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L’USAF souhaite développer une version « générique » du F-16 pour faciliter son exportation

Alors que son successeur F-35 enchaîne les déboires, le F-16 continue d’aligner les succès commerciaux, se permettant même d’être un des chasseurs les mieux vendus au Monde ces trois dernières années, sans même prendre en compte les contrats de modernisation de flottes existantes. Mis en service en service en 1978, le F-16 a depuis considérablement évolué et se présente sur le marché international avec de nombreuses options d’armements, de radars, de viseurs de casque, de systèmes d’auto-protection et de motorisation afin de répondre à autant de besoins opérationnels que possible.

Néanmoins, le large catalogue d’options présentées par le constructeur de l’avion, Lockheed Martin, auraient également tendance à complexifier et ralentir les négociations de vente. C’est dans ce contexte que la sous-secrétaire adjointe à l’USAF pour les affaires internationales, Kelli Seybolt, aurait annoncé à FlightGlobal que l’US Air Force pourrait prochainement développer une version « générique » du F-16 afin d’accroître les exportations de cet appareil sous l’égide des Foreign Military Sales, ou FMS.

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Le F-16V Block 70 Viper a déjà convaincu, neuf ou en rétrofit, la Grèce, Taïwan, Barheïn, la Slovaquie, la Bulgarie, le Maroc et la Corée du Sud. Il devrait servir de base à la version « générique » de l’USAF et permettre des ventes plus rapides, à coûts maîtrisés.

Le dispositif FMS est un argument commercial de poids pour les exportations d’armes américaines. Dans le cas d’une vente de F-16, il permet ainsi à un client de négocier son achat non pas avec l’industriel, ici Lockheed Martin, mais directement avec la force aérienne américaine. Lockheed Martin livre alors ses F-16 à l’USAF qui les revend ensuite au client final. En théorie, cette procédure permet de réduire le coûts des achats, puisqu’ils s’inscrivent dans les gros volumes de vente de l’USAF, et de simplifier les négociations. Mais la multiplication des options disponibles sur le F-16 a tendance, dans les faits, à alourdir le dispositif. En particulier, l’USAF n’est pas en mesure d’établir des estimations de coûts et de délais de livraisons précis pour du matériel qu’elle n’exploite pas elle-même, ce qui est le cas de l’avionique du F-16V, par exemple, pourtant présenté sous contrat FMS en Europe de l’Est et à Taïwan, par exemple.

Avec un F-16 générique en FMS, l’USAF, Lockheed Martin et le Département d’État américain pourront alors être plus réactifs et plus compétitifs pour proposer une solution clés en main à de petites forces aériennes dès l’expression de leurs besoins opérationnels. L’USAF s’inspirerait en cela d’une procédure similaire déjà effectuée sur le drone MQ-9 Reaper. Ces dernières années, l’US Air Force aurait ainsi fait des efforts particuliers pour choisir, sur ses Reaper, des équipements compatibles avec les politiques d’exportation américaines. Ainsi, le MQ-9 Reaper « générique » de l’USAF est celui qui est proposé de base aux clients export de l’appareil, avec un prix, des délais de livraisons et des coûts de possession connus à l’avance. Tout équipement supplémentaire entraîne alors des surcoûts et retards de livraisons calculés à partir de la version « générique », pour plus de transparence.

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La Grèce va moderniser une grande partie de sa flotte de F-16 au standard Block 70 Viper. Lockheed Martin espère également vendre des cellules neuves en Grèce sous contrat FMS.

Présentée au Singapore Air Show, l’idée du F-16 « générique » vise en priorité l’Asie-Pacifique, avec l’Indonésie, les Philippines ou encore la Malaisie en ligne de mire, malgré les tensions diplomatiques émergentes entre Washington et certains pays de la région. Au-delà, une telle solution pourrait aussi répondre aux besoins des plus petites forces aériennes d’Europe de l’Est, deux régions qui voient l’émergence des puissances chinoises et russes sans pour autant disposer des budgets de défense nécessaires pour les contrer.

Techniquement, un éventuel F-16 « générique » serait probablement étroitement dérivé du F-16V Block 70 Viper déjà largement exporté, tout en se rapprochant du nouveau standard des F-16C américains qui commencent actuellement leur rétrofit. Il s’agira alors pour l’USAF de figer la configuration proposée à l’exportation autour des équipements intégrés à ses propres F-16 modernisés, notamment le réacteur P&W F100-PW-229, le viseur de casque JHMCS et le radar à antenne active (AESA) APG-83 SABR de Northrop Grumman, qui offre des performances largement accrues à l’appareil. Les avions seront également équipés, comme tous les F-16 sortant de chaîne depuis plus de 10 ans, d’une capacité d’emport pour des réservoirs conformes sur le dos, même si l’USAF ne l’utilise pas pour le moment.

F16V Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Les F-16E/F Block 60 vendus aux Emirats Arabes Unis sont dotés d’un IRST et d’un radar APG-80 plus performant que celui du F-16V. Ils sont également plus coûteux, et diffèrent trop de la version USAF pour pouvoir servir de base à un F-16 « générique ».

Cette décision de l’USAF pourrait ainsi signifier la fin progressive des anciennes générations de F-16 équipés d’antennes radars mécaniques. Récemment, des radars APG-68 avaient ainsi été commandés pour équiper les F-16IQ irakiens, aux performances volontairement dégradées, tandis qu’un dérivé de l’APG-69 avait été intégré à la modernisation des F-16 turcs, sans donner entière satisfaction.

En consolidant l’offre américaine autour du F-16V, ou d’un proche dérivé, l’USAF et Lockheed Martin pourraient bien renforcer et clarifier leur politique commerciale. Jusqu’à présent, les sempiternelles mises à jour du F-16 pouvaient ressembler à des palliatifs permettant de compenser les retards du F-35 et d’occuper au cas par cas les appels d’offre internationaux. S’il s’avère que le futur F-16V « générique » intègre un radar AESA, une suite de communication moderne, les mêmes armements que l’USAF et un cockpit de dernière génération, alors le F-16 pourrait s’établir comme une proposition commerciale complémentaire du F-35 sur le long terme.

F 16IQ LM Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Les F-16IQ irakiens sont très récents mais n’embarquent qu’un radar mécanique APG-68(v)9. Jusqu’ici, les F-16 dotés de radars AESA n’étaient réservés qu’aux alliés les plus fiables de Washington, mais cela sera de moins en moins un facteur différenciant à l’avenir.

Lockheed Martin y verrait alors l’occasion de concurrencer les solutions européennes, Rafale et Gripen E en tête, auprès des pays n’ayant pas les moyens d’acheter le F-35, ou devant se limiter à l’acquisition de seulement quelques exemplaires de ce dernier. Et pour l’USAF et le Département d’État, le F-16 « générique » serait une solution idéale lorsque la vente de F-35 s’avère trop sensible militairement ou diplomatiquement, ou bien encore quand les besoins de renforcements militaires sont particulièrement urgents. De quoi relativiser quelque peu –et exploiter intelligemment– les « déboires » financiers et technologiques du F-35…

Avec un plein soutien de l’USAF, et pour peu que Lockheed Martin y trouve un intérêt en terme de positionnement commercial, il y a de fortes chances pour que le F-16 continue d’engranger des contrats à l’exportation jusqu’à l’horizon 2030, voire au-delà. Une raison de plus pour veiller à ce que le financement du programme européen SCAF ne se fasse pas au détriment d’une mise à niveau constante du Rafale voire de l’Eurofighter Typhoon, car les besoins export en solutions performantes à coûts maîtrisées ne semblent pas prêts de disparaître !

Le Saab Gripen NG : petit par la taille mais grand par ses performances

En 2007, l’avionneur Suédois SAAB lançait la production de son démonstrateur technologique Gripen Demo. Basé sur un Gripen D biplace de production, cet appareil devait permettre de démontrer la faisabilité d’une nouvelle génération d’avions de combat basés sur le design existant du Gripen. L’ambition de SAAB est alors de proposer à la force aérienne suédoise et à l’exportation un avion de nouvelle génération économique et performants, sans transiger sur les dernières évolutions de l’électronique, des capteurs et de l’armement. Une démarche qui s’inscrit dans la lignée du positionnement historique de la société.

Depuis les années 1950, SAAB a en effet toujours été en mesure de proposer à la force aérienne suédoise (Flygvapnet) des avions à la fois performants, innovants et à la configuration originale particulièrement adaptée aux besoins spécifiques suédois. On pense notamment au J-35 Draken à voilure double delta, ou encore au JA-37 Viggen équipé de plans canards et d’un inverseur de poussée sur son réacteur. Au début des années 1980, le successeur de ces appareils est lancé : le JAS-39 Gripen devra être un appareil polyvalent léger, maniable, rustique et économique. L’objectif est alors de pouvoir, avec un budget de défense modeste, acquérir un grand nombre d’appareils pouvant être dispersés sur tout le territoire (y compris sur des routes ou des autoroutes) en cas de conflit. Dès l’origine, le Gripen est alors pensé comme un système de combat intégré plus que comme un avion de chasse : les Gripen sont ainsi équipés très tôt de liaisons de données permettant à la flotte d’avions de combat léger d’offrir plus de souplesse tactique et opérationnelle que de lourds intercepteurs, à moindre coût. Cette logique conceptuelle, SAAB entend la conserver avec sa nouvelle génération de Gripen, tout en l’adaptant aux nouveaux standards numériques.

