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La Chine a livré des missiles anti-aériens à longue portée HQ-22 à la Serbie

La Chine n’est qu’un acteur récent dans le domaine de l’exportation des systèmes anti-aériens, mais elle s’impose sur de plus en plus de marché, y compris en Europe. C’est ainsi que le HQ-9 chinois, un système comparable au S-300 russe, avait initialement été retenu par Ankara en 2015, en offrant, selon les autorités turques, un rapport performances-prix très supérieur à celui des systèmes russes et occidentaux. Si, sous la pression de ses alliés de l’OTAN, la Turquie annula finalement cette commande, pour se tourner finalement vers le S-400 russe, ce qui engendra des conséquences bien pire pour Ankara, Pékin a enregistré ces dernières années d’autres succès, s’imposant principalement dans sa sphère d’influence mais également dans des pays traditionnellement acquis aux systèmes russes. Ainsi, le système HQ-9 a été commandé par l’Algérie, le Turkmenistan, l’Uzbekistan, le Pakistan et même récemment le Maroc, alors que le HQ-22 a lui été exporté au Myanmar, en Thaïlande, au Turkmenistan ainsi qu’à la Serbie.

C’est précisément vers ce dernier client que Pékin vient d’envoyer, au travers d’un impressionnant déploiement de ses nouveaux avions gros porteurs militaires Y-20, les batteries commandées en 2020 par Belgrade, ainsi que des drones MALE CH-92. Au total, 6 avions de transport Y-20 ont effectué un pont aérien de 2 jours en passant par Baku en Azerbaïdjan et Ankara en Turquie, pour transporter les systèmes en Serbie, constituant en soit une démonstration des nouvelles capacités des forces aériennes de l’Armée Populaire de Libération, et de son appareil de facture nationale. Pour Belgrade, partenaire traditionnel de l’industrie de défense russe, il s’agissait par cette commande non seulement de marquer son rapprochement avec Pékin, mais également d’éviter les conséquences des sanctions américaines en cas d’achat de S-400 russes face à la législation CAATSA, alors que le pays est candidat à l’entrée dans l’Union européenne.

y20 serbia Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
6 Y-20 chinois ont transporté les nouveaux systèmes anti-aériens vers Belgrade

Entré en service en 2017, le HQ-22 est présenté comme un système équivalent au S-300 russe et au MIM-104 Patriot américain. Il se compose de missiles à guidage semi-actif d’une portée de 150 km dans sa version export (170 km dans la version chinoise), capables d’intercepter une cible aérienne volant jusqu’à une altitude de 27 km, d’un système de transport érecteur lanceur à 4 missiles 8×8 et d’un radar de détection et d’illumination à antenne active AESA fonctionnant en bande UHF, et donc capable de mieux détecter les cibles dites furtives. A l’instar du Patriot, le HQ-22 emploie une technologie de guidage dite Track-Via-Missile ou TVM, alliant un guidage semi-actif et un guidage radio-commandé, permettant à un unique radar de contrôler et de guider plusieurs missiles simultanément vers des cibles différentes. Associé au radar AESA, cette technologie permet en autre de rendre le tir du missile plus difficilement détectable par la cible, et d’en accentuer la résistance face à certaines contre-mesures. En revanche, pour guider le missile, le radar du HQ-22 doit conserver une ligne de visée avec sa cible, ainsi qu’une liaison de donnée avec le missile, ceci constituant deux des faiblesses de ce systèmes, vis-à-vis des guidages tir-et-oublie à guidage radar actif comme pour l’Aster européen.

Les HQ-22 serbes vont remplacer les systèmes S-123 Neva, désignés SA-3 Goa par l’OTAN, en service depuis le milieu des années 60 dans les armées soviétiques, et qui équipent toujours plus d’une trentaine de forces armées dans le monde. Outre le HQ-22, la Serbie a également commandé 3 batteries de systèmes anti-aériens à courte portée Pantsir S1 acquises auprés de la Russie a partir de 2019, ainsi que des systèmes Mistral 3 français pour la défense anti-aérienne et anti-hélicoptères à très courte portée. Selon le site La Tribune, Belgrade s’intéresserait également au chasseur français Rafale pour remplacer ses Mig-29 dans le cadre de la modernisation de ses forces aériennes, là encore très probablement pour éviter les sanctions CAATSA américaines.

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La Serbie a commandé trois batteries de systèmes anti-aériens à courte portée Pantsir S-1 auprés de Moscou

Allemagne, Pologne, Slovaquie : des blindés européens bientôt en Ukraine ?

Que de chemin parcouru depuis qu’au lendemain du début de l’offensive russe en Ukraine, un diplomate allemand aurait rétorqué à son homologue ukrainien qu’il n’y avait aucun sens à envoyer des équipements militaires aux armées ukrainiennes, puisque celles-ci seraient balayées en quelques jours. En effet, depuis quelques jours, les déclarations se multiplient en Europe, et plus globalement dans l’ensemble du camp occidental, en faveur d’un soutien bien plus appuyé apporté à l’Ukraine en matière d’équipements de défense, y compris concernant les materiels lourds demandés depuis plusieurs semaines par Kyiv pour tenir tête aux vagues d’assaut lancées par Moscou.

Déjà, la semaine dernière, Prague avait confirmé l’envoi de chars T-72M1 et de véhicules de combat d’infanterie BMP-1 prélevés sur son parc de reserve en direction de l’Ukraine, suivi de près par Bratislava qui confirma l’envoi de son unique batterie anti-aérienne S-300 PMU pour remplacer les importantes pertes ukrainiennes dans ce domaine. La Grande-Bretagne, de son coté, a annoncé ce week-end, à la faveur de la visite du premier ministre Boris Johnson à Kyiv pour y rencontrer son homologue Volodymir Zelensky, que Londres enverrait des véhicules blindés ainsi que de nouveaux missiles antichars et anti-aériens à l’Ukraine, mais aussi des missiles anti-navires et des munitions vagabondes, sans que l’on sache précisément de quels types de munitions il pourrait s’agir, la Royal Navy ne disposant d’aucun missile anti-navires en version batterie côtière, et la British Army ne mettant pas en oeuvre de munitions vagabondes. Les Etats-Unis, pour leur part, ont annoncé un nouvel envoi de missiles anti-aériens Stinger et de missiles antichars Javelin, ainsi que de munitions vagabondes Switchblade 300 et 600. Même l’Australie s’est jointe à cet élan, en envoyant en Ukraine des véhicules blindés Bushmaster.

zuzana2 155mm Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Kyiv et Bratislava négocieraient l’acquisition de 12 canons automoteurs SpGH Zuzana, aux performances sensiblement supérieures à celles des 2S19 Msta-S russes.

Les annonces se sont poursuivies cette semaines. Ainsi, la Slovaquie a annoncé être en discussion avec Kyiv pour envoyer une batterie de 12 canons automoteurs de 155mm SpGH Zuzana, un système d’artillerie automoteur sur véhicule 8×8 réputé particulièrement performant et précis, et doté d’une portée de plus de 40 km, soit bien au delà des capacités des systèmes russes 2S19 Msta-S. Elle a également annoncé qu’il lui serait possible de transférer la douzaine de Mig-29 encore en service au sein de ses forces aériennes, qui devaient justement être retirés du service très prochainement pour être remplacés par les nouveaux F-16 Block 70+ Viper commandés, mais que pour l’heure, le sujet n’était pas « sur la table », à savoir qu’aucune demande de la part de ses alliés de l’OTAN n’a été faite en ce sens. Rappelons en effet que l’Alliance Atlantique a déployé une nouvelle batterie Patriot en Slovaquie lorsque celle-ci à envoyé sa batterie S-300 en Ukraine, et que ces transferts d’armes lourdes sont précisément pilotés par l’OTAN autant que par les Etats eux-mêmes, de sorte à ne pas affaiblir le dispositif défensif du front est de l’alliance.

Plus discrète sur ce domaine, la Turquie a continué, de son coté, à soutenir activement son allié ukrainien, en fournissant de nouveaux drones de combat Bayraktar TB2, et ainsi permettre aux armées ukrainiennes de continuer à harceler les unités russes, en dépit des pertes enregistrées. Selon le site devenu une référence Oryx, qui assure une veille très efficace des pertes documentées russes et ukrainiennes durant ce conflit, Ankara aurait également fourni à Kyiv un nouveau drone de reconnaissance baptisé Mini-Bayraktar, lancé à la main et doté d’une autonomie de 2 heures et d’un rayon d’action de 30 km. Bien qu’incapable d’emporter des munitions, ce drone permet d’assurer des missions de reconnaissance et de conduite de tir au profit de l’artillerie ukrainienne, mais également des nouvelles munitions vagabondes qui arrivent désormais aux mains des militaires ukrainiens.

mini bayraktar Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
La Turquie aurait envoyé en Ukraine des drones legers de reconnaissance désigné « mini-bayraktar » aux cotés de nouveaux TB2

En matière de soutien à l’Ukraine, la Pologne est probablement le pays le plus engagé. Déjà, une grande partie des 4 millions de réfugiés ayant quitté l’Ukraine depuis le début des combats a été accueillie en Pologne, et au sein même des familles polonaises ayant fait montre d’une solidarité sans faille. Si Varsovie avait effectué certaines gesticulations peu efficaces au sujet de ses Mig-29 et Su-22 en tentant de mettre en porte-à-faux ses alliés de l’OTAN, il semble que désormais, elle ait choisi d’utiliser les mêmes méthodes que Moscou sur la scène internationale, la dénégation de l’évidence. En effet, selon plusieurs observations, la centaine de T-72 polonais qui étaient jusqu’à présent positionnés à Lublin, auraient tout simplement disparu, alors que certaines photos montrent des chars de ce type déplacés vers le sud du pays, à proximité de la frontière ukrainienne. Ces chars, au standard T-72M1R, ont été modernisés, et disposent notamment d’une camera thermique et d’autres améliorations, en faisant des adversaires parfaitement capables pour le théâtre ukrainien. En revanche, Varsovie semble ne pas souhaiter communiquer sur le sujet. Sachant que d’autres pays disposent de ce type de blindés, la responsabilité directe de la Pologne peut ainsi être démentie si besoin, ou tout au moins être incertaine.

