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La France va livrer des systèmes d’artillerie mobile CAESAR à l’Ukraine

Maj 23/04 : L’information faisant état du prélèvement des Caesar sur la commande marocaine était erronée, le second paragraphe a donc été modifié suite à ces nouvelles informations.

Dans une interview portant essentiellement sur les questions de politique internationale donnée au quotidien regional Ouest-France, le Président Macron a indiqué qu’au delà des efforts diplomatiques menés en coordination avec l’Ukraine pour garder le contact avec le Kremlin, la France avait également accentué son effort pour livrer des armements à l’Ukraine, citant les missiles anti-chars MILAN ainsi que, et c’est une première, des systèmes d’artillerie mobile CAESAR de 155mm, un canon réputé pour sa grande précision, sa portée et sa grande mobilité. De prime abord, cette déclaration paraissait étonnante, puisque la France n’avait jamais évoqué une telle initiative, et surtout que l’Armée de Terre ne dispose aujourd’hui que de 76 canons CAESAR, soit à peine le nombre requis pour remplir son contrat opérationnel vis-à-vis de l’OTAN. On pouvait alors penser que le Président s’était trompé, ou avait confondu avec d’autres materiels comme le missile anti-aérien SATCP Mistral que l’on sait également fournis aux Ukrainiens.

Renseignements pris, il n’en est rien, et la France va effectivement livrer une batterie de systèmes CAESAR à l’Ukraine, « moins de 10 » selon nos sources. Ces canons vont être prélevés sur le stock de systèmes français, sans impacter la dotation des systèmes dans les régiments. Contrairement à ce que nous avions écrit initialement, ces canons ne seront pas prélevés sur les lignes de production Nexter en cours à destination de l’Export, l’Industriel ayant lui même découvert cette décision présidentielle dans la presse. Selon toute probabilité, les systèmes qui seront envoyés en Ukraine seront donc prélevés sur les stocks en régénération de l’Armée de Terre, sans impacter la dotation des régiments, et seront compensés par la suite par une nouvelle commande, probablement dans le cadre de la commande annoncée en début d’année portant sur 33 systèmes CAESAR de nouvelle génération pour remplacer les canons automoteurs AUF1 arrivés en bout de course.

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La portée du CAESAR et sa précision excèdent de beaucoup celles des systèmes équivalents russes actuellement en service

Depuis le début de l’offensive russe, la France a toujours été particulièrement discrète quant à ses livraisons d’armes à l’Ukraine, ce qui d’ailleurs lui a valu des reproches souvent indus de la part de certains chefs d’états d’Europe de l’Est aussi mal informés que péremptoires. Pour autant, Paris s’était jusqu’ici limitée à la livraison de munitions, de carburant, de systèmes de protection et de certains missiles comme le MILAN et le Mistral. De fait, la livraison prochaine de systèmes d’artillerie mobile de la trempe du CAESAR constitue une réelle évolution des positions françaises dans ce conflit, alors que, selon le Président Macron, ce dernier n’a plus eu de contact avec son homologue russe depuis les révélations du massacre de Boucha. Et en livrant des CAESAR, Paris répond très probablement au besoin le plus pressant pour les armées ukrainiennes face à l’offensive russe dans le Donbass, qui tourne à un combat d’artillerie et de puissance de feu, et plus à une tentative de guerre de mouvement comme au début de la guerre.

Même si 8 CAESAR ne changeront pas le cours de la guerre, les capacités de ce système d’artillerie offriront effectivement des options plus qu’interessantes pour l’Etat-Major ukrainien, en particulier pour harceler les unités russes et effectuer des tirs de contre-batterie. Avec son canon de 155mm de 52 calibres (ceci désigne la longueur du tube en fonction du calibre de la munition, soit 8,06 m), le CAESAR a en effet une portée de 38 km avec des obus standards, et de 45 km avec des obus EFRB, surclassant de très loin les portées des systèmes russes comparables, comme le 2S19 Msta-S dont la portée plafonne à 25 km avec obus standards. En outre, le CAESAR est réputé très précis, y compris avec des obus classiques et à grande distance, cette capacité ayant même permis aux batteries françaises déployées en Irak de mener des frappes en zone urbaine en évitant les dommages collatéraux. Enfin, le CAESAR est très mobile, et une batterie peut se mettre en position de tir, tirer 3 salves d’obus et s’en aller en moins de 3 minutes, soit moins de temps qu’il n’en faut pour qu’un tir de contre-batterie puisse être mené.

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L’obus franco-suédois BONUS est conçu pour éliminer les véhicules blindés à longue distance

D’autre part, le CAESAR peut mettre en oeuvre des munitions de précision, comme l’obus M982 Excalibur et l’obus antichar BONUS, des armes conçues pour frapper des postes de commandement, des zones logistiques et des blindés en manoeuvre avec une précision et une puissance de feu dévastatrices. De fait, l’arrivée des CAESAR en Ukraine, mais également des ZUZANA slovaques, des Pzh2000 néerlandais, et des obusiers de campagne M198 américains, peut effectivement conférer aux armées ukrainiennes des capacités complémentaires à celles fournies par les drones et munitions vagabondes livrés par les Etats-Unis, de sorte à frapper les forces russes dans la profondeur de leur dispositif, et ainsi éliminer ses points d’appuis, de logistique et de commandement, afin d’enrayer l’offensive en cours.

Pour autant, tous ces systèmes, et le CAESAR n’y fait pas exception, nécessitent une formation solide à ses opérateurs pour être efficaces, faute de quoi ils risquent forts de se faire éliminer rapidement par l’adversaire. La question est désormais de savoir si et comment cette formation sera effectivement dispensée, et dans quels délais materiels et personnels pourront effectivement rejoindre la ligne d’engagement, alors que l’offensive russe dans le Donbass a déjà débuté. On peut en effet penser qu’il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour que les batteries ukrainiennes soient pleinement opérationnelles, soit au delà de la fenêtre temporelle perçue de l’offensive actuelle. A ce titre, l’Etat-major ukrainien a annoncé cette semaine la sortie des stocks de reserve de plus d’une centaine de pièce d’artillerie mobile, dont des canons automoteur Msta-S et Akatcia, et des lance-roquettes multiples Grad et Ouragan.

MSTA S Ukraine Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
L’Etat-Major Ukrainien a annoncé l’arrivée de prés d’une centaine de systèmes d’artillerie prélevés sur les réserves ukrainiennes pour faire face à la poussée russe dans le Donbass

Il est donc probable que l’effort actuel mené par les Européens dans ce domaine, vise non pas à contenir l’offensive dans le Donbass, mais à conférer aux armées ukrainiennes les capacités de soutenir et repousser un éventuel assaut ultérieur des forces russes, voire de mener des opérations pour reconquérir certains territoires perdus en particulier dans le sud du pays. En procédant ainsi, les armées ukrainiennes pourront assurer une transition rapide vers des materiels occidentaux bien plus facile à livrer et à maintenir pour les Européens et les américains, que les équipements de facture soviétique dont elle est dotée actuellement.

Comment la guerre en Ukraine rebat les cartes au sujet de la Conscription et de la Reserve ?

A l’instar de nombreuses armées occidentales, la France mit fin à la conscription en 1997 (techniquement uniquement suspendue mais dans les faits bel et bien terminée), pour se tourner vers une armée entièrement professionnelle, sur un modèle inspiré de la Grande-Bretagne. Cette décision reposait tant sur la baisse de la menace faisant suite à la chute du bloc soviétique, qu’à une restructuration imposée par les nouvelles missions confiées aux armées françaises, en grande partie basées sur des opérations exterieures auxquelles les conscrits ne pouvaient pas participer. Quant à la protection de la Nation, elle fut de fait confiée à la seule dissuasion, jugée nécessaire et suffisante pour assurer la protection de l’espace nationale mais également des intérêts vitaux de la France, dans un contexte international apaisé. En outre, elle permit de libérer des ressources professionnelles dédiées jusque là à l’encadrement et la formation des conscrits pour rejoindre des unités purement professionnelles, conférant aux armées françaises une capacité d’action internationale sans équivalent depuis de nombreuses décennies.

Pour autant, Paris ne prit pas le parti de reproduire le modèle américain qui s’appuie sur une force professionnelle mais également sur une importante force de reserve avec l’US Nationale Guard (rattachée aux Etats) et l’US Army Reserve (fédérale), lui préférant le modèle entièrement professionnel avec des forces de reserve limitées de la Grande-Bretagne. Malheureusement, les années 2000 et 2010, marquées par les fameux bénéfices de la paix, érodèrent considérablement les capacités des armées françaises, les effectifs perdant plus de 100.000 militaires en une dizaine d’années, du fait de reformes successives sur fond d’économies budgétaires, mais également des pressions de l’Etat-Major français, peu enclin à se doter d’une force de reserve complémentaire et privilégiant les capacités purement professionnelles. Il est vrai que la technicité demandée aux combattants modernes excéde de beaucoup le niveau de formation des conscrits des années 80, amenant de nombreux officiers supérieurs et généraux français à considérer alors, et toujours, que seules les forces professionnelles sont aptes à être engagées dans un combat de haute intensité moderne Les opérations exterieures, que ce fut au Mali, en Afghanistan et en Irak, tendaient effectivement à les conforter dans ces certitudes.

