Le Rafale F4.2, ainsi que le Rafale F5, seront tous deux dotés de capacités avancées en matière de suppression des défenses aériennes ou SEAD, selon le Chef d’État-major de l’Armée de l’Air, le général Mille.
Il y a à peine plus d’un an, en réponse à une question ouverte du député UDI J.C Lagarde, le Ministère des Armées avait jugé que les forces aériennes françaises n’avaient nullement besoin d’une version dédiée du Rafale à la Guerre Electronique et à la Suppression des Défense Aériennes Adverses, plus connue sur l’acronyme anglais SEAD.
Pour l’Hôtel de Brienne, en effet, le Rafale disposera, dans ses versions à venir, de capacités d’autoprotection et de combat collaboratif lui permettant d’évoluer dans les environnements contestés, alors que les alliés de la France disposent, quant à eux, de telles capacités.
Les choses ont de toute évidence bien changé depuis cette réponse. En effet, lors de son audition par la Commission de la Défense de l’Assemblée Nationale dans le cadre de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2024-2030, le général Mille, chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace, a précisé que les futurs standards, à partir du Rafale F4.2 et surtout autour du futur standard Rafale F5 dont la conception a débuté cette semaine, seront dotés de capacités croissantes et avancées en matière de suppression des défenses aériennes et d’évolution en environnement contesté.
Le Rafale F4.2 sera doté de capacités de suppression des défenses aériennes SEAD
Aucune information précise sur les évolutions à venir du Rafale dans ce domaine n’a pour l’heure été donnée. Au mieux sait-on que du fait des capacités de combat infocentées de l’appareil, et de l’arrivée de nouvelles munitions comme le nouveau missile de croisière nucléaire ASN4G et des futurs missiles de croisière et anti-navires FMC/FMaN, l’appareil pourra frapper ses cibles à l’intérieur du dispositif adverse en dépit de la couverture anti-aérienne présente.
Toutefois, tout porte à croire que d’autres capacités vont venir s’ajouter à celles-ci, dont l’emport de brouilleurs de guerre électronique ainsi qu’un futur missile air-sol anti-radiation, soit l’essentiel de ce qui pouvait constituer un Rafale de Guerre Électronique.
Pour le CEMAAE, il s’agit de garder la capacité des forces aériennes et aéronavales françaises à entrer en premier et de garder un « coup d’avance» sur l’évolution des défenses anti-aériennes de l’adversaire.
On comprend, par ces propos, que si une version dédiée à la guerre électronique du Rafale, comparable au EA-18G Growler de l’US Navy, n’est pas à l’ordre du jour sur la Loi de Programmation Militaire à venir.
Transformer le Rafale F5 et F4 en Tueur de SAM au besoin
Les forces aériennes françaises entendent bien, en revanche, permettre au Rafale de se transformer au besoin en « tueur de SAM» (SAM : Surface to Air missile), non seulement pour assurer sa propre protection, mais également celles d’autres appareils moins bien protégés d’évoluer dans cet environnement.
Il pourra s’agir des Mirage 2000D mais également les drones, Remote carrier et autres Loyal Wingmen qui ne manqueront pas de se greffer aux futurs standards de l’appareil, ainsi que les voilures tournantes (hélicoptères) que l’on sait très exposées aux défenses anti-aériennes désormais.
Ainsi parer, le Rafale sera de fait non seulement un atout pour les forces aériennes et l’aéro-combat français, mais également pour les forces alliées qui ne bénéficieront pas toutes de capacités similaires.
Vers un Reboot du Rafale avec le standard F5 ?
L’arrivée de ces nouvelles capacités, comme des drones de type Remote Carrier déjà abordés sur ce site, va par ailleurs donner une nouvelle jeunesse au Rafale, dont la version F5 semble plus que jamais se transformer en un véritable « reboot » capacitaire, en particulier en matière d’évolutivité.
En effet, les performances opérationnelles de l’appareil viendront tangenter, et peut-être même surpasser, celles de plusieurs avions de combat dits de 5ᵉ génération, par certaines inversions de paradigmes en matière de guerre aérienne privilégiant l’autonomie, la vitesse, la capacité d’emport et la maintenabilité à la furtivité.
Reste à voir, désormais, à quel point les contraintes héritées de la conception initiale de cet appareil, dessiné à la fin des années 80, ne viendront pas de trop handicaper le plein potentiel de ces nouvelles capacités, tant au profit des forces aériennes françaises que de la compétitivité du Rafale sur la scène internationale, alors que tout porte à croire, aujourd’hui, qu’il devra encore tenir la ligne sur ce marché pendant encore une vingtaine d’années.







