiques et de drones MALE capable de réaliser des missions de soutien aérien.