jeudi, décembre 4, 2025
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Le constructeur chinois Chengdu teste un nouveau drone MALE trimoteur

Que n’avons nous pas entendu au sujet de la configuration bimoteur du drone Euromale. Selon de nombreux commentateurs, cette configuration n’avait aucun avantage, et de nombreux inconvénients, en premier lieu desquels l’augmentation du prix de l’appareil. Pourtant, depuis quelques mois, plusieurs drones MALE bimoteurs ont fait leur apparition au travers le monde, comme l’Altair russe, le TB001 chinois ou le Aksungur turc. Pour chacun de ces appareils, leurs concepteurs choisirent cette configuration pour améliorer les performances, et notamment la charge utile emportée, ainsi que la sécurité de l’appareil.

altair drone russie 1 Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Le drone MALE Altaïr russe repose sur une configuration bimoteurs

Le constructeur chinois Chengdu, qui a conçu notamment les avions de combat légers J10, et le chasseur furtif J20, vient d’entamer les tests d’un nouveau drone lourd, présenté pour être à vocation logistique, et doté cette fois de 3 moteurs thermiques, un sous chacune des potences en mode traction, et un en position arrière en mode propulsion. Cette configuration de moteurs est désignée par le terme « Push-Pull » en aéronautique.

Le nouveau drone est dérivé de la famille TB Scorpion, un drone bimoteur bi-poutre déjà en service dans l’APL, et aurait des performances remarquables selon son concepteur, avec une masse maximum au décollage de 3,2 tonnes, une autonomie de 35 heures, un plafond de presque 10.000 m et une vitesse de croisière de 300 km/h. Cette configuration prédispose l’appareil aux missions de transport logistique, notamment par sa capacité à évoluer en altitude avec une lourde charge, permettant d’anticiper sur utilisation sur les hauts plateaux himalayens. En outre, toujours selon le constructeur, l’utilisation de moteurs à piston, et non de turbopropulseurs, permet de réduire le prix à l’achat et à l’utilisation de l’aéronef, mais également d’en étendre la durée de vie opérationnelle.

WZ8 Parade Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Le drone de reconnaissance supersonique WZ8 fut une des révélations de la parade de l’APL pour le 70ème anniversaire de la création de la Rep. Pop. de Chine

Non contente d’avoir déjà ravie la première place aux Etats-Unis concernant le nombre de drones MALE exportés depuis quelques années, la Chine semble continuer à massivement investir dans cette technologie qu’elle juge stratégique. Ainsi avait elle, à l’occasion du défilé pour le 70ème anniversaire de la création de la République Populaire de Chine, présenté deux nouveaux modèles de drones de combat en service dans l’Armée Populaire de Libération, le GJ-11 furtif et le WZ-8 supersonique, deux appareils sans équivalents occidentaux aujourd’hui. Fin octobre 2019, elle présentait la maquette d’un nouveau drone lourd de transport logistique, un appareil de 22 tonnes identifié comme le FL2, alors qu’au mois de septembre, nous apprenions que le drone de combat furtif Sharp Sword allait être mis en service sur les porte-avions à tremplin de la Marine Chinoise, là encore une première mondiale. Elle a même développé un drone cible furtif pour entrainer pilotes et servant de systèmes anti-aériens à combattre ce type d’appareils.

Aux Etats-Unis, outre la famille des drones MALE Predator/Reaper/Gardian et des drones HALE Hawk, l’US Navy développe son drone ravitailleur MQ-25 Stingray destiné à accompagner les avions de combat lancés de ses porte-avions en zone d’engagement pour en étendre l’autonomie et le rayon d’action, alors que l’US Air Force accélère ses programmes de drones de combat léger comme le XQ-58A Valkyrie. Coté russe, les efforts sont mis sur le developpement de drones MALE de facture locale, comme l’Altaïr, et sur le drone de combat S70 Okhotnik, destiné à opérer de concert avec le Su-57, et qui doit entrer en service dès 2025. La Turquie s’est positionnée avec les drones Bayraktar récemment exportés en Ukraine, et avec le drone MALE bimoteur Aksungur en developpement. Même l’Arabie saoudite, avec l’aide des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de l’Ukraine, s’est lancée dans le developpement d’un drone de bombardement bimoteur.

UCAV Bayraktar turque Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
L’Ukraine a fait l’acquisition de 6 drones armés turcs Bayraktar

L’Europe est la grande absente de ce marché. A l’exception notable de l’Italie, qui tente tant bien que mal de proposer une offre européenne dans le domaine des drones MALE, ni la France, ni la Grande-Bretagne, ni l’Allemagne ou l’Espagne, quatre grandes nations aéronautiques, n’ont été capables de s’y positionner efficacement. Et lorsqu’enfin une initiative européenne tentait de remédier à cet état de fait, des considérations budgétaires contestables et un manque évident d’intérêt de la part des industriels semblent la condamner. Pourtant, les industriels européens étaient plutôt en avance dans le domaine des drones, et notamment des drones de combat furtif, avec les programmes Neuron et Taranis.

Mais ni la France, ni la Grande-Bretagne n’ont su transformer ces développements très prometteurs en systèmes opérationnels, alors même que le besoin pour ce type de drones pour l’élimination des défenses anti-aériennes adverses n’a, lui, fait que se renforcer durant la dernière décennie. Les industriels semblent convaincus de pouvoir concevoir des drones furtifs avancés à l’occasion des programmes SCAF et Tempest, et même avant, mais le manque de retour d’expériences opérationnelles s’avérera, quoiqu’il en soit, un sérieux handicap. Handicap que n’auront pas les chinois, c’est certain !

La Russie choisit le Tu-204 pour être son futur avion de patrouille maritime

La patrouille maritime est un domaine assez peu connu du public. Dépendante le plus souvent des forces aéronavales, elle est composée d’appareils à long rayon d’action, équipés pour détecter, surveiller et potentiellement engager les navires et sous-marins présents dans une grande zone maritime, parfois très éloignée des côtes. Les avions de patrouille maritime, comme l’atlantique 2 français, le P3 Orion américain, ou le Tu-142 russe, étaient traditionnellement des appareils équipés de turbopropulseurs, conçus pour évoluer à très basse altitude et à basse vitesse, notamment pour utiliser le détecteur d’anomalie magnétique qui permet de détecter les variations du champs magnétique terrestre en présence d’une importante masse métallique à proximité, et donc de détecter un sous-marin en plongée.

