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La Pologne veut passer de 4 à 6 divisions mécanisées opérationnelles en 2035

Dans le cadre des travaux concernant le plan Model 2035 visant à moderniser et renforcer les armées polonaises à horizon 2035, le ministre polonais de la Défense, Mariusz Błaszczak, a annoncé que le format de l’Armée de terre du pays passerait de 4 divisions aujourd’hui, à 6 divisions mécanisées en 2035, avec une augmentation significative des effectifs et des matériels en dotation.

Alors que la Pologne ne dispose que d’un PIB de 600 Md€, le quart de celui de la France, et d’une population de 38 millions d’habitants, à peine 55% des 68 millions de Français, le pays dispose d’une force armée très importante, en particulier dans le domaine terrestre avec 60.000 hommes repartis dans 4 divisions de 3 brigades mécanisées chacune, alignant 800 chars lourds, 500 systèmes d’artillerie automoteurs et plus de 4000 véhicules de combat d’infanterie et transport de troupe blindés.

Pour répondre à l’invasion russe de l’Ukraine, Varsovie entend accroitre ses capacités militaires dans le cadre d’un vaste programme de modernisation désigné « Model 2035 », pour lequel le Président Polonais Andrzej Duda a déjà annoncé que le pays porterait son effort de défense de 2,2% du PIB aujourd’hui, à plus de 3%.

PT91 MBT Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
Après avoir transféré plus de 200 T-72 en Ukraine, la Pologne va également devoir remplacer ses chars lourds PT91 de facture locale

Alors que le programme Model 2035 n’a pour l’heure pas été officiellement dévoilé, le ministre de La Défense, Mariusz Błaszczak, multiplie les digressions dans la presse, et en particulier sur les réseaux sociaux, pour en annoncer les principales mesures.

C’est ainsi qu’au début du mois de juin 2022, ce dernier a annoncé que Varsovie entendait commander 500 systèmes lance-roquettes HIMARS supplémentaires aux 20 exemplaires commandés en 2019, ainsi que deux nouvelles batteries de missiles anti-aériens Patriot.

Quelques jours plus tard, Mariusz Błaszczak annonçait la signature d’un accord avec le sud-coréen Hanwha Techwin en vue d’acquérir de nouveaux lots de canon automoteur AHS Krab, puis la signature d’un accord-cadre avec Séoul pour le développement d’un char lourd basé sur le K2 Black Panther et d’un véhicule de combat d’infanterie dans un partenariat étroit entre les industries sud-coréennes et polonaises, alors que Varsovie avait déjà signé il y a quelques mois une commande de 250 chars de combat lourds américains Abrams M1A2 SEPv3, la version la plus avancée du char américain.

L'Armée polonaise disposera de 6 divisions mécanisées en 2035 fortes de 200 chars de combat lourds
Selon le ministre de la Défense polonais, Varsovie et Séoul vont collaborer pour développer un nouveau char lourd, probablement sur la base du K2 Black Panther sud-coréen.

De toute évidence, les autorités polonaises n’entendent pas se contenter de simplement moderniser leurs armées, déjà numériquement parmi les plus importantes et performantes du vieux continent.

En effet, dans un nouveau tweet, le ministre de la Défense Mariusz Błaszczak a annoncé que l’Armée de terre polonaise se doterait, dans les années à venir, de deux nouvelles divisions, venant compléter la 11ᵉ division de cavalerie blindée ainsi que les 12ᵉ, 16ᵉ et la nouvelle 18ᵉ division mécanisée existantes, soit une hausse de 50% du format opérationnel de cette armée de 60.000 hommes.

Au-delà des programmes d’équipements, le changement de format s’appuiera sur de nouvelles incitations pour le service militaire volontaire, et la création de nouveaux postes de militaires d’active.

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Outre la modernisation de son armée de terre, Varsovie a engagé plusieurs programmes pour moderniser et étendre ses forces aériennes et navales, dont l’acquisition de chasseurs Lockheed-Martin F-35A

Reste que pour financer un tel changement de format sur une période aussi courte, ainsi que la modernisation et l’extension des forces aériennes avec l’arrivée des F-35A Lighting II, et de la Marine avec de nouvelles frégates du programme Miecznick et des sous-marins Orka, la seule hausse de l’effort de défense à 3% du PIB pourrait bien ne pas suffire, même si Varsovie renoue avec la croissance qu’elle avait connue avant la crise Covid, ce d’autant que le pays est l’un des plus touchés par l’inflation en Europe, avec une hausse des prix de plus de 13% annualisée à ce jour.

Il est donc probable qu’il faille voir, dans ces annonces itératives et très ambitieuses de la part des autorités polonaises, une communication gouvernementale très agressive en préparation des élections législatives de 2023, alors même que l’opinion publique polonaise est aujourd’hui chauffée à blanc par la guerre en Ukraine.

Pas certain, cependant, qu’une fois cette guerre terminée, l’opinion publique du pays continuera à soutenir un effort de défense aussi important pour un pays dont l’économie et le modèle social sont encore loin d’être au niveau de ceux de ses alliés de l’ouest.

Lancement imminent du nouveau porte-avions Type 003 chinois

Attendu depuis plusieurs jours, le lancement du nouveau porte-avions lourd chinois, désigné Type 003, est désormais imminent et pourrait intervenir demain Mercredi 15 juin. De nouveaux clichés montrent en effet que la cale sèche dans lequel le navire a été construit est en cours de remplissage.

Alors que l’avenir du porte-avions est régulièrement remise en cause en occident, le navire étant jugé par certains comme trop onéreux et trop vulnérable, la Chine, quant à elle, produit de très importants efforts pour se doter, le plus rapidement possible, d’une puissante capacité aéronavale embarquée. Après l’entrée en service de son premier porte-avions , le Liaoning, en 2017, soit presque 20 années après l’acquisition de la coque du Varyag, navire jumeau du porte-avions russes Admiral Kuznetzov, puis celle du Shandong en 2019, premier porte-avions de conception nationale mais très inspiré du Liaoning, les chantiers navals Jiangnan de Shanghai s’apprêtent donc à lancer le troisième porte-avions chinois, désigné pour l’heure par son identifiant de classe, le Type 003, 6 ans seulement après le début de la construction du navire.

