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Le NLCA Tejas réalise son premier appontage, malgré le désintérêt de l’Indian Navy

Le 11 janvier dernier, le Tejas-N a réalisé son premier appontage sur l’unique porte-avions indien, l’INS Vikramaditya, avant d’en redécoller le lendemain. Après 17 années de développement, le programme NLCA (Naval Light Combat Aircraft) a donc enfin démontré sa capacité à opérer depuis un porte-avions doté d’un tremplin et de brins d’arrêt. Problème : l’Indian Navy a fait savoir il y a quatre ans qu’elle n’était plus intéressée par le Tejas-N. En l’état actuel des choses, le NLCA n’est donc plus qu’un démonstrateur technologique, et symbolise à la perfection les problèmes de l’industrie aéronautique indienne, qui tente désespérément de suivre les ambitions des forces armées du pays sans réussir à consolider ses connaissances.

Conçu par l’Agence de développement aéronautique nationale (ADA) du DRDO, et construit par l’entreprise publique HAL, le LCA Tejas est un chasseur léger qui équipe déjà l’Indian Air Force dans ses versions terrestres Mk1 (40 exemplaires en cours de livraison) et Mk1A (83 exemplaires commandés). Déplaçant 13 tonnes à pleine charge, et motorisé par le même F404 américain qui équipe aussi le Gripen suédois, le Tejas est le plus petit chasseur supersonique en production. S’il a été conçu pour être simple à produire et économique à l’usage, afin de remplacer les nombreux MiG-21 indiens, son développement a malheureusement été particulièrement complexe, le programme ayant pris une douzaine d’années de retard.

Tejas Naval appontage Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
La vitesse d’appontage démontrée le 11 janvier était de 15 à 20 noeuds supérieure à celle des standards occidentaux, ce qui n’a rien d’étonnant pour les premiers essais d’un avion à aile delta.

Et la situation est vite devenue encore plus dramatique pour la version navale NLCA Mk1. Cette variante ayant été développée à partir du LCA terrestre, elle souffre comme bien souvent dans ce cas-là d’un sérieux embonpoint ainsi que de défauts de conception incorrigibles. Si LCA et NLCA conservent la même masse maximale au décollage, le Tejas-N est 2,5t plus lourd à vide que son pendant de l’Indian Air Force, ce qui impacte nécessairement sur sa capacité d’emport, son autonomie et sa maniabilité. Pire encore, au lancement du programme en 2003, l’Indian Navy était la seule marine de la région Asie-Pacifique à disposer de porte-avions. Sa supériorité opérationnelle en haute même était alors assurée, même avec un avion léger. Entre temps, toutefois, la marine chinoise a non seulement lancé deux porte-avions, là où l’Indian Navy n’en comprend plus qu’un, mais ces derniers sont équipés de chasseurs lourds de la famille des Flanker, les J-15. Face à ce déclassement capacitaire et aux problèmes de poids de l’avion, l’Indian Navy a annulé en 2016 sa commande de NLCA, préférant se concentrer sur le programme MRCBF visant à acquérir 57 chasseurs lourds –à choisir entre le Rafale et le Super Hornet– pour compléter par le haut sa flotte de MiG-29K.

Chez HAL et au sein de l’ADA, on évoque pourtant dès 2012 la possibilité de développer une variante plus puissante du Tejas, le Tejas Mk2, qui pourrait être adapté aux besoins de la Navy. La version Naval Mk2, dans sa dernière mouture, se voyait ainsi dotée du puissant réacteur F414, qui équipe également le Super Hornet, ainsi que de petits empennages arrières destinés à assurer le contrôle de l’appareil pendant les appontages. Bien que la masse au décollage de cette variante était portée à 17 tonnes, l’Indian Navy continua à trouver l’appareil sous-motorisé et trop peu performant par rapport à ses concurrents. Alors que le programme continuait depuis 2016 pour des raisons de politique industrielle, malgré le manque d’intérêt de l’Indian Navy, l’ADA et la Navy ont pu finalement annoncer conjointement en novembre dernier l’arrêt du programme NLCA, version Mk2 comprise, afin de développer une variante bimoteur de cet appareil.