Mais le MAD (Magnetic Anomaly Detector) n’est pas le seul équipement de détection dont dispose un avion de patrouille maritime, qui met en oeuvre également un puissant radar de surface, des systèmes de détection passif d’émissions électromagnétiques (ESM), et des sonars largables, appelée Suno-bouées, utilisées pour détecter la position d’un submersible. Une fois localisée, l’aéronef peut mettre en oeuvre des torpilles aéroportées à guidage acoustique et des mines sous-marines contre les sous-marins, des bombes guidées et des missiles anti-navires contre les navires.

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Le P8 Poseidon représente la nouvelle d’avions de patrouille maritime évoluant à moyenne altitude, et dotés de performances supérieures à la génération précédente

Depuis quelques années, et l’entrée en service de missiles anti-aériens d’autodéfense pouvant être mis en oeuvre par un sous-marin en plongée, les appareils de patrouille maritime ont évolué, remplaçant leur configuration à turbopropulseur par des turboréacteurs, et leur profil de vol à très basse altitude par un vol à moyenne altitude, hors de portée de ces systèmes anti-aériens. Cette nouvelle approche fut choisie par l’US Navy avec le P8 Poseidon, destiné à remplacer les P3 Orion. Dérivé du moyen-courrier 737-800 de Boeing, le Poseidon offre des avantages significatifs, notamment en terme de vitesse pour se rendre sur sa zone de patrouille. Son électronique très moderne lui permet de contrôler une zone plus étendue, et de mettre en oeuvre un nombre plus important de bouées, ainsi que des drones largués. Cette configuration a également été retenue par le Japon avec le P1 de Kawasaki, ainsi que par le couple franco-allemand pour le programme MAWS pour Maritime Airborn Warfare System, destiné à remplacer lors de la prochaine décennie les Atlantique 2 français et P3 Orion allemands, et qui sera possiblement dérivé d’un appareil de la famille Airbus A321.

La Russie a désormais fait un choix similaire avec son programme PlAK, destiné à remplacer les Il-38 et Il-38N en service depuis les années 60, en sélectionnant le moyen courrier Tu-204, ou son évolution Tu-214, comme plate-forme pour son nouvel avion de patrouille maritime. Conçu pour évoluer sur le même segment que le Boeing 757 ou l’Airbus A321, le Tu-204 a fait son premier vol en 1989, et sa production en série débuta en 1995. Capable de transporter 210 passagers sur 6500 km, l’appareil est équipé de deux réacteurs à double-flux Perm PS-90A de 15 tonnes de poussée unitaire. Il ne rencontra cependant pas un grand succès commercial, seules 85 unités ayant été construites à ce jour.

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La vingtaine de Tu-142 encore en service dans la marine russe seront modernisés pour étendre leur durée de vie opérationnelle jusqu’au milieux des années 2030.

Selon la description faite par le site Izvestia.ru du nouvel aéronef, il emportera une électronique moderne et mettra en oeuvre, à l’instar des autres appareils de sa catégorie, un ensemble de radar, sonars largables, ESM et drones pour assurer la détection des submersibles et navires de surface. Il sera armé de torpilles guidées et de missiles anti-navires pour engager ses cibles. Plus interessant, il semble qu’il sera équipé de drones largables flottant, sous la forme de petits navires autonomes, permettant selon toute vraisemblance de repositionner le sonar (donc d’en utiliser un plus petit nombre), et qui seront probablement équipés d’un détecteur d’anomalie magnétique. Ne pouvant être employé à bord d’un appareil évoluant à moyenne altitude, le MAD reste particulièrement efficace contre certains types de submersibles, comme les sous-marins à propulsion conventionnelle évoluant sur batteries à faible vitesse, très difficiles à détecter par les sonars passifs car particulièrement discrets.

Le planning et le volume de ce programme n’est pas détaillé pour le moment. Mais eu égard aux besoins urgents de remplacer les Il38, et sachant que les Tu-142 devront eux être modernisés prochainement, il est probable que le programme débutera rapidement, le besoin étant lui de plus en plus pressant pour la Marine russe.

Le gouvernement australien défend son partenariat avec Naval Group

Il était temps ! Après plusieurs semaines d’attaques incessantes sur le programme Shortfin Barracuda, le gouvernement australien a enfin donné les explications nécessaires pour mettre fin à la dégradation de l’image du programme dans l’opinion publique du pays. En particulier, dans une déclaration co-signée par les autorités militaires, politiques et techniques liées au programme, Canberra a formellement démenti tout risque sur l’exécution du programme, de même que toute impasse dans les négociations en cours avec Naval Group.

La déclaration des autorités australiennes a été efficace et factuelle :

  • Concernant l’augmentation des couts, les chiffres avancés du passage de 50 Md$ à 80 Md$ ne constituent pas une augmentation de la facture, mais un périmètre différent de ce qui est retenu pour déterminer les dépenses liées au contrat. Pour l’heure, aucune variation de couts n’est apparue dans le programme.
  • Concernant les 400 m$ dont les dépenses n’auraient pas été justifiées, il s’agit d’une mauvaise interprétation des conclusions du rapport émis par le Australian National Audit Office. Dans une démarche de gestion très précise des risques, certaines dépenses planifiées n’ont pas encore été comptabilisées, apparaissant dés lors comme « non justifiées » dans le rapport, mais ne signifiant en rien qu’elles ne sont pas justifiées et planifiées dans le programme.
  • Concernant le retard de 9 mois évoqué régulièrement, il est tout simplement inexact. Au jour d’aujourd’hui, pour satisfaire aux exigences de qualité et de gestion des risques, préoccupation principale des autorités australiennes dans ce programme, un retard a effectivement été pris vis à vis du planning initial. Mais ce retard n’est que de 5 semaines. Et selon les autorités, il n’influence pas le respect des délais prévus par le programme.
  • Enfin, concernant l’éventuelle impasse dans laquelle seraient aujourd’hui les négociations entre Naval Group et les autorités australiennes, présentées comme « toxiques » par certains journalistes, elle n’existe pas. Le programme est exécuté avec précision, et les négociations entre les industriels et les autorités se déroulent sans entrave et conformément à l’agenda prévu.

Alors, tout cela n’était-il qu’une tempête dans un verre d’eau ? Au contraire, cette crise, visiblement manipulée par quelques personnes ayant à coeur de voir ce programme échouer, montre clairement qu’aujourd’hui, l’opinion publique représente un enjeu déterminant dans l’exécution d’un programme de défense majeur, surtout lorsqu’il représente des investissements aussi lourds que celui du programme Shortfin Barracuda australien. Dans ce dossier, ce n’est pas tant les quelques journalistes et politiques qui ont cherché à nuire au programme qu’il faut blâmer, mais bel et bien le manque de communication des autorités australiennes comme des industriels vis-à-vis de ce programme vers l’opinion publique du pays.