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Les armées françaises sont fait le choix de la professionnalisation en 1997

Toutefois, depuis le début de l’agression russe contre l’Ukraine, ces certitudes ont été sévèrement battues en brèches. En effet, une armée composée en grande majorité de conscrits et de réservistes parvient à tenir tête, et parfois à prendre l’avantage, contre la puissance armée russe professionnalisée à 70%, et notamment face à ses unités d’élite professionnelles. Mieux encore, de l’avis de nombreux observateurs spécialisés, les militaires ukrainiens montrent de réelles capacités à faire leurs des doctrines d’engagement basées sur de petites unités travaillant de manière coordonnée et faisant largement appel à des capacités très modernes comme l’utilisation de drones, pour contrer l’avantage numérique et en matière de puissance de feu des armées russes. En d’autres termes, ces conscrits et réservistes ukrainiens, souvent moins bien équipés que leurs adversaires, parviennent à agir avec force, determination et efficacité, appliquant des concepts d’engagement parfaitement modernes, et en s’adaptant rapidement aux équipements eux aussi modernes envoyés d’occident.

Il est vrai que les conscrits et surtout les réservistes ukrainiens n’ont que peu à voir avec les conscrits des armées françaises des années 80. En effet, une majorité de ces réservistes est constituée d’anciens conscrits ayant, entre 2014 et 2021, participé aux affrontements dans le Donbass, et ayant de fait l’expérience du combat. En outre, l’Etat-Major ukrainien a pris grand soin de former efficacement ses conscrits et réservistes, y compris ceux appartenant à la défense territoriale, pour être en mesure d’utiliser leurs armes, mais également d’interagir avec le reste des forces. Même les corps techniques, comme les forces aériennes, s’appuient en partie sur des pilotes de ligne réservistes capables de mener des opérations de combat, ceci expliquant pourquoi malgré ses pertes importantes, l’Ukraine reste capable de mettre en oeuvre des avions et des hélicoptères de combat, disposant d’une réelle réserve en matière de ressource humaine dans ce domaine.

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Les forces russes ont perdu en 8 semaines de combat plus de 525 chars lourds, 2,6 fois plus que n’en dispose l’Armée de Terre, et presque autant que le nombre de chars lourds opérationnels en France, Grande-Bretagne et Allemagne réunies.

De fait, en quelques semaines, de nombreuses certitudes quant à l’efficacité, la combativité et la technicité supposée de forces constituées de conscrits et de réservistes ont été remises à plat, obligeant les militaires mais également les spécialistes civils à reconsidérer la question avec une perception différente. Pour autant, dans ce même conflit, la démonstration inverse existe également, puisque les conscrits et les jeunes militaires sous contrat russes ont, pour leur part, subi d’importantes pertes, et n’ont guère montré de capacités exceptionnelles au combat. En d’autres termes, le fait de s’appuyer sur des forces composées de réservistes et de conscrits ne constitue pas nécessairement un handicap, alors que la professionnalisation des forces ne constitue par davantage une garantie d’excellence et d’efficacité. Dans les deux cas, la qualité de la formation, la motivation des soldats et la performance du commandement déterminent la réalité opérationnelle de ces unités au combat. Notons également que les armées ukrainiennes sont composées à 30% de femmes, y compris dans les unités combattantes, alors que les armées russes n’ont que très peu de femmes dans leurs effectifs, et que les femmes russes (pas davantage que les conscrits) ne sont pas supposées être engagées en zone de conflit.

Cette guerre en Ukraine invite donc les militaires européens et français, comme ceux qui les conseillent, à reconsidérer leurs positions dans ces domaines, et ce d’autant que l’agression russe montre également que la guerre conventionnelle de haute intensité est à nouveau une menace bien réelle en Europe. Les besoins pour ce type d’engagement, face à un adversaire susceptible de mobiliser jusqu’à 2 millions d’hommes (si tant est qu’il puisse les équiper), paraissent en effet hors de portée des formats des armées professionnelles de nombreux pays européens, en particulier des plus riches et des plus peuplés, ceux-là même qui devraient être en mesure de produire la masse efficace nécessaire pour s’opposer à une agression en cas de besoin. Du point de vue purement militaire et opérationnel, les armées ukrainiennes ont bel et bien démontré que cette approche est non seulement viable mais également efficace. En d’autres termes, en France comme en Allemagne, en Italie ou en Grande-Bretagne, le format actuel des armées imposé par la professionnalisation des forces, ne permet plus de répondre aux enjeux sécuritaires à venir, alors que le recours à des forces combattantes composées de conscrits ou de réservistes, pour peu qu’ils soient correctement formés et entrainés, et en complément de ces forces professionnelles, pourrait permettre de répondre à ce besoin, sans engager des dépenses hors de portée des états européens.

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La très efficace armée israélienne s’appuie sur une conscription de 2 ans 1/2 pour les hommes, et 2 ans pour les femmes

Dans ce domaine, les Européens pourraient s’inspirer de ce qui se fait avec succès dans d’autres pays, comme l’organisation de la conscription en Israel, ou de celle de réserve aux Etats-Unis ou en Suède. Une chose est certaine, les armées françaises ne peuvent désormais se prévaloir d’une capacité de resilience suffisante pour assurer la sécurité du pays et une participation suffisante à l’effort de défense collectif, lorsqu’en 8 semaines, les armées russes ont, quant à elles, perdu presque 3 fois le nombre de chars lourds, et l’intégralité des effectifs dont dispose la Force Opérationnelle Terrestre. On peut d’ailleurs se demander à quel point ces certitudes quant à la réalité combattante des forces composées de conscrits et de réservistes, n’ont pas participé à la mauvaise appréciation occidentale (y compris aux Etats-Unis) quant au déroulement de cette guerre, et aux chances estimées qu’avaient les ukrainiens de résister au rouleau compresseur professionnel russe …

L’US Navy propose 3 options pour le devenir de sa force navale

Depuis de nombreuses années, la planification de l’US Navy en matière de construction navale est pour le moins chaotique, avec des plans et des objectifs successifs divergents, parfois même contradictoires. Le sujet est d’ailleurs l’objet d’une opposition féroce entre les sénateurs et représentants républicains, partisans d’une flotte massive, et leurs homologues démocrates qui souhaitent maintenir le budget de la Défense sous controle. Au delà des ambitions parfois fantaisistes présentées ces dernières années, et des nombreux bras de fer ayant opposé le Pentagone aux parlementaires américains notamment au sujet du retrait de certains bâtiments, il était donc nécessaire pour l’US Navy de presenter une stratégie cohérente et raisonnable de planification navale, de sorte à anticiper et garder sous controle la montée en puissance des forces navales de certains pays, en particulier de la Chine et de la Russie. Et le plan présenté cette semaine par l’Etat-Major de l’US Navy répond à cette nécessité, tout en s’inscrivant dans le contexte particulier des rapports de forces politiques aux Etats-Unis.

De fait, le plan présenté ne repose pas sur une, mais sur 3 hypothèses, offrant aux législateurs américains la possibilité d’arbitrer effectivement dans un cadre donné les orientations de cette stratégie navale, ainsi que des ambitions américaines dans ce domaine, et les mettre ainsi, d’une certaine manière, face à leurs propres responsabilités, au delà des postures partisanes et stériles qui handicapent depuis des années ces efforts. Les deux premières hypothèses reposent sur un effort budgétaire constant sans augmentation significative des investissements fédéraux dans la construction navale au delà de la compensation de l’inflation, il est vrai un paramètre important ces dernières années outre-atlantique. La troisième hypothèse repose elle sur un effort accru dans ce domaine, avec une hausse budgétaire totale de 75 Md$ entre 2025 et 2045. Ces plans ne concernent que les navires disposant d’un équipage, la stratégie visant à équiper l’US Navy de 89 à 149 navires autonomes d’ici 2045 étant indépendante de cet effort.

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Avec le retrait des croiseurs Ticonderoga d’ici 2027, et dans l’attente des nouveaux destroyers DDG(x), les DDG51 Arleigh Burke seront les seuls grands navires de surface combattants de l’US Navy pendant plusieurs années

Les deux premières hypothèses proposent un arbitrage relativement simple, puisque la première s’appuie sur un plus grand nombre de grands navires de combat au détriment du format global de l’US Navy, alors que la seconde propose une réduction du nombre de ces grands navires afin de financer davantage de navires de taille intermédiaire et de sous-marins d’attaque. Ainsi, la première hypothèse propose, pour 2045, une flotte composée de 10 porte-avions nucléaires, de 75 destroyers, 44 frégates et LCS, de 55 sous-marins nucléaires d’attaque, de 47 navires amphibies, 46 navires logistiques et de 29 navires de soutiens. Dans la seconde hypothèse, la flotte est remaniée avec 10 porte-avions (-), 70 destroyers (-5), 49 frégates et LCS (+5), de 60 sous-marins nucléaires d’attaque (+5), 40 navires amphibies (-7), 51 navires logistiques (+5) et de 29 navires de soutien, ainsi qu’un premier nouveau sous-marin nucléaire lance-missiles de croisière, pour un total de 322 navires contre 318 dans l’hypothèse 1. De fait, la première hypothèse privilégie la puissance de feu, un destroyer emportant 2 fois plus de missiles qu’une frégate et un sous-marin nucléaire d’attaque réunis, mais un potentiel de distribution des forces inférieur, alors que la seconde propose une capacité de distribution plus importante, mais une puissance de feu plus réduite.

