mercredi, décembre 3, 2025
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La première corvette Gremyashchiy russe est un concentré de puissance de feu

Traditionnellement, l’industrie navale russe parvient à produire de petites unités, que ce soient des corvettes ou des patrouilleurs armés, de très bonne qualité, et remarquablement armés. La nouvelle corvette furtive Gremyashchiy, première unité de la classe éponyme du projet 20385, qui entrera en service dans la flotte du Pacifique avant la fin de l’année 2019, n’y déroge pas, au contraire.

En effet, ce navire de 2.500 tonnes pour 106 m de long, emporte un arsenal comparable à celui que l’on trouve, en Europe, sur des navires deux à trois fois plus importants, comme les FREMM franco-italiennes, ou les Type 26 britanniques. Ainsi, le Gremyashchiy emporte un canon de 100 mm A-190, 8 silos verticaux longs pour mettre en oeuvre des missiles de croisière Kalibr, des missiles anti-navires P-800 Onyx ou des missiles anti-sous-marins RPK-9 Medvedka, 16 silos verticaux pour mettre en oeuvre le système anti-aérien à longue portée Redut, version navale du nouveau S-350, 2 systèmes d’auto protection anti-missiles AK-630M, 2 tubes lance-torpilles quadruples de 330 mm pour torpilles légères Paket NK pouvant servir également en anti-torpille, et deux mitrailleuses de 14,5mm à guidage manuel.

Sur le plan des senseurs et systèmes embarqués, là encore, la petite corvette russe impressionne, avec un radar AESA Zaslon dont les antennes sont sur le mat intégré, un sonar d’étrave Zaraya-M, un sonar remorqué à profondeur variable Vyneietka, un système de guerre électronique TK-25E-5 et des systemes de protection /leurres PK-10. Par l’emploie de matériaux composites et son aspect, la corvette Gremyashchiy est furtive, et dispose d’une signature radar réduite. L’autonomie du navire, si elle est moindre que celles des frégates européennes, reste très convenable pour un navire de cette catégorie, avec prés de 4000 nautiques à 14 noeuds, et une vitesse de pointe donnée à 26 noeuds. Servie par un équipage de 100 hommes, elle dispose, enfin, d’un hangar et d’une plate forme pour mettre en oeuvre un hélicoptère anti-sous-marin Kamov-27, et des drones de reconnaissance.

Représentation 3D de la classe Merkuriy du projet 20386. Remarquez les VLS du système anti-aérien Redut à l’avant du navire et les cheminées intégrées dans la superstructure.

Toutefois, la classe Gremyashchiy n’est qu’une classe de transition, et elle ne dépassera pas les deux unités déjà largement avancées. La seconde unité, le Provorny, devrait entrer en service en 2020. Elles sont suivi par des corvettes plus imposantes, la classe Merkuriy du projet 20386, dont la construction de la première unité a débuté en octobre 2016, et devrait entrer en service en 2021. Cette nouvelle corvette furtive sera plus imposante, avec un tonnage de 3400 tonnes pour 109 métrés de long, mais devrait mettre en oeuvre des armements et systèmes très comparables à ceux de la classe Gremyashchiy, et nombre comme en type. En revanche, la corvette disposera d’une autonomie étendue à 5000 nautiques, et d’une vitesse de pointe atteignant les 30 noeuds, la rendant apte à escorter des navires comme le porte-avions ou les croiseurs lourds de la Marine Russe. Cette nouvelle classe comportera, selon les prévisions diffusées par l’amirauté russe, une dizaine de navires, dans un effort global de modernisation rapide des capacités de la flotte russe.

L’A400M franchit une nouvelle étape pour atteindre l’excellence

C’est fait ! Un A400M Atlas a largué simultanément 40 parachutistes par chacune de ses 2 portes latérales en une seule passe, franchissant de fait un nouveau pas vers la certification pour larguer 116 parachutistes sur une passe unique, un des derniers points clés qui manquait à l’appareil pour remplir l’intégralité de son très ambitieux cahier des charges. Cet essai, qui s’est déroulé ce 7 octobre à Ger Azet, dans le sud de la France, sous la direction de la DGA et des forces aéroportées françaises et belges, a également permis de valider le largage de 58 parachutistes par une seule porte, passe indispensable pour procéder au largage des 116 hommes par les 2 portes latérales, objectif final de la campagne de qualification qui prendra fin en 2020.

Longtemps décrié, de part ses retards, difficultés techniques, et difficultés à remplir certains points du cahier des charges comme le largage parachutiste double porte ou le ravitaillement en vol d’hélicoptères, le programme A400M est aujourd’hui en passe de réussir un véritable tour de force, en rassemblant en un seul appareil les capacités tactiques d’un C130 et les capacités stratégiques d’un C17. Non seulement l’appareil est il désormais capable de largage parachutistes, d’utiliser des pistes sommaires ou de ravitailler des hélicoptères moyens, tel un avion de transport tactique C130; et peut-il également transporter 30 tonnes de fret sur 4500 km tel avion de transport stratégique, mais il peut profiter des performances de l’un pour les missions de l’autre. Ainsi, là ou un C130 ne peut emporter que 64 parachutistes à 600 km/h sur 3000 km, l’A400M peut en emporter presque le double, 116 parachutistes, à 900 km/h, sur une distance 50% plus importante. A l’inverse, il peut se satisfaire d’une piste sommaire pour se poser là ou un avion de transport stratégique, comme le C17, nécessitera une piste en dur de longueur adaptée, permettant dès lors d’amener les équipements et ravitaillement au plus prêt des zones ou ils sont attendus.