Shortfin Barracuda pumpjet Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Naval Group a de nombreux arguments à valoriser vis-à-vis de l’opinion publique australienne, qu’ils soient économiques ou technologiques, comme ici le pumpjet qui réduit les émissions sonores de l’hélice du sous-marin.

Car si le démenti apporté par les autorités australiennes est largement repris par la presse spécialisée défense, il l’est beaucoup moins dans les médias d’information, et presque pas sur les réseaux sociaux. En d’autres termes, les dégâts sont faits. Et désormais, l’opinion publique, et donc la classe politique australienne, est clivée vis-à-vis de ce programme. Ce qui signifie que si les élections législatives de 2022 devaient être anticipées, ce qui est courant en Australie, l’opposition à la coalition au pouvoir, et notamment le partie Labour qui aujourd’hui est au coude à coude dans les sondages avec cette même coalition, pourrait bien être tenté d’en faire un enjeu électoral en tentant de féderer l’opinion publique autour de l’annulation de celui-ci. C’est précisément ce qui s’est passé en Inde en fin 2018 et début 2019 lors de la campagne électorale législative, lorsque l’opposition au parti de N. Modi instrumentalisa le contrat portant sur l’acquisition de 36 Rafale à la France pour tenter de remporter la victoire. Il n’y parvint pas, certes, mais que se serait-il passé si la majorité avait changé ?

Si toute menace concernant le programme Sea 1000 semble belle et bien écartée désormais, cet épisode doit être précisément analysé par les industriels français, afin qu’ils modifient leur perception du rôle de l’opinion publique dans l’acquisition et l’exécution des contrats de défense aujourd’hui, surtout dans les démocraties occidentales. Car, au final, ce n’est pas à un gouvernement que sont les sous-marins, les avions ou les blindés sont vendus, mais aux populations de chacun des pays acquéreurs. Un paradigme qui éviterait bien des inquiétudes et des déboires aux industriels français s’ils consentaient à le mettre en oeuvre …

Atelier Rafale Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Une crise similaire a été instrumentalisée en Inde contre le premier ministre N. Modi au sujet du contrat portant sur l’acquisition de 36 Rafale par l’Inde.

Quoiqu’il en soit, en Australie, les déclarations du gouvernement ne marquent nullement la fin de cet épisode. Il est désormais nécessaire, pour Naval Group et ses partenaires, de reconquérir le coeur des australiens, en expliquant, méthodiquement, le déroulé de l’exécution du programme, et en présentant une image objective et valorisante de celui-ci. Sans empiéter sur les prérogatives de communication gouvernementale, et pour un investissement des plus modestes, le groupe français pourrait ainsi non seulement se préserver de toute forme de « rechute », mais également acquérir un savoir-faire des plus utiles pour les programmes à venir. Est-ce que cette alerte aura su vaincre les conservatismes forts qui subsistent en France à ce sujet ? Nous le verrons probablement très vite ….

Pour faire face à la Chine, l’Indonésie s’intéresse au Rafale et aux sous-marins français

Selon Michel Cabirol dans les colonnes du site économique latribune.fr, la visite du ministre de La Défense indonésien, Prabowo Subianto, à Paris en début de semaine aurait ouvert des opportunités interessantes pour l’industrie de Défense française dans le pays. En effet, Jakarta, qui vient d’augmenter le budget des armées de 16% en 2020, s’intéresserait à plusieurs équipements majeurs français pour renforcer ses forces armées, et être en mesure de dissuader Pékin de toute action par excès de confiance dans la région. S’il ne s’agit, pour l’heure, que de discussions préalables, la solution française offrirait plusieurs atouts non négligeables pour emporter la décision.

Selon les informations obtenues par notre confrère, le ministre indonésien aurait évoqué un intérêt concernant l’acquisition de pas moins de 48 avions Rafales, mais également de 3 à 4 sous-marins Scorpene et de 2 corvettes Gowind 2500. Et chacun de ces équipements correspond en effet à des difficultés auxquelles sont confrontées les autorités indonésiennes pour moderniser et renforcer leurs forces armées.

Su35s base syrie Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
la commande de 11 Su35s russes expose Jakarta à des sanctions américaines dans le cadre de la législation CAATSA

Ainsi, en juin 2019, l’agence TASS rapportait que l’ancien ministre de La Défense indonésien avait signé une commande portant que l’acquisition de 11 avions Su-35S à la Russie. Mais depuis, cette commande semble suspendue, notamment du fait des menaces de sanctions américaines liées à la législation CAATSA. Si un temps Jakarta semblait prête à défier Washington, il semble que cette détermination ait été altérée par le departement d’Etat américain. En octobre de la même année, l’Air Marshal Yuyu Sutisna, Chef d’Etat-Major des forces aériennes indonésiennes, annonça que le pays allait commander 24 F16V auprés des Etats-Unis, sans toutefois remettre en question l’acquisition des Su35S. Mais il est très peu probable que Washington autorise une telle vente si Jakarta persistait à acquérir l’avion russe. De fait, l’hypothèse d’un avion européen, comme le Rafale, pour prendre en charge le segment moyen-lourd de la force aérienne de chasse, prend tout son sens.

Dans le même temps, les relations entre Jakarta et Séoul n’ont cessé de se dégrader ces derniers mois. Or, l’Indonésie est impliquée dans le programme KFX, et devait commander 50 appareils. Le nombre de Rafale évoqué laisse évidement entendre que le ministre Subianto anticipe un possible retrait indonésien de ce programme, et chercherait donc une solution de replis qui ne déclencherait pas la colère de Washington.

LINS Kalvari premier Scorpene de la marine indienne Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
L’INS Kalvari est le premier des 6 sous-marins de type scorpène du programme P75 indien

La dégradation des relations avec Séoul pourrait également être aggravée avec la possible annulation de la commande de la seconde tranche de sous-marins de la classe Nagapasa commandée il y quelques semaines, dont les 3 navires déjà en service dans la marine indonésienne semblent, selon les informations obtenues par M.Cabirol, ne pas donner satisfaction. Ceci explique donc l’intérêt exprimé concernant 3 ou 4 sous-marins de la classe Scopène de Naval Group, déjà en service en Malaisie et en Inde. Le sous-marin français est réputé fiable, discret et efficace, et est capable de mettre en oeuvre différents types d’armements comme les torpilles F21, les missiles anti-navires SM39 exocet, et même le missile de croisière MdCN. Ce besoin explique également la prochaine étape du voyage du ministre indonésien, attendu dans les locaux de l’allemand TKMS, le concurrent traditionnel de Naval Group concernant les sous-marins.

