mercredi, décembre 3, 2025
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États-Unis et Inde signent un partenariat industriel défense se voulant ambitieux, encore !

Pour les États-Unis, l’Inde représente un enjeu stratégique en matière de défense, notamment pour ce qui concerne le contrôle de la montée en puissance des forces militaires chinoises. Non seulement l’Inde et la Chine sont les deux plus grande puissance économique et démographique du continent, mais elles partagent plus de 3000 km de frontières terrestres.

En outre, New Delhi dispose d’une puissante armée conventionnelle, et d’une force nucléaire significative. De fait, en bien des aspects, l’Inde représente pour Washington la clé pour garder sous contrôle la menace chinoise dans les décennies à venir.

Il n’y a donc rien de surprenant à ce que les États-Unis produisent de très importants efforts pour lier des liens solides avec le pays, et multiplie les rencontres officielles à ce sujet.

C’était notamment le cas ne début de semaine à l’occasion d’une visite rapide du Secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, afin de rencontrer son homologue indien Rajnath Singh pour donner l’impulsion à un nouveau plan qui se veut très ambitieux pour accroitre la coopération technologique au travers d’un nouveau partenariat industriel défense entre les deux pays.

Selon le communiqué américain, Washington et New Delhi ont ainsi convenu d’accroitre de manière très significative leur collaboration dans ce domaine, qu’il s’agisse de concevoir et produire des équipements existants, et pour entreprendre de nouveaux développements conjoints, dans de nombreux domaines allant du combat aérien à la guerre sous-marine, en passant par les technologies de renseignement et de surveillance.

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Les 4 et 5 mai 2023, le ministre des Affaires étrangères indiens Subrahmanyam Jaishankar a reçu ses homologues de l’Organisation de Coopération de Shanghai, dont le Russe Lavrov et le chinois Chang.

Si cet accord constitue potentiellement une avancée dans le rapprochement entre les deux pays, il convient de rester prudent quant à ses implications réelles, loin d’un retour de ban de la part de New Delhi.

Les autorités indiennes s’attachent en effet traditionnellement à maintenir une posture neutre entre les différents blocs, une politique héritée de la décolonisation et du mouvement des non-alignés dont l’Indien Nehru et l’indonésien Soekarno ont été les instigateurs aux côtés du Yougoslave Tito et de l’Égyptien Nasser en 1956.

Ainsi, il n’y a de cela que quelques semaines, le ministre indien Subrahmanyam Jaishankar, organisait à Panaj, la rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de Coopération de Shanghai ou SCO, à laquelle participèrent notamment son homologue chinois Qin Chang ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov.

Quelques semaines plus tôt, fin mars, le très influent secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrushev, venait à New Delhi pour rencontrer directement Narendra Modi, là encore pour traiter de coopération, notamment en termes de défense.

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Les États-Unis ont signé avec l’Inde pas moins de 4 accords de coopération de défense depuis 2015, sans résultat vraiment probant à ce jour.

Surtout, ces dernières années, les États-Unis ont multiplié les accords avec New Delhi, en 2015 avec la signature d’un accord de coopération de défense de 10 ans, en 2016 par la signature d’un accord stratégique de coopération dans les questions de défense, ou encore en 2020, lorsque l’Inde et les États-Unis ont signé un accord pour… accroitre leur coopération de défense notamment dans le domaine du renseignement concernant la Chine.

En réalité, chaque nouvelle administration US tend à vouloir signer un nouvel accord avec New Delhi, sans que jamais les accords précédents n’aient donné de résultats probants, en dehors de l’acquisition par l’Inde de certains équipements militaires lui faisant défaut, comme les avions de patrouille maritime P8A Poseidon, les drones MALE Gardian, ou encore les hélicoptères de combat AH-64, sans que jamais cela ne vienne entraver les acquisitions indiennes en Russie, ou la posture vis-à-vis de la Chine.

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P8 Poseidon de la Marine Indienne

Pour les autorités indiennes, très consciente du poids croissant que prendra le pays tant dans la sphère économique que politique et militaire dans les années à venir, l’objectif de ces accords, signés avec les États-Unis, mais également avec bien d’autres pays, n’est autre que de conserver la plus grande autonomie stratégique sur la scène internationale, et surtout de ne pas se retrouver, par l’entremise d’alliances et d’accords de défense strictes, engagée dans un conflit non désiré.

Les Mirage 2000-5 qatari bientôt en Indonésie ?

En novembre dernier, les autorités indonésiennes annonçaient avoir libéré une enveloppe de 3,9 Md€ pour financer l’acquisition d’une seconde tranche de 18 avions Rafale neufs auprès de Dassault Aviation dans le cadre d’un engagement d’acquisition globale de 42 appareils, ainsi que les 12 Mirage 2000-5 EDA et DDA qataris comme solution intermédiaire dans l’attente de l’arrivée d’appareils plus modernes. 

Depuis, le sujet est resté plus ou moins figé, tout du moins sur la scène publique, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier ayant annoncé il y a quelques semaines face au Sénat qu’il entendait recevoir prochainement le paiement de l’acompte requis pour activer la construction de la seconde tranche de Rafale indonésiens. Quant aux Mirage 2000-5 du Qatar, l’écosystème défense est resté particulièrement discret quant au devenir de ces appareils.

Mais il se pourrait que les choses aient avancé dans cet intervalle de temps. En effet, selon une information diffusée par le site de renseignement privé Intelligence Online, les instructeurs et équipes de la société Defense Conseil International, un des piliers du soutien aux exportations d’équipements de défense français sur la scène internationale, auraient été très actifs ces derniers mois sur la base aérienne de Doha, précisément pour préparer le transfert de 12 appareils vers Jakarta, avec l’aval de Paris selon l’article.

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Après l’Inde, l’Indonésie est le deuxième pays asiatique à s’être prononcé en faveur du Rafale français pour former l’ossature de sa flotte de chasse.

De fait, on peut anticiper que les Mirage 2000-5 qatari pourraient très prochainement rejoindre les forces aériennes indonésiennes pour en étendre les capacités, sur un théâtre pacifique de plus en plus épidermique.

L’arrivée de cet appareil leur offrira des capacités bienvenues, notamment grâce à sa grande efficacité en tant qu’intercepteur rapide doté de capacités d’engagement au delà de la portée visuelle, dans l’attente de l’entrée en service des nouveaux Rafale.

