mercredi, décembre 3, 2025
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Le Grand exercice de rentrée russe rassemblera 128.000 hommes et 7 pays

Début septembre, comme chaque année, les armées russes organisent un exercice interarmées de grande ampleur, destiné à évaluer et améliorer les performances globales des forces, et leurs capacités à réagir vite et de concert. Après les exercices Zapad 2017 (ouest) ayant eu lieu en Biélorussie et aux frontière nord-est du pays, et Vostock 2018 (est) s’étant tenu dans les plaines de Sibérie orientale, c’est au tour de la région du sud Caucase et de la Sibérie septentrionale d’accueillir les forces pour l’exercice Tcentr 2019. A noter que les exercices majeurs russes se déroulent sur un cycle de 4 ans, et que l’année prochaine, celui-ci tiendra dans la région sud-ouest du pays, face à l’Ukraine et la Georgie.

Le nouvel exercice confirme la montée en puissance de la préparation opérationnelle des forces russes. En effet, l’exercice Tcentr 2015 rassemblai 95.000 hommes, 7000 véhicules et 170 avions, là ou il rassemblera 128.000 hommes, 20.000 véhicules et 600 avions cette année. En outre, aux forces du Kazakhstan qui participèrent la session de 2015, s’ajoutent aujourd’hui des forces chinoises, indiennes, pakistanaises, tadjik, kirghizes et ouzbeks. La seule Armée Populaire de Liberation dépêchent 1600 hommes, 300 véhicules et 30 hélicoptères pour l’exercice. En outre, la flotte russe de la mer Caspienne participera à des exercices avec une quinzaines de navires, certains disposants de missiles Kalibr.

Kalibr Caspian sea Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Les corvettes de la flotte de la mer Caspienne furent les premières à utiliser le missile Kalibr lors d’un tir opérationnel en 2015

Contrairement aux exercices Zapad et Vostok, les scénarios d’engagement de l’exercice Tcentr portent sur des missions anti-terroristes, anti-insurrectionnelles et de sécurisation de frontière, et non des actions massives de haute intensité, ce qui correspond effectivement aux menaces auxquelles peuvent faire face les forces russes comme celles de leurs alliés dans la région. Une partie des exercices se dérouleront au Dagestan, une région connue pour abriter de nombreux extrémistes musulmans à l’origine de plusieurs attentats, et en relations avec les mouvements islamistes radicaux dans le monde, comme Daesh ou Al-Qaida.

Il est probable que, comme chaque année, les chiffres du nombre de personnels et d’unités engagées dans l’exercice dépasse sensiblement celui des forces effectivement déployées. En effet, dans sa communication, la Russie présente l’ensemble des forces impliquées dans l’exercice, et non simplement les forces déployées pour l’exercice. Ainsi, lors de l’exercice Vostok 2018, la communication officielle annonçait prés de 300.000 hommes mobilisés, alors que selon les constations des observateurs sur le terrain, ce nombre ne dépassait pas les 120.000 hommes effectivement déployés.

Le Su25 Frogfoot a ete largement employe par les forces aeriennes russes en Syrie Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Prés de 600 aéronefs participeront à l’exercice Tcentr 2019, prés de 4 fois plus qu’en 2015

Quoiqu’il en soit, c’est la seconde année consécutive que des forces chinoises participent à l’exercice majeur annuel russe, marquant plus que symboliquement le rapprochement doctrinal et stratégique des deux pays. Un paramètre à ne pas ignorer lorsque l’Europe, et surtout la France, ambitionne d’entamer un rapprochement avec Moscou dans le but de prévenir la création d’un bloc sino-russe.

La Suisse veut une offre globale incluant avions de combat et systèmes de Défense anti-aérien

Les autorités helvétiques en charge des programmes d’équipements de Défense ont fait savoir, à l’occasion d’une conférence s’étant tenue à Bern, que les possibilités de coopération entre les systèmes de Défense anti-aériens et les avions de combat des 2 programmes d’équipements majeurs en cours dans le pays, seront considérées comme un critère clé pour déterminer les vainqueurs de chacune des compétitions.

Pour l’heure, il reste 4 appareils et 2 systèmes anti-aériens en lice dans la compétition helvétique. Avec le retrait du JAS 39 Gripen E/F, les 4 appareils restants sont le F/A 18 E/F Super Hornet de Boeing, le F35A de Lockheed-Martin, le Typhoon d’Eurofighter, et le Rafale de Dassault. Concernant les systèmes anti-aériens, les deux concurrents sont le Patriot américain, et le SAMP/T Mamba franco-italien. Les appareils ont été évalués ce printemps par les autorités helvétiques, alors que les systèmes anti-aériens sont en cours d’évaluation en cette fin d’été.

L’annonce des autorités helvétiques ne change pas fondamentalement les données de cette compétition, si ce n’est qu’elle crée un lien direct entre le choix du système anti-aérien et celui de l’appareil. On peut toutefois estimer qu’en l’absence de contraintes de coopération avec les forces US comme celles imposées par l’OTAN, le couple Rafale/SAMPT pourrait être privilégié par cette décision. En effet, le Mamba a des performances comparables voir supérieures dans certains domaines à celles du Patriot américain, pour un prix en général plus attractif. Quand au Rafale, nous avions déjà établit que l’appareil répondait le mieux aux exigences opérationnelles et économiques suisses. D’autre part, les deux systèmes collaborent quotidiennement au sein de l’Armée de l’Air française. Dans la mesure ou l’offre française intègre une collaboration étendue des deux pays en matière de police du Ciel, le lien créé par les autorités helvétiques renforcerait les possibilités d’échanges de données et d’engagement coopératif entre les deux pays.