Enfin, l’intérêt concernant 2 corvettes Gowind 2500 a également beaucoup de sens. En 2012, Jakarta fit l’acquisition auprés des chantiers néerlandais Damen de 6 frégates de la classe Martadinata, dérivées du modèle Sigma 10514. Or, ces « frégates » de 2400 tonnes ont des performances et un armement très similaire aux Gowind 2500 de Naval Group : 8 missiles anti-navires MM40 Exocet, 16 missiles anti-aériens MICA VL, canon de 76mm… Même leurs systèmes de détection, un radar SMART-S de Thales et un sonar Kingklip et Captas 2 du même fabricant, sont identiques. Les corvettes françaises permettraient donc d’optimiser de nombreuses procédures de maintenance et de formation des équipages, tout en disposant de 2 navires de plus pour surveiller et défendre les quelques 13.500 iles formant le pays.

Gowind Malaisie Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Les corvettes Gowind 2500 ont servi de base à la conception de la classe Maharaja Lela de 3100 tonnes en service dans la Marine malaisienne

On le comprend, la demande exprimée par le ministre de La Défense lors de sa visite à Paris est très cohérente avec les besoins, les moyens et les contraintes qui définissent le contexte indonésien aujourd’hui. En outre, comme cela a été évoqué, il existe un certain caractère d’urgence face au renforcement rapide des capacités navales et aériennes chinoises, dont on sait désormais qu’elle concentrera sa production industrielle navale sur des unités de haute mer susceptibles de venir défier la Marine indonésienne. La France apparait donc comme le partenaire idéal pour Jakarta : non seulement est-elle capable de proposer l’ensemble des équipements requis, mais elle n’expose pas à des sanctions américaines, et peut répondre à une demande urgente, même s’agissant de contrats incluant un transfert de technologie et une fabrication locale, deux domaines d’excellence de l’industrie de défense nationale. Ceci dit, le plus dur reste à faire …

L’US Army annule la compétition pour remplacer ses Bradleys

En octobre 2019, le véhicule de combat d’infanterie Lynx KF41 présenté par l’allemand Rheinmetall allié au géant américain de la Défense Raytheon, se voyait éliminé de la compétition en vue de remplacer les VCI M2/3 Bradley en service dans l’US Army depuis les années 80, alors que l’industriel allemand avait fait face à des difficultés administratives pour amener en temps et en heure son blindé sur le site de test, en Virginie. De fait, le programme visant à évaluer puis sélectionner le prototype du futur Optionnaly Manned Fighting Vehicle se voyait limité à un unique participant, le Griffin III de l’américain General Dynamics Land Systems, qui d’ailleurs ne ménagea pas sa peine pour tenter de maintenir ce statu quo qui, évidemment, lui convenait parfaitement.

Il faut dire que le programme OMFV se voulait en rupture avec les précédents programmes majeurs de l’US Army, qui se caractérisent par une longue liste de programmes onéreux et finalement abandonnés, comme celui de l’hélicoptère Comanche annulé après avoir dépensé prés de 7 Md$, ou du programme Future Combat system qui fut annulé alors que plus de 19 Md$ avaient été dépensés. Mais la nouvelle approche de l’US Army et de son Futures Command, en charge de la préparation du futur et des programmes qui le composent, a probablement péché par excès. En effet, le calendrier, le budget et les ambitions du programme OMFV étaient à ce point ambitieux que la majorité des industriels décidèrent de jeter l’éponge, y compris BAe qui fabriquait pourtant le Bradley. Selon le groupe américano-britannique, il était impossible de satisfaire simultanément aux 3 contraintes imposées par l’US Army.

Griffin III IFV General Dynamics AUSA 2018 Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Le Griffin III présenté par GDLS devra patienter pour être évalué par l’US Army

Comme on pouvait s’y attendre après l’élimination de Rheinmetall, la compétition visant à l’évaluation des prototypes pour le programme OMFV vient d’être annulée. Il ne s’agit pas de l’annulation du programme OMFV, mais uniquement de la partie identifiée dans le programme comme  « Section 804 Middle Tier acquisition rapid prototyping phase ». Selon le général Mike Murray, commandant l’Army Futures Command, ce « sous-programme » sera donc amendé et relancé, de sorte à pouvoir obtenir davantage de participants, et une compétition plus équilibrée au profit de l’US Army. Il était nécessaire, toujours selon lui, d’annuler le déroulement de l’évaluation le plus tôt possible, de sorte à éviter des dépenses inutiles, comme ce fut le cas dans les programmes précédents. En revanche, il ne remet pas en question les ambitions du programme, qui restent les mêmes.

C’est incontestablement une bonne nouvelle pour Rheinmetall et son Lynx KF41, pour qui la compétition américaine représente un des seuls débouchés possibles avec la compétition en Australie à laquelle il participe, le programme peinant toujours à enregistrer sa première commande. Il est également possible que le nouveau calendrier qui sera présenté amène d’autres industriels à rejoindre la compétition. Reste à voir, cependant, quels seront les effets de ce report sur l’exécution globale du contrat, qui prévoyait l’entrée en service du nouveau blindé dès 2026. Eu égard à la pression opérationnelle qui s’accroit rapidement, il est probable que l’US Army n’apprécierait guère si des délais supplémentaires venaient retarder cette livraison. Il n’est donc pas acquis que ce report face baisser la pression déjà soutenue sur les industriels et leurs équipes.

L’US Air Force retire les bombes nucléaires gravitationnelles de l’arsenal de ses B-52H

La capacité à mettre en oeuvre la bombe nucléaire gravitationnelle B61 a été l’un des principaux arguments ayant mené la Belgique à choisir le F35 de Lockheed pour remplacer ses F16, et à négliger les appareils de facture européenne, comme le Typhoon ou le Rafale. C’est également un argument régulièrement remis en avant par les Etats-Unis et l’OTAN pour amener l’Allemagne à revenir sur sa décision de ne pas s’équiper de F35A pour remplacer ses Tornado, qui eux transportent encore la B61, ou tout au moins à privilégier le F/A 18 E/F Super Hornet au Typhoon de construction locale dans cette compétition. Pourtant, l’US Air Force vient de retirer les bombes nucléaires gravitationnelles de l’arsenal de ses bombardiers stratégiques B-52H. Le paradoxe a de quoi interroger ….