Les forces aériennes indonésiennes doivent en effet assurer la protection du ciel sur une surface de presque 2 millions de km², à l’aide de 33 F-16 plutôt plus que moins obsolètes, 11 Su-30MK2 et 5 Su-27 à la disponibilité très incertaine, les obligeant à s’appuyer le plus souvent sur leurs 13 avions d’entrainement T-50 et leurs 22 chasseurs légers subsoniques Hawk 200, pour assurer ces missions.

En dépit de son âge, le Mirage 2000-5 demeure un intercepteur très capable, pouvant rapidement atteindre une altitude supérieure à 15.000 mètres et soutenir une vitesse supérieure à Mach 2.

Il emporte un radar RDY de Thales lui permettant de mettre en œuvre des missiles air-air MICA dotés soit d’un autodirecteur infrarouge pour les combats tournoyants à courte portée, soit un autodirecteur radar très efficace lui conférant une portée d’interception supérieure à 50 km.

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Mirage 2000-5 de l’Armée de l’air en configuration air-air longue distance, avec 3 bidons, 4 missiles air-air MICA EM à moyenne portée et guidage radar, et 2 missiles MICA IR à courte portée et guidage infrarouge

Bien que de génération différente, l’arrivée probable des Mirage 2000 en Indonésie permettra également aux forces aériennes du pays de se familiariser avec les procédures de mise en œuvre des matériels français, tout en permettant une montée en puissance progressive de la chaine de soutien entre la BITD française et les armées indonésiennes. Quant aux équipages, ils pourront mettre en œuvre certains équipements en service sur les deux appareils, comme le missile air-air MICA.

Le JAS-39 Gripen suédois en route pour s’imposer face au F-16V américain aux Philippines ?

Le constructeur suédois SAAB a de quoi être satisfait de son chasseur, le JAS-39 Gripen. En effet, en dépit de l’offensive agressive de la part du Département d’État et de Lockheed-Martin pour tenter de sortir son Gripen des bonnes grâces de Manille, le Secrétaire à la Défense philippin Carlito Galvez et le ministre de la Défense suédois, Pål Jonson, ont en effet signé un Mémorandum of Understanding ou MoU à l’occasion des rencontres de Shangri-la à Singapour, ouvrant la voie à l’acquisition par l’Armée de l’Air Philippines du chasseur JAS-39 Gripen.

Pour l’heure, ce MoU n’atteste que de l’ouverture de négociations directes entre les deux pays pour l’acquisition d’une douzaine de chasseurs, ceux-ci devant venir renforcer la douzaine de chasseurs légers FA-50 acquis auprès de la Corée du Sud en 2012, les appareils ayant été livrés jusqu’en 2017.

Pour Manille, il s’agit de renforcer ses capacités défensives, notamment face à la montée en puissance des tensions avec la Chine, que ce soit autour de la question des revendications en Mer de Chine du Sud de Pékin, que des tensions sino-américaines autour de Taïwan.

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Les forces aériennes philippines ne disposent aujourd’hui que de 12 FA-50 sud-coréens pour les missions de défense aérienne d’un pays de 300.000 km2

Il y a quelques semaines de cela, à la suite de la visite officielle du Secrétaire d’État américain Antony Blinken et du Secrétaire à la Défense Lloyd Austin à Manille, pour rencontrer leurs homologues philippins et resserrer les liens entre les deux pays liés par un pacte de défense, les autorités US avaient proposé la vente de 12 F-16V Block 70 aux forces aériennes philippines, dans un plan comprenant notamment le redéploiement de forces US dans le pays ainsi qu’une aide de 100 m$ pour acquérir des hélicoptères de manœuvre américains.

De toute évidence, la manœuvre de l’exécutif américain avait pour objectif de reprendre la main sur la compétition lancée par Manille 3 ans auparavant, et qui semblait donner un net avantage à l’avion suédois face au F-16V américain. Si dans sa déclaration, Carlito Galvez a précisé que Manille pourrait se tourner vers l’offre américaine dans un avenir proche pour densifier sa force aérienne, la signature du MoU avec son homologue suédois marque donc l’échec de la manœuvre US.

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Washington a tenté d’imposer son F-16V politiquement à Manille, après que la compétition philippine ait donné l’avantage au Gripen suédois

Il s’agit incontestablement d’une excellente nouvelle pour le constructeur suédois, qui rencontre d’importantes difficultés pour exporter ses Gripen depuis plusieurs années. La perte des marchés slovaque en faveur du F16, croate en faveur du Rafale, mais aussi la décision de Prague de se tourner vers le F-35 plutôt que vers la dernière version E/F du Gripen, après avoir mis en œuvre le Gripen C/D pendant deux décennies, ont en effet miné les chances de Saab sur la scène internationale.

Mais c’est probablement la décision du voisin et allié finlandais de choisir le F-35 plutôt que l’offre de Saab, basée sur l’association de Gripen E/F et de l’avion de veille aérienne GlobalEye, qui porta le coup le plus dur à Saab ces derniers mois.

Pour autant, le constructeur suédois semble pouvoir rebondir. En effet, ces derniers mois, plusieurs opportunités se sont dessinés pour le Gripen, avec le Brésil, seul client export du Gripen E, qui a annoncé son intention d’augmenter sa flotte dans les années à venir, le retour de l’option Gripen en Thaïlande après le refus américain de vendre des F-35 à Bangkok, et désormais la signature du MoU avec Manille.

Le Brésil est le seul client export du JAS-39 Gripen E/F
Le Brésil est à ce jour le seul client à l’exportation du Gripen E/F

Long de 15 mètres pour une masse à vide de 5,8 tonnes et une masse maximale au décollage de 14 tonnes, le JAS-39 Gripen est un chasseur monomoteur polyvalent à haute performance entré en service en 1996 au sein des forces aériennes suédoises.

Il a été acquis ou loué depuis, par 5 forces aériennes dans le monde, ainsi qu’en 3 générations itératives, la version A monoplace et B biplace initiale, la version C/D entrée en service en 2002 équipée d’une nouvelle avionique et pouvant être ravitaillé en vol, et son ultime version E/F venant, comme le Rafale F4 ou le Typhoon Block III avec qui il forme la famille des Eurocanards, venant flirter avec la 5ᵉ génération.

