mercredi, décembre 3, 2025
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Le char K2 Black Panther sud-coréen aurait surpassé le Leopard 2A7 lors de la compétition norvégienne

Début février, Oslo annonçait la sélection du Leopard 2A7 de l’allemand Krauss-Maffei Wegmann, afin de remplacer ses chars lourds Leopard 2A4, au terme d’une compétition ayant opposé le blindé allemand au K2 Black Panther du sud-coréen HRC. Selon les autorités norvégiennes, les deux blindés auraient satisfait aux exigences du cahier des charges de la compétition, tant en terme de performances que d’enveloppe budgétaire, et le choix du Leopard 2A7 était lié à des considérations politiques et de proximité géographique. On pouvait alors penser que dans ces domaines, le char allemand et son homologue sud-coréen avaient fait jeu égal.

Toutefois, l’interview faite par le site polonais defense24.pl du vice président de Hyundai Rotem Company, autour des accords liant l’entreprise à l’industriel national PGZ pour la co-prpodution des quelques 820 K2PL attendus par les armées polonaises au delà des 180 K2 déjà commandés, apporte un éclairage interessant sur ce dossier. En effet, selon Jun-Mo Seo, qui au passage remercie Oslo d’avoir donné sa chance au K2, la NDMA (Norwegian Defence Materials Agency) avait recommandé dans ses conclusions, suite à l’évaluation des 2 modèles, de se tourner vers le char sud-coréen, l’estimant notamment plus mobile et doté d’un système de combat plus moderne. Et d’ajouter qu’en terme tarifaire, l’offre de HRC était plus attrayante que celle de KMW. L’arbitrage en faveur du Leopard 2A7 allemand s’est donc joué sur des aspects purement politiques et de proximité européenne. On notera au passage que la formulation de l’arbitrage norvégien ne contredit en rien les affirmations du vice président de HRC.

K2 Black Panther PL 01 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Il ne fallut que 4 mois à HRC pour produire les 24 premiers K2 destinés aux armées polonaises après la signature du contrat pour les 180 premiers exemplaires.

Au delà de ces aspects, qui auront peut-être incité KMW à entreprendre le développement du Leopard 2A8 et de sa future version AX, Jun-Mo Seo a également détaillé les accords qui lieront HRC et PGZ pour la production de K2PL, ainsi que pour proposer le char à d’autres nations européennes, la Roumanie étant cité dans l’interview. Ainsi, l’objectif visé est de livrer les premiers K2PL dès 2026, en s’appuyant sur les infrastructures de PGZ existantes, alors que celle-ci devra produire 500 des 820 chars commandés par Varsovie, les 320 restant étant produits en Corée du Sud. De toute évidence, les deux entreprises rassemblées dans un consortium, entendent appliquer la même stratégie que celle mise en oeuvre entre l’Allemagne et Israel pour la production et l’exportation en Europe des missiles antichars Spike, de sorte à disposer d’une proximité en matière de production et de maintenance, un argument de poids pour les opérateurs militaires.

On peut s’attendre, dans ces conditions, à ce que le K2 dans sa version PL, qui disposera notamment d’un nouveau système de protection actif Hard-Kill de conception sud-coréenne, devienne dans les mois et années à venir, le principal concurrent du Leopard 2A8/AX en Europe et au delà, sachant que de nombreux pays mettent en oeuvre, aujourd’hui, des flottes de chars d’ancienne génération inadaptés à un engagement moderne. Outre ses performances et son prix, le K2 sera également le seul char à disposer de deux lignes de production, une en Pologne, l’autre en Corée du Sud, de sorte à proposer, potentiellement, des délais sans concurrence en matière de livraison, d’autant que HRC communique déjà sa sa capacité à prélever des chars sur la production dédiée aux Armées sud-coréennes, pour des livraisons sur des délais comparables à ceux appliqués pour des matériels d’occasion. Sachant à quel point le K2 est proche du Leclerc de Nexter dans sa conception et sa structure, il est probable que de nombreux grincements de dent se feront entendre au sein du groupe français spécialisé dans la conception de blindés et d’armement terrestres…

Pourquoi le format des armées françaises ne correspond pas au contrat opérationnel présenté par le ministre des Armées ?

Le contrat opérationnel présenté par le Ministre des Armées, Sebastien Lecornu, en marge du vote de la LPM 2024-2030, est-il cohérent avec le format des armées résultant de l’application de cette LPM ? C’est loin d’être évident …

Alors que la Commission Défense de l’Assemblée Nationale a amendé et validé le projet de Loi de Programmation Militaire 2024-2030, y ajoutant notamment l’obligation pour l’Etat de garantir les 13 Md€ de recettes exceptionnelles dans le plan de financement, le Ministre des Armées, en parti excédé par les nombreuses critiques sur le « manque d’ambitions » de cette LPM qui pourtant verra, et de beaucoup, la plus importante croissance budgétaire pour les Armées depuis 30 ans, a tenu a précisé quels étaient les objectifs visés, notamment en terme de contrat opérationnel.

C’est ainsi que dans un Tweet sur son compte, Sebastien Lecornu a tenu à détailler le contrat opérationnel principal confié aux 3 armées. Pour l’Armée de Terre, il s’agira d’être en mesure de déployer une division composée notamment de 2 brigades de combat, ainsi que l’ensemble des capacités de commandement pour encadrer un Corps d’Armée, conformément aux attributions de la France sur le front sud européen au sein de l’OTAN.

La Marine nationale, quant à elle, devra être mesure de déployer son groupe aéronaval organisé autour du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle puis de son successeur. Enfin, l’Armée de l’Air et de l’Espace, pour sa part, devra être en mesure de déployer une escadre composée notamment de 40 avions de combat.

Les objectifs ainsi définis semblent parfaitement en adéquation avec les engagements de la France notamment vis-à-vis de l’OTAN, et correspondent au positionnement de la France en tant qu’allié majeur et puissance d’équilibre tel qu’avancé par l’exécutif.

Toutefois, ils s’avèrent également très supérieurs à ceux qui ont permis de définir le format des armées françaises dans le cadre du Livre Blanc de 2013, alors que la LPM 2024-2030 reste basée, en de nombreux aspects, sur ce même format, et ce concernant les 3 armées.

Se pose donc la question de la cohérence entre la trajectoire définie par la LPM à venir, et le contrat opérationnel tel que présenté par le Ministre des Armées.

Armée de Terre : Déployer une division de 2 brigades

Les engagements concernant l’Armée de Terre française restent, peu ou prou, identiques à ce qu’ils étaient jusque là. En effet, la France assure déjà l’encadrement du front sud-européen de l’OTAN, et doit dès lors assumer non seulement le commandement d’un Corps d’Armée composé des divisions et brigades des forces locales et des alliés dédiés à ce front (comme la Belgique), mais également d’y contribuer à hauteur d’une division composée de 2 brigades de combat.