Détachement Air 278 AMBERIEU EN BUGEY_ 17 octobre 2018, Essai A400M ATLAS sur piste en herbe

Il ne reste désormais plus à l’A400M qu’à gagner la bataille de la disponibilité pour en faire un véritable succès conceptuel et opérationnel. Il ne s’agit pas là uniquement d’un problème de fiabilité ou de maintenance, mais également d’un problème de format, car un appareil, tout performant qu’il soit, ne peut être à deux endroits à la fois. Pour l’heure, la flotte d’A400M en service dans l’Armée de l’Air est essentiellement consacrée au soutien des forces déployées en opérations exterieures, ses capacités étant grandement appréciées dans ce domaine. Avec le retrait des C160 Transall, cette flotte devra trouver les disponibilités suffisantes pour assurer simultanément le volet de transport stratégique actuel, et le volet tactique à venir, que ce soit en terme d’entrainements ou de permanence opérationnelle, pour les forces aéroportées comme pour les hélicoptères des forces spéciales. Il sera de fait indispensable de maintenir un rythme de livraison élevé des nouveaux appareils pour l’Armée de l’Air, et de ne pas tenter des optimisations de flottes qui ne fonctionnent bien que sur tableur Excel.

La Thaïlande ne veut pas du F35 pour remplacer ses F16

Alors que le bruit prenait de l’ampleur, les autorités thaïlandaises ont précisé, par l’intermédiaire de son chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air Royale Thaïlandaise, le Air Chief Marshal Maanat Wongwat, que le pays ne s’intéressait pas au F35 pour remplacer les quelques 56 F16 A/B (sur 103 initialement en service) et 32 F5 E/F actuellement en service aux cotés de 18 Gripen C/D.

En effet, si le pays envisage effectivement de remplacer ses appareils au potentiel très largement entamé, il pose pour condition préalable de pouvoir y apporter les modifications qu’il souhaite, et notamment au niveau du code source de la pléthore de programmes informatiques qui accompagnent désormais tous les avions de combat modernes. Or, évidemment, cette condition n’est absolument pas du gout de Lockheed ou de l’administration américaine, pour qui la « boite noire » que représente le F35 est une garantie de pérennité et de contrôle de ses clients.

Les F16 thaïlandais ont aujourd’hui atteint leurs limites en matière de potentiel de vol

Surtout, Bangkok entretien d’excellentes relations avec Pekin et son industrie de Défense, et la Marine Thaïlandaise a officialisé il y a quelques semaines une commande d’un navire d’assaut LPD Type 071 chinois, alors que concomitamment, elle célébrait le début des travaux pour la construction de son premier sous-marin S26T aux chantiers navals de Wuhan du groupe chinois CSIC. Il semble en effet bien risqué de fournir un niveau d’informations très élevé concernant le coeur fonctionnel du F35, comme celui d’autres appareils occidentaux, tant le risque de voir la Chine mettre la main sur ces informations stratégiques est important.

Dès lors, Bangkok devra probablement se retourner une nouvelle fois vers Pekin pour acquérir de nouveaux appareils, sachant que les industries aéronautiques chinoises proposent désormais à l’export le chasseur léger J10C, disposant d’une avionique comparable celle du F16V ou du Gripen E/F. La volonté thaïlandaise d’avoir « la main » sur le developpement de son appareil pourrait également en faire un bon candidat pour le FC-31 Gyrfalcon chinois, qui peine toujours à trouver un marché, ainsi que pour le Mig-35, mal aimé des forces aériennes russes, et qui pourrait, dès lors, répondre aux exigences de Bangkok, sans oublier le T-FX turc, Ankara voyant probablement d’un bon oeil l’arrivé d’un partenaire financier et technologique dans son programme. En revanche, il semble difficile d’imaginer que le Rafale français, le Typhoon européen, le Gripen E/F Suédois ou le F16V américain puissent satisfaire aux exigences thaïlandaises, tant les risques seraient pour eux, identiques à ceux qui touchent le F35.

Le FC31 Gyrfalcon pourrait apparaitre comme un bon candidat pour Bangkok pour remplacer ses F16 et F5

Allié inconditionnel des Etats-Unis durant la Guerre Froide et pendant toute la durée de la Guerre du Vietnam, la Thaïlande semble désormais glisser de plus en plus dans l’ecosphére politique de Pékin, qui, petit à petit, se construit un réseau d’influence et de relais politique et diplomatique puissant dans le Pacifique et l’Océan Indien. La stratégie du collier de Perles des nouvelles routes de la Soie portent, semble-t-il, leurs fruits ….

Rafale en Inde : Les déclarations contradictoires prennent du sens !

On peut le dire, ces dernières semaines, les déclarations concernant l’éventualité d’une nouvelle commande de Rafale pour l’Armée de l’Air Indienne étaient pour le moins contradictoires. En effet, entre les indiscrétions indiennes qui parlaient d‘une commande « imminente » de 200 appareils, celles venant de France qui annonçaient des avancées importantes concernant une commande 36 appareils, le déroulement du contrat AMFA auquel Dassault participe pour 114 appareils, et les déclarations du Chef d’Etat-Major de l’IAF précisant qu’il n’avait d’autres plans d’acquisition en cours que les programmes MRFA et AMCA, il y avait de quoi douter de la crédibilité de chacune des sources.

Mais les informations publiées par M.Cabirol dans un article paru ce jour sur le site économique LaTribune.fr remettent soudainement tout en perspective, et, paradoxalement, permettent de comprendre pourquoi ces informations étaient si contradictoires, et pourtant toutes aussi valides. Selon le journaliste français, très informé des questions industrielles de Défense, les gouvernements français et indiens négocieraient activement, depuis la fin des élections législatives en Inde ayant vu une victoire sans appel de N.Modi reconduit comme premier ministre et disposant, cette fois, d’une majorité absolue. Ces négociations portent sur une nouvelle commande de Rafale pour l’Armée de l’Air Indienne. Ces appareils seraient cette fois produits en Inde, et non en France comme ce fut le cas pour la première commande de 36 aéronefs, actuellement en cours de livraison. Selon l’article, citant « des sources concordantes », l’objectif de ces négociations serait de permettre d’officialiser cette commande lors de la visite officielle du Président Macron à son homologue N.Modi, à l’occasion de la fête nationale indienne du 26 janvier 2020. Cette commande, de gré à gré, porterait au moins sur 36 appareils, mais le chiffre d’une centaine d’appareils serait également avancé.