TEJAS MK2 Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
La version Mk2 du Tejas est équipée de surfaces canards dans la version Air Force, et de petits empennages horizontaux sur la version navale

Dans ce contexte, les essais en cours sur le NLCA visent avant tout à acquérir de l’expérience technique et opérationnelle au profit de l’ADA et de HAL. Pour autant, comme nous l’évoquions en novembre dernier, le calendrier comme les ambitions opérationnelles affichées par l’ADA semblent au mieux illusoires, si ce n’est totalement fantaisistes. Le programme d’avion bimoteur TEDBF (Twin Engine Deck Based Fighter), s’il se présente comme un dérivé du Tejas Mk2, reprend en effet les grandes lignes du Rafale, avec la même motorisation que le Super Hornet. Deux avions en compétition en Inde pour le programme MRCBF et qui seront disponibles plus rapidement, en plus grand nombre et pour bien moins cher que le TEDBF, sans qu’il n’y ait de doute sur leurs performances réelles.

En l’état actuel des choses, la proposition du TEDBF par l’ADA ne semble être rien d’autre qu’une tentative de la part de l’industrie nationale de récupérer des crédits de développement pour faire tourner ses bureaux d’études, alors même qu’un arrêt brutal du NLCA risquait de pousser durablement la Navy dans les bras de fournisseurs étrangers. La posture de l’Indian Navy apparaît encore plus subtile. En soutenant le TEDBF, elle obtient enfin l’abandon du NLCA et acte définitivement la pertinence de ses besoins en matière d’avions bimoteurs. La rhétorique capacitaire mise en avant depuis 2016 par l’Indian Navy pourrait ainsi être reprise à leur compte par les divers organismes nationaux de développement aéronautique, mais aussi par le ministère et HAL. De quoi couper l’herbe sous le pied aux détracteurs du MRCBF qui militent pour une solution nationale, tout en repoussant de plus d’une décennie la nécessité d’acquérir un avion national –la Navy ne se faisant aucune illusion sur les promesses de livraison du TEDBF en 2026.

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Les équipements propres à la version navale du Tejas ont considérablement alourdi l’appareil. De plus, l’écartement de son train principal empêche l’emport de charges lourdes et de réservoirs sur les points internes de voilure.

Dans tous les cas, il ne fait pas le moindre doute que l’Indian Navy n’aura pas les finances pour développer conjointement, dans cette décennie, à la fois un programme de chasseur national et le programme MRCBF, surtout si ces derniers partagent un cahier des charges quasiment interchangeable. Malgré toutes les ambitions du Make In India et les besoins bien réels pour de nouveaux équipements navals, l’Indian Navy fait encore une fois face à des coupes budgétaires conséquentes. De quoi l’obliger à réduire les ambitions de ses programmes aéronavales en cours, comme l’acquisition d’hélicoptère d’alerte avancée Ka-31 ou d’avions de patrouille maritime P-8I supplémentaires.

Dans un tel contexte, les chances que le TEDBF voit le jour restent très faibles, d’autant plus que l’Indian Air Force ne compte pas spécialement financer ce programme, moins avancé que son propre AMCA. Mais la possibilité existe toujours de voir le MRTBF annulé purement et simplement pour des raisons politiques, afin de pousser à une solution nationale au détriment du Rafale, favoris de la compétition. Au risque alors de voir le déclassement régional de l’Indian Navy s’accentuer encore un peu plus au cours de la décennie à venir.

L’US Army dévoile les grandes ambitions du programme qui remplacera le Black Hawk

Nous avons déjà à plusieurs reprises présenté le programme FLRAA, pour Futur Long Range Assault Aircraft, destiné à remplacer les hélicoptères de manoeuvre UH-60 Black Hawk de l’US Army, et intégré au programme chapeau Futur Vertical Lift, lui même un des piliers du super programme « Big 6 ». Si l’on savait que les performances attendues, notamment en terme de vitesse, excédaient nettement les performances actuelles des voilures tournantes, les autorités militaires américaines ont désormais détaillé leurs ambitions de manière plus précises, et le moins qui puisse être dit, c’est que le terme « ambition » n’est pas usurpé !