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cliché montrant la calle du nouveau porte-avions 003 dont le remplissage a débuté

Le nouveau porte-avions chinois est une prouesse à plusieurs égard. Il s’agit en effet du premier porte-avions CATOBAR, c’est à dire doté de catapultes et non d’un tremplin comme les deux premières unités, ainsi que de brins d’arrêt, permettant au navire de mettre en oeuvre des aéronefs plus lourds, et surtout des appareils plus spécialisés que les J-15 qui arment les Liaoning et Shandong, comme les futurs avions de veille aérienne embarqués KJ-600. En outre, le navire sera bien plus imposant que ses prédécesseurs, avec une longueur estimée à 320 mètres et une largeur maximale du pont d’envol de 78 mètres, offrant un pont d’envol 30% plus large que celui du Shandong, pour un tonnage de 85.000 tonnes estimés, soit 20% de plus que ce dernier. Bien que doté d’une propulsion conventionnelle et non nucléaire, le nouveau porte-avions s’appuiera sur une propulsion électrique intégrée, offrant une importante capacité de production électrique au navire, notamment pour mettre en oeuvre les 3 catapultes électromagnétiques qui l’équipent.

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Si les porte-avions Liaoning et Shandong chinois sont utiliser pour des missions opérationnelles, ils servent avant tout à la Marine Chinoise pour acquérir les savoir-faire nécessaires à la mise en oeuvre de ce type de navire.

Dans les faits, le Type 003 sera le second navire de combat le plus lourd en service sur la planète, ne cédant en cela qu’aux super-porte-avions des classe Nimitz et Ford de l’US Navy, mais surclassant très nettement les porte-avions européens, comme la classe Queen Elizabeth britannique (65.000 tonnes) ou le PAN Charles de Gaulle français (42.000 tonnes). Pour autant, il ne s’agira, comme pour le Liaoning et le Shandong, très probablement que d’un navire de transition, même si un sister-ship est très probablement prévu à horizon 2027. En effet, l’objectif de l’amirauté chinoise est de se doter, d’ici le début de la prochaine décennie, de super porte-avions à propulsion nucléaires comparables aux navires de l’US Navy, et les Type 003 constituent dans cette trajectoire une étape indispensable pour permettre aux marins mais également aux pilotes chinois d’apprendre à employer au mieux ce type de navires, que très peu de pays peuvent se targuer de savoir mettre en oeuvre. Le fait est, il est probable que les chantiers navals chinois continueront de produire un nouveau porte-avions tous les 5 ans, pour une flotte finale de 7 à 8 navires, en accord avec les objectifs de suprématie navale chinoise de la Chine dans la zone indo-pacifique pour 2050.

KF51 vs EMBT : Duel à fleuret moucheté entre Rheinmetall et KNDS autour du programme MGCS

A l’instar du programme d’avion de combat de nouvelle génération SCAF, le programme Main Ground Combat System, ou MGCS, visant à concevoir le remplaçant des chars Leopard 2 allemands et Leclerc français, rencontre de nombreuses difficultés. Outre les divergences doctrinales profondes qui s’opposent dans le cahier des charges entre l’Armée de Terre et la Bundeswehr, le partage industriel entre les acteurs principaux, l’Allemand Rheinmetall d’un coté, et les groupes Nexter et Krauss Maffei Wegman rassemblés dans le groupe KNDS de l’autre, est également l’objet d’intenses tensions. En effet, le groupe munichois, par ailleurs très introduit politiquement auprés du Bundestag, le parlement allemand, n’est pas du tout satisfait des 3 piliers qui lui ont été confiés sur les 9 qui constituent le programme MGCS, et estime qu’il devrait avoir une emprise bien plus importante sur celui-ci, ce qui, naturellement, n’est pas du tout de l’avis de KNDS et de ses deux groupes fondateurs.

De fait, le retour du salon mondial dédié à l’armement terrestre Eurosatory 2022, 4 années après la dernière édition de 2018, est l’occasion pour les deux groupes de se livrer un duel à fleuret moucheté, en présentant chacun un démonstrateur de char de combat de nouvelle génération, le nouveau KF51 Panther pour Rheinmetall, et une nouvelle version de l’EMBT pour KNDS, alors que celui-ci était déjà l’une des attractions majeures lors de la précédente édition d’Eurosatory, et ce pendant que les travaux autours du MGCS piétinent. Car au travers de ces démonstrateurs, chaque groupe industriel entend non seulement se positionner sur un redémarrage rapide de la demande en matière de char de combat qui intervient bien avant l’échéance de 2040 du MGCS, mais également faire la démonstration de ses capacités propres pour s’imposer sur ce marché, de sorte à redefinir les rapports de force au sein du programme européen, voire pour en remettre en cause les fondements et la pertinence.

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La tourelle de l’EMBT a été entièrement redessinée, pour soutenir une vision très innovante du char de combat

De prime abord, les concepts du KF51 comme de l’EMBT sont relativement proches. Dans les deux cas, il s’agit d’une caisse classique inspirée de celle du leopard 2 et propulsée par un moteur de 1500 cv, surmontée d’une tourelle de nouvelle génération. Pour le KF51, baptisé Panther par Rheinmetall, il s’agit d’une tourelle dont la forme n’est pas sans rappeler celle du futuriste, mais pas si performant que ça, KF41 Lynx, armé d’un nouveau canon à âme lisse de 130 mm à chargement automatique, d’une mitrailleuse coaxiale ainsi que d’un système de lancement permettant de mettre en oeuvre des missiles antichars, ainsi que des drones et surtout des munitions vagabondes Hero-120. Selon Rheinmetall, le nouveau canon de 130mm s’avèrerait 50% plus efficace que celui qui équipe le Leopard 2 aujourd’hui (sans préciser s’il s’agit du L/44 ou du L/55). Pour sa protection, le Panther s’appuie sur le système de protection active hard-kill StrikeShield de Rheinmetall, le tout étant mis en oeuvre dans une architecture ouverte avancée par un équipage à 3 membres. Dans cette configuration, le KF51 atteint une masse de 65 tonnes, certes inférieure aux plus de 70 tonnes des Leopard 2A7, Abrams M1A2 et autres Challenger 2, mais loin de classification de « char moyen » dont Rheinmetall tente d’affubler son démonstrateur dans sa communication.

