mercredi, décembre 3, 2025
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Pourquoi le retour budgétaire de l’investissement dans l’industrie de Défense est supérieur à 100% en France ?

Depuis les années 70 et les deux chocs pétroliers, les investissements dans l’industrie de Défense nationale ont très souvent été perçus politiquement, et publiquement, comme un mal nécessaire, qu’il convenait de réduire et d’optimiser, au point de mettre à mal aujourd’hui l’efficacité de l’outil militaire français. Outre la perception de son impact sur la pression fiscale, ils sont également perçus comme économiquement et socialement improductifs, et comme venant en déduction les capacités d’investissement de l’Etat dans des domaines plus « importants », comme la santé ou l’éducation. Cette instrumentalisation du phénomène d’éviction, c’est ainsi qu’est désigné en économie le fait de déshabiller Paul pour habiller Jacques, a même donné lieu à des comparaisons directes entre l’achat d’un équipement, et l’utilisation potentiellement équivalente de cette somme par l’Etat pour des postes d’infirmières ou d’enseignants. Ainsi, lors de l’intervention de la France en Syrie, dans une coalition avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, certains médias nationaux firent leurs titres sur le prix de l’opération, et des munitions tirées, de sorte à créer un sentiment de dépenses « inutiles » dans la population.

Pourtant, l’étude méthodique des effets économiques et sociaux théoriques et constatés de l’investissement dans l’industrie de Défense offre une vision très différente de la situation, susceptible d’inverser la perception globale des couts qui lui sont associés et des effets d’éviction, et peut apporter une approche radicalement différente concernant les arbitrages budgétaires de Défense. Cette étude est issue de la doctrine Défense à Valorisation Positive, et du programme Socle Défense, qui proposent une approche innovante pour le financement et l’organisation globale de l’effort de Défense en France comme en Europe, de sorte à parvenir à l’autonomie stratégique, à renforcer le rôle de la France et de l’Europe sur la scène internationale, et à réduire les risques de conflits majeurs sur le continent comme face à des puissances technologiques ou nucléaires.

La fregate 22Languedoc22 une des 6 fregates de 1er Rang FREMM Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Avec seulement 15 frégates de premier rang, la Marine Nationale n’a pas les ressources suffisantes pour assurer l’ensemble des missions présentes et à venir

Pour cette démonstration, nous étudierons l’efficacité budgétaire et sociale d’un investissement de 1 million d’Euro par an dans l’industrie de Défense, pour en déduire le nombre d’emplois créés et sécurisés, les recettes et économies sociales générées, ainsi que les recettes et économies sur le budget de l’Etat consécutives de cet investissement.

1- Les emplois créés

Ces dernières années, 2 valeurs clés ont été communiquées concernant la BITD, ou Base Industrielle et Technologique Défense, chacune issue d’un périmètre propre :

  • 160.000 emplois pour 16 Md€ de CA
  • 200.000 emplois pour 20 Md€ de CA

La différence entre ces deux valeurs provient du périmètre considéré pour définir quelles activités entraient dans le périmètre de la BITD. Toutefois, le résultat final reste le même, puisque dans les deux cas, un investissement de 1 million d’euro annuel finance 10 postes dans la BITD sur une année. Cette valeur est cohérente avec le rapport de valeur ajoutée moyenne créée par salarié en France, qui se situe autour de 83.000 € par an, là ou l’industrie de Defense, par nature technologique, évolue autour de 100.000 € par an.

En revanche, le poids salarial moyen d’un salarié en France n’est que de 45.000 € par an ; nous prendrons 50.000 € comme valeur de référence dans la BITD. Dès lors, une fois déduit le cout salarial moyen des 10 emplois créés précédemment, il reste 500.000 € sur le million d’euro investi, destinés à payer les taxes d’entreprise (hors TVA, que nous ne considérerons pas ici), la rémunération des actionnaires, et surtout les sous-traitants non issus de la BITD, appartenant aux entreprises de service et sous-traitants industriels, de l’entreprise. Sur ces 500.000 euros, 300.000 sont ainsi consacrés à ce réseau de sous-traitance, générant 4 emplois de premier niveau, et 6 emplois indirects au total par récursivité.

Rafale.SCALP EG AdlA 1068x710 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La flotte de chasse de l’Armée de l’Air accuse aujourd’hui un déficit opérationnel de prés de 50%, obligeant à épuiser les potentiels des appareils comme des personnels

Cette valeur de calcul est inférieure à la valeur constatée par les études terrain menées en France sur les différents bassins d’emploi ou évolue l’industrie de Défense, notamment à Toulon, Lorient-Brest, et Bourges, présentant un nombre d’emplois indirects créés par million d’euro allant de 7 à 14, avec une moyenne à 9. La différence est certainement liée à la définition utilisée pour caractériser un emploi indirect. En effet, plusieurs études prennent comme référence un emploi consacrant plus de 50% de son activité à la Défense. Dans une approche macro-économique, l’approche sur l’emploi se doit d’être intégrale, pour évaluer le nombre d’emplois potentiellement créés par l’injection de 1 million d’euro supplémentaire par an dans l’industrie de Défense, raison pour laquelle nous privilégions la valeur de calcul de 6 emplois indirects créés, et non la valeur de 9 emplois indirects constatés sur le terrain, par million d’euro investis.

En outre, ces 16 emplois créés vont consommer une part importante de leurs salaires dans le bassin d’emploi, créant des emplois de consommation, ou emplois induits. Sur la base d’un cout salarial annuel de 50.000 €, les salariés vont donc injecter 15.000 € en moyenne par an dans la consommation, générant 4 emplois directs, et 2 emplois indirects, soit 6 emplois induits. Là encore, les valeurs remontées par les études terrain sont supérieures, atteignant 8 emplois créés pour les 19 emplois directs et indirects générés.

De fait, 1 million d’euro investi dans l’industrie de Défense chaque année va générer 10+6+6 = 22 emplois de calcul, ou 27 emplois constatés dans le pays. Pour rappel, selon la court des comptes, le CICE, qui coute 20 Md€ par an, n’aura permis de sauvegarder que 4 emplois par million d’euro annuel investi par l’Etat. L’efficacité spécifique de l’industrie de Défense dans le domaine de l’emploi est liée à plusieurs facteurs :

  • La faible exposition aux importations dans le réseau de sous-traitance, même si des progrès sont à faire dans ce domaine
  • La dimension industrielle de l’investissement, agissant avec un coefficient multiplicateur récursif économique plus important que les investissements dans la consommation ou le pouvoir d’achat par exemple. Ainsi, 1 million d’euro investi dans le pouvoir d’achat ne sécurise l’emploi que de 8 personne en France, du fait de l’importance des produits importés dans la consommation des ménages, de la captation des produits financiers, et de l’épargne.
  • La dimension technologique de l’investissement, agissant sur les grappes technologiques au niveau des entreprises, de l’économie locale et nationale.
  • L’Etat est légitime pour investir dans l’industrie de Défense, et peut faire valoir des clauses de sécurité nationale pour privilégier des entreprises nationales dans ses programmes d’équipements, alors qu’il ne peut le faire pour d’autres types d’investissement eu égard aux règles européennes.

1 m€ dans l’industrie de Défense génèrent 22 emplois en France

De fait, avec 22 emplois créés et consolidés par m€ investi par an, l’industrie de Défense est l’investissement le plus performant de l’Etat en matière d’emploi aujourd’hui.

Char Leclerc francais en manoeuvre Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Avec seulement 200 chars Leclerc modernisés, l’Armée de terre française disposera de moins de chars de combat qu’une seule division blindée russe

2- Le retour social et fiscal des emplois créés

Chaque emploi créé par l’investissement dans l’industrie de Défense va générer des recettes sociales et fiscales. En moyenne, les prélèvements sociaux et fiscaux représentent 46% de la masse salariale de l’entreprise. En prenant comme base de calcul les 50.000 € par an par salarié de masse salariale, les prélèvements sociaux représentent 23.000 € par an. En outre, un salarié percevant un salaire annuel net de 27.000 € va payer 6000 € de taxes et impôts, que ce soit la TVA, la taxe audiovisuelle et l’impôt sur le revenu. Or, l’Etat aujourd’hui compense les déficits sociaux pour prés de 10 Md€ par an, les organismes sociaux n’ayant pas statutairement le droit de faire de la dette. De fait, les recettes sociales générées impactent directement les déficits sociaux, mais également le déficit public.

