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La demission du secretaire à la Navy américain ajoute de l’incertitude sur le futur de l’US Navy

Le secrétaire américain à l’US Navy par intérim, Thomas Modly, a présenté sa démission après l’emballement politico-médiatique qui a suivi le remplacement du capitaine B. Crozier à son poste de commandant du porte-avions nucléaire Théodore Roosevelt, à la suite de la publication d’un courrier envoyé à plusieurs autorités pour demander le débarquement de son équipage alors que les cas de contamination par le Covid-19 augmentait à son bord. Il est remplacé par l’actuel sous-secretaire à l’Armée, James McPherson, 15 jours à peine après que ce dernier avait été confirmé par le Congrès à ce poste.

Nous ne reviendrons pas sur les reactions politiques et médiatiques ayant entouré le remplacement du commandant Crozier, ni sur les malheureux propos tenus par Thomas Modly, certes alors qu’il pensait ne pas être enregistré, à ce propos. Quoiqu’il en soit, la nomination de James McPherson, la troisième en moins de 6 mois à ce poste, et les tensions générées par cette affaire au Pentagone et dans la Navy, interviennent probablement au pire moment pour les Etats-Unis, alors que le pays est très durement frappé par l’épidemie de Covid-19, que les conséquences sociales et économiques de cette crise sanitaire commencent à peine à se révéler, et que la Chine, de son coté, se relève avec aplomb de cette même crise qui l’avait frappé il y a seulement 4 mois.

USS Roosevelt Guam Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
L’USS Théodore Roosevelt est toujours à Guam, et la moitié de son équipage aurait été débarqué pour contenir la propagation de l’épidémie de Coronavirus à son bord.

Rappelons que l’US Navy est empêtrée, depuis plusieurs mois, dans un exercice impossible de planification, devant jongler entre les exigences présidentielles d’une flotte de 355 bâtiments en 2030, des moyens figés, et la pression opérationnelle que représente la montée en puissance de la Marine Chinoise ainsi que de la flotte sous-marine russe. Ardant défenseur des exigences présidentielles, Thomas Modly s’était ainsi opposé au plan initial présenté par l’US Navy, reposant sur la consolidation des moyens existants, et la modernisation de la flotte, plutôt que son extension, au point que pour l’heure, le plan à long terme de construction navale américain n’est toujours pas défini, pas même arbitré dans les grandes lignes.

En outre, alors que les griefs opposés au commandant Crozier étaient principalement d’avoir affaibli potentiellement les positions de l’US Navy et des Etats-Unis, en particulier face à ses adversaires comme la Chine ou l’Iran, la situation finale, quelques jours après, et bien pire. L’équipage de l’USS Theodore Roosevelt a été en partie débarqué à Guam pour répondre aux inquiétudes de propagation du virus, et le navire n’est naturellement plus opérationnel, en tout cas dans des délais courts. Un des deux porte-avions croisant au large de l’Iran aurait d’ailleurs vu ses ordres modifiés pour faire route vers le Pacifique Occidental, et soutenir l’USS Ronald Reagan et l’USS America dans cette zone sous tension. En outre, les commandants de bord de l’US Navy ne manqueront pas désormais de modérer leurs rapports envoyés vers Washington si des cas de Coronavirus venaient à se declarer à leur bord.

Trump Navy Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Malgré des débuts prometteurs, notamment lorsque James Matis était secrétaire à La Défense, les relations entre le Pentagone et l’administration Trump se sont détériorée depuis 2019, entrainant une valse des dirigeants peu compatible avec les besoins actuels des armées américaines.

Surtout, il faudra nécessairement un certain temps pour que James McPherson enfile intégralement son nouveau costume de secrétaire à la Navy par Interim, et se mette à jour des différents dossiers. Ceci va créer un flottement plus ou moins long, que ce soit au niveau de la planification comme du pilotage opérationnel, alors même que l’US Navy a besoin d’un cadre solide pour travailler efficacement et trouver les solutions aux différents problèmes auxquels elle fait face. A ce titre, la durée très limitée des mandats des secrétaires et sous-secrétaires aux armées américains dans l’administration Trump commence à poser un problème en matière de candidats ayant l’experience, les compétences et la volonté pour remplir cette fonction.

