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Airbus annonce collaborer avec Singapour sur le développement d’une capacité de ravitaillement en vol automatique

Aujourd’hui, à l’occasion du Singapore Air Show, Airbus a annoncé que la force aérienne de la République de Singapour était le client de lancement d’un nouveau système de ravitaillement en vol automatisé dénommé SMART MRTT. La force aérienne singapourienne et le groupe européen Airbus collaboreraient ainsi depuis déjà plusieurs mois afin d’intégrer le SMART MRTT sur la flotte de six ravitailleurs A330 MRTT singapouriens.

Cela fait déjà plusieurs années que Airbus a annoncé vouloir développer une capacité de ravitaillement automatique pour ces A330 MRTT. La technologie de ravitaillement air-air automatique (A3R) est en développement chez Airbus Defense and Space depuis au moins 2017. Une campagne d’essai réalisée en 2018 avait d’ailleurs permis à un avion d’essai A310 MRTT équipé d’une perche de ravitaillement A3R d’effectuer plusieurs contacts automatiques avec le réceptacle de ravitaillement d’un F-16 puis d’un A300MRTT de la force aérienne australienne.

Un A330 MRTT de lArmee de lAir accompagne dun Rafale B dun mirage 2000 5 et dun mirage 2000D Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
L’A330 MRTT est récemment entré en service en France, en Arabie Saoudite, en Australie, en Corée du Sud, aux Emirats Arabes Unis, au Royaume-Uni et, bien évidemment, à Singapour. Cinq autres pays de l’OTAN en ont commandés. On notera la présence de la perche rigide sous la queue de l’avion en plus des deux tuyaux souples déployés sous les ailes.

Désormais, Airbus et la force aérienne singapourienne vont travailler ensemble sur des essais en vol et la phase de certification permettant de développer un système A3R opérationnel sur des A330 MRTT de série. L’automatisation du ravitaillement en vol devrait permettre des ravitaillements en vol plus rapides, plus de sécurité et une plus grande endurance pour les opérations de ravitaillement. Ces dernières sont considérées comme particulièrement critiques pour l’île-Etat dont les bases aériennes seraient particulièrement exposées en cas de conflit et qui déploie une partie de ses effectifs aériens sur des territoires alliés.

Au-delà des besoins singapouriens, Airbus entend proposer une mise à jour au standard SMART MRTT à l’ensemble des utilisateurs actuels de l’A330 MRTT mais aussi à ses futurs prospects export. Cette nouvelle capacité serait en effet principalement d’ordre logicielle, sans lourde modification technique des consoles de l’opérateur de ravitaillement. Ce dernier resterait d’ailleurs embarqué à bord des A330 MRTT en tant que superviseur des ravitaillements automatisés, prêt à intervenir en cas de besoin.

D’une certaine manière, ce que propose Airbus avec son SMART MRTT, c’est de généraliser au système de ravitaillement rigide « Flying Boom » une automatisation déjà possible avec le système de ravitaillement souple « probe-and-drogue ». Le système souple est utilisé par les avions embarqués à bord des porte-avions ainsi que par la plupart des chasseurs de conception européenne, dont les Mirage 2000, Rafale, Gripen et autres Eurofighter. L’avion ravitailleur déploie un tube souple équipé d’un panier, et c’est au pilote de l’avion ravitaillé d’y introduire sa perche de ravitaillement en vol. La charge de travail est donc quasiment intégralement portée par le pilote de l’avion ravitaillé, l’opérateur à bord du A330 MRTT se contentant simplement de dérouler et d’enrouler le tuyau souple et de veiller au bon déroulement de la procédure.

Rafale marine equipe dune nacelle de ravitaillement Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Le système « probe-and-drogue » peut être mis en place par des ravitailleurs lourds mais aussi depuis des chasseurs légers voire, à l’avenir, des drones. En effet, il n’y a pas besoin d’un opérateur de ravitaillement pour utiliser ce système de tuyaux souples.

Le système de ravitaillement par perche rigide est très différent : dans ce cas-là, l’avion ravitaillé se contente de maintenir sa position à proximité du ravitailleur ; l’opérateur de ravitaillement guide alors à distance une perche rigide qu’il vient enficher dans le réceptacle de ravitaillement situé sur le nez ou le dos de l’avion à ravitailler. Cette solution est particulièrement pratique pour les avions lourds et peu maniables qui ne seraient pas en mesure de se connecter facilement sur un « probe-and-drogue ». De plus, il permet de transférer du carburant beaucoup plus rapidement. On le retrouve donc assez logiquement sur des bombardiers lourds, mais aussi sur des avions-radars AWACS ou sur le nez des ravitailleurs, notamment l’A330 MRTT. Les chasseurs américains développés pour l’USAF, qui emploie de nombreux bombardiers lourds, font également appel au système de ravitaillement rigide… notamment les F-16 et F-15 utilisés par la force aérienne de Singapour !

En automatisant le pilotage de la perche et la procédure de connexion entre celle-ci et le réceptacle de l’avion ravitaillé, Airbus devrait permettre des ravitaillements plus rapides, avec plus de précision et moins d’erreurs de manipulations. La charge de travail de l’opérateur sera également allégée, ce qui devrait permettre de faciliter les opérations de ravitaillement sur de longues durées, voire de permettre de ravitailler simultanément un avion sur la perche rigide centrale (par exemple un F-15SG) et un ou deux avions sur les tuyaux souples déployés sous les ailes (par exemples des F-35B récemment acquis par Singapour).

KC46A et F35 Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Comme le A300MRTT, le KC-46 américain dispose de tuyaux souples sous les ailes et d’une perche fixe ventrale. Son système de visualisation 3D n’est cependant pas au point, et l’appareil lui-même présente encore de nombreux défauts.

Airbus Defense & Space espère une certification du SMART MRTT dès 2021, ce qui lui permettra d’accroître encore un peu plus le fossé technologique et opérationnel qui sépare sa solution A330 MRTT de la proposition américaine basées sur le Boeing KC-46 Pegasus. En effet, l’avion américain, bien que plus petit et capable de délivrer moins de carburant, est aujourd’hui considérablement plus cher que la proposition européenne tout en accumulant les déboires techniques. Ainsi, alors que l’opérateur de ravitaillement de l’A330 MRTT effectue ses opérations à partir de multiples écrans projetant l’image filmée de la perche de ravitaillement et des avions en approche, Boeing et l’USAF ont absolument tenu à développer un système de visualisation 3D projeté sur un casque de réalité virtuelle. Une solution qui aurait ainsi tendance à rajouter de la pression sur les épaules de l’opérateur, mais qui est aujourd’hui très loin d’être opérationnelle. De fait, alors qu’Airbus a livré plus de 40 appareils à sept armées de l’air différentes, sans compter les appareils destinés à équiper un pool de cinq nations de l’OTAN, le KC-46 reste encore et toujours interdit d’opérations extérieures.

Avec le SMART MRTT, Airbus répond aux même problématiques que la solution de visualisation 3D (réduire les erreurs d’appréciation de distance qui rallongent les délais de ravitaillement) tout en contournant la majorité de ses défauts (latences d’affichage, fatigue de l’opérateur). L’avionneur européen confirme ainsi son statut de leader sur le marché des ravitailleurs en vol, même si le seul marché interne de l’USAF à destination du KC-46 représente plus de la moitié des capacités de ravitaillement moderne dans le monde.

Omega air refuilling tanker Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La société Omega Tanker réalise déjà des opérations de ravitaillement en vol au profit de l’US Navy et a récemment reçu son premier KC-10 doté d’une perche rigide compatible avec les avions de l’USAF.

D’ici quelques années, toutefois, Airbus ne désespère pas de pouvoir s’établir sur le marché du ravitaillement en vol américain. Les besoins en ravitailleurs sont bien réels pour l’USAF, notamment pour remplacer les KC-10 Extender dont le retrait est imminent. Actant le fait que l’USAF n’aura sans doute pas le budget pour acheter simultanément des KC-46 et un nouveau modèle de ravitailleur lourd, Airbus s’est allié avec Lockheed Martin afin de proposer des solutions de ravitaillement complémentaires à celles du KC-46. Il pourrait s’agir de passer éventuellement par un service de leasing ou encore par une exploitation par le biais de sociétés privées, une solution en cours d’étude par l’USAF mais déjà utilisée par l’US Navy. La présence à bord du MRTT d’un système de ravitaillement automatique plus fiable, plus performant et moins coûteux que la solution proposée par Boeing ne serait alors qu’un argument de plus en faveur d’une solution commune d’Airbus et de Lockheed.