Mais le plus important bouleversement dans ce domaine est venu, depuis quelques heures, de nul autre que Berlin. Ainsi, après avoir refusé pendant 6 semaines de livrer des materiels lourds à l’Ukraine, le gouvernement allemand, par la voix de sa ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock, a annoncé que désormais l’Allemagne devait répondre favorablement aux demandes ukrainiennes, y compris pour ce qui concerne les armements lourds. Cette déclaration a été concomitante d’une autre déclaration, venant cette fois de Armin Papperger, Pdg du groupe Rheinmetall, annonçant qu’il était possible de livrer à l’Ukraine, s’il obtenait de feu vert de Berlin, une cinquantaine de chars lourds Leopard 1 prélevés sur les parcs de réserves de certains alliés, aprés un phase d’entretien et de remise en état de 6 semaines. En outre, selon lui, la formation des équipages ukrainiens ne prendrait, pour ce type de materiels, que quelques jours. Moins performant et moins lourd que son successeur le Leopard 2, le Leopard 1 reste un char moyen parfaitement capable, et même s’il est surclassé par les modèles russes les plus récents, comme le T-90, il n’en demeurerait pas moins un outil efficace face aux autres blindés russes, qui plus est pour ce qui concerne les versions les plus récentes, comme le Leopard 1A5 disposant d’une visée efficace.

leopard1A5 Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Le Leopard 1A5 dispose de nombreuses modernisation, mais reste handicapé par un canon de 105mm moins puissant que les canons de 120 mm qui équipent les chars lourds modernes occidentaux

Toutefois, pour Berlin comme pour la majorité des états européens, à l’exception notable de la Slovaquie, il n’est toujours pas question de livrer à l’Ukraine des materiels prélevés sur le parc opérationnel de leurs armées, au risque d’affaiblir les capacités défensives de l’OTAN. Ainsi, la France a fait le choix de livrer des missiles antichars Milan 3 à l’Ukraine, et non ses nouveaux MMP bien plus performants, et surtout capables de tirer sans ligne de visée, une capacité qui serait très utile dans les combats qui attendent les ukrainiens dans le Donbass. De même, pour Berlin, il n’est pas question d’envoyer en Ukraine des véhicules blindés Marder prélevés sur le parc de la Bundeswehr, précisément pour cette même raison. Cette justification, qui montre par ailleurs le faible niveau de reserve opérationnelle dont disposent les armées européennes, manque toutefois un point essentiel : il sera beaucoup plus rapide et aisé pour les armées européennes de remplacer les materiels envoyés en Ukraine, que pour Moscou de remplacer ses pertes consécutives de l’arrivée de ces materiels plus performants aux mains des désormais très expérimentés combattants ukrainiens. En outre, la formation des militaires ukrainiens à l’utilisation et la mise en oeuvre de ces materiels modernes est loin d’être aussi longue qu’imaginé de prime abord, d’autant plus que les militaires ukrainiens ont désormais une grande experience du combat moderne.

Reste à voir, désormais, à quel point les évolutions de posture des européens et occidentaux vis-à-vis de l’Ukraine, parviendront à effectivement peser dans la confrontation déterminante qui se dessine dans le Donbass. Maintenant que la résistance à Marioupol a été neutralisée, les forces russes vont probablement concentrer l’ensemble de leurs forces encore disponibles et en état de combattre pour cette action militaire qui se veut décisive pour Moscou comme pour Kyiv. De toute évidence, il s’est engagé désormais une course entre les deux armées et leurs capacités à se reconstituer après les lourdes pertes subies de part et d’autre pendant les 7 premières semaines de conflit, avec l’aide de leurs partenaires et alliés respectifs. Dans se domaine, on se doit de constater que la France ne brille pas par l’étendu du soutien militaire apporté à Kyiv, tout au moins sur la scène publique.

Plus de détails sur les nouvelles frégates polonaises Mièçznick

Le 4 mars dernier, alors que l’attention médiatique était entièrement portée sur les combats en Ukraine, Varsovie annonçait le vainqueur de la compétition visant à concevoir et fabriquer 3 nouvelles frégates et remplacer les deux frégates de type O.H Perry acquises d’occasion auprés de l’US Navy, et qui rejoignirent la Marine Polonaise au début des années 2000. C’est le britannique Babcock, associé aux chantiers navals PGZ Stocznia Wojenna et Remontowa Shipbuilding SA, ainsi qu’à Thales et MBDA, qui remportèrent la compétition face à la Meko 300 de l’allemand Thyssenkrupp. Le modèle retenu par Varsovie est l’Arrowhead 140, sur lequel est basé la nouvelle frégate venir Type 31 de la Royal Navy, et qui présente, comme principal argument, un excellent prix d’appel pour des dimensions et un tonnage important, offrant une grande souplesse dans le choix et la configuration des équipements et d’armements pouvant être embarqués.

Le 8 avril, le consortium PGZ Mièçznick, rassemblant l’ensemble des industriels engagés dans ce programme baptisé justement Mièçznick (espadon), a présenté la configuration retenue pour ces 3 frégates. Longues de 138,7 mètres pour une largeur de 19,7 mètres, les Mièçznick atteindront un deplacement de 7000 tonnes, deux fois plus que les O.H Perry qu’elles remplaceront. Elles seront armées d’un canon de 76mm, de 4 lance-missiles anti-navires quadruples RBS-15 MkIII à trajectoire rasante subsoniques du suédois Saab Bofors Dynamiques dotés d’une portée de 200 km, ainsi que de 4 Systèmes de Lancement Vertical, ou VLS, Mk41 alignant au total 32 silos verticaux. Bien que capable de mettre en oeuvre des missiles américains ESSM ou SM2, Varsovie a préféré se tourner vers le CAMM de MBDA pour armer ses silos, le missile anti-aérien qui équipera également les Type 31 de la Royal Navy. D’une portée de 25 km (45 km dans sa version Extended Range), le CAMM est conçu pour engager les cibles aériennes volant jusqu’à Mach 4, et constitue une excellente alternative pour contrer les missiles anti-navires modernes comme l’Onyx russe, bien qu’il semble ne pas être en mesure de contrer des missiles hypersoniques dépassant la vitesse de Mach 5. En outre, à l’instar de l’ESSM américain, il peut lui aussi être ensiloté par 4 dans un unique silo, donnant à chaque frégate polonaise un potentiel de 128 missiles anti-aériens autonomes et très performants pour répondre aux attaques de saturation.

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Essais du Sea Ceptor / CAMM et du silo Mk41 – Remarquez le sous-conteneur permettant d’embarquer jusqu’à 4 missiles par silo vertical.

Selon les images fournies lors de la presentation, la détection sera assurée par le radar 3D à antenne AESA plane Sea Master 400 de Thales, capable de détecter des cibles aériennes jusqu’à 250 km, et des cibles de surface jusqu’à 70 km, tout en suivant simultanément jusqu’à 1000 cibles. Fonctionnant en bande E et F, il se positionne dans le haut du spectre UHF, ce qui lui confère certaines capacités pour mieux détecter les cibles dites furtives. La veille aérienne et anti-missile est complétée par un radar 4D NS-100 de Thales à antenne rotative. Les capacités de détection sous la surface seront elles fournies par un sonar tracté à profondeur variable CAPTAS de Thales, celui-là même retenu il y a quelques jours par l’US Navy pour équiper ses frégates de la classe Constellation. Un sonar de coque complétera la panoplie, sans que son modèle ait été annoncé. Toutefois, il est probable que Varsovie se tournera vers le BlueMaster de Thales qui équipe déjà les FREMM françaises et italiennes ainsi que les F110 espagnoles, ou vers le Blue Hunter ou Kingklip Mk2, qui équipera les FDI françaises et grecques, ainsi que les corvettes Gowind 2500 de Naval Group. Un hélicoptère moyen de lutte anti-sous-marine, et des tubes lance-torpilles armés de torpilles légères Mu-90 franco-italiennes complèteront la panoplie des Mièçznick.

De cette configuration, on comprend quelles seront les missions qui seront confiées aux frégates polonaises. Disposant d’une grande puissance de feu, elles devront en priorité assurer le controle de la Mer Baltique, tant dans le domaine anti-navire que contre les menaces sous-marines. En revanche, leurs capacités en matière de lutte anti-aérienne sont limitées, et elles ne peuvent imposer de déni d’accès, comme ce sera le cas par exemple des FDI françaises avec leurs missiles Aster 30. Elles ne pourront pas davantage agir au profit du bouclier anti-missile de l’OTAN, le missile CAMM n’étant pas un système anti-balistique. Avec une autonomie de 6000 nautiques à une vitesse de 18 noeuds et de 30 jours à la mer, elle peut cependant s’acquitter de missions d’escorte au profit de ses alliés, y compris en liaison transatlantique, en particulier dans le domaine de la lutte anti-sous-marine. Son équipage, enfin, se composera de 100 à 120 marins et officiers, mais elle pourra accueillir de manière prolongée jusqu’à 160 personnels à son bord.

