mercredi, décembre 3, 2025
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La compétition pour le remplacement des 4 sous-marins Walrus néerlandais se rapproche du dénouement

Après plusieurs années indécises, le remplacement des sous-marins Walrus de la marine royale néerlandaise a franchi une étape cruciale avec la publication de la Lettre B.

Comme beaucoup de pays européens, les Pays-Bas ont lourdement négligé leurs forces armées après que la Guerre froide prit fin, au début des années 90. Ainsi, l’effort de défense néerlandais passa de 2,4% du PIB en 1990, à peine plus de 1% en 2015. Même après avoir pris l’engagement d’atteindre le seuil de 2% en 2014 dans le cadre du sommet de l’OTAN de Cardiff, Amsterdam ne consacrait que 1,4% de son PIB à ses armées en 2021.

De fait, de nombreux programmes de modernisation des équipements militaires néerlandais, durent être reportés, étalés dans le temps et même annulés, d’autant que le pays, partenaire du programme JSF, voyait son budget militaire largement ponctionné par l’acquisition des 38 F-35A, commande portée à 46 puis 52 appareils ultérieurement. Ce fut notamment le cas du programme visant à remplacer les 4 sous-marins de la classe Walrus entrés en service au sein de la Marine Royale néerlandaise entre 1992 et 1994, et dont le retrait planifié devait intervenir à partir de 2023.

Lancé en 2014, ce programme visait initialement au remplacement des 4 navires pour 2025. Toutefois, en 2018, la Lettre B, c’est-à-dire le cahier des charges précis distribué aux industriels retenus, n’avait toujours pas été envoyée. Celle-ci fut finalement adressée en décembre 2019 aux 3 principaux industriels européens dans ce domaine : l’allemand TKMS, le suédois Kockums et le français Naval Group.

La marine royale néerlandaise met en oeuvre 4 sous-marins de la classe Walrus entrés en service entre 1992 et 1994
La marine royale néerlandaise met en œuvre 4 sous-marins de la classe Walrus entrés en service entre 1992 et 1994

Depuis, entre les conséquences de la crise Covid, puis les bouleversements engendrés par la guerre en Ukraine, le sujet était plus ou moins resté figé, même si les trois industriels ont régulièrement communiqué pour faire valoir les atouts de leurs modèles respectifs dans cette compétition.

C’est aussi indiscutablement la guerre en Ukraine, et le retour des tensions avec la Russie, notamment en Mer du Nord, qui permet aujourd’hui à ce programme de franchir une étape attendue de longue date.

En effet, le 15 juin, le Ministère de la Défense néerlandais a annoncé sur son site avoir signifié aux 3 compétiteurs qu’ils avaient jusqu’au 28 juillet pour adresser une proposition pour la construction de quatre navires afin de remplacer les sous-marins Walrus. Ces propositions seront étudiées, analysées et comparées au cours de la seconde moitié de l’année 2023, et une décision sera rendue d’ici à la fin du mois de janvier 2024.

La procédure engagée a fait l’objet d’un courrier adressé par le secrétaire d’État Christophe van der Maat au parlement néerlandais, pour décrire les étapes et les éléments attendus par le Ministère de la Défense dans ce dossier.

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Kockums et Damen proposent une version du sous-marin A26 Blekinge qui doit entrer en service en 2028 au sein de la marine suédoise

Ce courrier met particulièrement l’accent sur le volet industriel, sachant que les sous-marins devront être construits et équipés par la base industrielle et technologique défense du pays qui, il est vrai, dispose de nombreux savoir-faire de premier plan, notamment dans le domaine des sonars ou de la construction navale.

À l’instar de nombreux pays européens, les Pays-bas ont annoncé une importante augmentation de leur effort de défense suite à l’agression russe contre l’Ukraine. Ainsi, les autorités du pays ont indiqué en 2022 une hausse de 5 md€ par an dans les 3 années à venir, pour atteindre dès 2024 l’objectif de 2% du PIB, conformément aux engagements pris en 2014.

Cette augmentation sensible a permis d’engager un ambitieux plan de modernisation des capacités militaires pays, et de palier certaines défaillances héritées de la période post guerre froide.

Pour cette compétition, l’allemand TKMS propose une version de son Type 212CD commandé par la Norvège et la Marine allemande, le suédois Kockums associé au néerlandais Damen une version du A26 Blekinge alors que le français Naval group propose une évolution du Marlin, un sous-marin océanique dérivé de la classe de sous-marins nucléaire d’attaque Suffren.

L’Italie serait proche d’officialiser la commande de nouveaux chars Leopard 2A8 auprès de Krauss-Maffeï Wegmann

Il y a tout juste deux mois, alors que tous les yeux de la sphère blindée en Europe étaient rivés sur les péripéties de Rheinmetall pour promouvoir sur KF-51 Panther, sur l’arrivée des premiers K2 en Pologne, et sur le transfert de Leopard 2 et de Challenger 2 en Ukraine, le constructeur allemand Krauss-Maffeï Wegmann, renommé depuis KNDS-KMW, créa la surprise en présentant les nouveaux chars Leopard 2A8, une évolution du A7HU vendu à l’a Hongrie, intégrant nativement le système de protection hard-kill Trophy et un nouveau système de visualisation et de fusion de données.

Surtout, concomitamment à cette présentation, KNDS et la Bundeswehr annoncèrent que la commande de 18 Leopard 2A7V initialement prévue pour remplacer les 18 A6 cédés à l’Ukraine pour soutenir son effort de guerre, était transformée pour porter sur 18 Leopard 2A8, alors qu’une option sur 123 chars était également intégrée au contrat. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la société bavaroise semble avoir parfaitement réussi son entrée.

En effet, depuis, il ne se passe pas 3 semaines sans qu’un client potentiel n’annonce son intention de se doter du nouveau char. Ce fut d’abord le cas de la République Tchèque qui entend commander 73 Leopard 2A8 dans le cadre de sa modernisation pour remplacer les 66 T-72MA/M4CZ encore en service, en modernisant les 14 Leopard 2A5 offerts par Berlin en compensation de la cinquantaine de T-72 tchèque transférés à l’Ukraine, et en commandant 59 blindés neufs.

l'Italie veut commander 125+ chars Leopard 2A8

Quelques semaines plus tard, ce fut au tour de la Norvège d’annoncer que la commande de 54 Leopard 2A7 issue de la compétition qui opposa le char allemand au K2 Black Panther sud-coréen il y a quelques mois, serait elle aussi convertie pour porter sur 54 Leopard 2A8. Et la dynamique ne semble pas destinée à s’apaiser.

En effet, selon la presse italienne, Rome serait également proche de l’annonce d’une commande de chars Leopard 2A8, pour un montant annoncé entre 4 et 6 Md€. Selon ces informations, qu’il convient toutefois de prendre au conditionnel dans l’attente d’une confirmation officielle, les négociations entre les autorités italiennes et KMW seraient très avancées, laissant supposer une annonce prochaine.