La troisième hypothèse, celle qui suppose un surcout budgétaire, apparait en quelque sorte comme la synthèse des deux hypothèses iso-budgets, en associant le nombre et la puissance de feu, avec pour 2044, 11 porte-avions nucléaires, 80 destroyers, 49 frégates et LCS, de 59 sous-marins nucléaires d’attaque, 59 navires amphibies, 50 navires logistiques et de 42 navires de soutiens, ainsi que, là aussi, un premier nouveau sous-marin nucléaire lance-missiles de croisière, pour un total de 363 navires, en tenant compte des 12 sous-marins nucléaires lanceurs d’engin communs aux 3 hypothèses. On note au passage que l’US Navy a fait l’impasse sur une réelle synthèse des 2 premières hypothèses, qui aurait prit la valeur la plus élevée des 2 dans chaque catégorie pour 332 navires en 2045, et qui nécessiterait probablement un effort budgétaire moins important que les 75 Md$ de l’hypothèse 3.

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L’hypothèse de porte-avions léger ayant été écartée, la flotte de porte-avions nucléaires de l’US navy a été partiellement sanctuarisée avec au moins 10 navires de ce type en service en 2045

Un spécialiste du marketing y verrait probablement une tentative d’utiliser un effet de domination asymetrique, parfois appelé effet de leurre, les 2 premières hypothèses pouvant apparaitre insuffisantes aux yeux des législateurs, alors que la troisième hypothèse ne suppose qu’un effort annuel supplémentaire de 3,5 Md$ de sorte à conférer à l’US Navy les capacités et la masse nécessaire pour répondre aux enjeux sécuritaires à venir, et en l’absence d’une réelle offre intermédiaire pouvant apparaitre satisfaisante aux yeux d’une majorité de parlementaires. On note à ce titre que l’ensemble du document présenté par l’US Navy est précisément formaté pour exploiter ce phénomène bien connu, avec des graphiques montrant l’évolution du nombre de missiles en silo disponibles, des capacités de frappe anti-sous-marine, et des capacités de sortie aérienne selon les hypothèses, et qui sont les seuls graphiques intégrés au document principal et non aux annexes.

En revanche, quelle que soit l’hypothèse, l’US Navy entend bien gagner le bras de fer qui l’oppose depuis plusieurs années avec le Sénat et la Chambre des Représentants au sujet du retrait de certaines unités. Ainsi, le document prévoit, pour les 3 hypothèses, le retrait de l’ensemble des croiseurs classe Ticonderoga d’ici 2027, mais également celui des 9 LCS dans le collimateur du Pentagone et ce dés 2023, et de deux LCS supplémentaires en 2024, ainsi que de 10 navires d’assaut de type LSD, et de 11 sous-marins nucléaires d’attaque (classe Los Angeles), de 3 sous-marins lance-missiles de croisière (SSGN) et du premier destroyer Arleigh Burke et du premier SNLE classe Ohio en 2027, pour un total de 24 navires retirés du service en 2023, 13 en 2024 et 2025, 14 en 2026 et 13 en 2027. L’Etat-major entend ainsi préserver des ressources humaines pour les nouveaux navires qui entreront en service, mais également économiser d’importantes capacités d’investissement en cessant de maintenir en service des navires trop vieux ou mal conçus, et présentant une capacité opérationnelle dégradée ne répondant plus aux nouvelles doctrines visées par l’US Navy et l’US Marines Corps.

Sea Hunters sea hawk Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
Quelle que soit l’hypothèse retenue, l’US Navy prévoit de se doter aux cotés de ses navires à équipage, d’une flotte de 89 à 149 navires autonomes d’ici 2045

En effet, pour répondre aux évolutions rapides du combat aéronaval et aéroterrestre liées à la multiplication des capacités des adversaires potentiels, le Pentagone a entamé la mise en oeuvre de 3 nouvelles doctrines navales répondant aux 3 types d’engagement auxquels ses navires et équipages devront faire face : la Distributed Maritime Operation, ou DMO pour le combat aéronaval, la Expeditionnary Advanced Base Opérations ou EABO pour l’assaut amphibie, et le Littoral Operation in Contested Environment ou LOCE pour le combat littoral. Si chacune de ces doctrines développe ses propres spécificités, elles reposent toutes trois sur la nouvelle doctrine innocentée Joint All-Domain Command and Control, ou JADC2, qui encadre l’ensemble des évolutions des armées américaines depuis plusieurs années, visant à accroitre la souplesse, la réactivité, l’efficacité et la létalité des forces américaines grâce à la coopération inter-armes et le partage d’information.

Reste qu’au delà de la présentation de ce plan somme toute rationnel et cohérent pour l’évolution de l’US Navy, le plus dur est désormais à faire pour le Pentagone et la Maison Blanche, alors que les postures prises par l’opposition républicaine à l’approche des élections de mi-mandat tendent à se radicaliser, et que l’aile gauche du parti Démocrate est de plus en plus difficile à contrôler pour la Maison Blanche au sujet de ces questions de défense. Déjà, plusieurs sénateurs et représentants républicains se sont emparer de ce plan pour dénoncer l’absence d’ambition, voire le renoncement de l’administration Biden dans le domaine naval, face à la menace chinoise. Rappelons en effet qu’outre-atlantique, la programmation militaire et le budget des armées est du ressort du Capitole, sur propositions de la Maison Blanche, et que bien souvent les arbitrages répondent à des considérations purement locales et non stratégiques, ceci ayant à de nombreuses reprises handicapé les capacités d’évolution des armées US.

La Serbie pourrait se tourner vers le Typhoon si la France refuse de livrer « certains missiles »

Les choses ne vont pas aussi bien qu’espérée entre Paris et Belgrade au sujet d’une éventuelle acquisition de 12 avions Rafale pour remplacer les Mig-29 vieillissants des forces aériennes Serbes. Si les négociations continuent avec Dassault aviation et l’Hotel de Brienne, il semble que les autorités serbes s’irritent du refus de Paris de livrer certains missiles. Et pour donner poids à cette insatisfaction, Nebojša Stefanovi, le Ministre serbe de La Défense, a annoncé le 16 Avril qu’il avait entamé, en parallèle des négociations avec Paris, des discussions avec Londres au sujet de chasseurs Typhoon, en précisant que le premier des deux à donner satisfaction à Belgrade au sujet de ces missiles, pourrait bien remporter la décision. Le missile en question est probablement le missile Air-Air à longue portée européen Meteor, une des rares munitions avec le missile SCALP à pouvoir être mis en oeuvre par les deux appareils.

Initialement, Belgrade avait émis l’hypothèse d’acquérir, aux cotés des 12 Rafale français, 12 autres appareils d’occasion d’un autre modèle afin de renforcer ces capacités défensives, et les Typhoon Block 1 britanniques étaient pressentis comme des candidats crédibles. Toutefois, dans la récente communication du Ministre de La Défense Serbe, cette notion d’appareils d’occasion n’est plus prédominante, et il semble bien que désormais, Belgrade considère effectivement le Typhoon comme une alternative de plein droit au Rafale français. En outre, en argumentant directement sur l’autorisation d’exportation du missile, la Serbie laisse supposer que Londres serait prêt à accéder à ses demandes, là ou Paris résisterait avec determination. Or, le Meteor est un missile rassemblant les industries britanniques, suédoises, allemandes, italiennes, espagnoles et françaises (qui produit notamment l’autodirecteur radar du Meteor), et l’autorisation d’exportation doit être validée par l’ensemble des membres. De fait, la forme de pression tentée par Nebojša Stefanovi pourrait tourner court, car Paris pourrait fort bien interdir l’exportation du Meteor même si Belgrade se tournait vers Londres et son Typhoon. Il en irait exactement, d’ailleurs, de même si les attentes serbes portaient sur le missile de croisière Scalp / Storm Shadow, co-produit par la France et la Grande-Bretagne.

Mig 29 Serbie Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
Les forces aériennes serbes mettent en oeuvre aujourd’hui 14 Mig-29 vieillissante et en grande partie obsolète, dont 10 sont des appareils russes et biélorusses acquis d’occasion, et 4 hérités de la Yougoslavie

En d’autres termes, la déclaration faite par le ministre de La Défense serbe est en quelque sorte un non événement, et ne sert qu’à mettre un peu de pression sur Paris pour tenter d’obtenir l’autorisation d’équiper les Rafale Serbes de ces missiles. Il faut reconnaitre que la France ayant autorisé leur exportation vers d’autres pays conjointement à l’acquisition de Rafale, les hésitations françaises paraissent étonnantes. Il ne s’agit probablement pas pour Paris de priver Belgrade de capacités d’engagement à moyenne et longue distance, le Rafale étant précisément taillé pour ce type de combat BVR. En revanche, on peut penser que la proximité des autorités serbes avec la Russie, mais également avec la Chine, peut faire craindre que ces pays aient accès à l’un de ces missiles pour en étudier le fonctionnement, soit pour le copier, soit pour le contrer, et ainsi mettre en danger l’un des principaux outils de la supériorité aérienne occidentale en Europe. L’experience des Rafale Qatari déployés en Turquie pour former les pilotes turcs et pakistanais à contrer les Rafale grecs et indiens, aura probablement amené les autorités françaises à plus de prudence dans ce domaine.