Ainsi, le poste de secretaire à la Défense, position hautement stratégique dans une administration américaine, a connu pas moins de 5 nominations sous la présidence de Donald Trump, dont 4 depuis le 1er janvier 2019. Il n’y en eu que 3 sur les 2 mandats du président Obama, deux lors des deux mandats du président Georges W. Bush, et 3 lors des deux mandats du président Clinton. En outre, une grande partie des départs, comme celui du général Matis le 1er janvier 2019, du secretaire à la Navy Richard V. Spencer, ou encore du conseiller à la sécurité, le général mcMasters, ont donné lieu à de fortes tensions, que ce soit avec Mark Esper, l’actuel Secrétaire à la Défense, ou avec le président Trump lui-même, alors même que ces hommes jouissaient d’un réel soutien des militaires.

chang washang Choigou Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
En poste tous deux depuis plus de 7 ans, les ministres de la défense russes et chinois, respectivement V.Choigou et C.Wanquan, démontrent une longévité à ce poste sans commune mesure avec les Secrétaires à La Défense américains.

On peut se demander, dès lors, si ce n’est pas cette fragilité en matière de pilotage politique de la Défense, plutôt que la publication d’une lettre qui a fuité vers la presse ou l’immobilisation du porte-avions USS Théodore Roosevelt à Guam, qui représente la plus grande menace aujourd’hui sur la crédibilité des forces américaines au travers le Monde, et qu’il convient dès lors de corriger au plus vite. En Russie, le ministre de La Défense, Sergeï Choïgou, est à ce poste depuis 2012, tout comme son chef d’Etat-Major, le général Valéri Gerazimov. En Chine, le général Chang Wanquan assume le poste de ministre de La Défense et de Chef d’Etat-Major depuis 2013. Peut-être est-ce dans cette stabilité des instances politiques de Défense que se trouve, en fait, la clé de la performance…

Le planeur supersonique développé par le Japon pourrait être utilisé pour des frappes anti-navires

Nos confrères de Naval News, toujours bien informés, ont eu accès à une vidéo inédite de l’ATLA, l’agence du ministère de la défense japonais responsable des acquisitions, du développement technologique et de la logistique. Cette dernière montre la manière dont le planeur hypersonique en cours de développement au Japon pourrait servir comme arme anti-navires, et particulièrement comme arme anti-porte-avions. Jusqu’à présent, le HVPG (Hypervelocity Gliding Projectile) dévoilé le mois dernier par le ministère de la défense japonais n’était présenté que comme une arme sol-sol.

Pour l’ATLA, les capacités anti-navires de l’HVPG ne devrait cependant pas être développées dès l’origine du programme. Comme précisé auprès de Naval News, le HVPG sera mis en œuvre par des lanceurs mobiles des forces terrestres japonaises (JGSDF) afin de cibler en priorité des îles occupées par des forces adverses (a priori chinoises). Pour frapper les porte-avions chinois, le Japon compte développer une autre arme dédiée de plus longue portée : un missile de croisière hypersonique HCM (Hypersonic Cruise Missile).

missiles hypersoniques japon Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Comme le montre ce schéma, deux types d’armes hypersoniques sont développées au Japon: un planeur et un missile de croisière. Le HVPG recevra un guidage INS et GPS. Si une version anti-navires en était dérivée, elle pourrait recevoir un système de guidage optique ou radar dérivé de celui du HCM

En présentant une vidéo montrant l’attaque d’un porte-avions par un planeur plutôt que par un missile de croisière, l’ATLA démontre cependant sa vision à long terme des capacités A2/AD (anti-accès) japonaises. Alors que les JGSDF déploient aujourd’hui des missiles anti-navires conventionnels pour la protection des îles japonaises éparses, il serait logique qu’elles soient dotées dans la prochaine décennies d’armes hypersoniques capables de frapper à la fois des cibles terrestres et navales. Avec une portée d’environ 500km, un planeur hypersonique représentera une arme défensive de choix sur le large théâtre opérationnel du Pacifique.

Toutefois, comme pour les armes hypersoniques en cours de développement aux USA, les missiles et planeurs hypersoniques japonais auront besoin de capacités de reconnaissances étoffées pour détecter et cibler les cibles navales mobiles. Seule une couverture satellitaire renforcée pourrait ainsi permettre une utilisation intensive de planeurs hypersoniques tactiques contre des cibles navales. Les forces spatiales japonaises devraient croître rapidement dans les prochaines années, mais ne seront pas en mesure de fournir des solutions de tir à la fois pour les HCM et les HVPG avant plusieurs années au moins. Ce qui explique que les premiers HVPG attendus pour la fin de la décennie en cours ne soient dotés que de capacités sol-sol dans un premier temps.