1 emploi génère 23.000 € / an de recettes sociales

1 emploi génère 29.000 € / an de recettes fiscales et budgétaires

En outre, ces emplois créés sortent naturellement du circuit des demandeurs d’emploi, indemnisés ou non. En France, un demandeur d’emploi indemnisé perçoit en moyenne 15.000 € par an d’indemnisations (1250 € par mois). Les demandeurs d’emploi coutent, eux, en moyenne, 3.000 € par an en mesures d’accompagnement et de formation, et 5.000 € par an d’indemnités sociales, comme le RSA. Nous prendrons dans cette étude le postulat de 50% des emplois créés alimentés par des chômeurs indemnisés, et 50% par des chercheurs d’emplois non indemnisés. De fait, en moyenne, chaque emploi va générer une économie de :

Economies sociales et budgétaires par emploi = ((15.000+3.000)+(5000+3000))/2 = 13.000 € / an

De fait, chaque emploi va générer, à terme, les recettes suivantes :

1 emploi génère 36.000 € de recettes et économies sociales

1 emploi génère 42.000 € de recettes et économies budgétaires.

3- Le retour social et fiscal direct de l’investissement dans l’industrie de Défense

Il ne reste plus dans notre démonstration qu’à évaluer les retours budgétaires et sociaux que généreront les 22 emplois directs, indirects et induits créés. Ainsi, 1 million d’euro investi dans l’industrie de défense par an génèrent et sécurisent 22 emplois, 792.000 € de recettes et économies sociales, et 924.000 € de recettes et économies budgétaires.

Efficacité de l’investissement de l’industrie de Défense
22 emplois / m€ / an
79,2% de retour social
92,4% de retour budgétaire

Il s’agit là de valeurs planchées, inférieures aux valeurs constatées lors des études terrains. Toutefois, elles permettent de porter un regard très différent sur les effets d’éviction que l’on attribue volontiers à l’investissement dans l’industrie de Défense.

Le 4eme RHFS gazelle tigre cougar caracal Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
L’Aviation légère de l’Armée de Terre est contrainte de conserver ses gazelles en service jusqu’en 2030, alors que ces appareils sont aujourd’hui très vulnérables aux systèmes anti-aériens modernes

4- Intégration des exportations

En moyenne, les exportations représentent 40% du Chiffre d’Affaires de la BITD française. Une partie de ce chiffre d’affaires est toutefois réalisé à l’étranger, et nous prendrons, dans cette analyse, une valeur planchée de 25% réalisée en France. L’augmentation des investissements de Défense « domestiques » augmentent mécaniquement l’attractivité de la BITD française sur les marchés internationaux. En outre, une fois admis que le retour budgétaire d’un investissement dans l’industrie de Défense était supérieur à 90% lorsque réalisé en France, il est possible d’imaginer des mécanismes d’abondements de l’Etat vis-à-vis des commandes de clients étrangers à la BITD française lorsque celles-ci sont réalisées en France.

Quoiqu’il en soit, sur la base de 25% du CA de la BITD constitués de commandes destinées à l’exportation et réalisées en France, l’efficacité de l’investissement dans l’économie de Défense peut être corrigé d’un facteur de 75%/25% soit 33%. Dès lors, les valeurs de calcul deviennent comme ci-dessous

Efficacité de l’investissement de l’industrie de Défense
29 emplois / m€ / an
105,6% de retour social
123,2% de retour budgétaire

Conclusion

On le comprend, l’efficacité de l’investissement dans l’industrie de Défense en France est exceptionnel, surtout dans les conditions actuelles de chômage et de déficits publics et sociaux. Non seulement n’entrainent-t-ils aucun effet d’éviction, puisqu’ils sont budgétairement supérieurs à 100%, mais ils agissent simultanément sur les déficits publics et sociaux. Ainsi, en augmentant les crédits d’équipements des armées françaises de 15 Md€, l’état créerait plus de 430.000 emplois, dont 125.000 dans la BITD, générerait un boni budgétaire de 3,5 Md€, et solutionnerait intégralement le problème des déficits sociaux, sans qu’il soit nécessaire de baisser les pensions de retraite, les indemnités chômage, ou d’augmenter la fiscalité. Il serait même possible de réduire les prélèvements sociaux de 5 Md€ en France, de sorte à dynamiser la croissance.

Il faut toutefois prendre quelques réserves vis-à-vis de cette démonstration. Ainsi, les retours budgétaires et sociaux, comme les emplois créés, ne sont pas instantanés, et s’étalent sur 5 à 7 ans. Il faut donc, pour accompagner cette progression sans peser sur les deniers publics, prévoir une mesure de financement innovante pour porter en partie l’investissement de la phase initiale. La Défense à Valorisation Positive propose l’utilisation de Sociétés de Programme, sociétés d’économie mixte portant le financement du programme entre le versement de l’acompte et la livraison de l’équipement aux armées.
En outre, l’efficacité à l’exportation se doit d’être garantie en volume par une mesure d’accompagnement, présentée sous la forme d’un abondement de l’Etat aux commandes de ses partenaires, calculée sur la base du retour budgétaire enregistré. Cette approche permettrait de faire de la faiblesse française, à savoir sa pression fiscale, un atout puissant sur la scène internationale, sans que cela n’engage des crédits budgétaires de l’Etat, puisqu’auto-généré par le retour budgétaire.

Un E2 C Hawkeye pret a etre catapulter sur le pont du Porte avions nucleaire francais Charles de Gaulle Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Avec un unique porte-avions, la Marine nationale ne peut assurer de permanence du groupe Aéronavale, pourtant parti intégrante de la dissuasion

En outre, la démonstration faite ici est faite « à minima », et il serait possible d’en améliorer sensiblement les résultats. Ainsi, en privilégiant l’embauche de chômeurs indemnisés, on augmente directement l’efficacité sociale et fiscale de l’investissement. D’autre part, en privilégiant la sous-traitance nationale, et par des mesures de redéploiement industriel adossées à un plan d’aménagement du territoire, on augmenterait le nombre d’emplois indirects et induits créés, ainsi que l’efficacité financière des investissements. Enfin, en intégrant la planification industrielle de Défense dans un cycle long, de 20 ou 25 ans, on augmenterait très sensiblement l’efficacité industrielle de la BITD, sur le plan national comme international, avec à la clé une productivité renforcée, et une attractivité à l’exportation étendue. Ces mesures sont intégrées dans le programme Socle Défense. A noter que l’efficacité de l’investissement diminue au delà de 15 Md€, du fait du marché export adressable, de la disparition des déficits sociaux, et de la baisse du chômage. Le modèle n’est donc pas universel, mais contextuel, et limité en volume.

Enfin, cette approche s’applique à la France, ainsi qu’à de nombreux pays européens. Mais la France est le seul pays en Europe à disposer d’une BITD globale capable de produire l’ensemble des équipements nécessaires pour ses forces armées, à quelques exceptions prés. Cette constatation a mené beaucoup de pays à vouloir developper leur propre BITD, espérant ainsi maximiser l’impact budgétaire et social de l’investissement industriel de Défense. En procédant ainsi, le marché des exportations accessibles se réduit, alors que le nombre d’acteurs présent sur ce segment augmente, engendrant un déséquilibre fort entre une offre pléthorique et une demande réduite. Dès lors, seules les BITD pouvant subsister sur la seule consommation domestique pourront dépasser la crise qui se profile dans les années à venir sur le marché mondial de l’Armement, crise amplifiée par l’arrivée de gros acteurs comme la Chine. Avec une exposition aux exportations de 40% aujourd’hui, la BITD française est évidemment menacée, et l’approche Défense à Valorisation Positive permettrait de ramener cette exposition à 25%, tout en accompagnant les pays partenaires par un abondement budgétaire de l’Etat français pour ne pas multiplier les acteurs industriels.