La confederation helvetique emploit des F18 hornet et des F5 Tiger pour proteger son espace aerien Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Les nouveaux appareils devront remplacer les F18 et le F5 en service dans les forces aériennes helvétiques

Depuis une dizaine d’années, toutes les compétitions européennes concernant des appareils de combat ont été remportées par l’industrie américaine, que ce soit avec le F35 et le F16V. Dassault et le consortium Rafale comprenant, entre autre, Thales et Safran, espèrent bien mettre fin à cette série en Suisse et en Finlande, deux pays n’appartenant pas à l’OTAN, et donc moins sujet aux influences américaines. Le dernier pays européen à avoir fait l’acquisition d’avions de combat français était la Grèce au début des années 90, au sujet d’une cinquantaine de mirage 2000.

Article à ne pas rater au sujet de la compétition pour le remplacement des F5 et F18 suisses : 10 critères pour évaluer le meilleur avion de combat Helvétique

Su-35, Su-57 et TFX sur la table des négociations entre Ankara et Moscou

Selon le directeur des services fédéraux pour la coopération militaire et technologique russe, Dmitry Shugayev, le président R.T Erdogan a émis le souhait d’approfondir la coopération de la Turquie avec l’industrie de Défense russe, notamment dans le domaine aéronautique. Et d’ajouter que lors des prochaines rencontres avec son homologue turc, il sera question de la livraison des systèmes S-400, ainsi que de possibles livraisons de Su-35 et de Su-57 aux forces aériennes turques, et d’une coopération avancée pour le programme de chasseur de 5eme génération de conception turque, le TFX.

Si nous savions déjà que Moscou était prêt à profiter de l’exclusion du programme F35 de la Turquie décidée par Washington suite à l’acquisition et la livraison de systèmes S400, cette hypothèse prend une dimension officielle par l’annonce faite par Dmitry Shugayev, faisant suite à la rencontre entre les présidents turcs et russes en marge du salon aéronautique MAKS2019, au cours duquel Vladimir Poutine présenta le Su-57 à son homologue. Mais c’est surtout le lien fait entre une possible acquisition d’appareils russes par la Turquie, et l’implication de l’industrie de Défense russe dans le programme TFX, qui donne corps à cette démarche.

S400 Turquie livraison Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
La livraison des premiers systèmes S400 en Turquie n’a pas déclenché de représailles sévères de la part de Washington

La Turquie est dans une position très singulière aujourd’hui. Le pays avait en effet planifié l’acquisition d’une centaine de F35A et probablement de quelques dizaines de F35B pour armer son LHD. Il dispose donc des ressources, et du besoin, pour acquérir un nombre très significatif d’appareils de nouvelle génération. Ce type de besoin était, jusqu’ici, réservé à des pays comme l’Inde, avec qui l’on sait à quel point il est difficile de finaliser une commande ferme. Ankara représente donc un marché inespéré pour le Su-57E russe, avec un marché potentiel d’une centaine d’exemplaires. Le Su-57 étant potentiellement moins onéreux que le F35A, ce nombre pourrait même être appelé à croitre, eu égard aux ambitions du président Turc pour s’imposer sur la scène régionale.

Et Moscou a déjà commencé à montrer patte blanche, puisque lors de la conférence de presse qui suivit la rencontre entre les deux présidents, Vladimir Poutine a déclaré considérer le principe d’une bande de sécurité sur la frontière turco-syrienne sous contrôle de l’armée turque, comme participant à la stabilisation de la Syrie, une position beaucoup plus conciliante que celle qui était la sienne jusqu’ici. En outre, les déclarations en faveur d’une coopération avancée de l’industrie russe vis-à-vis du programme TFX, appelé à remplacer les quelques 250 F16 en service dans les forces aériennes turques à partir du milieu de la prochaine décennie, sont de nature à emporter l’adhésion des autorités ottomanes.

Vue dartiste du programme davion de 5eme generation TFX turc Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Le programme TFX ne se limite pas à un appareil, mais se composera d’une gamme d’appareils pour répondre à toutes les demandes du marché intérieur et export

Comme nous l’avions évoqué hiers, le rapprochement technologique la Turquie avec l’industrie de Défense russe ne pourra guère se faire si Ankara veut conserver sa place au sein de l’OTAN, ni Moscou, ni Washington ne pouvant accepter une telle position. Si RT Erdogan décidait de quitter l’OTAN, et ce malgré les positions relativement mesurées de l’administration américaine suite à la livraison de la première batterie de S400 cet été, le pays risquerait de subir des mesures de représailles économiques sévères en application de la législation CAATSA. En revanche, en restant dans l’OTAN, Moscou n’acceptera probablement pas de livrer son chasseur le plus moderne sachant qu’il sera très probablement étudié en détails par les forces de l’OTAN pour en déterminer les failles et faiblesses. Mais, dans ce cas, Ankara n’aurait pas de solution alternative au F35A si ce n’est des appareils européens comme le Rafale ou le Typhoon, alors que le pays privilégie les appareils de 5ème générations.