10.000 abonnés Facebook en 2 semaines pour la version anglaise de Meta-Défense

A peine 2 semaines après son lancement, la version anglaise avec correction manuelle du service Meta-Défense remporte déjà un immense succès, notamment sur Facebook ou le service a enregistré plus de 10.000 « J’aime » en à peine 12 jours. Malgré une information atone en raison de la pandémie en cours, le positionnement editorial de Meta-Défense continue de convaincre, puisque toujours sur Facebook, nos publications remportent un succès nous permettant de faire jeu égal, voir de dépasser, les tenors de l’actualité anglo-saxonne de Défense comme Defense News, Defense One ou Global Defense.

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Comparaison des performances de Meta-Défense vis-à-vis des principaux medias digitaux anglo-saxons sur Facebook

Fort de succès, Meta-Défense va dans les jours à venir lancer la version italienne et la version allemande de son service, toujours avec une traduction manuelle. Aujourd’hui, Meta-Défense dépasse les 28.000 abonnés sociaux sur Facebook, et autant sur LinkedIn, en faisant le média européen digital de référence sur les questions de Défense.

Capture d’ecran 2020 04 07 a 18.57.21 Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Les articles publiés enregistrent de nombreuses reactions positives, et de nombreux partages.

La capacité opérationnelle initiale est déclarée pour les premiers P-8 Poseidon de la Royal Air Force

Il y a dix ans, le programme d’avion de patrouille maritime britannique Nimrod MRA4 était annulé, et les derniers Nimrod MR2 retirés du service en 2011. Depuis lors, la Royal Air Force ne dispose plus d’aucune capacité de patrouille anti-sous-marine, un comble pour un Etat insulaire disposant d’une composante nucléaire sous-marine.

Depuis le 1e avril cependant, les choses commencent à changer au Royaume-Uni. En effet, les deux premiers Poseidon MRA1 livrés en février dernier viennent de déclarer leur capacité opérationnelle initiale (IOC). Si les nouveaux avions de patrouille ne sont pas encore en mesure de réaliser de véritables missions opérationnelles, l’IOC devrait permettre aux équipages de remonter en compétences. En effet, après une décennie sans patrouille maritime, la Royal Air Force doit aujourd’hui réapprendre à réaliser des missions de lutte anti-sous-marine, de reconnaissance et de frappe maritime.

P8 RAF Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
La Royal Air Force a déjà reçu deux Poseidon. Deux autres appareils sont en essais aux USA et devraient être livrés dans les prochains mois.

Désigné Poseidon MRA1 au Royaume-Uni, ce nouvel appareil n’est autre que le P-8A Poseidon développé par Boeing pour le compte de l’US Navy, et très largement exporté dans le monde ces dernières années. Conçu à partir du Boeing 737, le Poseidon offre une importante capacité d’emport, un large rayon d’action et des performances largement supérieures aux avions de patrouille de précédente génération, comme le Nimrod ou le P-3 Orion.

Pour l’heure, l’IOC des Poseidon MRA1 ne leur permettra d’emporter qu’un armement réduit. Mais le déroulement du programme ne devrait subir aucun problème, étant donné que les appareils britanniques sont identiques à ceux déjà en service dans l’US Navy depuis 2013. La pleine capacité opérationnelle (FOC) des Poseidon MRA1 est attendue pour 2024, date à laquelle la Royal Air Force disposera de la totalité de ses neuf Poseidon commandés en 2016.

Entre temps, la flotte grandissante de Poseidon britanniques devrait avoir repris une partie de ses missions, dont la protection des sous-marins lanceurs de missiles nucléaires de la Royal Navy. Pour le moment, cette mission reste assurée par des moyens alliés, notamment des Atlantique 2 français.

Le Japon déploie des batteries de missiles anti-navires et anti-aériens pour contrer les incursions chinoises entre Taïwan et Okinawa

Ces dernières semaines, la République Populaire de Chine et Taïwan ont enchaîné les démonstrations de force après la proclamation du TAIPEI Act par Washington. Toutefois, le renforcement des déploiements navals et aériens chinois en Mer de Chine Orientale inquiète également Tokyo, qui a déployé sur l’île de Miyako plusieurs unités de missiles de ses forces de défense terrestres (JGSDF). Des plateformes de tir mobiles pour missiles antinavires Type 12 et pour missiles anti-aériens Type 03 ont donc été déployées pour contrôler les déploiements chinois entre Taïwan et la préfecture japonaise d’Okinawa.