Début mars, les autorités italiennes avaient annoncé qu’elles entendaient faire l’acquisition de 125 chars de génération intermédiaire, pour venir renforcer les 125 Ariete C-1 qui seront modernisés pour répondre à l’évolution des menaces et au durcissement du champs de bataille. Rome entendrait également faire l’acquisition d’un nombre indéterminé de véhicules de combat d’infanterie modernes pour remplacer les les 200 VCI Dardo jugés obsolètes et vulnérables.

Puma IFV Flotte sous-marine | Allemagne | Conflit Russo-Ukrainien
Rome envisage d’acquérir un nombre indéterminé de VCI pour remplacer ses 200 Dardo. Le Puma de KMW pourrait être envisagé.

L’enveloppe annoncée dans le cadre des négociations avec KMW, laisse supposer qu’outre les 125 Leopard 2A8, il serait possible que Rome négocie dans le cadre du même contrat, l’acquisition de 150 à 200 VCI Puma du même constructeur, ce qui permettrait de créer un volume suffisant justifiant d’un déploiement industriel pour une construction locale des deux blindés.

On notera également, à toute fins utiles, que Berlin avait de façon très inspirée, posé une option sur 89 VCI Puma, ainsi que sur 123 Leopard 2A8, dans le cadre des contrats respectifs pour la modernisation de la Bundeswehr. Il s’agissait, à ce moment, de créer un tampon destiné à l’exportation, sur la base des standards définis pour la Bundeswehr, de sorte à offrir aux futurs clients de KMW une sécurité en terme de configuration et de tarif, et ainsi de faciliter les négociations.

Force est de constater que le dimensionnement des deux options, ainsi que l’enveloppe évoquée par Rome, s’associent pour laisser supposer que ces options ont put être dimensionnées dans le cadre des négociations en cours entre Rome et KMW, d’autant que les deux pays entendent accroitre leur coopération en matière de défense.

Quoiqu’il en soit, si l’Italie venait à effectivement commander plus d’une centaine de Leopard 2A8, il s’agirait d’un immense succès commercial pour KMW permettant de remplacer l’industriel allemand au coeur du marché des blindés lourds en Europe, avec un carnet de commande qui pourrait dépasser les 250 chars neufs auprès de 4 armées européennes, seulement 2 mois après la présentation officielle du nouveau modèle.

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L’Armée de Terre italienne va moderniser 125 chars C1 Ariete pour évoluer aux cotés de 125 chars lourds acquis sur étagère, probablement des Léopard 2A8.

Et d’autres commandes pourraient intervenir dans les mois à venir. Les Pays-bas ont ainsi annoncé qu’ils envisageaient de reconstruire des unités de chars lourds propres, le Leopard 2A8 étant le modèle privilégié par Amsterdam. D’autres pays, comme la Grèce, la Finlande et l’Espagne, pourraient être tentés par le nouveau standard émergent, pour remplacer ou moderniser leurs Leopard 2A4, voire pour remplacer les Leopard 1 / M60 / M48 encore en service (Grèce), alors qu’hors d’Europe, les opportunités d’exportation sont également importantes (Egypte, Arabie Saoudite, Maroc..)

Comme déjà abordé dans plusieurs de nos articles, le dynamique en cours autour du Leopard 2A8, induit 2 conséquences majeures. En premier lieu, plus le char sera exporté, plus l’avenir du KF-51 Panther de Rheinmetall sera menacé, laissant supposer que la société de Dusseldorf pourrait proposer à KMW de co-développer conjointement le Leopard 2AX qui doit être présenté d’ici 3 ans, en y intégrant des éléments clés du Panther (APS Strikeshield/TAPS, canon de 130 mm, lance-missile/munitions vagabondes ..) de sorte à sauver les meubles.

Surtout, plus le Leopard 2A8/AX aura du succès en Europe et ailleurs, plus il sera nécessaire de reporter, dans le meilleur des cas, le programme franco-allemand MGCS, de sorte à éviter un chevauchement commercial des deux offres. Or, comme nous l’avons vu, reporter le programme MGCS au delà de 2040, mettrait l’Armée de terre dans une situation des plus difficiles dans le contexte actuel, d’autant que tout indique qu’à ce jour, aucune solution alternative / intérimaire ne soit envisagée à l’Hôtel de Brienne.

De fait, l’arbitrage de Rome à venir en faveur du Leopard 2A8, s’il venait à être confirmé, pourrait être déterminant quant au devenir du programme MGCS, ou tout au moins de calendrier, et donc de la capacité de chars lourds de l’Armée de terre lors de la prochaine décennie.

Le programme de sous-marins SSN AUKUS prend la forme d’un marché de dupes pour l’Australie

Fossoyeur du programme SEA 1000 qui prévoyait la construction de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle en Australie par le français Naval Group, le programme SSN Aukus tel que désormais désigné, annoncé en septembre 2021, vise à doter la Royal Australian Navy de 8 sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) d’ici 2050, pour remplacer les 6 navires conventionnels de la classe Collins actuellement en service au sein de la Royal Australian Navy (RAN).

Après une période d’incertitudes et de spéculations durant laquelle Australiens, britanniques et américains définirent ensemble les contours de ce programme, celui-ci fut révélé publiquement en mars 2023, lors d’un événement ayant rassemblé les premiers ministres australiens et britanniques, Anthony Albanese et Rishi Sunak, et le président américain Joe Biden au sein de la base navale américaine de San Diego.

A cette occasion, les grandes lignes du programme furent dévoilées, notamment le fait que les SSN Aukus seraient co-developpés par les 3 pays mais avec une direction britannique, tant pour équiper la Royal Navy afin de remplacer les SNA de la classe Astute, que pour la Royal Australian Navy.

Le premier navire ne devant pas entrer en service avant 2040, l’Australie fera également l’acquisition de 3 SNA de la classe Virginia pour remplacer les Collins devant être retirés du service, un navire d’occasion récent Block III ou Block IV, et deux navires neufs Block IV, avec une option sur deux navires supplémentaires pour anticiper un possible retard dans la livraison des SSN Aukus.

L'Australie va acquérir au moins 3 SNA de classe Virginia qui feront pleinement partie de la flotte de 8 SNA qu'elle prévoit de déployer dans le cadre du programme SSN AUKUS
L’Australie va acquérir au moins 3 SNA de classe Virginia qui feront pleinement partie de la flotte de 8 SNA qu’elle prévoit de déployer

Enfin, selon les autorités australiennes, une importante infrastructure qui créera jusqu’à 20.000 emplois sera déployée en Australie pour la construction des nouveaux sous-marins, ainsi que pour leur entretien et mise à niveau dans les décennies à venir. Le programme sera certes très onéreux, il est question de prés de 370 Md$ australiens, mais il doit permettre de doter la RAN de capacités exclusives pour opérer dans la Pacifique face à la Chine et optimiser son interopérabilité avec l’US Navy et la Royal Navy.