Alors que les Armées françaises sont exposées à des déficits d’équipements modernes importants et à un problème de format, il serait possible de concevoir un Plan d’Investissement National Défense qui apporterait des réponses aux problématiques opérationnelles, ainsi qu’aux déficits sociaux et budgétaires, en créant un nombre conséquent d’emplois. Organisé dans un programme comme le Socle Défense, ce Plan pourrait servir de base à une relance industrielle organisée autour de la BITD, au profit de la sécurité du pays, de ses soldats, et de ses alliés, sans nécessiter de mesures budgétaires comme l’augmentation temporaire des déficits, l’augmentation des prélèvements, ou la baisse des pensions, retraites et indemnités. Ainsi, si la France venait à effectivement résoudre ses problèmes de déficits sociaux en réduisant son chômage à 6,5% tout en baissant les prélèvements sociaux, et ce en respectant la règle des 3% de déficits publics, en appliquant une augmentation de 15 Md€ des crédits d’équipements des armées, le pays bénéficierait d’une attractivité industrielle très importante, entrainant probablement des investissements supplémentaires venus de l’étranger, ainsi que des investissements domestiques liés à une confiance accrue des chefs d’entreprise et des investisseurs, et des conditions de crédits plus souples liées aux conditions économiques favorables. L’ensemble de ces facteurs contribuerait à créer, en quelques années, une forte croissance induite, consécutive de l’investissement dans la BITD, mais ne portant pas sur le secteur Défense, générant des emplois et des recettes supplémentaires.

Il est temps, en France, de changer de regard sur l’investissement dans l’industrie de Défense, et de faire de la BITD un atout économique et social pour le pays, tout en répondant aux besoins des armées françaises et européennes. Il ne manque, aujourd’hui, que la volonté politique de le faire …

C’est la Rentrée sur Méta-Défense

Depuis la mise en service de Meta-Défense, début Mai 2019, vous êtes très nombreux à avoir lu nos articles de façon régulière. Ainsi, Chaque mois, vous êtes plus de 20.000 à vous connecter au service, et à lire plus de 100.000 articles, notamment via l’application Méta-Défense déjà installée plus de 1200 fois. Le service propose aujourd’hui plus de 1000 articles couvrant la période Mai 2018-Aout 2019, dont 400 ont été publiés depuis le 8 Mai, à une moyenne de 4 articles chaque jours. Vous avez également été nombreux à profiter de l’offre promotionnel cet été qui permettait de souscrire un abonnement personnel à 4,8 € par mois.

En cette rentrée, nous portons notre attention sur les étudiants, et les professionnels, avec des offres exclusives limitées dans le temps :

  • Les étudiants pourront souscrire avec le code RENTREE2019 un abonnement étudiant à seulement 19,5 € par an, au lieu de 30 €. L’abonnement « Etudiant » est valable pour les étudiants en cycle secondaire et tertiaires, ainsi que pour les stagiaires des écoles militaires (jusqu’au 30 septembre 2019)
  • Les professionnels, avec le code PRORENTREE, pourront souscrire leur abonnement au tarif de 180 € TTC par an, ou 18 € par mois (jusqu’au 30 septembre 2019)
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l’application Meta-Défense a été téléchargée plus de 1200 fois.

Les plus attentifs, qui ne sont ni étudiants ni professionnels, et qui auront lu cette publication jusqu’au bout, ne sont pas oubliés. Avec le code METADEF, qui offre une remise de 25% sur tous les abonnements Meta-Défense, ils pourront souscrire un abonnement personnel à 48,8 € par an.

Cette rentrée verra également la publication d’une nouvelle application Mobile, plus ergonomique et plus rapide, et de nouvelles fonctionnalités étendues, pour la recherche et le classement des informations, pour les abonnés pro.

Bonne rentrée avec Meta-Défense !

L’étude préalable du programme d’avions de transport lourd russe PAK VTA sera terminée en 2020

Les programmes PAK, pour Перспективный авиационный комплекс traduit comme Prospective Airbord Complex, sont au coeur de la modernisation des forces aériennes et aéronavales russes. Nous connaissons déjà le PAK FA, qui donna les prototypes T-50 et donneront naissance au Su-57, le PAK DA, bombardier stratégique en forme d’aile volante confié aux bureaux d’étude Tupolev qui doit entrer en service à la fin de la prochaine décennie, et le PAK DP, intercepteur lourd supersonique appelé à remplacer le Mig-31 à partir de 2030. Voici désormais le programme PAK VTA, pour Военно-транспортной авиации, aviation de Transport militaire, confié aux bureaux d’étude Ilyushin, destiné à concevoir l’avion de transport aérien lourd qui équipera les forces aériennes russes, en remplacement de l’An-124, qui reste aujourd’hui encore le plus imposant avion de transport militaire existant.

Dans un communiqué, le groupe Ilyushin annonce avoir terminé les travaux d’étude préalable et d’architecture globale, et les avoir soumis aux autorités russes, pour une validation devant intervenir avant la fin de l’année 2019. Ainsi, le groupe espère entamer les travaux de conception appliquée et de construction au cours de l’année 2020, devant permettre de préparer la production en série avant la fin de la GPV 2019-2027 en cours, l’équivalent de la loi de programmation militaire en Russie.

Le PAK VTA, dérivé des travaux menés par Ilyushin sur l’avion Il-106 entamé dans les années 90 puis abandonné faute de crédits, devra être en mesure d’emporter 200 tonnes de chargement à plus de 5000 km sans escale, à une vitesse de plus de 900 km/h. En outre, sa soute devra permettre le transport de 4 chars de combat T-14 ou 8 VCI Kurganet 25, ou de 2 compagnies de soldats en arme avec leurs équipements, soit 440 hommes. Les forces aériennes russes souhaitent acquérir, à terme, 80 PAK VTA, de sorte à pouvoir projeter à chaque instant 400 chars de combat T-14 en 2 rotations. L’appareil devra en outre être capable de transporter tous les systemes roulants en service dans les forces russes, y compris les systemes S400 et S500, avec un nombre minimum de rotations.

An124 su35 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
L’An-124-100, de conception russo-ukrainienne, est le principal appareil de transport lourd utilisé par les forces russes.

Fidèle à ses traditions de conception, le cahier des charges prévoit la possibilité de mettre en oeuvre le PAK VTA à partir de terrains sommaires, et de disposer d’une grande autonomie pour les procédures et moyens de chargement et de déchargement du fret. Sa maintenance devra également être simplifiée, l’appareil devant répondre à certains critères de rusticité.

L’importance donnée à ce programme est révélatrice des changements de doctrines ayant eu lieu à Moscou ces dernières années, ayant entrainé l’augmentation très sensible des programmes destinés à la projection de forces, comme les Navires d’Assaut Ivan Grene et dérivés, les LHD Priboy à l’étude, et les An-124-100 en service. Ainsi, avec 80 PAK VTA, les forces aériennes russes disposeraient d’une capacité de projection, en tonnes par kilomètre, sensiblement équivalente à celle de la flotte de 205 C17 de l’US Air Force, qui peuvent transporter 100 tonnes de fret sur 4500 kilomètres. En outre, avec une flotte de 80 appareils dont 50 disponibles, la Russie aurait la possibilité de projeter à 5000 km une division blindée dans son intégralité, en seulement 4 rotations, soit 4 à 5 jours, et un corps mécanisé en moins de 2 semaines.

La Turquie prête à acheter des Systèmes Patriot en complément de ses S400

Selon le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, Ankara serait prêt à acquérir des systèmes de défense anti-aérien Patriot si Washington donnait son accord sur cette transaction. Dans le cas contraire, la Turquie achètera d’autres systèmes S400, pour compléter les batteries déjà acquises, et en cours de livraison.