En effet, par la voix du Nuclear Information Project, Hans Kristensen, qui s’exprimait devant la Federation des Scientifiques Américains, l’US Air Force vient re retirer les bombes gravitationnelles nucléaires B61-7 et B83-1 de l’arsenal emporté par les bombardiers stratégiques B52-H, pour ne laisser en service, en matière d’armes nucléaires, que le missile AGM-86B équipé d’une tête nucléaire W80-1. La raison avancée est qu’il était désormais indispensable aux appareils de frappe stratégique de faire feu à très grande distance de leur cible, hors de portée des systèmes de déni d’accès qui représentent désormais une menace trop importante pour tenter d’y pénétrer pour délivrer une munition gravitationnelle. Et de portée, l’AGM-86B n’en manque pas, puisqu’il peut atteindre des cibles à 2400 kilomètres de distance, laissant le B52 effectivement hors de portée des systèmes anti-aériens à longue portée, comme le S500 russe, ou des avions de combat équipés de missiles air-air longue portée. Mais si la mission est trop dangereuse pour les appareils américains, pourquoi les forces aériennes européennes pourraient espérer parvenir à mettre en oeuvre ces mêmes bombes B61 ?

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La capacité du F35A pour mettre en oeuvre la bombe nucléaire B61 a largement été mise en avant par les Etats-Unis et l’OTAN pour privilégier le choix de l’appareil par les pays européens appartenant à l’Alliance

Cette décision de l’US Air Force, somme toute des plus logiques, montre les faiblesses importantes de la composante « dissuasion » à double clés mise en oeuvre par l’OTAN avec plusieurs pays membres de l’Alliance, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie. Cette forme de dissuasion, mise en place dans les années 70, avait pour but de permettre une réponse graduée à une éventuelle agression soviétique, et à donner à ces pays la capacité de contrôler en partie leur destinée en ayant voix au chapitre quand à la mise en oeuvre de ces armes. Cela permettait également de limiter les aspirations de certains pour developper, comme la France, une dissuasion autonome. Mais si dans les années 70 et 80, un F4 Phantom, un Tornado ou un F16 pouvait espérer arriver à proximité de sa cible pour y délivrer la munition, les chances d’y parvenir aujourd’hui, même avec un appareil furtif comme le F35, sont pour ainsi dire inexistantes.

Reste qu’en l’absence de capacité de riposte nucléaire, les pays européens sont exposés, notamment à l’utilisation de la menace de frappe nucléaire pour amener les Etats à accepter des traités aux conditions très défavorables. Rappelons-nous du coup d’arrêt mis à l’opération de Suez menée par la Grande-Bretagne, la France et Israël en 1956, après que le président nationaliste égyptien Nasser ait nationalisé le Canal de Suez, lorsque les soviétiques menacèrent les 2 pays européens de frappes nucléaires si les troupes n’étaient pas retirées sans délais. En l’absence de capacités de riposte et du soutien du président américain Eisenhower, Paris, Londres et Tel Aviv durent retirer leurs forces. Il est interessant de constater que ces 3 pays disposent désormais de l’arme nucléaire et des moyens de les mettre en oeuvre. Il semble qu’allemands, belges, italiens, néerlandais et turques considèrent, eux, que posséder des armes nucléaires représente une capacité dissuasive suffisante, même en l’absence de moyens efficaces pour déployer ces armes. Ce qui est, évidemment, très contestable, et ce point n’aura certainement échappé à un dirigeant comme Vladimir Poutine.

Un Rafale F3 de la composante aerienne de la dissuasion francaise equipe dun missile ASMPA Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
RAFALE de l’escadron Gascogne emportant le missile nucléaire ASMPA et 6 missiles MICA

Au delà de l’illusion entourant l’organisation de la dissuasion au sein de l’OTAN, et de son instrumentalisation pour mieux vendre des avions de combat américains, la question de la dissuasion à l’échelle de l’Europe doit également être posée. Et la réponse ne peut venir, aujourd’hui, que de la France, qui pourtant évite très soigneusement le sujet, alors même que Paris se veut en pointe en matière de construction de l’Europe de La Défense. Malheureusement, cette ambition ne pourra se réaliser en faisant l’impasse sur la question de la dissuasion, et de l’extension de la dissuasion française au territoire européen, avec, probablement, un mécanisme à double clé comparable à celui de l’OTAN aujourd’hui.

Rappelons que la composante aérienne de la dissuasion française repose sur le couple formé par le Rafale et le missile supersonique à statoréacteur ASMPA, qui sera remplacer ultérieurement par le nouveau missile Air-Sol de 3ème génération, très probablement hypersonique. Alliant vitesse et rayon d’action, ce missile saura répondre aux enjeux des décennies à venir, comme l’ASMPA l’a fait depuis 30 ans. Faute de quoi, aucun pays européen ne quittera le dôme protecteur américain, et l’initiative européenne de Défense, telle qu’espérer par le président français, rejoindra les nombreux projets de ce type avortés depuis 1954.

Lockheed-Martin va remplacer le système de maintenance ALIS du F35

Lors des premières années du programme F35, le système automatisé de supervision de la maintenance ALIS pour Autonomic Logistics Information System, était présenté comme le Graal de la maintenance aéronautique militaire. Comme souvent avec les nouveaux systèmes informatiques révolutionnaires, la réalité s’est rapidement éloignée des ambitions initiales. Retards dans la livraison des pièces de rechange, mauvaise gestion des stocks, informations excessives transmises au constructeur américain et surcharges de travail constatées dégradèrent rapidement l’image du logiciel, au point d’être désormais considéré comme un des principaux obstacles à l’amélioration de la disponibilité de l’aéronef. Pour répondre à ces critiques, Lockheed va concevoir un nouveau système plus opérationnel, plus centré sur les utilisateurs, et plus sécurisé, le Operational Data Integrated Network ou ODIN.

Pour y parvenir, le constructeur américain n’a pas hésité a totalement remettre à plat les paradigmes qui présidèrent à la conception du ALIS. Fini donc l’ambition d’expliquer aux utilisateurs comment faire leur travail le plus efficacement possible, ODIN s’appuiera, au contraire, sur les demandes et les attentes exprimées par les personnels de maintenance et les pilotes pour structurer l’information, les interfaces, et les fonctionnalités du programme. Fini également la centralisation excessive des informations, largement critiquée pour le ALIS, notamment par les clients à l’export du F35 qui n’apprécièrent pas de voir des informations sensibles envoyées vers le constructeur américain sans même en être informé. ODIN aura donc des flux plus limités mais efficaces, évitant ainsi toute forme d’infobésité (accumulation excessive d’informations digitales sans en avoir le besoin), et reposera sur une infrastructure Cloud hautement sécurisée.