De fait, la réponse positive attendue par Belgrade dépend probablement bien davantage des engagements et garanties que le pays peut fournir à la France, et par voix de conséquence à ses partenaires et alliés, au sujet de la sécurité et de la confidentialité autour de ces missiles, que d’un éventuel changement de posture de la part des autorités françaises elles-mêmes, que la Serbie se tourne ou non vers le Typhoon. Pour autant, si telle est bien la raison des réserves françaises, elles devraient également porter sur d’autres technologies embarquées à bord du chasseur, comme le système d’autodéfense Spectra, le radar AESA RBE2 ou le moteur M88, même s’il est vrai qu’il est plus difficile d’escamoter un ces équipements embarqués qu’un simple missile gardé en stock.

Rafale meteor mica Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
Avec une portée supérieure à 150 km, et une vitesse supérieure à Mach 4, le missile Meteor est l’un des armements clés du Rafale pour les missions Air-Air aux cotés du missile à courte et moyenne portée MICA

Dans tous les cas, le fait que les autorités serbes fassent état d’une hypothèse alternative aux discussion en cours indique que celles-ci ne se déroulent pas au mieux, même si les spécificités géopolitiques de la Serbie laissaient en effet anticiper de telles difficultés potentielles. Reste que la Rafale demeure parfaitement taillé pour répondre aux besoins des forces aériennes du pays, de part sa grande polyvalence, ses performances mais également son carnet de commande bien rempli garantissant à ses clients un soutien et une évolutivité technologique maintenue pour de nombreuses années, domaine dans lequel le Typhoon européen et le Gripen suédois sont distancés, alors que les appareils russes semblent désormais exclus face aux sanctions CAATSA américaines, et que les appareils américains le sont pour des raisons politiques et historiques, ne laissant que peu d’alternative à Belgrade dans ce domaine.

L’US Army choisit SIG Sauer pour ses fusils d’assaut et ses mitrailleuses d’infanterie de nouvelle génération

Lancé en 2017, le programme Next Generation Squad Weapon de l’US Army visait à développer une nouvelle génération d’armes d’infanterie pour remplacer les fusils d’assaut M4A1, les mitrailleuses d’infanterie M249 et M240, ainsi que la munition 5,56 mm OTAN, jugée par l’État-major américain comme insuffisante face à la démocratisation des protections balistiques.

Intégré au super programme BIG 6, le programme NGSW commença par choisir, en aout 2019, une munition intelligente de 6,8 mm désignée XM1186, dérivée d’un calibre développé par Remington RPC au début des années 2000, abandonnant l’idée un temps évoquée de munition télescopée qui auraient, selon l’US Army, engendré trop de contraintes logistiques et industrielles.

Début janvier 2022, l’US Army attribua à la société Vortex Optics un contrat de 2,7 Md$ pour la fourniture de 250.000 systèmes de visée XM157 NGSW-FC (Fire Control), un équipement de visée de jour et de nuit embarquant de nombreuses nouvelles technologies, qui doit prendre place aussi bien sur la version fusil d’assaut que mitrailleuse du programme.

Il ne restait alors à l’US Army qu’à choisir entre les deux finalistes pour la compétition concernant les armes elles-mêmes, entre le modèle de Lonestar Future Weapons associée à Beretta USA s’appuyant sur une conception Bullpup (chargeur et chambre en arrière de la poignée, comme pour le Famas), et le MCX Spear de conception traditionnelle de SIG Sauer Inc.

C’est désormais chose faite, l’Armée américaine ayant attribué à Sig Sauer le contrat visant à développer et fabriquer le fusil d’assaut XM-5 qui remplacera le M-4A1, et la mitrailleuse XM-250 remplaçant les mitrailleuses légères M249 au calibre 5,56 mm, et la mitrailleuse M240 au calibre 7,62 mm, après un processus de tests et d’expérimentations de 27 mois.

L’armurier s’est vu attribuer un contrat de 20,4 m$ afin de fournir les armes, mais également les munitions, les pièces et le service, pour poursuivre les essais, de sorte à entamer les essais des prototypes en 2023 comme planifié par l’US Army.

Le fusil d'assaut XM-5 et la mitrailleuse XM-250 (en haut) partageront un unique calibre de 6.8 mm
Le fusil d’assaut XM-5 et la mitrailleuse XM-250 (en haut) partageront un unique calibre de 6.8 mm

Il faut dire que les exigences de l’état-major américain sont élevées. En effet, le XM5 comme le XM250 devront être plus précis, avoir une portée plus importante et surtout un pouvoir d’arrêt et de pénétration plus important que les armes et munitions actuelles, sans pour autant accroitre le poids des armes au combat, et tout en conservant le faible recul des armes OTAN de 5,56 mm comme le M4A1, de sorte à simplifier la formation et d’accroitre la précision du tir, y compris en rafales.

En d’autres termes, il s’agissait de rassembler les atouts des calibres 5,56 mm et 7,62 mm, tout en gommant les inconvénients, au sein d’une seule famille d’armes et de munitions d’infanterie.

En outre, grâce aux nouvelles munitions XM1186 et au système de visée XM157, les forces disposeront de capacités d’engagement et de collaboration étendues, avec des traceurs visibles uniquement en secteur arrière, un système d’intensification de lumière couplé à un télémètre laser, un système de communication et de coopération, et une interface numérique connectée aux lunettes intelligentes à réalité augmentée IVAS qui équiperont également les forces.

Ces armes équiperont les unités d’infanterie, d’infanterie mécanisée et les troupes aéroportées de l’US Army, ainsi que les unités d’infanterie du Corps des Marines américains, de sorte à en accroitre la létalité et l’efficacité au combat, et à prendre l’avantage sur d’éventuels adversaires même équipés de protections balistiques.

En revanche, les autres unités continueront d’employer les M4 et le calibre 5,56 mm OTAN, jugés suffisants pour les besoins d’autodéfense et d’engagement à relativement courte portée de ces types de force.

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Le système de viser XM157 de Vortex Optics offre une panoplie de capacités permettant d’accroitre la portée, la létalité et les capacités de coopération des forces d’infanterie américaines.

Reste que ces arbitrages menés par l’US Army interrogent quant à ceux qui président aux choix des armées des alliés des Etats-Unis. En effet, pour l’heure, toutes les armées occidentales privilégient le calibre 5.56 mm OTAN pour leurs armes d’infanterie, y compris la France qui a choisi le fusil d’assaut allemand HK416, lui-même dérivé du fusil d’assaut américain M4A1 américain, pour remplacer ses vénérables Famas à partir de 2017.

Or, au-delà des systèmes de visée et d’engagement collaboratif pouvant évoluer, ces armes souffrent de ce manque de puissance, de portée et de pénétration des défenses balistiques ayant précisément mené les Etats-Unis à se tourner vers un nouveau calibre.

Les Etats-Unis annoncent l’arrêt des essais de leurs systèmes anti-satellites

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Le 15 novembre 2021, la Russie procédant à la destruction du satellite Kosmos-1408 à l’aide d’un missile anti-satellite, provoquant la dissémination de près de 1500 débris sur une orbite très fréquentée, y compris par la station spatiale internationale. Depuis les années 60, pas moins d’une douzaine d’essais réussis ont été réalisés par les Etats-Unis, l’Union Soviétique / Russie, la Chine et l’Inde dans ce domaine, créant plus de 6500 débris spatiaux dont 4500 sont encore en orbite, menaçant les constellations de satellites aussi bien civiles que militaires. Pour Kamala Harris, la vice-présidente américaine, il était désormais nécessaire de mettre fin à cette escalade, y compris, chose rare pour les Etats-Unis, en donnant l’exemple. C’est ainsi que ce matin, la Maison Blanche a annoncé l’arrêt de tous les essais de systèmes anti-satellites aux Etats-Unis, joignant donc le geste à la parole, alors que les tensions avec la Russie et la Chine sont au plus haut, et que le Pentagone était engagé dans le developpement d’une arme de ce type, dont la démonstration devait intervenir prochainement.

Le dernier essai américain eut lieu le 21 février 2008, lorsqu’un missile anti-balistique SM3 modifié lancé à partir du croiseur AEGIS USS Lake Erie détruisit un satellite espion américain défectueux à 245 km d’altitude au dessus du Pacifique. Auparavant, un F-15 équipé d’un missile ASAT ASM-135 détruisit le 13 septembre 1985 le satellite P78-1 Solwin, lors d’un unique essai de cette arme. La Chine, pour sa part, démontra pour la première fois ses capacités ASAT le 11 janvier 2007, lorsqu’un missile SC-19 détruisit le satellite d’observation météorologique FY-1C à une altitude de 865 km. Depuis, le pays à développé d’autres systèmes, dont le missile Dong Neng-3 spécialement conçu à cet effet. L’Inde a également procédé en 2019 à la destruction d’un satellite évoluant à 300 km d’altitude lors de l’opération Shakti, créant 270 éléments de débris en orbite basse. Le système israélien anti-balistique Arrow 3 est également potentiellement capable d’intercepter et détruire des satellites évoluant en orbite basse.