On comprend, dans cette déclaration, qu’il s’agit d’une menace des autorités turques vis-à-vis de Washington, et de l’OTAN, si l’embargo sur les F35 était maintenu. En effet, Mevlut Cavusoglu ne fait nullement référence à un quelconque retrait des S400 déjà acquis, comme l’exige M. Esper, le secrétaire à La Défense américain, pour reprendre la livraison des F35. En revanche, il ouvre la possibilité d’acquérir des systèmes Patriot, de sorte à disposer d’un système de Défense anti-aérien compatible avec les normes OTAN.

En procédant ainsi, les autorités turques s’adressent avant tout à leur opinion publique, puisque les réserves américaines ne portent pas sur l’acquisition de systèmes Patriot, mais sur la cohabitation des avions F35 et de systèmes S400, susceptible d’alimenter la Russie en données stratégiques concernant l’appareil furtif de l’OTAN. Ainsi, si plutôt que le S400, Ankara avait choisi le SAMP/T Mamba franco-italien, Washington n’aurait pas mis en oeuvre l’embargo actuel, bien que l’industrie US aurait certainement user de tous les arguments pour ramener les turcs à de plus « justes » considérations.

De fait, cette annonce, qui peut de prime abord, apparaitre comme une ouverture vis-à-vis des Etats-Unis, n’est autre qu’une altération du message politique destinée à l’opinion publique turque, de sorte à anticiper les conséquences probables du maintien de la décision concernant le refus de livrer les avions F35, et de la préparer aux conséquence probables consécutives de l’acquisition d’appareils russes, ce qui entrainera d’importantes tensions avec l’OTAN.

Les ingénieurs chinois développeraient un nouveau matériau absorbant les ondes radars jusqu’à 30 dB.

Les annonces de percées scientifiques majeures venant de Chine sont assez fréquentes, et toutes aussi fréquentes sont les déclarations de ce ce type non étayées par aucun fait vérifiable. Ainsi, ces dernières années, les ingénieurs chinois ont revendiqué des avancées majeures dans les domaines des EM-Drive, des ordinateurs quantiques, des radars quantiques, des armes à énergie dirigées, des radars, et des méta-matériaux, mais bien peu de faits ou de démonstrations viennent étayées ces affirmations.

Cette précaution indispensable étant posée, le professeur Luo Xiangang et son équipe de l’institut d’optique et d’électronique de l’académie des sciences de Chengdu, affirment avoir développé un modèle mathématique pour modéliser la micro-structure d’un matériau capable d’absorber de 10 à 30 Décibels des énergies radars auxquelles il est exposé, et ce sur une bande de fréquence allant de 300 Mhz à 40 Ghz, soit les bandes de fréquences les plus employées pour la détection des aéronefs et des navires, y compris la bande UHF. Ce matériau permettrait dont de réduire la puissance du signal radar réfléchi d’un facteur allant de 10 (10 dB) à 1000 (30 dB).

Cette technologie, appelée « metasurface », permettrait d’obtenir des performances de furtivité radar avancées, sans avoir recours aux profils destinés à réfléchir les ondes radars selon des angles particuliers et spécifiques aux aéronefs de 5eme génération, engendrant souvent des problèmes de performances aéronautiques. En outre, elle permettrait d’étendre l’efficacité de la furtivité au delà du seul secteur frontal, comme aujourd’hui, et pourrait être employé, au delà des aéronefs, sur les navires de combat, les blindés et les missiles.

F35coatingPaint Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Gros plan sur la « peinture anti radiation » du F35, elle aussi reposant sur un méta-matériau. Un cellule mesure moins d’un micron.

Reste que de nombreuses informations concernant cette « percée » sont aujourd’hui inconnues, comme les contraintes d’ingénierie, la résistance thermique et abrasive, ou plus prosaïquement, le prix de ces matériaux. Or, tous ces paramètres sont déterminants pour en évaluer l’applicabilité dans le domaine industriel et opérationnel. Rappelons à ce titre que la peinture anti-radar qui recouvre les F35 est également performante, sans toutefois annoncer de capacités d’absorption aussi importantes, mais son application est très délicate, donc chère, alors que sa durée de vie est relativement faible. En outre, de nombreux laboratoires, y compris en Europe, travaillent activement sur ces meta-materiaux, qui offrent d’immenses possibilités pour étendre l’efficacité des systèmes existants et à venir.

Cette annonce ouvre une nouvelle fenêtre sur le chat de Schrödinger, car on se doit de considérer l’annonce comme probable et d’en considérer les implications opérationnelles, tout en tenant compte de la possibilité d’une opération de désinformation, voir, plus simplement, d’un excès d’enthousiasme de l’équipe scientifique. Cette incertitude crée est probablement un des objectifs recherchés par Pékin, en autorisant voir en étant à l’origine de l’annonce publique.

La flotte japonaise de haute mer en 2030

Au début des années 90, alors que le Monde célébrait la fin de la bipolarisation Est-Ouest avec l’effondrement de l’Union Soviétique, le Japon entreprit de développer une flotte de haute mer de premier plan, capable de défendre l’ensemble de l’archipel contre un adversaire technologiquement avancé. Le Japon a-t-il anticipé la transformation fulgurante chinoise, et la menace que cela représenterait pour sa sécurité seulement 20 ans après ?

Quoi qu’il en soit, la flotte de haute mer des forces d’autodéfense japonaises occupe désormais la troisième place des marines mondiales, partageant, derrière l’US Navy et l’APL, son podium avec la flotte russe, mais dépassant très largement les flottes européennes.

Elle dispose aujourd’hui de 18 sous-marins d’attaque, 4 destroyers porte-hélicoptères, 8 destroyers lourds, 20 destroyers et 16 frégates et frégates légères, épaulés par 5 navires auxiliaires, mais ambitionne d’augmenter ce format au cours de la décennie à venir, de sorte à maintenir ses capacités dissuasives face au couple sino-russe. En 2030, la flotte nippone sera composée, selon les programmes en cours, comme suit :

4 Porte-aéronefs classe Izumo et classe Hyuga pour la flotte japonaise en 2030

Les deux destroyers porte-aéronefs de la classe Izumo, entrés en service en 2015 et 2017, jaugent 27.000 tonnes pour 248 mètres de long. Les deux navires vont être modifiés pour mettre en œuvre les 42 F35B à décollage et atterrissage court/vertical commandés en 2019 auprès des Etats-Unis, devenant dès lors des porte-aéronefs à part entière.

Il n’est pas exclu, selon le nombre de porte-avions chinois qui entreront en service lors de la prochaine décennie, que Tokyo décide d’en construire une troisième unité, de sorte à garantir une capacité de réponse permanente. Le Japon n’avait plus disposé de porte-avions depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

LHD japonais de la classe Izumo qui emportera des F35B dans le futur Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le porte-aéronef japonais Izumo est représentatif du renouveau de la puissance maritime nippone

La flotte japonaise dispose également de 2 porte-hélicoptères de 19.000 tonnes de la classe Hyuga entrés en service en 2009 et 2011, et capables de mettre en œuvre jusqu’à 18 hélicoptères de tous types, y compris les hélicoptères lourds CH-47 et V-22 Osprey.

Ces navires, qui emportent un système offensif et défensif complet, avec notamment un système Mk41 de lancement vertical de missile mettant en oeuvre des missiles anti-aériens à moyenne portée RIM-162 ESSM et des missiles anti-sous-marins ASROC, sont spécialisés dans la lutte anti-sous-marine et contre les unités de surface.

3 Navires d’assaut classe Osumi

En accord avec la constitution japonaise, la Marine nippone ne dispose que d’une faible capacité de projection de force, qui se limite aux 3 Navires d’assaut amphibie porte-hélicoptères de la classe Osumi. Ces bâtiments de 14.000 tonnes peuvent mettre à terre un contingent de 330 à 1000 hommes avec leurs équipements et leurs véhicules, à l’aide de 2 aéroglisseurs d’assaut.