Le systeme Autonomous Logistic Information System du F35 aurait de nombreuses failles de securite Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
L’architecture centralisée du système ALIS rendrait le système vulnérable aux attaques cyber

Toutes les informations concernant le cahier des charges du nouveau système ODIN n’ont pas encore été divulguées. Mais l’on peut sans grand risque anticiper que certaines fonctionnalités très critiquées du système ALIS auront été supprimées, comme celle qui obligeait le F35 à se connecter au système fréquemment pour ne pas passer l’appareil à plus de 100 m$ en « sécurité », et empêcher son utilisation. De même, il est probable que ODIN se présentera sous forme modulaire, permettant à chaque utilisateur de choisir les modules auxquels il souhaite accéder, mais également plus ouvert, afin de permettre à ces mêmes utilisateurs de developper leurs propres services périphériques. Toutes ces fonctionnalités ont fait l’objet de demandes très appuyées de la part des utilisateurs du F35, et notamment d’israël et de plusieurs pays européens.

Le F35 ne sera jamais un appareil qui impressionnera par ses performances aéronautiques, comme sa vitesse, sa manoeuvrabilité, son rayon d’action ou sa capacité d’emport. Mais force est de constater que Lockheed est en train de corriger méthodiquement de nombreuses critiques faites à l’appareil et justifiées, ainsi qu’à l’ensemble de systèmes et de services l’accompagnant. Si ce dernier parviennait, dans un futur proche, à résoudre les derniers points critiques comme la fiabilité de l’appareil et les couts de sa maintenance, le constructeur américain pourrait bien réussir à en faire un successeur, si pas digne, au moins légitime au F16, qui était l’ambition initiale du programme. Reste à voir si, le cas échéant, le F35 aura une carrière opérationnelle aussi longue et riche que son ainé, ou si l’accentuation des tensions internationales et des investissements de Défense entrainera l’émergence d’une nouvelle course aux armements limitant, de fait, la pertinence technologique et donc la durée de vie de l’appareil. Seul l’avenir pourra répondre à cette question …

Naval Group va-t-il perdre le super contrat des sous-marins Shortfin Barracuda australiens ?

Rien ne va plus à Canberra ! Après avoir remporté, au grand damn de TKMS, le mega contrat pour l’étude et la construction de 12 sous-marins océaniques Shortfin Barracuda, dérivés de la classe Suffren qui entrera bientôt en service dans la Marine Nationale, Naval Group est sous le feu de critiques nombreuses et sévères, tant de la part d’une part de la classe politique australienne que de l’opinion publique sur les réseaux sociaux. En cause ? l’explosion des délais et des couts dont la presse s’est fait l’écho ces derniers mois, au point de menacer potentiellement l’exécution même du programme si la coalition au pouvoir venait à perdre les prochaines élections législatives.

Il faut dire que les Australiens ont des raisons d’exprimer leurs mécontentements, et de s’interroger sur la façon dont est géré ce programme. La construction des 12 unités est estimée à 50 Md$, soit plus de 30 Md€, amenant le prix unitaire de chaque submersible à plus de 2,5 Md€. Une fois l’inflation appliquée sur la durée du programme, la note attendra les 80 Md$. Mais avec les retards anticipés selon certains, elle pourrait atteindre, voir dépasser les 120 Md$. En outre, 2,5 Md€ est également le prix unitaire d’un sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Virginia, le dernier modèle, et le plus abouti, des submersibles de combat américain aujourd’hui. Dans le même ordre d’idée, le prix unitaire des SNA de la classe Suffren qui vont équiper la Marine Nationale n’est que de 1 Md€, le programme intégrant la R&D et les 6 sous-marins étant lui de 9,1 Md€, à peine un peu plus de 1,5 Md€, pour un navire similaire au modèle proposé aux Australiens, et disposant d’une propulsion nucléaire. Ces chiffres sont éloquents, même s’ils ne peuvent être comparés entre eux, car recouvrant des périmètres totalement différents. En l’absence d’explications de la part de Naval Group ou des autorités australiennes, l’opinion publique, mal aiguillée, peut rapidement tirer des conclusions très défavorables. Et c’est précisément ce qui s’est passé …

Suffren 1er aout 2019 Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Le programme des 6 SNA de la classe Suffren ne coutera que 9,1 Md€ à l’Etat Français

Dans le même temps, le directeur des programmes a estimé, devant les parlementaires australiens, que le cout total du programme dépasserait les 200 Md$, ceci incluant la maintenance et les mises à jour pour une durée supérieure à 45 ans. Alors que le pays n’a pas été capable de consacrer des moyens suffisants pour juguler les incendies qui l’ont durement touché en début d’année, coutés la vie à 28 personnes et à plus d’un milliards d’animaux, de tels chiffres, sortis de tout contexte et sans explications, passent évidement très mal dans l’opinion publique et une bonne partie de la classe politique.

Comme si cela ne suffisait pas, une partie de la presse australienne s’est fait l’écho d’une analyse contestable et malheureusement très diffusée portant sur les conclusion des auditeurs du Australian National Audit Office venant, selon eux, de dresser un état des lieux très préoccupant de l’évolution du programme. Non seulement afficherait-t-il déjà, selon eux, plus de 9 mois de retard, avec un probablement glissement de plusieurs années des livraisons, mais les négociations entre Naval Group et les autorités australiennes seraient arrivées dans une impasse, et seraient mêmes qualifiées de « toxiques » dans le rapport. En outre, ni Naval Group, ni ses partenaires australiens impliqués dans ce programme, n’auraient été en mesure de justifier la pertinence de presque 400 m$ de dépenses, là encore un point particulièrement sensible dans l’opinion publique australienne aujourd’hui. Toujours selon cette même analyse, la Marine australienne aurait déjà entamées des études visant à prolonger la durée de vie opérationnelle de ses sous-marins de la classe Collins, tant pour anticiper les retards probables du programme Shortfin Barracuda que pour être prête à absorber l’annulation de celui-ci, et le lancement d’un tout nouveau programme. L’ensemble de ces points ont fait l’objet de très nombreux commentaires sur les réseaux sociaux australiens, et une part significative de l’opinion publique du pays les auraient pris pour argent comptant…

Collins sous marins australie Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Les sous-marins australiens de la classe Collins risquent forts de devoir jouer les prolongations encore quelques années

Coté Naval Group, selon la grande tradition de l’industrie de Défense française, les informations sont distillées au compte-gouttes. En réalité, le groupe naval français ne cherche pas à défendre sa cause sur la place publique, se contentant de mener ses actions de communication vers le gouvernement et un panel de personnes clés liées au programme. Pour l’heure, cela semble fonctionner, puisque le gouvernement australien a récemment annoncé qu’il ne serait pas du tout de l’intérêt du pays de renoncer au partenariat noué avec les français.