Si la proximité de Taïwan avec la Chine continentale est généralement bien connue, les observateurs européens peuvent parfois oublier que Taïwan est aussi très proche du Japon, ou en tous cas de ses îles les plus à l’Ouest. Si 600 km séparent Taïwan de Okinawa, l’île de Miyako n’en est distance que de 330km, et Yonaguni ne se situe même qu’à 110km de Taïwan. Pour Tokyo, le déploiement de batteries de missiles dans la région participe à affirmer sa souveraineté sur ces territoires, y compris en disposant des moyens de contrôler activement leur zone d’exclusivité économique.

Type 12 antinavires JGSDF Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Système de lancement de missiles anti-aériens Type 03. En terme de performances, le missile japonais se situe dans la même catégorie que le PAC-3 américain.

En effet, alors que les tensions grandissent entre Taipei et Pékin, de plus en plus de navires et d’avions militaires chinois transitent entre Miyako et Okinawa voire entre Mikayo et Yonaguni. En temps de paix, le libre passage des navires civils et militaire doit être préservé dans le détroit de Miyako. Mais le Japon doit se tenir prêt à toute éventualité, y compris en cas d’escalade de la crise entre Taïwan et Pékin.

De plus, ces dernières années, les relations entre la République Populaire de Chine et le Japon ont également été particulièrement tendues dans la région, notamment autour de la question de la souveraineté des îles Senkaku. Situées à environ 150 km au Nord-Ouest de Miyako, les îles Senkaku sont administrées par le Japon mais disputées à la fois par la Chine et par Taïwan, et pourraient servir de bases de repli pour l’Armée Populaire de Libération chinoise en cas de conflit ouvert. Or, avec une portée d’environ 200 km, les missiles Type 12 permettraient au Japon de contester l’accès non seulement au détroit de Miyako, mais également aux îles Senkaku, en attendant que ne soient déployés sur place des navires de combat.

JGSDF Type03 SAM radar Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Pour la désignation de cibles aériennes, le système Type 03 utilise un large radar AESA. Les missiles anti-navires de Type 12 emploient cependant un véhicule radar 4×4 plus léger et plus mobile, capable de longer rapidement la côte des îles à défendre.

Sur le plan technique, les missiles Type 12 comme les Type 03 déployés par la JGSDF sont conçus par Mitsubishi Heavy Industries et disposent d’équipements communs. Ils sont ainsi embarqués à bord d’un véhicule dérivé du même châssis 8×8 Kato Works, à raison de six missiles par véhicule de lancement. La désignation de cibles est assurée par le biais de véhicules radars dédiés.

  • Le Type 12 est un missile subsonique mis en service au début des années 2010. Dérivé de la famille de missiles Type 80 / ASM-1, il dispose d’une portée d’environ 200km et d’un guidage radar + GPS. En terme de performances, il se rapproche ainsi des dernières évolutions du Harpoon américain ou de l’Exocet français.
  • Le Type 03 est un missile anti-aérien de moyenne portée entré en service en 2003. Présentant un format compris entre le PAC-2 et le PAC-3 américain, il offre une portée d’environ 50km et peut détruire des cibles supersoniques et des missiles de croisière.

Le déploiement de renforts militaires sur les îles japonaises situées à l’Ouest d’Okinawa n’est pas une nouveauté. Il s’agit au contraire de manœuvres régulières pour les forces japonaises. A chaque regain de tensions dans la région, des éléments des JGSDF sont déployés afin d’offrir une première ligne de défense littorale et d’appuyer d’éventuels renforts navals. Dans la stratégie défensive japonaise, la JGSDF doit ainsi être en mesure de déployer un système anti-accès (A2/AD) hermétique entre Kyūshū –au Sud de l’archipel principal– et Yonaguni. Sur cette « première chaîne d’îles », des batteries antinavires et anti-aériennes doivent pouvoir être déployées sous un délai très court et appuyer la nouvelle brigade amphibie créée par la JGSDF selon un modèle proche des Marines américains.

A bien des égards, la stratégie mise en place par la JGSDF sur les îles éparses au Sud-Ouest du Japon se rapproche fortement de la nouvelle doctrine que l’US Marines Corps cherche à mettre en place, et qui n’est pas sans rappeler un certain retour aux sources. En effet, l’USMC devrait prochainement se débarrasser de la majorité de ses équipements lourds, dont ses chars de combat, afin de redevenir une force de combat amphibie mobile et polyvalente.

JGSDF Type03 SAM lanceur Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Véhicule de lancement pour missiles antiaériens Type 03. Le châssis du véhicule de transport est le même que pour le Type 12.