SM 3 missile Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien

La crainte pour l’administration américaine est que, sous couvert d’essais, la destruction de satellites vienne à déclencher le syndrome de Kessler, du nom d’un consultant de la Nasa, Donald Kessler, qui étudia les effets d’une réaction en chaine liée à la destruction de satellites entrainant la multiplication des débris spatiaux, eux-mêmes venant endommager et détruire d’autres satellites, au point de ne plus pouvoir maintenir de satellite opérationnel sur les altitudes concernées, et de potentiellement rendre impossible l’exploration spatiale. Qui plus est, plus l’altitude des satellites détruits est élevée, plus les débris resteront longtemps en orbite avant d’être happé par la gravité terrestre, passant de quelques années pour un satellite évoluant à 300 km à plusieurs décennies, voir plusieurs siècles à 800 km d’altitude. En outre, la destruction d’un satellite par une arme ASAT projette des débris non seulement à l’altitude auquel le satellite évoluait, mais sur une large étendue d’altitude, rendant très difficile l’anticipation des trajectoires de débris lors d’une destruction.

Le problème est particulièrement important pour les armées américaines, et plus globalement occidentales, sont les doctrines s’appuient toujours davantage sur des capacités spatiales, qu’il s’agisse de communication, de géolocalisation, ou d’observation et de renseignement. Ainsi, le programme Blackjack de la DARPA prévoit de déployer plus d’un millier de satellites de fonction différentes pour apporter aux forces américaines un ensemble de service accessible partout sur la planète, alors que l’US Army déploie une nouvelle constellation de satellite pour être pleinement opérationnel en 2027. De même, les sociétés et les économies occidentales sont désormais très dépendantes des systèmes spatiaux, prés de 50 fois par jour et par individu selon une étude récente. En outre, nombre de technologies à venir, comme les véhicules autonomes, les drones et les systèmes de communication mobiles, reposent eux aussi sur une utilisation massive de technologies spatiales.

DARPA Blackjack Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien

Si la dépendance occidentale aux technologies spatiales et aux satellites est critique, la Chine tend elle aussi à accroitre très rapidement ses propres services, à destination des armées comme de son économie. En 2021, le pays a ainsi procédé à 55 lancements, soit plus d’un par semaine, dépassant les Etats-Unis avec 51 lancements, et la Russie avec seulement 25 lancements. Pour 2022, elle prévoit un nombre de lancements similaire, avec plus de 140 satellites et objets spatiaux à mettre en orbite, dont les nouveaux éléments de la station spatiale Tianhe qui accueille déjà 6 taaikonautes. En outre, comme les Etats-Unis, la Chine s’appuie sur la technologie des drones et des équipements de combat autonome pour moderniser ses forces armées, et dépendra, de fait, tout autant que les armées américaines, de sa propre constellation de satellites pour les mettre en oeuvre.

Reste à voir, désormais, quelle sera la posture retenue par Moscou dans ce dossier. En effet, contrairement à Washington ou Pékin, les armées russes sont plus rustiques, et dépendent moins des capacités fournies par les satellites russes, en dehors de la géolocalisation fournie par la constellation GLONASS évoluant à presque 20.000 km d’altitude. De fait, même si la Maison Blanche a annoncé l’arrêt de ses essais anti-satellites, rien ne garantit que le Kremlin fasse de même, d’autant qu’il pourrait être tenté, face aux sanctions occidentales et à leurs effets sur l’economie russe, ou face au soutien occidental aux armées ukrainiennes, de frapper l’occident de manière indirecte, précisément en visant le syndrome de Kessler en orbite basse, là ou les conséquences sont les plus courtes dans la durée. Pour autant, Moscou frapperait également en agissant ainsi des capacités stratégiques chinoises et indiennes, ce qui altèrerait immanquablement la bienveillance de Pékin et de New Delhi à son égard.

Le programme de Réacteur Nucléaire transportable Pele du Pentagone prend son essor

Chaque jour, le Pentagone consomme, pour ses forces armées, 50 millions de litre de carburant, et ce chiffre pourrait plus que doubler en cas d’engagement majeur. Outre les couts exorbitants que représentent une telle consommation même pour un pays producteur de pétrole comme les Etats-Unis ,et l’impact de plus en plus problématique pour les quelques 100 millions de kg de CO2 rejetés chaque jours dans l’atmosphère, cette dépendance constitue également un casse-tête logistique permanent pour les forces américaines déployées hors du territoire, alors même que la Guerre en Ukraine a démontré l’immense vulnérabilité des chaines logistiques face aux systèmes d’armes modernes et à une infanterie motivée exploitant des techniques de guérilla efficaces. Par ailleurs, le problème ne pourra aller que croissant avec l’entrée en service de plus en plus de capacités opérationnelles liées à la production électrique, comme les armes à énergie dirigée, les véhicules à propulsion électrique ou hybrides, les systèmes informatiques, de détection et de communication de plus en plus puissants, et donc gourmands en énergie.

L’idée de déployer un mini-réacteur nucléaire pour produire l’énergie électrique nécessaire aux forces ne date pas d’hier aux Etats-Unis. Ainsi, le Pentagone avait lancé des le milieux des années 50 des études pour répondre à ce besoin spécifique, et les progrès techniques enregistrés ces dernières années ont permis de revigorer ce concept dès le début des années 2010. Il faudra toutefois attendre 2020 pour que la DARPA s’empare officiellement du projet, et finance une étude préalable pour la conception d’un réacteur nucléaire d’une puissance de 1 à 5 GW, capable d’être embarqué à bord d’un container 20 pieds aérotransportable. Trois entreprises furent sélectionnées pour mener ces recherches préalables, BWX Technologies, Inc en Virginie, Westinghouse Government Services de Washington D.C et X-energy dans l’Etat du Maryland, et le programme fut officiellement nommé « Programme Pélé », du nom de la déesse du feu et des volcans de la mythologie hawaïenne.

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Le programme Pelé tel que présenté en 2020 par la DARPA

Mercredi 13 Avril, le Departement de La Défense américain a annoncé que le programme Pelé allait franchir une nouvelle étape, avec la construction d’un prototype par l’un des deux finalistes sélectionnés, en l’occurence BWX Technologies et X-Energy, l’attribution du contrat définitif devant intervenir dans les semaines à venir. L’objectif annoncé est de pouvoir entamer les tests du nouveau réacteur en 2024 sur le site de l’Idaho National Laboratory, et une démonstration opérationnelle dès 2025, selon le Dr. Jeff Waksman en charge de ce projet. A terme, les réacteurs Pélé pourront être aérotransportés par avion C-17 partout ou cela sera nécessaire pour soutenir les déploiements de forces américaines, et ainsi considérablement simplifier la chaine logistique pour soutenir ces efforts.

Pour y parvenir, le Pentagone parie sur un réacteur nucléaire de 4ème génération, plus performant et surtout plus sur, même si aucun réacteur de ce type n’est encore opérationnel aux Etats-Unis. Contrairement aux réacteurs de 2ème génération actuellement en service, et ceux de 3ème génération en cours de déploiement, les réacteurs de 4ème génération offrent, sensément, une résistance accrue aux agressions externes, une caractéristique évidement clé pour un équipement déployé sur une base militaire potentiellement ciblée par un adversaire déterminé. En Avril 2020, le même Dr. Jeff Waksman avait, à ce titre, laissé entendre que le nouveau réacteur reposerait sur la technologie TRISO, permettant d’obtenir un rendement énergétique sensiblement supérieur à celui des réacteurs de génération antérieure, et un controle accrue de la réaction nucléaire pour en accroitre la sécurité.

TRISO fuel particle Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
Gros plan sur une bille TRISO mettant en détail le noyau (en jaune) et les 3 couches de protection. La bille ne mesure en réalité qu’un millimetre de diamètre.

Reste que ce projet ne fait pas que des émules, y compris outre atlantique. Ainsi, de nombreux experts nucléaires demandent au Pentagone des garanties et des explications quant à la technologie employée, ainsi que sur les risques liés à son utilisation. A titre d’exemple, une centrale nucléaire rassemble pour son fonctionnement entre 1500 et 2000 personnes, dédiées à son fonctionnement mais également à sa sécurité, et aux ripostes en cas de menace de fuite ou d’incident. En revanche, un sous-marin nucléaire n’embarque qu’une à deux douzaines de spécialistes nucléaires pour mettre en oeuvre le réacteur du navire, mais il est vrai que les conséquences d’un naufrage d’un tel navire sont moins spectaculaires potentiellement que celles d’un nouveau Tchernobyl ou Fukushima à proximité de zones peuplées. Pour autant, ces réserves ne semblent plus freiner désormais la determination du Pentagone à se doter d’une telle technologie, la pression opérationnelle se substituant ici aux risques potentiels mais limités liés à l’utilisation et au déploiement de ces réacteurs.