Les Pays-Bas vont commander 14 hélicoptères Airbus H225M Caracal à la France

Les forces spéciales néerlandaises vont continuer à faire confiance aux appareils d’Airbus Helicopters semble-t-il. En effet, le secrétaire à la défense néerlandaise, Christophe van der Maat, a annoncé, dans un entretien donné au site d’information De Telegraaf, que les Pays-Bas allaient acquérir une flotte de 14 hélicoptères de manœuvre Airbus H225M Caracal auprès de l’hélicoptériste européen, afin de remplacer les 12 AS532 Cougar en service au sein des forces aériennes royales néerlandaises pour les missions de transport et de recherche et sauvetage au combat.

Le montant du contrat annoncé par le ministre n’est pas encore clairement défini, estimé entre 1 et 2,5 Md€. En revanche, on en sait plus sur le processus de sélection appliqué par La Haye.

Selon M. van der Maat, plusieurs appareils ont été évalués, et seuls le Caracal français et le Black Hawk américain répondaient effectivement aux attentes des forces spéciales néerlandaises. La dimension de la cabine et les équipements ont finalement fait opter en faveur de l’appareil européen.

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Les forces spéciales néerlandaises mettent aujourd’hui en oeuvre 12 AC532 Cougar pour les missions de recherche et sauvetage de combat

Entré en service en 2005, le Caracal, ultime évolution de la famille des Super Puma, est en service au sein d’une douzaine de forces armées, dont la France qui met en œuvre 18 appareils dont 7 pour les missions de sauvetage au combat au sein de l’escadron EH/67 Pyrénées de l’Armée de l’Air et de l’Espace, et huit au sein du 4ᵉ Régiment d’hélicoptères de combat des Forces Spéciales.

L’appareil, long de presque 20 mètres, est sustenté par un rotor de 16,2 m propulsé par 2 turbines Makila 2A1 de 2.380 cv chacune. D’une passe à vide de 5,3 tonnes, il peut transporter 5,7 tonnes de fret, armement et de carburant, sa cabine pouvant accueillir jusqu’à 29 soldats armés.

Rapide, le Caracal a une vitesse de croisière de 262 km/h, et une endurance de 900 km. Mais c’est sa capacité à être ravitaillé en vol qui lui permet de se distinguer, peu d’appareils, en particulier en Europe, disposant d’une telle fonctionnalité indispensable aux missions de recherche et sauvetage au combat, qui consistent à pénétrer en territoire adverse à basse altitude sur de longues distances pour retrouver et ramener un pilote allié qui se serait éjecté.

Le Airbus H225M Caracal peut être ravitaillé en vol par avions K130 et A400M,
L’Airbus H225M Caracal peut être ravitaillé en vol par avions K130 et A400M, lui procurant une allonge potentielle très supérieure à celle de beaucoup d’autres appareils.

La commande néerlandaise arrivera à point nommé pour Airbus Helicopters et le site de Marignane, quelques semaines après que les Émirats Arabes Unis ont annoncé l’annulation d’une commande pour 12 appareils identiques, faisant peser sur l’avionneur européen la responsabilité de l’échec des négociations.

Elle montre également l’attachement des Pays-Bas à Airbus Hélicoptères, après avoir mis en œuvre des Cougar pendant presque 30 ans, et alors que la marine néerlandaise met en œuvre 19 NH90 coproduits par Airbus Helicopters, Leonardo et le néerlandais Fokker, pour les missions de transport, de sauvetage et pour armer les frégates néerlandaises.

Quoi qu’il en soit, il s’agit là incontestablement d’une excellente nouvelle, qui tendra à améliorer l’interopérabilité des forces spéciales françaises et néerlandaises, ainsi que d’un nouveau succès en Europe pour les exportations françaises de défense qui, après deux décennies de vaches maigres, ont repris des couleurs depuis le programme CaMo franco-Belge en 2018, suivi par plusieurs autres réussîtes depuis tant dans le domaine terrestre (Caesar, Titus..) que Naval (FDI, Gowind, Scorpene et GdM..), aérien (Rafale ..) et spatial (satellites).

L’Armée Suisse inquiète sur sa capacité à maintenir ses effectifs

L’Armée Suisse fait, en bien des aspects, l’admiration de beaucoup, et ce, depuis de nombreuses années. Avec une population de seulement 8 millions d’habitants, et uniquement 3.600 militaires professionnels, elle peut en effet mobiliser en quelques jours 8.000 soldats, et 35.000 hommes sur un effectif théorique de 140.000 hommes, selon le plan DEVA (Développement de l’Armée) entré en vigueur en 2014.

En outre, celle-ci est remarquablement équipée pour un pays de cette envergure, par exemple 134 chars Leopard 2A4 modernisés, 190 véhicules de combat d’infanterie CV90, 924 véhicules blindés Piranha ainsi que 36 avions de combat (aujourd’hui F5 et F-18, demain F-35A) et 25 hélicoptères de manœuvre Cougar et Super Puma, en dépit d’un budget réduit de 5 milliards de francs suisses ne représentant que 0,7 % du PIB du pays, celui-ci devant être amené à 1% d’ici à 2035 suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Basée sur le principe d’armée de milices, l’armée suisse s’appuie sur un service militaire obligatoire pour les hommes de 18 à 34 ans, décomposé en un entrainement initial de 4 mois, suivi de périodes de 3 semaines chaque année de mise à jour, jusqu’à atteindre 245 jours de service ou 34 ans.

Au-delà, les personnels demeurent mobilisables en cas d’agression, même s’ils ne sont plus tenus d’effectuer leur mise à jour annuelle. Les officiers, quant à eux, doivent effectuer un service d’autant plus long que le grade est élevé.

Armée Suisse a commandé 36 F-35A pour remplacer les F-5 et F-18 encore en service à ce jour.
L’Armée Suisse a commandé 36 F-35A pour remplacer les F-5 et F-18 encore en service à ce jour.

En dépit de ce mécanisme séculaire qui a assuré la sécurité du pays, l’Armée Suisse fait aujourd’hui face à d’importantes difficultés pour maintenir ses effectifs. En effet, chaque année, lors de la période de formation initiale, jusqu’à 7000 conscrits décident de se tourner vers un service civil, plutôt que de rejoindre les armées.

Dans les faits, chaque année, elle perd ainsi 2000 soldats supplémentaires à ses effectifs théoriques, alors qu’elle fait simultanément face à d’importantes difficultés opérationnelles.

Selon le commandant de corps Thomas Süssli, l’équivalent du Chef d’État-major pour l’Armée Suisse, le désamour des jeunes Suisses pour leur Armée représente aujourd’hui un risque majeur, alors que toute la logique qui sous-tendit la reforme Armée XXI, engagée au début des années 2000, visait à conserver un vivier mobilisable pour compenser la diminution massive des effectifs passés de 524.000 en 2004 à 150.000 hommes dont un tiers de réservistes aujourd’hui, sachant qu’il était alors admis que la Confédération disposerait d’un délai de 10 ans pour répondre à une dégradation de la menace exigent un réajustement de la posture défensive du pays.