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A l’instar des frégates classe Constellation de l’US Navy, les Mièçznick embarqueront un sonar tracté à profondeur variable CAPTAS de Thales.

La construction de la première frégate débutera au cours de l’année 2023, et le premier navire devra entrer au service actif en 2028, les deux navires suivants devant, quant à eux, être livrés à un rythme de 1 navire tous les 3 ans, la troisième et dernière frégate devant entrer en servie en 2034. Varsovie a provisionné 8 milliards de Zlotys, soit 1,6 Md€, pour financer ce programme, aux cotés de nombreux autres visant à moderniser rapidement l’ensemble des forces armées du pays. Ces derniers mois, la Pologne a ainsi signé un contrat de plus de 4 Md€ pour l’acquisition de 250 chars lourds M1A2 Abrams américains afin de remplacer ses T-72 hérités du Pacte de Varsovie, ainsi qu’une commande de 32 chasseurs F-35 Lightning 2 pour remplacer ses chasseurs bombardiers Su-22 et Mig-29. Le pays a également lancé un programme pour moderniser sa flotte sous-marine, mais ce dernier semble en proie à de nombreuses évolutions contradictoires. Suite à l’agression russe contre l’Ukraine, Varsovie, qui defense déjà 2,2% de son PIB dans son effort de défense, a annoncé son intention de porter celui-ci à 3% et au delà.

Les exactions russes en Ukraine servent-elles un objectif militaire ?

Depuis l’entame du retrait des forces russes autour et au nord de Kyiv, les témoignages et preuves de nombreuses exactions menées par les soldats russes contre la population civile se sont rapidement multipliés. Si le temps reste encore aujourd’hui à l’enquête, il semble désormais que celles-ci n’ont pas été le fait de militaires isolés, mais bien d’une action coordonnée menée avec l’aval du commandement russe. Dans le même temps, les attaques directes contre les populations civiles, en dehors de toute cible militaire, ont également sensiblement augmenté ces dernières semaines, notamment dans et autour du Donbass. Si le débat s’articule aujourd’hui principalement autour des responsabilités concernant ces exactions, voire des possibilités, très improbables, qu’il puisse s’agir de mise en scène de la part des ukrainiens, les raisons ayant engendré de tels comportements restent au mieux survolées, en avançant que ce déchaînement de violence serait la conséquence des méthodes d’encadrement et de bizutage très violentes au sein des armées russes, une explication bien peu convaincante.

En effet, si tel était le cas, et s’il s’agissait là de la seule explication, les exactions russes auraient débuté dés le début du conflit. Or, de toute évidence, pendant les 3 premières semaines de la guerre, les armées russes faisaient preuve d’une certaine retenue contre les populations civiles : si elles ne se souciaient guère des pertes civiles en zone d’engagement, comme à Irpin, Hostomel, Kharkiv ou Mariopol, il n’est pas apparu de rapports concordants et répétés faisant état d’exactions massives contre les populations civiles en zone controlée. Ainsi, les habitants de Kherson ont à plusieurs reprises montré leur opposition à l’invasion russe, sans devoir faire face à une répression massive, tout du moins jusqu’à la 4ème semaine des combats. Certes, les combats aidant, les militaires des deux camps tendent à se radicaliser, et l’augmentation du niveau de violence contre les civils est, en quelque sorte, un mal bien connu des armées en campagne. Pour autant, les massacres comme ceux observés à Bouccha, dépassent de loin ce niveau prévisible de ce type de dérive, en particulier contre des civils désarmés et de toute évidence ne représentant aucune menace immédiate ou différée contre les forces. Il est donc nécessaire d’envisager d’autres hypothèses pour expliquer ce basculement dans l’horreur du comportement des armées russes, ou tout du moins de certaines unités, en zone occupée, et de déterminer à quel point, et le cas échant, pourquoi, le Commandement Russe a organisé de telles exactions.

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les civils de la ville occupée de Kherson ont pu manifesté face aux forces russes pendant les 3 premières semaines du conflit

Pour répondre à cette question, il est utile de revenir au comportement des armées russes lors des deux premières semaines du conflit. A ce moment, la communication ukrainienne faisait état de nombreux prisonniers de guerre, et montrait de jeunes soldats souvent démoralisés, en partie soulagés, et bien traités par les ukrainiens, qui leur donnaient même la possibilité d’appeler leur épouse ou leur mère pour les rassurer. Il a même été rapporté des cas de défection de militaires russes vers les forces ukrainiennes, avec une procédure bien huilée pour permettre de se rendre en toute sécurité, y compris en apportant des materiels lourds. Même en prenant en considération le filtre représenté par la propagande ukrainienne, il semblait bel et bien que le moral au sein des armées russes était particulièrement bas, et que nombre de soldats manquaient de combativité et de motivation. Ce faible moral avait d’ailleurs été mis en avant comme une des raisons expliquant les mauvaises performances des forces russes face à des forces ukrainiennes qui, à l’inverse, affichaient un moral très solide.

De fait, lors de la quatrième semaine de guerre, après que la décision de retirer les forces autour de Kyiv et au nord de l’Ukraine fut prise, il est probablement devenu indispensable pour le commandement russe de mettre en oeuvre une stratégie alternative pour, si pas renforcer le moral de ses forces, en tout cas leur conférer de nouvelles raisons de se battre, alors que l’échec dans le nord de l’Ukraine pouvait gravement saper le moral déjà chancelant de ses forces. C’est alors qu’apparurent deux comportements typiques des crimes de guerre : le pillage systématique dans les zones devant être abandonnées, et des exactions odieuses contre les populations civiles. Par le premier, le commandement permettait à ses soldats de s’approprier des biens auxquels ils ne peuvent prétendre, ou difficilement, en Russie, qui plus est alors que de toute évidence, les ukrainiens affichaient un niveau de vie supérieur au leur, les soldats russes étant particulièrement mal payés. Dans le même temps, des exactions cruelles contre les populations civiles ont engendré un durcissement très notable du conflit, et notamment de l’attitude des ukrainiens face aux prisonniers de guerre, une video montrant une exaltation sommaire de prisonniers russes ayant même circulé. Dans ces conditions, les combattants russes n’ont d’autre choix désormais que d’écarter l’alternative de la défection ou de se rendre, et savent qu’il leur faut combattre jusqu’au bout s’ils veulent espérer sortir vivant de cette guerre.

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Avec plus de 460 chars perdus documentés, les armées russes ont perdu 25% de leurs forces initialement déployées autour de l’Ukraine après 6 semaines de guerre

Ainsi, en moins de deux semaines, le pillage systématique mené par l’ensemble des forces russes déployées en zone qui seront très probablement abandonnées, et des frappes ciblant précisément des civils, comme les missiles Toshka-U contre la gare de Kramatorsk, a profondément modifié la nature même des combats, devenus pour les ukrainiens tant une volonté de résister que de se venger, alors que pour les russes, l’alternative est désormais de s’enrichir et combattre, ou mourrir, solutionnant de fait, certes de manière odieuse, le problème du commandement russe, d’autant qu’il n’est nullement nécessaire d’impliquer l’ensemble de l’armée dans ces exactions, pour obtenir un résultat probant dans ce domaine, quelques unités et supplétifs tchétchènes et Wagner suffisant parfaitement pour engager le processus.

Rappelons que dans le même temps, alors que l’Etat-Major semble avoir défini une stratégie visant à s’emparer de l’Est et du sud de l’Ukraine avant le 9 mai, de nombreux rapports y compris venant du Pentagone, estiment que les armées russes auraient perdu 25% des effectifs et des materiels initialement déployés autour de l’Ukraine, et de nombreuses questions émergent quant à savoir si celles-ci pourra effectivement rassembler, à court terme, une force militaire suffisamment puissante et expérimentée pour mener une telle opération militaire, alors que les armées ukrainiennes sont en pleine confiance, et que ses pertes sont, elles, compensées par ses propres réserves, les materiels capturés à la Russie, et les équipements qui arrivent de l’Occident. Ainsi, il semble que les armées russes ne soient plus désormais en capacité d’aligner, de manière efficace, qu’un nombre bien plus limité de bataillons tactiques interarmes pour s’emparer du Donbass, de Kharkiv et peut-être aller jusqu’à Dniepo, alors que les forces ukrainiennes déployées sur place sont précisément les mieux équipées et les mieux entrainées de l’armée de Kyiv, et qu’elles aussi, bénéficient de renforts venus de l’Ouest du pays.

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Les Européens commencent à transférer des materiels lourds aux forces ukrainiennes, comme ces T-72M1 tchèques, et une batterie S-300 Slovaque

Bien évidemment, l’explication présentée ici n’est qu’une hypothèse, et ne doit être considérée que comme telle. Elle a toutefois le mérite de répondre à la fois à la chronologie constatée des comportements de l’armée russe, ainsi que de répondre à des besoins évidents de son commandement pour satisfaire aux objectifs de guerre édictés par le Kremlin. En revanche, si elle venait à être avérée ou corroborée à l’avenir par des travaux de recherche, elle permettrait de mettre directement en cause la chaine de commandement des armées russes, puisqu’il s’agirait alors pas d’un acte opportuniste ou d’accidents isolés de la part de soldats hors de controle, mais d’une stratégie parfaitement controlée par l’Etat-Major visant des objectifs stratégiques clairement identifiés, pour qui le durcissement du conflit et surtout de la réponse ukrainienne aux défections, constituait un impératif opérationnel. Il s’agit donc probablement d’une hypothèse à considérer, et à évaluer aux témoignages des prisonniers de guerre russes, mais également de l’ensemble des informations rassemblées par les ukrainiens et occidentaux concernant la conduite de cette guerre par la Russie.