L’EMBT de KNDS a, quant à lui, profondément évolué depuis sa première apparition en 2018. Il s’agissait alors plus d’un démonstrateur politique que technologique, associant une caisse de Leopard 2 à une tourelle de char Leclerc pour marquer la nouvelle coopération franco-allemande entre KMW et Nexter au sein du groupe KNDS. Dans sa version 2022, la tourelle Leclerc a cédé la place à une tourelle entièrement redessinée, armée d’un canon de 120 mm L52 secondé par une mitrailleuse de 12,7mm coaxiale, ainsi que d’un tourelleau automatique de 30mm à haute élévation capable d’engager des cibles aériennes et des drones. Le Chef de char dispose également d’une mitrailleuse de 7,62mm coaxiale avec son épiscope panoramique, offrant une grande souplesse pour engager l’infanterie à proximité, et l’opérateur système d’un lance-grenade Galix de 80mm avec 8 pots fumigènes et 6 pots anti-personnels.

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en 2018, le démonstrateur EMBT reposait sur une caisse de Leopard 2 montée d’une tourelle de Leclerc

Car en effet, la probable plus grande innovation de l’EMBT n’est autre que son équipage à 4 personnes, alors même que le blindé dispose d’un système de chargement automatique armé de 22 obus pour son canon principal. Aux traditionnels chef de char, tireur, et conducteur des équipages de chars dotés d’un chargement automatique (comme le Leclerc), s’ajoute en effet un 4ème membre d’équipage, désigné opérateur systèmes, en charge de mettre en oeuvre les systèmes optroniques et électroniques offensifs et défensifs du char, à l’instar, par exemple, d’un officier navigateur système d’arme, ou NOSA, dans les avions de combat. Cette approche permet non seulement de mieux organiser la charge de travaille au sein du char, mais, et c’est un enseignement du déploiement de chars à 3 membres d’équipage, cela permet également à l’équipage de réagir plus rapidement à d’éventuelles défaillances, notamment à une rupture de chenille. En terme de défense, l’EMBT s’appuie sur le désormais célèbre système TROPHY israélien, qui équipera certains Leopard 2 de la Bundeswehr, mais également les Abrams américains et les Challenger 3 britanniques. Au combat, l’EMBT affiche une masse de 61 tonnes, pour un moiteur de 1500 cv, soit un rapport puissance poids de 24,6 cv par tonnes, contre 23,1 cv par tonne pour le KF51.

Objectivement, donc, les deux démonstrateurs présentés au salon Eurosatory sont relativement proches, chacun s’appuyant sur certains atouts propres, mais offrant des performances globales de même ordre. Si l’EMBT est plus innovant dans son approche conceptuelle, le KF51 met en valeur ses capacités offensives plus importantes, même s’il est probable que les deux, au final, pourront être équipés des mêmes attributs, notamment en terme de missiles, de drones et de munitions vagabondes. En revanche, pour Rheinmetall, le Panther est présenté comme un char « prêt à produire », et donc comme une alternative économique et efficace au programme MGCS, en particulier dans une très efficace campagne de presse menée par le groupe allemand outre-Rhin et dans les médias anglo-saxons spécialisés (ou ici et encore ici). L’EMBT, pour sa part, n’est présenté que comme un démonstrateur technologique, et en aucun cas comme une solution industrielle et opérationnelle potentiellement alternative au programme franco-allemand. Il ne fait en outre l’objet d’aucune campagne de presse particulière. En prenant en considération les puissants appuis politiques dont dispose Rheinmetall au sein de la CDU, alors que la Bavière a été l’un des deux seuls Landers à rester aux mains du parti conservateur lors des élections de 2021, il ne fait aucun doute que la société Munichoise entend employer le KF51 pour mettre fin au MGCS, et s’imposer en Allemagne et en Europe sur le remplacement des Leopard 2.

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Très futuriste d’aspect, la tourelle du Panther KF51 est toutefois plus traditionnelle dans sa conception que celle de l’EMBT

Pour la France, l’abandon du programme MGCS marquerait un profond échec, d’autant que le rapprochement entre KMW et Nexter est acté, et semble fonctionner de manière efficace. La meilleure solution, pour Paris, dans ces circonstances, serait probablement de se positionner en faveur de l’EMBT, en annonçant l’acquisition de 200 ou 300 exemplaires du nouveau char franco-allemand. En procédant ainsi, la France permettrait à KNDS d’engager la production industriel du blindé, et donc de se positionner au niveau Européen et mondial avec une capacité de production industrielle renouvelée, alors que la demande est en forte croissante, de sorte à barrer la route non seulement au KF51, mais également au Black Panther sud-coréen déjà retenu par la Pologne, ainsi qu’à l’Abrams Américain. En outre, en annonçant une telle décision, la France amènerait KNDS à positionner la ligne de production du blindé en France, tout en poussant Berlin à s’aligner sur ses positions et à faire une commande similaire de sorte à renforcer la Bundeswehr tout en obtenant un partage industriel équitable. Une telle hypothèse barrerait donc la route à Rheinmetall pour positionner son Panther en Europe, tout en assurant un glacis de protection autour du premier programme en coopération de grande envergure pour KNDS, préservant donc les intérêts de Nexter au sein de KNDS.

On le comprend, KNDS et Rheinmetall se livrent aujourd’hui un bras de fer féroce autour des démonstrateurs Panther et EMBT, dont les ambitions dépassent de très loin le seul salon Eurosatory, ou même le marché intérimaire de char de combat jusqu’à l’arrivée du MGCS. Dans ce dossier, c’est probablement Paris bien plus que Berlin qui est en mesure de peser tant pour privilégier le groupe franco-allemand que pour préserver la pérennité du programme de coopération, tout en modernisant sa force de frappe blindée insuffisante en nombre comme en capacités à la vue des enseignements de la guerre en Ukraine. En réagissant promptement et avec détermination, la France pourrait non seulement faciliter l’arbitrage de Berlin, mais également provoquer une certaine dynamique en Europe dans ce domaine, alors que de nombreux pays vont devoir remplacer les chars de combat les plus anciens, allant du M60 au Leopard 2A4, en passant par les nombreux Leopard 1 encore en service, dans les années à venir.