Mais en ignorant la colère qui s’accroit dans l’opinion publique, Naval Group se met en position de grande faiblesse si un changement de gouvernement devait intervenir plus tôt que prévu, c’est à dire avant que le programme ne soit trop avancé pour être annulé. C’est le même calcul qu’avait fait Airbus Helicopters en Pologne, et bien mal lui en a pris. On note par ailleurs que les tensions en Australie sont très largement commentées dans un autre pays, les Pays-Bas, auquel Naval Group propose également un modèle dérivé du Barracuda pour remplacer les sous-marins Walrus de la Marine Royale Néerlandaise. Et comme en Australie, l’opinion publique du pays se montre de plus en plus hostile à la proposition française, notamment face à une communication très bien orchestrée par Damen et Saab, concurrents du groupe français sur ce dossier.

SMX Pays Bas Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Naval Group propose également un sous-marin océanique aux Pays-Bas pour remplacer les sous-marins de la classe Walrus.

Au final, les quelques centaines de milliers d’euros économisés par le Groupe français en communication vers l’opinion publique australienne afin de lui proposer une lecture différente et valorisante des événements et du programme, risquent forts de lui couter bien plus cher, comme à ses salariés et à ses actionnaires. Il en va évidemment de même aux Pays-Bas. Il ne s’agit encore que d’un avertissement appuyé puisque, rappelons le, les autorités australiennes ont réitéré leur engagement avec l’industriel français. Espérons donc que cela ne se transforme pas en leçon, qui se paierait, comme toujours, bien plus chère ….

Maj 17 janvier 2020 : Le gouvernement australien a apporté une réponse factuelle aux différents points de tension entourants ce dossier, et a démenti tout risque pour l’exécution du contrat avec Naval Group.

L’US Navy demande la priorité concernant les crédits de défense américains

Traditionnellement, le budget de La Défense américain est ventilé de manière presque égale entre l’US Army, l’US Air Force, et l’US Navy associée à l’US Marines Corps. Mais selon l’amiral Michael Gilday, Chef des Opérations Navales ou CNO, au Pentagone, ce découpage ne correspond plus aux besoins effectifs des armées, et à l’évolution des menaces qui se profile. Dans un discours prononcé devant la Surface Navy Association, l’Amiral Gilday a ainsi clairement indiqué qu’il sera nécessaire de donner la priorité en matière de Crédits à l’US Navy pour être en mesure de satisfaire aux ambitions politiques exprimées par le Président Trump, mais également pour faire face aux menaces qui se profilent, et qui nécessiteront des capacités navales renforcées pour contrôler les routes maritimes et s’opposer au renforcement des marines militaires dans le monde.

Depuis quelques semaines, l’US Navy, par la voix du secretaire à la Navy, et la Maison Blanche s’opposent de manière indirecte au sujet de l’objectif d’une flotte alignant 355 navires d’ici 2030 exigée par le président Trump, conformément aux engagements pris lors de la campagne présidentielle de 2016. Avec des résultats plus que mitigés sur la scène internationale, des tensions politiques intérieures et des arbitrages parfois contestables concernant la Défense, le président Trump, par ailleurs candidat pour un second mandat lors des élections présidentielles de 2020, cherche à consolider son bilan économique par des actions symboliques de portée internationale. C’est ainsi que l’engagement concernant une flotte de 355 navires (contre 297 aujourd’hui) refit sont apparition il y a quelques mois, après avoir été volontairement évacué par le Pentagone pendant 4 ans.

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Le retrait des frégates O.H Perry sans qu’elles soient remplacées a considérablement affaibli l’US Navy et ses capacités d’intervention dans le Monde

Car pour l’US Navy, cet objectif est inaccessible, surtout dans les conditions budgétaires actuelles. En effet, la construction de la nouvelle classe de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Colombia, un chantier à plus de 70 Md$ pour la construction des 12 unités, et dont le cout total sur sa durée de vie dépassera les 350 Md$ selon les estimations publiées, va considérablement gréver ses capacités d’investissement en matière de nouveaux navires. Dans les faits, le programme va capter presque 35% de ses crédits d’équipements, qui doivent également financer les nouveaux navires ainsi que les aéronefs de l’US Navy et du Marines Corps.

Impossible dans ces conditions de suivre la cadence de modernisation soutenue et le format en devenir de la marine chinoise, qui représente aujourd’hui le principal adversaire de l’US Navy dans le Pacifique et l’Océan Indien, et le seul capable de prendre potentiellement l’avantage contre elle. Ainsi, dans les 2 principaux chantiers navales militaires chinois, les observateurs ont dénombré en janvier 2020 plus de 17 destroyers en cours de fabrication à divers stades de finition. Avec la fin de la fabrication des corvettes Type 056 et 056A, dont 60 unités assurent la protection rapprochées des côtes chinoises, l’effort industriel du pays porte désormais sur les unités de haute mer, comme les frégates Type 054B, les destroyers Type 052D, et le destroyers lourds Type 055, ainsi que sur les unités de projection de puissance, comme les porte-hélicoptères d’assaut Type 075 et les porte-avions dotés de catapultes Type 003. Sur la base des capacités industrielles actuelles, la Marine chinoise devrait donc percevoir chaque année 3 à 4 nouvelles frégates, entre 8 et 10 destroyers et au moins un grand navire d’assaut, alors qu’elle percevra un nouveau porte-avions tous les 4 ans. A ce rythme, elle aura dépasser le format de l’US navy d’ici 2035.

Type 055 Nanchang Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
La Marine chinoise devrait percevoir entre 8 et 10 nouveaux destroyers par an dans les années à venir

Face à l’affaiblissement prévisible des forces conventionnelles russes à moyen terme, et considérant le renforcement naval chinois, les probabilités de confrontation navale dans le Pacifique dépassent désormais celles d’un affrontement terrestre massif en Europe, raison pour laquelle l’amiral Gilday estime qu’il est nécessaire d’accroitre les investissements qui lui sont consacrés, ou tout au moins sortir les dépenses consacrées aux forces de dissuasion de la ventilation budgétaire entre les 3 armées.