MGCS : Italie, Pologne, Norvège et Grande-Bretagne pourraient rejoindre le programme dés 2023

Issu d’une étude préalable lancée conjointement par la France et l’Allemagne en 2012, le programme Main Ground Combat System, ou MGCS, a été lancé officiellement en 2017 par Emmanuel Macron et Angela Merkel pour remplacer en 2035 les chars français Leclerc et les Leopard 2 allemands, aux cotés de 3 autres programmes emblématiques de la coopération franco-allemande en matière d’industrie de défense, le Système de combat Aérien Futur ou SCAF pour remplacer les Rafale et Typhoon en 2040, le Common Indect Fire System ou CIFS pour remplacer les canons automoteurs et les lance-roquettes multiples en 2035, et le Maritime Airborne Warfare System ou MAWS pour remplacer les avions de patrouille maritime Atlantique 2 et Orion. Depuis, le programme CIFS a été mis à l’arrêt, tout comme MAWS après que Berlin ait annoncé la commande de 5 Boeing P-8A Poseidon pour remplacer ses P3C Orion les plus anciens. Quant aux programmes MGCS et SCAF, ils souffrent de divergences profondes entre Paris et Berlin, tant du point de vue industriel qu’opérationnel, ayant entrainé de nombreuses difficultés.

Si initialement le le programme MGCS rassemblait le français Nexter, qui construit le Leclerc, et son partenaire Krauss-Maffei Wegmann ou KMW, partenaires équipotentiels au sein du groupe KNDS, il fut rejoint en 2019 par l’allemand Rheinmetall, qui construit notamment le canon du char Leopard, ce qui n’alla pas sans poser d’importantes tensions en terme de partage industriel, initialement prévu pour être sur un strict 50%-50% entre Nexter et KMW. Après d’âpres tractations, français et allemands parvinrent à s’entendre sur un partage hybride, chaque grand industriel portant 3 des piliers du programme, mais avec la garantie qu’industriellement parlant, la France produira bien 50% des systèmes de combat. Alors en phase de de définition de l’architecture est en cours, de nombreux échos relatent dans ce dossier des divergences profondes entre les besoins et les attentes exprimés par l’Armée de Terre, qui souhaite un char alliant mobilité, puissance de feu et innovation, et la Bundeswehr, qui entend avant tout concevoir un remplaçant à son Leopard 2, un char conçu pour une mission principalement défensive, moins manœuvrant et surtout beaucoup plus lourd que le Leclerc. En l’état de la situation, la phase de conception architecturale devrait prendre fin d’ici la fin de l’année 2022, voire le début de 2023, sans que l’on sache quels seront les arbitrages qui en résulteront.

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Comme la Pologne, l’Espagne et la Suède, la Norvège aligne le char Leopard 2 dans son inventaire.

Et les choses pourraient bien rapidement se compliquer pour Paris dans un avenir proche. En effet, dans une interview donnée à Wirtschaft Wohre, le president de KNDS, Franck Haun, a en effet confirmé qu’il s’attendait à ce que d’autres pays européens rejoignent le programme MGCS à court terme. Selon lui, l’Italie, mais aussi la Norvège, la Pologne et la Grande-Bretagne souhaiteraient intégrer le programme MGCS le plus rapidement possible, à savoir dès que la phase d’étude et de définition de l’architecture sera terminée, d’ici 2023. A noter que c’est bel et bien Paris qui imposa de n’envisager de nouveaux partenaires au sein du programme tant que cette phase initiale qui déterminera l’architecture mais également les fonctionnalités structurantes du programme, ne soit terminée. Outre ces 4 pays cités, la Suède mais aussi l’Espagne ont signifié leur intérêt pour rejoindre le programme.

L’arrivée de nouveaux partenaires au sein du programme MGCS entrainera naturellement une extension très significative du nombre potentiel de blindés à construire, la Pologne à elle seule alignant plus de chars que la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne réunies, même si elle a officialisé la semaine dernière sa commande de 250 chars américains M1A2 Sepv3 Abrams auprés des Etats-Unis pour remplacer ses T-72. En outre, comme le précise Frank Haun dans son interview, ces pays disposent également d’une industrie de défense performante susceptible d’apporter des technologies interessantes pour le programme, comme le norvégien Kongsberg et l’italien Leonardo. Enfin, le programme prendrait dès lors une dimension suffisante pour être éligible aux financements européens, même si 2 de ces 4 pays n’appartiennent pas à l’Union européenne. De fait, présentée ainsi comme le fait Frank Haun, l’arrivée prochaine de nouveaux partenaires constitue une plus-value importante pour le programme, sa pérennité et son efficacité. Pour autant, en France, il est peu probable que les opinions soient aussi enthousiaste.

PT71 Pologne Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Les forces armées polonaises alignent aujourd’hui un parc de presque 800 chars lourds, composé de Leoapard 2, de PT-71 (en illustration) et de T-72. Ces derniers seront remplacés par 250 chars M1A2 Abrams commandés auprés des Etats-Unis.

En effet, sur les 4 pays annoncés, plus les deux probables présentés, seule l’Italie dispose aujourd’hui d’un char propre, l’Ariete, qui ne dépasse pas les 60 tonnes sur la balance. La Pologne, la Norvège et l’Espagne mettent pour leur part en oeuvre des Leopard 2, alors que la British Army alignera bientôt 148 Challenger 3, un char de facture nationale retrofité par l’allemand Rheinmetall, qui dépassera allègrement les 65 tonnes. En d’autres termes, la posture et les attentes de la Bundeswehr seront très sensiblement renforcées face à celles de l’Armée de terre une fois ces partenaires intégrés, et ce même si une approche intermédiaire émergeait de la phase de conception initiale. Par ailleurs, les attentes de l’industrie de défense française, qui entendait initialement concevoir et produire 50% du programme pour maintenir ses compétences et ses capacités productives, seront immanquablement revues à la baisse, même si la masse de blindés à produire ira grandissante.

Les difficultés à venir qui ne manqueront pas d’apparaitre avec l’intégration d’autres partenaires au programme MGCS, seront probablement du même ordre que celles rencontrées depuis plusieurs mois au sujet du programme SCAF, ceci entrainant une progression très lente alors même que pour MGCS comme pour SCAF, le calendrier initial est déjà largement critiquable au regard des tensions internationales, et du réarmement et de la modernisation au sein de nombreuses armées potentiellement hostiles sur la planète, y compris en Europe. Dans ce contexte, la France pourrait avoir tout intérêt, comme l’a d’ailleurs proposé Rheinmetall, à developper, conjointement au programme MGCS qui débouchera très probablement sur un blindé lourd défensif, un programme de char de manoeuvre imprégné des enseignements de la guerre en Ukraine, sur des délais plus courts, et complémentaire du point de vue opérationnel au programme européen. Un tel programme permettrait simultanément de répondre aux besoins croissants de puissance de feu et de masse du corps blindé français, de fournir une plateforme chenillée moyen tonnage pour le developpement d’autres capacités comme l’artillerie et la défense anti-aérienne rapprochée mobile, tout en alimentant l’industrie de défense française en besoin de developpement et de production permettant de maintenir les capacités de cette composante essentielle de la Base Industrielle et Technologique Défense.

Rheinmetall KF41 120 mm Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
L’allemand Rheinmetall a présenté un char moyen basé sur sa plate-forme KF-41, qui pourrait se montrer un parfait complément du char lourd visé par la Bundeswehr pour le programme MGCS

Surtout, cela permettrait à la France d’opter pour une posture plus souple vis-à-vis des attentes exprimées par Berlin, mais aussi par Londres, Varsovie ou encore Oslo, en réduisant sa dépendance et peut être même son engagement final au sein du programme MGCS, tout en gardant un important bras de levier de négociation du fait de son engagement initial. Une chose est certaine, l’intégration de nouveaux partenaires au sein du programme MGCS, si en de nombreux aspects peut apparaitre souhaitable et profitable, risque fort de créer parallèlement des tensions importantes du fait d’un bouleversement du rapport de force en son sein, mettant une nouvelle fois la France en posture difficile face à la capacité de Berlin à fédérer, mais également à financer, en Europe. Alors que les armées ne peuvent plus se permettre de telles tensions et tergiversations, il est désormais indispensable pour Paris de se montrer créatif et innovant pour absorber ces difficultés, et les transformer en opportunités.

Avec la livraison de S-300PMU slovaques, l’Occident passe à la vitesse supérieure pour soutenir l’Ukraine

Alors que depuis le début du conflit, les occidentaux s’étaient cantonnés à réagir sur la scène internationale face à la Russie, notamment en ne livrant que des armements légers ou défensif à l’Ukraine, la dynamique semble avoir considérablement évoluée ces derniers jours. Ainsi, après l’annonce de la livraison de plusieurs douzaines de chars T-72M1 et de véhicules de combat d’infanterie BMP-1 issus des réserves de l’armée Tchèque, c’est au tour, aujourd’hui, de la Slovaquie d’annoncer le transfert de son unique batterie de défense anti-aérienne à longue portée S-300PMU en Ukraine, information confirmée par le premier ministre Slovaque Edouar Heger sur Twitter. La Grande-Bretagne, de son coté, a annoncé qu’elle transférerait rapidement en Ukraine des véhicules blindés Maastif et Ridgeback, des transports de troupes blindés protégés contre les IED susceptibles de remplacer les BTR perdus par les armées ukrainiennes, et surtout de leur conférer une plus grande mobilité sur le théâtre d’opération.