La Russie annonce le début des travaux de construction pour 6 nouveaux navires, dont 2 sous-marins et une corvette

L’agence de presse russe Tass a annoncé le début des travaux de construction pour 6 nouveaux navires de guerre dans les chantiers navals russes le 12 juin, dont 2 sous-marins à propulsion conventionnelle de la classe Lada (Project 677), une corvette de la classe Gremyashchiy (Pr 20385), deux navires de recherches (Pr 03182R) et un chasseur de Mine classe Alexandrit (pr 12700).

C’est devenue désormais une forme de tradition, Moscou a annoncé, le 12 juin, un nouveau lot de constructions navales militaires de 6 navires dans les chantiers navals russes. Ainsi, deux nouveaux sous-marins à propulsion conventionnelle de la classe Lada, déjà baptisés Vologda et Yaroslav, seront construits aux chantiers navals de l’Amirauté de Saint-Pertersbourg, constituant les 4ème et 5ème unités de la classe. La construction de la corvette Razumnyi, un navire de la classe Gremyashchyi pr 20385, a elle débutée aux chantiers navals de l’Amour de Komsomolsk-sur-l’Amour. Les deux navires de recherche Project 03182R sont construits aux chantiers navals de Zelenodolsk, alors que le chasseur de mine Polyarny, 12 et dernière unité de la classe Alexandrit, sera construit aux chantiers navals Sredne-Nevsky.

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les corvettes de la classe Gremyashchiy disposent d’une puissante de feu remarquable pour un navire de 2500 tonnes

De prime abord, cette annonce a de quoi impressionner, d’autant que de nombreux rapports indiquent que l’industrie de défense russe peine désormais à fonctionner par manque de technologies et de composants occidentaux sous embargo depuis le début de l’attaque militaire contre l’Ukraine. Toutefois, force est de constater que cette annonce est bien moins ambitieuse que celles faites précédemment. Ainsi, en aout 2021, Moscou annonçait le début de la construction de 6 navires, dont deux très imposants sous-marins nucléaires lanceurs d’engins Borei-A, de deux sous-marins conventionnels Improved Kilo et de deux corvettes Steregushchiy. En fin d’année, ce furent la construction d’une nouvelle frégate de la classe Admiral Gorshkov, de deux corvettes Stereguchshiy, d’un chasseur de mine Alexandrit et d’un pétrolier-ravitalleur de 14.000 tonnes de la classe Pashin.

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la Marine russe a entrepris de se doter de 6 pétroliers ravitailleurs de la classe Pashin

En outre, en suivant la planification prévisionnelle russe, de nombreuses classes ne sont pas encore pleinement dotées, dont deux frégates de la classe Admiral Gorshkov, 4 corvettes Grmyashchyi, ainsi qu’un sous-marin conventionnel classe Improved Kilo. De fait, l’annonce faite le 12 juin par l’Amirauté russe est clairement à minima, Pour autant, avec pas moins de 5 frégates Adm Gorshkov, autant de corvettes Steregushchiy et Gremyashchiy, 2 porte-hélicoptères d’assaut et 2 navires d’assaut Ivan Gren, 6 sous-marins conventionnels Lada et Improved Kilo, ainsi que 5 sous-marins nucléaires d’attaque Iassen et 4 SNLE classe Borei-A en construction simultanée, l’effort russe pour moderniser sa flotte est considérable, pour peu que les sanctions occidentales ne viennent pas entraver le déroulement de ces constructions. Rappelons également que, dans le même temps, les chantiers navals russes ont entrepris la modernisation de nombreuses unités héritées de l’époque soviétique, dont le porte-avions Kuznetsov, le croiseur nucléaire Admiral Nakhimov, et divers sous-marins nucléaires, destroyers et frégates.

Lors des rencontres de Shangri-La, la rhétorique guerrière chinoise monte d’un cran face à l’Occident

S’exprimant dans le cadre des rencontres de Shangri-La, le ministre de La Défense chinois Wei Fenghe a affirmé que la réunification entre la Chine Populaire et Taïwan s’effectuerait incontestablement, et que la Chine se battrait « jusqu’au bout » contre quiconque tenterait de s’y opposer.

Entamée en 2002, le Shangri-La Dialogue, organisée chaque année à Singapour par l’International Institut for Strategic Studies, rassemble une cinquantaine de pays du théâtre Pacifique, pour des discussions politiques et de sécurité. Depuis quelques années, toutefois, ces rencontres sont devenus le lieu de joutes verbales et d’invectives croissantes entre la Chine et le camps occidental, notamment au sujet de l’autonomie Taiwan. Cette année ne dérogea pas à la règle, et marqua même un nouveau seuil dans les tensions qui opposent le camp occidental organisé autour des Etats-Unis, et la République Populaire de Chine, de plus en plus véhémente et revendicative concernant le brulant sujet de Taïwain. Ainsi, le ministre chinois de La Défense, Wei Fenghe, s’est monté particulièrement intraitable et menaçant sur ce sujet vis-à-vis des autres intervenants, affirmant notamment que « La Chine réaliserait sans le moindre doute la réunitification », et que les forces chinoises se battront jusqu’au dernier homme pour aboutir à cet objectif.

Amphibious assaut PLA Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
depuis 5 ans, l’Armée Populaire de Libération accroit se format et ses compétences en matière d’assaut amphibie, en ayant notamment fait passer le format de son infanterie de marine de 15 à 40.000 hommes.

Au delà des questions des postures belliqueuses, devenues monnaie courante pour les dirigeants chinois comme russes ces derniers mois, il ne fait aucun doute désormais que Pékin s’inscrit dans une trajectoire claire et incontournable pour reprendre le controle de l’ile de Taïwan dans les années à venir. La construction d’une immense flotte d’assaut, le renforcement très sensibles des capacités d’assaut aéroporté et amphibie, de suppression des défenses concourent toutes à permettre de mener un assaut sur l’ile, alors que la construction d’une flotte aéronavale de haute mer, le renforcement des moyens de déni d’accès et des moyens aériens à capacité de projection de puissance, et l’immense effort dans le domaine des capacités nucléaires, visent quant à eux à empêcher américains et alliés d’interférer dans une telle opération. La question n’est plus, désormais, de savoir si la Chine tentera effectivement de s’emparer par la force de Taîwan, quitte à devoir se confronter avec les Etats-Unis et ses alliés, mais de savoir quand cette opération interviendra.