Chaque navire peut ainsi emporter jusqu’à 10 chars de combat. Il peut également accueillir jusqu’à 8 hélicoptères de tous types, le pont d’envol ayant été renforcé pour supporter les hélicoptères lourds V22 Osprey et CH47 Chinook en service dans les forces d’autodéfense nippones.

flotte japonaise 3 LPD classe Ozumi
Les 3 LPD de la classe Ozumi peuvent apparaitre sous-dimensionnés vis-à-vis de la puissance navale japonaise

À noter qu’à la suite du changement constitutionnel voté par le pays sous la présidence du premier ministre Shinzo Abe, et qui donne plus de liberté aux forces militaires du pays pour intervenir sur des théâtres extérieurs, dès lors qu’il s’agit de protéger les intérêts de la nation, Tokyo a annoncé vouloir étendre sa flotte d’assaut.

Pour y parvenir, la marine nippone s’est notamment portée acquéreur de LHD de la classe Wasp en service dans l’US Navy, et prochainement remplacés par les LHD de la classe America. Il est possible, dès lors, qu’en 2030, les forces nippones disposent d’une flotte de navire d’assaut de plus de 3 navires.

22 sous-marins d’attaque classe Soryu et classe Taigei

Conscient de la puissance de la marine chinoise en matière de bâtiments de surface et de forces aériennes, Tokyo a fait le choix de renforcer sa composante sous-marine, pourtant déjà conséquente, pour atteindre les 22 sous-marins d’attaque en service d’ici à 2030.

Cette flotte sera composée de 18 sous-marins de la classe Soryu (11 aujourd’hui) dont 8 d’une classe allongée parfois identifiée comme « Taigei« , et de 4 sous-marins de la classe Oyashio qui précédait la classe Soryu, et qui seront remplacés par de nouveaux Super Soryu au cours de la décennie suivante.

SSK hakuryu de la classe Soryu japonais Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La classe de sous-marins AIP Soryu sera forte de plus de 15 unités, et s’enrichira d’une version allongée aux performances accrues

Les SSK Soryu jaugent 4200 tonnes en plongée pour 98 m de long, et sont propulsés par un système Air Independant Propulsion de type Stirling acquis auprés de la Suède, offrant une autonomie de plusieurs jours en plongée.

À partir de la 11ème unité qui entrera en service en 2020, ils sont également équipés de batteries Ion-Lithium de nouvelle génération, offrant une capacité de plongée pouvant dépasser les 3 semaines.

8 Destroyers lourds classe Kongo, classe Maya et classe Atago,

La Marine japonaise achèvera en 2021 la modernisation de sa flotte de destroyers lourds entamée dans les années 90 avec l’entrée en service des 4 destroyers lourds Aegis de la classe Kongo de 9500 tonnes.

Depuis, ils ont été rejoint par 2 destroyers de la classe Atago de 10.000 tonnes en 2007 et 2008, puis par les 2 dernières unités de la flotte, les destroyers lourds de la classe Maya de 10500 tonnes, qui remplaceront les 2 destroyers de 6000 tonnes de la classe Hatakaze, en 2020 et 2021.

Maya destroyer lancement Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Les destroyers de la classe Maya sont les derniers représentant de la super classe de destroyers lourds AEGIS nippon de type Kongo

Ces Destroyers lourds, apparentés aux Arleigh Burke américains, emportent le système de défense anti-aérien et anti-missiles AEGIS, avec le fameux radar SPY-1 et 90 à 96 silos de lancement verticaux Mk41 pour missiles antiaérien SM2, SM3 et SM6 anti-missiles et Type 07 anti-sous-marins.

Ils sont également équipés de 8 missiles anti-navires Type 17, d’un canon de 127 mm, de 2 CIWS Phalanx, et de 2 tubes lance-torpilles triples pour torpilles anti-sous-marines. Ces navires sont parmi les seuls du théâtre pacifique à pouvoir rivaliser avec les croiseurs Type 055 chinois.

22 à 24 destroyers classes Murasame, Takanami, Asahi, Akizuki et Takanami

La flotte de destroyers nippons va connaitre une profonde transformation dans la décennie à venir avec l’entrée en service des premières unités du programme 33DD, destinées à remplacer les destroyers de la classe Murasame, puis ceux de la classe Takanami.

En 2030, la flotte nippone devrait disposer de 6 nouveaux destroyers 33DD de 6000 tonnes, 2 Asahi et 4 Akizuki de 6800 tonnes, 5 Takanami de 6300 tonnes, et 5 à 7 Murasame de 6100 tonnes.

Chaque destroyer est équipé d’un système de défense anti-aérienne ESSM et d’un système anti-sous-marin ASROC embarqué dans 32 silos Mk41, d’un canon de 76mm et de tubes lance-torpilles, et embarquent un hélicoptère SH-60. Ils assurent l’escorte polyvalente des unités clés de la Marine, ainsi que des infrastructures.

Murasame class DD 010 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Les Destroyers du programme 33DD remplaceront les destroyers de la classe Murasame

18 Frégates anti-sous-marines classe Mogami

Enfin, la Marine japonaise verra à partir de 2024 l’entrée en service des frégates du programme 30DX, destinées à remplacer les destroyers légers Asagiri et Hatsuyuki, et les destroyers d’escorte Abukama.

Jaugeant 5500 tonnes pour 130 m de long, les frégates 30DX sont conçues pour opérer avec une grande furtivité et un très haut degré d’automatisation permettant de réduire l’équipage à seulement 90 membres.

Elles seront équipées d’un canon de 127mm, d’un système à lancement vertical à 16 cellules emportant les missiles Chu-SAM de facture locale dérivé du Type 03 d’une portée de 50 km, des traditionnels 2X4 missiles anti-navires et double tubes triples pour torpilles, ainsi que d’un SeaRam d’autodéfense.

A partir de 2024, l’industrie japonaise produira 2 frégates 30DX et un destroyer 33DD par an, qui remplaceront progressivement les navires les plus anciens, pour atteindre le format voulu. La Marine japonaise prévoit de construire 22 frégates 30DX, pour remplacer les 16 frégates et corvettes en service aujourd’hui.

Japans MHI Showcasing 30DX Multi Mission Frigate Design 1 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Maquette de la frégate 30DX sont la marine nippone prévoir d’acquérir 22 unités

265 aéronefs de combat F-35B, P1, P3, SH-60 et AW101

L’aéronavale nippone va également être sensiblement modernisée et étendue au cours de la décennie à avenir, avec, entre autre, l’acquisition des 42 chasseurs de 5eme génération F-35B qui équiperont les porte-aéronefs de la classe Izumo.

En 2030, selon les projections disponibles, la marine nippones disposera donc de 30 à 35 F35B, de 92 avions de patrouille maritime Kawasaki P1 (60) et Lockheed P3 Orion (32), ces derniers étant à terme intégralement remplacés par les derniers des 92 P1 commandés, et de 140 hélicoptères SH-60 (128) et AW101 Merlin (12)

P1 Kawazaki Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
A terme la Marine japonaise dispsera de 92 Kawazaki P1 de patrouille Maritime

Conclusion

Après la Corée du sud et la Chine, cet article est le 3ᵉ consacré aux forces navales de la zone Pacifique en 2030. Comme Pékin et Séoul, Tokyo est clairement engagé dans un effort de modernisation et de renforcement très important de sa flotte de haute mer, effort qui ne semble pas destiné à s’amenuiser.

Il est intéressant de constater que le Japon, dont le budget des armées atteindra 50 Md$ en 2020, ne dépasse pas les 1% de son PIB dans son effort de Défense. Les contraintes limitatives du pays sont, en effet, bien davantage liées à des facteurs comme la démographie et sa constitution restrictive, qu’à des contraintes financières.