Présenté ainsi, le programme semble raisonnable, en admettant comme postulats de départ la nécessité de se doter de sous-marins à propulsion nucléaire pour répondre à l’évolution de la menace sur ce théâtre. En outre, les équilibres industriels et économiques semblent respectés, par la création d’une filière industrielle à fort potentiel dans ce domaine. Mais la réalité pourrait être bien différente …

En effet, au fil des auditions parlementaires du gouvernement et des autorités militaires en charge de ce programme, il apparait que le modèle qui émergea dans l’opinion suite à la présentation de mars, était bien différent de celui qui était en cours de déploiement.

Ainsi, en premier lieu, la RAN ne sera pas dotée de 8 « SSN Aukus », mais de 5 dans le meilleur des cas. En effet, les 3 Virginia qui seront acquis auprès des Etats-Unis, feront pleinement partie de la flotte des 8 SNA visée par la marine australienne, et ne constituront en rien une flotte de transition.

Surtout, sur les 5 SNA restants, il semblerait que seuls 3 d’entre eux seront effectivement construits en Australie, les deux autres étant soit construits en Grande-Bretagne, soit seront des Virginia américains si l’option venait à être levée.

Les SSN Aukus remplaceront également les SNA de la classe Astute de la Royal Navy
Les SSN Aukus remplaceront également les SNA de la classe Astute de la Royal Navy

En outre, l’hypothèse avancée selon laquelle il serait possible, par la suite, de construire d’autres sous-marins de même type une fois la flotte de 8 navires constituée, parfois avancée par certains, est jugée très improbable et même fantaisiste par les autorités en charge de ce dossier, sachant qu’une telle décision interviendrait « dans 6 mandats électoraux », et qu’à cette date, rien ne garantit que le besoin en matière de SNA perdure encore.

De fait, l’Australie va déployer une infrastructure colossale pour ne construire que 3 sous-marins nucléaires d’attaque, sans aucune possibilité d’employer celle-ci à l’avenir pour d’éventuelles exportations, et ce pour un cout qui, à lui seule, pourrait s’approcher du prix du pourtant très contesté programme SEA 1000 précédant.

Se pose donc la question, pour l’Australie évidement, mais également pour les Etats-Unis, de la pertinence de cette approche, sachant que l’acquisition de 8 sous-marins de type Virginia Block IV sur étagère et leur mise en oeuvre sur l’ensemble de la durée de vie aurait probablement couté 30 % moins chers à Canberra, alors que l’acquisition de 8 Suffren français, offrant des performances au moins équivalentes aux Virginia dans de nombreux domaines, n’aurait probablement pas dépassé les 100 Md$ australiens, 150 Md$ en tenant compte des couts de possession sur 30 ans.

Or, les 150 ou 200 Md$ supplémentaires qui seront engloutis par ce programme, sans apporter de plus-value opérationnelle significative, risquent bien de venir manquer lorsqu’il s’agira de faire face à la montée en puissance des armées chinoises dans le Pacifique.

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En promouvant l’acquisition de certains équipements très onéreux à l’achat ou à la mise en oeuvre, les Etats-Unis contribuent à l’affaiblissement relatif du bloc occidental face à un bloc sino-russe beaucoup plus efficace dans ce domaine

De fait, alors que Washington et le Pentagone ne cessent d’alerter sur l’évolution du rapport de force face à la Chine et la Russie, il serait probablement plus que bienvenu de considérer les alliés des Etats-Unis comme tels, et non comme des vaches à lait commerciales au bénéfice exclusif des industriels américains, de sorte à en optimiser les moyens effectivement disponibles pour contenir ces menaces le moment venu.

Dans tous les cas, il est fort probable que ce programme, ses ramifications et ses conséquences, feront encore couler beaucoup d’encre dans les années à venir, tant il semble conçu en dépit du bon sens et surtout des enjeux sécuritaires et stratégiques sur ce théâtre d’opération.

L’Allemagne recule sur ses ambitions budgétaires défense dans sa première Revue stratégique nationale

Le 27 février 2022, 3 jours après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, le chancelier allemand nouvellement élu Olaf Scholz, s’adressait en séance exceptionnelle du Bundestag, aux parlementaires comme à une opinion publique allemande inquiète pour présenter une nouvelle politique de défense.

Le dirigeant allemand répondait ainsi au constat pour le moins alarmant publié par le Chef d’état-major de la Bundeswehr, 2 jours plus tôt, sur le réseau social professionnel LinkedIn, selon lequel les armées allemandes étaient dans l’incapacité de résister à une offensive militaire comme celle déclenchée par Moscou contre son voisin.

Pour cela, Olaf Scholz fit deux annonces clés, de sorte à redonner aux armées allemandes les moyens nécessaires à leurs missions. En premier lieu, une enveloppe exceptionnelle de 100 Md€ serait allouée pour permettre une recapitalisation rapide de la Bundeswehr, en traitant les défaillances les plus importantes, et ainsi revenir rapidement à une posture suffisamment efficace pour dissuader potentiellement Moscou d’une quelconque agression.

En second lieu, de sorte à absorber les évolutions de format et la modernisation glissante des équipements indispensables au fonctionnement dans la durée d’une armée moderne, le chancelier prit également l’engagement d’amener l’effort de défense allemand de 1,5 % à 2% d’ici à 2025, et ainsi répondre aux exigences de l’OTAN votées à l’unanimité en 2014 par l’ensemble des membres de l’alliance à Cardiff.

Sholz Flotte sous-marine | Allemagne | Conflit Russo-Ukrainien
3 jours après le début de l’offensive russe en Ukraine, le chancelier allemand Olaf Scholz présentait un plan ambitieux pour redonner à la Bundeswehr les capacités de défendre le pays

Rappelons que quelques mois auparavant, le gouvernement allemand, duquel Olaf Scholz était le ministre des Finances, avait annoncé son intention de ne viser l’objectif de 2% pour son effort de défense qu’en 2035, et non en 2025 comme elle s’y était engagée.

Depuis cette annonce, force est de constater que les choses n’ont pas évolué comme espéré, tout au moins pour la Bundeswehr. D’une part, l’utilisation de l’enveloppe de 100 Md€, que l’on pouvait espérer destiner à un emploi rapide pour palier les principales défaillances à court terme, a mis un certain temps à débuter, même si depuis quelques semaines, les choses se sont accélérées dans de domaine.

De même, la « liste de course » initialement envisagée par le Ministère de la Défense allemand, a été sensiblement rabotée, en partie du fait de l’influence de l’inflation liée à la guerre en Ukraine ces derniers mois, mais également par de nombreuses ponctions effectuées dans l’enveloppe pour d’autres sujets que la seule acquisition d’équipements supplémentaires.

Surtout, il est apparu, au fil des mois, que le second engagement pris par le chancelier, le 27 février, serait beaucoup plus difficile à mettre en œuvre que prévu. Ainsi, le budget de la défense 2023 aura bien été amené à 50 Md€, soit sensiblement le même qu’en 2022, mais il ne devrait pas évoluer d’ici à 2026, alors qu’il ne représente aujourd’hui que 1,45% du PIB.

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A ce jour, seul le remplacement de 50 des 80 Tornado de la Luftwaffe par des F35A et Typhoon, a été annoncé

L’explication à cette décision a été donnée dans le cadre de la première Revue Stratégique nationale du pays, publiée il y a deux jours. En effet, sur cette période de temps, les 100 Md€ de l’enveloppe exceptionnelle destinée à palier les défaillances critiques, seront lissés sur le budget de la défense, de sorte à l’amener à 75 Md€ par an, soit 2% du PIB.