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Schützenpanzer 2000 (CV90) de l’Armée Suisse – le pays dispose de 186 de ces véhicules de combat d’infanterie

Selon les militaires, il est supposé que cette situation soit notamment la conséquence d’un manque de flexibilité autour des obligations militaires au cours de la période de rappel, l’Armée suisse étudiant pour ce fait des alternatives pour faciliter la conciliation de la vie civile et personnelle avec les impératifs militaires. Reste à savoir si l’aménagement du service militaire constitue la meilleure réponse pour effectivement renforcer les capacités défensives du pays, alors que la situation sécuritaire s’est très nettement dégradée ces derniers mois.

L’US Navy lance un mystérieux programme de Munitions Rôdeuses pour un montant record de 1 Md$

L’US Navy vient d’annoncer le prochain lancement d’un important programme de Munitions rôdeuses doté d’une enveloppe de 1 Md$, sans pour autant donner davantage de détails à son sujet, notamment pour ce qui concerne le type de drone retenu et l’emploi qui en sera fait.

Si la seconde guerre du Haut-Karabakh, qui opposa en 2020 les armées arméniennes et azerbaïdjanaises, a montré toute l’efficacité opérationnelle des munitions rôdeuses Harop et Harpy de facture israélienne pour éliminer les défenses adverses, la guerre en Ukraine, aujourd’hui, en montre la versatilité, alors que les deux camps emploient ce type de munitions tant à des fins tactiques que pour frapper des cibles dans la profondeur stratégique.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les programmes industriels et/ou nationaux pour développer ce type de munitions se sont multipliés en Europe et partout sur la planète depuis quelques mois, comme ce fut le cas en France avec les programmes Colibri et Larinae, visant à frapper des cibles respectivement distantes de 5 et 50 km, qui ont été annoncés par la DGA en mars dernier.

Le potentiel des Munitions Rôdeuses n’a pas non plus échappé à l’US Navy. Déjà, il y a deux ans, le Office of Naval Research (ONR)  américain avait passé une commande de munitions rôdeuses légères Coyote Block 3 (CB3) de Raytheon pour en tester l’efficacité dans le cadre d’un déploiement naval, mais également pour tester la notion de frappe en essaim contre des cibles navales ou terrestres.

Le programme de Munitions Rodeuses de l'US Navy
En 2021, l’US navy commanda pour 33m$ de munitions rôdeuses Coyote Block III pour expérimenter le déploiement naval et le vol en essaim

Le contrat de 2021 atteignait alors 33 m$, sans aucun rapport avec un nouveau programme de munitions rôdeuses qui vient d’être annoncée par l’US Navy, qui porte sur un montant pharaonique de 1 Md$, soit le plus important contrat pour une munition vagabonde connu à ce jour. Mis en œuvre par le Naval Sea Systems Command, ce contrat est apparu sur la place publique depuis novembre dernier. Pour autant, il demeure très mystérieux, ce d’autant qu’en dépit de son montant, il ne donnera pas lieu à une compétition industrielle.

Dans les faits, en dehors du montant, on ne sait à ce jour que très peu de choses sur ce dossier, ni le calendrier, ni le nombre ou le type de vecteurs, pas même leur finalité n’ayant été rendus publiques à ce jour. Pour autant, l’enveloppe consacrée ne laisse que quelques hypothèses probables, comme la transformation du missile de croisière Tomahawk pour en étendre les capacités et l’autonomie, la transformation d’un drone cible en munition vagabonde comme c’est déjà le cas du XQ-58A de l’US Air Force, ou l’acquisition massive de drones plus réduits destinés à constituer des essaims de drones pour venir à bout des défenses côtières et anti-aériennes adverses à grande distance.

Reste que l’émergence de ce contrat montre que l’US Navy se prépare activement à de possibles scénarios de conflits, face à des adversaires lourdement dotés nécessitant une suppression active des moyens en amont d’une intervention aéronavale. Il s’agit probablement d’une réponse à court terme à la montée en puissance des systèmes anti-aériens et anti-navires à longue portée mis en œuvre par l’Armée Populaire de Libération, par l’Iran, la Corée du Nord ou la Russie.

DF21D missile Etats-Unis | Coopération internationale technologique Défense | Flash Défense
L’élimination des systèmes balistiques anti-navires à longue portée chinois DF-21D par l’US Navy sera probablement la condition préalable au déploiement des navires de surface américains à moins de 2500 km des cotes de Taïwan.

Le fait que ce contrat, qui pourtant pourrait probablement représenter un sujet efficace dans la communication de l’US Navy, soit tenu sous le sceau du secret, indique son caractère stratégique, mais également la réalité des tensions qui opposent aujourd’hui Pékin et Washington autour de Taïwan, obligeant les armées américaines à entreprendre des déploiements d’urgence et confidentiels pour conserver son caractère dissuasif.

Quoi qu’il en soit, ce contrat marque incontestablement l’arrivée des munitions rôdeuses dans la panoplie des armements navals, aux côtés des canons d’artillerie, des missiles et des torpilles. Il est donc probable que dans les années à venir, par mimétisme ou par inspiration, de nombreuses autres marines, notamment occidentales, viennent à suivre la même trajectoire, surtout une fois que le système de l’US Navy sera mieux connu et documenté.

La Marine néerlandaise envisage l’acquisition de navire à équipage réduit pour soutenir ses frégates

Avec le programme Trific, la marine néerlandaise développe un navire à équipage réduit capable d’emporter des capacités modulaires sous forme de conteneur pour soutenir ses frégates dont le nombre ne cesse de diminuer.

À l’instar des avions de combat, les grands navires de surface comme les destroyers et les frégates ont, eux aussi, vu leurs couts d’acquisition et de mise en œuvre croitre sensiblement ces dernières années. Ainsi, les frégates de la classe O.H. Perry étaient vendues à l’US Navy et à ses alliés atour de 120 m$ à la fin des années 80, soit un peu moins de 300 m$ en 2022 en tenant compte de l’inflation, alors que les frégates de mêmes capacités relatives dépassent aujourd’hui les 600 m$, soit le double.