Aujourd’hui, un hélicoptère de manoeuvre, dont la fonction première est le transport de soldats en arme pour les missions d’assaut aéroporté, évoluent entre 260 et 280 km/h, avec une vitesse de pointe dépassant rarement les 300 km/h. Le nouvel appareil de l’US Army devra soutenir une vitesse de croisière de 280 noeuds, soit presque 520 km/h. A noter que cette vitesse est supérieure à celle de nombreux avions de transport équipés de turbopropulseurs, comme le CN-235 dont la vitesse de croisière est de 250 noeuds (450 km/h).

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Les performances du Caïman européen (au premier plan) en service dans les armées françaises sont très en deçà de celles visées par le programme FLRAA

La distance de franchissement attendue est tout aussi impressionnante, puisqu’elle doit dépasser les 1.725 nautiques soit 3.200 km, là encore très au dessus des performances des appareils actuels. Le NH90 Caiman, pourtant réputé pour son autonomie, a ainsi une distance de convoyage de 1600 km, moitié moindre que celle visée par le programme FLRAA. L’appareil devra en ouvre soutenir une vitesse ascensionnelle de 500 pieds minutes, et maintenir un vol stationnaire à 6000 pieds par une température de 35° avec 12 militaires à bord, soit des conditions extrêmement défavorables pour un appareil à voilure tournante, dont la capacité à maintenir un vol stationnaire diminue avec l’altitude et la température de l’air.

Les valeurs communiquées sont à ce point élevées qu’elles semblent presque irréalistes, tant l’écart est important avec l’existant. Mais si le SB1 Defiant de Bell n’a aujourd’hui atteint que le vitesse de 100 noeuds, le V-280 Valor a déjà atteint la vitesse demandée de 280 noeuds en janvier 2019, et a même atteint les 300 noeuds, soit plus de 550 km/h, lors des tests de vol à haute vitesse. Ce même V-280 est donné pour atteindre une distance de convoyage de 2.400 nautiques, 3.900 km, égale à celle d’un avion de transport tactique comme le CN235, et offrirait un rayon d’action de combat pouvant atteindre les 1500 km, soit bien davantage que la majorité des avions de combat aujourd’hui.

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Les performances visées par le FLRAA sont comparables à celles d’un avion de transport comme le CN295 appliquées à une voilure tournante

En d’autres termes, le programme FLRAA vise non pas à construire la prochaine génération d’hélicoptères de manoeuvre, mais à fusionner les capacités des hélicoptères de manoeuvre et des avions de transport tactique, dans un seul et unique aéronef offrant des performances et une flexibilité opérationnelle sans égale. Nul doute que si le succès est au rendez-vous, et que la disponibilité ne pâtit pas d’un technologisme excessif pour atteindre ces performances, les nouvelles voilures tournantes américaines vont profondément modifier la nature même de l’aérocombat dans les années à venir, et risquent bien de créer un nouveau standard dans ce domaine. Reste à voir si les européens sauront répondre à ce défi, ou si, comme avec le F35, ils abandonneront une nouvelle part de leur souveraineté par manque de volonté et d’anticipation ….

Le pod IRST Block II du Super Hornet signe le retour de la détection passive dans l’US Navy

La semaine dernière, Boeing annonçait par communiqué de presse qu’un Super Hornet de l’US Navy avait pour la première fois volé avec un pod IRST Block II. L’avion serait apparemment l’un des deux bancs d’essai utilisé pour le développement de la nouvelle variante du Super Hornet, le Block III, qui devrait obtenir sa capacité opérationnelle initiale d’ici la fin de l’année 2021. Si le premier vol d’un équipement externe peut apparaître de prime abord assez anodin, l’intégration opérationnelle d’un IRST sous un avion de l’US Navy démontre en réalité un bouleversement profond de la doctrine du combat aérien au sein des forces américaines.