Gripen JAS39 Saab Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Gripen sud-africain au décollage. Bien conçues et économiques à l’achat et à l’usage, les premières versions du Gripen ont su décrocher quelques contrats export au nez et à la barbe du F-16 et du Mirage 2000.

Gripen NG : un programme plein de promesses

Le développement du Gripen NG se focalise rapidement sur deux actes d’amélioration : la cellule et l’électronique. Pour augmenter les performances de l’appareil, SAAB choisi de remplacer le réacteur Volvo RM12 (version suédoise du F404 américain) par le réacteur General Electric F414, qui offre une poussée de 10t contre 8t précédemment et implique d’agrandir les entrées d’air. Afin d’améliorer l’autonomie de l’avion malgré ce nouveau réacteur plus puissant, les trains d’atterrissage sont déplacer dans des gondoles conformes au niveau de l’implantation de la voilure. L’ancien emplacement du train principal, sous le fuselage, est utilisé pour accueillir un réservoir qui augmente de 40% l’emport en carburant. Cet espace nouvellement dégagé permet aussi aux ingénieurs de SAAB de positionner deux pylones d’emport d’armes supplémentaires. Avec ce nouveau réacteur plus puissant et un emport en carburant supplémentaire, l’objectif du Gripen NG est clair : disposer d’une autonomie et d’une capacité d’emport le rapprochant d’un Rafale ou d’un F-16C, tout en conservant des dimensions très compactes.

gripen ng demo Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Le programme Gripen NG était à l’origine particulièrement ambitieux. Au fil du développement, SAAB a fini par renoncer à certaines configurations d’armement, tandis que la masse à vide augmentait d’une tonne et que la capacité d’emport diminuait d’autant.

Sur le plan électronique, la volonté de chasser dans la catégorie des chasseurs de taille intermédiaire est encore plus flagrante, le système de combat permettant de fusionner les données obtenues de plusieurs capteurs :

  • Radar : le radar à antenne mécanique PS-05 est remplacé par le radar à antenne électronique active (AESA) ES-05 Raven. Dérivé du Vixen 1000E de Leonardo, il est placé sur un repositionneur mécanique lui conférant un champ de vision de 200°
  • IRST: le nez du Gripen NG reçoit un capteur infrarouge IRST à longue portée, le Skyward-G, destiné à repérer des cibles aériennes furtives.
  • Liaisons de données : à l’instar du Rafale F4, que nous avons abordé dans un précédent dossier, le Gripen E sera doté d’une liaison de donnée intra-patrouille discrète à haut débit, le Link-TAU, ainsi que d’une antenne SATCOM.

Le tout est protégé par une suite de guerre électronique solide et très polyvalente MFS-EW de SAAB et des leurres actifs BriteCloud de Leonardo, qui utilisent tous deux des technologies de brouillage à mémoire de fréquence radio numérique, ou DRFM. Concrètement, le MFS-EW analyse le signal radar adverse et émet des ondes de brouillage spécifiquement adaptées pour tromper ce signal, plutôt que d’émettre un bruit numérique général moins optimisé. L’avionique de l’appareil est également intégralement modernisée, avec de nouveaux calculateurs, une architecture numérique ouverte permettant d’implanter facilement de nouvelles fonctionnalités, une fusion de données améliorée et un nouvel affichage sur écran tactile unique, le WAD, qui n’est pas sans rappeler l’interface du F-35 américain.

Cockpit du JAS 39 EF Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Initialement, seule la force aérienne brésilienne souhaitait disposer du WAD, l’interface articulée autour du large écran tactile. Pour ne pas augmenter les coûts et délais de développement, l’armée de l’air suédoise a fini par opter aussi pour cette proposition ergonomique.

Enfin, en terme d’armements, les Gripen E (monoplace) et F (biplace) de nouvelle génération pourront mettre en œuvre toute la panoplie du Gripen C/D, y compris le missile air-air à très longue portée METEOR et le missile de croisière antinavire RBS-15 Mk.3. Les deux nouveaux points d’emport sous le ventre de l’appareil ne devraient finalement pas permettre d’embarquer deux réservoirs externes supplémentaires. Cependant, ils devraient permettre de maximiser la charge offensive du Gripen, notamment pour l’emport de charges relativement légères. En configuration air-air, l’avion pourra ainsi emporter cinq missiles METEOR (3 sous le ventre, 2 sous les ailes), deux réservoirs externes et deux missiles d’autodéfense en bout de voilure. D’après SAAB, le Gripen NG pourra également embarquer des brouilleurs offensifs et des armements dédiés à la destruction des défenses adverses.

Problèmes de développement et retards du programme

Alors que les premiers Gripen E ont été livrés en fin d’année dernière aux forces aériennes suédoises et brésiliennes, seul client export de l’appareil depuis l’annulation de la commande suisse, il apparait clairement que programme accuse un retard inquiétant causé principalement par l’abandon de la commande suisse en 2014 et par la certification aux normes civiles du logiciel de gestion de vol.

Au fil du développement, le Gripen NG affiche également un surpoids de plus en plus prononcé, qui limite l’intérêt de sa nouvelle motorisation. Alors que le Gripen NG devait avoir un poids à vide de 6,8t, celui du Gripen E de série s’établit à près de 8t, ce qui implique que, avec le plein interne, le Gripen E pourra embarquer une charge d’armement plus faible que celle du Gripen C, malgré un nombre de points d’emport supérieur. De plus, alors que SAAB espérait fournir l’ensemble de l’électronique, dont le radar AESA et l’ensemble de la suite de guerre électronique, l’avionneur suédois a dû se retourner vers les productions italiennes et anglaises du groupe Leonardo, moins cher et plus mâtures mais aussi plus volumineuses et moins optimisées pour l’usage escompté.

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Le Gripen peut embarquer sous voilure un pod de guerre électronique EAJP, lui offrant une capacité de brouillage offensif externe assez inédite en Europe. Malgré des budgets de développement limités, les ingénieurs de SAAB réussissent à proposer des solutions complètes et originales pour armer le Gripen.

L’un dans l’autre, même si le Gripen E ne devrait pas permettre de tenir toutes les promesses du Gripen NG, il a tout le potentiel pour devenir un très bon chasseur léger, capable de tenir tête à des appareils bien plus récents et plus lourds. En effet, la refonte de ses capteurs et de son système d’arme lui offrira des capacités de détection accrues contre les cibles furtives, des modes de combat collaboratif complets et une meilleure survivabilité dans un champ de bataille dominé par la guerre électronique. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle du Rafale F4 ou du Super Hornet Block III, exception faite qu’elle a nécessité de modifier en profondeur la cellule trop limitée du petit Gripen.

GlobalEye : le complément idéal au Gripen E

Comme nous l’avons vu, SAAB conçoit le Gripen depuis l’origine comme un système de défense aérienne plutôt que comme une simple cellule de chasseur de haute performance, et le Gripen NG ne déroge pas à cette règle. Cela implique que l’avantage comparatif du Gripen peut être vu de deux manières :

  • A nombre d’avions équivalents, le Gripen permet de réaliser environ 80% des missions d’un avion plus lourd, pour une fraction seulement du prix d’achat et de maintenance,
  • A prix équivalent, il est possible d’acheter plus de Gripen que d’avions lourds ou médians, ce qui permet de disposer d’une flotte plus importante et globalement plus performante pour le même investissement.

Si SAAB milite depuis longtemps en faveur de cette dernière vision des choses, peu d’appels d’offres prennent la peine de demander une capacité de combat globale plutôt qu’un nombre précis d’avion. Heureusement pour SAAB, le seul appel d’offre à demander une telle capacité globale est aussi celui où le Gripen E/F pourrait avoir le plus de chances : en Finlande.

Gripen E et GlobalEye de Saab Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Pour SAAB, le Gripen E et le GlobalEye sont deux éléments complémentaires d’un unique système de combat aérien. L’avionneur suédois promet que des flottes communes Gripen/GlobalEye ne sont pas plus onéreuses qu’une flotte unique de chasseurs plus lourds.

Si les conditions météo n’ont pas permis au Gripen NG de briller lors de ses récentes évaluations en Finlande, le petit chasseur suédois reste encore un des favoris de la compétition. Quelle que soit l’issue de l’appel d’offre finlandais, SAAB y aura de toute manière perfectionné un peu plus son approche commerciale particulièrement innovante. En effet, puisque la force aérienne finlandaise autorise les compétiteurs à adapter le nombres d’appareils proposés à la vente, du moment qu’ils respectent l’enveloppe budgétaire globale, l’avionneur suédois a décidé de marquer les esprits en proposant non seulement 64 Gripen E et F, mais aussi une paire d’avions-radars GlobalEye.