Pour cela, l’USMC devrait se doter dans les années à venir de batteries de missiles antinavires, à l’instar des forces d’autodéfense japonaises. Comme pour la JGSDF, les lanceurs de missiles antinavires de l’USMC devront assurer la défense des îles américaines et alliées en cas de conflit avec la Chine et contrer toute volonté de débarquement de la part de l’APL. Les systèmes américains devraient cependant être moins lourds, l’USMC semblant s’intéresser à un lanceur 4×4 téléopéré capable d’embarquer deux missiles NSM.

De manière générale, la zone Asie-Pacifique connait un incroyable essor des capacités de combat amphibies appuyées par des systèmes anti-accès, à la fois anti-aériens et anti-navires. Ainsi, le corps des Marines de la République Populaire de Chine est passé en quelques années à peine de deux à sept brigades opérationnelles, représentant une menace très concrète dans la région. Si l’USMC n’entend pas renforcer ses effectifs, il connaît en ce moment un changement radical de doctrine devant lui permettre de contrer spécifiquement les forces chinoises. Enfin, depuis 2018, le Japon dispose d’une brigade de déploiement rapide amphibie, une unité d’élite conçue pour pouvoir récupérer par la force toute île japonaise occupée par des forces adverses.

La frégate britannique HMS Portland reçoit son sonar de nouvelle génération

La frégate Type 23 de la Royal Navy HMS Portland a reçu son nouveau sonar de coque, le modèle Type 2150, remplaçant le sonar 2050 datant des années 90 et qui équipait le HMS Portland depuis son entrée en service en 2001. Ce modèle de sonar, baptisé « Ultra » du fait du nom de l’entreprise britannique qui le produit, Ultra Electronics Command & Sonar Systems, sera installé sur 7 autres frégates Type 23 dans le cadre de leur modernisation, ainsi que sur les 3 premières frégates Type 26 en cours de construction. Outre un gain de performances, l’Ultra apportera une nouvelle interface plus efficace, et une maintenance simplifiée permettant d’espacer les révisions de plus de 5 ans.

Les frégates Type 23 avait déjà reçu entre 2004 et 2008, un nouveau sonar tracté 2087, afin de renforcer les capacités anti-sous-marines des bâtiments. A l’occasion de la modernisation en cours, les navires reçoivent également un nouveau système de défense rapprochée Sea Ceptor employant le missile CAAMM de MBDA, le radar Type 997 Artisan 3D, ainsi que 5 lanceurs de missiles légers Martlets venant renforcer les canons de 30 mm contre les menaces asymétriques.

Sea Ceptor CAAM Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
8 frégates Type 23 de la Royal Navy reçoivent le système Sea Ceptor pour assurer leur protection anti-aérienne et anti-missile rapprochée

Dans un rapport publié en 2018, le British Defense committee avait estimé que les moyens de la Grande-Bretagne et de sa flotte en matière de lutte anti-sous-marine étaient très insuffisants au regard de la menace que représentent à nouveau les sous-marins de la Marine Russe. Il préconisait d’augmenter le nombre de frégates Type 31 de 5 unités avec une version spécialisée dans cette mission, ainsi que d’étendre le parc de P8 Poseidon en service dans la Royal Air Force de 8 à 14 appareils.

Avec la Marine Nationale française, la Royal Navy est la seule marine européenne à avoir maintenu des compétences élevées en matière de lutte anti-sous-marine. Mais le nombre de navires dédiés à cette mission a été ramené en 30 ans de 22 à 13 navires aujourd’hui. Dans le futur, seules les 8 frégates Type 26 de la classe City auront de réelles capacités dans ce domaine, à moins que les capacités des 5 frégates moyennes Type 31 ne soient renforcées.

Les gardes côtes japonais achètent des H225 Super Puma supplémentaires

En pleine période de ralentissement économique mondial, les nouvelles commandes d’aéronefs se font rares. Pourtant, le Ministère de la Défense japonais et Airbus ont annoncé le 6 avril que le Japan Coast Guard allait se doter de deux nouveaux hélicoptères lourds H225 Super Puma.

Le JCG est déjà le principal opérateur de ce type d’hélicoptères au Japon. Durant les années 1990, les gardes côtes japonais avaient fait l’acquisition d’un petit nombre de AS.332L1 Super Puma, alors produits par le français Aérospatiale. Ces appareils sont vite devenu la référence locale en matière de sauvetage en mer à longue distance, entrainant la commande de nouveaux exemplaires. Entre 2005 et 2019, une douzaine de H225 Super Puma ont été achetés par le JCG. Avec la nouvelle commande de deux Super Puma, la flotte des gardes côtes s’élèvera à quinze appareils : deux AS.332 et treize H225.