DF41 Missile Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
Pékin a entrepris de rapidement se doter d’une force de frappe nucléaire susceptible de faire jeu égal avec les Etats-Unis, sans pour autant chercher à égaler Washington ou Moscou en Nombre de têtes nucléaires

En tenant compte des besoins indispensables pour mener avec succès une telle opération, et de la production industrielle chinoise ces dernières années, il est probable que cette opération militaire interviendra avant la fin de la décennie, et qu’elle redéfinira le paysage géopolitique mondial encore bien davantage que ne le fait aujourd’hui l’intervention russe en Ukraine. De manière interessante, on constate que la Chine, comme la Russie, finance l’essentiel de son effort de défense sur les recettes qu’elle retire de ses exportations vers l’occident, et que comme ce fut le cas concernant les hydrocarbures russes avant le 24 février, personne en occident, en particulier en Europe, ne semble prêt à mettre en oeuvre un plan visant à réduire rapidement et drastiquement cette relation, et les conséquences qui en découlent. Pourtant, les conséquences économiques et géopolitiques d’un assaut chinois sur Taïwan pourraient être, en l’état de l’économie et des rapports de force, bien plus difficile à absorber pour les pays européens, en dépit de la distance, que ne l’est aujourd’hui la guerre en Ukraine, sans même parler des risques de conflits d’opportunités qui se multiplient.

Entre missile et munition vagabonde, l’israélien Rafael présente son nouveau Spike NLOS d’une portée de 50 km


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A la fin de la guerre froide, le marché occidental des missiles antichars était aux mains des Etats-Unis avec le TOW de Hughes Aircraft et l’arrivé du missile Hellfire de Lokheed-Martin, et des européens avec les HOT et les très efficaces MILAN d’infanterie développés par Euromissiles. Mais avec la fin de la menace soviétique, américains comme européens abaissèrent sensiblement leurs investissements dans ce domaine, ouvrant la voie à l’émergence d’autres acteurs sur la planète. Et dans ce domaine, l’israélien Rafael a incontestablement réalisé la plus importante prise de marché avec sa gamme de missiles antichars SPIKE. Apparu au début des années 80 de manière confidentielle pour répondre aux besoins des armées israéliennes, le SPIKE était initialement un missile de 4ème génération équipé d’un autodirecteur infrarouge à l’instar du Javelin américain, et donc capable de se diriger de manière autonome une fois lancé vers sa cible, contrairement au MILAN, TOW ou HOT qui devaient encore être guidés jusqu’à celle-ci par un opérateur.

Aujourd’hui, la famille de missile SPIKE, qui comporte plus d’une dizaine de variantes, s’est taillée la part du lion dans les armées occidentales, et est exportée dans plus d’une trentaine de forces armées dans le monde, dont plus d’une vingtaine appartenant à l’OTAN, en particulier grâce à la création de la co-entreprise EuroSpike entre Rafael et les allemands Diehl Defense et Rheinmetall Defense Electronic, chacune d’elles possédant 40% des parts sociales du groupe. Ce choix de Berlin en faveur d’une coopération avec Israël fut au grand damn de la France et de MBDA qui continuaient alors de promouvoir le MILAN et le HOT dans des versions évoluées mais ancrées dans une génération antérieure. La rupture est désormais à ce point consommée dans ce domaine entre Paris et Berlin que dans le cadre du programme Tigre III, auquel l’Allemagne n’avait alors pas confirmé sa participation, Berlin avait annoncé dès 2019 vouloir doter ses propres Tigre de missiles Spike et non du nouveau missile MHT récemment désigné Akéron de l’Européen MBDA. Il est vrai que téchnologiquement parlant, tout oppose ces deux missiles, le Spike NLOS (No Ligne of Sight) et son autodirecteur infrarouge étant capable d’atteindre des cibles à 50 km, là ou le MHT, guidé au travers d’une fibre optique pour garder la notion d’homme dans la boucle, n’a qu’une portée de 8 km.

Rafael Spike Estonia 00 Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
Le Spike équipe de nombreuses armées européennes, en particulier en Europe de l’Est et du Nord.

C’est précisément ce dernier aspect que la nouvelle version du Spike NLOS entend corriger. Jusqu’ici, une fois tiré, le missile était autonome, et il n’était pas question d’en altérer la course ou la sélection de cible, ni pour le tireur, ni pour un opérateur déporté, comme dans le cas d’un guidage laser ou filoguidé. Le nouvelle version du Spike NLOS corrige cette défaillance, en permettant précisément de conserver un homme dans la boucle tout au long de la trajectoire, et même la possibilité pour un opérateur déporté de récupérer « à la volée » le controle du missile pour lui attribuer des cibles de valeurs ou des trajectoires optimisées par exemple. En réalité, le Spike NLOS se transforme, par cette évolution, en un hybride entre une munition vagabonde et un missile anti-char, en en cumulant les atouts, mais également les faiblesses. En effet, contrairement à un guidage au travers d’une fibre optique, le guidage du Spike NLOS requiert une liaison de données, par nature sensible au brouillage électromagnétique. Et l’exemple des combats dans le Donbass montrent que dans ce domaine, les armées russes, par exemple, ne manquent pas de moyens. En outre, pour mener des frappes à 50 km de distance, il est nécessaire de disposer d’informations fiables, précises et à jour dans la profondeur du dispositif de l’adversaire, donc de drones eux aussi sensibles au brouillage.

Pour autant, et contrairement à certains modèles de missiles antichars radiocommandés, à guidage laser ou même filoguidés en cas de rupture du fil (mais pas dans le cas de l’Akeron qui dispose lui aussi d’un autodirecteur IR), le Spike NLOS ne perdrait que la capacité de conserver la capacité « homme dans la boucle » en cas de brouillage, et conserverait les excellentes capacités de détection et de sélection de cibles de son autodirecteur infrarouge, ne pouvant être contré que par des systèmes de protection actifs dotés d’impacteurs cinétiques ou des leurres infrarouges. L’Akeron MLP, autre nom du MHT qui doit armer le Tigre III, répond à une autre logique, plus précise, plus robuste face aux contre-mesures, mais induisant une portée plus limitée.