Le système anti-aérien S-300PMU ou SA-20A Gargoyle dans la taxonomie OTAN, est un système anti-aérien à longue portée de détection de 300 km, et capable d’intercepter des appareils jusqu’à 150 km. Il met en oeuvre plusieurs types de missiles, le 5V55U à guidage semi-actif (150 km) le 48N6 à guidage mixte (150 km) et le nouveau missile 9M96E à guidage actif qui équipe également le système S-400. Entré en service 1993, il a longtemps représenté le système anti-aérien le plus évolué en service au sein des armées russes, jusqu’à l’entrée en service des systèmes S-400 en 2007. Les forces aériennes Slovaques disposaient d’une unique batterie S-300PMU héritée de sa participation avec le République Tchèque. D’autres pays européens disposent du même système, la Bulgarie aligne 6 batteries et la Grèce 4 batteries. On peut donc s’attendre à ce que d’autres systèmes de ce type soient transférés en Ukraine dans les jours et les semaines à venir, d’autant que les forces ukrainiennes ont perdu plus d’une vingtaine de lanceurs S-300 depuis le début du conflit, ainsi qu’au moins 5 radars, soit plus de la moitié de son inventaire initial.

S300PMU Slovakie Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Le S-300PMU a longtemps été considéré comme un des meilleurs et des plus modernes des systèmes anti-aériens au monde. Il est encore en service dans 18 pays dont la Russie, l’Ukraine, l’Inde, l’Iran et la Chine.

Ces annonces successives ne sont pas uniquement des initiatives nationales, comme on pourrait le penser. En effet hier, le secretaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, annonçait que l’Alliance allait désormais accroitre son soutien militaire à l’Ukraine, ceci comprenant cette fois des armements lourds comme des chars ou des systèmes anti-aériens de facture soviétique pour en accélérer la mise en oeuvre par les armées de Kyiv, mais également des équipements purement occidentaux, qui nécessiteront une formation des opérateurs ukrainiens, mais qui pourraient, une fois en service, leur conférer une plus-value opérationnelle significative. En outre, contrairement aux matériels hérités du pacte de Varsovie de moins en moins présents au sein des forces de l’OTAN, l’Alliance dispose de réserves bien plus importantes de materiels occidentaux pour soutenir l’effort de guerre de Kyiv.

L’Union européenne a elle aussi décidé de franchir un cap, même si dans ce domaine, des réticences persistent de la part de certains pays. Ainsi, le Président du Conseil Européen Charles Michel a annoncé ce matin que l’Union s’apprêtait à débourser 500m€ pour financer les équipements militaires ukrainiens, alors qu’un nouveau train de sanctions a été préparé contre Moscou après le massacre de Boucha, et que la Présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et son vice-présent Joseph Borrell se rendent aujourd’hui même à Kyiv pour y rencontrer le Président Zelensky et les autorités ukrainiennes. Dans le même temps, la première ministre Finlandaise Sanna Marin a entamé les consultations pour entamer une procédure d’adhésion d’Helsinki à l’Alliance Atlantique, après un revirement spectaculaire de l’opinion publique finlandaise en faveur de l’OTAN ces dernières semaines. Enfin, la Russie a été exclue hier du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU par un vote de 93 voix pour, 24 voix contre et 58 abstentions. De toute évidence, le bloc occidental est passé à l’offensive face à la Russie.

S300 Ukrain Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
l’Ukraine a perdu plus de la moitié de ses TEL S-300 depuis le début de la guerre, mettant à mal sa capacité à interdire le ciel ukrainien aux avions de combat russes.

De son coté, Moscou est sur la défensive de manière évidente. Selon Vladimir Peskov, porte-parole du Kremlin et proche de Vladimir Poutine, les armées russes auraient effectivement subies de lourdes pertes en Ukraine, une première dans les déclarations officielles russes qui jusqu’ici minimisaient le cout de cette guerre vis-à-vis de l’opinion publique intérieure et internationale. Dans le même temps, si le site du ministère finlandais de La Défense subit depuis aujourd’hui une attaque en déni d’accès, les réactions de Moscou à l’annonce d’Helsinki ont été plus que discrètes, si ce n’est en annonçant un redéploiement de certaines forces pour répondre au changement stratégique en cours, ou par la voix de certains second couteaux parlementaires russes qui ont naturellement menacé la Finlande sans pour autant inquiéter qui que ce soit. En outre, pour l’heure, aucune réaction forte de la part des autorités russes n’a été faite en réponse des annonces de renforts materiels lourds venus de Republique Tchèque et de Slovaquie, alors même que dans les deux cas, il s’agissait jusqu’il y a peu de lignes rouges fermes dans le discours du Kremlin.

Reste que les discrètes réactions de la Russie aux annonces et initiatives occidentales de ces dernières jours, ne présupposent en rien une absence absolue de réponse. Car même avec une armée affaiblie de manière évidente, et en se concentrant exclusivement sur la prise des territoires du Donbass et la sécurisation des territoires conquis dans le sud du pays, on peut douter que le Kremlin reste sans réaction face à de tels changements dans le statu quo en Europe de l’Est et du Nord. Pour autant, une réponse conventionnelle semble désormais exclue, tant les armées russes ont été amoindries par les 6 semaines de guerre en Ukraine, et que les forces restantes effectivement capables de mener des opérations majeures ont toutes été concentrées autour du Donbass. En revanche, Moscou peut décider de porter l’offensive sur d’autres domaines, comme le domaine cyber dont on sait que la Russie dispose d’importantes capacités de nuisance, sur le volet economique en décidant de couper les approvisionnements à ses clients européens, voire en créant une nouvel échelon de tension stratégique en multipliant les provocations et démonstrations de force dans ce domaine, peut-être même un subtil mélange des trois. De toute évidence, les jours qui viennent vont constituer un nouveau pic de tension en Europe, et l’unité occidentale sera largement mise à l’épreuve pour résister aux menaces, pressions et initiatives que prendra Moscou.

La Finlande s’apprête à candidater pour rejoindre l’OTAN

Durant toute la Guerre Froide, la Finlande, qui partage une frontière de 1300 km avec la Russie, a maintenu une posture de neutralité vis-à-vis de l’Union Soviétique et du bloc occidental. Si comme la Suède, elle rejoint l’Union européenne en 1995, elle n’avait jamais affiché un quelconque désir de faire de même vis-à-vis de l’OTAN. Au contraire, il y a encore quelques mois, l’opinion publique finlandaise était majoritairement opposée à une telle démarche, même si depuis plusieurs années, Helsinki se rapprochait militairement des Etats-Unis et du bloc occidental, et prenait ses distances avec Moscou. La guerre en Ukraine aura engendré, dans ce pays, un profond basculement tant au sein de l’opinion publique, qui désormais soutien à plus de 60% une adhésion à l’Alliance Atlantique, que dans la classe politique, beaucoup plus ouverte à cette hypothèse ces dernières semaines. Pour autant, l’annonce faite ce jour par la première ministre Sanna Marin, constitue une évolution majeure de la posture du pays sur la scène internationale. En effet, dans un communiqué, la dirigeante finlandaise a annoncé qu’elle allait déposer un texte supplémentaire devant le parlement le 14 avril, précisément pour annoncer la prochaine candidature de la Finlande pour rejoindre l’OTAN, et demander l’accord du parlement en ce sens.

Comme l’ont expérimenté l’Ukraine et la Georgie, il ne suffit pas de vouloir rejoindre l’Alliance Atlantique pour y parvenir. Mais contrairement à ces deux pays, la Finlande propose un dossier pour ainsi dire parfait pour cela, n’ayant aucune dispute territoriale avec un de ses voisins, et offrant des critères sociaux-économiques supérieurs à la majorité de ses membres. En outre, les armées finlandaises emploient déjà des materiels et des doctrines compatibles avec l’OTAN, et participent fréquemment et de longue date à des exercices avec ses voisins et les membres de l’Alliance. En outre, Helsinki est devenu un important client et partenaire de l’industrie de défense US, ayant notamment choisi le chasseur F-35 pour remplacer ses F/A 18 Hornet, ou le système lance-missile à longue portée HIMARS. De fait, il est probable que l’adhésion de la Finlande à l’OTAN ne rencontre qu’une très faible voire aucune opposition, et pourrait même se dérouler très rapidement dans le présent contexte une fois le feu vert donné par le Parlement finlandais.

F35A USAF Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
La Finlande a sélectionné en 2021 le F-35A pour remplacer les F/A 18 qui équipent aujourd’hui sa force aérienne

Le changement de posture d’Helsinki constituera sans le moindre doute un immense camouflet pour Moscou, qui avait fait de la non extension à l’est de l’OTAN un de ses objectifs de guerre en Ukraine. Mais avec plus de 50% de ses forces miltaires déployées en, ou autour de l’Ukraine, des pertes que l’on évalue entre 10 et 20% des forces militaires combattantes terrestres, et une efficacité opérationnelle largement moindre qu’anticipée, les menaces du Kremlin pour imposer ses volontés à ses voisins ont une portée très amoindrie. Dans ces conditions, Moscou n’a que très peu de moyen pour tenter de s’opposer à cette procédure, même s’il est probable que le Kremlin fera usage de menaces et d’une diatribe agressive pour tenter de limiter les effets d’une telle décision sur sa propre image intérieure comme internationale.