L’IRST pour Infrared Search and Track, est un équipement optronique capable d’effectuer une veille infrarouge et donc de détecter la chaleur produite par des avions, des navires, des blindés ou des bâtiments. Contrairement à un radar, qui émet des ondes et enregistre leur écho, les IRST travaillent de manière passive, sans qu’aucune émission radioélectrique ou lumineuse. Pour peu qu’un chasseur opère radar éteint et en silence radio, l’IRST permet donc de détecter des avions sans révéler sa présence, même à des distances de plusieurs dizaines de kilomètres.

Pour Comprendre
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L’un des deux Super Hornet utilisé pour les tests du standard Block III. On distingue nettement la pointe noire de l’IRST sur le bidon ventral de l’avion.

Malgré leurs atouts théoriques indéniables, les IRST n’ont pas toujours su séduire les forces occidentales. Ainsi, si des avions comme le F-8 Crusader en ont été équipés à l’origine, de nombreux opérateurs, dont la Marine Nationale, ont fini par les démonter et ne pas le remplacer. Plus récemment, alors que le système optronique OSF du Rafale incorporait initialement une voix infrarouge, cette dernière avait été supprimée lors de la mise à jour OSF-IT, et ne devrait réintégrer le chasseur français qu’avec la future mise à jour OSF-NG. Aux USA, le dernier chasseur à avoir été équipé d’un IRST était le légendaire F-14D Tomcat, retiré du service en 2006. L’avion emportait alors sous son nez un IRST AN/AAS-42 couplé à une caméra à téléobjectif, pour la détection et l’identification discrète de cibles aériennes.

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Les systèmes optroniques font partie intégrante des avions européens modernes, dont le Rafale mais aussi l’Eurofighter. Dans sa nouvelle mouture, le Gripen E devrait également recevoir un IRST.

Si les IRST ont fini par tombé en désuétude aux États-Unis, c’est en grande partie en raison des avancées spectaculaires des technologies radar au cours des années 1980, notamment dans leurs modes NCTR (reconnaissance de cibles non-coopératives). Ces technologies permettaient non seulement de détecter mais aussi d’identifier le type d’un avion à très longue distance, uniquement à partir d’un radar. Ce mode d’identification a été largement adopté par l’USAF qui a su en faire un standard des règles d’engagement interalliées dès le début des années 1990, d’autant plus que le radar permet de s’affranchir des mauvaises conditions météo et fournit une bonne estimation de la distance d’une cible, contrairement aux IRST.

Le concept n’a cependant jamais été abandonné en Europe et en Russie, où la discrétion électronique –sans émission de radars– a toujours été mieux considérée qu’aux États-Unis, qui privilégiaient plutôt la furtivité passive des cellules. Au début des années 2000, le constat était alors simple : les États-Unis disposant d’avions furtifs misaient tout sur le radar puisqu’ils étaient opposés à des avions non-furtifs ; tandis que les forces équipées de chasseurs non-furtifs y intégraient des capteurs IRST notamment pour contrer leurs opposants furtifs. Toutefois, en moins de deux décennies, les progrès en matière de simulation informatique et de maîtrise des matériaux furtifs a permis à de nombreux pays de développer leurs propres programmes de chasseurs furtifs : la Russie et la Chine dans un premier temps, avec le Su-57 et le J-20, mais aujourd’hui aussi la Turquie, la Corée du Sud et, bien évidemment, les Européens avec le FCAS et le Tempest.

Un tel constat ne pouvait que pousser l’USAF et l’US Navy à reconsidérer la possibilité d’intégrer des IRST sur leurs chasseurs. C’est l’AN/AAS-42 du Tomcat qui a servi de base au développement d’un nouveau capteur IRST, le Lockheed Martin AN/ASG-34 ou IRST21. C’est ce capteur de l’IRST Block II qui vole depuis la fin 2019 sur le Super Hornet. Intégré à l’avant d’un réservoir de carburant emporté en point central, l’IRST Block II offrira au Super Hornet Block III une capacité de détection passive à longue distance. Mieux encore, le standard Block III du chasseur naval de Boeing intègrera des fonctionnalités avancées de guerre en réseau. Non seulement un avion équipé d’IRST pourra partager ses pistes avec d’autres appareils de sa patrouille, mais les avions dotés d’IRST pourront se servir de leur liaison de donnée pour trianguler automatiquement la position exacte d’un ennemi, et offrir une solution de tir parfaitement passive. Une capacité qui serait, pour le moment, encore jamais vue avec une telle précision et une telle automatisation.