Akeron LP MBDA Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
L’Akeron LP équipera le Tigre III

Reste qu’au delà des aspects purement technologiques et capacitaires des deux familles de missiles Spike NLOS et Akéron, la différence pourrait se faire dans les années à venir sur un autre aspect, tout aussi critique pour les armées, en particulier en Europe. En effet, depuis le début du conflit en Ukraine, Jerusalem, sous la pression de l’importante diaspora russe en Israël, et aux relations nécessaires avec Moscou en raison de la présence de forces russes en Syrie, s’est toujours opposée à la ré-exportation de ses technologies de défense vers Kyiv. En d’autres termes, les armées mettant en oeuvre les missiles SPIKE ou EuroSPike, dont beaucoup d’entre elles sont en Europe de l’Est et du Nord, n’ont pas la possibilité de transférer une partie de leurs missiles antichars vers l’Ukraine, alors même que les stocks de missiles tendent à diminuer drastiquement pour les armées ukrainiennes ces dernières semaines, et que les armées européennes n’emploient en général pas d’autres missiles de même type. A l’inverse, la France a dès le début du conflit, autorisé la re-exportation de ses missiles, qu’il s’agisse de missiles antichars comme le MILAN, ou de missiles anti-aériens comme le Mistral. On peut s’attendre à ce que cet argument prenne un important poids dans les mois et années et à venir lors des arbitrages en Europe concernant le choix des systèmes d’arme.

Reste que les performances affichées par le Spike NLOS, mais également ses choix technologiques, en partie hérités de l’expertise israélienne en matière de drones et de munitions vagabondes, constituent un nouvel échelon opérationnel et technologique en matière d’arme antichar. Il semble indispensable qu’en Europe, des développements soient entamés pour recoller à ce niveau de performances, notamment en terme de portée, de sorte à disposer d’une gamme complète de systèmes allant du missile d’infanterie au missile à longue portée, que l’on imagine bien indispensables dans les engagements de haute intensité dans les années et décennies à venir. Car si l’argument concernant la position de Jerusalem vis-à-vis de la Russie portera incontestablement, ne s’appuyer que sur ce seul aspect représenterait un pari mortifère pour la pérennité de cette branche d’excellence de l’industrie de défense européenne et française sur la scène internationale.

La Lituanie veut commander des canons portés CAESAR du français Nexter

A l’occasion de sa visite en France pour rencontré son homologue Sébastien Lecornu, le ministre de La Défense Lituanien Arvydas Anusauskas a confirmé dans un tweet que son pays avait l’intention de faire l’acquisition de systèmes d’artillerie CAESAR de 155 mm conçus et fabriqués par le français Nexter sans en préciser le nombre ni le calendrier. Maj 15 juin : la Lituanie signe une lettre d’intention pour 18 CAESAR français.

Le CAmion Equipé d’un Systeme d’ARtillerie, ou CAESAR, est aujourd’hui l’un des plus importants succès à l’exportation du spécialiste français des armements terrestres Nexter. Le système de 155 mm, réputé pour sa précision, son allonge et son extraordinaire mobilité, a en effet fait ses preuves aux mains des artilleurs français en Afghanistan, en Irak et au Mali, mais également dans la jungle Thaïlandaise, et désormais en Ukraine où selon les militaires ukrainiens (donc à prendre avec précaution), les 6 CAESAR donnés par la France arrivés dans le pays auraient déjà détruit 80 systèmes d’artillerie russes en 2 semaines de combat. Ces dernières années, les contrats exports se sont multipliés pour Nexter concernant son CAESAR, avec des ventes en Irak (confirmées indirectement par Emmanuel Macron lors de son discours inaugural du Salon Eurosatory 2022), en Colombie, en Belgique et la République Tchèque.

CAESAR Ukraine e1655123372240 Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
Les armées ukrainiennes mettent déjà en oeuvre 6 des 18 CAESAR promis par la France, et déclarent d’importants succès opérationnels pour ce système d’arme.

Face à la montée en puissance de la menace russe, les autorités lituaniennes ont signé, ce dimanche, une lettre d’intention portant sur l’acquisition du CAESAR à l’occasion de la visite du ministre lituanien de La Défense Arvydas Anusauskas à Paris pour rencontrer son homologue français Sebastien Lecornu en amont de l’ouverture du salon Eurosatory. Les 18 Caesar lituaniens évolueront aux cotés des 21 systèmes d’artillerie lourds Pzh2000 acquis d’occasion auprés de l’Allemagne en 2015, les deux systèmes formant un couple redoutable en matière d’engagement de haute intensité. Outre l’acquisition des systèmes d’artillerie français, dont le nombre ni le calendrier n’ont pour l’heure été divulgués, le ministre de la défense lituanien a également confirmé l’acquisition d’un second lot de 120 véhicules de combat d’infanterie Boxer amenant son parc à 210 blindés de ce type, et entend acquérir auprés de la Turquie des drones de combat Bayraktar.

Lg1 MkIII Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
L’obusier léger de 105 mm LG1 MkIII de Nexter constituerait une excellente option pour developper une version légère 4×4 du CAESAR afin de capitaliser sur la marque et le phénomène de gamme.

Il est probable que la liste des clients et utilisateurs du CAESAR ira grandissante dans les mois à venir, peut-être même y aura t il de nouvelles annonces dans le cadre du salon Eurosatory 2022 en raison du présent contexte de tension international. Le système a non seulement démontré son efficacité au combat, mais il peut s’appuyer sur un parc d’utilisateurs étendu, et surtout, il se décline en une gamme de véhicules, composée du CAESAR 6×6 actuellement en service dans les Armées françaises, du CAESAR 8×8 lourd commandé par le Danemark et la République Tchèque, et du Caesar NG 6×6 déjà commandé par la France et la Belgique. On peut à ce titre s’interroger sur l’opportunité d’étendre cette déclinaison de gamme, en concevant par exemple une version 4×4 légère basée sur l’excellent obusier de 105 mm LG1de Nexter de seulement 1500 kg, tout en conservant le système d’information et de pointage qui fait le succès du CAESAR depuis plusieurs années, alors même que l’immense majorité des armées mondiales va être appelée à augmenter en nombre et en performances ses capacités de frappe indirecte.