D’autant que la consolidation de l’OTAN en Scandinavie pourrait bien ne pas se limiter à la Finlande, sachant d’ores et déjà que la Norvège et le Danemark sont membres de l’Alliance. En effet, comme pour la Finlande, l’opinion publique suédoise est désormais majoritairement en faveur d’une telle adhésion, avec là encore 60% des avis exprimés en ce sens. Pour l’heure, le gouvernement suédois reste ferme sur sa posture traditionnelle de neutralité, mais le basculement de la Finlande, considérée de longue date comme son principal allié en particulier face à la menace Russe, pourrait bien amener à un infléchissement des positions de Stockholm dans ce domaine. Et comme la Suède et la Finlande avaient rejoint conjointement l’Union européenne en 1995, il n’y aurait rien de surprenant à ce que les deux pays rejoignent simultanément l’alliance Atlantique désormais, la Suède ayant, comme son voisin, un excellent « dossier » à presenter dans une telle hypothèse.

Service militaire suede Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
La Suède a considérablement augmenté ses investissements en matière de Défense pour garantir sa posture de neutralité.

Le basculement de la Finlande et potentiellement de la Suède dans l’OTAN entrainerait un profond bouleversement des équilibres stratégiques dans le nord de l’Europe. En effet, la Mer baltique serait alors bordée à 90% de côtes appartenant à des pays membre de l’Alliance, limitant de fait les possibilités d’action de la flotte russe présente à Saint-Petersbourg. En outre, l’ensemble de la Scandinavie offrirait de fait une profondeur stratégique dont l’OTAN ne disposait pas jusqu’à présent, tant pour contrôler l’espace aérien que maritime que pour mettre en oeuvre une capacité militaire défensive bien plus efficace en cas d’agression, et pour renforcer la présence occidentale à proximité du cercle arctique, là encore au détriment des ambitions stratégiques affichées par Moscou.

Reste qu’au delà de provoquer l’ire de Moscou, une adhésion express de la Finlande de l’OTAN constituerait également un affront pour la Georgie et l’Ukraine, deux pays qui expriment depuis 2014 leur volonté de rejoindre l’Alliance, précisément pour être en mesure de contrer la menace russe, et l’Ukraine paie désormais dans le sang la fébrilité occidentale face à ses demandes. Sans remettre en cause la légitimité de la demande d’adhésion finlandaise, les membres de l’alliance devraient également, dans une telle dynamique, prendre en considération les demandes de sécurité collective exprimées par ces deux pays, qui aujourd’hui jouent un rôle déterminant pour assurer la sécurité de l’Europe face à la Russie.

Le sénat américain vote la réactivation du dispositif Prêt-Bail pour soutenir l’Ukraine

Au début des années 30, les Etats-Unis choisirent une posture internationale de neutralité, répondant à une importante volonté de l’opinion publique américaine de ne pas se laisser à nouveau entrainer dans une nouvelle guerre européenne. A partir de 1939, cependant, le Président Roosevelt imposa le dispositif Cash and Carry, permettant aux alliés occidentaux des Etats-Unis comme le Royaume-Uni et la France, de commander des materiels militaires produits par l’industrie US pour renforcer leurs propres capacités face à la montée en puissance des armées allemandes et italiennes en Europe, et japonaise dans le Pacifique, pour peu que ceux-ci soient immédiatement payés en dollar ou en or. A l’issue de la bataille de France, il devint cependant évidant pour le président Roosevelt que les Etats-Unis ne pourraient maintenir longtemps cette posture de neutralité, sans risquer de voir l’Axe s’imposer sur l’ensemble de l’Eurasie. En février 1941, alors que la Bataille d’Angleterre faisait rage, l’Administration Roosevelt proposa un nouveau dispositif financier et industriel innovant pour soutenir l’effort de guerre britannique, le prêt-bail, permettant aux alliés des Etats-Unis de recevoir des materiels militaires et civils destinés à soutenir l’effort de guerre contre l’Axe, avec des conditions de paiement particulièrement souples, soit sous la forme d’un crédit, d’une location avec restitution finale, de troc de matières premières ou de territoires.

A la fin de la seconde Guerre Mondiale, le dispositif prêt-bail, ou Lend-Lease en anglais, permit aux Etats-Unis de fournir à ses alliés pour presque 50 Md$ d’équipements, l’équivalent de 500 Md$ aujourd’hui. La Grande-Bretagne fut le principal bénéficiaire de ce dispositif avec plus de 31 Md$ d’équipements parmi lesquels plus de 350 navires, suivie de l’Union Soviétique avec 11 Md$, et de la France libre avec 3,2 Md$. Tous ces pays payèrent cher ce dispositif, en particulier le Royaume-Uni qui ne finit de payer les intérêts d’emprunt qu’au milieu des années 70, et qui perdit de nombreux avantages commerciaux et territoriaux dans cette négociation. Au total, 36 pays ont bénéficié de ce dispositif, qui joua incontestablement un rôle déterminant dans la victoire alliée sur les forces de l’Axe, et dans la réorganisation géopolitique qui suivit la fin de la seconde Guerre Mondiale.

Soviet P39 Aircobra Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Sur les 11.000 avions américains envoyés en Union Soviétiques, 4.700 étaient des Bell P39 Aircobra, devenu un appareil mythique des forces aériennes russes au même titre que le Il-2 Sturmovich.

De fait, l’annonce faite le Sénat américain hier concernant le vote à l’unanimité de la réactivation du dispositif Lend-Lease pour faire face à la Russie, porte une dimension tout à la fois historique et politique d’une grande importance. Si la loi venait à être votée à son tour par la Chambre des Représentants, et même s’il est peu probable que cela n’intervienne avant les deux semaines de relâche parlementaire qui débuteront mardi prochain, elle permettrait en effet de considérablement accélérer les procédures administratives permettant à l’Ukraine de commander des materiels militaires américains, tout en offrant à Kyiv une souplesse budgétaire à court terme très importante pour renforcer et équiper ses armées, y compris de materiels lourds américains comme des avions de combat, des systèmes anti-aériens et anti-missiles, des navires et des blindés. Cette loi permettrait également aux autres pays alliés d’accroitre leurs importations de materiels militaires US, y compris lorsque les engagements économiques du pays sont défavorables, afin de pouvoir, par exemple, transférer rapidement des materiels de facture soviétique à l’Ukraine.

Ce rappel historique constitue, sans le moindre doute, une réponse de Washington à la narrative portée par la communication russe, en Ukraine d’abord en affirmant vouloir dénazifier le pays, et dans le monde en affirmant que l’Union Soviétique avait vaincu l’Allemagne nazie et non les Etats-Unis, rappelant par la même que l’URSS se serait sans le moindre doute effondrée économiquement et militairement sans les 11 Md$, mais également les 11.000 locomotives et 25.000 wagons qui jouèrent un rôle stratégique dans l’effort de guerre soviétique aux cotés des 12.000 blindés, 11.000 avions et les quelques 40.000 véhicules livrés par les Etats-Unis, et ce sans compter le soutien britannique (5000 chars, 7000 avions …). Les sénateurs américains auraient en effet pu sans difficulté promouvoir un dispositif comparable sans le désigner du même nom que celui de la seconde guerre mondiale, de sorte à positionner cette loi tant du point de vue historique que symbolique au même niveau que ce dernier.

Javelin ukrain Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Le dispositif Prêt-bail permettra potentiellement à l’Ukraine d’acquérir des materiels plus lourds auprés des Etats-Unis, bien au delà des missiles Javelin et Stinger déjà livrés.

Toutefois, même en admettant que la Chambre des Représentants venait à voter la loi dans les jours à venir, et que la Maison Blanche accepte de promulguer la loi rapidement, celle-ci ne pourra très probablement pas jouer un rôle décisif ni même significatif dans la bataille qui se dessine dans le Donbass. En revanche, et quel que soit la conclusion de cet engagementi, l’annonce de ce dispositif aura sans le moindre doute mis immédiatement sous pression le Kremlin. En effet, même si les armées russes venaient à s’imposer dans le Donbass et à consolider les prises territoriales à l’Est et au Sud du Dniepr, Kyiv aura de fait la capacité de reconstituer ses forces militaires rapidement, y compris avec des materiels occidentaux, probablement bien plus rapidement que ne pourront le faire les armées russes. En d’autres termes, même en cas de victoire militaire russe dans l’Est du pays, les prises territoriales russes pourraient être rapidement contestées par des armées ukrainiennes potentiellement bien mieux armées et tout aussi déterminées, ne laissant que peu d’alternatives à moyen terme pour Vladimir Poutine, d’autant qu’il n’a plus, désormais, les moyens de menacer l’occident d’une extension du conflit sans franchir le seuil stratégique.

Reste que cette annonce du sénat américain provoquera sans le moindre doute une réaction de Moscou, qui ne manquera pas de faire le parallèle entre le vote de cette loi en mars 1941, et l’entrée en guerre des Etats-Unis en décembre de la même année (après l’attaque de Pearl-harbour). Il est probable donc que de la radicalité de la réponse du Kremlin dépendra non seulement le vote de la Chambre des Représentants, mais également la décision de la Maison Blanche de promulguer ou non cette loi, de sorte à éviter une escalade dans la posture stratégique russe, et les risques d’extension du conflit. En revanche, dans son principe, il est plus que probable que le dispositif sera bel et bien appliqué pour soutenir la reconstruction et le renforcement des armées ukrainiennes, tant pour potentiellement reprendre les territoires capturés par les armées russes que pour constituer un glacis militaire majeur face à la Russie. Au final, le Kremlin pourrait bien, par son entêtement, parvenir à faire de l’Ukraine une puissance militaire majeure hostile à ses frontières, qu’elle soit ou non membre de l’OTAN.