En procédant ainsi, Berlin parviendra effectivement à atteindre l’objectif visé par l’OTAN dès 2023, avec la garantie qu’il sera maintenu jusqu’en 2026. Pour autant, cette trajectoire interroge. En effet, pour conserver un effort de défense à 2% du PIB, Berlin devra procéder à une augmentation très importante du budget des armées en 2027, de l’ordre de 50%, pour passer de 50 à 75 Md€, voire au-dessus en fonction de l’inflation et de la croissance.

Surtout, les autorités allemandes dénaturent par cette décision totalement l’idée fondatrice de cette enveloppe, qui devait permettre de reconstruire rapidement le potentiel militaire allemand, tout en le consolidant par l’augmentation progressive du budget annuel des armées. Une fois passé à la raboteuse de l’inflation et du lissage pluriannuel, il est probable que les armées allemandes n’atteindront pas l’objectif tracé par Olaf Scholz en février 2022.

De toute évidence, Berlin estime, comme Paris, mais contrairement à Varsovie, que le potentiel de nuisance des armées russes aura été à ce point érodé par le conflit en Ukraine, qu’il faudra de nombreuses années à Moscou pour le reconstruire.

Le sénat américain bloque la vente de systèmes HIMARS à la Hongrie face au refus de Budapest d’avaliser la candidature suédoise à l’OTAN

Depuis le début de l’agression russe contre l’Ukraine, la Hongrie, et son premier ministre Victor Orban, ont régulièrement suivi une trajectoire fortement divergente avec celle poursuivie par l’immense majorité des membres de l’OTAN, mais également de l’Union Européenne. Ainsi, en novembre dernier, Budapest s’est opposé aux trains de sanction proposés par l’Union Européenne contre la Russie, et avant cela sur la proposition d’embargo européen sur le gaz russe.

Dans le même temps, le premier ministre hongrois a, à plusieurs reprises, pris des positions proches de celles avancées par Moscou quant au conflit en Ukraine, tout en intensifiant ses relations économiques avec la Russie.

Par les actes fondateurs de l’alliance Atlantique comme de l’UE, l’unanimité étant requise pour les décisions clés, la Hongrie dispose de fait d’un pouvoir international par ce biais largement supérieur à ce que ne pèse effectivement le pays, tant du point de vue économique que politique. Mais les instances politiques américaines commencent à perdre patience vis-à-vis du double discours de Viktor Orban.

Ainsi, il y a quelques semaines, le département du Trésor américain a mis sous sanction certains fonctionnaires travaillant pour la Banque Internationale d’Investissement basée en Hongrie, identifiée par le renseignement américain comme une façade au service des services de renseignement et d’influence russes en occident.

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Orban et Erdogan ont tous deux pris des postures bien plus conciliantes vis-à-vis de la Russie, les autres pays membres de l’Alliance Atlantique

La décision de Washington avait déjà sensiblement adouci la posture de Viktor Orban sur la scène internationale. Pour autant, à l’instar du turc R.T Erdogan, celui-ci restait très évasif quant au vote en faveur de l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

De toute évidence, le petit jeu du premier ministre hongrois, a fini par lasser le président républicain de la commission des affaires étrangères du Sénat, le sénateur de l’Idaho James E. Risch. Ce dernier a en effet annoncé qu’il poserait son veto sur la vente en cours de 24 systèmes d’artillerie HIMARS et des munitions nécessaires, qui auraient été commandés par la Hongrie pour 735 m$, tant que Budapest n’aurait pas voté l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

Une telle décision, de la part d’une des rares personnes ayant un droit de veto constitutionnel sur les exportations d’armes, est excessivement peu commune, qui plus est vis-à-vis d’un allié membre de l’OTAN. Et elle ne sera probablement dénuée de conséquences.

En effet, d’un point de vue objectif, il s’agit là d’un déni de souveraineté, en obligeant un pays allié à modifier sa position internationale par l’utilisation de moyens de pressions nationaux, ce que les opposants à l’OTAN ne manqueront probablement pas de souligner, d’autant que la décision vient des États-Unis, déjà régulièrement accusés, parfois à raison, d’une influence excessive et parfois agressive au sein de l’alliance.

M142 HIMARS Flotte sous-marine | Allemagne | Conflit Russo-Ukrainien
La Hongrie n’a pas officiellement annoncé la commande des 24 systèmes d’artillerie à longue portée HIMARS américains

Pour autant, l’inverse est également vrai. Ainsi, les postures prises au sein de l’OTAN par la Hongrie, mais également par la Turquie, interrogent quant à l’adhésion effective de ces deux pays aux intérêts de défense collective consubstantiels de cette alliance.

De la même manière, l’utilisation faite du droit de veto au sein de l’UE de la Hongrie, mais également parfois de la Pologne et d’autres pays, sur des sujets parfois n’ayant aucun rapport avec les raisons de telles postures, met en évidence la faiblesse croissante de ces deux instances internationales au fil de leurs extensions respectives.

Quoi qu’il en soit, le bras de fer est désormais engagé de manière publique entre les États-Unis et la Hongrie, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années avec la Turquie, dans les deux cas face à des dirigeants nationalistes n’hésitant pas à employer tous les moyens à leurs dispositions pour tirer de leurs alliances et leurs partenaires le plus d’avantages et le moins de contraintes possibles.

Il ne fait d’ailleurs guère de doute qu’au travers de l’exemple hongrois, le sénateur Risch envoie également un message particulièrement clair et audible à Ankara, même si la Turquie est déjà en grande partie sous sanction des États-Unis dans le domaine des armements depuis que le pays à réception une batterie S-400 acquise auprès de la Russie en 2019.

Reste à voir désormais quelle sera la réaction de Budapest, et par transitivité d’Ankara, vis-à-vis de l’adhésion suédoise, mais également vis-à-vis des instances politiques de l’OTAN.

Pourquoi le nouveau drone Aarok français peut-il redessiner le marché des drones MALE ?

Depuis un article de Challenge publié jeudi après-midi, le petit monde de l’aéronautique militaire français, mais aussi européen, est en émois. En effet, l’article révèle l’existence d’un tout nouveau drone de combat Moyenne Altitude Longue Endurance, ou MALE, qui sera présenté pour la première fois lors du Salon du Bourget 2023.

Le drone Aarok a été développé depuis trois ans dans le plus grand secret par la société française Turgis & Gaillard, avec le soutien de la DGA qui supervise les contrats et les développements d’armement pour les Armées françaises.

Les caractéristiques du drone Aarok de Turgis & Gaillard

Pour l’heure, les informations rendues publiques autour de ce nouveau drone, baptisé Aarok, sont relativement limitées. Au mieux, sait-on que le drone aura une masse maximale au décollage de 5,5 tonnes, et une capacité d’emport de 1,5 tonne lui permettant de mettre en œuvre, par exemple, 4 bombes guidées de 250 kg et 2 missiles antichars moyens comme le Hellfire ou l’Akheron MP, et qu’il aura une autonomie autour de 25 heures.