Il est vrai que le potentiel que représente une centrale électrique de 1 à 5 MW indépendante d’une chaine logistique et contenue dans un volume identique à celui d’un container de 20 pieds est très important. Ainsi, les Etats-Unis construisent actuellement sur les iles Palaos, dans l’archipel des Carolines, un nouveau complexe radar visant à surveiller l’accès au sud de l’Ocean Pacifique et à l’océan Indien, jouant un rôle déterminant dans la protection de l’Australie. Or, un tel radar consomme à lui seul plus d’un Gigawatt de puissance électrique, sans compter les innombrables ordinateurs et systèmes de traitement et de communication qui lui seront rattachés, ou les armes à énergie dirigée qui en assureront la protection. Dans cette hypothèse, un réacteur nucléaire autonome s’avérerait plus que pertinent, d’autant qu’une telle puissance électrique permettrait d’alimenter les véhicules à propulsion électrique rattachés à cette base, ainsi que l’ensemble de la zone vie pour les personnels, et même les systèmes d’assainissement de l’eau, rendant la base presque autonomie, en dehors de la nourriture et des munitions.

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Les Etats-Unis vont déployer un radar de forte puissance sur une ile des Palaos pour surveiller l’accès à l’océan indien et au Pacifique Sud

Si la technologie Pelé est conçue avant tout pour répondre aux besoins du Pentagone dans le Pacifique face à la Chine, ou la multiplication des bases isolées est entrevue comme un impératif pour contenir la montée en puissance des armées et de la Marine chinoise, elle pourrait également s’avérer utile sur d’autres théâtres, en Afrique et au Moyen-Orient bien entendu pour suppléer à la fragilité de la grille électrique, mais également en Europe, dans une version potentiellement civile, pour faciliter la transition énergétique des alliés européens des Etats-Unis, une hypothèse évoquée par le Dr. Jeff Waksman lors de son interview. En outre, même si ce n’est pas abordé jusqu’ici, cette technologie pourrait également permettre de suppléer des pertes temporaires de capacités de production électrique de sorte à maintenir l’intégrité de la grille électrique en Europe, y compris face à certains événements comme des attaques cyber visant les installations de production électrique ou des pertes de capacité de production suite à des problèmes d’approvisionnement en combustible fossile par exemple (gaz, pétrole charbon…).

Pourquoi les navires français sont-ils souvent insuffisamment équipés ?

Il y a quelques jours, un article de Mer et Marine a entrainé un certain emballement médiatique dans la sphère defense nationale. Celui-ci expliquait que la frégate Bretagne de la Marine Nationale, un navire de la classe Aquitaine, avait vu ses brouilleurs R-ECM, des équipements conçus par Thales, et qui permettent au navire de brouiller les radars de navires mais également des missiles anti-navires adverses, retirés pour équiper la nouvelle frégate Lorraine. En effet, seuls 7 lots de brouilleurs ont effectivement été commandés par la Marine nationale pour équiper ses 8 frégates FREMM, laissant en permanence un navire sans ces systèmes pourtant jugés critiques pour des navires de premier rang, susceptibles d’opérer en zone de très haute intensité face à des menaces importantes, même si, rappelons le, le planning de maintenance des frégates françaises prévoit qu’il y a, à chaque instant, au moins une frégate de la classe Aquitaine en maintenance. Pour autant, l’épisode récent du croiseur russe Moskva lourdement endommagé par ce qu’il semble être deux missiles anti-navires Neptune ukrainiens, rappellent fort à propos la nécessité de ce type d’équipement pour de tels navires.

Il faut dire que le cas des brouilleurs R-ECM des frégates FREMM ne représente que la partie émergée d’un iceberg bien plus imposant, la Marine Nationale étant coutumière d’un sous-équipement chronique de ses navires. Ainsi, les frégates légères furtives de la classe La Fayette devaient initialement être dotées d’un sonar de coque, de tubes lance-torpilles et d’un système à lancement vertical pour ses missiles anti-aériens, pour au final n’être équipée d’aucun de ces équipements, privant le navire de capacités anti-sous-marines et limitant ses capacités en matière de défense anti-aérienne et anti-missiles. De même, les 3 porte-hélicoptères de la classe Mistral, des navires considérés comme des navires clés (capital ships en anglais) par la Marine nationale, n’emportent que des moyens d’autodéfense très limités avec deux systèmes anti-aériens à très courte portée SIMBAD et des capacités de brouillages réduites. Même les nouvelles Frégates de Defense et d’Intervention, qui entreront en service à partir de 2026, n’emporteront que 16 silos verticaux pour missiles anti-aériens, et ne disposeront d’aucun brouilleurs ni aucun système anti-missile rapproché, contrairement à leurs homologues grecques armées de 32 silos et d’un CIWS SeaRam. Quant aux très attendus Patrouilleurs de Haute Mer, devant remplacer les antédiluviens A69, ils ne disposeront, comme armement lourd, que d’un unique canon de 40 mm Rapid Fire CTAS, et s’ils emporteront un sonar de coque, ne disposeront d’aucun système anti-aérien à courte portée, ni de torpilles pourtant relativement utiles pour les missions de lutte anti-sous-marine.

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première frégate furtive au monde, la Lafayette n’a jamais reçu les équipements qui devaient lui permettre d’être considérée comme une frégate de 1 er rang.

De fait, l’exemple des brouilleurs R-ECM de la Bretagne ne constituent qu’un exemple parmi tant d’autres d’une tendance profonde et ancienne de la Marine Nationale, qui dispose de nombreux navires insuffisamment équipés et armés pour évoluer en zone de combat. On peut dès lors s’interroger sur les raisons de ces arbitrages, menées tant par la planification de la Marine nationale que par le Ministère des Armées. Evidemment, l’explication est avant tout budgétaire, la Marine ne disposant, chaque année, que d’un budget de l’ordre de 1 à 1,5 Md€ pour ses équipements neufs (hors dissuasion), insuffisant pour construire et équiper une flotte de la dimension voulue par Paris. Pour autant, l’Etat-major de la Marine Nationale auraient pu décider de réduire en format sa flotte, de sorte à transférer les budgets libérés vers les équipements requis. Mais une telle décision emporterait de nombreuses difficultés aux conséquences importantes pour les capacités navales françaises.

D’une part, la Marine Nationale privilégie en permanence l’évolutivité de ses coques à leur équipement immédiat. En effet, construire une frégate nécessite deux années, là ou installer des équipements ou armements supplémentaires peut se faire en quelques semaines, voire quelques mois. De fait, à budget donné, la Marine Nationale a fait le choix de disposer de plus de coques pouvant potentiellement être mieux armées en cas de besoin, plutôt que d’avoir une flotte parfaitement homogène mais plus réduite. Elle peut ainsi intervenir sur un plus grand nombre de théâtres simultanément, en se limitant toutefois à des théâtres de faibles et moyennes intensités sur la majorité de ses navires. Force est de constater que ces 30 dernières années, de tels théâtres constituaient l’immense majorité des cas, et la Marine nationale ne s’est que très rarement retrouvée effectivement handicapée par un manque de moyens lors de ses déploiements. Outre les capacités d’évolution de ses bâtiments, un tel arbitrage a également permis de former et d’entrainer un plus grand nombre d’officiers, officiers mariniers et matelots, et donc de disposer d’une reserve en matière de ressources humaines plus importantes qu’avec un format plus réduit.

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Si la FDI dipose d’atouts importants, elles n’en restent pas moins armés de seulement 16 silos verticaux et dépourvue, dans sa version Marine Nationale, de brouilleurs

D’autre part, il est important de rappeler que la France est le principal client de sa propre industrie navale de défense, et qu’en tant que telle, elle se doit de confier à ses industriels un volume d’activité suffisant pour maintenir les savoir-faites et les compétences dans ces domaines. Ce point a joué un rôle clé pour ce qui concerne le programme de frégates FDI, le ministre de La Défense de l’époque Jean-Yves le Drian, ayant décidé d’annuler la livraison des 5 dernières FREMM pour commander, à leur place, 5 nouvelles frégates FDI, aussi chers bien que plus petites et moins bien armées que les FREMM, de sorte à donner l’activité nécessaire aux bureaux d’études de Naval Group. Rappelons également qu’à cette époque (2015), le groupe français estimait également que la demande mondiale évoluerait précisément vers des navires performants mais plus compacts et économiques, ce qui ne fut finalement pas le cas, en tout cas jusqu’à présent. C’est également pour cette même raison de maintien des capacités industrielles que la diminution du programme FREMM de 17 à 6+2 exemplaires, sur une durée de livraison au final plus longue de 5 années, aboutira à un prix global du programme quasiment identique, 8 Md€, précisément pour maintenir (et donc payer) les savoir-faire de l’industriel sur la durée. Dans le cas contraire, la France serait alors contrainte de commander ses prochains navires dans d’autres chantiers navals en Europe ou aux Etats-Unis, et entre 10.000 et 15.000 emplois directs et induits seraient détruits en France.

On le comprend, les défauts d’équipements des navires de la Marine Nationale sont donc liés à des contraintes importantes, et les arbitrages qui ont été faits, à budget donné, répondent à une logique parfaitement défendable. D’ailleurs, on observe des choix similaires aussi bien au sein de l’Armée de Terre que de l’Armée de l’Air et de l’Espace, avec par exemple la modernisation à minima des chars Leclerc MLU ou des Mirage 2000D. En revanche, il convient désormais de mettre en perspective ces arbitrages sensés maintenir du volume au dépend des performances avec une capacité d’évolution en cas de crises et tensions, et la réalité géopolitiques actuelles, la plus intense depuis le milieux des années 80. En d’autres termes, si les navires français devaient être en mesure d’évoluer et de recevoir équipements et armements supplémentaires c’était, du point de vue doctrinal, précisément pour que tel soit le cas dans un contexte comparable à la présente situation.