Développé sur une base d’avion d’affaire Bombardier Global 6000/6500, le GlobalEye se présente comme une solution de détection à longue portée extrêmement complète dotée d’une autonomie en vol de 11h. Equipé d’un radar AESA dorsal SAAB Erieye, d’un radar AESA ventral Leonardo Seaspray 7500E et d’une boule optronique Star Safire 380HD, le GlobalEye offre la capacité unique de détecter à très longue portée à la fois des cibles aériennes, terrestres et maritimes.

Globaleye saab Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Les radars embarqués à bord du GlobalEye sont particulièrement performants pour leur taille. Sur le plan opérationnel, un unique GlobalEye offre les capacités cumulées d’un mini-AWACS et d’un avion de surveillance maritime. L’appareil est déjà en service aux EAU.

Cette solution tout-en-un inédite permettrait à la force aérienne finlandaise de rejoindre le cercle restreint des nations équipées d’avions de détection et de commandement avancé. Mieux encore, les GlobalEye agiraient au profit des Gripen E/F comme des multiplicateurs de force, capable de partager une vue globale de la situation tactique et d’optimiser au mieux l’engagement opérationnel des chasseurs.

Gripen E/F : un futur best-seller ?

En cas de victoire en Finlande, SAAB pourrait disposer d’arguments commerciaux très solides sur d’autres compétitions internationales, à l’heure où les appels d’offres semblent enfin s’ouvrir aux propositions industrielles basées sur les performances capacitaires et plus uniquement sur le format des flottes.

A l’heure actuelle, le Gripen NG n’est pas le succès commercial escompté par SAAB au lancement du programme. Au-delà des inévitables retards et surcoûts, cela est surtout dû à un soudain revirement de conjoncture. En 2007, le Rafale semblait ne jamais devoir s’exporter, et le Typhoon peinait à trouver des marchés en dehors de la sphère d’influence britannique. Les belles promesses du F-35 devaient signer la fin du F-16, et la chaîne d’assemblage du Mirage 2000 fermait définitivement ses portes. La place semblait donc vacante pour remplacer le F-16 et le Mirage 2000 à l’exportation. Quelques années plus tard, cependant, les bouleversements politiques au Moyen-Orient ont permis à Dassault et Eurofighter d’accumuler les commandes, tandis que les retards du F-35 conduisaient Lockheed Martin à réinventer une nouvelle fois son F-16.

f 16 viper block70 Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
L’arrivée du Block 70 Viper semble confirmer que le F-16 n’est pas encore prêt à mourir. Il n’empêche que la concurrence occidentale du Gripen NG pourrait s’étioler progressivement d’ici à la fin de la décennie.

Mais la fin de la partie semble encore loin d’être jouée pour le Gripen NG. Éliminé de la compétition suisse pour cause de manque de maturité technologique, l’avion a aujourd’hui toutes ses chances en Finlande, surtout avec le GlobalEye a ses côtés. Si le F-16V reste encore tapi dans l’ombre, les capacités opérationnelles offertes par le couple Gripen/GlobalEye devraient cependant ouvrir de nouveaux débouchés aux offres de SAAB, que ce soit en Amérique du Sud, avec le soutien du Brésil, mais aussi en Asie du Sud-Est voire au Moyen-Orient.

Les navires de combat de haute mer russes modernes

Si la Marine russe fait souvent l’actualité concernant sa flotte sous-marine, sa flotte de surface combattante est aujourd’hui en plein renouveau, et dispose de nouvelles capacités susceptibles de poser d’importants problèmes à l’OTAN et sa force navale de premier plan. Ce tour d’horizon des unités de surface combattantes de haute mer de la Marine russe permettra d’en comprendre les capacités, et les enjeux.

Croiseurs classe Kirov (2)

L’entrée en service du croiseur Kirov, en 1980, avait à ce point inquiété l’US Navy, qu’elle décida de réactiver les 4 cuirassés de la classe Iowa hérités de la seconde guerre mondiale, pour rééquilibrer le rapport de force face à la Marine Soviétique. Il faut dire qu’avec ses 28.000 tonnes pour 252 m de long, ses deux réacteurs nucléaires KN-3, et les quelques 300 missiles de tous types formant son arsenal, les Kirov constituent une classe de navire sans équivalent aujourd’hui encore dans aucune marine mondiale.
Bien qu’elle ait hérité de 4 bâtiments à la chute de l’Union Soviétique, la Marine Russe n’en dispose aujourd’hui plus que de deux, dont un, l’Admiral Nakhimov, est en cours de modernisation. Le Pyotr Velikiy, déjà modernisé, est la seule unité active de cette classe, et appartient à la flotte du Nord.

Il met en oeuvre 20 missiles anti-navires lourds à longue portée P-700, ainsi que 96 missiles anti-aériens à longue portée S-300F/M, atteignant une portée de 250 km. Pour son auto protection, il met en oeuvre 128 missiles 3K95 Kinzhal du système TOR. Son artillerie se compose d’un canon bi-tubes de 130 mm, et de 6 systèmes CIWS CAD-N-A Kortik dérivés du système Pantsir et composés chacun de 2 canons Gatling de 30 mm à très haute cadence de tir, et de 8 missiles anti-aériens à courte portée 9M311. Enfin, pour la lutte anti-sous-marine, il met en oeuvre 3 lance-roquettes RBU et de 10 tubes lance-torpilles de 533mm, ainsi que 3 hélicoptères Kamov ASM.

Le croiseur nucleaire Piot Veliki Pierre le Grand de la classe Kirov de la Marine russe Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Malgré son âge, les croiseur Piotr Velikiy reste probablement la plus puissante unité de combat naval au monde

Le navire emporte plus de 700 hommes à son bord, et dispose d’une autonomie à la mer très importante, limitée uniquement par sa capacité d’emport de vivres. Parfois présentés comme dépassés, les Kirov n’en sont pas moins des bâtiments extrêmement puissants, capables par leur seule présence de modifier une situation stratégique sur un théâtre d’opération, à l’instar d’un porte-avions occidental.

Croiseurs classe Slava (3)

Conçus comme des alternatives moins onéreuses que les croiseurs Kirov, les Slava furent dessinés pour mettre en oeuvre le missile anti-navire supersonique lourd à très longue portée Bazalt, qui fut par la suite remplacé par le P-1000 Vulkan. Les 3 croiseurs en service aujourd’hui, tous modernisés entre 1990 et 2016, emportent ainsi 16 de ces missiles de presque 7 tonnes portant à plus de 800 km, et volant à Mach 2,5. Ils mettent en oeuvre, en outre, un système S-300F complet alignant 64 missiles anti-aériens à longue portée, et disposent de 40 missiles OSA-M et de 6 CIWS AK-630 pour la protection rapprochée, ainsi que du traditionnelle canon bitubes de 130 mm AK-130. Comme les Kirov, ils disposent de 10 tubes lance-torpilles de 533mm, mais ne mettent en oeuvre qu’un seul et unique hélicoptère anti-sous-marin.

Croiseur Slava Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Les imposants tubes pour les missiles anti-navires lourds P-1000 donnent aux croiseurs de la classe Slava une silhouette reconnaissable

Long de 186 m pour une jauge de 12.000 tonnes en charge, le Slava a une propulsion conventionnelle, employant des turbines à gaz, limitant son autonomie à la mer à 3000 miles, moins de 6000 km. S’ils sont moins bien armés que les Kirov modernisés, ils sont cependant suffisamment performants pour être considérés comme les navires amiraux des flottes de la mer noire (Moska) et du Pacifique (Varyag). En 2015, au début de l’intervention russe en Syrie, l’arrivé du Moskva au large de Tartous modifia la dynamique du conflit, et limita sensiblement les capacités d’actions des protagonistes, notamment en matière d’emploi de la force aérienne.

Destroyers classe Udaloy (9)

Entrés en service concomitamment aux Kirov, Slava et Sovremennyy, les destroyers Udaloy sont de grandes unités navales spécialisées dans la lutte anti-sous-marine. Ils devaient, à ce titre, assurer la protection ASM des croiseurs, porte-aéronefs et navires d’assaut de la flotte soviétique face à l’OTAN. Long de 163 m pour 7500 tonnes en charge, l’Udaloy emporte un armement moins impressionnant que ses contemporains, avec 8 missiles anti-sous-marins Silex lourds, d’une portée de 50 km et larguant une torpille lourde autoguidée ou une charge nucléaire à proximité du sous-marin. Pour son auto-protection, l’Udaloy dispose de 64 missiles 3K95 Kinzhal d’une portée de 15 km, et de 6 CIWS Ak-630. Son artillerie se compose de 2 canons AK-100 ou AK-130 de 130 mm (selon les versions) et il emporte 2 hélicoptères ASM Ka-27.

