Selon un article publié par l’agence Tass, citant une source au ministère de la Défense russe, ce dernier s’apprête à commander un nouveau lot de « plusieurs douzaines » (48 selon des informations précédentes) de bombardiers tactiques Su-34, dans une version modernisée intégrant une électronique et des équipements développés au travers du programme experimental Sych.
Cette nouvelle commande, qui devrait être officialisée d’ici à l’été, viendra renforcer les quelque 130 Su-34 actuellement en service dans les forces aériennes russes, remplaçant probablement les bombardiers Su-24 les plus anciens.
Cette annonce n’est guère une surprise. En effet, elle était attendue depuis plusieurs mois, lorsque le planning de production de l’industrie aéronautique russe avait été modifié pour intégrer la production du nouveau Su-57 Felon, afin de maintenir la production de l’usine aéronautique NAPO de Novossibirsk, jusqu’à l’entame de la production du drone de combat Okhotnik-B, alors que les derniers Su-34 de la commande précédente seront livrés cette année.

Le Su-34, qui effectua son premier vol en 1990, est un des rares représentants moderne de la famille autrefois florissante des bombardiers tactiques. Conçu sur la base structurelle du su-27, il est optimisé pour les missions d’attaque au sol ou d’interdiction navale, avec une très importante capacité d’emport de munitions de 12 tonnes pour un rayon d’action opérationnel de plus de 1000 km.
Au fil des modernisations, l’appareil s’est vu doté d’une avionique moderne, offrant aux deux membres d’équipage assis côte à côte une excellente vision de la situation tactique les entourant. En outre, l’appareil s’est vu doté de munitions de précision, et affiche désormais des performances qui n’ont rien à envier aux meilleurs chasseurs-bombardier occidentaux.
L’appareil aurait connu son baptême du feu en 2008 lors de l’intervention russe en Ossétie du Sud. Il a été depuis utilisé de façon intense en Syrie, assurant une part significative des frappes russes, et notamment des frappes de précision sur ce théâtre. Peu d’informations ont été communiquées concernant les modernisations attendues sur la nouvelle version du Su-34 dont ferait l’objet la nouvelle commande.
Précédemment, il était question de développer une version modernisée désignée Su-34M, ayant des objectifs comparables à la version modernisée du Su-30SM, à savoir une harmonisation de la maintenance et des capacités avec le Su-35s. Rien n’indique cependant que ce soit là l’axe retenu par Moscou.
Il est d’ailleurs question de moderniser les quelque 130 Su-34 déjà livrés à ce même standard, un moyen d’améliorer les performances des forces aériennes tout en simplifiant l’empreinte logistique des appareils, et en offrant un surcroit de travail pour l’Usine NAPO, qui assure déjà la modernisation des Su-24M des forces aériennes et aéronavales russes.

Il est intéressant de constater que, contrairement aux occidentaux qui n’ont de cesse que de réduire le nombre de modèles d’appareils en parc en étendant leurs capacités opérationnelles, et donc leurs couts, la Russie, dont on sait les moyens limités, continue de privilégier l’emploi d’appareils spécialisés, comme l’est le Su-34.
En effet, les Su-30SM et les Su-35s pourraient assurer les missions de frappe au sol, ils en ont les capacités. Pourtant, Moscou continue de commander des Su-34, optimisés pour ces missions, concomitamment aux Su-35s certes polyvalent, mais consacrés aux missions de supériorité aérienne. Cette décision est pourtant loin d’être dépourvue de sens.
En effet, s’il est relativement aisé d’équiper un chasseur polyvalent en fonction de la mission qu’il doit accomplir, il est beaucoup plus difficile de former des équipages très performants pour l’ensemble des missions.
Même en France, aujourd’hui, il existe des unités spécialisées pour la Défense aérienne, et des unités spécialisées dans l’attaque. Dès lors, le fait de disposer d’appareils spécialisés mis en œuvre par des équipages, eux aussi, spécialisés est loin d’être absurde, au contraire. En matière d’avions de combat, les limites de la polyvalence sont probablement à trouver davantage dans l’humain que dans la technologie…