On ne peut exclure, toutefois, que ces négociations ne soient destinées qu’à faire pression sur les autorités US pour les inciter à réviser leurs positions concernant la livraison de F35 aux forces turques. En effet, comme évoqué ci-dessus, les relations entre Washington et Ankara n’ont pas connu le cataclysme promis par le Président Trump et le Congrès Américain si la Turquie venait à accepter la livraison des batteries de S400. Au contraire, chaque pays a fait preuve d’une grande maitrise de soi, ayant même entamé des discussions pour organiser la création d’une bande de sécurité sur la frontière turco-syrienne, conformément aux exigences du président turc, sans opération militaire unilatérale turque qui menacerait les forces US et européennes présentes aux cotées de leurs alliés Peshmergas kurdes.

Il est probable, dès lors, que les mois à venir apporteront de nouveaux rebondissements et éclaircissements sur les objectifs réels de la Turquie et de son président. On ne peut nier, toutefois, que le pays a pris, en quelques années, une position déterminante dans la géopolitique mondiale.

Un sous-marin algérien Kilo a tiré un missile Kalibr-PL lors d’un exercice

MaJ 28/09/2019 : Selon un article publié par Sputnik sur ce test, le tir ne concernerait non pas un missile 3M14E du système Kalibr-PL, mais un missile 3M54E Club-S, appartenant également à la famille des systèmes Kalibr, mais d’une portée beaucoup plus limitée, entre 220 et 280 km, avec une utilisation prédominante contre des cibles navales. Or, si le test d’un 3M14E pouvait constituer un événement marquant, puisque le missile n’a pour l’heure pas été officiellement exporté par la Russie, et que ses performances le classent dans la catégorie des missiles de croisière longue portée à potentiel stratégique, ce n’est pas le le cas des 3M54E Club-S, dont l’exportation a été documentée dans plusieurs marines, notamment en Algérie et au Vietnam, et dont les performances sont comparables à celles de nombreux missiles anti-navires pouvant être employés contre des cibles terrestres, comme le MM40 Block III Exocet français, le RBS15 norvégien, ou le Harpoon américain.

Jusqu’il y a quelques années, seules trois Marines au Monde disposaient de la sous-marins capables de lancer des attaques conventionnelles vers la terre : les Etats-Unis, le Royaume-Unis et la Russie. Depuis, la Chine, et très prochainement la France avec les SNA Barracuda, ont rejoint ce club très fermé. Dès lors, le fait que deux sous-marins algériens aient effectué des tirs réussis de missiles de croisière Kalibr-PL[efn_note]voir la mise à jour en début d’article[/efn_note] représente un événement très significatif dans l’équilibre des pouvoirs dans le bassin méditerranéen.

La marine Algérienne, si elle est, en règle générale, plutôt discrète sur la scène internationale, et qu’elle n’est forte que de 6000 hommes, n’en est pas moins bien équipée, avec 6 sous-marins de la classe Kilo (2 projet 877 et 4 projet 636), 5 frégates légères (3 Koni et 2 Meko-200), 10 corvettes dont 3 C28 chinoises modernes et bien équipées, un navire d’assaut porte-hélicopteres classe San-Giorgio, 2 LST et une vingtaine de patrouilleurs, épaulés par 20 hélicoptères Merlin, Super-Lynx et Ka-52. Il s’agit d’une force remarquable pour un pays ayant un PIB 15 fois inférieurs à celui de la France. Avec la capacité de mettre en oeuvre des missiles de croisières Kalibr-PL[efn_note]voir la mise à jour en début d’article[/efn_note], d’une portée maximale évaluée entre 1500 et 2500 km, la Marine Algérienne parfait ses capacités déjà significatives, que ce soit en matière de lutte anti-navire (missile C802, SS-N-25 et RBS-15), de la lutte ASM , de La Défense anti-aérienne (missiles HQ-7 (crotale), Aster 15 et Umkhoto), et de la projection de forces.

Meko A200Algeria Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
La Marine Algérienne dispose de 2 frégates Meko-200 équipées de missiles anti-aériens à moyenne portée Umkhoto sud-africains

L’armée de l’Air Algérienne est elle forte de 25.000 hommes, et aligne plus de 185 chasseurs, soit autant que n’en prévoit le format de l’Armée de l’Air française selon le LBDSN 2013 français, dont 58 Su-30, 18 Su-35 et 52 Su-34 en livraisons , épaulés par 5 avions ravitailleurs Il-78, et 35 avions de transport C130, IL76 et C295. Elle met également en oeuvre 90 Hélicoptères de combat Mi-28 et Mi-24MkIII, et de 170 hélicoptères de transport Mi-8, Mi-26 et AW139. Elle dispose enfin d’un nombre indéterminé de drones, dont des drones MALE CH-3 et CH4 chinois, et des appareils de fabrication locale.

Su30 ALgerie Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Les forces aériennes algériennes mettent en oeuvre 58 chasseurs polyvalents Su-30

L’armée de terre est la plus importante, avec 180.000 hommes en service actif, et dispose de 2600 chars de combat dont 750 T90 (en fabrication) et 600 T72 modernisés, 2500 véhicules blindés de transport de troupe et combat d’infanterie, 3500 véhicules blindés légers, 220 canons automoteurs, 300 lance-roquettes multiples dont 50 TOS-1 et 50 Smerch, et de 48 systèmes Iskander. La Défense antiaérienne est assurée par 8 batteries S300PMU-2, 48 systèmes à moyenne portée Buk-M2, un nombre inconnu de systèmes TOR-M2, et une centaine de systèmes Pantsir S1, pour ne parler que des systèmes modernes, dans un mille-feuilles multi-couches caractéristique de La Défense anti-aérienne russe.