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Spécialisés dans la lutte anti-sous-marine, les Udaloy ne disposent que d’une capacité anti-aérienne limitée

Sur les 9 unités encore en service, 2 ont été modernisés, 2 sont en cours de modernisation, et 2 sont en réserve. Malgré l’existence de nouveaux systèmes anti-aériens plus modernes, comme le système Poliment-Redut, il semble que les navires en cours de modernisation, les destroyers Marshal Shaposhnikov et Admiral Chabanenko, resteront dotés du système Kinzhal.

Destroyers classe Sovremennyy (4)

Les destroyers Sovremennyy étaient les pendants des Udaloy, spécialisés cette fois dans la lutte anti-navires et anti-aérienne. Pour cela, ces navires de 156 m et 8500 tonnes en charge, mettent en oeuvre 8 missiles anti-navires supersoniques P-270 Moskit de 4,5 tonnes, portant à 250 km et volant à Mach 3. Pour La Défense anti-aérienne, ils disposent de 48 missiles 9M38 du système 3S90 Uragan dérivés du système Buk, et portant à 30 km. L’artillerie navale se compose de 2 canons AK-130 bitubes de 130 mm et de 4 CIWS AK-630. A noter que les équipages russes utilisent également l’AK-630 pour contrer les torpilles, en prenant le contrôle manuel du canon et en créant un mur d’obus en amont de la trajectoire de la torpille.

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Les destroyers Sovremennyy sont en phase de retrait dans la Marine russe

La classe Sovremennyy est destinée à rapidement disparaitre de l’arsenal naval russe, et seules 4 unités, sur les 21 construites, sont encore en service dans la Marine Russe. Deux unités sont actuellement en carénage, mais aucune modernisation n’est prévue. 4 unités ont été cédées à la Marine de l’Armée Populaire de Libération Chinoise au début des années 2000, toutes affectées à la flotte de l’Est ou elles sont toujours actives.

Frégates classe Admiral Gorshkov (8) et Super Gorshkov (12)

Entre 1992 et 2017, les chantiers navals russes furent incapables de livrer à la Marine russe des unités de surface combattantes de plus de 5000 tonnes, entrainant le vieillissement de l’agence moyen de la flotte, et des capacités y attenant. En bien des aspects, la frégate Admiral Gorshkov du projet 22350, entrée en service en 2018, symbolise le renouveau de l’industrie navale russe, ainsi que des ambitions navales de Moscou. Frégate de 135 m pour 5400 tonnes en charge, l’Admiral Gorshkov a toutes les caractéristiques d’une frégate moderne, y compris une conception favorisant la furtivité. Son armement se compose de 16, 24 ou 32 (selon les versions) silos standards UKSK pouvant accueillir des missiles de croisière Kalibr, des missiles anti-navires P-800 Onyx ainsi que le futur missile hypersonique Tzirkon, et 32 silos verticaux pour le système anti-aérien à moyenne portée Poliment Redut, dérivé du système S-350, d’une portée pouvant atteindre 120 km. Elle dispose d’un canon A-192M de 130mm de nouvelle génération, ainsi que de 2 CIWS Kashtan. En matière de lutte anti-sous-marine, elle emploie une suite sonar Zoraya M de coque et le sonar tracté Vinyetka, et dispose de 2 tubes lance-torpilles quadruples de 330 mm pour la torpille Paket anti-sous-marine et anti-torpille.

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Les Frégates Admiral Gorshkov représentent le renouveau de la Marine Russe et des ces capacités de haute mer

Si la construction de la première frégate de la classe, l’amiral Gorshkov, s’étala sur 12 ans, la construction des unités suivantes va progressivement être ramenée à 6 ans. Pour l’heure, seule la frégate Admiral Gorshkov est en service, la seconde unité, l’Admiral Kasatonov, terminant ses essais à la mer. Les livraisons des 6 unités suivantes s’étaleront de 2021 à 2027.

En 2019, Vladimir Poutine annonça la construction de 12 unités d’une classe dérivée, le projet 22350M, parfois désigné comme « Super Gorshkov ». Ces navires, dont 11 seront commandés sur la GPV 2019-2027 en cours, vont remplacés les destroyers Sovremennyy et Udaloy encore en service. Les premières unités devraient entrer en service en 2027. Plus longues, les Super Gorshkov tiendront davantage du destroyer que de la frégate, avec une jauge supérieure à 7000 tonnes. L’armement de ces navires sera renforcé, avec notamment 48 silos UKSK, capables entre autre de mettre en oeuvre le missile hypersonique à longue portée 3M22 Tzirkon. Il est probable que la dotation en silo pour le système Poliment Redut soit, elle aussi, augmentée pour atteindre les 48 silos.

Destroyers Líder (?)

Destinés à remplacer les croiseurs Kirov et Slava, les destroyers lourds de la classe Lider ont maintes fois été annoncés. Mais ces navires de 20.000 tonnes à propulsion nucléaire ont également été maintes fois reportés, voir reconfigurés, de sorte qu’aujourd’hui, on ignore qu’elle sera leur réelle tonnage, configuration, ainsi que la date de leur entrée en service. La dernière information valide les concernant vient d’une déclaration du président Poutine en Décembre 2019, indiquant que la construction des Lider serait reportée au profit des 12 frégates Super Gorshkov.

Avec les deux croiseurs de la classe Kirov modernisés ou en passe de l’être, et les 3 Slava sortis de modernisation, il est vrais que l’urgence pour la Marine Russe, présente aussi bien en Atlantique Nord que dans le Pacifique, en Mediterannée, Mer Noire, Mer Baltique et dans les eaux du Golfe Persique, repose bien davantage sur l’augmentation du nombre de navires de tonnage moyen que de disposer de grandes unités, par ailleurs très chers à concevoir et à construire (100 Milliards de roubles par navire estimés, soit 1,5 Md€)

Conclusion

Si aujourd’hui encore, la flotte de haute mer russe repose sur des unités héritées de l’époque soviétique, l’industrie navale russe a su renaître de ses cendres pour préparer son renouvellement à temps pour éviter une rupture capacitaire. Avec des unités certes anciennes, mais modernisées et disposant d’une grande puissance de feu, elle continue de représenter une force navale qui compte sur les mers et océans. Complémentaire de la flotte sous-marine, qui garde la priorité des stratégies navals russes, la flotte de surface qui se dessine pour les années 2030 sera capable d’imposer des zones en déni d’accès, qu’il soit naval ou aérien, et disposera d’une importante puissance de feu vers la terre. En outre, l’arrivée du missile anti-navire hypersonique Tzirkhon, qui n’aura probablement pas d’équivalent occidental avant la fin de la décennie, associée aux performances de la défense anti-aérienne multicouche caractéristique des forces russes, sera à même de compenser, au moins partiellement, le faible nombre de grandes unités en service.

Le renouvellement des équipements US ralenti par le financement du mur de D.Trump

Lors de la campagne présidentielle de 2016, Donald Trump intégra à son programme la construction d’un mur face à la frontière mexicaine, sensé empêcher l’immigration illégale dans le pays. Une fois élu, il signa en janvier 2017 l’ordre exécutif 13767 qui ordonnait au gouvernement d’entamer la construction du mur, sur la base des fonds fédéraux existants. Mais une majorité de représentants et de sénateurs s’opposant à cette initiative de plusieurs milliards de dollar à l’efficacité douteuse et aux implications morales importantes, le financement fut bloqué pendant 3 ans, entrainant même de longues périodes de « Shut Down » par deux fois et bloquant le paiement des salaires des services fédéraux.

En 2019, le Président Trump ordonna d’employer des crédits du ministère de La Défense pour ce financement, usant pour cela d’une prérogative présidentielle permettant au président de réorienter les investissements de la Défense en cas de menace majeure et imminente. Le Pentagone parvint à limiter les effets directs de la disparition de 3,6 Md$ de crédits, en ventilant son application sur des investissements d’infrastructure et des crédits de réserve. En outre, un juge texan pris une décision contre l’utilisation des crédits des armées, ce qui bloqua le processus pendant plusieurs mois (mais les crédits des armées avaient, eux, bel et bien été ponctionnés). En janvier de cette année, la cours d’appel fédérale américaine cassa la décision du juge texan, libérant les 3,6 Md$ de 2019.

america Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
La suppression des crédits accordés par le congrès pour l’avancement de la construction du LHA-9 de la classe America aura probablement le plus gros impact économique

En 2020, le budget du Pentagone est ponctionné de 3,8 Md$ pour la même raison, qui devaient initialement être captés sur les crédits de lutte contre le trafic de drogue outre-mer. Mais il semble que les autorités militaires soient contraintes, finalement, de procéder à des coupes dans les crédits d’équipements, pour financer ce montant. En effet, seuls 1,6 Md$ seront captés sur les crédits anti-drogue, alors que 2,2 Md$ seront prélevés sur les crédits d’équipements de 2020.