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Le pod Legion de Lockheed Martin a commencé à être reversé aux escadrons de F-15C, qui l’emportent en point ventral. Le Legion est également compatible avec le F-16 et le F-15E de l’USAF.

On notera que l’AN/ASG-34 de l’IRST Block II est intégré au pod Legion, acheté à 130 exemplaires par l’USAF pour intégrer les F-15C rénovés. Il se retrouve également dans le Talon HATE, un autre pod pour F-15C lui permettant de travailler de manière collaborative avec des F-22. Au-delà des performances relativement classiques offertes par ces nouveaux IRST, on notera deux conséquences intéressantes de l’arrivée de ces nouveaux pods.

D’une part, alors que Boeing proposait en option l’intégration de l’IRST Block II dans le nez du Super Hornet, l’US Navy a choisi une intégration dans un pod ventral lourd. Au-delà de permettre la conservation du canon interne de l’avion, le choix d’une solution amovible permettra de moderniser plus facilement les IRST sur le long terme, et offrira la possibilité d’être débarqués de l’avion lorsqu’ils ne sont pas nécessaire afin d’augmenter la charge utile, l’emport en carburant et la maniabilité de l’appareil. La communication qui est faite par la Navy sur cet élément peut ainsi être vue comme une critique de l’EOTS intégré dans le nez du F-35, et qui souffre de mauvaises performances tout en impactant négativement la disponibilité des appareils.

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Lors de ses essais, le F-15SA saoudien a été testé avec un emport de 12 missiles AMRAAM et de multiples capteurs, dont un IRST Tiger Eye dérivé de l’AN/AAS-42 du F-14D Tomcat (Christopher MacGreevy)

D’autre part, l’US Navy insiste sur les capacités de son IRST couplé à la mise en réseau des Super Hornet Block III pour contrer les technologies de furtivité, ainsi que sur les performances qu’offrirait le système dans un environnement de combat brouillé électroniquement. Or, il s’agit justement des mêmes arguments qui ont été mis en avant ces deux dernières décennies par les forces aériennes russes, chinoises et européennes. Ce retournement de situation au sein des forces aériennes américaines dénote la réalité des menaces représentées par la dissémination des technologies furtives et la généralisation des outils de guerre électronique. Mais il interroge aussi sur la pertinence, dans les décennies à venir, de la furtivité passive intégrée au prix fort à bord du programme F-35. Dès lors que la puissance de calcul embarquée permet de fusionner les données de capteurs passifs pour obtenir une situation tactique partagée complètement passive, y compris face à des chasseurs furtifs, ce n’est qu’une question de temps avant que ce genre de systèmes intégrés ne se généralisent au sein de patrouilles de Su-57, de J-20, d’Eurofighter ou de Rafale.

Pour autant, la furtivité passive n’a pas dit son dernier mot, dès lors qu’elle reste pertinente face à la plupart des radars. Néanmoins, pour les programmes à venir, il convient de veiller à ce que le coût d’intégration de cette capacité soit proportionnel à l’intérêt tactique qu’elle peut offrir, sans y sacrifier trop de performances, de coûts, de modularité ou de temps de développement. Un fait à garder en tête, en Europe, pour le développement du Tempest et du NGF, le chasseur du programme SCAF.

La précision des missiles iraniens reposerait sur le système GLONASS russe

La précision des frappes iraniennes sur les bases irakiennes le 8 janvier a surpris de nombreux spécialistes de la question militaire. Selon le site israélien DebkaFile.com, spécialisé sur les questions de renseignements et de géopolitique, cette précision aurait été obtenue grâce au système de géolocalisation russe GLONASS, équivalent au système GPS Américain.