T90 Algerie Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
L’industrie algérienne produit 500 T90 pour ses forces armées

Une chose est certaine, l’Algérie dispose d’un potentiel militaire significatif en Afrique du Nord comme dans le Bassin Méditerranéen. Sa capacité de faire désormais usage de missiles de croisières Kalibr-PL[efn_note]voir la mise à jour en début d’article[/efn_note] à partir de sous-marins vient parfaitement compléter le potentiel de systèmes comme l’Iskander, et les Su-34 et Su-30, pour éliminer les défenses côtières et anti-aériennes adverses, et frapper ses postes de commandement et centre logistiques dans la profondeur, pour l’emploi optimum de ses autres moyens, qu’ils soient terrestres, aériens ou navals. Si l’on ne peut préjuger de l’efficacité d’une force militaire en ne se basant que sur son inventaire d’équipements, on ne peut nier que les forces armées algériennes disposent d’un ensemble d’équipements parfaitement cohérents et équilibrés, pour être en mesure de répondre potentiellement à un très grand nombre de scénarios d’engagements.

L’Inde renonce à la re-motorisation de ses Jaguars et peine à moderniser sa force aérienne

Les autorités indiennes ont annoncé la suspension, puis l’annulation, du contrat pourtant sur la re-motorisation de 80 de ses avions d’attaque Jaguar par des réacteurs F125 de Honeywell, l’offre financière du constructeur américain de 2,4 Md$ étant jugé trop élevée. Cette annonce remet en question l’ensemble du planning déjà très chaotique de modernisation de la force aérienne indienne, menaçant à court terme 6 de ses escadrons de chasse sur les 29 en service, alors que l’Indian Air Force estime devoir disposer de 40 escadrons pour assurer l’ensemble de ses missions. Les Jaguars indiens font déjà l’objet d’une modernisation de leur avionique, mais l’abandon de la nouvelle motorisation risque de précipiter le retrait du service de l’ensemble de la flotte, puisque les moteurs adour qui propulsent les appareils auraient vu leurs performances diminuer de 15 à 30% aux fils de années.

Outre un programme visant à récupérer des pièces détachées pour prolonger l’entretien des appareils auprés d’anciens utilisateurs du Jaguar, le gouvernement envisagerait également, selon l’article de « The Print », d’augmenter le nombre de Su-30MKI supplémentaires commandés, de sorte à palier le déficit opérationnel que provoquerait le retrait des Jaguars.

SU30mKI et Tejas Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Su30MKI et Teja, deux des principaux prétendants pour le remplacement des Jaguar indiens, avec le Rafale français

De fait, ces dernières semaines, les annonces se sont succédées concernant les nouveaux programmes d’acquisition d’appareils par l’IAF, avec des arguments souvent contradictoires entre eux. Nous nous étions fait l’écho il y a deux semaines de la rumeur concernant une possible commande de 200 Rafale, mais depuis, une nouvelle rumeur parlant cette fois d’une nouvelle commande de 36 Rafale est apparue. Parallèlement, des commandes supplémentaires de Su-30MKI et de Mig-29 auprés de la Russie sont régulièrement abordées, mais ne donnent lieu à aucune commande ferme. Plus récemment, c’était au tour du Tejas de faire la une, avec une possible commande de 80 appareils pour 3 Md$.

Toutes ces hypothèses se heurtent à la même dichotomie conceptuelle qui entrave l’effort de Défense indien depuis des années. En effet, Le Premier Ministre Modi, réélu avec une majorité absolue au parlement ce printemps, a fait du « Make in India » un des piliers de sa politique économique et industrielle, voulant faire de l’Inde un acteur mondiale de l’industrie de Défense et des technologies aéronautiques. Mais cette doctrine se heurte violemment à une réalité qui semble inamovible, à savoir l’inefficacité critique de l’industrie indienne. Ainsi, le constructeur d’Etat HAL a proposé son Tejas au tarif de 450 Crore, soit 60 m$ l’unité, alors que Saab propose son Gripen E/F à seulement 42 m$, un appareil pourtant beaucoup plus évolué, performant, et fiable. Des problèmes similaires sont apparus concernant la chaine de production des Su-30MKI de HAL, les appareils fabriqués en Inde coutant 50% plus chers que ceux venant de Russie, avec en outre d’importants soucis de qualité. Le Consortium Rafale avait lui aussi rencontré des difficultés de cet ordre, ayant amené Dassault à refuser de garantir la disponibilité des appareils s’ils étaient construits par HAL, entrainant l’annulation du contrat MMRCA de 114 appareils pour commander 36 appareils construits en France.

JF17 Pakistan Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Le JF17 Thunder co-produit avec la Chine est devenu le fer de lance de l’Armée de l’Air Pakistanaise.