Les négociations en cours se font au sommet des états, et seront (probablement) officialisées par les deux chefs d’Etat l’occasion de la visite du Président Macron à New Dehli le 26 janvier 2020

Soudain, tout devient clair. D’une part, les négociations en cours pour une nouvelle commande de Rafale existent bien, et seraient suffisamment avancées pour envisager une annonce officielle d’ici 4 mois. En outre, cette commande respectera le « Made in India » chère au premier ministre Indien. En passant par une négociation intergouvernementale directe, Dassault Aviation peut s’assurer de la qualité des infrastructures d’assemblage, et de la qualification des personnels, sans devoir se soumettre aux édits de HAL, l’entreprise aeronautique d’Etat indienne qui fut la cause de l’échec des négociations concernant le programme MMRCA. Pour l’Armée de l’Air, ces négociations n’entrent pas dans la planification en cours, et elle ne peut, dès lors, en faire état, ceci expliquant les déclarations du CEMAA indien. Enfin, et comme nous l’avions déjà abordé, le retrait anticipé des Jaguar indiens, suite à l’annulation du programme de remotorisation des appareils, va créer sur la décennie à venir, un déficit opérationnel de moyens jugé critique par les autorités indiennes, surtout lorsque la Chine et le Pakistan poursuivent méthodiquement leurs plans de modernisation et de renforcement de leurs forces aériennes.

Nous avons donc la partition, reste à voir ce qu’en fera l’orchestre. Il est très peu probable que la commande, si elle aboutit, ne porte que sur 36 appareils supplémentaires, eu égard aux infrastructures à déployer et aux personnels à former pour procéder à l’assemblage d’un nombre aussi restreint d’aéronefs. D’autant que la commande initiale de 36 appareils intègre le déploiement d’infrastructures de maintenance permettant de soutenir une flotte de 150 aéronefs. Il est toutefois difficile d’envisager une commande globale de 200 appareils, hormis évidemment si le Rafale sortait vainqueur de la compétition MRFA. Mais si l’IAF avait fait pression pour ouvrir cette compétition aux appareils comme le Rafale ou le Typhoon, et non aux seuls monomoteurs légers comme c’était le cas initialement, c’était surtout pour tenter de palier l’échec du programme MMRCA, et de viser, là encore, une flotte de 150 Rafales (114 AMFA + 36 Rafales de la commande initiale). Or, si cette commande arrivait par l’intermédiaire d’une négociation de gré à gré, comme il semble que cela se précise, il est probable que l’IAF privilégiera un appareil léger, le F21 américain ou le Gripen E/F suédois, de sorte à maximiser sa flotte.

Grace à sa grande polyvalence, le Rafale peut aussi bien assurer des missions de frappe en profondeur, de dissuasion, de renseignement et de défense aérienne, le tout avec une grande efficacité.

Quoiqu’il en soit, il faudra désormais probablement attendre la fin du mois de janvier pour en apprendre davantage sur ce dossier. Mais 4 mois à l’échelle de temps de New Dehli, c’est à peine plus long qu’un battement de paupière. Le dénouement et proche … ou pas !

L’US Army veut des mini-drones suicides pour son infanterie

En règle générale, une des grandes craintes des Etats-Majors occidentaux est de voir des équipements modernes et puissants, ceux-là même qui font la supériorité de leurs forces, tomber dans les mains de leurs adversaires. C’était par exemple le cas concernant les missiles sol-air portables comme le Stinger ou le Sa-14, ou pour les missiles anti-chars comme le Javelin ou le Kornet. Mais il arrive, rarement il est vrais, que ce soit l’adversaire insurgé qui mette en service une technologie que les Etats-Majors occidentaux décident de copier et d’assimiler. L’utilisation par les insurgés de l’Etat Islamique de drones légers pour transporter des munitions légères vers l’adversaire en est une.

Ce type de drone a été largement utilisé par les forces de Daesh en Irak et en Syrie, contre les forces locales comme contre les forces occidentales ou russes présentes sur place. Il s’agit, en règle général, d’un drone léger du commerce, comme ceux fabriqués par millions chaque mois en Chine, ne coutant que quelques dizaines d’euro, sur lequel est installé une munition légère, comme une grenade. Le drone peut être controlé à distance ou avoir un itinéraire programmé, la charge étant activée automatiquement lorsque la destination cible est atteinte. Ces drones offrent des possibilités importantes, notamment pour atteindre des forces retranchées, que ce soit dans une tranchée, un bunker ou un bâtiment, et ne nécessitent pas que l’opérateur s’expose pour le lancement, ni la désignation de cible. En outre, ils sont difficiles à arrêter, les armes disponibles comme les fusils d’assaut ou les mitrailleuses n’étant pas spécialement efficaces face à des cibles aussi petites et rapides.

Un exemple de drone utilisé par Daesh et équipé d’une charge légère

Le potentiel d’un tel système d’arme n’a pas échappé à l’US Army, qui a chargé l’Army Contracting Command de trouver en urgence des fabricants et prestataires pour le programme Lethal Miniature Aerial Missile System, ou LMAMS, pour concevoir et fournir un drone léger transportable par un soldat, et qui, équipé d’une charge légère, mine ou grenade, peut être dirigé vers une cible indirecte pour délivrer la munition. Contrairement aux drones employés par les islamistes de Daesh, l’US Army veut garder en permanence le contrôle de l’appareil, et notamment avoir la possibilité de modifier sa cible, d’annuler la mission, ou de suspendre le tir.