En matière de propulsion, l’Aarok sera équipé dans un premier temps du turbopropulseur PT6 de Pratt&Whitney, puis du nouveau turbopropulseur Ardiden en cours de développement par Safran. Surtout, le nouveau drone a été conçu pour être robuste, certains diraient rustique, pouvant être mise en ouvre à partir de terrains sommaires de 400 à 600 m.

Le drone Aarok sera équipé du PT6 dans sa version initiale
Dans sa version initiale, l’Aarok sera propulsé par le turbopropulseur PT6, mais emportera le turbopropulseur Ardiden de Safran lorsque celui-ci sera disponible

Mais sa qualité la plus disruptive n’est autre que son prix, annoncé « entre 5 et 10 m€ », soit un prix unitaire à peine supérieur à des drones beaucoup plus légers comme le TB2 Bayraktar du turc Baykar, et parfois très inférieurs aux drones MALE lourds offrant des performances similaires, comme le MQ-9 Reaper américain, l’Eitan israélien ou encore l’Akinci turc.

Un drone MALE hybride entre le TB2 Bayraktar et le MQ9 Reaper

Avant d’entrer dans le détail de l’analyse, il convient de rappeler que les informations diffusées autour de l’Aarok sont très parcellaires, et qu’il convient donc de les prendre avec prudence, dans l’attente de plus de précisions et de la confirmation des performances annoncées lors des essais en vol.

Notamment, la comparaison en termes de prix unitaire des drones est toujours délicate, dans la mesure où les drones MALE sont mis en œuvre comme système complet autonome composé de plusieurs drones, mais également d’un poste de contrôle et d’une station de communication assurant la liaison avec l’appareil, rendant le prix unitaire public souvent difficile à comparer, car basé sur des périmètres différents.

Par ailleurs, en l’absence de détails techniques, surtout concernant l’équipement de l’appareil dans le prix annoncé, le potentiel opérationnel résultant peut s’avérer grandement différent, par exemple, selon que l’appareil est ou non équipé d’une communication satellite lui offrant un rayon d’action décuplé, mais aussi pour ce qui concerne sa vitesse et son altitude de croisière avec ou sans charge externe, tous ces éléments conditionnant naturellement son employabilité.

Pour autant, en admettant que le prix et les performances annoncées jusque-là soient basées sur des configurations comparables à celles employées par les drones turcs, américains ou israéliens de masse comparable, l’Aarok sera en mesure de se proposer des performances et capacités de drones MALE « haut de gamme » ou « lourds », comme le MQ9 Reaper ou l’Akinci bimoteur, pour un tarif proche de celui des drones MALE léger comme le TB2 Bayraktar.

tableau comparatif AAROK Reaper Akinci Eitan Win long 2 Patroler Eurodrone TB2
La comparaison des performances et prix des drones MALE et drones en service et à venir au sein des armées françaises, montre le positionnement exceptionnel de cet appareil, offrant des performances très élevées à un tarif de drones beaucoup plus légers.

Ainsi, en termes de capacité d’emport et de masse maximale au décollage, l’Aarok évolue dans la même catégorie que le Reaper ou l’Akinci, de même pour ce qui concerne l’autonomie. Il s’avère même supérieur au Wing Loong 2 chinois et proche de l’Eitan israélien dans ces domaines, ces appareils ayant connu un important succès international jusqu’ici. En revanche, en termes de prix et en dehors du Wing Loong 2, l’Aarok s’avère sensiblement en dessous des Reaper et Eitan, et même inférieur au prix de l’Akinci turc.

En comparaison de drones plus légers, comme le TB2 Bayraktar, le drone français s’avère effectivement plus cher, probablement autour de deux fois, mais offre des performances considérablement plus élevées, par exemple, avec une capacité d’emport 10 fois plus importante.

L’Aarok complémentaire de l’Eurodrone RPAS

Par sa propulsion par turbopropulseur, il est également probable que l’Aarok aura également une vitesse de croisière entre deux et 3 fois plus importante que le TB2, un plafond au moins 50% plus élevé, et un rayon d’action au combat au moins 10 fois plus étendu, par la conjonction d’une vitesse plus élevé et d’une connectivité satellite faisant fi de la ligne de visée électromagnétique.

En bref, l’Aarok va pouvoir proposer les performances d’un drone de combat MALE lourd, comme le MQ-9, pour un prix sensiblement proche de celui d’un drone MALE léger, comme le TB2, sur un marché relativement vierge de ce type d’offre en occident, en dehors de l’Akinci bimoteur turc.

Par ailleurs, d’un certain point de vue, l’arrivée de l’Aarok est une bonne nouvelle pour le développement du drone MALE lourd Eurodrone RPAS européen. En effet, celui-ci est fréquemment critiqué pour ses couts excessifs et ses délais. Le fait est, une fois intégré les couts de développement et ramené aux nombres de systèmes effectivement commandés, chaque RPAS coutera plus de 100 m€ aux forces armées les mettant en œuvre.

Eurodrone RPAS
L’arrivée de l’Aarok permettra probablement à l’Eurodrone RPAS de se spécialiser davantage sur les missions pour lesquels il apporte la plus grande plus-value

Mais cette vision ne représente qu’une partie de la réalité. En effet, le RPAS est destiné à apporter des capacités hors de portée d’un drone comme l’Aarok, ou même d’un Reaper, notamment pour prendre place au sein du futur Système de combat Aérien (SCAF) européen, par exemple pour assurer la connectivité et le suivi des nombreux drones de combat et systèmes concomitants de la 6ᵉ génération.

Pour cela, le RPAS doit répondre à un cahier des charges autrement complexe que des drones plus légers, ceci expliquant les couts de développement élevés (et augmentés par l’approche européenne) et donc le prix unitaire tel que calculé aujourd’hui.

Or, jusqu’ici, le RPAS était le seul drone MALE à hautes performances en développement en Europe, amenant les armées européennes à le considérer pour des missions ne requérant pas un système aussi évolué et performant, et donc aussi cher, ceci venant amplifier la perception de prix excessif du drone.

L’arrivée de l’Aarok va permettre, dans ce contexte, de répondre à ces besoins intermédiaires, comme pour évoluer pleinement dans la gamme du Reaper, que ce soit pour l’appui feu, la surveillance ou la patrouille maritime, et libérer le potentiel du RPAS pour des missions pour lesquels le drone a été pleinement conçu.

Une nouvelle doctrine industrielle et d’innovation pour la DGA

Pour autant, l’expérience Aarok montre également que l’approche industrielle appliquée depuis longtemps par la DGA, privilégiant le plus souvent des grandes entreprises pour tous ses contrats, y compris pour les approches disruptives, n’était probablement pas la plus efficace, notamment pour développer des équipements se voulant très innovants et économiques.

En effet, plus que la comparaison avec le RPAS, l’arrivée de l’Aarok, s’il confirme les déclarations initiales, va mettre en lumière les couts liés au développement et à la construction du drone léger Patroller.