Pour y parvenir, l’Armée de Terre peut s’appuyer sur 6 brigades organiques réparties en 2 divisions. Selon les engagements français au sein de l’OTAN, celle-ci doit être en mesure de déployer une première brigade de combat en une semaine, ainsi qu’une seconde brigade à une échéance de 30 jours.

le format des armées françaises ne correspond par au contrat opérationnel défini par le MINARM

Pour y parvenir, les brigades françaises assurent une rotation opérationnelle, avec une brigade assurant l’alerte, comme ce fut le cas pour la brigade Serval déployée au Mali en 2013 sur des délais très courts. Une seconde brigade, qui elle est à l’entrainement, assure une alerte à 30 jours, alors qu’une troisième brigade est également à l’entrainement, pour pouvoir prendre à terme l’Alerte à son tour.

Les 3 dernières brigades sont au repos et à la régénération, en particulier après des déploiements, et participent également à d’autres déploiements en dehors du cadre de l’OTAN. Malheureusement, cette organisation s’avère plus théorique que pratique, et l’OTAN elle même considérait il y a peu encore, que l’Armée de Terre ne pouvait assurer que le déploiement d’une brigade renforcée à 30 jours, et éventuellement d’une seconde brigade à 90 jours.

Le fait est, pour assumer une telle posture opérationnelle, il serait nécessaire de créer 2 nouvelles brigades pour l’Armée de Terre, de sorte à disposer effectivement des moyens de rotations suffisants pour assumer le déploiement soutenu dans la durée de 2 brigades à la demande de l’OTAN (sans même parler d’engagement).

En outre, il convient de garder à l’esprit qu’une partie non négligeable des régiments français sont spécialisés, comme les unités d’infanterie de Marine pour l’assaut amphibie, les unités parachutistes pour l’aérocombat, et les troupes de montagnes.

Or, en intégrant ces unités dans la rotation des unités dédiées à l’OTAN, la France se priverait, de fait, d’une part non négligeable de ses moyens dits d’opportunités, alors même qu’en dépit de leur professionnalisme, ces unités ne sont pas les plus adaptées pour un engagement de type haute intensité en Europe centrale.

Enfin, une partie des moyens sensés assurer la rotation de la prise d’alerte, sont régulièrement déployés dans d’autres missions hors OTAN, notamment en Afrique. Dans ce contexte, il est probable que si l’Armée de Terre sera effectivement en mesure de déployer à la demande de l’OTAN 2 brigades à 30 jours sous couvert d’une réorganisation organique et opérationnelle dans les années à venir, elle sera dans l’incapacité de soutenir dans la durée un telle dispositif au delà de quelques semaines ou quelques mois.

Marine Nationale : Déployer un groupe aéronaval

La situation n’est pas très différente pour la Marine Nationale. En effet, avec un unique porte-avions, celle-ci ne peut garantir la mise en oeuvre d’un groupe aéronaval qu’à hauteur de 40 à 50% du temps, et ce en considérant que le Charles de Gaulle, les flottilles de l’aéronautique navale armant son groupe aérien embarqué et le SNA assurant sa protection sous-marine, assument à plein temps cette seule posture d’alerte, sans aller participer à une quelconque autre opération militaire venant éroder leur potentiel d’utilisation.

La situation est différente concernant les frégates et destroyers d’escorte, ainsi que les navires logistiques, ceux-ci pouvant être fournis par les alliés de l’OTAN. En revanche, concernant ces capacités précises, seule la Marine Nationale dispose effectivement des capacités concernées en Europe.

porte avions charles de gaulle FREMM Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense

Par ailleurs, une posture comme celle-ci viendra très probablement handicaper les autres moyens de la Marine Nationale, notamment son groupe d’assaut amphibie, celui-ci ne disposant pas de la même priorisation de moyens que le groupe aéronaval.

Pour assumer une capacité de réponse à hauteur de 80%, il serait donc indispensable de doter la Marine Nationale d’un second groupe aéronaval, c’est à dire un porte-avions ainsi qu’une vingtaine de chasseurs embarqués supplémentaires, comme c’était le cas dans les années 70 et 80 avec les porte-avions Foch et Clémenceau, ainsi que deux flottilles de chasse supplémentaires.

Bien évidemment, dans le cadre de l’OTAN, cette limite est prise en compte, et assumée conjointement par l’alliance avec la rotation des moyens européens, notamment les deux porte-avions britanniques HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales, les deux porte-aéronefs italiens Cavour et Trieste, et le porte-aéronefs espagnol Juan Carlos I.

Toutefois, la prise d’alerte effectuée par le Charles de Gaulle dans ce cadre, va consommer la presque totalité du potentiel opérationnel du navire et de son groupe aérien embarqué, ne laissant presque aucune latitude à la France d’employer ces moyens pourtant exceptionnels en dehors de ce cadre stricte.

Armée de l’Air et de l’Espace : Déployer une escadre de 40 chasseurs

Si l’Armée de Terre et la Marine Nationale vont rencontrer d’immenses difficultés pour soutenir le contrat opérationnel défini par Sebastien Lecornu au delà d’un déploiement initial déjà sous conditions, les objectifs assignés à l’Armée de l’Air et de l’espace, quant à eux, semblent inaccessibles même en première intention.

Rappelons en effet que la LPM 2024-2030 entérine un format à 185 avions de chasse pour cette force, avec le retrait programmé des Mirage 2000-5 et d’une partie des Mirage 2000D, et une trajectoire ne permettant pas de maintenir le format actuel de 210 appareils par la livraison de Rafale B et C.

Rafale e Mirage 2000 D foto Armee de lair Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense

Or, ce format de 185 chasseur, avait été défini dans le Livre Blanc Défense de 2013, de sorte à garantir la posture de la composante aérienne de la dissuasion forte de deux escadrilles, la permanence opérationnelle pour assurer la protection du ciel français, la maintenance et la modernisation des aéronefs, ainsi que l’entraînement des équipages, tout en garantissant la possibilité à l’Etat-major de déployer de manière soutenue dans le temps, 15 chasseurs en opérations extérieures.

En effet, la maintenance et les phases de modernisation immobilisent en moyenne un tiers du parc de sorte à maintenir les performances de la flotte et de régénérer son potentiel de vol, alors que les appareils déployés en opération extérieure tendent à consommer leur potentiel 3 fois plus rapidement que les appareils employés pour l’entrainement et la formation.

Ceci posé, l’objectif de déployer 40 avions de combat à la demande de l’OTAN, semble parfaitement inaccessible à l’Armée de l’Air et de l’Espace, qui devrait dès lors non seulement stopper toutes les missions non indispensables, notamment de formation et l’entraînement des équipages, mais également employer pour ce déploiement des appareils au potentiel de vol partiellement consommé, et donc ne disposer d’une flotte n’ayant qu’un potentiel moitié moins élevé que celui des appareils déployés en Opex jusque là.

En outre, le potentiel de rotation des appareils, notamment ceux ayant consommé le précieux potentiel de vol, restera identique à précédemment, c’est à dire à hauteur de 15 appareils tous les 4 mois.

Dit autrement, en déployant 40 appareils à la demande, l’Armée de l’Air ne pourra assumer un tel format que 2 mois pour une activité comparable à celle constatée en opération extérieure, et ce sans prendre en considération la réalité d’une utilisation opérationnelle au combat face à un adversaire comme la Russie.