Ces atermoiements politiques et industriels ont entrainé un affaiblissement très sensible des forces aériennes indiennes, qui ne disposent aujourd’hui plus que de 29 escadrons de chasse, dont seulement 18 sont équipés d’appareils jugés « modernes » comme les 225 Su-30MKI, les 65 Mig29 et les 60 mirage 2000. Le reste de la flotte indienne est équipée d’appareils anciens, même si régulièrement modernisés, comme le Mig21, le Mig27 et le Jaguar, représentant plus de 360 appareils devant être rapidement retirés du service et remplacé, ne serait-ce que pour maintenir le format actuel. De fait, aujourd’hui, la force aérienne indienne « utile » est sensiblement équivalente à celle du Pakistan, qui aligne plus de 150 JF-17 Thunder et 76 F16 en partie portée au standard Block 52. Impossible dès lors de faire face simultanément au Pakistan et à la Chine le cas échéant, ce qui représente aujourd’hui le principal sujet d’inquiétude de l’état-major indien, et la raison pour laquelle il milite pour lancer rapidement de nouveaux contrats concernant le Rafale, le Mig-29 et le Su-30MKI, même si sa préférence va vers l’avion français.

Une chose est certaine, l’industriel qui saura effectivement « cracker » le modèle indien, et pourra assurer une production efficace tout en respectant le « make in India », aura face à lui une voie pavée pour de nombreuses années à New Dehli. Il semble que ce soit ce à quoi s’est employé le consortium « Rafale », mettant à profit les clauses d’offset accompagnant le premier contrat de 36 appareils pour concevoir un écosystème efficace prêt à prendre en charge une production locale économique et fiable de l’avion français, que ce soit dans les domaines de l’aéronautique, de l’électronique embarquée et de la propulsion. Il ne reste plus qu’à espérer, pour le Rafale comme pour l’Inde, qu’un accord émergera rapidement pour palier le déficit opérationnel mortifère qui menace le pays.

La Turquie sera-t-elle le premier client export du Su-57E ?

C’est à l’occasion du salon MAKS2019 consacré aux systèmes aéronautiques prés de Moscou, que la version dédiée à l’exportation du nouveau chasseur furtif lourd russe, le Su-57E, sera présenté au public. Et visiblement, les autorités russes ont pris l’initiative de mettre l’appareil au premier plan, puisqu’une présentation sera faite au président turc R.T Erdogan, à l’occasion de sa rencontre avec le président Poutine en marge du salon.

Cette rencontre intervient alors que les autorités russes ont annoncé l’entame de la livraison de la seconde batterie du système S-400 acquis la Ankara auprés de Moscou, et qui provoqua l’éviction de la Turquie du programme F35. Elle doit porter, notamment, sur la situation en Syrie, les deux pays ayant des objectifs divergents concernant le contrôle de la frontière turco-syrienne, et le devenir des Peshmergas kurdes qui occupent ces positions.

Il faut dire que le Su-57E arrive avec des arguments de taille sur le marché international des avions de combat. Il n’y a, en effet aujourd’hui, qu’un seul appareil de « 5ème génération » officiellement proposé sur le marché export, le F35 américain, dans ses versions A et B. Mais pour divers raisons, l’avion n’est pas proposé à l’ensemble des clients traditionnels de l’industrie aéronautique militaire US. Outre le cas de la Turquie, les pays du golfe, comme l’Arabie saoudite ou les Emirats Arabes Unis, ainsi que l’Egypte, se sont vu refuser d’entamer des négociations le concernant, principalement en raison de l’opposition israélienne.

Su57 profil Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Le Su-57 effectuera de nombreuses démonstrations en vol, en solo et en formation, lors du salon MAKS 2019

En outre, le Su-57E a des performances très étendues, en terme de vitesse, plafond, et surtout rayon d’action et de capacité d’emport, vis-à-vis du F35A, et devrait à partir de 2024 être accompagné des offres concernant le drone de combat S70 Okhotnik, dans un couple unique sur le marché export, et même sur le marché tout court.

Enfin, l’appareil bénéficie d’un atout de taille, à sa voir son prix. Si on ne connait pas le prix proposé à l’exportation du Su57E, les éléments communiqués à la presse concernant l’acquisition de 76 appareils par les VKS permettent d’en évaluer le prix de production autour des 35 m$, ce qui placerait l’aéronef à un prix d’appel inférieur à celui de systèmes comme le Rafale français, ou le F/A 18 E/F super Hornet, et dans une gamme de prix similaire au F16V Viper et au JAS 39 E/F Gripen, des appareils très sensiblement moins performants que l’avion russe.

Pour la Turquie, le choix du Su57e semble donc une excellente alternative au F35A, et même au Su35s proposé par Moscou. Mais la décision d’Ankara sera également dictée par la volonté du président turque d’apaiser les relations avec Washington, et de préserver, ou non, sa place au sein de l’OTAN, ainsi que par les possibilités de coopération technologique avec l’industrie russe pour sa propre industrie aéronautique, comme au sujet du programme TF-X d’avion de combat de 5ème génération de fabrication locale.