Il n’empêche qu’en 2030, le Japon aura une force navale 4 fois supérieure à la Marine Nationale, et sera même numériquement supérieure aux 5 grandes marines de l’Union Européenne réunies, à savoir la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne et les Pays-Bas, pourtant 2,5 fois plus riche et 3 fois plus peuplées, et alors que la Zone Économique Exclusive nippone ne représente qu’un quart de celle des 5 pays européens réunis.

De quoi relativiser sur la puissance navale européenne …

Le Pakistan ne veut pas de moteurs chinois pour ses JF-17 Thunder

Le chasseur léger JF-17 Thunder, issu d’une cooperation industrielle et technologique sino-pakistanaise, est destiné à devenir la colonne vertébrale des forces aériennes pakistanaises, qui disposent déjà de plus de 100 exemplaires en service. L’appareil a montré des performances élevées, que ce soit au cours d’exercices internationaux, comme lors d’engagements comme celui l’ayant opposé aux Su30-MKI, Mirage 2000-5 et Mig21 Bison de l’Armée de l’Air Indienne le 27 février 2019.

Alors que le standard Block III, équipé d’un nouveau radar AESA, d’une avionique modernisée, et d’un casque de visée, doit entrer en service dans les forces pakistanaises, la Chine a proposé de les équiper d’un nouveau moteur WS-10, qui doit également équiper les J-10 de l’APL, pour remplacer les Klimov RD93 utilisés jusqu’ici. La Chine a en effet déployé d’importants efforts pour developper ses propres moteurs à haute performance, dernier point de dépendance de son industrie aéronautique. Il semble toutefois que les ingénieurs chinois aient encore des progrès à faire en la matière, puisque les autorités pakistanaises ont refusé l’offre de leur partenaire, jugeant le nouveau moteur chinois « peu fiable », et « moins performant » que le Klimov RD93.

WS10A sur J10B Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Gros plan sur la tuyère orientable du moteur WS10A lors des tests sur un J10B. Malgré la poussée 40% supérieure et de la possible poussée vectorielle du WS10A, l’aviation pakistanaise lui a préféré la robustesse et la fiabilité du RD93 russe.

Cette décision d’Islamabad en dit long sur les problèmes que rencontrent les turbopropulseurs chinois. En effet, Moscou avait annoncé ce printemps limiter les exportations d’équipements de Défense vers le Pakistan aux strictes équipements de contre-terrorisme, afin de donner l’exclusivité à New Dehli concernant les équipements russes. Sachant que les autorités pakistanaises avaient annoncé peu avant cette déclaration leur intention de commander 350 chars de combat T90M russes, on ne peut leur prêter une quelconque forme de préférence russe.

Le RD93 est un turbopropulseur équipé d’une tuyère de post-combustion développant une poussée de 5 tonnes sec et de 9 tonnes avec post-combustion, dérivé du moteur RD-33 qui équipe, notamment, les appareils de la famille Mig29. Il est réputé pour sa fiabilité, sa durée de vie, et sa résistance, même lorsqu’il est mal traité par les pilotes. Il permet au JF-17 d’atteindre la vitesse de Mach 1.6 en lui conférant un rapport poussé-poids de 0,95 en configuration de combat air-air. Le JF17 Block III était présenté comme pouvant atteindre Mach 2, mais il devait également être équipé du nouveau moteur WS10 chinois, donné pour pousser à 13 tonnes avec post-combustion.

Bruxelles et l’intelligence artificielle : vers un cadre juridique européen ?

Alors que l’actualité regorge de cas d’usages des données issues de la reconnaissance faciale par intelligence artificielle – notamment en Asie – l’Union européenne envisage l’adoption d’une législation spécifique visant à l’encadrement des usages de ces technologies pour renforcer davantage la protection des données à caractère personnel des citoyens européens.

Une prise de conscience

Dans la résolution adoptée le 12 février 2019 sur « une politique industrielle européenne globale sur l’intelligence artificielle et la robotique » (2018/2088(INI)), le Parlement européen définit l’IA comme une technologie stratégique du XXIe siècle en soulignant la nécessité impérieuse de combler le fossé séparant l’Europe de l’Amérique du Nord et de l’Asie-Pacifique et souhaite faire la promotion d’une approche coordonnée au niveau européen « pour pouvoir concurrencer les investissements massifs réalisés par les pays tiers, notamment les États-Unis et la Chine ».

Soulignant le retard accumulé par l’Europe au niveau des investissements privés en matière de technologies liées à l’IA (2,4 à 3,2 milliards € en 2016, contre 6,5 à 9,7 milliards € en Asie-Pacifique et 12,1 à 18,6 milliards € en Amérique du Nord), le Parlement européen pense relever ce défi en encourageant une approche globale fondée sur un environnement réglementaire stratégique pour l’IA tout en développant une forte protection des utilisateurs.

Tout au long de cette résolution, le Parlement européen relève que « les schémas et doctrines existantes peuvent être facilement appliqués » formant d’ores et déjà un ensemble règlementaire susceptible d’encadrer le fonctionnement des technologies liées à l’IA, la gouvernance et la sécurité des bases de données et de la couche applicative  – véritable épine dorsale de cette technologie – et les données personnelles qui sont régies par des dispositions spécifiques comme le RGPD.

Néanmoins, l’absence de disposition relative à la responsabilité compromet la sécurité juridique. La nature même de cette technologie rendant inévitablement insuffisantes, voire caduques, les dispositions civiles.

La résolution 2018/2088(INI) du Parlement européen vise également à une harmonisation des règles nationales, remarquant que certains pays ont déjà légiféré, ce qui pourrait conduire à « une règlementation excessive dans les systèmes de robotiques et d’IA ».

Le texte s’attarde également sur la question de la cybersécurité, autre aspect crucial de l’intelligence artificielle. Technologie duale pouvant à la fois lutter contre les cyberattaques et en faire l’objet, le Parlement estime essentiel de prévenir les lacunes et l’utilisation abusive des IA en appliquant des « contrôles de sécurité des produits par les autorités de surveillance du marché et les règles de protection des consommateurs ». Pour ce faire, il recommande que l’Union européenne développe une indépendance technologique capacitaire et structurelle (Datacenter, systèmes et composant cloud) ainsi que des composants informatiques, notamment des processeurs. Louable dans l’esprit, ce dernier point semble néanmoins relever de l’incantatoire au regard de la situation actuelle.

La résolution propose donc d’établir un cadre juridique reposant sur la notion d’éthique et faisant la promotion de technologies « ethic-by-design » dans un format proche du modèle « privacy-by-design », développé par le Règlement général de la protection des données (RGPD).

Vers l’initiative règlementaire

Dans un article du 22 août 2019, le Financial Times dévoile que la Commission européenne serait en train d’examiner la possibilité d’imposer des mesures restrictives quant à l’utilisation par des acteurs privés et publiques des technologies de surveillance par reconnaissance faciale. En l’espèce, l’institution considèrerait la rédaction d’une règlementation – à l’échelle communautaire – visant à l’octroi de droit explicites quant à l’utilisation faites des données issues de la reconnaissance faciale des citoyens européens.

Pour rappel, cette institution de premier plan au niveau de l’UE, créée par le traité de Rome en 1957 (articles 155 et 163), a pour mission l’initiative législative et la mise en œuvre des politiques communautaires. Alors qu’elle joue un rôle central dans la garantie de l’intérêt général au sein de l’Union, ses membres ne sont néanmoins pas issus du suffrage universel. Composée d’un commissaire européen par État membre (soit 27 commissaires plus un pour le Royaume-Uni) ceux-ci sont proposés par les chefs d’État ou de gouvernement de chaque pays au sein du Conseil européen et approuvés par le Parlement européen.

Parlement europeen Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le Parlement Européen a la lourde charge de définir le cadre légal encadrant ces questions sensibles et stratégiques

Selon les sources du quotidien économique et financier britannique, cette initiative s’inscrirait dans le cadre de la volonté affichée de la Commission de soutenir une refonte législative de la manière dont l’Union règlemente l’usage fait des technologies liées à l’intelligence artificielle, ce qui devrait permettre aux citoyens européens de « savoir quand les données [issues de la reconnaissance faciale] sont utilisées, à l’exception de toutes restrictions strictement encadrées afin d’assurer une utilisation appropriée [de ces données] ».