Conclusion

On le voit, il existe une grande différence entre le contrat opérationnel présenté par Sebastien Lecornu, et la réalité de ce que les Armées françaises seront en mesure de soutenir au delà d’un premier déploiement, par ailleurs probablement optimiste.

Pour respecter ces engagements, il serait probablement nécessaire à l’Armée de Terre de se doter de 2 ou 3 brigades supplémentaires, idéalement mécanisées et spécialisées pour un emploi dans un engagement de haute intensité; à la Marine de constituer un second groupe aéronaval et notamment de se doter d’un second porte-avions; et à l’Armée de l’Air et de l’Espace de disposer d’au mois 260 à 280 avions de chasse, ou éventuellement de 220 avions de chasse et 60 à 80 drones de combat.

Reste qu’au delà des questions budgétaires pour atteindre un tel format des armées, qui nécessiterait entre 2,6 et 2,7% de PIB dédiés à l’effort de défense chaque année, il serait également nécessaire d’augmenter les effectifs des armées de 15 à 20%, ce qui est loin d’être une tache facile, certains pourraient même la juger impossible à atteindre en dehors d’un effort planifié sur 15 à 20 ans pour y parvenir.

Pour autant, tout indique que les objectifs présentés par le Ministre des Armées ne reflètent pas la réalité des capacités opérationnelles des armées françaises en devenir, et ce en dépit de l’effort consenti par la prochaine Loi de Programmation Militaire. La question est donc de savoir quel sera l’objectif prioritaire pour la France, entre respecter ses engagements en matière de défense, et produire les efforts nécessaires, et probablement douloureux, pour y parvenir ?

La Russie entame le développement d’un nouveau missile balistique stratégique SLBM pour ses futurs sous-marins

La doctrine russe veut qu’à chaque nouvelle classe de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) corresponde un nouveau modèle dédié de SLBM, un missile balistique stratégique à lancement sous-marin.

C’est ainsi que les SNLE du projet 667, désignés par l’OTAN comme le type Delta, entrés en service de 1976 à 1990, furent tous armés de Missiles stratégiques balistiques sous-marins (SLBM) R-29, même si ceux-ci furent déclinés en plusieurs modèles du R-29 initial armant les Delta I et II, au R-29RMU2 Layner apparu en 2014 et armant les derniers Delta IV.

Le successeur du R-29, le R-30 Bulava, devait quant à lui armer les nouveaux SNLE de la classe Boreï. Le développement de ce missile, pour la première fois assumée exclusivement par la Russie sans le soutien des savoir-faire des républiques soviétiques, fut pour le moins difficile.

En effet, sur les 17 essais de tir ayant eu lieu de 2003 à 2016, pas mois de 8 furent des échecs, dont deux échecs successifs en décembre 2011 et octobre 2016, provoquant le ralentissement sensible du programme de SNLE Boreï.

Le SLBM R30 Bulava est entré en service en 2018 à bord des SNLE Boreï et Boreï-A
Le SLBM R30 Bulava est entré en service en 2018 à bord des SNLE Boreï et Boreï-A

Les 4 derniers essais, en mai 2018, aout 2019, décembre 2020 et octobre 2022, furent quant à eux des succès, mettant fin à l’inquiétude plus que palpable des autorités russes quant à l’avenir de la composante sous-marine de leur dissuasion.

Toutefois, aujourd’hui encore, alors que 6 SNLE Boreï et Boreï-A sont opérationnels, soit autant que de Delta IV, ce sont ces derniers, et leurs R-29, qui sont les plus fréquemment employés pour les tirs d’essais et de démonstrations des forces stratégiques russes.

Alors que les R-30 Bulava et les Boreï arrivent désormais en service à un rythme soutenu de presque un navire et 16 missiles par an, les autorités russes viennent d’annoncer que les travaux pour la conception du successeur au Bulava avaient déjà commencés, selon les informations obtenues par le site russe Izvestia.ru.

Jusqu’ici, le développement du vecteur nucléaire et de son sous-marin porteur étaient entamés simultanément. L’expérience des difficultés rencontrées autour du développement du R-30 Bulava, et leurs effets sur le programme Boreï, ont probablement amené l’Amirauté russe à plus de prudence, en entamant ce développement bien avant d’envisager la conception du successeur au Boreï.

Le SNLE de la classe Borei de la Marine Russe met en oeuvre 16 missiles Boulava Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
6 SNLE Boreï et Boreï-A sont aujourd’hui en service au sein de la flotte russe

Quoi qu’il en soit, le nouveau missile n’entrera pas en service avant 30 à 35 ans, dans le meilleur des cas (du point de vue russe), et devra être en mesure, selon l’Amirauté, de déjouer les systèmes de défense anti-missiles qui existeront à ce moment-là.

À ce jour, Moscou a prévu de se doter de 8 sous-marins de la classe Boreï-A supplémentaires, pour une flotte de 14 SNLE en service d’ici à 2035, disposant chacun de 16 missiles MSBN R-30 Bulava armés de 6 véhicules de rentrée atmosphérique MIRV transportant une tête nucléaire de 100 kt.

Il s’agira alors de la plus importante flotte stratégique sous-marine de la planète, là où l’US Navy alignera juste 12 SNLE classe Columbia et la Chine de 8 à 12 SNLE Type 09IV et 09VI, selon toute probabilité. Reste à voir si Moscou parviendra effectivement à financer et à armer une telle flotte.

La Marine italienne commande 3 nouveaux grands navires d’assaut LXD de 16.500 tonnes

La Marine italienne est devenue, depuis une quinzaine d’années, la priorité de l’effort militaire de Rome, de sorte à en faire non seulement la plus puissante force navale du bassin méditerranéen, mais également en de nombreux aspects, du vieux continent, en surpassant la Marine Nationale et la très puissante Royal Navy dans ce domaine. Pour ce faire, Rome s’appuie sur le très dynamique groupe industriel Fincantieri, et sur des investissements soutenus. C’est ainsi que depuis 2007, la Marina Militare a admis au service 2 destroyers anti-aériens de la classe Horizon, 8 frégates FREMM de la classe Bergamini, 3 patrouilleurs lourds valant frégates PPA de la classe Thaon di Revel, le grand navire logistique Vulcano ainsi que des porte-aéronefs Cavour et Trieste.

Surtout, dans les 10 années à venir, celle-ci devrait admettre au service 2 destroyers anti-aériens de plus de 10.000 tonnes du programme DDx, 4 à 6 sous-marins Type 212, 2 FREMM, 8 PPA ainsi qu’un second Vulcano, l’amenant à un format de 8 sous-marins d’attaque, 2 porte-aéronefs, 4 destroyers, 10 FREMM, 10 PPA ainsi que 3 navires logistiques. Et la liste vient de s’étendre, puisque la Marine Militare a confirmé le lancement du programme LXD, visant à concevoir 3 grands navires amphibies pour remplacer les 3 LPD de 8000 tonnes de la classe San Giorgio. Longs de 160 mètres pour 29 mètres de large, ces navires auront un tonnage de 16.500 tonnes et pourront chacun transporter, outre les 200 membres d’équipage, 300 soldats formant une troupe d’assaut amphibie.