Le Président Macron annonce la re-évaluation de la Loi de Programmation Militaire et un effort accru dans la défense

Lors du discours inaugural du salon Eurosatory, le président Français a annoncé que les travaux en vu d’une augmentation de l’effort de défense français pour faire face aux évolutions géopolitiques de ces derniers avait été entamé, et que les résultats devraient émerger d’ici quelques semaines.

Alors que l’immense majorité des chancelleries européennes avaient annoncé une hausse sensible de leurs investissements en matière de défense à la suite de l’offensive russe en Ukraine, les autorités françaises étaient, pour leur part, restées étonnamment discrète sur le sujet. A l’occasion de l’inauguration du salon Eurosatory 2022, le plus important rendez-vous mondial concernant les armements terrestres qui se tient cette semaine à Villepinte, le président Macron a fait plusieurs annonces allant précisément dans ce sens, sans pour autant en donner des contours chiffrés. Pour le chef de l’Etat, malgré l’application stricte de la Loi de Programmation Militaire depuis 2018 (2019 pour être précis), ceci ayant permis de « réparer » certaines des défaillances critiques auxquelles faisaient face les armées et les militaires pour accomplir leurs missions, le retour de la guerre en Europe nécessite un effort supplémentaire pour doter les armées des moyens nécessaires pour prendre en considération cette évolution géostratégique majeure tout en conservant un format d’armée complet.

VBMR Griffon Mali Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie

Dans les faits, Emmanuel Macron a annoncé que le Chef d’Etat-Major des Armées comme le Délégué Général de l’Armement s’étaient vu confier la mission de préparer les travaux pour une refonte de la Loi de Programmation Militaire, avec des objectifs à relativement courts termes puisqu’il est question de « quelques semaines ». Il est probable, dans le contexte électoral que l’on connait, que le Président attend d’avoir franchit l’écueil des élections législatives pour savoir sur quel majorité ou majorité recomposé il pourra compter, avant de faire des annonces chiffrées dans ce domaine. En outre et comme en Allemagne, il est probable que celle-ci s’appuiera sur une stratégie en deux temps, à savoir une stratégie d’augmentation à court terme des moyens pour combler les défaillances critiques dans le domaine de la haute intensité dans le cadre de la LPM en cours, et une stratégie à long terme avec une nouvelle Revue Stratégique afin de préparer la prochaine Loi de Programmation Militaire au delà de 2025.

Armee de terre Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie

Emmanuel Macron a une nouvelle foi mis l’accent sur la coopération européenne en matière de défense et d’industrie de défense, appelant les européens à prendre en main leur propre autonomie stratégique, et non à la déléguer à certains alliés. A ce titre, les allusions à une possible défaillance dans le temps de la protection US ont été nombreuses, bien que toujours indirectes dans le discours, en particulier lorsque le président a déclaré que ces dernières années, toutes les situations jugées jusque là « impossibles » ont fini par se produire, une référence à peine voilée à une possible défaillance de la protection US dans les années à venir, par exemple à l’occasion d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche en 2024. Reste que dans ce domaine, les positions françaises ont clairement souffert ces derniers mois de la posture publique du président de la République vis-à-vis de l’Ukraine, très mal perçue par les opinions publiques d’Europe de l’Est et du Nord, et ayant entrainé une certaine hostilité des dirigeants de ces pays vis-à-vis des positions françaises au profit d’un rapprochement avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Quoiqu’il en soit, il faudra maintenant attendre les déclarations chiffrées pour savoir quelles seront, dans les faits, les ambitions françaises en matière de défense, et comment le pays entend y faire face dans ce que le président à déjà qualifié comme « une économie de guerre ».

Les ingénieurs israéliens auraient étendu l’autonomie du F-35i pour pouvoir frapper l’Iran sans ravitaillement en vol

L’Israelian Air Force aurait modifié certains de ses F-35i Adir, la version du Lighting II adaptée aux besoins de l’Etat Hébreux, pour en étendre l’autonomie suffisamment pour pouvoir mener des missions de frappe en profondeur en Iran le cas échéant, alors que l’IAF s’entraine activement à cette mission depuis plusieurs mois.

Le programme nucléaire iranien est perçu comme une menace existentielle par les autorités israéliennes, et l’IAF s’entraine activement depuis plusieurs années pour être en mesure, si besoin, de pouvoir frapper les installations critiques iraniennes afin de priver Téhéran de ses capacités nucléaires. Dans ce domaine, les forces aériennes israéliennes ne pouvaient, jusqu’ici, s’appuyer que sur leurs F-16 et F-15, seuls appareils ayant le rayon d’action suffisant pour mener un raid jusqu’en Iran sans devoir recourir aux faibles capacités de ravitaillement en vol dont elle dispose. Or, ces appareils, chasseurs comme ravitailleurs, peuvent aisément être détectés et forcés à quitter l’espace aérien des pays traversés, manu militari si nécessaire, avant d’atteindre l’espace aérien iranien. De fait, pouvoir s’appuyer sur le F-35i pour une telle mission représentait un atout indéniable pour l’IAF. Malheureusement, jusqu’à présent, l’appareil américain était handicapé par son rayon d’action trop limité, et par son incapacité à emporter des réservoirs de carburant largables pour compenser cette contrainte.