Baykar Akinci
En termes de performances et de prix, l’Aarok se rapproche de l’Akinci du turc Baykar

Plus que jeter l’opprobre sur Safran et plus globalement sur les grandes entreprises de la BITD, même s’il est vrai qu’elles ont des structures de couts peut être incompatibles avec ce type de développement, c’est aussi la question des sur-spécifications initiales entrainant la conception d’un drone léger équipé comme un drone MALE, mais n’ayant au final, que les capacités d’un drone léger, qui pourra être mise en perspective par le développement de l’Aarok, développé en secret, et donc sans interférence par Turgis & Gaillard, une Entreprise de Taille intermédiaire dont le chiffre d’affaires atteint 50 m€.

Quoi qu’il en soit, pour peu qu’il vienne à confirmer les annonces initiales, ce nouveau drone a le potentiel non seulement d’apporter des capacités complémentaires à celles offertes par le Patroller et le futur Eurodrone RPAS aux armées françaises, mais il est en mesure, surtout, de profondément redessiner l’offre européenne et même internationale dans le domaine des drones de combat MALE.

Bien plus puissant que les drones légers comme le TB2, mais bien moins onéreux qu’un Reaper et un Eitan, tout en pouvant s’appuyer sur la réputation ainsi que la puissance commerciale de l’industrie de défense française à l’internationale, l’Aarok représente donc un atout potentiel de taille pour la France, tant pour ses armées que pour son industrie de défense, sur un marché en forte demande de ce type de solution.

Reste désormais à faire la démonstration de tout le potentiel de ce nouveau drone, pour transformer les nombreux espoirs qu’il a fait naitre depuis sa sortie du bois, en un succès opérationnel et commercial qu’on lui prédit.

Rheinmetall parie désormais ouvertement sur l’échec du programme MGCS

Depuis son arrivée dans le programme MGCS en 2019, le groupe industriel allemand Rheinmetall a fréquemment eu une posture pour le moins ambiguë, laissant supposer qu’il ne vise pas au bon déroulement de celui-ci. Dans une récente déclaration, Armin Pappeger, le CEO du groupe de Düsseldorf, a clairement indiqué qu’il jouait désormais contre le programme franco-allemand de char de combat de nouvelle génération.

La présentation du char de bataille KF-51 Panther par l’allemand Rheinmetall à l’occasion du salon Eurosatory, il y a tout juste un an, a fait office de détonateur dans une industrie européenne de l’armement blindé lourd sclérosée par 30 années de marché atone depuis la fin de la guerre froide.

Non seulement s’agissait-il d’un démonstrateur fonctionnel, mais selon le discours de Rheinmetall, le modèle présenté pouvait faire office de prototype, tant il avait été conçu en ce sens par les ingénieurs allemands.

Concomitamment à cette annonce, le groupe de Düsseldorf a entamé, à partir de ce moment, une campagne de communication et de lobbying politique, de sorte à présenter son char comme une alternative au programme franco-allemand Main Ground Combat System, ou MGCS, qui rassemble le français Nexter et l’allemand Krauss-maffei Wegmann au sein de KNDS, mais également Rheinmetall, après que le groupe a mené une intense campagne politique pour l’intégrer en 2019.

Depuis, le programme MGCS, s’il n’est pas à l’arrêt complet, est toutefois très handicapé, principalement depuis que l’arrivée de Rheinmetall est venue profondément perturber le partage industriel jusqu’ici parfaitement établi entre Nexter et KMW, alors que la France et l’Allemagne doivent financer à parts égales le programme.

En effet, non content de l’avoir rejoint, Rheinmetall est venu avec d’importantes exigences, notamment pour piloter, là encore à parts égales avec Nexter et KMW, les piliers du programme.

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L’arbitrage de la Bundeswehr en faveur du Leopard 2A8 pour remplacer les A6 envoyés en Ukraine, a été un sévère coup porté aux ambitions de Rheinmetall pour lancer le Panther

Naturellement, il en est résulté une équation impossible à résoudre, entre un partage industriel équilibré entre la France et l’Allemagne d’une part du fait du cofinancement, et le partage industriel entre les trois industriels, dont deux sont allemands et un seul français, de l’autre.

Si, comme nous l’avons déjà abordé, le programme MGCS est désormais menacé au-delà de l’arrivée de Rheinmetall par l’explosion de la demande en matière de chars de génération intermédiaire liée au durcissement des tensions internationales, la stratégie visée par Armin Papperger, le CEO de l’entreprise, a depuis été mise à mal par l‘arrivée d’un nouveau char de KMW, le Leopard 2A8, immédiatement commandé par la Bundeswehr, et bientôt très probablement par la République Tchèque et la Norvège.

De fait, la ruée attendue sur le KF-51 Panther n’a pas encore eu lieu, et risque même de ne jamais arriver du fait de l’arbitrage de la Bundeswehr en faveur du A8. Pour autant, le bouillonnant dirigeant allemand semble ne pas vouloir désarmer, bien au contraire.

Dans une interview donnée au site rnd.de, il a une nouvelle fois soutenu l’hypothèse de prochainement entreprendre la construction d’une usine dédiée à la production du char, en Ukraine. Interrogé sur les risques qu’une telle infrastructure puisse être la cible des bombardements russes, il a mis en avant le fait que d’autres usines d’armement continuaient de fonctionner dans le pays, et que les Ukrainiens disposaient des capacités pour protéger de telles infrastructures contre d’éventuelles frappes.

Paradoxalement, le CEO a tenu à préciser qu’une telle usine tournerait sans personnel allemand. On voit jusqu’où va la confiance du dirigeant dans la sécurité effective du site…

le programme MGCS pourrait bien ne pas respecter le calendrier initial de 2035
Rheinmetall semble simultanément jouer contre le programme MGCS de l’intérieur, en bloquant de nombreux processus, et de l’extérieur, en faisant la promotion du KF51 comme une alternative à ce programme

Dans la même interview, Armin Papperger a clairement exprimé ses réserves quant au devenir du programme MGCS, tout en précisant que le Panther était en mesure de répondre précisément aux besoins présents et à venir des armées européennes dans ce domaine. Selon lui, en trois ans, le programme n’a que peu progressé, alors que dans le même intervalle de temps, le Panther a été presque finalisé.

Bien évidemment, M Papperger a omis, dans cette démonstration, de préciser que le programme MGCS est presque à l’arrêt, précisément du fait de l’arrivée de Rheinmetall et de l’obstruction bien réelle que l’entreprise a mené, depuis, au cœur de la perte de dynamique constatée aujourd’hui.

Du fait de la stratégie développée par Rheinmetall autour du Panther, dont la conception remonte au milieu des années 2010, et de l’attitude de toutes évidences très peu constructive de l’entreprise allemande depuis qu’elle a rejoint, à sa demande et avec force insistance, le programme MGCS, on est naturellement en droit de se demander si l’objectif effectivement visé par Rheinmetall dans le cadre de ce programme, n’est pas précisément de le faire dérailler, ou du moins de le ralentir au point que son calendrier ne réponde plus aux attentes des armées et des deux autres industriels ?