Les Occidentaux commencent à transférer en Ukraine des équipements militaires lourds

Qu’il s’agisse de l’intransigeance de Moscou, des dérives de la propagande russe, du massacre de Bucha, ou d’un subtil mélange des trois teinté d’une crainte amoindrie vis-à-vis du potentiel militaire des armées russes, le fait est que, depuis quelques jours, les lignes semblent bouger en Europe, et plus globalement en Occident, concernant le soutien militaire apporté à Kyiv pour faire face à l’agression russe, et en particulier pour résister à la prochaine attaque massive dans le Donbass, telle qu’annoncée. En effet, la République Tchèque vient d’annoncer la livraison à venir de plusieurs douzaines de chars T-72M1 et de véhicules de combat d’infanterie BMP-1 aux armées ukrainiennes, ouvrant la voie à ce que d’autres pays, disposant de plus importantes réserves et de materiels plus modernes, fassent de même.

Le T-72M1 est une version dérivée du T-72A1, qui équipait les armées soviétiques et celles du Pacte de Varsovie au début des années 80. Si le blindé est, en de nombreux aspects, obsolète, il peut toutefois s’avérer fort utile pour libérer des materiels plus performants pour un déploiement dans la zone d’offensive probable du Donbass, voire autour de Mikolaiev. En outre, les forces russes et ukrainiennes font toutes deux usage de ce modèle, puisque la Russie a perdu, de manière documentée, 14 T-72A et AV, alors que les ukrainiens en ont perdu 3, dans les deux cas 3% des pertes de chars documentées. Le phénomène est encore plus sensible concernant le modèle de véhicule de combat d’infanterie BMP-1, avec 28 blindés de ce type perdus par la Russie (6% des pertes de VCI), et 29 pour l’Ukraine (38% des pertes documentées de VCI). En d’autres termes, les blindés envoyés par Prague ne sont en aucun cas inadaptés au besoins des armées ukrainiennes dans le présent conflit.

t 72M1 Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Le T-72M1 est une version ancienne du char soviétique. Elle est pourtant encore employée tant par la Russie que par l’Ukraine.

Au delà de l’apport opérationnel que représente l’initiative tchèque, le transfert de ces blindés représente également une rupture profonde avec la posture tenue par les occidentaux depuis le début du conflit, ces derniers ayant jusqu’ici toujours refusé de livrer des armements lourds à l’Ukraine, à quelques exceptions prés comme le transfert de plusieurs véhicules blindés résistant aux mines Bushmaster offerts par l’Australie. Pour les Européens et membres de l’OTAN, il s’agissait surtout d’éviter qu’une telle prise de position ne devienne un prétexte pour Moscou afin d’étendre le conflit, et de venir à menacer certains pays exposés comme les Pays Baltes ou la Finlande. Le fait que les blindés tchèques aient reçu l’approbation de l’OTAN pour être livrés, mais également de l’Allemagne qui disposait d’un droit de veto sur les BMP-1 qui appartenaient auparavant aux armées est-allemandes, montre un profond changement dans ce domaine.

Il est vrai que les armées russes ont révélé, lors de cette campagne, un visage bien moins impressionnant que celui que les occidentaux en avaient jusqu’ici. Outre un manque flagrant de disciple, elles ont également montré une logistique particulièrement défaillante, un moral peu élevé, une coordination passable ainsi que des materiels peu fiables. On remarquera, à ce titre, qu’un grand nombre de véhicules blindés à roue, les BTR, ont été retrouvés par les ukrainiens sans roues, laissant supposer, comme cela avait été évoqué en début de conflit, que les pneumatiques d’origine chinoise employés sur ces blindés se sont montrés particulièrement fragiles, obligeant les équipages à cannibaliser leurs propres blindés. En outre, les pertes russes constatées et documentées, avec plus de 2500 materiels perdus dont presque 450 chars lourds et plus de 800 véhicules de combat blindés à roue ou chenillés, laissent supposer que le potentiel opérationnel russe a été lourdement altéré, d’autant que les unités qui entrèrent en premier en Ukraine, et qui subirent les plus lourdes pertes, étaient également les unités les plus performantes et aguerries de son arsenal.

1l Image Abrams M1A2 SEPV3 Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
La Pologne a confirmé la commande de 250 chars lourds M1A2 SepV3 Abrams pour plus de 4 Md€. Les 28 premiers chars seront livrés à Varsovie avant la fin de cette année.

En d’autres termes, aujourd’hui, la crainte pour les européens de voir les armées russes mener une offensive contre les pays Baltes ou la Finlande, en représailles des livraisons d’armes européennes à l’Ukraine, s’est considérablement amoindrie, alors même que dans ces pays, comme en Pologne, un fort sentiment de revanche contre Moscou a émergé ces derniers jours, en particuliers après les exactions de Marioupol et de Bucha. En outre, le dispositif défensif de l’OTAN présent en Europe, et en particulier dans les pays de la frontière orientale de l’Alliance, s’est considérablement renforcé depuis l’entame du conflit, tant dans le domaine terrestre qu’aérien et naval, et que l’Alliance mène désormais une intense activité de renseignement tout le long des frontières avec l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie.

Il n’y a donc rien de surprenant à ce que les Etats-Unis négocient désormais avec tous les pays occidentaux disposant de materiels compatibles avec les forces ukrainiennes, afin de pouvoir les transférer vers l’Ukraine au plus vite. Dans ce domaine, Chypre représente incontestable un enjeu considérable. Partenaire de longue date de Moscou mais également membre de l’Union européenne, Nicosie dispose d’un important inventaire de materiels russes pour sa garde Nationale, avec plus de 80 chars lourds T-80 et une quarantaine de véhicules de combat d’infanterie BMP-3, ainsi que 3 batteries anti-aériennes Buk M1-2 et 6 systèmes TOR M1. De son coté, la Grèce dispose de 30 systèmes anti-aériens OSA et d’une vingtaine de systèmes TOR M1, soit 84 TEL, ainsi qu’un bataillon complet d de S-300PMU à longue portée. Mais le prestataire potentiel le plus important reste incontestablement Varsovie, avec plus de 380 T-72M1R modernisés, 800 véhicules de combat d’infanterie BWP-1, ou encore 360 canons automoteurs 2S1 et prés d’une centaine de lance-roquettes multiples BM-21 Grad. Or, Varsovie vient d’officialiser sa commande de 250 chars de combat américains M1A2 Abrams américains, 28 chars devant être livrés cette année. Dans ce contexte, il est possible d’imaginer que la Pologne pourrait effectivement livrer à l’Ukraine dans des délais courts d’importantes quantités de materiels lourds, sachant que la menace conventionnelle russe a été considérablement affaiblie, la posture de l’OTAN sensiblement renforcée, et que les Etats-Unis s’engagent à remplacer rapidement les materiels qui seraient transférés par des équipements beaucoup plus performants et modernes.

Chypre Tor M1 Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Chypre dispose actuellement de 6 batteries anti-aériennes TOR M1 qui intéressent beaucoup les Etats-Unis pour renforcer les défenses ukrainiennes.

De toute évidence, l’Occident est désormais engagée dans une course avec la Russie, pour re-équiper les armées ukrainiennes avant que les armées russes soient parvenues à reconstituer leur potentiel de combat dans l’Est du pays. On peut donc s’attendre à ce que d’autres annonces comparables à celles faites par Prague aujourd’hui, interviennent dans les jours à venir. Au delà d’une re-équilibrage du rapport de force dans et autour du Donbass, ces renforts permettront également aux armées ukrainiennes d’infliger de nouveaux importants dégâts aux armées russes, pertes que Moscou aura le plus grand mal à compenser dans les années à venir. De fait, en renforcer les défenses ukrainiennes, même au risque de provoquer l’ire du Kremlin, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’OTAN s’engagent dans un risque calculé permettant de neutraliser, pour plusieurs années, et même probablement pour plus d’une décennie, la menace conventionnelle que représente les armées russes, donnant le temps aux armées occidentales de reconstituer leurs capacités dans le domaine de la haute Intensité.

La DARPA a testé avec succès un second modèle de missile de croisière hypersonique

Lorsqu’en mars 2018, Vladimir Poutine annonça que le missile balistique aéroporté hypersonique Kinzhal entrerait bientôt en service, l’ensemble des forces armées occidentales comprirent que cette nouvelle technologie deviendrait rapidement un impératif opérationnel, et que dans ce domaine, elles avaient laissé à la Russie, mais également à la Chine qui présenta l’année suivante son propre missile hypersonique DF17, une avance bien trop importante. Si les européens, à leur habitude, réagirent avec la vélocité d’un holothurie, les japonais, australiens, sud-coréens et surtout les Etats-Unis, réagirent avec vitesse et determination, mettant rapidement en oeuvre des programmes visant à se doter au plus vite de ce type d’armement. L’un des principaux programmes américains dans ce domaine est le programme HAWC pour Hypersonic Air-breathing Weapon Concept, un missile hypersonique de croisière propulsé par un moteur aérobie de type Scramjet et développé par la DARPA, l’agence de recherche et de developpement du Pentagone.