Le raisonnement tenu par le CNO américain pourrait d’ailleurs inspirer les Européens, et notamment la France. Même si les attributions budgétaires dans les armées françaises ne respectent pas le découpage en trois tiers américain, et fait preuve de beaucoup plus de flexibilité et de pragmatisme, le format actuel de la composante surface combattante de la Marine nationale, qui repose sur 15 frégates de 1er rang et 6 frégates de surveillance sans réelles capacités militaires, apparait selon bien des aspects trop limité, que ce soit vis-à-vis de la pression opérationnelle constatée, et de l’évolution des rapports de force sur les théâtres d’opération dans lesquelles elles évoluent, dans la zone indo-pacifique, en Méditerranée orientale et en Atlantique nord.

La fregate de defense aerienne Forbin de la Marine Nationale issue du programme franco italien Horizon Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
Les 2 frégates de Défense aérienne Horizon de la Marine nationale sont des unités navales puissamment armées mais disponibles en nombre trop limité

Le fonctionnement en double équipage, voulu par le Chef d’Etat-Major de la Marine, l’amiral Prazuck, pour pallier la surchauffe opérationnelle actuelle, est une mesure efficace en temps de paix, qui perd très vite de sa pertinence les tensions s’accroissant, et le nombre redevenant un critère déterminant. Ceci dit, en France, le même constat s’applique aux 3 armées, qui évoluent toujours dans un format de temps de paix, alors que le Monde, lui, se dirige, sans marquer le pas, vers une nouvelle période de crises importantes. Refuser de la voir ne fera malheureusement pas disparaitre cette évolution inéluctable.

L’Allemagne choisit le néerlandais Damen pour construire ses nouvelles frégates

Les autorités allemandes ont annoncé avoir sélectionné les chantiers navals néerlandais Damen, en partenariat avec l’allemand Blohm + Voss et Thales Netherlands pour concevoir et construire les 4 frégates lourdes polyvalente MKS 180 (6 unités au total prévues) qui doivent constituer, avec les frégates F125 de la classe Baden-Württemberg, la colonne vertébrale de la marine de guerre de haute mer allemande en 2030. Les travaux auront lieux à 80% sur le sol allemand, notamment dans les chantiers navals Blohm + Voss de Hambourg. Mais cette décision risque fort d’être rapidement menacée par des recours et des pressions au niveau du Bundestag.

En effet, le groupe naval TKMS, principal fournisseur de la Marine Allemande pour ses navires de surface et ses sous-marins, n’apprécie pas d’avoir été dépossédé du plus important contrat industriel de défense passé par l’Allemagne, pour un montant de plus de 5 milliards d’Euros. De fait, il est plus que probable que, dans les jours à venir, un recours soit déposé contre cette décision. Rappelons que les autorités allemandes, et plus particulièrement la ministre de La Défense de l’époque Ursula von der Leyen, avait décidé d’ouvrir à l’échelon européen l’appel d’offre concernant les frégates MKS 180 suite à de nombreux retards et d’importants défauts lors de la livraison concernant les corvettes K130 et les frégates F125, deux programmes confiés à TKMS. En outre, à l’instar de MTU ou de Rheinmetall, TKMS dispose de nombreux appuis politiques au Bundestag, le parlement allemand, qui doit avaliser la décision gouvernementale. De fait, l’annonce faite hiers par le ministère de La Défense allemand risque fort d’être plus que contestée, et même annulée.

Fregate baden Wuttemberg F125 allemande Actualités Défense | Drones de combat | Drones MALE
La Marine allemande refusa la frégate Baden Wurttenberg lors de sa livraison par TKMS en raison de nombreux défauts et non-conformités

Cette attribution peut également représenter une menace pour le français Naval Group concernant sa participation à l’appel d’offres pour le remplacement des sous-marins Walrus de la marine néerlandaise ; compétition dans laquelle le groupe français est opposé à une alliance formée par le néerlandais Damen et le Suédois Saab, mais également au groupe TKMS allemand. En attribuant le contrat MKS 180 à Damen, Berlin espère probablement amener les Pays-Bas à choisir l’offre de son champion sur la base de considérations purement politiques et économiques, et en dehors de considérations portant sur les performances opérationnelles ou le prix, deux domaines dans lesquels l’offre de TKMS ne peut s’aligner face à celle de Naval Group. C’est en procédant de cette manière que Berlin avait réussi à s’imposer sans combattre en Norvège, toujours face à Naval Group.

Avec une jauge dépassant les 9000 tonnes, les futurs frégates du programme MKS 180 seront les plus imposantes unités de surface combattante de la Marine allemande pendant de nombreuses années. Malgré cela, et à l’instar des frégates F125, les MKS 180 seront étonnement sous-armées pour des navires de cette catégorie. Elles seront certes dotées d’un canon de 127 mm Volcano, et de 4 à 8 missiles anti-navires longue portée, mais n’emporteront aucun système anti-aérien à longue portée, se limitant à deux systèmes d’autodéfense RAM et à l’emport d’un nombre indéterminé de missiles ESSM à moyenne portée, limitant de fait les possibilité d’escorte offertes par le bâtiment. Il ne sera pas non plus doté de missiles de croisière longue portée pour, le cas échéant, pouvoir mener des frappes à terre dans la profondeur du dispositif. Enfin, pour disposer de capacités anti-sous-marines avancées, les MKS 180 devront être équipées d’un module spécifique, prenant place dans un emplacement dédié. A l’instar de ce qui était prévu sur les corvettes LCS américaines pour finalement être abandonnée, la conception de navires à capacité modulaire fait largement débat quand à son efficacité et son applicabilité opérationnelle. Seul point positif, les frégates seront conçues pour pouvoir ultérieurement intégrer des systèmes d’arme à énergie dirigée, comme des lasers d’auto-défense.

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Le nouveau modèle proposé par Damen pour le programme MKS 180

Il n’empêche que ni les frégates F125, ni les MKS 180 ne seront capables d’assumer des missions d’escorte pour des unités majeures, comme les porte-avions ou les porte-hélicoptères d’assaut, dans un environnement contesté. Cela peut s’expliquer par les positions particulières de l’Allemagne vis-à-vis de la projection de force. Mais on s’explique mal, dans ce cas, pourquoi le gouvernement allemand dépense autant pour des navires qui auront des capacités opérationnelles et une puissance de feu très sensiblement inférieures à celles d’une FDI française, jaugeant la moitié du deplacement de la MKS 180, bien mieux armées et sensiblement moins cher que cette dernière.