Le président philippin R. Duterte veut mettre fin à 69 ans de coopération militaire avec les Etats-Unis

Initialement colonie espagnole depuis le 16ème siècle, les Philippines furent cédés aux Etats-Unis en compensation de la guerre américano-espagnole qui prit fin en 1898 avec le traité de Paris. Suite à l’invasion japonaise de 1942, et la défaite de ces derniers en 1945, le pays proclama son indépendance et devient un des pays fondateurs des Nations-Unis en 1946. Les autorités philippines attribuèrent cependant des concessions militaires aux forces américaines pour 99 ans en 1947, et signèrent en 1951 un traité de coopération militaire très étroite avec Washington. De fait, pendant toute la guerre froide, les Philippines furent un pilier de la présence américaine dans le Pacifique, au même titre que le Japon, l’Australie ou la Corée du Sud.

Mais cette coopération risque de prochainement prendre fin par une décision unilatérale du président Rodrigo Duterte, qui selon les termes de l’accord, donne 180 jours aux deux protagonistes pour trouver un axe de négociation avant d’être dénoncé. Cette décision, si elle était plus ou moins dans l’air du temps depuis 3 ans, eu égard aux mauvaises relations entre Washington et le président Duterte, a tout de même pris de cours l’administration Trump, qui pour l’heure n’a pu que la regretter publiquement. Il faut dire que depuis son élection en 2016, le président philippin, connu pour ses positions extrêmes dans certains domaines, notamment en matière de sécurité et de lutte contre les trafics de drogue, a eu des relations pour le moins tumultueuses avec Washington, alors qu’il a, à plusieurs reprises, exprimé son « admiration » pour la Russie et la Chine, comme pour leurs dirigeants.

US troops philippines Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Les Etats-Unis disposent aujourd’hui de 5 bases militaires aux Philippines, offrant un excellent point d’appui pour le contrôle régional du théâtre Pacifique méridional.

Au delà des raisons profondes ayant entrainées cette situation, il convient d’en étudier les conséquences potentielles du point de vu géostratégique. Si l’on ignore encore quelles seront les relations futures qu’envisage le dirigeant philippin avec la Russie et la Chine et matière de Défense, la fin du traité de coopération affaiblirait considérablement les positions des Etats-Unis dans ce Théâtre d’opération, les Philippines formant une ligne de défense naturelle contre l’expansion chinoise dans le Pacifique, ainsi qu’une zone de contrôle idéale pour conserver la maitrise des opérations navales chinoises en Mer de chine méridionale.

Avec une Thaïlande, Myanmar et le Cambodge se rapprochant toujours davantage de Pékin, l’Indonésie et la Malaisie affirmant des positions neutres fermes, et le Vietnam qui se rapproche de Moscou, Washington n’aurait plus aucun allié fort dans cette partie du monde cruciale pour les échanges internationaux. Les points d’appuis les plus proches pour l’US Navy et l’US Air Force, hors Taiwan, se trouvent au Japon, sur l’ile de Guam en mer des philippines, et Diego Garcia dans l’Ocean Indien. La Chine, en revanche, peut s’appuyer sur un réseau d’alliances de plus en plus dense, notamment au Pakistan et au Bangladesh. Il s’agirait donc, dans les faits, d’un revers très sévère infligé par le président Philippin à la puissance américaine dans le Pacifique, entrainant un affaiblissement sensible des positions stratégiques militaires dans la région, au détriment de la Chine, et de la Russie.

Gowind Malaisie Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La Malaisie a renforcé ses forces navales par l’acquisition de 2 sous-marins Scorpene et 6 corvettes de 3000 tonnes dérivées du modèle Gowind auprés de Naval Group

Reste que l’on ignore quel sera le positionnement choisit par le président Duterte pour les Philippines dans l’avenir. Le rapprochement enregistré vis-à-vis des européens pourrait laisser penser que Manille viserait une position de neutralité forte, à l’instar de l’Indonésie, et de la Malaisie, peut être même en formant une alliance régionale pour garantir la sécurité régionale. Mais rien n’exclue un rapprochement avec Pékin, ou d’avec Moscou, même si rien n’accréditent plus objectivement cette hypothèse aujourd’hui. L’augmentation de l’effort de Défense philippin constaté ces dernières années, et les négociations engagées notamment avec Paris concernant l’éventuelle acquisition de 2 sous-marins Scorpene et 2 Patrouilleurs Hauturiers, pointent davantage vers une position plus neutre, et plus autonome, voir, comme dit précédemment, à une plus grande coopération avec les forces armées Malaysiennes (qui mettent en oeuvre 2 sous-marins Scorpene et la première des 6 corvettes Gowind 2500 commandées en 2011), et les forces indonésiennes qui s’intéresseraient elles-aussi au Scorpene, au Gowind ainsi qu’au Rafale.

La marine américaine veut renforcer considérablement ses capacités de frappe antinavire

Le budget prévisionnel du Pentagon pour l’année fiscale 2021 devrait continuer à faire couler de l’encre encore quelques temps. Comme chaque année, le Pentagon publie en effet un document listant la manière dont il compte dépenser le –gigantesque– budget de la défense américain sur l’année fiscale à venir. Cela implique donc de passer des commandes, mais aussi de sacrifier certains programmes afin de rester l’enveloppe budgétaire fixée par les autorités civiles du pays. Contrairement à ce qui se passe dans beaucoup d’autres nations, cependant, le Congrès américain peut décider de modifier, parfois substantiellement, les lignes de dépenses prévues par les militaires, afin de sauver certains programmes industriels ou, au contraire, mettre fin à des projets trop dispendieux.

Quoi qu’il en soit au final, le budget prévisionnel reste un marqueur intéressant de l’évolution stratégique et doctrinale des forces armées américaines. Il permet de montrer, année après année, comment le Pentagon compte adapter sa structure de force pour affronter de nouvelles menaces, tout en composant avec les impératifs politiques et industriels, naturellement. Cette année, un des changements les plus intéressants, quoiqu’assez subtil en apparence, concerne ainsi les demandes liées aux achats de missiles pour la marine américaine, d’autant plus que les requêtes en matière de munitions ont généralement tendance à être confirmées, dans les grandes lignes, par le Congrès.

LRASM Super Hornet Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Dérivé du AGM-158 JASSM-ER, le missiles LRASM est un missile antinavire lourd furtif, doté d’une meilleure portée, d’une charge plus importante et de capacités de pénétrations améliorées par rapport au Harpoon qu’il remplace

Eviter le décrochage capacitaire face à la Chine

Pour l’année fiscale 2021, le Pentagon réclame ainsi que soient considérablement renforcées les dotations en missiles antinavires pour l’ensemble des moyens de l’US Navy : navires de surface, sous-marins et aéronefs. Cette demande s’inscrit dans le cadre d’une démarche pluriannuelle engagée par la Navy afin de rééquilibrer ses forces vis-à-vis du renforcement naval chinois. En effet, comme nous l’avons évoqué à de nombreuses reprises, la flotte militaire chinoise connaît depuis une quinzaine d’années une croissance absolument inédite, avec plus de 330 bâtiments en service aujourd’hui et un format de 420 navires à l’horizon 2035. Les États-Unis devraient certes conserver –pour combien de temps ?– un avantage en matière de tonnage, mais la Navy ne peut se permettre de concentrer toutes ses forces sur le seul théâtre Pacifique.