La Demande d’information émise par l’US Army met également en avant les capacités de guidage du drone, et donc l’emport de détecteurs, de jour comme de nuit, avec une possible discrimination de cible, alors que le poste de contrôle permettra le pilotage de la mission. En outre, l’architecture du système doit permettre d’intégrer les fonctionnalités de contrôle à d’autres futures interface de contrôles, en vue d’éviter aux militaires américains de devoir transporter un poste de contrôle par équipement. Mais la plus grande différence avec les drones artisanaux employés au moyen-orient, repose sur la possibilité donné au drone de repérer et d’engager sa cible par ses propres moyens, même si la notion « d’homme dans la boucle » est rappelée à plusieurs reprises par la RFI. En dotant ce drone d’un autodirecteur, et d’une capacité d’engagement, il deviendra probablement la première arme anti-personnelle autoguidée au monde. Le site Defense-blog reprend l’ensemble des fonctionnalités attendues dans cet article.

Il ne s’agit pas d’un robot-tueur au sens souvent fantasmé par la littérature ou le cinéma d’anticipation, mais, techniquement, cela y ressemblera beaucoup …

Retrait anticipé des Jaguar, pas de seconde commande de Rafale, l’Indian Air Force clarifie sa stratégie d’acquisition

Quelques jours à peine après avoir pris ses fonctions, l’Air Marshal Bhadauria, Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air indienne, a tenu à clarifier la stratégie d’acquisition de l’Indian Air Force en matière d’avions de chasse dans les prochaines années, et cela remet en cause beaucoup d’espoirs et de certitudes …

En premier lieu, le stratégie d’équipements reposera sur deux compétitions majeures, le programme Multi-Role Fighter Aircraft, parfois présenté comme MMRCA 2, déjà lancé, et visant à construire 114 appareils pour remplacer les Mig21 et Mig27 encore en service, par un appareil polyvalent et moderne. Le Rafale de Dassault, qui avait gagné la première compétition MMRCA en 2012, est opposé au F16V, dénommé F21 pour l’occasion, de Lockheed-Martin, le Gripen E/F de Saab, le Typhon d’Eurofighter, le F18 E/F de Boeing, et le MIG35 russes, avec une incertitude sur la participation du Su-35. La planification prévoit que 4 escadrons de ce type d’appareils devront être opérationnels en 2025, et que les 6 escadrons devront être opérationnels en 2032.

Les Mig21 de l’IAF doivent tous être retirés du service d’ici 2032, alors que la moitié d’entre eux seront retirés avant la fin de 2021.

La seconde compétition est le programme Advanced Medium Combat Aircraft, un appareil de cinquième génération destiné à remplacer les Mig29, mirage 2000 et Jaguar en service. La compétition n’est pas encore lancée, mais l’IAF prévoit d’avoir au moins un escadron opérationnel en 2032 équipé du nouvel appareil. Ce programme était préalablement une coopération indo-russe entamée depuis 2007 autour d’un appareil dérivé du PAK FA, le programme FGFA. Mais face à des problèmes de transferts de technologies et des tensions entre new Delhi et Moscou, l’Inde s’est retiré de cette coopération en 2018. Mais les récentes avancées opérationnelles autour du programme Su-57, et la politique agressive d’exportation de Moscou à son égard, pourrait bien amener les autorités indiennes à reconsidérer cette solution, dans un programme dans lequel elles ont déjà investi plus d’un Milliard de $. A noter également que du coté russe, on affirme que l’Inde ne s’est jamais officiellement retiré du programme, et qu’il a juste été retardé à la demande du gouvernement indien.

Parallèlement, l’Air Marshal Bhadauria a précisé que la modernisation en cours des Jaguars de l’IAF, en vue de prolonger leur durée de vie opérationnelle jusqu’en 2030, était annulée suite à l’annulation de leur remotorisation, et que les escadrons commenceront à être retirés du service à partir de 2021, ce qui ne sera pas sans créer un profond déficit opérationnel en matière d’escadrons de combat. En effet, dans la décennie qui s’annonce, l’IAF va perdre ses escadrons de Mig21, de Mig27 et de Jaguar, ainsi qu’une bonne partie de ses mirage 2000 et Mig29,soit prés de 240 appareils, alors que dans le même temps, elle ne recevra que les 36 Rafales, les 83 Tejas Mk1A et Mk2, les 114 MRFA ainsi que 21 Mig29 et 12 Su-30MKI, soit 266 appareils. Cela ne permettra pas de résorber le déficit de 10 escadrons sur 40 escadrons théoriques auquel elle fait face aujourd’hui. De fait, même dans l’hypothèse ou tous les programmes sont effectivement appliqués sans délais et intégralement, ce qui est rarement le cas en Inde, il manquera toujours 7 escadrons à l’IAF en 2032 pour atteindre les 40 escadrons jugés nécessaires à la protection du pays face au Pakistan et à la Chine.

La Russie déploie des trésors de diplomatie pour remettre le Su-57 au coeur du programme AMCA

Comme toujours, il faut remettre cette déclaration dans le contexte très spécifique de la politique de Défense indienne. Ainsi, si l’Air Marshal Bhadauria a précisé, suite à la demande d’un journaliste, qu’il n’y avait aucun plan autre que le programme MRFA pour l’acquisition de Rafale supplémentaires, cette affirmation doit s’entendre « dans le programme officiel d’approvisionnement de l’IAF aujourd’hui ». Or, ces négociations, qui porteraient sur l’acquisition de 2 nouveaux escadrons de Rafale de gré à gré en Paris et New Delhi, sont, selon plusieurs sources concordantes venant d’Inde comme de France, bien avancées. Et il est peu probable que l’IAF fasse la moue si le Président Moodi lui accordait l’acquisition de ces 36 nouveaux Rafale en 2022, pour palier en parti le retrait anticipé des Jaguars.