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Armin Papperger, le CEO de Rheinmetall, estime qu’il est parfaitement possible de protéger une usine produisant des Panther en Ukraine. Pour autant, il exclut la possibilité d’envoyer des personnels allemands sur place ….

Reste qu’entre Rheinmetall qui tente de briser le programme de l’intérieur, et le reste de la BITD allemande qui semble bien déterminée à le reporter ad vitam pour libérer les espaces commerciaux pour le Leopard 2A8, son successeur en développement, le Leopard 2AX, et éventuellement le Panther de Rheinmetall dont ils sont également partis prenants, il semble bien que le programme MGCS soit désormais, à ce point menacé de toutes parts, que les chances qu’une réelle solution n’émerge pour lui donner naissance, sont aujourd’hui des plus réduites.

La seule alternative, pour préserver ce programme par ailleurs indispensable à l’équilibre de la coopération industrielle franco-allemande de défense et le programme SCAF, serait qu’une nouvelle fois, à l’instar de ce qui fut fait pour le programme SCAF précisément, les ministres français et allemands de tutelle, imposent une trajectoire ferme aux industriels eux-mêmes, à supposer que les deux hommes aient effectivement une vision commune à mettre en avant.

Malheureusement, aujourd’hui, l’observation objective des déclarations de chacun, et de leurs écosystèmes défense concernés, est loin de montrer qu’une telle unité puisse émerger dans les semaines ou mois à venir, alors que dans le même temps, la BITD allemande se met en ordre de bataille pour répondre à la demande immédiate, et que la BITD française dans ce domaine est, en grande partie, dans l’attente des arbitrages à venir.

Les exportations militaires israéliennes ont explosé en 2022 grâce à l’Europe et aux pays du Moyen-Orient

12,5 Md$ ! C’est le montant record des prises de commande concernant les exportations militaires israéliennes pour l’année 2022, selon le Ministère de la Défense israélien. Il s’agit d’une hausse de près de 50% sur les 3 dernières années, et deux fois plus que les montants d’exportation enregistrés, il n’y a que 10 ans.

Selon les données transmises par Jérusalem, 25% des commandes concernent des drones et autres munitions vagabondes, 13% les systèmes radars et de guerre électronique, 10% les équipements optroniques, et 12% les systèmes d’information, de commandement et de collecte d’information, alors que 6% proviennent des activités cyber. Les autres domaines notables sont l’avionique (5%), les véhicules blindés (5%) et les munitions (4%).

Les principaux clients de l’industrie de défense israélienne sont moyen-orientaux, les pays concernés par les accords d’Abraham ayant commandé pour 3,5 Md$ d’équipements à Jérusalem en 2022, soit autant que le montant global des exportations de défense du pays en 2005.

Mais ce sont surtout les Européens, avec plus de 4 Md$ de commandes enregistrées l’année dernière, qui ont fait progresser les exportations du pays, un montant presque multiplié par 10 vis-à-vis des 412 m$ enregistrés cinq ans auparavant.

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Le Danemark a préféré l’Atmos israélien au Caesar français ou à l’Archer suédois pour remplacer les 18 caesar 8×8 transférés à l’Ukraine.

Il est vrai que ces derniers mois, les équipements israéliens firent souvent les gros titres en Europe, qu’il s’agisse des systèmes anti-aériens comme le David Sling, le Spyder ou l‘Arrow-3, mais aussi dans le domaine de l’artillerie à longue portée avec le système PULS et le canon porté Atmos, ainsi que les missiles antichars SPIKE et le système hard-kill Trophy qui équipera de nombreux chars de génération intermédiaire européens (Leopard 2A8, Challenger III, KF51 Panther …)

Cette hausse des importations d’équipements israéliens est notable du fait que nombre d’entre eux existent également dans le catalogue des industriels européens, avec les systèmes anti-aériens SAMP/T Mamba, Iris-t et Mica VL, les canons portés Archer et Caesar, ainsi que le missile antichar Akheron MP.

Il est vrai que, dans ce domaine, Jérusalem peut s’appuyer sur un important soutien de l’industrie allemande, qui a acquis une réelle expertise pour « européaniser » les matériels israéliens avec la coentreprise Eurospike déclinée depuis en EuroTrophy, EuroPuls ou encore EuroArrow.

On notera aussi que ces excellents résultats sont obtenus sans qu’il soit nécessaire à Jérusalem d’exporter des systèmes réputés onéreux et dimensionnant, comme les avions ou hélicoptères de combat, ainsi que les navires de surface ou sous-marins. Et même les blindés israéliens, pourtant réputés très efficaces, ne représentent qu’une fraction faible de ces exportations.

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Bien qu’il existe un APS Hardkill européen, l’ADS de Rheinmetall, tous les chars de génération intermédiaire européens seront équipés du Trophy israélien

De fait, la dynamique mise en évidence par ces excellents résultats, montre de toute évidence une certaine transformation de la réalité du marché de l’armement mondial, y compris européen, transformation parfaitement anticipée par les industriels israéliens, mais en partie ignorée des acteurs européens, qui concentrent souvent leurs efforts sur le développement de systèmes d’arme majeurs requérant des investissements très importants, mais dont l’exportation est difficile et très concurrentielle.

Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que 2022 ne sera pas un épiphénomène lié à la guerre en Ukraine. En effet, les équipements israéliens semblent très bien placés dans de nombreuses compétitions aujourd’hui, en particulier en Europe, ce qui laisse supposer une certaine stabilisation des exportations israéliennes de défense dans les années à venir, à des niveaux très élevés.

La question est désormais de savoir si les Européens sauront évoluer pour pallier cette dépendance stratégique, ou si, comme c’est le cas en Allemagne, celle-ci sera pleinement assumée à l’échelle du vieux continent et de son autonomie stratégique.

L’Indonésie se rapproche d’une commande de sous-marins Scorpène auprès de Naval Group

Après la Roumanie et les Philippines, les sous-marins Scorpène du Français Naval Group se rapprochent désormais d’une probable commande en Indonésie.

On le sait, le marché indonésien de l’armement est un marché compliqué, ou les annonces précèdent souvent de beaucoup les décisions réelles, avec parfois des revirements radicaux dans l’intervalle. Il faut donc interpréter avec prudence l’annonce relayée par Janes selon laquelle la ministre des Finances indonésienne, Sri Mulyani Indrawati a autorisé son homologue de la défense, Prabowo Subianto, à souscrire un plan de financement de 2,16 Md$ pour l’acquisition de 2 nouveaux sous-marins.

Pour autant, cette annonce pourrait bien prochainement venir enrichir le carnet de commande Naval Group, aujourd’hui considéré, avec le sous-marin Scorpene, comme le favori de cette compétition, notamment face au modèle sud-coréen, longtemps considéré comme le choix de prédilection de Jakarta.

En effet, en novembre 2022, le français Naval Group et le chantier naval indonésien PT PAL, ont signé un Memorandum of Understanding pour préparer la collaboration et le transfert de technologies dans le but de construire et entretenir les 2 sous-marins Scorpène qui firent l’objet d’un MoU signé par les ministres de la Défense indiens et français à ce sujet, concomitamment à la commande de 42 avions Rafale en février 2022.