Afin d’éviter un éventuel décrochage tant numérique que capacitaire en Asie-Pacifique, Washington a affiché la volonté d’atteindre un format de 355 navires pour l’US Navy en 2030. Devant les difficultés de l’industrie navale américaine à produire rapidement de nouveaux navires à coût réduits, il y a de fortes chances que cet objectif de 355 navires ne soit, au final, rien de plus qu’un élément de stratégie déclaratoire de la part de l’administration Trump. Pour l’US Navy, le rééquilibrage à court terme entre ses propres capacités et celles de la Chine, mais aussi de la Russie, va donc devoir passer par une nouvelle équation en matière de munitions, bien plus faciles et rapides à produire en grande série que de nouveaux bâtiments de combat.

lcs fire naval strike missile Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Le Naval Strike Missile commence à équiper les corvettes Littoral Combat Ship. Plus léger qu’un LRASM, le NSM reste un missile redoutable dans sa catégorie.

l’US Navy veut commander 10 fois plus de missiles anti-navires que précédemment

D’ici à 2025, l’US Navy réclame ainsi l’achat de 850 missiles spécifiquement dédiés à la frappe antinavire, dans toutes sortes de configurations possibles, alors que moins de 90 missiles antinavires avaient été demandés entre 2016 et 2020 ! Le bon capacitaire est donc, en tout état de cause, phénoménal, mais s’explique par une volonté de disposer des moyens permettant de saturer les éventuelles défenses de la flotte chinoise en cas de conflit ouvert. Dans le détail, ces commandes, qui restent à valider par le Congrès, porteraient différents types de missiles. D’une part, 48 AGM-158 LRASM supplémentaires seraient commandés en 2021, représentant une augmentation de 50% du stock de ces missiles furtifs destinés aux chasseurs embarqués. D’autre part, la Navy devrait commander ses 44 premiers kits de guidage Maritime Strike permettant de transformer les missiles de croisière Tomahawk en missiles antinavires à très longue portée, lancés depuis des navires ou des sous-marins. Enfin, pour ses corvettes LCS, l’US Navy devrait commander une quinzaine de Naval Strike Missile conçus par le norvégien Kongsberg et Raytheon. Ce missile est relativement léger mais est doté d’une bonne allonge et d’un excellent kit de guidage, bien adapté à l’utilisation littorale des LCS.

Bien entendu, ces augmentations de stocks de missiles ne s’arrêteraient pas en 2021. D’ici à 2025, l’US Navy souhaiterait commander une cinquantaine de LRASM par an pour un total de 210, venant s’ajouter aux 99 déjà commandés. La production des kits Maritime Strike pour Tomahawk devrait monter en puissance et permettre de modifier 451 missiles de croisière en missiles antinavires. Enfin, la dotation en Naval Strike Missile devrait atteindre les 189 missiles en 2025.

Depart tomahawk Mark 41 VLS Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Les destroyers et croiseurs américains sont dotés du système de lancement vertical Mk41, capable de mettre en oeuvre des Tomahawk mais aussi une large gamme de missiles antiaériens, dont les SM-6 aptes au tir rapide contre des cibles de surface.

Extension des capacités des SM-6 et diminution des capacités de frappe vers la terre

En plus de ces 850 missiles spécialisés pour la frappe antinavire (même s’ils conservent des capacités de frappe au sol limitées), l’US Navy a réclamer d’ici à 2025 la livraison de 775 missiles SM-6 auprès de Raytheon. Missiles antiaériens intégrés aux destroyers et croiseurs dotés du système AEGIS, les missiles SM-6 ont été mis à jour depuis quelques années afin de leur permettre de cibler des navires de surface. Leur charge militaire n’est pas conçue pour détruire et couler un bâtiment de guerre, mais elle est suffisante pour en détruire les capteurs et armements et le mettre hors de combat. Mieux encore, leur vitesse largement supersonique permet d’apporter une réponse tactique face aux bâtiments équipés de défenses antiaériennes optimisées pour la destruction de missiles subsoniques comme les LRASM, Tomahawk et NSM.

A plus long terme, l’US Navy prévoit de poursuivre les achats de LRASM furtifs et de permettre leur emport dans les lanceurs verticaux des destroyers et croiseurs, renforçant d’autant la capacité de frappe antinavire de la flotte tout en procédant au remplacement des missiles Harpoon vieillissants. Bien entendu, un tel renforcement des capacités de frappe navales de l’US Navy ne se fait pas sans compromis. En effet, les silos de lancement vertical à bord des navires de surface ne sont pas extensibles à l’infini, et tout emport de missiles antinavires supplémentaires devra se faire au détriment d’autres capacités. La menace aérienne et balistique chinoise comme russe se faisant de plus en plus pressante, il y a peu de chance que la Navy réduise ses capacités antiaériennes.

LRASM Lockheed Martin JASSM Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La future variante à lancement vertical du LRASM viendra renforcer les capacités antinavires tout en conservant une capacité de frappe vers la terre à moyenne portée, compensant partiellement le retrait des Tomahawk Block III.

En toute logique, ce sera la dotation en missiles de frappe vers la terre qui sera principalement impactée par le changement de stratégie opéré par la Navy. Comme nous l’avons déjà vu, le programme en cours visant à moderniser les missiles Tomahawk conduira non seulement à la transformation de près de 500 missiles de croisière en missiles antinavires, mais devrait aussi imposer le retrait du service des Tomahawk Block III. La flotte totale de Tomahawk passera ainsi de près de 4000 Block III et IV à moins de 1500 Block V, dont près d’un tiers équipé en Maritime Strike.

Conclusion

Sur un plan purement stratégique, la réorientation des moyens de frappe de l’US Navy est, en soi, une victoire pour la Chine qui pousse les États-Unis à réduire leurs moyens de frappes offensives afin de renforcer leurs capacités défensives tactiques. Mais un tel revirement pourrait aussi symboliser la fin de l’ère interventionniste américaine, notamment au Moyen-Orient et en Afrique où les Tomahawk se sont longtemps illustrés, et le retour progressif des capacités d’affrontement symétrique notamment en haute mer. Plus prosaïquement, il est aussi possible de voir dans cette nouvelle stratégie des moyens un rééquilibrage des différentes forces américaines. L’US Navy renforce ses moyens de lutte en haute mer et de frappe littorale, tandis que le nouveau bombardier B-21 attendu lui aussi pour 2025 permettra à l’USAF de reprendre à son compte une partie des opérations de frappes conventionnelles longtemps déléguées aux missiles de croisière de la Navy.

Finalement, le prix du F35 ne baissera pas en 2020, ni en 2021 …

Décidément, l’actualité n’est guère favorable pour le F35 en ce moment … Après la grande campagne médiatique de la fin 2019, qui annonçait la baisse des prix d’acquisition du F35 pour les lots 14 et 15, sous la barre des 80 m$ pour la version A, il semble que la réalité soit quelque peu différente. En effet, à l’occasion de l’étude du budget présentée par le Pentagone au Congrès pour l’année fiscale 2021, le prix des Joint Strike Fighter semble non seulement ne pas baisser vis-à-vis de 2019, mais même légèrement augmenter …

C’est en priorité l’éviction de la Turquie du programme qui est mise en cause ici. Non seulement le nombre d’appareils à produire est inférieur à celui prévu, mais les pièces de l’appareil réalisées par l’Industrie Turque , et qui doivent d’ici la fin du mois de mars être intégralement redistribuées auprés des entreprises américaines et des autres partenaires du programme, ont vu leurs prix sensiblement augmenter dans la manoeuvre, impactant de fait les prix de revient des 3 versions de l’appareil. En outre, il semblerait que les livraisons internationales n’atteignent pas, en 2021, les niveaux espérées par le constructeur américain pour respecter la baisse des prix d’acquisition négociée. Même si ce n’est pas pointé officiellement, il est probable que le report de la production à pleine capacité de l’appareil à 2021 annoncée en octobre 2019, handicape les gains de productivité espérés, et que les dépenses pour corriger les défauts constatés sur l’appareil grèvent également le modèle.