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Visuel des LXD italiens réalisé par info.forumdifensa@gmail.com

Rome a annoncé libérer une enveloppe de 1,2 Md€ pour la construction des 2 premiers navires devant entrer en service entre 2028 et 2030, alors que la 3ème unité de la classe devra rejoindre la Marina Militare en 2031 et remplacer les 3 San Giorgio alors retirés du service. Contrairement à ces derniers, les LXD, X signifiant « polyvalent » selon le contre-amiral Marco Tomassetti qui commande la flotte de surface italienne, ne seront pas dotés d’un pont droit pour hélicoptères, mais d’une plateforme arrière pouvant mettre en oeuvre deux appareils de type NH90 simultanément, à l’instar de nombreux LPD.

Il s’agit, pour la Marine Italienne, de libérer les espaces et plus de doubler les moyens amphibies emportés en comparaison des San Giorgio, notamment les deux barges LC-23 prenant place dans son radier, et les blindés amphibies SuperAV 8X8 d’Iveco qui remplaceront les LVPT-7 actuellement en service. Aux cotés des moyens offerts par le Trieste, les 3 LXD à venir permettront à la marine Italienne de transporter et mettre à terre une force amphibie de 1.700 hommes, soit deux régiments, si employés simultanément.

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Les LXD pourront mettre en oeuvre les SuperAV amphibies commandés par l’Italie en 2010

Reste que si Rome et la Marina Militare ont de grandes ambitions, et mettent les moyens budgétaires et industriels pour les atteindre, notamment en amenant l’effort de défense à 2% du PIB du pays à horizon 2030 contre 1,5% aujourd’hui, la question des ressources humaines demeure critique pour mettre en oeuvre l’ensemble de ces navires. En effet, il y a quelques semaines, le chef d’état-major de la Marina Militare, l’amiral Enrico Credendino, avait admis face aux parlementaires italiens qu’il était dans l’impossibilité d’armer pleinement l’ensemble de ses navires aujourd’hui. On peut se demander, de fait, ce qu’il en sera lorsque celle-ci aura perçu ses nouveaux navires, bien plus imposants et gourmands en ressources humaines qualifiées que les navires qu’ils remplaceront ?

Northrop dévoile sa vision du futur avion ravitailleur de l’US Air Force

Ces derniers mois, l’US Air Force a présenté plusieurs travaux quant à l’avenir de sa flotte de combat comme de son futur avion ravitailleur. Il s’agit du programme de chasseur de 6ᵉ génération NGAD pour remplacer le F-22 dans les missions de supériorité aérienne, des drones de combat Loyal Wingman qui accompagneront l’appareil ainsi que certains F-35A, ainsi que des évolutions nécessaires concernant sa flotte d’appareils de soutien, allant des appareils d’alerte aérienne avancée aux ravitailleurs en vol.

Dans ce dernier domaine, apparemment, l’USAF a d’ailleurs pris les devants de la nécessaire évolution en devenir, en annulant le programme ouvert KCy pour commander uniquement 75 avions ravitailleurs KC-46A issus du programme KCx, et non 150 comme prévu, de sorte à libérer des crédits et des moyens pour le futur avion ravitailleur qui sera acquis par le programme KCz.

Contrairement au KC-46A ou à son équivalent européen, l’A330 MRTT, le programme KCz vise à developper un appareil capable d’évoluer dans un environnement fortement contesté, alors que la guerre aérienne en Ukraine a montré que la menace que constitue le couple chasseur intercepteur et missile air-air à longue portée était sensible et même plus efficace qu’anticipée.

Le futur avion ravitailleur de l'US Air Force sera très différent du KC-56A

Plusieurs pistes sont envisagées pour répondre à cette contrainte, comme l’utilisation de drones ravitailleurs intermédiaires qui, à l’instar des Loyal Wingman pour les avions de combat, permettraient aux ravitailleurs d’évoluer à distance de sécurité alors que les drones apporteraient le carburant aux avions et drones de combat au plus près de la zone d’engagement.

L’autre possibilité envisagée repose sur le développement d’un ravitailleur furtif, donc difficile à repérer par les radars adverses, obligeant les intercepteurs à se rapprocher dangereusement pour mettre en œuvre leurs missiles, neutralisant de fait la menace des missiles à longue portée.

C’est cette piste sur laquelle s’est engagé l’avionneur Northrop-Grumman, en s’associant pour l’occasion à la startup américaine JetZero pour présenter le Z-5, un ravitailleur reprenant l’architecture de l’aile volante déjà mise en œuvre par les bombardiers stratégiques B-2 Spirit et B-21 Raider, deux appareils conçus et construits par l’avionneur.

Z 5 jetzero screenshot Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le Z-5 de JetZero n’a plus guère à voir avec la forme tubulaire des avions ravitailleurs actuels

Au-delà d’une furtivité accrue, la configuration d’aile volante offrirait, selon JetZero, d’importantes plus-values, notamment en matière de capacité d’emport de carburant deux fois plus importante que celle du KC-46A, alors qu’elle réduirait également de 50 % la consommation spécifique de l’appareil par une trainée réduite.

Il semblerait même que le Z-5 soit capable d’employer des pistes plus courtes que celles des traditionnels tankers, notamment avec un train principal long lui conférant une plus grande incidence lors de la course de décollage.

Bien évidemment, toutes ces performances n’existent, à ce jour et comme l’appareil lui-même, que sur le papier et au sein de quelques modèles numériques. Il faudra très certainement attendre le lancement de la compétition KCz, lors de la prochaine décennie, pour que ce type d’appareils puisse effectivement être conçu et que des prototypes en attestent les performances.

Surtout, aujourd’hui, les appareils comme le KC-46A ou l’A330 MRTT ne coutent qu’autour de 150 m€ l’unité, en grande partie du fait que l’un comme l’autre ont été conçus sur la base d’un avion de ligne commercial existant. Le B-21 Raider, quant à lui, est donné pour un prix unitaire de l’ordre de 700 m$, hors couts de conception.

Au-delà des performances supérieures espérées, il est probable que le prix des appareils sera le critère central de la future compétition KCz, alors que celle-ci portera sur près de 200 appareils.

Le nouveau chasseur turc TF-X Kaan sera plus cher que prévu

Il ne fait aucun doute que l’industrie de défense turque a réalisé, ces 15 dernières années, des progrès fulgurants amenant le pays à quelques encablures de l’autonomie stratégique, ainsi qu’à jouer un rôle désormais très sensible sur le marché international de l’armement. Si certains programmes ont été retardés ou handicapés par les sanctions occidentales suite à l’intervention militaire dans le nord de la Syrie contre les forces kurdes qui luttaient contre l’Etat Islamique, comme dans le domaine des hélicoptères, d’autres ont propulsé le pays au premier plan des compétences technologiques dans leurs domaines respectifs, comme dans le domaine des drones de combat ou des navires militaires.