Ainsi, le Pentagone prévoir d’annuler l’acquisition de 2 des 6 F35B destinés au Marines Corps prévus pour 2020, ainsi que d’un avion de patrouille maritime P8 Poseidon, deux MV-22 Ospey, et 8 des 12 drones MALE MQ-9 Reaper. Concernant l’US Air Force, le programme Light Attack Aircraft se voit amputé de 180 m$, et l’acquisition d’un C130J est repoussé. Les crédits d’avancement concernant le programme F35A (160m$) et la construction du navire d’assaut LHA-9 de la classe America (650 m$) sont également supprimés, tout comme 300 m$ de crédits pour l’acquisition de Humvee pour la Garde Nationale, et de HEMTT pour l’US Army. La Garde Nationale se voit particulièrement touchée, avec un total de 1,3 Md$ prélevés sur son budget.

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8 des 12 drones MQ9 Reaper risques l’annulation pour financer le mur

Cette ponction budgétaire intervient au plus mauvais moment pour le Pentagon, engagé dans une profonde mutation de ses programmes d’équipement, pour être en mesure de faire face à la montée en puissance chinoise très rapide, et au redressement tout aussi rapide de la puissance militaire russe. De nombreuses voix au sénat comme à la Chambre des représentants, aussi bien démocrates que républicaines, se sont élevées ces derniers jours contre cette captation de crédits jugée arbitraire et inappropriée en l’état de la situation internationale. Certaines annulations auront d’ailleurs des effets économiques certains, comme celles concernant le LHA-9, qui va toucher selon les chantiers navals Huntington Ingalls Industries, plus de 450 entreprises sur 39 états.

Le dispositif laser Drone Dome israélien moins révolutionnaire qu’il n’y parait

Début janvier, les autorités militaires israéliennes avaient publié sur les réseaux sociaux une video montrant un dispositif de protection anti-aérien et anti-missile basé sur l’énergie laser qui laissait présager d’un bond technologique remarquable. Mais la video publiée hiers par Rafael concernant son système baptisé « Drone Dome », laisse percevoir des performances beaucoup moins spectaculaires, et une utilisation tactique plus limitée. Alors, la montagne aurait-elle accouchée d’une souris ?

La nouvelle video du système Drome Dome montre un système laser anti-drone beaucoup plus classique que ne le laissait penser l’animation publiée début janvier.

La video présentée hiers par Rafael, une des grandes entreprises de défense israélienne, montre un dispositif de détection, de suivi et d’engagement des drones légers embarqué sur un blindé, et employant un rayon laser pour détruire ses cibles. Il est présenté comme étant capable de prendre à partie un essaim de drones, et destiné à ajouter une quatrième couche dans le dispositif de protection anti-drones, anti-aérien et anti-missiles israélien qui intègre déjà le système Iron Dome pour la protection à courte portée, le système David Sling pour la moyenne portée, et le système Arrow pour engager les missiles balistiques. Il apparait donc que le Drone Dome complète à merveille La Défense multi-couches israélienne, notamment en étant capable de détecter et détruire les drones légers qui restent hors de portée des systèmes plus lourds, y compris l’Iron Dome. Or ces petits drones peuvent s’avérer particulièrement dangereux, soit en transportant des charges militaires, comme en Syrie, soit en remontant du renseignement tactique.

En revanche, les performances du système sont loin d’être au niveau de ce que présentait la video de début janvier. En effet, il apparait que la destruction d’un drone requiert plusieurs secondes une fois illuminé par le laser, plus de 5 selon la video présentée. Cela nous indique que la puissance du dispositif laser serait, au mieux, de quelques dizaines de Kilowatt, cinquante dans le meilleur des cas, plus probablement vingt. Remarquez à ce titre que la video concernant l’engagement des drones en essaim a été par trois fois coupée pour empêcher un calcul précis de la puissance du rayon. Quoiqu’il en soit, ce niveau de puissance est insuffisant pour détruire autre chose que des drones légers, et est incapable de détruire des missiles, des obus ou des roquettes comme le présentait la video initiale.

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Le système laser Perevest russe est déjà en service. Son utilisation semble pour l’heure cantonnée à l’éblouissement des satellites d’observation pour empêcher la détection d’un tir de missile balistique

En outre, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la Russie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Chine, disposent déjà de la technologie pour produire des laser embarqués ayant ce niveau de puissance, et certains, comme le Stryker Mehel américain, et le Perevest russe, sont d’ailleurs d’ores et déjà opérationnels dans certaines unités. Enfin, l’un des points d’attention centraux concernant cette video de janvier était le déploiement sur un drone de type MALE, et pour l’heure, rien n’indique que le Drone Dome (ils pourraient appeler le Drome, ce serait plus simple ..) équipera en effet de type de véhicule aérien.

De fait, le Drone Dome est bel et bien un outil complémentaire à l’existant israélien, et répond à ce titre à un besoin avéré. Cependant, les performances montrées dans la nouvelle vidéo sont loin d’être aussi spectaculaires que celles présentées il y a un mois. Il est possible que Rafael n’ait pas encore tout dévoilé, et que, par exemple, il soit un jour embarqué sur un UCAV. Quoiqu’il en soit, la question principale, celle de la puissance et donc de la source d’énergie nécessaire pour intercepter autre chose que des drones légers, ne semble pas avoir trouvé de réponse, et la technologie israélienne n’apporte rien de bien nouveau en la matière. Ce qui est, reconnaissons le, assez décevant …

Boeing vise l’Asie pour exporter son nouvel avion d’entrainement T-7A Red Hawk

En septembre 2018, Boeing avait été sélectionné par le Pentagon dans le cadre du programme T-X pour fournir le nouvel avion d’entrainement avancé de l’US Air Force. Développé avec l’aide du suédois SAAB, et désigné depuis T-7A Red Hawk, le petit monoréacteur supersonique de Boeing se cherche aujourd’hui des débouchés à l’exportation. Présent au salon Singapore Air Show 2020, Boeing aurait ainsi entrepris de présenter son Red Hawk aux forces aériennes asiatiques afin de les convaincre du bien-fondé de son offre. Une mission particulièrement difficile étant donné le retard pris par les Américains sur le marché des jets d’entrainement avancé (LIFT, pour Lead-In Fighter Trainer), particulièrement saturé aujourd’hui.

Commandé à 351 exemplaires pour l’USAF, le Red Hawk devrait afficher d’excellentes performances et un cockpit modulable permettant de simuler les commandes de vol de n’importe quel chasseur de nouvelle génération. Sur le plan technique, le T-7A Red Hawk ressemble ainsi à un véritable chasseur miniature. Son réacteur F404 est d’ailleurs utilisé sur les chasseurs légers Gripen (Suède) et Tejas (Inde), mais aussi sur l’avion d’entraînement avancé sud-coréen T-50, dérivé depuis en version d’attaque et de chasse légère. Un élément qui devrait justement tempérer grandement les ambitions de Boeing sur la scène internationale, et tout particulièrement asiatique.

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Le T-71 Red Hawk a remporté la compétition T-X de l’Us Air Force pour le remplacement de ses avions d’entraînement avancés T-28 Talon

En effet, pour des raisons économiques, l’USAF a longtemps reporté son programme de remplacement des vénérables avions d’entrainement T-38 Talon, pourtant obsolètes depuis le début des années 1990. D’autres forces aériennes, cependant, n’ont pas pu se permettre le luxe d’attendre et ont lancé leurs propres programmes de renouvellement de leurs avions d’entrainement. Une décision d’autant plus facile à prendre que le développement d’un avion LIFT est à la portée de bien plus d’industriels que celui d’un pur chasseur, tout en permettant de disposer d’une bonne base pour en dérivé un avion d’attaque léger.

Ces vingt dernières années, le marché des avions d’entrainement intermédiaire et avancé a ainsi vu l’apparition des M-311 et M-346 italien, du T-50 Golden Eagle coréen, du Yak-130 russe, du L-159 tchèque, des L-15 et JL-9 chinois, du T-5 taïwanais, du HJT-36 indien, sans oublié les éternelles mises à jour du Hawk britannique. Autant d’avions qui ont su conquérir leurs marchés intérieur mais prendre également leur place à l’exportation. Les productions chinoises sont ainsi très présentes en Afrique, tandis que le T-50 fait fureur dans la région Asie-Pacifique, avec des exportations en Thaïlande, aux Philippines et en Indonésie. Singapour, de son côté, opère déjà des M-346 basés en partie sur la base aérienne de Cazaux, en France.

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Le T-50 Golden Eagle est un important succès commercial en Asie

Pire encore pour Boeing, les marchés historiques américains se retrouvent déjà en grande partie saturés par l’offre existante, que ce soit en Israël (M-346), au Moyen-Orient (L-159, T-50) ou en Europe de l’Est, notamment chez les très fidèles acheteurs polonais (M-346). Boeing aurait pourtant tort de se priver de la visibilité offerte par le Singapore Air Show, qui pourrait lui servir avant tout à prendre la température de ce segment de marché.