Alors que la Commission jouit aujourd’hui de l’aura des pionniers après l’adoption en avril 2016 du Règlement général sur la protection des données (RGPD ou General Data Protection Regulation – GDPR), celle-ci vise désormais à la création d’un cadre (commun aux États membres) de lois éthiques régissant l’intelligence artificielle (IA). Selon un officiel interrogé par le Financial Times, l’objectif serait de « favoriser la confiance et l’acceptation du public » quant aux nouvelles technologies « qui comportent des risques spécifiques [en matière de protection des données à caractère personnelles] ». L’Union européenne cherche à réitérer les effets du RGPD, en établissant « une norme mondiale pour la règlementation de l’IA [en fixant] des règles claires, prévisibles et uniformes qui protègent adéquatement les individus ».

Ces initiatives reflètent le fait que les institutions européennes s’efforcent plus que jamais de se positionner dans le secteur de l’IA en adoptant une approche singulière, basée sur l’implication des parties prenantes, afin qu’à l’avenir elles puissent contribuer efficacement à l’évolution de la règlementation.

Premières recommandations

Ces déclarations font suite à une accélération manifeste de la prise d’initiative du législateur européen sur ces sujets. En juin 2018, la Commission européenne avait déjà constitué un groupe d’experts de haut niveau avec pour objectif de soutenir la mise en œuvre de la stratégie européenne sur l’intelligence artificielle et ce, notamment, au travers de recommandations sur l’élaboration de politiques relatives à l’avenir, les questions éthiques, juridiques et sociétales de l’IA, en incluant les défis socio-économiques.

Composé de 52 experts indépendants issues des milieux académiques et industriels ainsi que de la société civile, le High-Level Expert Group on Artificial Intelligence (AI HLEG) a publié en juin dernier un premier rapport précisant une série de lignes directrices en matière d’éthique concernant l’intelligence artificielle : la légalité (conforme aux lois et règlements applicables), l’éthique (garantie du respect absolu des valeurs éthiques) et la robustesse.

L’AI HLEG propose une approche human-centric (axé sur l’humain) de l’IA et énumère des recommandations en matière de législation et de politiques d’investissements ainsi qu’une liste de sept exigences clés auxquelles doivent satisfaire les systèmes pour être « dignes de confiance » :

  1. Organisation et supervision humain : Incluant les droits fondamentaux, l’action et la supervision humaine des IA ;
  2. Sécurité et robustesse technique : Incluant la résilience aux attaques et la sécurité, les dispositions de protection, la précision, la fiabilité et la reproductibilité ;
  3. Protection de la vie privée et gouvernance des données : Incluant le respect de la vie privée, la qualité et l’intégrité des données et l’accès aux données ;
  4. Transparence : Incluant la traçabilité, l’exploitation et la communication des données collectées ;
  5. Diversité, non-discrimination et équité : Incluant la prévention des biais abusifs, l’accessibilité et la conception universelle, ainsi que la participation des parties prenantes ;
  6. Bien-être de la société et de l’environnement : Incluant la viabilité, la soutenabilité et le respect de l’environnement ainsi que l’impact social, sociétal et démocratique ;
  7. Responsabilité : Incluant l’audit, la minimisation et la notification des impacts négatifs, les arbitrages et les recours.

Bien que ces recommandations et lignes directrices puissent paraître relativement théoriques, la Commission européenne a fourni un effort particulier en matière d’applications politiques et d’investissements en formulant quelques 33 recommandations devant permettre d’atteindre un cadre de confiance pour l’IA.

Il s’agit en effet d’un prérequis nécessaire, qui jouera – à terme – un rôle clé dans la construction du futur cadre législatif européen pour l’intelligence artificielle.

Par cette initiative, l’UE et ses institutions visent à encourager la recherche et le débat sur la création d’un cadre éthique encadrant cette technologie. Poursuivant une véritable action de lobbying auprès des organes multilatéraux, en particulier l’OCDE et le G20, les 27 souhaitent peser sur les travaux internationaux afin de pouvoir garantir que l’Union puisse rester compétitive tout en profitant autant que possible des retombées des développements de ces technologies.

La prochaine étape pourrait être politique. Succédant au luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, Ursula Gertrud von der Leyen (CDU) sera investie au 1er novembre prochain. L’Allemande a d’ores et déjà déclaré qu’elle dévoilera – au cours des 100 premiers jours de son mandat – une législation devant fournir « une approche européenne coordonnée sur les implication humaines et éthiques de l’intelligence artificielle ».


Jean Lebougre

La Missile Defense Agency développe un système anti-missile pour contrer les armes hypersoniques

Depuis l’annonce de l’entrée en service du missile hypersonique Kh47M2 Kinzhal dans les forces aériennes russes en avril 2018, les armes hypersoniques, et les systèmes pour s’en protéger, sont devenus la principale préoccupation des autorités militaires américaines. Et pour cause ! En effet, les missiles hypersoniques comme le Kinzhal, le futur Tzirkon, mais également les missiles balistiques modernes comme l’Iskander russe ou le DF26 chinois, ont des profils de vol les mettant à l’abri du bouclier anti-missile américain, ni le THAAD, ni le Patriot PAC-3, ni les SM3 et SM6 équipants les destroyers américains ne sont en mesure d’intercepter efficacement ces armes. En outre, s’ils peuvent naturellement emporter des têtes nucléaires, ils peuvent également être doté de charges militaires conventionnelles. Paradoxalement, c’est surtout ce dernier point qui pose de graves problèmes aux stratéges occidentaux.

Le risque d’utilisation d’un missile balistique doté d’une tête nucléaire est traité par les capacités de riposte nucléaire par les doctrines des pays occidentaux, comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui disposent à chaque instant de plusieurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins « dilués » dans les profondeurs océaniques, et capables de porter une réplique nucléaire massive sur les villes adverses. En revanche, l’utilisation de telles armes serait largement disproportionnée face à l’emploi de frappes conventionnelles, la majorité des doctrines occidentales n’adhérant pas au concept de première frappe nucléaire.

kinjal Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Les premières photographies de Mig31 emportant le missile Kh47M2 Kinzhal provoquèrent une prise de conscience majeure de la nouvelle vulnérabilité de l’OTAN face à la Russie

Or, les missiles hypersoniques comme le Kinzhal, par leur vitesse et leur précision supposée, rendent non seulement toute interception impossible ou très peu probable, mais ils réduisent à ce point les délais de réaction qu’ils constituent des armes de « décapitation » idéale, pour éliminer les autorités militaires et civiles de l’adversaire, ainsi que ses postes de communication, ses noeuds logistiques, et ses infrastructures majeures comme les bases navales et aériennes. Avec les renseignements adéquates, ils peuvent également éliminer les composantes terrestres et aériennes de la force de dissuasion adverse, avant que toute riposte puisse être seulement envisagée. En d’autres termes, avec suffisamment de Khinzhal et de Tzirkon en service, épaulés par les missiles Iskander, Kalibr et Novator, la Russie serait en capacité de mener une première frappe dévastatrice sur les pays européens de l’OTAN, éliminant toutes les capacités de riposte et de défense coordonnées, sans franchir le seuil nucléaire.

Il n’est pas surprenant dès lors que le Pentagone, pour qui ce scénario est parfaitement crédible en Europe comme dans le pacifique, cherche à se doter dans les plus brefs délais de systèmes comparables, et que pas moins de 4 programmes d’armes hypersoniques de différents types, allant du planeur hypersonique pour les armes stratégiques, aux systèmes à courte et moyenne portée de précision, soient à l’étude outre-atlantique, avec des objectifs de délais particulièrement courts. Il n’est pas surprenant non plus que la Missile Défense Agency ait lancé deux programmes visant à permettre au bouclier anti-missile américain, d’intercepter ces armes.