Su57 atterrissage court Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
Le Su-57 montre ses capacités en matière d’atterrissage court au salon MAK2019

Mais la Turquie n’est pas le seul client potentiel pour le Su-57E. Ainsi, l’Algérie, client traditionnel et fidèle de l’industrie russe, pourrait trouver un avantage certain à acquérir le nouvel appareil, qui lui procurerait un avantage significatif vis-à-vis de ses voisins, notamment du Maroc qui a lancé la modernisation et l’extension de sa flotte de F16 au standard Block 70. L’Egypte pourrait également être intéressée, alors qu’elle avait déjà signifié son intérêt pour le Su-35s, et que ses demandes concernant le F35 ont été rejetées par Washington. Même si elle met avant tout l’accent sur sa propre industrie aéronautique, la Chine n’est pas à exclure, d’autant que le Su57 apporte de nombreuses innovations technologiques qui intéresseront à n’en point douter les ingénieurs chinois. Enfin, l‘Inde représente le prospect le plus prometteur, d’autant que le pays peine à structurer sa force aérienne, avec de nombreuses annonces rarement suivies de faits, et alors que le Pakistan et la Chine font preuve d’une maitrise exemplaire des programmes de modernisation et de renforcement de leurs forces. D’autres pays pourraient se montrer intéressés par le nouvel appareil russe, comme le Vietnam et l’Indonésie, tous deux soumis aux pressions de Pékin en mer de Chine, le Kazakstan, la Biélorussie et l’Albanie, en tant qu’alliés de Moscou, et même certaines monarchies du Golfe, soucieuses de réduire leur dépendance à l’influence US.

Avec la présentation officielle du Su57E, Moscou dispose désormais d’un cheval de bataille très efficace sur la scène internationale. Reste à voir si le pays pourra imposer son appareil, comme elle l’avait fait avec le Su-27 il y a 30 ans, alors que les Etats-Unis multiplient les menaces de représailles économiques contre les clients de l’industrie de Défense russe avec la législation CAATSA. L’avenir du rôle de la Russie sur la scène internationale face aux deux géants chinois et américains se joue, en grande partie, autour de ce programme.

Le premier navire d’assaut Type 075 chinois proche de son lancement

De nouvelles photos apparues sur Twitter montrent que l’état d’avancement du premier porte-hélicoptère d’assaut Type 075 chinois laisse présager un lancement dans les mois qui viennent, avant la fin de l’année 2019. Construit par les chantiers navals Hudong-Zhonghua, à proximité de Shanghai, le premier Type 075 devrait entrer en service dans les forces navales chinoises en début d’année 2021, et ses deux sister-ships, également en construction, entre 2022 et 2024. Selon toutes probabilités, entre 6 et 9 exemplaires équiperont la flotte de Pékin d’ici 2030.

Le LHD Type 075 est un navire très imposant, jaugeant entre 35.000 et 40.000 tonnes selon les estimations, pour une longueur de 250 m. Il sera capable d’emporter une trentaine d’hélicoptères de tous type, ainsi que 4 aéroglisseurs d’assaut Type 726, pour mettre à terre l’équivalent d’un bataillon et de ses équipements roulants. Ce navire s’inscrit dans le renforcement des capacités de projection de l’Armée Populaire de Liberation, et notamment le passage de 2 à 7 brigades de « Marines », les effectifs passant eux de 10.000 à 40.000 hommes. Ils seront épaulés par les 8 navire d’assaut Type 071, dont 6 sont en service aujourd’hui, jaugeant 21.000 tonnes et capables de mettre à terre 2 Compagnies de Marines, soit 500 hommes, à l’aide d’aéroglisseurs Type 726 ou de barges de débarquement. De fait, en 2030, la Marine chinoise disposera d’une capacité de projection et d’assaut aéronavale sensiblement comparable à celle du Marines Corps américain, même si, pour l’heure, elle ne dispose ni du savoir-faire, ni des équipements pour se mettre sur un pied d’égalité avec les forces US.

type726 hovercraft Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
La Chine a entrepris la construction d’une importante flotte d’aéroglisseurs d’assaut type 726

Si l’entrée en service des Type 075 renforcera sans le moindre doute les capacités globales de projection de force de l’Armée populaire de Liberation, elle n’entrainera pas cependant d’un regain de menaces substantiel pour Taiwan. En effet, même avec 9 Type 075, l’APL ne disposera que d’une capacité de projection de 40.000 hommes lors d’une première vague d’assaut, dont 15.000 aéroportés, un nombre insuffisant pour mener un assaut frontal sur les plages taïwanaises, qui dispose de 275.000 militaires d’active et presque 3 millions de réservistes. En revanche ils permettraient à Pékin de s’emparer rapidement d’un nombre significatif d’iles entourant Formose, comme les iles Ishigaki appartenant au Japon au nord est, ou l’ile de Basco appartenant aux Philippines sud, de sorte à continuer un rideau défensif pour la mise en oeuvre d’un blocus naval et aérien de l’ile sécessionniste, et réduire ainsi les capacités de réaction et de nuisance de l’US Navy et de ses alliés. L’experience acquise dans la militarisation des iles et atolls en mer de Chine sera, à ce titre, très utilise à l’Etat-Major chinois pour renforcer rapidement les capacités défensives et de déni d’accès de ces iles.

Un hypothèse à ne certainement pas négliger, eu égard à la détermination de Pékin, et du président Xi Jinping, pour ramener Taiwan sous sa domination.

Les Chantiers Navals britanniques Babcock présentis pour construire les 5 frégates Type 31 de la Royal Navy

La rumeur a enflé depuis quelques jours, sans être nullement démentie par les autorités britanniques. Les Chantiers Navals Babcock, déjà en charge de la construction des 5 OPV River et des 6 frégates Type 26 pour la Royal Navy, auraient vu leur offre basée sur le modèle arrowhead 140 sélectionnée pour la construction des 5 frégates de la classe Type 31 Leander destinées à épauler les frégates lourdes Type 26 et les Destroyers Type 45 de la Marine Britannique. L’offre du groupe britannique de 1,3 Md£ surclassait celles des autres prétendants, notamment de BAe qui voit, par la même, une part de son monopole sur l’industrie de Défense britannique s’effriter, même si le géant britannique fournira de nombreux systèmes équipant la nouvelle classe de frégates. Le groupe Thales est également partie prenante du programme, fournissant de nombreux équipements ainsi que le système de combat TACTICOS du navire.