Factory F35 Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
L’industrie turque fournissait 900 pièces pour l’avion de Lockheed, dont 400 n’étaient fabriquées que sur le sol turc

Même si plusieurs pays ont récemment annoncé des commandes ou extensions de commande concernant l’avion américain, les livraisons ne doivent pas intervenir avant plusieurs années, et ne permettent pas de combler le déficit de 10 appareils par an qui devaient être livrés à la Turquie. En 2020, l’US Air Force s’est vue créditée d’un milliard de $ supplémentaires pour acquérir les appareils destinés à la Turquie, et ainsi maintenir la cadence de production. Mais rien ne garantit que l’effort sera maintenu en 2021, d’autant que l’US Air Force doit également financer d’autres programmes, comme le remplacement des ravitailleurs KC-135 par le KC-46, le remplacement des avions d’entrainement T38 par le T7a de Boeing, ou soutenir l’effort pour concevoir le B-21 Raider.

Reste à voir désormais dans la durée quel sera l’impact effectif du retrait de la Turquie du programme, dont l’industrie fournissait entre 6 et 7% des pièces du programme F35, la moitié d’entre elles n’étant pas produites ailleurs. Les autorités turques avaient ainsi estimées, avec naturellement un biais marqué, que le prix du F35 allait augmenter de 7 à 10 millions de $ par appareil du fait du retrait du pays du programme, ce qui représenterait tout de même, à terme, une hausse de 10% du prix de vente des appareils. Il faudra donc être attentif dans les mois et les années à venir, aux prix réellement payés par les clients du programme, au delà des annonces purement médiatiques, personne n’ayant intérêt à admettre que les prix ne respecteraient pas les engagements pris.

Boeing dévoile en ombres chinoises sa vision de l’hélicoptère léger d’attaque américain

Des 5 finalistes sélectionnés par l’US Army pour concourir au programme FARA (Futur Attack Reconnaissance Aircraft) destiné à remplacer les hélicoptères légers OH-58 Kiowa déjà retirés du service, ainsi qu’une partie des hélicoptères d’attaque, Boeing était le seul à ne pas avoir dévoilé son modèle, alors même que la firme de Seattle produit actuellement l’AH64 Apache, fer de lance de la composante d’attaque heliportée de l’US Army. Mais la petite video promotionnelle publiée hiers sur Twitter n’en dévoile guère plus …

En effet, une courte video a été publiée mardi 11 sur le compte Twitter de Boeing, pour annoncer la présentation prochaine de ce modèle qui, pour l’heure, n’a pas encore de nom. Et sur les 22 secondes que dure cette vidéo, l’appareil n’apparait en ombre chinoise que durant moins de 4 secondes. C’est toutefois suffisant pour en déduire les grandes lignes de la configuration retenue par Boeing :

  • Equipage double en tandem
  • Hélice propulsive arrière
  • ailettes de part et d’autre de la cellule pour mettre en oeuvre l’armement
  • canon automatique sous le nez de l’appareil
  • Selon les observations détaillées faites par Julien Maire sur son compte twitter, il semble en outre que le rotor principal soit composé de 6 pales.

Contrairement au Raider X de Sikorsky, l’appareil n’emploie pas de rotors contra-rotatifs pour assurer la poussée anti-couple. Il est probable cependant qu’il utilise un petit rotor anti-couple déporté pour ne pas interférer avec les flux de l’hélice propulsive, comme proposé par Boeing pour son projet d’hélicoptère Apache à hautes performances. La société Karem Aircraft, qui concoure également pour le programme FARA, a retenu une configuration similaire, mais fait reposer la stabilité de l’appareil sur un contrôle individualisé de chacune des pales du rotor, permettant semble-t-il de se passe d’anti-couple. Il faudra cependant attendre la présentation officielle de l’appareil de Boeing pour avoir des réponses plus précises sur les technologies employées, et sur les performances attendues de l’appareil.

Capture decran boeing Fara Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Capture d’écran de la video Boeing, montrant, ou plutôt permettant de devenir, la configuration proposée

La prochaine étape du programme FARA, qui se tiendra en cette année, verra la sélection de 2 finalistes parmi les 5 offres concurrentes. Ces derniers auront alors deux ans pour construire un prototype, qui devra faire son premier vol en 2023. A la suite d’une évaluation en vol des deux appareils, l’US Army sélectionnera le modèle et le constructeur, avec une entrée en service en 2028, soit à peine 10 ans après le lancement du programme.

Contrairement aux programmes précédents de l’US Army marqués par un nombre important d’échecs, le programme FARA offre beaucoup plus de latitude aux industriels pour concevoir une offre se voulant équilibrée tant du point de vue opérationnel qu’industriel et financier. Ainsi, la société Bell, avec l’Invictus 360, propose un hélicoptère de conception traditionnelle, mais aux performances poussées aux limites de ce que peuvent accomplir ces appareils, avec une vitesse de pointe de l’ordre de 200 noeuds. En revanche, l’offre budgétaire et les délais seront, semble-t-il, très attractifs. Pour Sikorsky, avec son modèle Raider X à rotors contra-rotatifs et hélice propulsive, l’effort est centré sur des performances très élevées, notamment en terme de vitesse, de sorte à combler l’écart entre hélicoptère de combat et avion de reconnaissance et d’attaque léger, ce qui, évidemment, nécessitera des délais plus longs, et un budget supérieur.

Maquette Boeing FARA J.MAIRE Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Maquette du projet d’hélicoptère apache à haute performance de Boeing. Remarquez le rotor anti-couple déporté pour ne pas interférer avec l’hélice propulsive

Il semble que Boeing ait fait des choix intermédiaires. En se passant d’un rotors cobra-rotatifs, l’appareil devrait avoir une maintenance simplifiée, et un cout inférieur à celui du Raider. Contrairement à Karem, la présence supposée d’un rotor anti-couple couple simplifierait, là encore, l’entretien de l’appareil vis-à-vis d’un rotor à gestion indépendante de pâle. On comprend dès lors que les choix technologiques proposés par Boeing forment une sorte de synthèse entre les hautes performances de Sikorsky et Karem, et la simplicité et les délais courts de Bell. Un positionnement qui n’est pas sans rappeler ceux des deux derniers succès en matière de contrats militaires de Boeing, à savoir le drone embarqué MQ-25 Stingray pour l’US Navy, et l’avion d’entraînement T-7a Red Hawk pour l’US Air Force. Il est d’ailleurs probable que, là encore, Boeing frappera fort en matière d’engagements contractuels et d’offres financières, la pérennité de la filière hélicoptère de la société étant menacée.

La mise à l’eau du Suffren marque une nouvelle étape pour un programme Barracuda qui vise aussi le marché export

Dans la soirée d’avant-hier, la Ministre des Armées Florence Parly a déclaré sur Twitter que le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren, premier bâtiment de type Barracuda, avait effectué sa première plongée le 4 février dernier. En réalité, comme cela nous a été confirmé par un représentant de Naval Group, qui construit les nouveaux sous-marins dans son chantier naval de Cherbourg, il s’agissait non pas de la première plongée mais bel et bien de « la première mise à l’eau complète dans le bassin de mise à l’eau de Cherbourg ». Une différence de taille, mais qui ne doit pas cacher le fait que le programme Barracuda avance aujourd’hui en temps et en heure, avec toutes les précautions de mise pour un bâtiment embarquant un réacteur nucléaire.

C’est en effet ce type de propulsion qui explique que plus de six mois ont séparé le « lancement » officiel du Suffren, le 12 juillet dernier, et cette première mise à l’eau complète, prélude à une première plongée attendue maintenant sous peu. Pour rappel, le bassin dans lequel se situe le Suffren avait été mis en eaux au début du mois d’août, mais le sous-marin restait jusqu’ici soutenu par une ligne de tins placés au fond du bassin. Alors que « lancement » et « mise à l’eau » sont généralement parfaitement synonyme pour les sous-marins conventionnels, la tête de série du programme Barracuda a demandé des préparatifs beaucoup plus longs afin de mettre en branle en toute sécurité son système de propulsion nucléaire. Ce premier démarrage du réacteur nucléaire, appelé « divergence« , a demandé une préparation de plusieurs mois par les équipes du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et de TechnicAtome, assistées par le constructeur Naval Group et la Marine Nationale.