Après tout, les premières livraisons de T-7A ne sont pas attendues avant 2023, et le marché des avions LIFT devrait continuer de s’accroître d’ici là. Les besoins en Europe et au Moyen-Orient sont ainsi encore loin d’être comblés, et Boeing pourrait également profiter du portefeuille clientèle de son partenaire dans l’aventure Red Hawk, le Suédois SAAB. Reste que, pour réellement convaincre sur un marché aussi concurrentiel, Boeing risque de n’avoir pas d’autre choix que de mettre la main à la pâte afin de proposer une variante armée de son T-7A Red Hawk. En effet, du M-346 italien au T-50 coréen, en passant par les avions d’ancienne génération Hawk et Alpha Jet, tous les appareils LIFT ayant connus le succès à l’exportation le devaient en partie à leur capacité d’emporter quelques armements air-sol et des missiles air-air à courte portée. Si le T-7A actuel pourrait encore convaincre en Europe occidentale, une capacité d’emport minimale semble par contre un prérequis pour séduire au Moyen-Orient, en Asie ou en Amérique Latine.

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Le T-7A Red Hawk pourrait être intégré dans les escadrons Agressors de l’US Air Force, pour simuler les appareils adverses, notamment russes ou chinois.

Pour être aussi compétitif que possible lors du contrat T-X, Boeing et SAAB avaient fait une croix sur la capacité d’armement du Red Hawk, mais opté pour un design facile à modifier ultérieurement pour des fonctions d’attaque légère. Au-delà des besoins affichés par les éventuels clients export, une capacité d’emport en armement pourrait aussi intéresser les forces américaines lorsque l’heure sera venue de renouveler les escadrons en charge du soutien aérien rapproché. Dans un premier temps, toutefois, le premier levier de croissance du T-7 pourrait bien concerner le marché américain, dans de simples variantes d’entrainement. Au-delà des 351 exemplaires achetés pour l’entrainement des pilotes de l’US Air Force, l’avion pourrait aussi équiper progressivement les unités Agressor américaines ainsi que l’US Navy, en complément des avions d’entrainement embarqués T-45.

Face au dynamisme apparent du marché des avions LIFT, et au large potentiel offert par ces petites cellules, on ne peut que regretter, encore une fois, que la France et le Royaume-Uni, voire l’Allemagne, ne soient pas présents sur ce secteur d’activité. Le Hawk et l’Alpha Jet avaient pourtant été de véritables succès en leur temps. Plus récemment, le programme européen Mako HEAT (aujourd’hui abandonné) présentait un énorme potentiel opérationnel et commercial, en intégrant dès le design initial des capacités de combat qui auraient sans doute permis de soulager certaines forces aériennes européennes et de répondre à une vraie demande internationale. Une occasion manquée qui ne devrait malheureusement pas se représenter de sitôt.

La Russie développe un missile air-air de défense de zone pour contrer les armes hypersoniques

En Mai 2019, le président russe, Vladimir Poutine, avait annoncé que la Russie allait developper un missile capable d’intercepter les armes hypersoniques que les adversaires du pays développaient, s’appuyant sur le savoir-faire et la technologie avancée de la recherche russe en matière d’armes hypersoniques. Un article publié par le site Izvestia et repérée par le site armyrecognition, donne un éclairage très particulier sur ce programme, qui repose sur des solutions techniques et des paradigmes très différents de ceux qu’envisagent les Etats-Unis ou les Européens pour la même tache.

En effet, là où les occidentaux envisagent les systèmes antimissiles hypersoniques comme des extensions des systèmes sol-air antimissiles actuels, la Russie prend une approche radicalement différente, basant le système Multirole Long Range Interception System, ou MFRK DP, comme un systeme air-air de défense de zone à très longue portée, destiné à intercepter tous les vecteurs présents dans une zone donnée avant qu’ils n’aient pu lancer leurs munitions hypersoniques. En d’autres termes, plutôt que d’intercepter le missile, il s’agit d’intercepter le bombardier que le transporte, et ce le plus loin possible.

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Mig 31 emportant le missile balistique hypersonique Kinzhal d’une portée de 2000 km

Cette approche, à la fois ingénieuse et originale, aurait en outre l’avantage de s’appuyer sur des technologies existantes pour la plupart. Le missile principal serait un missile hypersonique aéroporté, comparable au Kh47M2 Kinzhal ou au missile antinavire 3M22 Tzirkhon, qui serait mit en oeuvre par un intercepteur lourd, à savoir un Mig 31 (comme pour le Kinzhal) ou le futur intercepteur de nouvelle génération PAK DP. Le missile principal agirait comme une enveloppe de transport pour un certain nombre de missiles air-air à moyenne portée, dérivés du missile R-77M, agissant comme des sous-munitions intelligentes qui engageraient à très longue distance les vecteurs présents dans la zone d’interdiction, bien avant qu’ils ne puissent lancer leurs propres missiles hypersoniques. La détection des vecteurs serait assurée par le réseau radar existant, reposant sur un ensemble de radars au sol de différents types, dont des radars trans-horizon, des radars aéroportés, et des systèmes spatiaux de détection.

La solution retenue par la Russie présente de nombreux avantages, la première étant de ne pas nécessiter de developpement technologiques lourds, l’interception d’une arme hypersonique manoeuvrante étant un sujet d’une complexité extrême. En outre, elle n’est pas exclusive aux armes hypersoniques, et peut être employée contre un grand nombre de type de cibles aériennes, offrant donc une grande souplesse opérationnelle au delà du seul besoin stratégique. Enfin, elle cumule les atouts de plusieurs systèmes, l’allonge du chasseur lourd, la vitesse du porteur hypersonique, et la précision du missile air-air à moyenne portée, pour atteindre son objectif.

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Vue d’artiste du PAK DP ou Mig41

En revanche, il ne s’agit pas, en soit, d’un vrais système capable de contrer des armes hypersoniques, qui peuvent être mises en oeuvre par bien d’autres vecteurs que des vecteurs aériens, en particulier par des navires de combat, des sous-marins ou des moyens terrestres. Mais il est vrais que la tactique imaginée autour du MFRK DP, peut parfaitement s’étendre au missile Kh47M2 Kinzhal pour contrer les vecteurs terrestres, et au 3M22 Tzirkon pour les cibles navales, tous deux pouvant être aéroportés par les mêmes appareils lourds.

On remarque, d’autre part, que cette tactique oblige la Russie à faire feu la première, pour éliminer les vecteurs avant qu’ils ne fassent feu, donc avant qu’ils n’aient effectivement caractérisé la volonté d’agression. Durant la guerre froide, et aujourd’hui encore, il est courant que des bombardiers stratégiques ou tactiques, russes comme américains ou chinois, mènent des raids simulés contre des cibles ou des installations adverses, sans toutefois faire feu. Dans ces conditions, les forces russes devront soit prendre la responsabilité d’un engagement alors que la situation pouvait ne pas l’exiger, soit de ne réserver l’emploi de cette arme qu’au delà des premières frappes, une fois l’intention belliqueuse de l’adversaire parfaitement établie.

Vue dartiste du missile antinavire hypersonique russe Tzirkon Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Le missile Tzirkon antinavire peut également être mis en oeuvre par un vecteur aérien

Quoiqu’il en soit, bien qu’imparfaite, ce programme russe, s’il est effectivement mené à terme, enrichira les options tactiques des forces russes sans nécessairement devoir capter d’immenses ressources budgétaires. Comme souvent depuis quelques années, Moscou fait preuve d’une réelle ingéniosité pour faire beaucoup avec peu, et pour préserver un avantage technologique qui, aujourd’hui encore, reste indiscutable dans le domaine des armes hypersoniques.

Les forces turques préparent-elles une grande offensive en Syrie ?

Suite aux accrochages sérieux, le 11 février, entre les forces armées syriennes en route pour reprendre la ville d’Idleb, et l’armée turque présente autour de la ville, qui firent plus de 125 morts de part et d’autres, le président turc R.T Erdogan avait promis, le 12 février, une riposte massive et étendue pour frapper les forces syriennes « partout ou elles se trouvent ». Il semble désormais que les forces armées turques se préparent effectivement à joindre le geste à la parole. En effet, selon des médias en langue arabe cités par l’agence Tass, un convoi militaire de plus de 300 camions et véhicules blindés aurait été observé traversant la frontière syrienne en provenance de Syrie, pour venir renforcer les forces déjà présentes. En outre, certains rapports non confirmés ont fait état de « rencontre agressives » en F16 turcs et Su35 russes au dessus de la Syrie, sans toutefois que des munitions aient été tirées.

Pour certains spécialistes du conflit syrien, le bras de fer qui se joue aujourd’hui entre Ankara et Moscou dépasse largement le cas de la seule ville d’Idleb. En effet, selon eux, R.T Erdogan espère pouvoir échanger un retrait de la ville stratégique contre l’autorisation de Damas, et donc de Moscou, d’étendre la zone de controle en territoire Kurde ou la ville de Kobani. Mais les autorités russes semblent déterminées, pour l’heure en tout cas, à ne pas accorder plus de territoire syrien à la Turquie, ce qui viendrait à transformer la « zone de sécurité » sous contrôle turc en une annexion de territoire pure et simple. On peut, à ce titre, remarquer la discrétion des autorités russes à ce sujet sur la scène internationale, et notamment celle de Vladimir Poutine, qui cherche visiblement à entamer une désescalade avec Ankara. Dans le même temps, l’aviation russe présente sur place ne semble pas réduire son activité, un message clair quand à l’implication de Moscou au coté de Damas si le conflit devait éclater.