Plusieurs de ces programmes revêtent une dimension symbolique majeure auprès de l’opinion publique turque, et donc sur le plan politique alors que les élections à venir demeurent très incertaines. C’est le cas du char Altay, dont les deux premiers exemplaires remotorisés par une solution sud-coréenne ont été présentés publiquement il y a quelques semaines, des nouveaux drones de combat Anca et Kizilelma, ce dernier ayant fait son premier vol y a peu, du nouvel hélicoptère de combat lourd T-929 Atak 2 au sujet duquel une video montrant le premier démarrage des turbines à été diffusée, ou encore du porte-drones/hélicoptères TCG Anadolu entré en service mi Avril. C’est également, et peut-être surtout le cas du nouvel avion de combat TF-X baptisé Kaan il y a quelques jours.

Destiné à remplacer les F-4 et F-5 turcs encore en service, le TF-X est un avion de génération intermédiaire, empruntant des attributs de la 5ème génération comme le KF-21 Boramae sud-coréen. L’appareil ne doit pas effectuer son premier vol avant plusieurs mois, voire plusieurs années, en dépit des efforts importants produits par l’industriel TAI pour assembler le prototype. Mais la dernière déclaration au sujet de ce programme, risque de ne pas être dans le ton de la communication du président Erdogan. En effet, selon Temel Kotil, le CEO de l’avionneur TAI, le prix du Khan devra probablement être revu à la hausse, alors que l’objectif du programme était jusque là de produire un chasseur au prix unitaire de 100 m$, ce qui pourrait le priver d’un argument prix pourtant essentiel dans la stratégie commerciale d’Ankara.

TFX Prototype assembly line Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense

En effet, à ce prix, le TF-X serait en concurrence budgétaire directe avec plusieurs appareils aux performances reconnues, comme le Rafale, le Typhoon, ou encore le F-35A et même le F-15EX. De fait, il ne pourra espérer représenter une alternative économique aux appareils occidentaux, alors que dans le domaine politique, celui-ci sera concurrencé par les chasseurs russes ou chinois bien plus économiques. Il devra également se confronter au KF-21 Boramae qui évoluera dans la même gamme de prix (entre 80 et 100 m$), mais disposera de certaines capacités différenciées, notamment l’utilisation du turboréacteur F-414 plus performant et moderne que le F-110 du Kaan.

Il est interessant de noter que les prix unitaires de ces appareils produits par des nations émergentes dans le domaine de l’aéronautique militaire, ne représente que très peu de plus-value vis-à-vis des chasseurs construits par les grandes entreprises occidentales, pourtant exposées, tout au moins dans le cas du TF-X, à des couts de main d’oeuvre et des contraintes sociales autrement plus lourdes. Il semble bien qu’au delà d’un certain seuil d’intégration technologique, les couts de conception et de construction des équipements militaires tendent à se normaliser, quelque soit leur origine, sauf à s’appuyer sur des modèles sociaux et économiques très différents, comme dans le cas de la Chine ou de la Russie.

Reste à voir, désormais, quel sera le devenir de ces programmes de défense aux grandes ambitions lancés non sans calculs politiques par R.T Erdogan depuis 15 ans, suite aux élections à venir. Quelqu’en soit le vainqueur, on peut en effet s’attendre à ce que l’attention politique qui leur ait portée diminue dans les semaines et mois à venir, une fois l’échéance électorale passée, alors que les contraintes économiques et sociales auquel le pays est confronté demeureront, eux.

L’Allemagne pose une option sur 105 chars Leopard 2A8 pour 3 Md€ au-delà des 18 exemplaires commandés

Afin de soutenir les exportations à venir, la Bundeswehr a posé une option sur 105 chars Leopard 2A8 en plus des 18 déjà commandés, ce qui n’ira pas sans faire nature certaines menaces vis-à-vis du programme MGCS franco-allemand de char de nouvelle génération.

Cela aura pris du temps, mais l’enveloppe de 100 Md€ annoncée par Olaf Scholz en février 2022 pour moderniser et rebâtir les armées allemandes, commence à produire ses effets. Il y a quelques jours, la Bundeswehr annonçait ainsi la commande de 50 véhicules de combat d’infanterie Puma modernisés pour compléter son inventaire et remplacer les Marder encore en service.

La commande de 60 hélicoptères lourds CH-47F Chinook auprès de Boeing semble, elle aussi, validée, alors que le Département d’État américain a autorisé la transaction pour 8,5 Md$.

Dans le domaine des chars de combat, Berlin avait déjà indiqué son intention de commander 18 chars Leopard 2 de la nouvelle version A8 pour remplacer les blindés envoyés en Ukraine. Mais il semble, comme pour les Puma, que cette commande ne soit qu’une première étape dans la reconstruction à venir de la Bundeswehr.

En effet, selon le site allemand Business Insider, l’Armée allemande entend également ajouter à sa première commande de 18 chars pour 525 m€, une option sur 105 exemplaires supplémentaires pour un montant total de 3 Md€.

Selon le site, tous ces blindés seront au standard A8, et s’ils sont destinés à la Bundeswehr de prime abord, ils pourront par ailleurs servir de tampon commercial à enveloppe fixe pour d’éventuelles exportations à venir. La même source indique à ce titre que les Pays-Bas seraient intéressés par cette démarche.

Puma IFV Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
La Bundeswehr va former un tampon de 89 VCI Puma destinés à l’exportation

Rappelons qu’au début du mois de Mai, la Bundeswehr avait également annoncé la commande de 50 véhicules de combat d’infanterie Puma pour 1,6 Md€, accompagnée d’une option sur 150 exemplaires à prix fixe dont 89 unités sont dès à présent identifiés pour former un tampon commercial pour soutenir les exportations.

Au delà du soutien à l’industrie de défense allemande, cette approche, comparable à celle appliquée par les États-Unis avec le Foreign Military Sales ou FMS, permettra également à Krauss-Maffei Wegmann de dimensionner son outil de production sur des bases plus importantes, de sorte à répondre à un prochain afflux de demandes internationales anticipé par Berlin, avec deux arguments de poids : des délais courts et des tarifs maitrisés avec une configuration standard identique à celle de la Bundeswehr.

De toute évidence, les autorités allemandes semblent vouloir étendre cette stratégie industrielle et commerciale au-delà du seul Puma, et notamment pour soutenir le nouveau Leopard 2A8 de KMW sur la scène internationale et européenne.

Cette annonce sonne aussi comme la confirmation dès facto du report du programme MGCS après 2045, la Bundeswehr disposant de manière évidente d’un modèle de char lourd à court terme susceptible de répondre à ses attentes dans les années à venir, d’autant qu’il pourra probablement représenter une alternative de choix pour le remplacement des nombreux Leopard 2A4 encore en service de part le monde.

Dès lors, le marché adressable par le futur programme MGCS sera fortement entamé par l’arrivée du A8, et peut-être d’une future version AX.

La bundeswehr a déjà commandé 18 chars Leopard 2A8
Berlin applique une stratégie d’équipement permettant de dimensionner l’outil industriel dans le domaine des blindés lourds afin de répondre à la montée des demandes internationales et européennes

En effet, lors de l’annonce de la commande à venir des 18 premiers Leopard 2A8, le site allemand esut.de, avait également laissé entendre qu’une nouvelle version du char, désignée pour l’heure Léopard 2AX, serait présentée d’ici à 2 ou 3 ans.