Il est également probable que, sur la prochaine décennie, le programme AMCA avance plus vite qu’identifié dans le planning présenté par le Chef d’Etat-Major de l’IAF. En effet, si les Rafales, les Su-30MKI et les 114 MRFA seront suffisants pour contenir la modernisation de l’armée de l’air Pakistanaise planifiée jusqu’à présent, avec l’entrée en service de JF-17 Block III équipés d’une avionique moderne, et la modernisation des F16 C/D par la Turquie, il est est tout autrement face à la Chine, qui recevra, durant la décennie à venir, au moins 600 nouveaux appareils modernes, dont plusieurs centaines d’avions de 5eme génération. En outre, on peut parfaitement imaginer que le Pakistan cherchera lui aussi à s’équiper d’une version export d’un appareil 5G chinois, ou du programme T-FX turque qui doit entrer en service dès 2026.

Contrairement au Tejas, le JF-17 sino-pakistanais, qui équipe désormais plus de 5 escadrons au Pakistan, est un appareil performant et efficace, qui semble parfaitement remplir les missions qui lui sont confiées

Il est toute de même frappant de constater le manque d’évolution dans la politique industrielle d’équipements de Défense en Inde, et son manque d’anticipation chronique, alors que le pays, même s’il dispose d’une dissuasion nucléaire, est menacé sur plusieurs fronts par des adversaires qui se modernisent et se renforcent rapidement. Ainsi, l’insistance des autorités vis-à-vis du Tejas, un appareil de toute évidence mal née, peu performant et très cher en comparaison d’autres appareils légers, et notamment le Gripen E/F que Saab souhaite plus que tout positionner en Inde, donne une idée de l’environnement politique qui conditionne les décisions à New Delhi. Malheureusement, dans ces conditions, et face à des adverses beaucoup plus méthodiques, les chances de voir l’Inde sortir victorieuse d’une confrontation sont de plus en plus minces, alors que le risque de voir un conflit dégénérer vers l’utilisation d’armes nucléaires, lui, augmente.

Contrairement à 1962, la Russie, qui n’est plus l’Union Soviétique, ne pourra pas, cette fois, imposer à la Chine la retenue, pas plus que les Etats-Unis ou les Européens ne le pourront d’ailleurs. Il faudra probablement d’autres affrontements comme celui du mois de février 2019, entre les forces aériennes indiennes et ses voisins, pour que l’insuffisance des moyens qui lui sont consacrés et le manque d’anticipation dans ce domaine de l’ensemble de la classe politique indienne, soit mis en évidence. Une situation qui, en fait, n’est pas sans rappeler celle des pays européens …

Radio CONTACT : La France rentre dans l’ère du combat collaboratif aéroterrestre

La semaine passée l’armée de terre annonçait la dotation de la nouvelle radio CONTACT, développée par Thalès, en remplacement de la PR4G. Si l’Armée de Terre est la première à percevoir cette nouvelle capacité, l’Armée de l’Air et la Marine Nationale suivront bientôt. Et pour cause, la radio Contact est l’une des briques de base des futures doctrines de combat collaboratif interarmes et interarmées.

Déployée à l’échelon tactique, la radio CONTACT  ne s’inscrit pas moins dans une perspective stratégique pour nos armées, car la véritable innovation majeure du programme SCORPION  ne réside pas tant dans le renouvellement des matériels en dotation dans l’armée française que dans la révolution de ses doctrines de « combat collaboratif » et « infovalorisé ». Il s’agit ici de faire circuler l’information en temps réel ou quasi-réel entre les différents acteurs d’un théâtre d’opération et ce quelle que soit leur dimension respective. Par voie de conséquence, elles permettent une agilité opérationnelle et tactique décisive lors du combat aéroterrestre. Le programme SCORPION est une étape cruciale qui couronne 25 ans de réflexion conceptuelle et doctrinale française autour de la guerre « réseau-centrée », car le combat collaboratif provient directement de l’irruption massive des NTIC à la faveur de la Révolution dans les  Affaires Militaires  (RAM) apparues à la fin des années 1980.

La communication entre les éléments d’Observation et d’Orientation et la couche Décisionnaire est au coeur de la Boucle OODA

Dès les années 1990, le leitmotiv doctrinal des armées occidentales devient l’information et sa circulation à tous les niveaux et entre tous les niveaux, de l’échelon subtactique à l’échelon politico-stratégique. Il s’agit de mettre en réseaux tous les acteurs d’un théâtre, de fusionner les informations de leurs capteurs,  de les traiter puis les disséminer à chaque échelon. Le but final est d’accélérer le tempo de l’opération nommé « Boucle OODA » (Observation, Orientation, Décision, Action). Il s’agit de sidérer tout adversaire par une série d’actions cinétiques soutenues par la circulation dynamique de l’information. Dans les années 2000/2010, ce système reposait, grossièrement, sur des centres de traitement, de fusion et dissémination de l’information : les CDAOA (Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes).  Malgré la mise en place des banques de données dynamiques à destination des acteurs et vecteur de théâtre[efn_note]Les Systèmes d’Aide à l’Interprétation Multicapteurs ou SAIM (Station ATHOS, Systèmes SCARABEE)[/efn_note], et d’architectures complexe de Commandement et Contrôle, les armées françaises et occidentales se firent rapidement rattraper par le flux croissant d’informations saturant les réseaux. Ce phénomène est combiné à un autre enjeu : la communication de l’ensemble  des dimensions du théâtre jusqu’au niveau tactique, d’où la volonté de faire évoluer matériels et doctrines vers une donne de communication et de partage de l’information moins centralisée et plus horizontale, afin d’aboutir réellement à des actions cinétiques authentiquement interarmées.