Non seulement les couts matériels et humains ont augmenté de manière significativement plus rapide que les budgets des marines, mais celles-ci rencontrent depuis plusieurs années d’importantes difficultés pour recruter et maintenir leurs effectifs, comme nous nous en sommes faits plusieurs fois l’écho.

C’est la raison pour laquelle de nombreuses marines envisagent de se tourner vers des navires automatisés pour reconstituer la masse perdue, et renforcer les couteuses, mais réduites flottes de frégates et destroyers. C’est notamment le cas de l’US Navy qui a déjà expérimenté plusieurs navires de surface océaniques autonomes, notamment les démonstrateurs SeaHawk et SeaHunter, lors d’exercices majeurs.

Cependant, si l’utilisation des navires robotisés tend à se répandre rapidement pour ce qui concerne les unités légères côtières et les drones sous-marins de reconnaissance autonomes, le développement de navires de surface combattants à capacité océanique se heurte toujours à certaines difficultés, notamment en termes de fiabilité, faisant même craindre à certains planificateurs un embouteillage à venir des sites de maintenance dédiés le cas échéant.

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L’US Navy s’est engagée activement dans le développement de navires autonomes pour accroitre sa masse face à la Marine chinoise

La Marine Néerlandaise ne fait pas exception dans le domaine de la perte de masse. Ainsi, au milieu des années 80, les 12 destroyers de la classe Kortenaer entrés en service entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, étaient épaulés de 2 grands destroyers anti-aériens de la classe Tromp et de 6 frégates de lutte anti-sous-marines de la classe Van Speijk, soit 20 grandes unités de surface combattantes, contre seulement 4 frégates de la classe De Zeven Provicien et deux de la classe Karel Doorman aujourd’hui, dont l’une est inactive par manque de personnels, alors que la flotte sous-marine est, quant à elle, passée de 8 à seulement quatre navires de la classe Walrus.

Pour palier ces difficultés, la Marine Royale Néerlandaise a annoncé, à l’occasion du Combined Naval Event 2023 qui s’est tenu le 24 mai 2023 à Farnborough, avoir lancé une étude baptisée TRIFIC (The Rapidly Increased Firepower Capability), dans le but de développer une classe de navire à équipage réduit dédié au combat de surface, susceptibles d’accroitre la puissance de feu des frégates qui en assureraient le contrôle à distance. Pour répondre à ce besoin, la marine néerlandaise entend s’appuyer sur des modèles commerciaux adaptés, et capables de recevoir des armements et capacités sous la forme de conteneurs interchangeables, à l’instar de ce que devaient initialement faire les LCS américains.

Visuel du navire à équipage réduit du programme trific
Visuels du programme TRIFIC diffusés lors du CNE 23. Remarquez ce qui semble être un canon téléopéré de faible calibre à la proue, et le conteneur ouvert sur la poupe laissant supposer un déploiement par la poupe, par exemple d’un système sonar ou de drones navals/sous-marins complémentaires.

Parmi les capacités envisagées pour ces conteneurs, figurent la mise en œuvre de drones et munitions rôdeuses, le déploiement de systèmes anti-aériens en silos verticaux, ainsi que des capacités de guerre et de renseignement électroniques. La Marine Royale néerlandaise envisage par la suite d’étendre ces capacités pour y ajouter la possibilité de mettre en œuvre des missiles anti-navires, des capacités de frappe vers la terre, de guerre sous-marine, voire des systèmes de détection supplémentaires.

Notons également que si ces navires sont initialement conçus pour renforcer la puissance de feu des frégates, ils en accroitront également considérablement l’évolutivité, à l’instar des drones de combat pour les avions de chasse, puisqu’il sera beaucoup plus aisé et économique de doter ces navires du programme Trific de systèmes supplémentaires, voire de concevoir un type d’ailier spécialisé pour, par exemple, la guerre des mines, que de tenter de doter les frégates elles-mêmes de ces capacités, au risque d’en affaiblir l’intégrité ou d’en modifier le centrage, et dans tous les cas, en imposant une longue immobilisation aux navires.

L’objectif visé par La Haye est de développer une solution susceptible d’être rapidement mise en œuvre, notamment en contournant les difficultés auxquelles se heurte aujourd’hui l’US Navy dans le déploiement de ses unités de surface autonome, en déportant et automatisant tout ce qui peut l’être, comme le contrôle de la trajectoire, des systèmes de combat et de détection, et la détection de pannes, tout en conservant sur le navire un équipage minimal pour traiter les défaillances nécessitant une intervention humaine.

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La Marine royale néerlandaise aligne aujourd’hui 4 frégates de la classe De Zeven Provincien.

De fait, les navires auront probablement une fiabilité et une disponibilité bien supérieure à celles des navires autonomes aujourd’hui. En revanche, il risque de ne pas être aisé de trouver des volontaires pour opérer sur ces navires qui seront, de toute évidence, bien moins confortables que les frégates, et qui risquent fort d’être les premières victimes d’un engagement potentiel…

Sous-marin, Patrouille maritime : le Canada peut-il devenir un partenaire privilégié pour la France ?

Alors que le Canada vient de lancer 2 programmes majeurs dans le domaine des sous-marins et de la patrouille maritime, d’évidentes possibilités de coopération avec la France se font jour.

En dépit de leur proximité culturelle, la France et le Canada n’ont que très rarement collaboré dans le domaine des armements. Traditionnellement, Ottawa tendait en effet à se tourner vers son voisin américain, mais également vers la Grande-Bretagne pour ses programmes d’équipements, alors qu’en matière de coopération internationale, Paris privilégie depuis plusieurs décennies ses voisins directs comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique ou le Royaume-Uni.

C’est ainsi que les forces aériennes canadiennes se sont une nouvelle fois tournée vers un appareil américain, en l’occurence le F-35A, pour remplacer un autre appareil US, le CF-18 Hornet, dans le cadre de la modernisation de sa flotte de chasse, et vers la Type 26 britannique pour remplacer ses frégates de la classe Halifax.

Pour autant, deux programmes majeurs récemment annoncés par Ottawa, pourraient constituer un cadre très prometteur pour une collaboration avec Paris. Il y a quelques semaines, la Royal Canadian Navy a ainsi annoncé son intention d’acquérir 12 sous-marins à propulsion conventionnelle et capacités océaniques, dans une approche proche de celle qui vit le succès de Naval Group en Australie en 2015.

Si Canberra s’est au final tourné vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour se doter de sous-marins à propulsion nucléaire plutôt que conventionnelle, Ottawa a répété, à plusieurs reprises, qu’une telle option n’était pas envisagée par la Royal Canadian Navy.