Scorpene Riachuelo Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Le lancement du Riachuelo, premier Scorpène construit sous licence au Brésil, correspondait effectivement à sa première mise à l’eau. La complexité des bâtiments à propulsion nucléaire, notamment les premiers de classe, impose un lancement en deux temps.

En soi, la divergence est une procédure assez rapide qui marque le début du fonctionnement du réacteur qui ne sera réellement arrêté que lors du retrait du service dans les années 2050. La divergence demande une attention toute particulière, particulièrement dans le cas du Suffren. En effet, le réacteur équipant les sous-marins Barracuda est une nouvelle variante, a priori plus puissante, du réacteur K15 de 150 mégawatts qui équipe les SNLE de la classe Le Triomphant et le porte-avions Charles de Gaulle. Dans les jours à venir, si ce n’est déjà fait à l’heure où nous écrivons ces lignes, le réacteur du Suffren sera en mesure de fournir la puissance nécessaire pour alimenter les turbines à vapeur du bâtiment, lui permettant une propulsion autonome et une capacité de plongée aussi bien statique qu’en mouvement.

Le Suffren pourra alors commencer ses premiers essais en mer qui devraient se déroulé tout au long de l’année à un rythme particulièrement soutenu. Dans les prochaines semaines, des plongées statiques seront effectuées à Cherbourg avant un transfert à Brest pour y conduire des essais de plongée profonde. Le sous-marin devrait être ensuite envoyé à Toulon dans l’été afin de procéder aux premiers essais du système d’arme. Livré à la Marine Nationale avant la fin de l’année, le Suffren devrait être mis en service dès 2021, voire d’ici la fin 2020. A ce moment-là, après le retrait du Rubis en décembre prochain, la Marine Nationale ne devrait en effet plus disposer que de quatre sous-marins nucléaires d’ancienne génération.

Macron Parly Guillou Suffren Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La Ministre des Armées Florence Parly et le Président de la République ont assisté au « lancement » du Suffren le 12 juillet 2019. On les voit ici en présence d’Hervé Guillou, PDG de Naval Group, qui devrait prendre sa retraite le mois prochain.

A terme, six bâtiments de la classe Suffren devront être mis en service avant la fin de la décennie afin de remplacer complètement les six Rubis mis en service dans les années 1980. Long de 99m pour un déplacement de 4700t en surface et de 5300t en plongée, le Suffren sera armé par 65 marins (hommes et femmes) et aura la possibilité d’embarquer une quinzaine de commandos pouvant opérés à partir d’un « dry dock shelter » de 15m et 43t pouvant être embarqué sur le dos du submersible. Plus de deux fois plus lourds et puissants que les Rubis qu’ils remplacent, les sous-marins du type Barracuda disposeront également d’une autonomie en vivre de 70 jours contre 45 pour les Rubis (l’autonomie en propulsion est, elle, virtuellement illimitée) et embarqueront également bien plus de munitions.

Ainsi, alors que la soute des Rubis permettait d’embarquer dix armes lourdes, torpilles ou missiles, celle du Suffren permet l’embarquement de 20 armes, en plus des quatre chargées en tubes. Là où les sous-marins français actuels embarquent la torpille F17 et le missile Exocet, les Barracuda seront armés de la nouvelle torpille lourde F21, considérée comme l’une des plus performantes et des plus fiables du monde, y compris pour des lancements à grande vitesse à grande profondeur. En plus des missiles antinavires Exocet, les Barracuda embarqueront également le missile de croisière naval MDCN de MBDA, offrant à la France une capacité de frappe en profondeur en toute discrétion.

Suffren chantier barracuda Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Lors de son lancement officiel en juillet 2019, le Suffren n’était pas parfaitement achevé. Quelques équipements devaient encore être embarqués, notamment pour permettre de démarrer le coeur de son réacteur.

S’il n’est pas exportable en l’état, propulsion nucléaire oblige, le Suffren est cependant le représentant français d’une gamme de bâtiments, les Barracuda, qui ont déjà remporté un succès notable à l’exportation, en Australie. Le Shortfin Barracuda a en effet remporté un appel d’offre en 2016 pour la livraison de pas moins de 12 sous-marins océaniques à propulsion conventionnelle. Désignée localement classe Attack, cette variante du Barracuda devrait être légèrement plus petite que la classe Suffren (97m de long et 4500 tonnes en surface) mais conserver sa furtivité, grâce notamment au propulseur pump-jet, et la majorité de ses capacités opérationnelles. Les bâtiments australiens seront néanmoins doté d’un système de combat américain, fourni par Lockheed Martin, le flotteur n’étant d’origine européenne qu’en raison d’une absence américaine sur le marché des sous-marins conventionnels.

Outre l’Australie, une version plus légère du Barracuda est également proposée aux Pays-Bas. Dans les faits, Naval Group est en mesure de proposer des versions sur mesure de son sous-marin en y intégrant à la fois des batteries de haute capacité et/ou un module AIP, en fonction des besoins opérationnels de chaque marine. L’Australie, qui privilégie la capacité de déploiement à haute vitesse à celle de patrouille lente, semble avoir refusé l’option AIP pour maximiser la densité en modules batterie, tandis que la variante hollandaise serait plus équilibrée sur ce point.

Suffren en assemblage Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Le Suffren en assemblage final. Les six sous-marins français de la classe Suffren / type Barracuda sont aujourd’hui finalisés ou en cours d’assemblage, à divers stades d’industrialisation

Enfin, certaines technologies du Barracuda pourraient bien se retrouver à l’avenir à bord du projet indien P75i. Celui-ci sera basé sur un nouveau design s’apparentant sans doute à une version agrandie du Scorpène à laquelle on aurait intégré, sans aucun doute, certaines caractéristiques du Barracuda. Aucun détail n’a filtré de ce projet, mais on peut imaginer, parmi les éléments inspirés du Barracuda, un propulseur pump-jet ou, plus simplement, une disposition en X des barres de plongée arrière, voire la capacité d’emport du Dry Dock Shelter conçu par Naval Group pour les Suffren. En cas de succès de la proposition française pour le P75i indien, on pourrait ainsi espérer que l’Indian Navy opte sur le long terme pour un partenariat stratégique durable avec Naval Group, à l’instar de ce qu’a pu faire la marine sud-coréenne avec l’Allemand TKMS. En effet, après la construction de six Scorpène et, souhaitons-le, de six nouveaux P75i, l’Inde pourrait alors envisager le développement de son propre sous-marin lourd, inspiré de sa longue collaboration avec Naval Group. Le Barracuda, dans une version conventionnelle d’environ 4000t, serait alors un candidat idéal.

D’autant plus que ce design local, dérivé éventuel du Barracuda, pourrait par la suite être dérivé en sous-marin nucléaire, dont l’Indian Navy a cruellement besoin. L’expérience n’aurait rien de révolutionnaire pour Naval Group, qui offre déjà une assistance au Brésil pour la conception du sous-marin nucléaire d’attaque local, le SN-BR. Ce dernier, cependant, n’est pas un dérivé du Barracuda mais un design local d’environ 8000t, un format nécessaire pour accueillir la chaufferie nucléaire brésilienne. Pour le SN-BR, comme pour toute éventuelle demande d’assistance sur un futur sous-marin nucléaire indien (voire Australien), Naval Group n’intervient pas sur les parties nucléaires, mais fournit son expérience en matière de design ainsi que différents sous-éléments critiques, à la fois matériels et logiciels (notamment le systèmes de combat).

Shortfin Barracuda pumpjet Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Le propulseur « pump-jet » du Barracuda a été un des éléments ayant permis de faire basculer le choix australien en faveur de Naval Group. Ce type de propulseur, particulièrement silencieux, fait partie intégrante de la famille Barracuda.

Resterait néanmoins, pour l’Inde, à trouver les financements pour un tel projet, alors même que l’Indian Navy s’apprête à subir une période de vaches maigres. Plus difficile encore, une telle vision industrielle, opérationnelle et diplomatique sur le long terme demanderait une planification, une rationalité décisionnelle et un volontarisme qui semblent encore largement hors de portée des autorités civiles et militaires indiennes!