F 16 israel Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
Les F)16 israéliens peuvent atteindre l’espace aérien iranien sans ravitaillement en vol, mais leur manque de furtivité et le grand nombre de radars présents dans le pays rendent difficiles de mener une mission de frappe préventive avec ces appareils

En effet, si le F-35A peut être équipé de réservoirs extérieurs pour les missions de convoyage, celui-ci n’a jamais, jusqu’à présent, été doté de réservoirs largables, lui permettant potentiellement de retrouver toute sa furtivité une fois les réservoirs pendulaires vides et largués. En avril 2021, la presse spécialisée s’était faite l’écho du développent d’une telle capacité par les ingénieurs et militaires israéliens sur la base de Tel-Nof, permettant au F-35i d’emporter deux réservoirs extérieurs de 2200 litres pouvant être largués avec leur pylône de soutien, de sorte à redonner à la furtivité de l’appareil son entière intégrité. Selon la presse israélienne, le dispositif serait désormais pleinement opérationnel, ainsi que de nouvelles bombes guidées pouvant prendre place dans la soute à munition du F-35i, permettant potentiellement à l’appareil d’atteindre l’Iran et d’y mener des frappes dans la profondeur, sans devoir s’appuyer sur un hypothétique ravitaillement en vol, tout en conservant, une fois dans l’espace aérien iranien, l’indispensable furtivité pour effectuer des frappes furtives destinées à décapiter les capacités nucléaires et de frappe à longue portée de Téhéran.

radar aesa iran Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
L’Iran semble anticiper l’utilisation d’avions furtifs pour frapper ses installations critiques, et a débuté le déploiement de radars AESA basse fréquence comme le Moragheb

Alors que l’attention médiatique, politique et diplomatique occidentale est concentrée sur le conflit en Ukraine, de nombreux conflits émergents sembler se développer rapidement depuis quelques mois, qu’il s’agisse de l’Iran et de son attitude plus qu’ambiguë concernant son programme nucléaire, de la Corée du Nord qui multiplie les démonstrations de force balistiques, de la Chine qui poursuit sa stratégie de pression sur Taiwan et qui renforce son dispositif militaire himalayen face à l’Inde, ou de la Turquie qui annonce une nouvelle opération militaire dans le nord de Syrie, et qui durcit le ton face à la Grèce en Mer Egée. Alors que les moyens miltaires dont disposent les armées occidentales sont sous pression pour soutenir Kyiv, la tentation est grande pour de nombreux dirigeants de prendre certaines initiatives en pariant sur le fait que Washington pas davantage que les Européens, ni même les russes, ne pourront interférer dans leurs ambitions. L’extension du rayon d’action des F-35i israéliens s’intègre dans cette logique, l’Etat Hébreux étant jusqu’à présent contraint par Washington de ne pas intervenir contre le programme nucléaire iranien comme ils le firent en 1980 contre le programme nucléaire irakien. Alors que les négociations internationales sur ce dossier semblent se diriger vers une impasse, et qu’américains, européens et russes regardent en Ukraine, les risques d’assister à une attaque préventive israélienne contre l’Iran sont désormais d’autant plus grands, que l’IAF peut s’appuyer sur ses F-35i furtifs pour mener cette mission.

Le 65ème Escadron Agressor de l’US Air Force se dote de F-35 pour simuler les nouveaux avions chinois

L’un des deux escadrons Agressor de l’US Air Force, spécialisés dans l’entrainement des pilotes de combat face à des appareils reproduisants les performances et les tactiques des avions de combat chinois, vient d’entamer sa conversion vers le chasseur furtif F-35A afin de simuler les performances des nouveaux appareils de l’Armée Populaire de Libération, comme le J-20 et le futur J-35.

A l’instar de l’US Navy, l’US Air Force met en oeuvre deux escadrons de chasse spécialement conçus et équipés pour reproduire les capacités, les performances et les tactiques des avions de combat de forces aériennes adverses potentielles. L’objectif de ces escadrons est de permettre aux pilotes de chasse de l’US Air Force, mais également à certains de leurs alliés, de se confronter à des appareils aux capacités dissymétriques, de sorte à pouvoir en anticiper les forces et les faiblesses, et ainsi prendre l’avantage en cas de confrontation. Initialement, ces escadrons étaient équipés de chasseurs légers, rapides et manœuvrants, comme le F-5 Tiger II, permettant de simuler les capacités des petits mais redoutables Mig-17 et Mig-21 soviétiques, en particulier dès lors qu’un combat tournoyant était engagé. Au fil du temps, et de l’évolution des avions et doctrines aériennes des adversaires potentiels des Etats-Unis, comme la Russie et la Chine, les escadrons Aggressor se dotèrent d’appareils plus performants, comme le F-16C/D et le F-15C, alors que les avions russes et chinois se rapprochaient en performances des avions US.

Nellis Flight 5 June 2008 Aggressor F 15s and F 16s Planification et plans militaires | Alliances militaires | Artillerie
Les avions des escadrons Agressor reproduisent les motifs de camouflage des forces aériennes adverses

Mais avec l’arrivée d’appareils de nouvelle génération, comme le Su-57 russe et le J-20 chinois appartenant à la 5ème génération d’avions de combat, il devint nécessaire de faire évoluer les performances des escadrons Agressor, en les dotants de capacités comparables, comme la furtivité, l’engagement coopératif et de capacités de détection étendues. Spécialisé dans les doctrines et tactiques chinoises, le 65ème escadron Agressor de la base de Nellis, a entamé le 9 Juin sa conversion sur F-35A, afin de lui permettre de simuler les performances et capacités des nouveaux chasseurs chinois comme le J-16, le J-10C, mais surtout les appareils de nouvelle génération comme le J-20 et le futur J-35 de 5ème génération, permettant ainsi aux pilotes américains de s’entrainer contre des appareils à faible observabilité et disposant de capacités de détection et d’engagement au delà de la portée visuelle étendues, comme ceux mis en oeuvre par Pékin.

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Le J-20 chinois dispose de performances élevées qu’un F-15C ne peut simuler

L’arrivée du F-35A dans un escadron Agressor permettra à l’US Air Force non seulement d’entrainer les pilotes de combat américains à se confronter à de tels appareils ainsi qu’aux tactiques mises en oeuvre par les forces aériennes et aéronavales chinoises, mais également à l’entrainement des équipages des appareils de soutien comme les Avions d’alerte aérienne avancée Awacs ou les avions ravitailleurs, ainsi que des unités de défense anti-aériennes de l’US Army et de l’US Navy, en particulier pour faire face aux questions de faible observabilité (furtivité), ainsi qu’à l’apparition de missiles à très longue portée comme le PL-15 Air Air, représentant une menace importante pour les avions de soutien indispensables à la suprématie aérienne américaine. Nul doute, dès lors, que le 65th Agressor Squadron sera très sollicité dans les années à venir.