H225 Airbus Japan Coast Guard Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
H225 des Japan Coast Guard. Contrairement au AS.332 d’ancienne génération ou au H215, le H225 dispose d’un rotor principal à 5 pales. Cet appareil est particulièrement apprécié pour ses capacités de sauvetage en mer. Image Airbus.

Si l’AS.332 représente l’ancienne génération de Super Puma, le H225 est un appareil bien plus moderne entré en service au milieu des années 2000. Version allongée du Super Puma, le H225 est un hélicoptère de la classe des 11 tonnes disposant d’une autonomie en vol d’environ 1000 km. Il dispose d’un rotor à cinq pales contre quatre pour le AS.332. Conçu à la fois pour le marché civil et militaire, le H225 est très utilisé pour la desserte des plateformes offshore, pour le sauvetage au combat et pour le sauvetage en mer.

Très apprécié des gardes côtes japonais, le Super Puma constitue l’hélicoptère lourd de référence pour le sauvetage en mer et les interventions en cas de catastrophes naturelles, tels que les séismes ou les tsunamis. En plus d’une quinzaine de Super Puma, le Japan Coast Guard est équipé d’hélicoptères plus légers, comme le Leonardo AW.139 ou le Sikorsky S.76.

Alors que les typhons sont de plus en plus violents chaque année, les besoins en capacités de sauvetage en mer devraient s’accroître au Japon. Dès lors, le JCG pourrait continuer d’acheter régulièrement des exemplaires supplémentaires de Super Puma, notamment pour remplacer les AS.332 les plus anciens. La version courte du Super Puma, le H215, pourrait constituer un bon candidat, même s’il est probable que la JCG standardise sa flotte autour du H225 de plus grande capacité.

L’Argentine suspend la commande d’avions FA-50 Golden Eagle à la Corée du Sud en raison du Covid-19

Selon un communiqué du constructeur aéronautique sud-coréen KAI, Buenos Aires aurait suspendu la commande d’avions de combat FA-50 Golden Eagle annoncée mais non confirmée en juillet dernier, et qui devait remplacer les avions d’attaque A4 Skyhawk encore en service. Selon le constructeur sud-coréen, la decision résulterait des conséquences de l’épidémie de coronavirus Convid-19. Le pays n’annonce qu’un peu plus de 1600 cas confirmés et 54 décès à ce jour, mais son économie reste encore grandement éprouvée par 10 années d’une crise économique sans précédant. Selon le communiqué, la commande n’est pas annulée, mais simplement suspendue indéfiniment.

Malgré ses difficultés économiques sévères, l’Argentine avait entamé un processus de modernisation de ses forces armées depuis quelques années. Buenos Aire avait ainsi acquis 5 avions Super-étendard modernisés d’occasion auprés de la France en 2018 pour ses forces aéronavales. En 2019, le pays confirma la commande auprés de Naval Group de 4 OPV (Offshore Patrol Vessel) pour un montant de 300 m$, représentant le plus importante contrat de défense signé depuis de nombreuses années. Il est peu probable que ce contrat puisse être menacé, eut égard au besoin urgent concernant ces navires par la Marine Argentine.

adroit OPV87 Naval group Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
L’Adroit est le premier des 4 OPV livrés à la Marine Argentine par la France. Le Navire appartenait jusque là à Naval Group et était employé par la Marine Nationale

Les forces aériennes argentines mettent en oeuvre 24 A-4R FightingHawk acquis auprés des Etats-Unis en 1998 sur la base d’appareils de l’US Marines Corps modernisés. Elle dispose également de 6 IA 63 Pampa, un avion d’entrainement et d’attaque conçu par l’avionneur local FMA avec le concours de l’allemand Dornier et dérivé de l’Alpha-Jet franco-allemand. L’Aéronavale argentine met en oeuvre, pour sa part, une dizaine de Super Etendard. Le FA-50, version polyvalente de l’avion d’entrainement avancé TA-50, représenterait une réelle plus-value pour les forces aériennes du pays, de part son électronique embarquée moderne, sa vitesse de pointe de Mach 1,6, et sa capacité à mettre en oeuvre des armements modernes, comme les missiles air-air AIM9-X Sidewinder ou l’AIM120 AMRAAM.