Avec cette future, et très probable, commande, qui devrait être officialisée à l’occasion du salon Defence & Security Equipment International  qui se tiendra à Londres le mois prochain, les chantiers navals Babcock s’imposeront comme un des principaux chantiers navals militaires européens, avec un carnet de commande très confortable de 18 unités à construire dans ses infrastructures britanniques. Le groupe a, à ce titre, soigné la répartition des travaux concernant les Type 31, en utilisant une approche de construction modulaire répartie sur l’ensemble du territoire, pour être assemblés par les chantiers navals Rosyth en Ecosse, jusque là menacés de fermeture, sauvant ainsi 450 emplois.

Les frégates Type 31e, « e » pour Export car le concept est optimisé pour convaincre à l’export, sont conçues pour assurer les missions de souveraineté et de surveillance, avec une capacité d’accueil de plus de 100 miliaires en sus de l’équipage, et d’importants moyens de transferts de personnels, avec un hangar hélicoptère pouvant recevoir un hélicoptère lourd Merlin ou deux hélicoptères moyens Wildcat, et 2 RHIB pour les commandos. L’armement du bâtiment n’a pas été négligé, avec un canon de 76 ou de 127 mm, 2 canons automatiques de 30 mm, 8 missiles anti-navires, et 32 silos courts, a priori destinés à mettre en oeuvre le système de défense anti-aérienne CAAM. En revanche, le navire n’emporte, dans cette version, aucune capacité anti-sous-marine avancée, à l’exception d’un sonar de coque et des hélicoptères ASM Wildcat potentiellement mis en oeuvre, même si, selon le constructeur, la Type 31 pourra rapidement être modifiée pour recevoir ces équipements.

Arrowhead 140 overhead Actualités Défense | Alliances militaires | Entrainements et Exercices militaires
gros plan sur l’artillerie, le mat intégré et le systeme CAAM de la frégate Arrowhead 140 de Babcock

Le programme Type 31 a connu plusieurs rebondissement au cours de son existence. Initialement lancé en lieu et place de 5 frégates Type 26 pour des raisons budgétaires, l’appel d’offre a été annulé en juillet 2018, les offres des industriels étant jugées trop onéreuses par le ministère de La Défense britannique. Relancé quelques mois plus tard, il fut cependant critiqué par plusieurs Think tank britanniques, pointant l’absence de moyens anti-sous-marins suffisants (sonar à profondeur variable, torpilles embarquées), ainsi que le nombre trop restreint de navires. Les faits semblent toutefois donner raison aux officiels britanniques, puisque la nouvelle offre de Babcock respecte en effet l’enveloppe de 250 m£ par navire voulue par les autorités.

Sur le marché de l’exportation, les Type 31e se positionnent entre les corvettes lourdes comme la Gowind2500 de 2500 tonnes et les frégates de taille intermédiaire Belh@rra de 4500 tonnes, sur le segment des frégates légères comme le Frégate légère furtive La Fayette en service dans la Marine Nationale, un segment sur lequel les chantiers navals britanniques étaient absents depuis 2 décennies. En s’appuyant sur le succès des frégates Type 26 sur le marché international, choisies par la Marine Royale Australienne et Canadienne pour constituer l’ossature de leur flotte hauturière, le groupe Babcock pourra se positionner désormais sur l’ensemble du marché des navires de surface combattant, allant des OPV aux destroyers. Nul doute que les constructions britanniques représentent à nouveau un concurrent de taille pour Naval Group sur la scène internationale.

Le drone de combat russe S70 Okhotnik sera plus furtif qu’il n’y parait

Le groupe Sukhoi avait surpris beaucoup d’observateurs lors de la parution des premières photos montrant le prototype de drone de combat furtif S70 Okhotnik lors de tests de roulage en novembre 2018, peu d’entre eux imaginant que le programme russe était à ce point avancé. Le nouveau drone a effectué son premier vol au début du mois d’aout. Mais certains aspects du prototype, notamment sa propulsion assurée par un moteur AL31 qui équipe le Su30, et la forme du nez, laissait penser que la furtifivité n’était pas la priorité pour les ingénieurs russes.

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Le nez du S70 présenté sur cette maquette diffère sensiblement de celui du prototype testé en ce moment

Une nouvelle maquette de l’appareil dévoilée lors du salon aéronautique MAKS2019, qui se déroule cette semaine prés de Moscou, laisse entrevoir une réalité toute autre. En effet, la maquette, présentée comme la forme définitive du S70, semble corriger nombre des réserves émises au sujet de sa furtivité. Ainsi, le nez du drone se voit allongé et affiné, de sorte à créer la rupture nécessaire pour diffuser les ondes radars sous des angles favorisant la furtifivité radar. De même, le profil général du drone semble affiné vis-à vis du prototype, là encore de sorte à réduire la surface de réflexion et les phénomènes de raisonnance vis-à-vis de certaines fréquences radars.