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Le ministre de la Défense indonésien Prabowo Subianto et la ministre des Armées Florence Parly en février 2022 lors de la commande des 6 premiers Rafale indonésiens, et la signature d’un MoU sur l’acquisition de 2 sous-marins Scorpene

Il convient de rester prudent quant à une commande prochaine indonésienne de deux sous-marins Scorpene. Toutefois, force est de constater que le modèle français est aujourd’hui dans une dynamique très favorable, étant considéré comme le favori aussi bien en Indonésie qu’en Roumanie et aux Philippines, ces 3 pays étant pressentis de devoir effectivement lancer leur programme au cours de l’année 2023.

À ce jour, avec 14 exemplaires en service ou en construction au sein de quatre marines (Chili, Malaisie, Inde et Brésil), le Scorpene est d’ores et déjà un immense succès commercial et technologique pour Naval Group mais également l’ensemble de la BITD navale française qui participe à sa conception, sa fabrication et sa mise en œuvre.

Au point qu’après presque 3 décennies de suprématie absolue de l’Allemand TKMS dans ce domaine avec le Type 209 puis le Type 214, Naval Group fait figure aujourd’hui de challenger principal sur le marché mondial, et ce, malgré les conséquences de l’annulation de la commande australienne.

Ce d’autant que si le Scorpene continue une fructueuse carrière commerciale et opérationnelle, la relève est déjà là chez Naval Group, notamment avec le Marlin proposé notamment au Canada, aux Pays-Bas et peut-être à la Pologne suite à l’évolution de son cahier des charges, un navire qui dispose d’atouts propres uniques pour s’imposer.

Les sous-marins Scorpène sont déjà en service dans 4 marines mondiales
Le français Naval Group s’est créé une réputation de grande efficacité pour conduire la construction locale de sous-marins accompagnée de transferts de technologie, en Inde comme au Brésil.

En outre, Naval Group peut désormais s’appuyer sur plusieurs exemples réussis de construction locale et de transferts de technologies, notamment en Inde et au Brésil, des atouts de taille notamment pour les pays qui, comme l’Indonésie, ambitionnent de construire leurs propres navires.

Reste que la concurrence, elle aussi, se structure. TKMS semble désormais en bonne voie pour remporter la compétition P75i indienne (à laquelle Naval Group ne participe pas), alors que la Corée du Sud et son Dosan Anh Changho se montre très active, notamment en Pologne et au Canada.

Quant à la Suède et son A26, elle s’est associée à Lockheed-Martin et la BITD américaine pour optimiser ses chances aux Pays-Bas. Enfin, la Russie, avec les 636.3 et les Lada, et la Chine avec les Type 039, demeurent très présents sur leurs segments. Dans tous les cas, les compétitions à venir seront féroces et très disputées, et il faudra à Naval Group s’appuyer sur tous ses atouts technologiques, industriels et politiques, pour l’emporter dans les années à venir.

La Norvège se tourne vers le Leopard 2A8 pour remplacer ses chars Leopard 2A4NO

En février dernier, au terme d’une compétition semble-t-il très équilibrée face au K2 Black Panther sud-coréen, Oslo avait annoncé sa décision de se tourner vers le char allemand Leopard 2A7 pour remplacer les 52 Leopard 2A4NO acquis au début des années 2000 d’occasion auprès des Pays-Bas.

Selon le communiqué norvégien, si les deux blindés avaient montré de performances et capacités similaires et répondant tous deux aux besoins exprimés par l’Armée Norvégienne, le char allemand de Krauss-Maffei Wegmann avait été choisi sur des critères de proximité économiques, politiques et militaires avec Berlin.

Depuis, le marché des chars de combat a sensiblement évolué, en particulier sous l’action conjuguée des conséquences de la guerre en Ukraine, ainsi que de l’émergence de nouvelles offres, particulièrement le KF-51 Panther de Rheinmetall.

La Norvège se tourne vers le Leopard 2A8
Le Leopard 2A7 (à gauche) et le K2 Black Panther (à droite) ont fait jeu égal lors des essais en Norvège.

C’est ainsi que mi-avril, le concepteur du Leopard 2 présenta une nouvelle version du char, désignée 2A8, intégrant notamment nativement le système de protection actif hard-kill Trophy et un système de vision et perception étendue avec fusion de données pour l’équipage.

Cette annonce de l’arrivée d’une nouvelle version du char occidental le plus exporté de ces 40 dernières années, n’a pas tardé à susciter l’intérêt. À peine un mois après celle-ci, la Bundeswehr annonçait se tourner vers ce nouveau standard pour le remplacement des 18 Leopard 2A6 transférés aux forces ukrainiennes, non sans poser une option de 123 unités supplémentaires, aussi bien pour assurer de possibles acquisitions à venir de la Bundeswehr que pour mettre en place, comme se fut fait quelques semaines auparavant concernant le Puma, une offre à l’exportation attrayante et très encadrée, proche dans son fonctionnement du FMS américain.

Là encore, l’initiative ne tarda par à engendrer des réactions positives en Europe. Ainsi, 10 jours seulement après l’annonce de Berlin, Prague annonçait à son tour son intention d’acquérir 70 de ces nouveaux chars, et non le 2A7+ envisagé jusque-là. Comme on pouvait s’y attendre, Oslo a également suivi la dynamique en cours, en indiquant, en début de semaine, se tourner vers le Leopard 2A8 plutôt qu’une évolution du 2A7 pour le remplacement de ses propres 2A4NO.

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La Norvège aligne une cinquantaine de Leopard 2A4NO, dont 36 opérationnels en unité, acquis au début des années 2000 d’occasion auprès des Pays-bas.

Fondamentalement, ce basculement de version ne change pas grand-chose quant aux performances et capacités du nouveau char attendu par l’armée norvégienne, le 2A8 étant très inspiré du 2A7HUN commandé par la Hongrie. Pour KMW, en revanche, cela permet de dimensionner efficacement son outil industriel pour produire de manière uniformisée le blindé tant pour la Bundeswehr que pour les 2 clients en devenir européens, avec un carnet de commande qui dépassera déjà les 140 exemplaires.

On ignore toutefois à quel point les chars norvégiens et tchèques seront, ou pas, décomptés de l’option de 123 unités posée par la Bundeswehr pour garantir un standard fonctionnel et budgétaire facilitant les exportations.

Quoi qu’il en soit, cette annonce, bien qu’attendue, accrédite la stratégie retenue par KMW et Berlin dans ce domaine, qui vise à faire du Leopard 2 dans sa version A8 et dans la version à venir AX, le futur standard de chars au sein des forces armées européennes, pour les 2 ou 3 décennies à venir.

Comme nous l’avons à plusieurs reprises abordé, cela vient également menacer directement le calendrier du programme franco-allemand MGCS, dont l’échéance à 2035 et même 2045, semble de plus en plus menacée par l’arrivée, et surtout le succès commercial, des nouvelles versions du Leopard 2.