Avec l’Invictus, Bell mise sur la rusticité pour remporter le programme FARA

Bien souvent, la rusticité est considérée, dans les milieux industriels de défense comme dans les armées, comme une qualité liée au passé, qui s’oppose aux volontés de ruptures technologiques portées par la majorité des nouveaux programmes d’équipements de défense. Pourtant, le constructeur aéronautique Bell, finaliste des programmes FARA et FLRAA pour remplacer les hélicoptères de reconnaissance et de manoeuvre de l’US Army, semble remettre cette valeur au coeur de son argumentaire, particulièrement concernant son Bell 360 « Invictus » retenu par le Pentagone face au Raider-X de Sikorsky dans le cadre du programme FARA.

Il faut dire que l’Invictus représente, en quelque sorte, l’antithèse de Raider-X. Là ou l’appareil de Sikorsky met en oeuvre un rotor contra-rotatif et une hélice propulsive pour atteindre et dépasser les exigences de l’US Army en matière de vitesse et de rayon d’action, l’Invictus conserve une architecture classique pour une voilure tournante, avec un rotor simple et un rotor anti-couple, limitant de fait ses performances. De fait, si le Raider-X pourra très certainement dépasser les 200 noeuds en charge, l’Invictus n’atteindra que les 185 noeuds en vitesse de pointe, qui plus est en utilisant son APU (Auxiliary Power Unit) pour lui conférer le regain de puissance nécessaire à cet effort.

Bell360 invictus Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
L’Invictus apparait comme la configuration ultime permettant à un hélicoptère de conception traditionnelle d’atteindre des performances élevées

Conscient qu’il sera impossible de se confronter au Raider-X sur le domaine des performances, Bell a donc décidé, fort logiquement, de construire son argumentaire sur les éléments les plus différenciants entre son modèle et celui de Sikorsky : Le prix et la rusticité. La différence de prix, qu’ils s’agissent des couts de developpement, d’acquisition et de maintenance, sera évidemment très nette entre les deux appareils, à ce point que Bell préfère ne pas insister sur cet argument pourtant crucial pour l’US Army qui doit, avec un budget limité, financer un grand nombre de programmes liés à l’initiative « Big 6 », dont le programme FVL (Futur Vertical Lift) est un des piliers.

En revanche, la Rusticité de son appareil constitue bien un argument puissant face au Raider-X, raison pour laquelle la communication actuelle du constructeur porte sur ce sujet. En effet, selon Frank Lazarra, le directeur commerciale de l’entreprise pour le programme FVL, les hélicoptères issus du programme FARA seront amenés à évoluer dans des conditions de combat particulièrement rudes, nécessitant une maintenance simplifiée même dans des conditions extrêmes. L’Invictus est donc conçu avec cet objectif stratégique en ligne de mire, de sorte à garantir une grande disponibilité et donc la meilleure efficacité au combat. Mais Rustique ne signifie pas obsolete, et l’Invictus intégrera, toujours selon Frank Lazarra, les technologies de combat les plus abouties, grâce notamment à une grande évolutivité prise en compte dès la conception.

https://www.youtube.com/watch?v=8V1svIM_DFw
La video promotionelle de Bell concernant l’Invictus 360 en opération

Reste que les deux finalistes du programme FARA sélectionnés par l’US Army diffèrent sur tant de points clés qu’il parait difficile de les départager de manière objective. Certes, les autorités militaires américaines ont clairement fait le choix des deux programmes les moins risqués téchnologiquement, le Raider-X s’appuyant sur 20 années de travaux et de prototypes de la part de Sikorsky, et l’Invictus sur un appareil existant, le Bell 525. Mais l’écart de performances, de prix et de capacités opérationnelles sont telles que la comparaison parfait dès plus artificielle. A moins que l’objectif de l’US Army soit de commander non pas un, mais deux appareils différents.

En effet, le Bell 360 Invictus apparait comme un excellent remplaçant de l’hélicoptère de reconnaissance OH-58 Kiowa Warrior retiré du service en 2014. Rustique, économique, il est également bien armé et rapide pour un appareil de cette catégorie. Le Sikorsky Raider-X est, quand à lui, un appareil à hautes performances représentant un excellent remplaçant potentiel pour une partie des AH-64 Apache arrivant en limite de potentiel, grâce à des performances en faisant un appareil hybride entre l’hélicoptère de combat et l’avion de CAS (Close Air Support), une composante réclamée depuis des décennies par l’US Army. A l’inverse, l’Invictus manquerait de performances dans le haut du spectre pour remplir cette mission pendant 30 années, face aux développements rapides des menaces adverses, et le Raider-X apparait clairement sur-dimensionné, complexe et cher pour les missions de reconnaissance au profit des autres appareils de combat ou de l’artillerie.