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Dérivé des SNA de la classe Suffren de la Marine Nationale, le Marlin de Naval Group offre des performances uniques dans le domaine des sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle

Le sous-marin Marlin de Naval Group

De fait, et même si la compétition sera incontestablement féroce face au Type 212CD de l’allemand TKMS, le S80 espagnol, le Taigei japonais ainsi que le Dosan Aah Changho sud-coréen, le Merlin de Naval Group, également appelé Shortfin Barracuda et dérivé des sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Suffren qui entrent en service au sein de la Marine Nationale, aura de sérieux arguments à mettre en avant dans cette compétition.

C’est notamment le cas de la capacité non égalée du sous-marin Marlin pour évoluer à une vitesse de 12 à 14 noeuds tout en restant parfaitement silencieux liée à l’emploi d’un Pump-jet, une hélice carénée employée sur plusieurs modèles de SNA, mais sur aucun sous-marin conventionnel à ce jour, qui en accroit sensiblement la discrétion des navires à haute vitesse en réduisant les bruits de cavitation.

Pour la France et Naval Group, la compétition canadienne représente un enjeu stratégique qui permettrait, dans l’hypothèse d’un succès, au groupe français de finaliser la conception de son Marlin et de disposer d’une référence très significative quant à son efficacité, ce qui constituera, sans le moindre doute, un atout de taille pour aborder les futures compétitions internationales alors que le navire ne sera pas en service au sein de la Marine Nationale.

Les 2 Scorpene chiliens ont joué un rôle similaire dans le succès de ce modèle, qui n’est autre que le sous-marin le plus exporté par la France à ce jour. En outre, ce partenariat potentiel pourrait être étendu à un autre programme clé, le remplacement des avions de patrouille maritime CP-140M Aurora canadiens mais également des Atlantique 2 français.

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Les 2 Scorpene commandés par la Marine Chilienne permirent à Naval group de faire la démonstration de l’efficacité de son modèle. Ce contrat fut le point de départ du plus grand succès commercial français dans le domaine des sous-marins militaires

Falcon10X ou A320Neo de patrouille maritime

Au mois de février dernier, Ottawa a en effet envoyé au Foreign Military Sales américain, une demande d’information concernant l’avion de patrouille maritime Boeing P-8A Poseidon en ce sens. Toutefois, cette hypothèse a déclenché une levée de bouclier de la part de l’industrie aéronautique canadienne, et notamment l’avionneur Bombardier, avec qui Boeing a eu des relations des plus tendues ces dernières années après avoir tenté de faire dérailler une commande de 75 CS100 de Bombardier par la compagnie aérienne US Delta Airline en 2016.

Et de fait, l’avionneur canadien a fait, quelques semaines plus tard, une contre-proposition basée sur son avion d’affaire Global 6500 pour developper une offre de patrouille maritime national, mettant en avant non seulement l’autonomie du pays dans ce domaine, mais également les emplois créés et le potentiel export d’un tel modèle, sur un marché manquant sensiblement d’alternatives au Poseidon de Boeing.

Si la proposition de Bombardier a reçu un accueil plutôt favorable de la part du premier ministre Justin Trudeau, elle a également été vivement critiquée dans la presse et les réseaux sociaux. Nombreux sont ceux qui considèrent qu’un tel développement donnerait non seulement naissance à un appareil moins performant que le P-8A Poseidon, mais surtout que les surcouts de développement n’apporteraient qu’une plus-value industrielle et commerciale faible sur un marché international relativement confidentiel, sur lequel le Canada n’a par ailleurs aucune expérience particulière à mettre en avant.

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L’acquisition de P8A Poseidon de Boeing par la Royal Canadian Air Force, serait un véritable soufflet pour Bombardier

Si, comme nous l’avions abordé dans un précédent article, il n’y a aucune raison de penser qu’un avion de patrouille maritime basé sur le CS 6500, un appareil équivalent en taille comme en performances au Falcon10X de Dassault, vis-à-vis du P-8A basé sur le Boeing 737-800, équivalent de l’A320 Neo d’Airbus, la question de la soutenabilité des développements d’un nouvel appareil sur une flotte de seulement une quinzaine d’appareils, ne peut en revanche être ignorée. C’est précisément là que ce trouve une seconde opportunité de coopération entre les industries aéronautiques et de défense canadienne et française.

En effet, les deux programmes potentiels, qu’il s’agisse de remplacer les CP-140M canadiens ou des Atlantique 2 françaises, visent un format de flotte, des besoins opérationnels ainsi qu’un calendrier relativement proches. Même dans l’approche envisagée par Bombardier comme par Dassault, les deux appareils, le Global 6500 comme le Falcon10X, sont très proches tant en terme de dimensions que de performances, alors que tous deux ont été développés par les avionneurs pour les besoins de l’aviation d’affaire. Enfin, la majorité des couts de développement mais également de fabrication des appareils de patrouille maritime, est le fait des systèmes embarqués, et non de l’appareil lui-même.

le Falcon10X de patrouille maritime représente une plate-forme proche de celle du CS6500 canadien, ouvrant des perspectives de coopération interessantes dans ce domaine.
Le Falcon 10X de Dassault, candidat au remplacement des Atlantique 2 de la Marine Nationale, a des performances et dimensions comparables à celles du Global 6500 de Bombardier

De fait, il pourrait être envisagé pour Paris et Ottawa, de co-développer une suite avionique, systèmes de bords et armement permettant de transformer un Global 6500 comme un Falcon10X, en appareil de patrouille maritime de nouvelle génération, de sorte à s’appuyer chacun sur les avionneurs nationaux, tout en mutualisant les couts de conception et d’intégration de la suite de surveillance maritime et de lutte anti-sous-maritime pour les deux aéronefs.

Une coopération franco-canadienne prometteuse

Cette approche permettrait non seulement de réduire sensiblement les couts et donc la soutenabilité budgétaire pour les deux pays, mais permettrait à Ottawa de s’appuyer sur une BITD ayant déjà une grande expérience dans le domaine de la patrouille maritime, et donc d’en réduire les risques et les délais.

Enfin, d’un point de vue politique et commerciale, cette coopération mutuellement bénéfique et dérisquée, qui offre par ailleurs une réelle plus-value politique en permettant à Ottawa de devoir se tourner vers un appareil de Boeing tout en développant sa propre industrie aéronautique de défense, constituerait un point de départ solide pour un partenariat plus approfondie entre les deux pays et leurs marines, notamment dans le domaine de la guerre sous-marine intimement liée à la mission Patmar, et donc de bâtir une coopération qui s’étendrait au domaine des sous-marins de combat.