Dans tous les cas de figure, après plusieurs années de retard au début du programme, les Barracuda français semblent en bonne voie pour remplir leurs objectifs industriels et opérationnels, en attendant d’éventuelles nouvelles commandes pour cette famille de submersibles au design particulièrement modulaire.

Après 9 mois de croissance rapide, Meta-Défense lance son offre Corporate

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Le 10 février 2020, Meta-Defense a passé le cap des 9 mois d’existence, 9 mois d’une intense croissance et d’une extreme densité. En moyenne, l’auditoire du service à doublé tous les 2 mois depuis sa création, et nous dépassons désormais en moyenne les 3500 visiteurs uniques par jour, dont 1500 par l’application mobile, et les 10.000 articles consultés quotidiennement. L’application Mobile est utilisée par plus de 3000 personnes en France, en Europe et dans le Monde, et plus des 90% d’entre eux se connectent au moins deux fois par semaine. Quand aux réseaux sociaux, outre les 30 k abonnés sur le compte LinkedIn, Meta-défense a dépassé les 10.000 abonnés sur Facebook. En seulement 9 mois, Meta-Défense s’est positionné comme un acteur majeur de l’information de Défense en France, mais également en Europe.

En effet, le succès international constaté les premiers mois ne se dément pas, puisque 35% des utilisateurs se connectent hors de france, dont 15% d’Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Unis et Grèce, 10% des pays francophones Belgique, Suisse et Canada, et 10% du reste du monde. Le nombre d’abonnés est également en croissance rapide, avec une satisfaction particulière concernant l’abonnement étudiant qui rassemble plus de 25% des abonnés directs souscrits (hors abonnements entreprise).

Nous sommes fréquemment sollicités de la part d’étudiants, de militaires, ou de membres d’associations ou d’entreprises de la BITD, qui souhaitent savoir si leur « corporation » ouvre droit à des remises spéciales. C’est la raison nous lançons aujourd’hui l‘offre CORPORATE.

Concrètement, l’offre CORPORATE permet à une corporation de proposer à ses adhérents ou collaborateurs des conditions tarifaires spéciales et attractives pour souscrire un abonnement à Meta-Défense. Le Type d’abonnement et le montant de la remise, pouvant dépasser les 80%, varie selon la nature de la corporation, et le nombre de personnes à qui sera proposé cet abonnement spécial. La mise en oeuvre est simple et rapide (moins de 24h), par l’intermédiaire d’un code d’inscription et d’une page d’inscription dédiée qu’il suffit de communiquer aux adhérents, chacun étant par la suite à même de décider s’il souhaite, ou non, souscrire cet abonnement. Aucun engagement sur le nombre d’abonnés enregistrés n’est requis de la part de la Corporation. Pour les Corporation qui le souhaitent (et qui en ont les moyens et la légitimité), il est possible de mettre en place un principe d’abondement à la souscription.

Cliquez ici pour découvrir l’offre CORPORATE dans le détail

Les ambitions aériennes des États-Unis se révèlent dans le budget 2021

Chaque année, le Pentagon publie une proposition du budget servant de base à sa stratégie des moyens et à l’élaboration de la doctrine américaine. Depuis une quinzaine d’année, les débats qui s’ensuivent au Congrès conduisent souvent à de substantielles modifications de la planification du Pentagon, montrant les dissensions qui ne peuvent manquer d’apparaître entre les besoins opérationnels, les contraintes politiques et les impératifs de préservation du tissu industriel. Dans tous les cas, que les décisions prises proviennent des militaires ou des législateurs, elles restent l’objet de compromis, puisqu’elles sont élaborées dans l’optique de respecter un budget qui, lui, est fixe.

Cette année, la proposition de budget concernant les capacités aériennes américaines (le Airpower) pour l’année fiscale 2021 montrent un certain fléchissement du Pentagon en général et de l’USAF en particulier vis-à-vis des impératifs industriels et politiques des années passées, et donc une volonté d’éviter une bataille frontale sur certains points clés, comme le retrait des avions d’attaque A-10. Néanmoins, aux vues des prévisions du Pentagon, un grand nombre de points feront grincer des dents puisque certaines capacités clés semblent devoir être remises au placard afin de libérer des fonds pour le sacro-saint programme F-35.

A10 Thunderbolt Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Ces dernières années, l’avion d’attaque A-10 est devenu le symbole du bras de fer politique entre les tenants du « tout F-35 » et les défenseurs d’une stratégie des moyens basée sur des équipements militaires plus spécialisés

En matière d’avions de combat, l’USAF, l’US Navy et les Marines ont réclamés des fonds pour 115 chasseurs, dont 79 F-35 toutes versions confondues. Il est intéressant de noter que cela représente 19 F-35 de moins que ce que le Pentagon avait réclamé pour l’année 2020, ce qui résulte a priori du nouveau retard accumulé l’année dernière sur le programme. En effet, alors que la production à pleine cadence était attendue pour fin 2019, ouvrant la possibilité légale à des achats pluriannuels, celle-ci n’est plus attendue avant le début 2021… si aucun autre problème ne survient d’ici là. En plus des 79 F-35, les commandes d’avions de combat porteraient ainsi sur 24 nouveaux F/A-18 Super Hornet Block III ainsi que sur 12 avions F-15X de dernières génération.

Pour le Pentagon, les 24 Super Hornet de 2021 devraient être les derniers avions de ce type à être commandés pour les États-Unis. Au-delà, les fonds aujourd’hui consacrés à l’achats de Super Hornet et de Growler devraient donc être redirigés vers le développement d’un nouvel appareil de « 6e génération » dans le cadre du programme Next Generation Air Dominance. Estimant que ses Super Hornet comme ses F-35C manqueront d’allonge face aux menaces futures, notamment dans le Pacifique, l’US Navy cherche effectivement à développer un nouveau système de combat aérien à longue portée, pouvant comprendre un avion piloté et des systèmes automatisés. On notera toutefois que le Congrès a, historiquement, toujours eu tendance à pousser à la commande de Super Hornet ou de Growler supplémentaires afin de maintenir en activité la chaîne d’assemblage de Boeing –ce qui est un enjeu politique en soi– et de ne pas faire reposer tout l’avenir de l’aviation de combat américaine sur le seul F-35. Pas tant que ce dernier n’est pas pleinement opérationnel en tous cas.

IST F18 Super Hornet Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Les livraisons de Super Hornet Block III devraient continuer encore quelques années, même si l’horizon s’obscurcit pour l’appareil de l’US Navy

La posture du Congrès sur la question du Super Hornet pourrait cependant changer pour 2021 avec l’arrivée du F-15EX, également produit par Boeing et également considéré comme un palliatif acceptable –aux USA et à l’exportation– en cas de retard ou d’échec du F-35. Au-delà de 2021, à défaut de soutenir trois programmes différents, les législateurs pourraient bien décider d’accepter la fermeture de la chaîne du Super Hornet, d’autant plus que la flotte de l’US Navy est globalement bien plus récente que celle de l’USAF. Les 12 F-15EX viendraient alors s’ajouter aux 8 appareils déjà commandés en 2020, et cette nouvelle variante ultra-musclée du Eagle devrait rester en production au moins tant que la chaîne d’assemblage du F-35 ne tournera pas à plein régime.

Au final, c’est principalement sur la flotte d’attaque au sol et sur les appareils de soutien que les inévitables coupes budgétaires se porteront. Face à l’augmentation des menaces majeures, notamment en Europe de l’Est, le Pentagon semble avoir compris l’intérêt de préserver une flotte de A-10C parallèlement aux chasseurs de hautes performances F-16/F-15/F-22/F-35. Depuis 2017, le retrait total de l’appareil n’est plus réclamé, mais l’USAF cherche toujours à faire des économies sur la flotte de A-10C. Pour 2021, le Pentagon réclame ainsi le retrait des 44 plus vieilles cellules de A-10, réduisant ainsi ses frais de fonctionnement en passant à six escadrons d’attaque tout en faisant l’économie du coûteux remplacement des ailes pour ces appareils. Un compromis jugé équitable par le Pentagon et l’USAF, mais qui risque encore une fois d’être rejeté par les législateurs qui soutiennent résolument le A-10C dans les deux camps politiques, la sénatrice républicaine Martha McSally étant elle-même ancienne pilote de A-10. Au final, c’est sans doute le retrait anticipé de 17 bombardiers lourds B-1B qui a le plus de chance d’être acté, puisqu’une flotte réduite à 43 appareils semble suffisante en attendant l’arrivée du nouveau B-21 dont l’entrée en service est attendue pour 2025.