Les croiseurs Aegis de la classe Ticonderoga de lUS Navy verront leur vie operationelle etendue dans lattente dun remplacant Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La Missile Defense Agency développe parallèlement une version du SM3, le SM3-Hawk, pour intercepter les missiles hypersoniques

Deux programmes, nimbés d’un haut degré de confidentialité, ont été lancés à cet effet. Le programme « Valkyrie » , dont l’étude a été confié à Lockheed-Martin, est destiné à renforcer le binôme THAAD-Patriot, alors que le programme SM3-Hawk, confié à Raytheon, doit lui apporter des capacités d’interception de missiles hypersoniques aux destroyers et croiseurs AEGIS de l’US Navy. Chaque programme a reçu un budget de plus de 4 m$ pour la phase d’étude préalable, et doit rendre ses conclusions d’ici l’été 2020.

La Russie aurait entrepris, elle aussi, le developpement de systèmes de Défense capables d’intercepter des missiles hypersoniques. L’Europe, en revanche, n’a pour l’heure aucun programme comparable au Valkyrie ou au SM3-Hawk. Le standard Aster30 Block 1NT en cours de développement permettra d’intercepter des trajectoires balistiques traditionnelles pour des missiles balistiques de moyenne portée, mais ne sera pas capable d’intercepter les trajectoires hypersoniques.

Le chasseur furtif J-20 équipera les futurs porte-avions CATOBAR chinois

Alors que le FC31 Gyrfalcon était présenté comme l’appareil sélectionné par la Marine Chinoise pour équiper ses futurs porte-avions dotés de catapultes, plusieurs informations pointent désormais vers la conception d’une version embarquée du chasseur J-20, déjà en service dans les forces aériennes chinoises, pour équiper ses bâtiments. Le FC-31, plus léger, ne serait pas toutefois définitivement écarté puisqu’il serait question d’en conserver une version sous forme de chasseur moyen embarqué, complémentaire des chasseurs lourds J-20, à l’instar du J-15 sur les porte-avions à tremplin actuellement en service dans la marine chinoise.

FC31 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le FC-31 Gyrfalcon a montré des faiblesses lors de ses premiers vols d’essais ayant contraint les ingénier de CAC à de profondes et longues modifications

Cette information n’est pas, en soit, une surprise, car à peine la préférence de la marine chinoise pour le Gyrfalcon fut-elle annoncée que de nombreuses voix, plus ou moins officiellement, émirent des réserves à son sujet. Contrairement au J-20, le FC-31 n’est pas en service dans l’APL, et il semble que le developpement de l’appareil rencontre de nombreuses difficultés. Développé en fond propre par CAC, un des deux constructeurs aéronautique d’Etat chinois, le FC-31 ne s’appuie sur aucune commande de la part de l’APL, et était initialement destiné au marché export. Plus léger que le J-20, il devait concurrencer le F35A et C, dont il reprend l’aspect général, la configuration bi-moteur en plus. Mais le constructeur a été contraint de profondément changer son prototype suite aux premiers essais en vol en 2012, les performances étant, semble-t-il, très en deçà des attentes. Le nouveau FC-31 a été observé à plusieurs reprises depuis 2017, sans pour autant être officiellement présenté lors d’un grand salon aéronautique, ce qui laisse planer de nombreux doutes sur la maturité de son concept.

Porte avions chinois maquette J20 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Depuis 2 ans, les maquettes et images de synthèse de la Marine Chinoise de la nouvelle classe de porte-avions CATOBAR Type 002 montrent un groupe aérien embarqué composé de J15, J20 et de drones de combat furtifs

C’est probablement un des paramètres ayant amené la Marine à changer son fusil d’épaule, en choisissant le J-20 de Chengdu pour équiper ses porte-avions CATOBAR. En effet, la construction du premier exemplaire de cette nouvelle classe de bâtiment avance désormais rapidement, et son entrée en service est estimée entre 2022 et 2023. Les difficultés de CAC pour proposer un modèle finaliser de son appareil plus de 8 ans après son premier vol aura naturellement amené les autorités de la Marine Chinoise à privilégier la sécurité, d’autant qu’un des principaux arguments avancés pour justifier la construction de porte-avions dotés de catapultes repose sur la mise en oeuvre d’appareils de 5ème génération (4eme génération selon la classification chinoise). La Marine devra cependant faire cohabiter deux chasseurs polyvalents lourds, les J-15 et J-20, sur ses porte-avions, et donc, probablement, réduire le nombre total d’appareils mis en oeuvre par ses nouveaux bâtiments. En revanche, le J-20, par son allonge et son importante capacité d’emport en soute, fournira à la Marine Chinoise un avantage non négligeable vis-à-vis des porte-avions américains, japonais ou sud-coréens, équipés en matière de chasseurs de 5ème génération de F35B et F35C, plus légers, et plus limités dans ces domaines.

J 15 sur le pont du liaoning Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le J-15 est aujourd’hui le seul chasseur embarqué employé par l’APL. Il le restera probablement pendant la décennie à venir

Il ne faudra toutefois pas s’attendre à voir le J-20 sur les ponts des nouveaux porte-avions chinois avant 2030. Selon les experts interrogés par le site China Mail Daily, il faudra en effet une dizaine d’année pour transformer le J-20 en appareil embarqué, avec des dimensions et une résistance adaptées aux difficiles conditions de l’emploi sur porte-avions. La navalisation d’un appareil qui n’a pas été initialement conçue dans cet optique est un exercice qui a rarement été couronné de succès. Mais les russes avec le Mig29 et le Su-33, puis la Chine avec le J-15 dérivé de ce dernier, ont montré que cette approche était possible, et pouvait produire des appareils résistants au potentiel opérationnel cohérent. On comprend, à ce titre, par le délais de 10 ans annoncé, que ce processus entraine la refonte profonde, et non un simple renforcement structurel de l’appareil.

Drone de combat embarque CH 7 Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le drone de combat furtif CH-7 est présenté comme pouvant être employé à partir de porte-avions équipés de catapultes

Il faut noter que si le J-20 n’entrera en service qu’en 2030, il est probable que la période 2020-2030 sera principalement employée par la Marine Chinoise pour parfaire sa maitrise du combat aéronaval, même si 3, et plus probablement 4, nouveaux porte-avions CATOBAR entreront en service sur la même période, dont au moins 2 seront à propulsion nucléaire. On peut également s’attendre à l’entrée en service de drones de combat furtifs durant cette décennie, afin de renforcer l’efficacité des J-15 embarqués certes très polyvalents et puissamment armés, mais également très peu discrets. Surtout, il faudra suivre l’entrée en service des J-15D, version guère électronique du J-15 qui, à l’instar du Growler américain, est conçu pour accompagner les avions de combat J-15 et brouiller les radars adverses sur une large bande de fréquence, de sorte à les protéger des systèmes de détection et de défense anti-aérienne adverses.

J15D guerre electronique Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
L’avion de guerre électronique J15D renforcera très prochainement les groupes aériens embarqués des porte-avions de la Marine Chinoise

Malgré les tensions internationales et le renforcement généralisé des forces navales dans la région pacifique, renforcement dont elle est en partie à l’origine, la Marine Chinoise, par cette annonce, montre qu’elle entend gérer sa montée en puissance avec méthode et précision, comme elle l’a fait depuis 15 ans. Sans fébrilité ni précipitation, elle donne le temps nécessaire aux industriels pour concevoir les systèmes à venir, sans négliger sa puissance actuelle, puisqu’elle continue de recevoir une dizaine de J-15 et forme une vingtaine de nouveaux pilotes de chasse embarqués chaque année. Ainsi, le nouveau porte-avions Type 001A qui entrera en service d’ici la fin de l’année, recevra simultanément son équipage et son groupe aérien complets, formés et équipés, moins d’un an après l’entame de ses tests à mer. Rare sont les Marines qui peuvent, aujourd’hui, se prévaloir d’une telle maitrise et d’un tel professionnalisme…