La radio CONTACT répond à toutes ces exigences. Développée et produite par Thalès depuis 2012 dans le cadre d’un contrat d’un milliard d’euros, les radios seront distribuées aux armées à partir de 2020 pour une complète dotation d’ici 2030. Dans l’armée de terre, elles remplaceront la PR4G. Une fois distribuée dans l’ensemble des forces armées, elles permettront d’assurer une liaison tactique de haut débit, basée sur la technologie radio-logicielle, entre tous les acteurs du terrain sans intermédiaire interarmes centralisé au niveau du QG de théâtre. Incrémentée par un système SAIM, le système d’Information du Combat Scorpion (SICS), la radio CONTACT permettra une mise en réseau collaborative de toutes les forces de l’avant et dans toutes les dimensions conférant, dès lors, un tempo extrêmement rapide au combat aéroterrestre et saturant pour les défenses adverses. L’algèbre tactique pour les forces terrestres pourrait passer dans la dimension du quasi temps-réel. Ces atouts considérables sont autant de promesses de succès pour les forces françaises appelées à évoluer à l’avenir sur des théâtres d’opérations toujours moins permissifs, voire de haute-intensité

La radio CONTACT est par ailleurs interopérable. L’interopérabilité de cette capacité permettra une collaboration tactique interallié et en dehors de OTAN, dans le cadre d’un engagement de la France sur un théâtre en tant que nation-cadre, c’est-à-dire en tant que nation fournissant l’essentiel de la force opérationnelle en entrée et conquête de théâtre et tenue de ce dernier. La coalition permet à la nation-cadre d’incrémenter ses capacités de soutien (transport, ravitaillement, missions ISR, tenue du terrain…). Jusqu’alors les besoins en interopérabilité étaient subordonnées aux normes de l’OTAN, c’est-à-dire aux normes doctrinales et surtout industrielles des États-Unis. En plus de ne pas toujours correspondre aux besoins d’une nation globale comme la France, ils impliquaient une dépendance technique importante. Ce fût notamment le cas des liaisons des données tactiques de type ROVER permettant à un aéronef d’échanger des informations avec des opérateurs au sol. La France doit continuer à développer des solutions interopérables capables de répondre à ses engagements internationaux  tels que l’OTAN, mais continuer de veiller à pouvoir entretenir des capacités d’interopérabilité au sein de coalition en dehors de l’Alliance Atlantique.

Chaque véhicule du programme SCORPION, comme ici le VBMR léger Serval, agira comme un hub de communication et d’infovalorision des données tactiques

Les atouts de la radio CONTACT et ses promesses tactico-opérationnelles ne doivent pas faire oublier les nombreux enjeux auxquelles devront faire face les armées française dans un futur proche. Si elle est sécurisée, cette nouvelle radio met également en valeur la grande « info-dépendance » des armées françaises. Les grandes puissances en devenir et autres potentiels belligérants régionaux l’ont bien compris et développent entre autres des solutions d’écoute, de brouillage, d’intoxication, de piratage, ou bien de capacités cinétiques de neutralisation-destruction de plateformes de renseignement. Cet état de fait implique de se doter de capacités renforcées en cyber-défense et protection des réseaux.  L’Occident perd rapidement son avantage technologique, il doit le compenser par une surenchère d’intelligence tactique et stratégique. Tout en gardant en réserve des capacités d’environnements dégradés, il importe  pour autant de rester  compétitif en R&D, notamment dans le domaine de l’IA, fondamentale dans la guerre « info-centrée ». La massification des forces, aujourd’hui envisagée, doit être clairement accélérée, tant le dimensionnement des forces actuelles ne permettra pas de tenir face à l’attrition humaine et technique des conflits à venir. Le temps du confort opérationnel est révolu et sans volontarisme technologique, doctrinal et humain, l’Armée Française risque bel et bien le déclassement à moyen et long terme, malgré l’efficacité de SCORPION et de ses déclinaisons.


Le Pentagone veut forcer la main de l’Allemagne en faveur du F/A 18 E/F Super Hornet

On savait déjà que l’OTAN avait largement oeuvré en coulisses pour s’assurer de la victoire du F-35A en Belgique face au Typhoon et au Rafale, et que l’organisation avait été très contrariée de la décision allemande d’éliminer l’appareil de Lockheed de la compétition visant à remplacer ses 80 avions d’attaque Tornado, compétition qui aujourd’hui oppose le Typhoon d’Eurofighter et le F/A 18 E/F de Boeing. A l’époque, une des principaux arguments mis en avant par l’organisation, et largement relayé par la presse anglo-saxonne, était que le F35A allait être prochainement qualifié pour transporter la bombe nucléaire gravitationnelle B61 américaine, en service dans plusieurs pays de l’OTAN dont la Belgique et l’Allemagne, avec le principe de la double clé.

Il semble que ce même argument soit mis en avant désormais pour privilégier le F/A 18 Super Hornet face au Typhoon, dans cette même compétition. En effet, selon le Pentagone, la procédure visant à qualifier un appareil européen pour transporter et mettre en oeuvre cette bombe nucléaire, dont l’intérêt opérationnel est discutable, serait 4 à 5 ans plus longue lorsqu’il s’agit de qualifier un appareil européen qu’américain. Car, en fait, le Super Hornet n’est pas qualifié pour transporter cette bombe non plus, mais il semble que tout soit fait pour décourager les allemands de choisir l’appareil qu’ils construisent eux-même pour assurer une mission nucléaire dont, de toute façon, ils ne sont pas décisionnaires ….