A peine trois ans aprés son lancement, le programme HAWC a considérablement avancé. En septembre dernier, déjà, la DARPA annonçait le premier vol hypersonique du modèle développé par Raytheon et Northrop Grumman, et que la plupart des objectifs initiaux avaient été atteints lors de ce vol, sans que l’on sache s’il s’agissait effectivement du premier vol de ce modèle, ni les performances atteintes. La DARPA a été un peu plus prolixe dans un communiqué de presse publié hier, en annonçant le succès d’un vol hypersonique du second modèle de missile de croisière, développé cette fois par Lockheed-Martin. On apprend ainsi que le missile aurait dépassé la vitesse de Mach 5, défini comme le seuil hypersonique, l’altitude de 65.000 pieds et qu’il vola sur plus de 300 miles, soit 560 km. On apprend également que le missile a été initialement propulsé par un booster à poudre traditionnel, lui permettant d’atteindre la vitesse requise pour que le Scramjet développé par la société Aerojet Rocketdyne puisse le relais et propulser le missile au delà de Mach 5.

x 51a waverider Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Au début des années 2010, le X-51A Waverider propulsé par un moteur de type Scramjet avait dépassé la vitesse de 7000 km/h soit Mach 6

L’utilisation d’un Scramjet, plutôt que d’un propulseur à poudre comme pour le missile Kinzhal, présente de nombreux intérêts, en particulier du fait que le comburant nécessaire à la réaction thermique produisant la poussée est fournie par l’air atmosphérique. Ainsi, le Scramjet est beaucoup plus léger, à capacité identique, qu’un moteur à poudre qui lui transporte carburant et comburant, offrant une portée potentielle supérieure et une plus grande flexibilité d’emploi et de manoeuvre. Les Etats-Unis avaient investi auparavant dans ce type de technologies, avec le démonstrateur X-51A Waverider testé au début des années 2010. Toutefois, le nouveau scramjet développé par Aerojet Rocketdyne, qui avait déjà développé le moteur du X-51, est deux fois moins lourd et plus performant que celui du prototype, offrant des opportunités d’application opérationnelle bien plus sérieuses qu’auparavant.

Il faut dire que le Pentagone a fait du developpement de missiles hypersoniques l’une des plus grandes priorités du moment. L’US Air Force, sur la base du programme HAWC de la DARPA, développe le programme HACM (Hypersonic Attack Cruise Missile) destiné à concevoir un missile de croisière hypersonique aérotransporté, dont une version pourrait même être employée contre des navires, avec pour objectif de mettre fin à la phase de developpement initiale cette année, pour une entrée en service d’ci 3 ans. Le missile devra notamment pouvoir être mis en oeuvre à partir du F-35, et potentiellement d’autres appareils comme le F-15EX qui se positionne de plus en plus comme le chasseur clé de l’US Air Force dans le pacifique, ainsi que le F/A 18 E/F Super Hornet, l’Australie étant partenaire de ce developpement. L’US navy, pour sa part, a annoncé la reprise du programme Screaming Arrows, un missile hypersonique aéroporté à vocation anti-navire, juste un mois après avoir annoncé sa suspension.

AGM183 Test Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Les 3 essais rendus publics du missile AGM-183A se sont conclus par des échecs, l’US Air Force se dirigeant vers un abandon probable du programme

Si les programmes de missiles hypersoniques aérobies américains semblent évoluer rapidement et positivement, même s’ils ont pris un retard certain du fait de la crise Covid (plus de 2ans), ce n’est pas le cas des autres programmes hypersoniques basés cette fois sur un missile à poudre et un planeur hypersonique, qui alignent les échecs au travers du programme de l’US Air Force ARRW Air-launched Rapid Response Weapon et son missile AGM-183A sensé représenter le pendant du Kinzhal russe. Prévu pour être déployé par un bombardier B-1B avant 2025, les essais de l’AGM-183A se sont tous conclus, jusqu’ici, par des échecs, au point que si l’US Air Force n’a pas pour l’heure annoncé son annulation, elle n’a, semble-t-il, pas prévu on plus de ligne de financement pour poursuivre son developpement dans le budget 2023. On peut penser que, dans le domaine précis des missiles balistiques hypersoniques équipés de planeurs hypersoniques, l’US Air Force, après avoir tenté de s’y opposer, envisage désormais de s’effacer face à l’US Army, qui elle aussi développe ce type de programme, cette fois mis en oeuvre à partir de Tracteur Erecteur Lanceur terrestre, et non d’un aéronef, à l’instar, par exemple, du DF-17 chinois.

En raison des tensions en Europe, Washington n’annonça pas immédiatement le succès de l’essais du missile de Lockheed-Martin, comme il reporta par deux fois des essais planifiés de missiles balistiques intercontinentaux ICBM Minuteman III, de sorte à ne pas provoquer d’incident ou de mauvaise interprétation de la part de la Russie dans le contexte de tension que nous connaissons. Pour autant, en dépit de ces succès, les Etats-Unis accusent toujours un retard de plusieurs années dans le domaine des armes hypersoniques vis-à-vis de la Russie, qui dispose déjà de quelques missiles Kinzhal opérationnels à bord d’une quinzaine de Mig-31K spécialement modifiés pour cette mission, et dont les essais du missiles de croisière hypersonique 3M22 Tzirkon ont été, semble-t-il, menés à bien. Une première frégate de la classe Admiral Gorshkov doit, à ce titre, être équipée de ce type de missiles dès cette année. Concernant les planeurs hypersoniques Avangard, comme pour les programmes hypersoniques chinois, les inconnues sont trop nombreuses pour déterminer la date probable de leur entrée en service, ainsi que leur niveau de performances supposées.

Russia Prepares to Accept Kh 47M Kinzhal Hypersonic Missile into Service 2 Actualités Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Défense antiaérienne
Le missile Kinzhal est entré en service depuis 2019 au sein des forces aériennes russes, une quinzaine de Mig-31 ayant été spécialement modifiés à cet effet.

On peut toutefois s’attendre à ce que la puissance industrielle et technologique américaine finisse par rattraper, et peut-être même à surpasser, les armes hypersoniques russes et chinoises dans un avenir relativement proche, probablement avant la fin de la présente décennie, tant les progrès enregistrés par les programmes US sont rapides, et que les moyens alloués par le Pentagone sont importants. En revanche, comme évoqué en introduction, la dynamique est bien moindre en Europe à ce sujet, alors même que l’annonce de l’utilisation par la Russie de missiles Kinzhal en Ukraine provoqua une onde de choc et d’inquiétude, notamment en Allemagne qui vient d’annoncer sa volonté d’acquérir le système anti-missile Arrow 3 israélien, présenté par IAI comme une réponse aux menaces des missiles à trajectoire semi-balistique auquel appartient le Kinzhal mais également le missile balistique Iskander-M largement employé par les armées russes en Ukraine. Car si Berlin cherche à se prémunir contre ce type de menace, ni l’Allemagne, ni aucun pays européens en dehors de la gGrande-Bretagne (dans le cadre de l’alliance AUKUS) n’a annoncé de programme visant une entrée en service à court ou moyen terme pour ce type de technologie, et ainsi être en mesure de neutraliser la menace que pose les armes russes.

En outre, en se tournant vers l’Arrow 3, Berlin pourrait décider de quitter le programme européen Twister lancé dans le cadre de la coopération permanente structurée, qui vise précisément à developper un système anti-missile capable de détecter et contrer les missiles et planeurs hypersoniques en Europe. La France, de son coté, a lancé un programme d’étude confié à l’ONERA pour le developpement des briques technologiques liées au planeur hypersonique, et tout porte à croire que le remplaçant du missile nucléaire ASMPA sera, quant à lui, équipé de technologies hypersoniques, qu’il s’agisse d’un Scramjet ou d’un planeur hypersonique. En revanche, l’hypothèse hypersonique semble avoir été abandonnée concernant le Futur Missile de Croisière, successeur du Scalp/MdCN, et le Futur Missile Anti-Navire, successeur de l’Exocet, développés conjointement avec la Grande-Bretagne. Toutefois, avec les développements et enseignements issus de la guerre en Ukraine, il est possible que les arbitrages concernant ces programmes, comme leurs calendriers, soient appelés à rapidement évoluer dans les mois à venir, d’autant qu’une majorité de pays européens s’est engagée dans une hausse sensible des moyens alloués à leurs armées.

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Le successeur du missile de croisière Scalp / Storm Shadow sera, semble-t-il, également un missile subsonique furtif à trajectoire rasante, et non un missile de croisière hypersonique.

Reste qu’en dépit de l’intérêt que proposent les armes hypersoniques, ceux-ci ne doivent pas être perçus comme des armes miracles, et ce d’autant que les parades contre ces menaces sont développées conjointement aux nouveaux missiles. Déjà, l’US Navy et le Pentagone estiment que le missile SM-6 constitue une parade efficace contre les armes existantes à ce jour, y compris contre le 3M22 Tzirkon anti-navire, alors que l’israélien IAI présente son Arrow 3 comme capable de traiter les menaces hypersoniques semi-balistiques, comme celle que représente le Kinzhal russe mais également le Fateh-110 iranien. En Europe, le missile Aster 30 Block 1NT qui entre en service en France et en Italie est déjà conçu pour contrer les missiles balistiques d’une portée inférieure à 1500 km, alors que Paris et Rome envisagent de developer l’Aster Block 2 pour traiter les menaces purement hypersoniques, peut-être dans le cadre du programme européen Twister. Enfin, l’intérêt opérationnel de ces armes ne doit pas amener à sous-évaluer celui d’autres armes comme les missiles de croisière subsoniques furtifs à trajectoire rasante tels le Scalp/MdCN européen, le JASSM-ER américain ou le futur FMC franco-britannique, eux aussi capables de frappes de précision à grande distance, et très difficiles à détecter et donc à contrer par les systèmes anti-aériens et anti-missiles existants.