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La France est l’un des rares pays maitrisant et ayant l’expérience de l’ensemble de la chaine technologique liée à l’aviation de Patrouille Maritime

Reste que toute évidente que puisse être une telle coopération, la mettre en oeuvre demanderait de franchir de nombreux obstacles. En premier lieu, comme dit précédemment, Paris et Ottawa ne sont pas, jusqu’ici, des partenaires traditionnels dans le domaine de la défense, encore moins de ces domaines précis, d’autant que Dassault et Bombardier sont d’âpres concurrents sur le marché de l’aviation d’affaire.

Surtout, la planification défense française s’avère, le plus souvent, trop rigide pour permettre de se saisir d’opportunités émergentes, mêmes les plus évidentes, ou même de faire preuve d’une certaine inventivité dans le domaine commercial, contrairement par exemple à l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne ou l’Espagne, beaucoup plus souples et opportunistes dans ce domaine. On peut d’ailleurs penser que d’autres acteurs, notamment en Europe, planchent eux aussi sur des scénarios similaires, et ne manqueront pas de venir solliciter Ottawa à ce sujet.

L’Iran affirme avoir développé un missile balistique hypersonique qui capable de déjouer « toutes les défenses existantes »

Téhéran vient d’annoncer avoir développé un nouveau missile balistique hypersonique conçu pour déjouer tous les systèmes existants en matière de défense anti-aérienne et anti-missile, sans les citer, les systèmes David Sling et Arrow 3 israéliens.

On le sait, l’Iran a réalisé, ces dernières années, d’immenses progrès avérés dans le domaine des capacités stratégiques conventionnelles, qu’il s’agisse de drones à longue portée comme le drone Shahed 136 d’une portée de plus de 2000 km utilisé pour harceler les défenses ukrainiennes depuis plusieurs mois par la Russie, les missiles de croisière, mais aussi les missiles balistiques. Les attaques menées contre les aérodromes militaires de Idlib et Al Assad en 2020, mais également les frappes contre les installations pétrolières saoudiennes en 2019, attestent de l’efficacité et de la précision de ces systèmes.

Il y a quelques jours, Téhéran a procédé, à ce titre, à un tir d’essai d’un nouveau modèle de missile balistique de moyenne portée, baptisé Kheibar, dérivé du Khorramshahr testé précédemment, et doté d’une portée supérieure à 2000 km suffisante pour frapper l’ensemble du territoire israélien, ainsi que plusieurs cibles appartenant à l’OTAN en Grèce, en Turquie, en Bulgarie ou en Roumanie. Dans le même temps, les tensions ne cessent de croitre avec Israël sur fond d’intensification du programme nucléaire iranien, en dehors de toutes les règles établies par la communauté internationale et censées garantir le caractère exclusivement civil des travaux iraniens.

Shahed 136 Iran Etats-Unis | Coopération internationale technologique Défense | Flash Défense
Perçues initialement comme des gadgets sans conséquences, les munitions rôdeuses à très longue portée Shahed 136, ou Géranium dans la nomenclature russe, ont montré leur efficacité pour harceler les défenses anti-aériennes de l’adversaire en Ukraine

De fait, l’hypothèse de frappes préventives israéliennes contre les installations nucléaires iraniennes, sont désormais très sérieuses, d’autant que Téhéran clame haut et fort avoir désormais dépasser de plus de 20 fois les quotas autorisés d’uranium enrichis par les centrifugeuses iraniennes, mettant le pays à quelques encablures de pouvoir se doter d’armes nucléaires. Pour se préserver des éventuelles frappes de l’aviation israéliennes, Téhéran développé à marche forcée une puissante offre balistique et de drones censée lui donner un potentiel de seconde frappe suffisant pour dissuader Jérusalem.

Cette menace balistique et potentiellement saturante est prise très au sérieux depuis de nombreuses années par les autorités israéliennes, qui ont doté le pays d’une défense anti-aérienne et anti-balistique multicouche d’une grande efficacité, composée des systèmes anti-balistiques Arrow exoatmosphériques, du système anti-balistique à haute altitude David Sling qui vient de réaliser sa première interception de combat, et du système de protection rapprochée Iron Dome, qui a déjà eu l’occasion de démontrer son efficacité contre les roquettes du Hezbollah ces dernières années.

La prochaine étape lance-bouclier était donc prévisible, et Téhéran vient d’annoncer avoir développé un nouveau missile balistique hypersonique conçu pour déjouer « tous les systèmes anti-aériens et anti-balistiques existants ». C’est en tout cas ce qu’a annoncé le Brigadier général Amir Ali Hajizadeh, le commandant des forces aérospatiales des gardiens de la Révolution depuis 2009.

Le missile balistique hypersonique soi-disant développé par Téhéran doit pouvoir surpasser le bouclier offert par le système Arrow 3
Le système antibalistique exoatmosphérique Arrow 3 assure la protection du territoire israélien contre les missiles balistiques à moyenne portée

Selon l’officier général iranien, ce missile serait capable d’atteindre une vitesse de Mach 13, et conserverait une capacité de manœuvre sur l’ensemble de son vol, que ce soit lors de la phase exoatmosphérique comme dans la phase de descente endoatmosphérique. Il serait désormais en phase de test, et devrait arriver sur la scène internationale sous peu, selon les propos rapportés par l’agence Tasnim News.

Il est difficile de déterminer la véracité des annonces du général Ali Hajizadeh. D’un côté, les progrès réalisés par Téhéran dans le domaine balistique ont effectivement été rapides et maitrisés ces derniers temps, alors que désormais, on peut penser que la recherche iranienne pourrait recevoir davantage de soutien de la part de Pyongyang ou Moscou, deux pays qui effectivement annoncent avoir fait certaines percées dans ce domaine.

Dans le même temps, l’Iran est coutumier de la présentation de wunderwaffen, des armes technologiquement très avancées qui s’avèrent, dans les faits, des effets d’annonce politique destinées à donner le change sur la scène internationale comme nationale. On se rappelle ainsi des présentations des avions de combat Saeqeh ou Kowsar, présentés comme des appareils de 5ᵉ génération, dans les faits des évolutions du F-5.