Airbus propose a l’Allemagne une version optimisée pour le combat Air-Sol de son Typhoon pour remplacer les 80 Tornados en service depuis les années 80 dans la Luftwaffe

Pour Airbus, qui propose une version optimisée pour l’attaque du Typhoon, un tel délais supplémentaire ne poserait pas de problème, puisqu’il faudra une dizaine d’années pour remplacer les Tornados, ce qui laissera le temps de procéder à sa qualification pour la B61, même avec ce délais supplémentaire. En outre, le constructeur européen sait pouvoir compter sur le soutien de la France et de Dassault dans ce dossier, puisque tant le président de la République E.Macron que le président de Dassault E.Trappier, ont clairement fait savoir que le choix du Typhoon permettrait de mener au mieux le programme SCAF qui lie les deux pays et les deux entreprises dans un partenariat industriel à très long terme.

Reste que la presse allemande s’est d’ores-et-déjà emparée du problème, et qu’il est probable que, comme à chaque fois que le sujet est évoqué outre-Rhin, la question d’un partenariat stratégique de défense avec la France sera abordé publiquement. En effet, Berlin pourrait fort bien décider, de mettre en place une stratégie de Défense à double clé avec Paris, comme celle mise en oeuvre par l’OTAN avec Washington, sur la base des technologies stratégiques françaises, en l’occurence le missile supersonique ASMPA et son futur remplaçant, l’ASN3G. Il faudrait, certes, passer outre plusieurs décennies de défiances bilatérales, Berlin ayant toujours eu une position beaucoup trop atlantiste aux yeux de la France, et Paris ayant une position beaucoup trop franco-centrée pour les autorités allemandes. En outre, cela irait à l’encontre de la conception de Défense ultime du territoire qui entoure la doctrine de dissuasion en France et qui, selon certains, rendrait toute option de coopération avec un autre pays européen, impossible.

La France dispose de deux escadrons stratégiques mettant en oeuvre des avions Rafale équipés du missile supersonique ASMPA pour assurer la composante aérienne de sa dissuasion

Il n’en demeure pas moins vrais qu’une politique de défense stratégique rassemblant les pays européens les plus proches de la France, comme ‘Allemagne, entrerait parfaitement dans les objectifs d’une autonomie stratégique renforcée des européens prônée par la Chancelière Allemande A.Merkel et le Prédisent français, E. Macron. On ne peut, en effet, simultanément critiquer ouvertement les choix faits par certains pays européens car imposés de Washington, comme l’achat du F35, et refuser à ces mêmes pays l’option qui leur permettrait de conserver un niveau de Défense équivalent que par le passé, à savoir une solution stratégique à double clé. Il semble donc que, paradoxalement, les clés d’une autonomie stratégique européenne réelle soient aujourd’hui à Paris, et que ce sont les hésitations françaises dans ce domaine qui entrave l’émergence d’une réelle politique européenne de Défense ambitieuse ….

Le Lynx KF41 de Rheinmetall est éliminé de la compétition pour le remplacement des Bradley M2/3 de l’US Army

Selon le site Defensenews.com, le Véhicule de Combat d’Infanterie Lynx KF41 de Rheinmetall, et présenté au sein de co-entreprise entre le groupe industriel allemand et l’américain Raytheon, aurait été éliminé de la compétition Optionnaly Manned Fighting Vehicle, ou OMFV, destinée à remplacer les VCI Bradley’s M2/M3 de l’US Army à partir de 2026. Selon les informations reccueillies par les journalistes du site, cette élimination serait liée au fait que le prototype du Lynx, qui devait être livré sur site pour des tests à partir du 1er octobre, n’avait pas pu être livré dans le délais imparti, le groupe allemand ayant dû faire face à des difficultés administratives pour transporter le blindé au travers de différents pays pour effectuer la livraison. On apprend également que Rheinmetall aurait demandé un délais supplémentaire de 4 semaines pour effectuer cette livraison, qui lui aurait été refusé, ainsi qu’une livraison Free On Board au 1er octobre pour effectuer le transport par voie maritime, là encore, refusé par le Army Futur Command, en charge de la conduite du programme, et du respect des délais.

Il ne reste, dès lors, plus qu’un unique participant à la « compétition » OMFV , le Griffin III du groupe américain General Dynamics Land Division, tous les autres prétendants ayant jeté l’éponge. En effet, si ce programme est présenté comme critique par l’US Army, c’est également un banc d’essais pour la nouvelle politique d’acquisition de l’Armée américaine, qui souhaite rompre, comme l’US Air Force, avec les programmes ne respectant ni leurs planning, ni leurs prévisionnels de couts. Ainsi, le programme OMFV prévoit, jusqu’en 2023, une évaluation des 14 prototypes des 2 finalistes, visant à donner le temps au participant (pas de pluriel désormais..) de satisfaire aux 100 points clés requis, tout en respectant la date prévue d’entrée en service de 2026. Mais cette approche, volontairement ambitieuse, a, semble-t-il, pris de court beaucoup d’industriels, qui ont préféré se retirer du programme, jugeant les exigences de l’US Army incompatibles avec le planning proposé.

Le Bradley M2/3 accuse désormais le poids des années, et des multiples évolutions et modernisation qu’il a subit et qui entrave sa mobilité et don efficacité

L’élimination du Lynx KF41 n’est pas une bonne nouvelle. Pour Rheinmetall évidement puisque le groupe allemand fondait d’importants espoirs sur cette compétition pour, enfin, trouver un client pour son blindé. Mais également pour l‘US Army, qui va devoir désormais composer avec un industriel en position de force, puisque seul à rester en lice. On comprend dès lors que, dans cette compétition, se joue la crédibilité, et donc l’avenir, de l’Army Futur Command, et de son approche en rupture avec la gestion des programmes passés. Comme souvent aux Etats-Unis, les deux camps qui s’affrontent, avec d’un coté les Industriels de Défense qui se satisfaisaient très bien des procédures précédentes, et de l’autre l’US Army et son AFC, qui doivent faire face à la montée en puissance des risques d’engagement face à des adversaires de plus en plus puissants et de mieux en mieux équipés, va donner lieu à d’intenses campagnes de Lobbying politique à Washington.