raider X sikorsky Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Etats-Unis
Sikorsky a choisi de présenter un appareil ayant la même configuration pour les programmes FARA et FLRAA

Au delà de la complémentarité évidente des 2 appareils au sein de l’US Army, ils offriraient également une gamme complète au catalogue exportation de l’industrie de Défense américaine, permettant aux pays ayant des moyens limités de s’équiper d’un hélicoptère de combat moderne et bon marché, l’Invictus, et aux clients plus fortunés de choisir l’appareil e combat à hautes performances que sera le Raider-X, voir un panachage des deux, surtout s’ils partagent des briques technologiques comme la turbine. Il faudra donc voir si l’US Army et le Pentagone pourront mettre de coté le dogmatisme de la très grande série industrielle caractérisée par le programme F35, pour revenir à des séries plus limitées, plus spécialisées, et au final plus efficaces, comme le préconise par exemple Will Roper, le directeur des acquisitions de l’US Air Force pour redonner de la flexibilité et de l’efficacité à la force aérienne américaine.

L’Inde met à jour ses procédures d’achat de défense et renforce le Make In India

En 2002, l’Inde a instauré un ensemble de réglementations entourant les contrats d’armement passés avec l’industrie locale ou internationale. Désigné Defense Procurement Procedure, ce règlement est régulièrement mis à jour afin de s’adapter aux changements politiques, industriels et économiques du pays. Alors que la dernière mise à jour datait de 2016, l’Inde a entrepris de développer un DPP 2020 qui devrait être validé dans les jours qui viennent. Ce nouveau DPP devrait renforcer l’implication de l’industrie indienne dans les programmes de défense. Mais il va aussi offrir de nouvelles possibilités aux forces armées en introduisant notamment des catégories liées à la location de matériel pour les forces armées.

Principale modification du DPP 2020 par rapport à la version précédente : la part de production indienne dans les achats de défense sera renforcée. Le but du DDP est de définir une liste de critères permettant d’établir un ordre de priorité lors des appels d’offre du ministère de la défense. Les concurrents qui offrent le plus d’avantages pour l’industrie indienne sont alors favorisés.

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Pour le Scorpène, Naval Group avait réalisé d’importants efforts pour permettre une production à 30% en Inde. Pour les futurs contrats en Inde, il sera nécessaire de transférer une partie des compétences sur le système d’arme et les logiciels afin de permettre d’atteindre 50% de Make In India

Concrètement, le DPP 2020 introduit plusieurs nouvelles catégories, dont une qui se hisse directement en tête des priorités. Désignée « Buy (Indian – Indigenously Designed, Developed and Manufactured) », cette catégorie vise à mettre en avant les sociétés indiennes ayant conçu, développé et fabriqué leur matériel en Inde, incluant les instituts publics comme le DRDO. La part de production indienne doit alors s’élever à 50% de la valeur du contrat. De manière générale :

  • Les fournisseurs indiens seront avantagés par rapport aux fournisseurs étrangers ;
  • La conception et le développement en Inde seront valorisés ;
  • Au moins 50% de la valeur du contrat sera exigée pour les fournisseurs étrangers.

De manière générale, plus encore que la production en elle-même, c’est bien la conception et le développement dans des bureaux d’étude indiens qui est largement encouragée par cette nouvelle procédure. Une clause de variation du prix pourra également être introduite dans les principaux contrats afin d’éviter les surcoûts et les délais supplémentaires. Des efforts substantiels seront également fait pour permettre de signer des contrats d’entretien pluriannuels en phase avec les normes actuelles dans ce secteur d’activité.

Enfin, le DPP va prévoir une catégorie « leasing » afin de faciliter la location de matériel par les forces armées indiennes. Cela portera vraisemblablement surtout sur l’affrètement de moyens logistiques : avions cargos, navires de transport, etc. L’Inde cherchant à accroître ses capacités de déploiement lointain, notamment pour des opérations multinationales et humanitaires, cette décision va dans le bon sens.

Globalement, néanmoins, on peut douter que cette mise à jour du DPP permette d’accélérer la modernisation des forces armées indiennes. Au contraire, imposer encore plus de Make In India devrait ralentir certains des plus gros contrats attendus pour la Navy et l’Air Force. Pire encore, la clause de variation de prix risque de faire hésiter certains fournisseurs étrangers.