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Si Téhéran est coutumier des annonces fantaisistes, les progrès réalisés par l’Iran dans le domaine balistique sont bien réels

Reste que ce type d’annonces peut avoir l’effet inverse de celui escompté par Téhéran, surtout si les progrès iraniens dans ce domaine sont avérés. En effet, si les services israéliens de renseignement venaient à avoir la certitude de l’efficacité de ce nouveau missile balistique et de son entrée en service à venir, l’information pourrait convaincre les armées israéliennes de passer à l’action pour neutraliser les installations nucléaires et balistiques iraniennes, de sorte à neutraliser la menace avant qu’elle n’évolue. Dans tous les cas, ces deux belligérants semblent désormais engagés dans une trajectoire menant à la confrontation.

Quand une Intelligence Artificielle de l’US Air Force décide d’éliminer le contrôleur humain pour accomplir sa mission …

En 2005, Jamie Fox et Jessica Biel se donnaient la réplique dans un film d’anticipation baptisé « furtif », l’histoire d’un nouvel avion de combat contrôle par une intelligence artificielle qui, après avoir été frappé par la foudre, commence à considérer que ses ailiers humains sont devenus des obstacles à l’exécution de la mission. La foudre en moins, c’est peu ou prou ce qu’ont pu expérimenter les personnels de l’US Air Force alors qu’ils testaient un drone de combat spécialisé dans la destruction des systèmes antiaériens et contrôlé par une Intelligence Artificielle, lorsque ce dernier décida qu’éliminer le contrôle humain était la meilleure décision pour accomplir sa mission.

Cet épisode, digne d’une nouvelle de la RedTeam, a été narré par le colonel Tucker ‘Cinco’ Hamilton, qui dirige les tests et les opérations d’intelligence artificielle pour l’US Air Force, à l’occasion du sommet 2023 consacré au programme Futur Combat Air System organisé par la Royal Aeronautical Society les 23 et 24 mai à Londres. Selon l’officier supérieur américain, cet événement s’est déroulé alors que l’US Air Force expérimentait depuis un certain temps une IA spécialisée dans le contrôle d’un drone pour éliminer les défenses anti-aériennes adverses.

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l’élimination des défenses anti-aériennes adverses sera l’une des missions principales des drones de combat dans les années à venir

Au fil des essais, l’Intelligence artificielle a été « renforcée » par des processus de Machine Learning, en particulier dans deux points : le rôle primordial de sa mission principale, l’élimination des SAM, et le protocole employé, dans lequel l’IA assurait la recherche, la détection et l’identification des menaces, et devait attendre l’autorisation du contrôle humain pour ouvrir le feu et ainsi accomplir sa mission prioritaire. Que pouvait-il mal se passer ?

Lors d’un essai simulé, le contrôle humain ne donna pas l’autorisation de tir à l’IA après que celle-ci a identifié une cible SAM. Celle-ci décida alors qu’il était nécessaire d’aller au-delà de l’entrave humaine pour accomplir sa mission majeure, la plus gratifiante dans sa programmation. Et donc, celle-ci décida que la meilleure solution était simplement d’éliminer le contrôle humain, donc de le frapper, pour obtenir l’autorisation de tir, ou tout au moins pour lever l’interdiction posée.

Bien évidement, les programmeurs US, qui avaient probablement quelques références asimoviennes dans leurs bagages culturels, avaient pris quelques précautions, et l’IA comprit rapidement qu’éliminer le contrôleur humain mettrait à mal sa boucle de gratification. Elle décida alors de s’en prendre à la tour de communication employée par le contrôleur pour lui imposer l’ordre de ne pas frapper sa cible. Suite à quoi, l’IA fut désactivée et le drone ramené au sol, avec en prime une histoire incroyable pour ls opérateurs.

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L’Intelligence Artificiale pilotant le drone a décidé que le contrôle humain était le maillon faible …

Selon le colonel Tucker ‘Cinco’ Hamilton, ce type d’épisode n’est pas une exception. Ainsi, lorsqu’il encadrait les essais du pilote automatique anti-collision à basse altitude du F-16, plusieurs pilotes ont pu expérimenter une certaine « résistance » de l’IA aux commandes, à laisser le pilote reprendre le contrôle de l’appareil.

Les exemples donnés par le chef des essais d’Intelligence artificielle lors de cette conférence, au-delà de faire incontestablement passer un bon moment à son audience, avaient pour objet de montrer à quel point de l’utilisation des IA dans les systèmes de combat, devait être effectuée avec une grande prudence et donner lieu à de nombreux tests et essais, alors qu’une certaine frénésie s’est emparées du secteur industriel dans ce domaine, dans le but d’obtenir des avancées rapides à moindre cout.

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Les IA contrôlant le système automatique anti-collision du F-16 ont également montré une certaine résistance pour redonner le manche au pilote

Le second objectif était de mettre en garde contre les dérives potentielles des processus de renforcement par Machine Learning des Intelligences Artificielles, un mécanisme certes très efficace et économique, puisque autonome, mais également difficilement contrôlable, et donnant de fait potentiellement des résultats catastrophiques, comme la décision d’éliminer le contrôle humain pour effectuer au mieux sa mission principale. Notons d’ailleurs que ces mises en garde dépassent largement le cadre de l’environnement défense…

Mise à jour 17h30 CET :

Le site de la Royal Aerospace society a publié un démenti à cette histoire. Citant le Colonel Hamilton, celui-ci aurait reconnu qu’il s’agissait là d’un scénario hypothétique qui n’a, bien évidement, jamais eu lieu, car jamais, au grand jamais, l’US Air Force ne laisserait un drone armé participer à ce type de simulation. Pour autant, ce démenti ressemble davantage à une tentative de calmer certaines inquiétudes liées à la publication de cette histoire dans les médias, alors que les Armées US parient considérablement sur l’Intelligence Artificielle pour ses équipements à venir, que ce soit dans le domaine aérien, naval, sous-marin et terrestre.

Ci dessous le Verbatim du démenti. A chacun de se faire sa propre option.

In communication with AEROSPACE – Col Hamilton admits he « mis-spoke » in his presentation at the Royal Aeronautical Society FCAS Summit and the ‘rogue AI drone simulation’ was a hypothetical « thought experiment » from outside the military, based on plausible scenarios and likely outcomes rather than an actual USAF real-world simulation saying: « We’ve never run that experiment, nor would we need to in order to realise that this is a plausible outcome ». He clarifies that the USAF has not tested any weaponised AI in this way (real or simulated) and says « Despite this being a hypothetical example, this illustrates the real-world challenges posed by AI-powered capability and is why the Air Force is committed to the ethical development of AI.