Or, avec la commande potentielle de 141 Leopard 2A8, la Bundeswehr se réserve la possibilité de compléter son inventaire théorique de 365 chars lourds, par une commande significative de Leopard 2AX à venir d’ici à la fin de la décennie, de sorte à lancer la production industrielle du blindé.

Si ce scénario, désormais loin d’être improbable, venait à prendre forme, il impliquerait de fait un report du programme MGCS bien au-delà de 2045 comme annoncé tant par la Bundeswehr que par l’industrie allemande, mais plutôt vers 2055, de sorte à donner une durée de production au nouveau Leopard ainsi qu’un marché adressable suffisant à ce nouveau programme.

Le choix d’engager non seulement la Bundeswehr autour du Leopard 2A8 et de son éventuelle évolution à venir, mais également d’en faire le fer de lance des exportations de chars allemandes dans les années, voire décennies à venir, condamne probablement à relativement court terme le KF-51 Panther de Rheinmetall. On peut d’ailleurs également noter que le choix de constituer un stock destiné à l’exportation du Puma, menacera lui aussi rapidement le potentiel du KF-41 Lynx en Europe, alors que Berlin entend de toute évidence que la Bundeswehr donne le La des standards d’équipements blindés sur le vieux continent.

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L’avenir du KF-51 Panther de Rheinmetall semble de plus en plus compris avec le soutien marqué de la Budneswehr au Leopard 2A8, y compris à l’exportation

Cette annonce met aussi en perspective les récentes déclarations qui se sont succédé outre-Rhin ces dernières semaines. On peut, en effet, très difficilement penser que la stratégie qui se dessine aujourd’hui soit la conséquence d’une opportunité fortuite, et que les annonces préparatoires l’ayant précédé n’aient pas été orchestrées pour en faciliter l’acceptation, notamment de la part du partenaire français qui va, de son côté, se trouver dans une situation bien délicate dans ce domaine du fait du report, voire de l’annulation temporaire pure et simple, du programme MGCS.

Rappelons que jusqu’il y a peu, l’état-major français comme le ministère des Armées déclaraient que le remplacement des chars français Leclerc devait impérativement être entamé dès 2035. Devant le fait accompli de Berlin, le chef d’état-major de l’Armée de terre, le général Pierre Schill, annonça devant la commission défense de l’Assemblée nationale dans le cadre des consultations préparatoires au vote de la future Loi de Programmation Militaire 2024-2030, que le Leclerc pourrait être modernisé au-delà de sa simple « Scorpionisation » actuellement prévue, pour l’amener jusqu’en 2045 au besoin.

Leclerc AZUR Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le devenir du Leclerc et des régiments de chars de l’Armée de Terre est directement lié à la poursuite du programme MGCS et au respect d’un calendrier cohérent

Cette nouvelle annonce de la Bundeswehr risque donc de faire voler en éclat la stratégie établie par l’état-major français, car il semblerait très hasardeux d’envisager la prolongation des Leclerc aprés 2045, même modernisés.

Pour autant, la stratégie allemande demeure, à ce jour, suffisamment ouverte pour qu’il soit possible, au moins pendant quelques années, de vouloir croire que l’échéance de 2045 pourra effectivement être maintenue pour le programme MGCS, d’autant qu’il existe en France un réel enjeu politique autour de la coopération franco-allemande de défense.

Le risque, bien évidemment, serait que d’ici à 2026 ou 2027, lorsque le report du programme au-delà de 2050 deviendra évidente, que l’Armée de Terre se trouve sans alternative nationale pour moderniser son parc de chars, et obligée de se tourner vers une solution intérimaire que Berlin sera probablement très heureux de proposer.

Il est évident que l’Allemagne, dans ce dossier, met en œuvre une stratégie rationnelle et efficace, tant du point de vue industriel qu’opérationnel et même politique. En revanche, tout porte à croire que la France, de son côté, refuse de voir au-delà de l’évidence, et d’envisager toutes les implications de cette stratégie allemande, sur l’avenir de sa composante blindée lourde, ainsi que pour son industrie de défense terrestre.

Il serait probablement plus que bienvenue, lors de la prochaine visite d’État du président Macron en Allemagne, que ce dernier amène Berlin à s’engager soit sur une échéance ferme autour du programme MGCS, soit de clarifier les objectifs et conséquences de la stratégie en cours.

La Pologne veut rejoindre le programme d’avion de combat sud-coréen KF-21 Boramae

Ces derniers mois, Varsovie a entrepris un rapprochement stratégique avec l’industrie de défense sud-coréenne. En juillet 2022, les autorités polonaises annonçaient la commande de 180 chars K2 Thunder produits en Corée du sud accompagnés de 221 canons automoteurs K9, ainsi que la fabrication locale de plus de 800 exemplaires de ce char destiné à remplacer les T-72 et de 440 canons automoteurs, notamment pour équiper les 2 nouvelles divisions mécanisées dont la constitution venait d’être annoncée. En septembre, Varsovie confirmait la commande de 48 chasseurs légers sud-coréens FA-50, puis de 300 lance-roquettes multiples K239 Chunmoo, équivalent sud-coréen de l’HIMARS américain.

Si cette dernière acquisition semble avoir été remise en question lors des récentes négociations entre le ministre de la défense polonais et Lockheed-Martin pour obtenir la fabrication locale du HIMARS en Europe, les autorités polonaises n’en ont visiblement pas fini avec leur stratégie de rapprochement de l’industrie de défense sud-coréenne. En effet, selon des informations concordantes, Varsovie serait proche de signer une lettre d’intention afin de rejoindre le programme d’avion de combat de génération intermédiaire KF-21 Boramae actuellement en développement par KAI, le concepteur de l’appareil, et la DAPA, l’agence de l’armement sud-coréenne.

Cette annonce à venir fait suite à la visite du PdG de l’entreprise polonaise PGZ, Sebastian Chwałek, en Corée du Sud pour y rencontrer les responsables de KAI et de la DAPA, le mois dernier. Selon les informations ayant filtré à ce jour, PGZ viserait à rejoindre le programme sud-coréen à partir de 2026, lorsque celui-ci entrera dans dans sa seconde phase. Pour Séoul, il semble que l’intérêt polonais soit pris très au sérieux, alors que l’Indonésie, partenaire historique du programme, ne satisfait toujours pas à ses engagements, notamment budgétaires.

KF21 Boramae first flight Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le premier prototype du KF21 Boramae a effectué son premier vol en juillet 2022. Depuis, le programme a connu une activité intense et un second prototype a lui aussi effectué son premier vol en février 2023 (image en illustration principale)

Pour la Pologne, rejoindre le programme KF-21 Boramae permettrait de developper très efficacement son industrie aéronautique militaire, mais également de renforcer ses forces aériennes qui seront composées, à la fin de la décennie, de 48 F-16, 32 F-35A et des 48 FA-50. Bien que significative, cette flotte de chasse sera cependant singulièrement sous-dimensionnée vis-à-vis de la puissante force terrestre en développement, domaine dans lequel la construction locale du KF-21, un appareil moderne mais économique, pourrait apporter des solutions efficaces.