Le Griffin III de General Dynamics, seul concurrent désormais, est un blindé de 40 tonnes dérivé de l’Ajax, le véhicule de combat d’infanterie chenillé choisi par l’Armée britannique en 2014 et commandé à 589 exemplaires, en 6 versions différentes, allant du Véhicule de Combat d’infanterie (version Ajax – 245 exemplaires) à la version de commandement (Athena – 112 exemplaires) en passant par une version spécialisée du Génie, de réparation de blindé, de reconnaissance et de transport de troupe. l’Ajax , qui atteint 38 tonnes sur la balance, est notamment équipé du même canon CT40 de 40 mm que celle qui équipe le futur EBRC Jaguar de l’Armée de Terre française.

Le Griffin III équipé du canon de 50mm lors du salon AUSA de 2018

Le Griffin III, s’il est conçu à partir de l’Ajax, repose toutefois sur une architecture ouverte et fortement modulaire, lui permettant de s’adapter à différents types de mission (ce qui est également, soit dit en passant, le principal atout du Lynx de Rheinmetall). Dans sa version de base, il emportera une tourelle modulaire équipée d’un canon de 50mm, selon le désir exprimé par l’US Army, un sur-blindage également modulaire et un système de protection actif contre les missiles anti-chars, comme il semble que cela devienne la norme aujourd’hui (sauf en France …). Selon General Dynamics, Il dispose d’une capacité d’emport de 10 tonnes, offrant une évolutivité très importante pour l’adaptation de systèmes supplémentaires dans le futur. Enfin, il est conçu pour déployer et interagir avec des drones, là encore, une caractéristique qui semble en passe de devenir la norme pour les blindés lourds.

Reste que, avec un seul industriel en lice, la compétition OMFV risque de subir les foudres du Congrès Américain. On ne peut pas exclure, dès lors, que ce dernier impose à l’AFC de satisfaire aux demandes de délais supplémentaires pour le transport du Lynx de Rheinmetall et de Raytheon. Si une telle décision devait intervenir, ce sera probablement dans les tous prochains jours, afin de ne pas bousculer de trop le planning de l’Army Futur Command et du programme OMFV. Mais 4 semaines ne seraient peut-être pas de trop pour assurer le bon déroulement d’un programme de plus de 2.500 véhicules blindés estimé à 24 Md$.

L’Inde menace Ankara de sanctions au sujet des corvettes Ada Pakistanaises

Il y a quelques mois, Moscou annonçait, sans plus d’explications, que la Russie ne livrerait pas de systèmes d’armes au Pakistan autres que des systèmes de sécurité et anti-terroristes, ce qui condamnait de fait l’importante commande de chars de combat T90 qu’Islamabad souhaitait passer. Le contexte se précise aujourd’hui, puisque les autorités indiennes ont officiellement menacé la Turquie de sanctions si cette dernière venait à livrer les 4 corvettes Ada commandées par le Pakistan. La principale sanction serait l’impossibilité pour les entreprises de Défense turques de participer aux compétitions et appels d’offres de l’armée indienne, ce qui condamnerait la construction de 5 navires de ravitaillement à la Mer de 45.000 tonnes du programme Fleet Solid Support, attribué aux chantiers navals d’Etat HSL en partenariat avec les chantiers navals turques Anadolu, pour prés de 2 Md$.

La position de New Delhi n’est, en fait, pas une surprise, d’autant que les tensions avec le Pakistan ne cessent de croitre, notamment autour du Kashmir. Conscient du poids que représente ses marchés d’importation sur la scène internationale de Défense, les autorités indiennes exigent, désormais, que les soumissionnaires, en tant qu’Etat, et non en tant qu’entreprise, fassent clairement un choix en faveur de l’Inde, et donc en exclusion du Pakistan.

A noter qu’au delà du programme de 4 corvettes Ada, les entreprises de défense Turques sont également engagées dans la livraison de 30 hélicoptères de combat T-129, adaptation sous licence du A-129 Mangusta, ainsi que dans la modernisation des sous-marins Agosta de la Marine pakistanaise. Au total, le volume financier que représente aujourd’hui le Pakistan pour l’industrie de Défense turque, dépasse de fait largement le contrat de partenaire technique sur le programme des pétroliers ravitailleurs indiens. En outre, Ankara a développé une coopération étroite avec Islamabad, agissant tel un proxy occidental pour la maintenance de nombreux équipements acquis auprés des pays européens et des Etats-Unis, avant que les relations ne se dégradent suite à l’intervention en Afghanistan.

Le Pakistan a également commandé 30 hélicoptères de combat légers T-129 Atak à la Turquie

Dès lors, même s’il est certain que la Turquie tentera de sauver son contrat indien, il est peu probable qu’elle fasse aujourd’hui le choix de New Delhi face au partenariat solide qui se noue avec le Pakistan, et qui ouvre d’importantes opportunités quand aux développements futurs, comme les frégates et destroyers Milgem, ou le chasseur TFX, là ou le marché indien est, lui, saturé d’offres occidentales et russes.

Cette position exprimée vis-à-vis du Pakistan n’ira pas sans inquiéter les autorités russes qui, si le choix vis-à-vis d’Ankara était trivial, pourraient se retrouver face à un arbitrage cornélien si New Delhi venait à exiger la même chose vis-à-vis de Pékin. Moscou pourrait alors avoir à choisir entre son plus important client qui permet à son industrie de Défense de se maintenir, et son partenaire stratégique à moyen terme…