B 21 Raider Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Le futur B-21 aura un rôle majeur dans le modèle NGAD, en permettant de réaliser des frappes air-sol, air-mer mais aussi de la destruction de cibles aériennes à longue distance. Le programme de chasseur de 6e génération pour l’USAF est, par contre, encore dans les limbes conceptuelles.

Pour l’USAF et dans l’US Navy, une vingtaine de drones Global Hawk RQ-4 et EQ-4, des plus anciennes variantes, devraient être retirés du service, malgré la jeunesse relative de la flotte. Cela inclut notamment les RQ-4A BAMS-D de l’US Navy, dont un exemplaire a été abattu par l’Iran en juin dernier. De nouveaux RQ-4B Block 40 et MQ-4C Triton devraient être commandés dans les années à venir pour compenser ces retraits, tandis que le budget 2021 pourrait couvrir l’achat d’avions de renseignement électronique E-11 supplémentaires. Pendant une période de 4 à 5 ans, néanmoins, l’USAF et l’US Navy devraient connaître un certain déclin de leurs capacités d’écoute électronique, compensées partiellement par le désengagement américain de certains théâtres d’opération.

C’est néanmoins dans la flotte de soutien logistique que le Airpower américain pourrait connaître le plus de difficulté au cour de cette nouvelle décennie. A l’instar du F-35A pour les avions de combat, le nouveau ravitailleur de Boeing KC-46 connaît une augmentation incontrôlée de ses coûts, des retards à répétition et des problèmes techniques qui sont encore loin d’être réglés. Bien que l’appareil ne soit toujours pas autorisé pour des opérations de combat, le Pentagon réclame une nouvelle commande de 15 KC-46 Pegasus. Dans le même temps, néanmoins, l’année 2021 pourrait voir le retrait du service de deux fois plus de ravitailleurs, à savoir 13 KC-135R vieillissants et 16 KC-10A Extender. Or, la soixantaine de KC-10 en service dans l’USAF constitue la seule capacité de ravitaillement lourde américaine, avec de bien meilleures performances que le KC-135 ou le KC-46. Si les Extender, triréacteurs, coûtent plus cher en maintenance, ils offrent également des capacités de ravitaillement à longue allonge non seulement uniques, mais également de plus en plus indispensables pour la conduite des opérations aériennes de l’USAF, surtout à l’heure où le très gourmand F-35 entre en service. Seule consolation: la mise à la retraite d’une quinzaine de KC-10 pourrait permettre à ces derniers d’intégrés des flottes privées qui, prochainement, pourraient travailler sous contrat avec l’USAF.

Boeing KC 46 Pegasus Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Alors que l’avion aurait dû entrer en service simplement et rapidement et laisser la place à un nouveau ravitailleur de grande capacité, le KC-46 accumule les surcoûts et les retards, obligeant au retrait anticipé des seuls ravitailleurs de haute capacité aujourd’hui en service.

Ainsi, il semble que l’USAF n’ait pas d’autre choix que de sacrifier une partie de ses capacités à court terme si elle veut pouvoir dégager les fonds pour le développement de ses capacités futures. Un milliard de $ a été réclamé pour son propre Next Generation Air Dominance (NGAD), qui devrait étudier les systèmes et vecteurs aériens nécessaires pour conserver la supériorité opérationnelle au-delà de 2030. Dans l’intervalle, face au vieillissement de sa flotte d’avions de combat et de ravitailleurs, l’USAF n’a pas d’autres choix que de maintenir ses objectifs de livraison de F-35 (avec des F-15EX en complément) et de KC-46, même si les prévisions d’achat à long terme pour ces deux appareils pourraient être bouleversées par les conclusions de la phase de recherche du NGAD. Reste que le Congrès aura le mot final sur la planification du Airpower américain et pourrait bien renforcer certains programmes (F-15X? A-10?) et réduire d’autres ambitions à la baisse.

Face à la Russie, la Turquie membre de l’OTAN joue-t-elle avec le feu en Syrie ?

La confrontation entre les forces syriennes régulières de Bashar Al Assad, soutenue par la Russie, et la Turquie, ont franchi un nouveau palier en ce début de semaine. Selon un communiqué du ministère de La Défense turc, les forces armées du pays auraient « neutralisé » plus d’une centaine de militaires syriens, ainsi que 3 chars, 2 positions d’artillerie et un hélicoptère appartenant aux forces armées syriennes. Cet engagement fut déclenché en réponse à une attaque lancée lundi matin par les forces syriennes, et ayant couté la vie à au moins 5 militaires turcs, et blessant autant de soldats.

Contrairement aux accrochages précédents, qui opposaient majoritairement les forces syriennes et les milices islamistes fidèles à Ankara, il s’agit cette fois d’un engagement majeur entre deux armées régulières, ayant fait un nombre significatif de victimes dans les deux camps. Or, si pour l’heure la Russie reste sur la retenue, essayant de ne pas être directement impliquée dans ces engagements, il est possible, voir probable, que cela ne dure pas si la confrontation devait perdurer, d’autant que, dans le même temps, la base aérienne de Hmeimim, ou sont basées une grande partie des forces aériennes russes déployées en Syrie, aurait à nouveau subi des attaques par drones.

Le Su25 Frogfoot a ete largement employe par les forces aeriennes russes en Syrie Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La base de Hmeimim ou sont positionnées les forces aériennes russes en Syrie a, à nouveau, subi des attaques par drones ces derniers jours

Depuis le 25 janvier, les forces syriennes régulières, fidèles à Damas et au régime de Bashar Al Assad, ont entamé un vaste mouvement visant à reprendre, entre autre, la ville stratégique d’idlib, au nord du Pays. A la croisée des principaux axes routiers régionaux, et idéalement placée pour contrôler la zone, cette ville représente un enjeu stratégique pour Damas afin de reprendre le contrôle intégral du pays. Mais elle représente également un point clé dans le dispositif turc, et la zone tampon de 30 km mise en place par l’armée turque suite à l’offensive de cet automne contre les forces kurdes du YPG. Pour tenir la ville, Ankara y déploya ses milices paramilitaires, limitant la présence de ses forces régulières à 12 postes d’observation renforcés autour d’elle.

Après s’être rendue maitresse des principaux axes routiers menant à Idlib, les forces syriennes entrèrent en contact avec ces milices, et les premiers affrontements ne tardèrent pas. Cependant, lundi, ces affrontements opposèrent les forces syriennes et des unités de l’armée turque, créant une escalade significative dans ce conflit, d’autant que le bilan matériel et surtout humain est lourd pour les deux camps. Dans un discours prononcé aujourd’hui à Ankara, le président turc R.T Erdogan a ainsi appelé explicitement au durcissement des affrontements contre les forces armées syriennes, et annonça qu’il révélera demain mercredi les mesures qui seront prises à cet effet.

President Erdogan Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Dans son discours prononcé aujourd’hui, le président Erdogan a appelé au durcissement des attaques contre les forces du régime de Damas

Coté russe, la réponse n’est pour l’heure venue que de la part du ministère des affaires étrangères, qui a prévenu Ankara de ne pas mener d’actions contre Idlib, sans toutefois expliciter le contenu de la réponse russe si une telle action devait avoir lieu. En restant sur la réserve, le président Russe, Vladimir Putin, entend probablement conserver une certaine marge de manoeuvre vis-à-vis de la situation, que ce soit pour tenter de parvenir à un règlement diplomatique, ou pour, si nécessaire, se déclarer non-intervenant dans ce conflit. Il peut également, tout aussi bien, décider d’intervenir en soutien de son allié Syrien, mais les risques seraient alors très importants.