L’arrivée du KF-21 en Europe permettrait également au couple Pologne-Corée du Sud d’accroitre l’attractivité de l’appareil sur le vieux continent, notamment vers les pays d’Europe de l’Est qui peinent à financer la constitution d’une flotte de chasse moderne et suffisamment dimensionnée lorsque composée d’appareils américains ou européens. Cet accord permettrait de fait à Varsovie d’accroitre son rôle de pivot de la défense orientale de l’Europe, en particulier vis-à-vis des pays d’Europe de l’Est, alors que les Etats-Unis devront probablement réduire leur empreinte militaire dans les années à venir en Europe pour se concentrer sur le théâtre Pacifique.

Du fait de la dynamique en cours, on peut s’attendre, dans les mois et années à venir, et pour peu que le PiS du président Duda reste au pouvoir après les élections de cet automne, à ce que d’autres coopérations avec la Corée du Sud soient annoncées, par exemple dans le domaine des sous-marins alors que la Marine Polonaise veut acquérir 3 nouveaux submersibles, mais également dans le domaine des missiles balistiques, Séoul ayant accru ses efforts de développement dans ce domaine.

A ce rythme, la Pologne pourrait bien devenir davantage que la plus puissante force armée terrestres en Europe, que ce soit dans le domaine aérien et même industriel. Reste à voir comment le financement de ces programmes sera effectivement assuré, alors que le Secrétaire d’Etat Marcin Prydacz a indiqué il y a quelques jours, qu’il serait normal que les européens participent au financement de l’effort de défense polonais qui assure la sécurité de l’ensemble du continent.

Avec le CV90 Mk5, la Suède a entamé la conception d’une nouvelle version de son véhicule de combat d’infanterie

Le chef d’état-major de l’armée de terre suédoise a annoncé le développement du CV90 Mk5, une évolution très marquée du Vehicle de combat d’infanterie déjà choisi par neuf pays européens.

Au milieu des années 80, l’armée de terre suédoise, la svenska armén, entreprit de se doter d’un véhicule de combat d’infanterie moderne adapté à ses besoins spécifiques. lancé en 1985, le projet Stridsfordon 90 aboutit à la conception d’un prototype, le Strf 9025, qui fut testé intensément de 1988 à 1991.

À la suite de cela, un premier lot de CV90, qui prendront la désignation CV90 Mk0, sera commandé par l’Armée suédoise. Robuste, performant et économique, le CV90 connut depuis un important succès à l’exportation, avec de nombreuses versions spécialisées.

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Le CV90 a été décliné en de nombreuses versions spécialisées, du poste de commandement au transport de troupe blindé

Il a à ce jour été produit à plus de 1200 unités pour sept armées européennes : les trois pays scandinaves, la Finlande, les Pays-Bas, la Suisse et l’Estonie. Le blindé s’est également imposé ces dernières années en Slovaquie et en République tchèque face au Lynx et à l’ASCOD, pour plus de 360 blindés. Et l’aventure du CV90 semble loin de devoir s’arrêter.

En effet, les armées suédoises ont entrepris de concevoir une nouvelle version du blindé, désignée CV90 Mk5, afin de remplacer le parc de près de 500 Strf 90 actuellement en service.

Le nouveau véhicule de combat d’infanterie intègrera notamment une propulsion hybride, un système de commandement et de communication entièrement numérisé, ainsi qu’une tourelle permettant de mettre en œuvre des missiles antichars sans ligne de visée Akheron MP de conception française, de même que des drones.

En outre, un effort important sera produit afin de réduire la signature thermique, radar et visuelle du blindé. Selon le major général Karl Engelbrektson, chef d’état-major de l’armée de terre suédoise, la conception du nouveau blindé sera effectuée de 2023 à 2027, alors que la production s’étalera jusqu’à 2034 et probablement au-delà.

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Le CV90 a déjà été choisi par 9 armées européennes

On remarque toutefois que le projet présenté par l’état-major suédois ne fait pas état d’un système de protection actif de type hard-kill, alors que l’armement principal du blindé n’a pas, lui non plus, été défini.

Il est probable que ces aspects seront détaillés ultérieurement lors de la présentation des différentes versions du blindé, l’armée de terre suédoise mettant en œuvre pas moins d’une dizaine de configurations pour sa flotte du major général Strf 90, dont une version équipée d’un mortier automatique de 120 mm baptisée Mjölnir.

De même, le nombre total de véhicules qui seront commandés par la Suède, n’a pas non plus été fixé lors de la présentation du programme par le général Engelbrektson.

Ce programme pourrait intéresser plusieurs pays, en particulier en Europe, notamment parmi ceux qui devront remplacer lors de la prochaine décennie leur flotte de véhicules de combat d’infanterie et de blindés de combat chenillés.

Le CV90 MK5, comme les autres versions, sera certainement déclinés en plusieurs versions
Le CV90 a été adapté en plusieurs versions, dont le Mjölnir, un mortier automatique de 120 mm

Au-delà des opérateurs historiques du CV90, d’autres armées aujourd’hui équipées uniquement de blindés sur roues, comme en Belgique et en France, pourraient y voir une opportunité de durcir leurs capacités d’engagement sur le théâtre européen, alors que d’autres, comme l’Italie, devront remplacer leurs propres véhicules de combat d’infanterie chenillés lors de la prochaine décennie.

En outre, un partenariat avec Paris ou Rome pourrait permettre d’étendre le périmètre adressable du CV90 Mk5 en termes d’exportation, notamment hors d’Europe.

Roumanie, Philippines, Argentine, Indonésie … : Le sous-marin Scorpene de Naval Group en courte finale dans plusieurs pays

L’année 2023 sera-t-elle l’année du sous-marin Scorpène ? On peut le penser, puisque le navire de Naval group est en courte finale dans au moins 5 compétitions internationales.

En aéronautique, le terme « finale » désigne la trajectoire d’un aéronef une fois qu’il est aligné avec la piste, trainées (trains d’atterrissage et volets) sorties et sur un plan de descente l’amenant à l’atterrissage. La « courte finale », quant à elle, désigne les quelques secondes qui précèdent le posé des roues, lorsque l’atterrissage est, pour ainsi dire, inéluctable.

Ce terme est de fait parfaitement adapté pour décrire la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le sous-marin conventionnel Scorpene de Naval Group dans plusieurs compétitions internationales, en Roumanie, aux Philippines, en Indonésie ainsi qu’en Argentine, avec des chances importantes qu’une ou plusieurs de ces marines ne choisissent le sous-marin français dans les semaines ou mois à venir pour moderniser leurs capacités sous-marines.

Conçu initialement dans un projet commun entre le français DCNS et l’espagnol Navantia pour le remplacement des sous-marins Agosta de la Marine Espagnole, le programme se divisa sur fond d’accusation de vol de la propriété intellectuelle au milieu des années 2000 entre les deux industriels européens, pour donner le Scorpene de Naval Group d’une part, et le S-80 espagnol de l’autre.

Le modèle Scorpene se compose en réalité de plusieurs navires allant de 60 à 82 mètres de long et d’un déplacement de 1600 à 1800 tonnes en surface. Il a été commandé à ce jour à 14 exemplaires par 4 Marines, le Chili pour deux unités entrées en service en 2005 et 2006, la Malaisie pour là encore deux unités entrées en service en 2009, l’Inde pour 6 navires formant la classe Kalvari entrés en service entre 2017 et 2024, et la Brésil pour 4 bâtiments dont le premier est entré en service en 2022, et les 3 autres rejoindront le service d’ici 2025.