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La modernisation des Leclerc français ne prévoit pas l’installation de systèmes Hard-Kill pour renforcer la protection contre les missiles et roquettes anti-chars, alors que la guerre en Ukraine, et avant elle dans le haut-karabach, ont montré la vulnérabilité des chars face aux systèmes antichars modernes

Et si de tels arbitrages ont permis aux armées françaises de maintenir des capacités et des savoir-faire au dépend de performances immédiates, et ce dans un contexte budgétaire très défavorable, ils n’ont de légitimité que si, aujourd’hui, des décisions sont prises précisément pour en exploiter le potentiel. Ainsi, pour respecter cette doctrine navale militaire et industrielle appliquée par la France depuis une trentaine d’années, il est désormais nécessaire, eu égard au contexte géopolitique, d’accroitre rapidement et sensiblement les investissements dans ce domaine, afin de permettre aux navires existants, mais également ceux à venir, d’opérer au plus tôt à leur plein potentiel opérationnel.

Les Etats-Unis prévoient le renforcement de leurs capacités de dissuasion en Europe

Mise en oeuvre à partir du milieu des années 60 en pleine Guerre Froide, et de manière très confidentielle, la dissuasion partagée de l’OTAN permettait aux armées de ses membres de mettre en oeuvre des armes nucléaires américaines, avec un principe dit de « doubles clés », les Etats-Unis et les dirigeants des armées européennes mettant en oeuvre ces armes ayant tous deux une « clé » permettant d’armer les charges nucléaires, la désignation des objectifs étant, en revanche, du ressort du commandement intégré de l’Alliance, et non des états eux-mêmes. Au fil des années, ce dispositif a évolué pour ne rassembler, de manière permanente, que 5 membres de l’Alliance, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, les Pays-bas et la Turquie, chacun disposant d’armes nucléaires OTAN sur son sol, en l’occurence des bombes nucléaires gravitationnelles B-61, mais également des appareils adaptés pour les mettre en oeuvre, à savoir des F-16 et des Panavia Tornado.

Longtemps marqué du sceau du secret, y compris vis-à-vis des opinions publiques des pays participant à cette mission, la dissuasion partagée de l’OTAN était toutefois parfaitement connue des autorités soviétiques, Washington ayant informé Moscou de cette mission en amont des premières discussions concernant la limitation des armes stratégiques au début des années 70. Outre ces armes, les Etats-Unis unis avaient également déployés sur le sol de certains des membres de l’OTAN, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Turquie, des capacités nucléaires sous controle américain, qu’il s’agisse de missiles de croisière Tomahawk, de missile balistique Pershing 2 ou de bombes aéroportées, en particulier lors de la très difficile crise des euromissiles entre 1983 et 1986, alors que la France et la Grande-Bretagne disposaient eux aussi de capacités de frappe nucléaires propres, qu’elles soient aériennes, navales et terrestres, sans qu’aucune de ces capacités ne soient controlées par l’Alliance Atlantique elle-même.

F111 48th fighter wing Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
De 1977 à 1999, les F-111 de la base aérienne de Lakenheath en Grande-Bretagne, ont assuré des missions de dissuasion en Europe au profit de l’OTAN et des Etats-Unis

Avec la fin de la Guerre Froide, la posture dissuasive de l’OTAN comme de ces membres a été considérablement réduite. Les Etats-Unis ont retiré leurs dernières armes nucléaires du sol européen en 2009, alors que la France supprima sa composante sol-sol de sa triade nucléaire, et que la Grande-Bretagne élimina pour sa part la composante aérienne de sa dissuasion pour ne s’en remettre qu’à ses sous-marins lanceurs d’engins. Même la dissuasion partagée de l’OTAN était sous le feu des critiques alors que le voile du secret s’était étiolé, et qu’une partie des opinions publiques jugeaient cette posture désuète. Les tensions puis la guerre en Ukraine ont, une nouvelle fois, profondément renversé la situation, ainsi que la perception des opinions publiques à ce sujet, amenant l’Allemagne à se prononcer en faveur du F-35A à l’instar des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Italie, l’appareil ayant été choisi par l’OTAN pour transporter la nouvelle version de la bombe nucléaire B-61Mod12 appelée à devenir la munition standard de la dissuasion partagée.

Par ailleurs, dans le cadre de la préparation des budgets du Pentagone pour 2023, une nouvelle insertion a attiré l’attention des observateurs spécialisées. En effet, en 2022 comme auparavant, l’US Air Force réclamait des crédits pour soutenir la posture de dissuasion partagée de l’OTAN dans les 5 pays appartenant à cette mission. Cette année, en revanche, la Grande-Bretagne est également listée dans cette mission, ce qui laisse supposer que le Pentagone souhaite déployer outre-manche des avions de combat à capacités nucléaires F-35A et/ou F-15D/E, afin de renforcer les capacités de l’Alliance dans ce domaine. Pour rappel, les dernières armes nucléaires américaines avaient quitté le sol britannique en 2009, et jusqu’il y a encore quelques semaines, rien ne laissait présager d’un tel renversement de posture de la part de Washington, de Londres et de Bruxelles, révélateur d’une nouvelle ère de tensions en Europe pour les années et décennies à venir.

F35 Italien Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
Le F-35A est désormais le vecteur de référence pour assurer la mission de dissuasion partagée de l’OTAN

En outre, selon Jessica Cox, la directrice du directoire de la politique nucléaire de l’OTAN, l’alliance aurait désormais entrepris de promptement basculer ses capacités de dissuasion partagée vers les nouveaux F-35 qui arrivent ou arriveront en Belgique, Italie, Pays-Bas et Allemagne, de sorte à disposer le plus rapidement possible de cette nouvelle capacité. Outre ces 4 pays, les F-35 norvégiens, danois et Polonais pourraient quant à eux être adaptés pour évoluer en soutien d’une telle mission si besoin, avec l’objectif d’atteindre une conversion totale de la flotte d’ici la fin de la décennie, ce qui suppose non seulement de disposer des équipements nécessaires, mais également d’avoir pu entrainer et tester ces capacités à l’échelle de l’Alliance.

Au delà de ces pays, on peut penser qu’à relativement court terme, Washington comme ses alliés européens pourraient revenir sur les sanctions imposées contre Ankara concernant les équipements et technologies de Défense. En effet, si la Turquie avait ces dernières années suivie une trajectoire amenant à douter légitimement de sa fiabilité en tant qu’allié de l’OTAN, sa posture et ses prises de décision depuis le début de la Guerre en Ukraine sont exemptes de reproche, Ankara ayant même réussi à s’entendre avec Paris et Athènes pour proposer une évacuation des civils de Marioupol, proposition malheureusement ignorée par Moscou. Or, de part sa position stratégique, et l’importance de ses armées, la Turquie représente à nouveau un allié capital pour Washington et l’OTAN afin de contenir la puissance militaire russe en Mer Noire, Méditerranée Orientale mais aussi dans le Caucase et au Moyen-Orient. Sachant que le pays est toujours intégré à la dissuasion nucléaire partagée de l’OTAN, il est probable que Washington reviendra sur certaines des sanctions imposées ces dernières années contre Ankara, en particulier concernant les forces aériennes turques qui souhaitaient il y a encore quelques mois acquérir de nouveaux F-16 et des kits de modernisation pour sa propre flotte de chasse, lui permettant ainsi de continuer à assurer cette mission stratégique.

Le premier des 100 F35A aux couleurs turques ne sera probablement pas transfere en Turquie Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
La Turquie pourra-t-elle espérer réintégrer le programme F-35 après en avoir été exclu définitivement en 2020 ?

Reste que la Guerre en Ukraine a également montré que la puissance aérienne était, désormais, considérablement contenue par les défenses anti-aériennes modernes, et il serait pertinent de s’interroger sur la viabilité de cette composante aérienne de la dissuasion partagée de l’OTAN dans sa forme actuelle et dans le contexte présent et à venir. En effet, en dépit de ses qualités de furtivité, un F-35A aura les plus grandes difficultés à s’approcher suffisamment d’une cible justifiant l’emploi d’une arme nucléaire comme la bombe B-61Mod12, et de se mettre en position de largage à moyenne ou haute altitude à la presque verticale de celle-ci, comme l’impose une telle arme. A l’inverse de l’Armée de l’Air et de l’Espace, mais également de l’US Air Force et des forces aériennes russes, qui privilégient l’utilisation d’arme nucléaire à long rayon d’action comme l’ASMPA, les bombes gravitationnelles nucléaires exposent en effet considérablement l’avion porteur, fut-il furtif, laissant peu d’espoir quant au succès d’une telle opération si elle venait à être ordonnée. On peut s’attendre, des lors, que dans un avenir relativement proche (à l’échelle de la dissuasion), la bombe B-61 soit remplacée par un système d’arme beaucoup plus efficace, comme les nouveaux missiles hypersoniques aérobies développés actuellement par la DARPA, pour peu que ceux-ci parvenaient effectivement à être mis en oeuvre par des chasseurs comme le F-35A.