En effet, Ankara est, et reste, un membre de l’OTAN, et par le fait, un allié des Etats-Unis et d’un grand nombre de pays européens. Si Moscou décidait d’intervenir militairement en soutien des forces syriennes, le conflit en Syrie prendrait immédiatement un aspect différent, mettant en oeuvre deux forces aériennes majeures. Or, pour prendre l’avantage sur la Turquie, Moscou devra nécessairement neutraliser ses bases aériennes, ainsi que certains postes de communication et de commandement, présents sur le sol Turc, représentant dès lors une agression caractérisée relevant de l’article 5 de l’Alliance Atlantique, et entrainant, dès facto, le soutien de l’ensemble des membres de l’OTAN.

Iskander systeme Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La Russie pourrait bien n’avoir d’autres choix que de mettre en alerte ses forces stratégiques si la tension devait s’accroitre avec Ankara, membre de l’OTAN.

On comprend dès pourquoi Vladimir Poutine fait preuve de discrétion et de réserve aujourd’hui, face aux déclarations de son homologue turc. Il ne fait aucun doute que la dangerosité potentielle de la situation n’aura pas échappé aux grandes capitales européennes, ainsi qu’à Washington. Car si le président Erdogan menait à terme ses menaces, Moscou n’aurait alors que deux choix :

  • faire pression sur son allié syrien pour renoncer à reprendre Idlib, et acter une annexion de fait du nord de la Syrie par Ankara
  • ou mettre en alerte ses forces, y compris ses forces stratégiques, pour amener Ankara à se retirer de Syrie, y compris en faisant pression sur les alliés de l’OTAN

Dans le premier cas, l’image de force de la Russie et de son président sur la scène internationale comme intérieure serait sensiblement altérée, pouvant menacer jusqu’à sa pérennité au pouvoir. Dans le second cas, Ankara pourrait se retrouver propulsée à nouveau dans le camp occidentale, avec en prime deux régiments de S400, alors que la Russie se retrouverait à devoir faire face à de nouvelles sanctions économiques et politiques. Deux scénarios bien peu satisfaisant pour le Kremlin, laissant la porte ouverte à des dérives dangereuses. On ne peut qu’espérer que les canaux diplomatiques puissent rapidement trouver une porte de sortie à cette crise, avant que l’escalade devienne incontrôlable.

Les 4 premières corvettes LCS de l’US Navy en passe d’être retirées du service

La publication des demandes émanant du Pentagone concernant le budget des armées US pour 2021 offre de nombreux sujets de réflexion, et de nombreuses « surprises » montrant la profonde évolution de la perception stratégique américaine pour les décennies à venir. Parmi ces demandes, une des plus spectaculaires est celle émanant de l’US Navy, concernant le retrait des 4 premières unités du programme Littoral Combat Ship, des navires qui sont en service de depuis 6 à 12 ans seulement.

Présentés à leur lancement comme la panacée en matière de conception moderne et modulaire des navires du combat, les Littoral Combat Ships se sont avérés être dans la parfaite lignée de ces programmes trop ambitieux et mal conçus qui firent le bonheur des industriels américains ces 20 dernières années. Divisés en deux classes, la classe Freedom monocoque de 3000 tonnes conçue par Lockheed-Martin, et la classe Indépendance trimaran de 2800 tonnes conçue par General Dynamics, ces corvettes conçues pour la vitesse et l’action littorale, devaient permettre, par l’emport de modules, de s’adapter à tout un ensemble de missions, allant de la souveraineté à la lutte anti-sous-marine ou à la guerre des mines. Malheureusement, il s’avéra rapidement que ces ambitions étaient excessives, et la dimension modulaire fut abandonnée, alors que le prix par navire passait lui de 250 m$ à plus de 700 m$ au fil des constructions.

LCS Independence Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
La configuration particulière des LCS de la classe Independence ne laisse que peu d’espaces pour y installer des équipements et armements supplémentaires

Si les LCS répondaient bien aux exigences de vitesse, dépassant les 45 noeuds en vitesse de pointe, ils se sont rapidement avérés trop faiblement armé et mal équipé pour apporter une réelle plu-value dans les zones d’engagement ou de tensions. De fait, les premières unités furent limitées à des missions de test et d’entrainement, et l’armement des LCS construites à partir de 2018 fut revu à la hausse, sans toutefois atteindre les standards des navires de ce tonnage, et de ce prix. Le nombre d’unités commandées, initialement de 50 navires, soit autant que les frégates légères O.H Perry retirées du service entre 2000 et 2014, fut rapidement revu à la baisse, d’abord à 40 unités, puis 32 unités, pour enfin être plafonné à 24 unités, sous la pression du sénat, l’US Navy voulant se limiter à 20 exemplaires.

Le retrait des 4 premières unités, 2 Freedom et 2 Independance, permettrait à l’US Navy de ne pas avoir à financer la modernisation des navires pour les doter d’un armement et d’un équipement minimum pour pouvoir avoir une quelconque utilité opérationnelle. Ces crédits pourront alors être réorientés vers des programmes plus importants, comme la construction des frégates FFG/X, les sous-marins nucléaires d’attaque Virginia, ou les destroyers A.Burke Flight III. C’est également un premier pas pour accélérer le retrait complet de ces deux classes de navires, fondamentales inutiles à l’US Navy, et consommant des ressources budgétaires et humaines pouvant s’avérer plus pertinentes sur d’autres programmes pressants.

Freedom LCS Speed Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Conçues pour la vitesse et les opérations en zone littorale, les LCS de la classe Freedom peuvent dépasser les 45 noeuds

Cette décision pourrait cependant ouvrir des opportunités pour d’autres forces navales, qui peinent à atteindre le volume indispensable pour satisfaire à leurs besoins opérationnels. C’est évidement le cas de la Grèce, très limitée dans ses capacités d’investissement, et qui saurait certainement quoi faire de 2 ou 4 LCS, malgré leurs défauts, pour sécuriser la Mer Egée et les très nombreuses iles grecques présentes. Ce type de navires pourrait également répondre aux besoins spécifiques des marines baltes, devant évoluer en mer Baltique. Dans tous les cas, cela n’aurait de sens que si l’US Navy acceptait de céder ces navires à des prix très attractifs, voir sous forme de don, une alternative toujours préférable à l’utilisation de ces navires ayant encore un réel potentiel comme cible navale.

Cette demande, qui devra encore passer au crible du Congrès US, est un des marqueurs des changements qui s’opèrent désormais au Pentagone. Dans le budget 2021, pour la première fois depuis 1989, les crédits réclamés sont argumentés pour être en mesure de faire face à deux adversaires potentiels nommément désignés, la Chine et la Russie. On pouvait s’y attendre, la Russie ayant désigné les Etats-Unis et l’OTAN comme principal adversaire dans sa doctrine de 2014, et la Chine désigna les Etats-Unis comme principal compétiteur dans sa doctrine publiée en 2019. Ceci explique pourquoi ces 3 grandes puissances miltaires ont engagé de profondes mutations en vue de renforcer et prioriser les capacités d’engagement de leurs forces armées face à un adversaire téchnologiquement avancé, et disposant d’une force militaire de grande dimension.

Type 054A fregate Actualités Défense | Automatisation | Avions Ravitailleurs
Coutant moins de 350 m$, les frégates chinoises Type 054A ont des capacités anti-sous-marines, anti-navires et anti-aériennes très supérieures à celles des LCS coutant plus du double

L’analyse des budgets, programmes et autres lois de programmation en cours de ces 3 pays permet de déterminer à quel moment les forces en présence seront considérées « prêtes » à assumer ce type d’engagement. En l’état des informations publiques disponibles, la Russie aura atteint ce statut entre 2028 et 2032 sur le théâtre européen. La Chine, pour sa part, atteindra ce niveau entre 2030 et 2035 pour le théâtre Pacifique occidentale et l’Océan Indien, et 2045-2050 pour l’ensemble des théâtres mondiaux. Quand aux Etats-Unis, les efforts semblent converger pour une capacité opérationnelle minimum entre 2030 et 2035 pour l’Europe et le Moyen-Orient, et 2040-2045 pour le Pacifique. De quoi relativiser la pertinence du calendrier de nombreux programmes européens de défense ….