Su35s base syrie Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
La base aérienne de Hmeimim héberge entre 20 et 30 avions de combat des forces aériennes russes, dont des su-35, considérés comme étant le meilleur chasseur russe du moment.

La Russie maintien en Syrie une force d’environ 5000 hommes, répartis entre la base navale de Tartous, la base aériennes de Hmeimim, et les différents fronts en soutien des forces syriennes. Elle maintient, au port de Tartous et en mer Méditerranée orientale, une force navale importante, incluant plusieurs sous-marins à propulsion conventionnelle Kilo et Improved Kilo, des corvettes des classes Buyan-M ou Guépard et des frégates légères Admiral Grigorovich, ainsi qu’une unité navale majeure, pouvant être un croiseur Slava, une frégate Admiral Gorshkov ou un destroyer Udaloy. Les forces aériennes présentent sur place se composent de 20 à 30 avions de combat dont au moins 4 Su35, 4 Su30 et 4 Su34, ainsi qu’un nombre variable de Mig29, Su24 et Su25. En outre, elles bénéficient des forces aériennes en provenance de Crimée et de Russie, comme les intercepteur Mig31 ou les bombardiers stratégiques Tu22M3 et Tu160 en provenance de Russie. Une flotte d’une vingtaine d’hélicoptères est également présente, composée d’hélicoptères de combat Mi35, Ka52 et Mi28 et d’hélicoptères de transport Mi8.

Les forces antiaériennes russes présentes sur place s’articulent autour de deux batteries S-400 et deux batteries S-300VM. Certains rapports font écho de la présence de S-350 et de systèmes Buk. En outre, un nombre important mais indéterminé de systèmes Pantsir et TOR sont déployés pour protéger les infrastructures à Tartous et Hmeimim. A noter que les forces terrestres présentes sur place ne sont pas (officiellement en tout cas) équipées de blindés lourds, et mettent en oeuvre principalement des camions blindés Typhoon et des véhicules blindés légers Tigr. La présence d’artillerie n’est pas documentée, mais des videos montrant des frappes d’artillerie utilisant des obus de précision guidés par drone ont été publiées ces dernières années. Il semble également que deux systèmes de missiles balistiques à courte portée 9K720 Iskander aient été observés à Tartous.

Pantsir sable Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
L’armée syrienne disposerait d’une cinquantaine de systèmes anti-aériens à courte portée Pantsir fournis par la Russie.

Lors de l’opération Peace Spring, en octobre 2019, la Turquie avait mobilisé une force de 15.000 hommes et de plusieurs centaines de véhicules blindés, pour mener les opérations visant à « sécuriser » deux bandes de 30 km de profondeur dans le nord de la Syrie. Elles étaient épaulées par une force para-militaire de milices islamistes contrôlées par Ankara de 14.000 hommes. Les forces turques firent massivement appel à leur artillerie, leur aviation et leurs hélicoptères de combat pour repousser les forces kurdes du YPG au delà de la zone de sécurité préalablement négociée avec Moscou.

En proposant son F-15EX à l’Indian Air Force, Boeing brouille son positionnement stratégique en Inde

D’après FlightGlobal, l’avionneur américain envisagerait de proposer son chasseur lourd F-15EX à la force aérienne indienne (IAF) dans le cadre de son futur appel d’offre pour 110 nouveaux chasseurs, le MMRCA 2.0. L’information, reprise par la presse indienne, indique que Boeing a effectué une demande de licence d’exportation auprès des autorités américaines, une simple précaution lui permettant d’anticiper toute contrainte administratif s’il s’avère que le F-15EX intéresse réellement l’IAF dans le cadre du MMRCA 2.0.

Ce positionnement de Boeing, qui propose déjà officiellement son F/A-18E/F à la fois pour la force aérienne et la marine indienne, peut surprendre au premier abord, mais illustre surtout les incertitudes qui entourent toujours les procédures d’acquisition de New Delhi. En effet, comme les précise le porte-parole de Boeing, l’Indian Air Force n’a toujours pas clairement défini ses besoins pour son futur appel d’offre. Focalisée sur le nombre d’escadrons plutôt que sur sa capacité de combat globale, l’armée de l’air indienne resterait attachée au format de 110 avions de chasse, sans autre précision. Le besoin initial portait ainsi sur un appareil monomoteur, ce qui ne correspond plus à aucune réalité opérationnelle aujourd’hui tant le Gripen, le F-16 ou encore le F-35 (les seuls monomoteurs disponibles sur le marché) diffèrent les uns des autres. Par la suite, la compétition aurait été ouverte aux biréacteurs médians comme le Rafale, le Super Hornet, le MiG-35 et le Typhoon, donnant effectivement à cet appel d’offre un air de MMRCA premier du nom, le contrat lancé en 1999, remporté en 2012 par le Rafale puis annulé en 2015.

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Dérivé du F-15SA saoudien, le F-15EX dispose d’une impressionnante capacité d’emport en missiles air-air et en armements air-sol, mais reste un chasseur lourd et coûteux à mettre en oeuvre

Si Boeing était effectivement autorisé à concourir avec le F-15EX, cela ouvrirait la voie à une candidature de Sukhoï avec son Su-35 voire son Su-57, rallongeant et complexifiant encore la procédure d’achat de l’IAF. A priori, proposer le F-15EX à l’Indian Air Force apparaît donc comme une mauvaise idée, alors même que l’avionneur connaît bien le marché indien[1]. En effet, le F-15EX est objectivement trop lourd et trop cher à l’usage pour répondre aux besoins indiens, tout en concurrençant frontalement le Su-30MKI déjà en service et en attente de modernisation.

Pour Boeing, présenter le F-15EX en Inde pourrait ainsi répondre avant tout à un besoin de relation publique, en occupant le terrain communicationnel et en essayant de centrer le débat public sur le besoin de choisir entre le F-15EX et le F/A-18E/F, volant ainsi la vedette au Rafale qui reste encore au centre de l’attention générale. Un tel pari serait cependant risqué, puisqu’il brouille considérablement la communication mise en place depuis des années par Boeing en Inde. La compagnie de Seattle a en effet basé toute sa stratégie indienne sur le fait que le Super Hornet pouvait constituer une base commune à la fois pour l’Indian Air Force et l’Indian Navy, de quoi permettre d’énormes économies de fonctionnement et offrir à l’Indian Navy une réserve d’appareils navals en cas de besoin. Une stratégie qui s’effondrerait en cas de présentation officielle du F-15EX Advanced Eagle.

P8 de la Marine Indienne Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
P-8I Poseidon de la Marine Indienne. Boeing a réussi à décrocher plusieurs contrats majeurs en Inde ces dernières années et dispose de bons contacts et de forts soutiens sur place.

Aussi maladroite que puisse apparaître l’idée de Boeing, il se pourrait cependant que l’avionneur considère qu’il n’a pas réellement d’autres choix. En effet, la proposition budgétaire présentée par le Pentagon au Congrès américain bouleverse en profondeur la donne pour Boeing, puisqu’il évoque l’arrêt des commandes de Super Hornet après 2021 pour l’US Navy tout en confirmant l’arrivée du nouveau F-15EX dans l’US Air Force, dont la production pourrait être assurée jusqu’à l’horizon 2030. De fait, en obtenant l’autorisation de présenter en Inde à la fois le Super Hornet et l’Advanced Eagle, Boeing s’assure de conserver un pied sur le marché indien même en cas d’arrêt d’une de ses deux chaînes de production.

Dans les faits, le budget prévisionnel du Pentagon n’a pas encore été validé par la Chambre des Représentants, qui a tendance ces dernières années à pousser les commandes de F/A-18 afin de permettre à la chaîne de rester ouverte. Quoi qu’il en soit, il reste peu probable que l’US Navy continue de commander de nouveaux Super Hornet après 2025, au plus tard. Or, les appels d’offre en Inde sont réputés pour leurs délais extrêmes et leurs retards tout aussi conséquents, d’autant plus que la situation financière de New Delhi est loin d’être radieuse en ce moment. De quoi explique au moins en partie les motivations de Boeing qui pourrait viser, à plus long terme, le marché de remplacement du Su-30 voire l’espace laissé libre par l’annulation des commandes de Su-57 biplaces initialement prévus pour l’IAF.