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Naval group a fait la demonstration en Inde et au Brésil de sa capacité a accompagner les industries locales pour produire des sous-marins Scorpene avec les standards de qualité requis

Outre des performances appréciées des marines qui opèrent ces navires, et la possibilité de mettre en oeuvre certaines capacités rares comme le missile anti-navire à changement de milieu SM39 Exocet, le Scorpene a également permis à Naval Group de faire la démonstration de sa maitrise de la construction locale et des transferts de technologies, notamment en Inde et au Brésil.

De fait, aujourd’hui, le Scorpene vient flirter avec le record d’exportation de sous-marins de l’histoire de Naval Group avec les 15 sous-marins de la classe Daphné exportés entre 1967 et 1975 en Espagne, au Portugal, au Pakistan et en Afrique du Sud.

Pourtant, contrairement à cette classe mais également aux concurrents internationaux de Naval Group, le Scorpene souffre d’un sévère handicape, car il n’a jamais été commandé par la Marine Nationale qui met en oeuvre une flotte sous-marine uniquement composée de bâtiments à propulsion nucléaire. Quoiqu’il en soit, le record de la Daphné pourrait très bientôt voler en éclat.

En Roumanie d’abord, après que le Ministère de la défense ait entamé, en avril dernier, la démarche législative visant à autoriser un investissement supérieur à 100 m$ sur la loi de finance défense 2023, précisément pour l’entame d’un programme pour la construction de 2 ou 3 sous-marins afin de remplacer son unique submersible, le Delfinul, un modèle Kilo soviétique entré en service en 1985, qui aujourd’hui n’est plus apte à prendre la mer et ne sert qu’à des fins de formation pour maintenir certaines compétences.

Si le Scorpene et Naval Group ne sont pas nommément cités dans la procédure parlementaire, celle-ci repose toutefois sur des négociations entamées il y a déjà plusieurs années entre Bucarest et Naval Group considérées comme très avancées au travers des divers indiscrétions roumaines comme françaises à ce sujet.

A noter que ce nouveau programme pourrait également permettre de débloquer la construction de 4 corvettes anti-sous-marines Gowind 2500 attribuée à Naval Group en 2019, et depuis empêtrée dans un désaccord entre le chantier naval roumain sensé construire les navires, et Naval Group qui doit effectuer les transferts de technologies mais également assumer la responsabilité de la conformité des 4 navires.

Corvette Gowind2500 Egyptienne de Naval Group Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le programme pour la construction de 4 corvettes Gowin 2500 pourrait profiter de la dynamique Scorpene pour sortir de l’ornière dans lequel il se trouve depuis 3 ans

La décision pourrait également intervenir très prochainement aux Philippines, alors que le pays a entamé, avec l’aide des Etats-Unis, un profond basculement de sa posture politique régionale, notamment en terme de défense, pour faire face à la montée en puissance de la Chine et de sa marine.

A l’instar de plusieurs pays bordant la mer de chine du sud, les Philippines sont aujourd’hui amputés d’une partie de leur Zone économique Exclusive par l’annexion de fait de cette mer sur fondement « historique » et par des moyens militaires par Pékin. La Marine comme les gardes-côtes philippins sont aujourd’hui de plus en plus souvent contraints de se confronter à des navires chinois commerciaux comme militaires, dans une situation de tensions croissantes.

Pour y faire face, Manille a entrepris de moderniser ses forces armées, notamment en retrouvant une réelle flotte de chasse dans le domaine aérien, mais également en se dotant, pour la première fois, d’une flotte de sous-marins. Pour cela, les autorités philippines se sont rapprochées, dès 2019, de Naval Group, et plusieurs échos font aujourd’hui état d’une possible décision prochaine dans ce dossier, dans la dynamique actuellement entreprise aux cotés des Etats-Unis.

Le Scorpène est également donné régulièrement favoris en Indonésie, dans le cadre de l’important effort entrepris par le pays lui aussi exposé à des différents territoriaux avec la Chine, pour moderniser sa marine.

C’est ainsi que dans le cadre de la signature de l’accord concernant l’acquisition de 42 avions de combat Rafale il y a un peu plus d’un an, un Mémorandum of Understanding fut également signé pour entamer les négociations autour de la construction locale de 2 à 6 sous-marins Scorpene avec Naval Group.

Il s’agit, pour Jakarta, de renforcer sa flotte que d’améliorer la qualité de ses constructions navales, alors que la presse locale s’était faite l’écho de défauts dans ce domaine concernant les navires de la classe Nagapasa, un modèle sud-coréen dérivé du Type 209 allemand assemblé par les chantiers navals PT PAL.

Dans ce domaine, la montée en compétence observée par les chantiers navals et par le réseau de sous-traitance en Inde et au Brésil autour de leurs programmes Scorpene respectifs, joue évidement en faveur de l’industriel français.

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Le ministre de la défense et le chef d’état-major de la marine argentins ont visité les chantiers navals brésiliens à Itaguai pour observer la construction des sous-marins Scorpene pour la Marine brésilienne.

Le dernier pays qui se révèle proche de là possible signature d’une commande de sous-marins Scorpene n’est autre que l’Argentine. En effet, selon le site infodefensa.com particulièrement bien renseigné pour ce qui concerne l’actualité défense en Amérique du Sud, citant un entretien avec le chef de cabinet du ministère de la défense argentin Hector Santiago Mazzei, un accord serait signé dans les prochaines semaines pour doter à nouveau la marine argentine d’une flotte militaire sous-marine, après que ses deux derniers sous-marins Santa Cruz et Santa Type 209 entrés en service respectivement en 1984 et 1973, ont été mis en réserve en 2020.

La compétition argentine, qui oppose le Scorpene de Naval Group et le Type 214 allemand, semble tourner en faveur du modèle français, notamment après que le ministre de la défense Jorge Tiaina et le chef d’Etat-major de la Marine, l’amiral Julio Guardia, aient visité le chantier naval Itaguai qui assemble les scorpène brésiliens.

Au delà de ces pays qui pourraient annoncer dans les semaines ou mois à venir, un arbitrage en faveur du Scorpene de Naval Group, d’autres discussions sont en cours autour de ce sujet, notamment en Malaisie qui souhaite acquérir deux nouveaux sous-marins pour renforcer les capacités de sa marine, l’Inde qui pourrait commander des Kalvari supplémentaires pour préserver les compétences de son outil industriel hérité du programme dans l’attente de l’arbitrage autour du programme P75i, ainsi que plusieurs pays d’Amérique du sud qui doivent, comme l’Argentine, remplacer leurs Type 209 acquis dans les années 70 et 80.

Fiable, économique et performant, le Scorpene de Naval Group dispose, aujourd’hui, d’arguments de premier plan notamment face au Type 214 allemand ou au Dosan Anh Chango sud-coréen plus onéreux, d’autant que le groupe français a fait la démonstration de ses capacités à accompagner l’industrie locale dans ce domaine.