La Suède rejoint la Finlande pour adhérer à l’OTAN

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la Suède et la Finlande ont partagé un destin commun en Europe. Les deux pays ont ainsi conservé une posture neutre durant toute la guerre froide, ne rejoignant ni l’OTAN, ni le Pacte de Varsovie, et n’adhérant pas même à la Communauté Economique Europe en dépit d’une profonde culture démocratique et de liens étroits avec les pays d’Europe de l’Ouest, et d’épisodes dramatiques comme l’assignat du premier ministre suédois Olof Palme. Après l’effondrement du bloc soviétique, Stockholm et Helsinki ont rejoint conjointement l’Union européenne en 1995, mais en l’absence de menace à l’Est, aucun des deux ne souhaita adhérer à l’OTAN, la neutralité affichée correspondant parfaitement aux attentes des opinions publiques des deux pays. A partir des années 2010, et avec la montée en puissance de l’armée russe, un mouvement de fond commença à émerger dans les deux états scandinaves en faveur d’une telle adhésion, sans pour autant s’imposer majoritairement dans les opinions publiques, et rencontrant une hostilité certaine de la part d’une partie de la classe politique.

Avec la posture de plus en plus agressive de la part de Moscou envers ses voisins, Stockholm comme Helsinki se sont rapprochées de leurs partenaires occidentaux, y compris dans le domaine militaire, sans pour autant franchir le Rubicon, alors que progressivement, les deux opinions publiques se montraient de plus en plus favorables vis-à-vis d’une adhésion à l’OTAN. A la veille de l’attaque russe en Ukraine, celles-ci étaient encore partagées sur le sujet, une moitié des suédois et finlandais se déclarant en faveur d’une telle adhésion, l’autre moitié y étant opposée. Le déclenchement des hostilités, le 24 février, a toutefois fait l’effet d’un électrochoc dans les esprits des deux pays, et une nette majorité de suédois et de finlandais, au delà de 60%, se déclarent depuis en faveur d’une adhésion de leur pays à l’Alliance Atlantique, et en fin de semaine dernière, la première ministre finlandaise, Sanna Marin, annonça publiquement qu’elle entendait désormais entamer les consultations parlementaires pour que son pays rejoigne l’OTAN.

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La première ministre suédoise Magdalena Andersson (premier plan) et son homologue finlandaise Sanna Marin lors de la conférence de presse commune ce matin pour annoncer la décision de rejoindre l’OTAN des deux pays scandinaves

Toutefois, comme en 1995, la Finlande a souhaité engager une dynamique commune avec son premier partenaire et allié, la Suède, et c’est la raison pour laquelle la dirigeante finlandaise s’est rendue ce matin à Stockholm pour rencontrer son homologue suédoise, Magdalena Andersson, afin de définir une position commune à ce sujet. A l’issue de cette rencontre, les deux pays ont annoncé s’engager dans une démarche commune d’adhésion à l’OTAN, et ce dans des délais courts, « d’ici quelques semaines » selon la première ministre finlandaise, et « avant fin juin » pour son homologue suédoise. Eu égard aux indicateurs socio-économiques et démocratiques des deux pays, il ne fait guère de doute que cette adhésion pourra être menée rapidement, un impératif de taille pour éviter que la Russie ne mettent en oeuvre des mesures de rétorsion et de menaces trop importantes pouvant potentiellement empêcher un tel processus.

En effet, si c’est la menace russe et l’attaque de l’Ukraine qui auront engendré le basculement des deux opinions publiques rendant possible une telle adhésion, celle-ci n’aurait probablement pas pu avoir lieu auparavant, comme elle n’eut pas lieu pendant la guerre froide. Durant cette période, ces pays, et notamment la Suède, ont évoqué le sujet d’une possible adhésion à l’Alliance Atlantique, mais la réponse de Moscou fut toujours virulente, laissant supposer que dans une telle hypothèse, une opération militaire soviétique en Scandinavie n’était pas à exclure. Ce discours fut d’ailleurs repris par Vladimir Poutine ces derniers mois, celui-ci ayant clairement menacé de représailles militaires toute velléité pour les pays d’Europe de l’Est de rejoindre l’OTAN. Si cette menace visait en particulier l’Ukraine et la Georgie, elle s’étendait également à la Suède et la Finlande. Or, s’il y a encore trois mois, les armées russes représentaient une menace conventionnelle des plus dissuasives pour Stockholm et Helsinki, sachant qu’un processus d’adhésion prendrait nécessairement plus de temps qu’un déploiement militaire russe, l’engagement désormais massif de la presque totalité des capacités offensives russes en Ukraine, et la destruction de 20% de ces capacités (30 BTG sur 150) depuis le début du conflit, rendent toute réponse militaire conventionnelle russe à court terme inimaginable pour empêcher cette adhésion.

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Avec près de 500 chars et plus de 800 véhicules blindés détruits ou capturés, les capacités offensives russes ont été entamées à plus de 20% en Ukraine

Paradoxalement donc, si la puissance et la menace militaire russe a induit ce basculement de posture des deux pays scandinaves à moyen et long terme, c’est la faiblesse militaire de Moscou à court terme qui en a créé le contexte permettant une telle décision, une première dans l’histoire récente. En effet, auparavant, soit de telles velléités étaient neutralisées par la menace d’une intervention soviétique en représailles ne laissant aucune opportunité d’y parvenir, soit la Russie ne représentait plus une menace suffisamment significative pour qu’une telle adhésion soit nécessaire, éliminant toute nécessité. On comprend dès lors pourquoi cette décision a été prise de manière si précipitée en apparence, alors même qu’au contraire, elle s’inscrit dans une histoire remontant à plus de 70 ans.

Reste que si l’arrivée de la Suède et de la Finlande au sein de l’OTAN renforcera sensiblement la posture défensive de l’alliance en Europe du Nord, en Scandinavie et en Mer Baltique, elle constitue déjà un sévère camouflet pour les aspirations en matière de défense Européenne. En effet, aux dires mêmes des deux chefs d’Etat, la sécurité que représente l’Article 5 de l’OTAN, celui qui permet à un état attaqué de mobiliser ses alliés, est sans commune avec « l’existant », une référence à l’article 42.7 du traité de l’Union européenne, parfois présenté comme son équivalent au sein de l’Union européenne. Si les deux articles sont proches, ils diffèrent toutefois sur certains points, comme sur le fait que l’Article 5 considère qu’une attaque contre l’un des membres de l’Alliance est une attaque contre l’ensemble de ses membres, plaçant de fait l’ensemble des signataires dans un statut de cobelligérance, là ou l’article 42.7 ne traite de que soutien apporté à l’un de ses membres par l’ensemble des membres de l’UE.

Musko base bunker Actualités Défense | Artillerie | Conflit Russo-Ukrainien
la base navale souterraine de Musko à coté de Stockholm a été un symbole de la determination suédoise à défendre son indépendance pendant la Guerre Froide. Elle a repris du service il y a deux ans avec la montée des tensions avec la Russie.

Pour autant, et de manière objective, ce n’est pas tant la différence sémantique entre les deux articles que la présence des Etats-Unis au sein de l’OTAN qui amena Stockholm et Helsinki à changer de posture. Rappelons en effet qu’aujourd’hui même, 60% des forces de l’OTAN déployées en Europe de l’Est pour répondre à la menace russe, sont américaines et non européennes, et qu’un pays comme la France, considéré comme ayant la plus puissante armée européenne, n’a déployé à ce jour que 5000 hommes dans ces pays, là ou les Etats-Unis en déploient 40.000. Ce n’est donc pas tant la structure juridique de l’Alliance Atlantique que la protection américaine que ces deux pays recherchent, d’autant que l’OTAN est une alliance nucléaire, alors qu’aucun texte n’encadre à ce jour une réponse européenne stratégique en cas d’agression, la France, seule nation nucléaire de l’Union, ayant l’entier controle de sa propre dissuasion. De fait, et contrairement à ce qu’annonçait le ministre de La Défense suédois Peter Hultqvist il n’y a de ça qu’une année, il n’y a probablement pas d’autres voies que l’OTAN pour défense l’Europe.

Reste que pour Helsinki et Stockholm, s’est engagée désormais une course contre la montre. Alors que tout porte à croire que Moscou veut mettre fin, au moins de manière officielle, à sa « campagne ukrainienne » avant les célébrations du 9 Mai, il sera nécessaire pour ces deux pays et pour l’Alliance Atlantique ait suffisamment avancé dans ce processus afin de permettre de contrer un éventuel redéploiement militaire russe aux portes de la Scandinavie, même si dans une telle hypothèse, la Suède et la Finlande pourront éventuellement faire appel à des renforts militaires européens en application de l’article 47.2, pour neutraliser une telle menace, d’autant qu’il faudra plusieurs années, probablement un dizaine, pour que les armées russes parviennent à régénérer efficacement son dispositif militaire après les lourdes pertes enregistrées en Ukraine. On ne peut, non plus, exclure une tentative du Kremlin de porter la menace au niveau stratégique contre ces deux pays pour tenter de faire dérailler le processus, mais là encore, Moscou pourrait devoir faire face à un front occidental particulièrement compact et déterminé pour y répondre. Une chose est certaine, cette décision suédoise et finlandaise va profondément bouleverser le paysage défense en Europe dans les mois et les années à venir.