Deux Rafales B indiens en patrouille Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Avec 36 avions déjà vendus en Inde, le Rafale est un candidat naturel pour les appels d’offre de l’IAF et de l’Indian Navy. Malheureusement, les logiques opérationnelles et économiques pèsent souvent moins que les ambitions politiques et industrielles, ce sur quoi Boeing espère miser

En attendent une éventuelle décision de l’Indian Air Force, Boeing continue de pousser son Super Hornet dans l’appel d’offre MRCBF de l’Indian Navy. Cette dernière cherche à acquérir 57 chasseurs lourds pour ses porte-avions, et serait prête à réaliser une procédure plus rapide que l’Indian Air Force, à condition que des considérations politiques ne viennent pas tout simplement annuler le programme. Sur ce marché, Boeing n’affrontera que Dassault Aviation qui présente son Rafale, déjà bien positionné en Inde. Une campagne d’essais pourrait d’ailleurs avoir lieu cette année afin de démontrer la compatibilité du Super Hornet avec les tremplins des porte-avions indiens. Une démarche qui aura au moins le mérite de donner une visibilité médiatique à l’avion américain, un élément à ne jamais mépriser sur le marché indien. De quoi motiver Dassault Aviation à réaliser ses propres vols depuis le porte-avions indien INS Vikramaditya ? L’avenir nous le dira.


[1] Il y a vendu des avions de transport C-17, des patrouilleurs P-8I et des hélicoptères de combat Apache

Le Bundestag valide la première phase du SCAF avec de nombreuses réserves

Le vote du Bundestag, le parlement allemand, en faveur du financement de la première phase visant à developper le démonstrateur du programme de Système de Combat Aérien du Futur, ou SCAF, qui doit remplacer les Rafale français et les Typhoon allemands et espagnols à partir de 2040, peut être interprété de deux manières différentes, selon que l’on regarde le verre à moitié plein, ou le verre à moitié vide.

Pour les optimistes, il s’agit d’une avancée majeure en faveur du developpement de ce programme stratégique pour le renforcement des forces aériennes des 3 pays, mais également pour renforcer l’indépendance stratégique européenne dans le domaine des technologies et de l’industrie de Défense. Le financement de 77 millions d’euro autorisé par le parlement allemand ce 12 février, permet en effet de disposer d’une première tranche de financement de plus de 150 millions d’euro pour developper le démonstrateur technologique de l’avion de combat qui sera au coeur du SCAF, phase indispensable pour avancer sereinement dans le programme, et éviter les impasses technologiques. Il marque également l’engagement global de l’Allemagne, dont on sait le paysage politique particulièrement complexe, en faveur de la coopération franco-allemand, incluant notamment le programme Main Ground Combat System, ou MGCS, destiné à remplacer dans le même calendrier les chars Leclerc français et Leopard 2 allemands.

bundestag allemand Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Le parlement allemand sera consulté à toutes les étapes du financement du SCAF et du MGCS, multipliant les risques pour le programme.

Les pessimistes, et ils sont nombreux, ont une lecture toute autre de ce vote qui, certes, ouvre la voie au developpement du démonstrateur du SCAF, mais qui s’accompagne également de nombreuses réserves montrant une défiance importante de la classe politique allemande envers la coopération franco-allemande. En effet, le Bundestag a accompagné son autorisation de financement du SCAF, piloté par la France, d’un effort similaire en faveur du programme MGCS, qui lui sera piloté par Berlin. En outre, ils ont commandé une étude visant à identifier l’ensemble des technologies majeures du programme SCAF qui ne seraient pas développées en Allemagne, avec l’objectif de developper des programmes secondaires pour acquérir ces technologies, et donc être en mesure de se passer d’une coopération internationale. Enfin, de nombreux voies s’élèvent pour dénoncer le déséquilibre entre les programmes SCAF et MGCS, que ce soit du point de vue technologique mais également budgétaire, s’alarmant d’un accord global très en faveur de la France et de son industrie de Défense. Ces derniers points ont d’ailleurs attiré l’attention du ministère des Armées français, la ministre Florence Parly ayant indiqué, pour la première fois, que si l’Allemagne devait se retirer, la France trouverait d’autres partenaires pour mener le programme à son terme.

On le comprend, la dichotomie entre la vision d’une industrie européenne globale construite autour d’un partenariat franco-allemand à forte inter-dépendance proposée par le président E.Macron suite à son élection, et les objectifs d’indépendance technologique allemand, notamment en acquérant les savoir-faire pour concevoir et construire un avion de combat de manière indépendante, est désormais très visible. Pour la France, cet objectif a même été notifié dans la Revue Stratégique de 2017, et la LPM 2019-2025, qui soulignaient toutes deux que désormais, la France n’avait plus vocation à developper de manière autonome l’ensemble des technologies de défense nécessaires aux systèmes du futur, et introduisaient la notion d’inter-dépendance technologique européenne. Les parlementaires allemands ont, par leur vote, montré qu’ils avaient une vision toute autre, et que le partenariat actuel n’avait nullement vocation à devenir un partenariat à long terme, éliminant toute possibilité d’inter-dépendance technologique.

Char Leclerc francais en manoeuvre Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
La France n’alignera que 200 chars de combat jusqu’en 2040 dans la planification militaire actuelle

On peut se demander si les freins qui existaient après-guerre en matière de coopération militaire et industrielle franco-allemande, et qui avait nui à de nombreux programmes industriels entre 1950 et 1990, ne reste pas d’actualité aujourd’hui. La France veut collaborer avec l’Allemagne, mais veut garder la main mise sur les programmes et les technologies, alors que l’Allemagne s’arcboute beaucoup plus vivement sur ses prérogatives face à la France que face au Royaume-Unis, l’Italie ou les Etats-Unis. En outre, les deux pays ont pour ambition d’être au coeur de l’évolution de La Défense européenne, avec toutefois des vues radicalement opposées, portée sur les opérations exterieures et sur l’indépendance stratégique globale pour la France, portée sur des coopérations et une hégémonie industrielles au sein de l’OTAN pour l’Allemagne.

Cette opposition se fait jour quand les deux pays parlent de dissuasion. Pour la France, il s’agirait d’étendre la notion de dissuasion française à ses partenaires européens dans un processus à long terme, tout en gardant le contrôle de cette dissuasion. Pour l’Allemagne ou tout du moins les politiques qui s’expriment sur le sujet, la France devrait transférer ses capacités de dissuasion à l’Union européenne, de même que son siège de membre permanent du conseil de sécurité aux Nations Unis.

FCAS Infographic 2019 Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Le programme SCAF vise à developper un système de combat polyvalent et évolutif lourd à forte dimension de supériorité aérienne

On le comprend, il se joue aujourd’hui au niveau du SCAF, une lutte d’influence sans pitié entre la France et l’Allemagne pour prendre le contrôle de l’Europe de La Défense, et devenir le pivot politique et industriel de la Défense du continent. Ces visions opposées avaient été mises de coté par E.Macron et A.Merkel lors du lancement des programmes SCAF et MGCS, et n’avaient pas été négociées et arbitrées alors. Il était donc prévisible de les voir réapparaître au fil des demandes récurrentes de financement auprés du Bundestag, car tel est le fonctionnement constitutionnel allemand.

Malheureusement, au fil des prochaines crises économiques et politiques dans les deux pays qui ne manqueront pas d’arriver dans les 20 prochaines années, les risques de voir ces deux programmes être enterrés, comme le fut le programme FCAS franco-britannique qui devait donner naissance à un drone de combat en 2030, ne feront qu’augmenter. Ce risque augmente surtout si les deux partenaires anticipent un plan B, avec des conséquences importantes sur les capacités militaires et défensives des deux pays, dans un contexte international extrêmement défavorable.

Mirage2000D de lArmee de lAir un patrouille seree Actualités Défense | Asie Pacifique | Aviation de chasse
Concevoir un remplaçant pour les quelques 120 mirage 2000 en service aujourd’hui permettrait à la France de maintenir ses compétences technologiques et opérationnelles sans nuire au programme SCAF

Sans nécessairement devoir immédiatement développer une alternative nationale, la France serait, dès lors, bien inspirée de lancer des programmes nationaux à plus court terme, susceptibles de répondre à l’augmentation constatée des tensions internationales et des technologies de défense, et de libérer les marges de manoeuvre pour pouvoir répondre à une crise franco-allemande menant à l’annulation des différents programmes.

Il pourrait s’agir, par exemple, du developpement d’un remplaçant au mirage 2000, un avion de combat monomoteur de 5ème génération et économiquement performant, comme d’un système de combat chenillé lourd intermédiaire destiné à renforcer les capacités d’engagement haute intensité des armées françaises, ou d’un drone de combat dérivé des travaux accomplis sur le Neuron, tous conçus sur la base des technologies actuellement maitrisées par la BITD française, avec un calendrier pointant sur 2030, et non 2040. Ces programmes pourraient d’ailleurs servir de briques technologiques ainsi que pour developper les compétences opérationnelles des armées, sans entraver le developper des programmes franco-allemands. Concernant le financement, l’utilisation conjointe des éléments d’optimisation budgétaire de la doctrine Défense à Valorisation Positive, et des modes de financement développés par le Socle Défense, permettrait de neutraliser les surcouts sur le budget de l’Etat.