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la nouvelle tuyère du S70 est comparable à celle des prototype de drones français (neuron), chinois (Sharp Sword) ou américains (X47) afin de réduire le rayonnement infrarouge de l’appareil

Surtout, la propulsion de l’appareil semble n’avoir plus aucun rapport avec le prototype actuellement testé. Fini l’imposante tuyère sortant de la cellule, la maquette montre une sortie d’air encastrée dans le carénage, et conçue pour réduire la signature infrarouge du drone, selon une approche beaucoup plus traditionnelle pour ce type de drones. Si ce nouvel aspect global renforcera sans le moindre doute la furtivité de l’Okhotnik, il n’est plus question désormais de vols trans ou supersoniques, comme on pouvait l’imaginer concernant le prototype actuel.

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Le profil général du S70 semble avoir été affiné vis-à-vis de celui du prototype actuel

Reste à voir si ces modifications seront effectivement apportées sur le S70, et dans quels délais. A ce titre, le groupe Tupolev a annoncé en amont du salon MAKS2019 que l’ensemble des travaux préparatoires concernant le programme PAK DA de bombardier stratégique furtif avaient été validés, et que la construction du prototype avait débuté. Nul doute que les deux programmes, S70 et PAK DA, s’enrichiront l’un de l’autre, les deux appareils ayant la forme d’une aile volante furtive.

Le Pentagone lance un nouveau programme pour concevoir un système anti-missile de nouvelle génération

En mars 2019, le Pentagone avait suspendu le programme Redesigned Kill Vehicle, ou RKV, confié à Boeing et Raytheon, suite à plusieurs impasses technologiques entamant la pérennité du programme, et ayant engendré 6 échecs sur les 17 tests effectués. Destiné à équiper 45 à 64 stations sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis, le RKV avait pour ambition, grâce au nouveau Exo-Atmospheric Kill Vehicle de Raytheon, de pouvoir intercepter les missiles balistiques et les planeurs hypersoniques, offrant de fait un bouclier antimissile global à l’ensemble du pays, même contre les systèmes intercontinentaux et hypersoniques les plus modernes contre lesquels les systèmes actuels, comme le THAAD, ne peuvent rien.

Le 21 aout, le sous-secrétaire à la recherche Michael Griffin, a annoncé l’arrêt officiel du programme de 5,8 Md$, jugeant que c’était « la meilleure des décisions possibles ». A peine 2 jours plus tard, la Missile Defense Agency, ou MDA, a publié un appel à proposition pour un nouveau programme, tout aussi ambitieux, avec les mêmes objectifs, et un planning particulièrement serré puisqu’il prévoit un entrée en service des premiers systèmes en 2025. Si Boeing semble mal placé pour se positionner sur ce nouveau contrat, car portant la responsabilité de l’échec du premier système, ce n’est pas le cas de Raytheon, puisque le Pentagone semble estimer l’EKV développé par ce dernier comme le point de départ du nouveau programme. En outre, la RFP émise par le Pentagone attend les propositions des industriels avant le 29 Aout, laissant peu de place à un nouveau venu, hormis peut-être Lockheed-Martin, pour se positionner sur ce marché.

Il faut noter que Vladimir Poutine avait également annoncé que la Russie développait un système anti-missile de ce type, capable d’intercepter des missiles hypersoniques, en se basant sur l’avance de l’industrie russe dans le domaine des armes hypersoniques. Il est également probable que la Chine développe un ou plusieurs programmes de ce type. En revanche, ni la France, ni la Grande-Bretagne, n’ont pour l’heure entrepris de tels développements. Or, si de tels systèmes devaient devenir opérationnels, ils compromettraient de façon dramatique la stratégie de dissuasion qui sous-tend l’ensemble de la Défense Nationale française.

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Avec son avance technologique dans le domaine des missiles hypersoniques, Moscou estime être en mesure de developper des systèmes anti-missiles capables d’intercepter ces menaces

En effet, ces 40 dernières années, l’ensemble des choix concernant La Défense Nationale en France, comme en Grande-Bretagne, a été dicté par la certitude que les forces nucléaires mises en place par les deux pays étaient suffisantes pour dissuader tout aventurisme militaire excessif pouvant menacer l’intégrité territoriale et la population du pays, voir éventuellement de ses alliés. De fait, les deux pays ont consenti à des réductions sensibles des formats de leurs forces conventionnelles, basculant l’immense majorité du spectre des menaces « haute intensité » vers l’emploi potentiel des forces de dissuasion. Si certains pays venaient à disposer d’une défense anti-missile à ce point efficace qu’elle serait de nature à neutraliser la réplique nucléaire française et/ou britannique en cas d’attaque, l’efficacité de l’ensemble de la défense des deux leaders militaires européens viendrait à s’effondrer, emportant avec elle tous les espoirs de Paris pour l’émergence d’une Europe de La Défense. Non seulement l’Europe serait alors extrêmement vulnérable eu égard à la faiblesse de ses moyens conventionnels, mais, en l’absence d’une protection anti-missile américaine, elle serait également vulnérable à de simples menaces d’utilisation d’armes stratégiques.

Il est désormais indispensable de se rendre compte que la majorité des programmes de Défense dimensionnants des 3 grandes puissances militaires mondiales, les Etats-Unis, la Chine et la Russie, visent un palier opérationnel effectif à partir de 2030, et un pic d’efficacité en 2040. Dès lors, se satisfaire de programmes européens qui visent l’entrée en service des équipements de nouvelle génération en 2035 ou 2040, ne relèverait-il pas d’une certaine forme de politique de l’Autruche ?