En effet, selon plusieurs sites russes citant des sources militaires, Téhéran aurait intégré ce système de géolocalisation à ses missiles balistiques, leur conférant une précision de l’ordre de 10 mètres, ce qui correspond aux constatations faites sur les photos satellites suivant l’attaque.

Pour l’heure, les services de renseignement américains comme israéliens ne peuvent pas déterminer si les ingénieurs iraniens sont parvenus à intégrer seuls cette technologie ou s’ils ont reçu l’aide de Moscou.

Mais alors que 17 des 19 missiles lancés ont atteint leurs cibles, cette précision inattendue tend à modifier la menace que peut représenter la force balistique iranienne, mais également ses capacités à riposter si le pays venait à subir une attaque directe.

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Selon le site israélien, la précision des missiles balistiques iraniens seraient inférieure à 10 m, ce qui correspond aux impacts constatés lors de l’attaque du 8 janvier

En revanche, les interrogations subsistent concernant l’inefficacité des systèmes anti-missiles américains censés protéger les bases et infrastructures critiques américaines et alliées en Irak et au Moyen-Orient. Aucune déclaration factuelle officielle n’est venue apporter d’explication convaincante, et de fait, de nombreuses hypothèses circulent, et sont parfois présentées comme des faits.

Pour certains, les systèmes de défense anti-missiles américains ont volontairement laissé passer les frappes pour éviter l’escalade, et donner une victoire à revendiquer à Téhéran pour calmer la rue. Pour d’autres, les systèmes n’étaient tout simplement pas présents sur place. D’autres, enfin, considèrent que la trajectoire semi-balistique suivie par les missiles balistiques iraniens comme le Fateh-110 permet de réduire l’efficacité des systèmes anti-missiles comme le Patriot.

Il est probable que l’explication ne sera jamais communiquée, surtout si elle met à mal l’efficacité du système anti-missile américain. Mais le bilan des attaques fournies par l’US Army et faisant état de 11 blessés laisse penser que les délais entre l’annonce de l’attaque et les frappes ont été réduits.

Dans ces conditions, on imagine mal un commandant militaire laisser passer des missiles balistiques qui auraient pu être interceptés, d’autant que cela aurait envoyé un message clair à Téhéran concernant les performances du système anti-missile déployé.

LArabie Saoudite utilise ses batteries de missiles Patriot pour interecepter les missiles balistiques de conception iranienne lances par les rebelles Houti au Yemen Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Les performances du système anti-missiles Patriot PAC restent soumises à caution après les frappes du 8 janvier

Quoi qu’il en soit, par ces frappes, les autorités iraniennes ont clairement renforcé leur position au Moyen-Orient, en faisant savoir à toutes les capitales de la région qu’elles étaient désormais à porter de missiles particulièrement précis, et capables de frappes avec de faibles délais.

Même en l’absence d’ogives nucléaires, cela contribue à renforcer de manière significative les capacités de dissuasion du régime iranien. L’accélération du programme irakien visant à acquérir un système de défense anti-aérien et anti-missiles, pour lequel Bagdad a lancé une consultation après de la Russie, de la Chine et de l’Ukraine, en est la première conséquence directe. Nul doute que d’autres suivront.

Et si, comme en Irak, la majorité des pays de la région privilégient alors les systèmes russes S400/300 ou leurs dérivés chinois ou ukrainiens, la mise en cause des performances du système Patriot sera évidente.

Le Scorpene de Naval Group sélectionné pour la finale du programme indien P75i

Le Ministère de La Défense indien a publié la liste des 5 entreprises internationales et des 2 chantiers navals locaux qui participeront à la finale du programme P75i portant sur la conception et la construction de 6 sous-marins disposant d’une propulsion anaérobies. Les finalistes sont le français Naval Group avec le sous-marin Scorpene, le russe Rubin avec l’Amur 1650, l’Allemand TKMS avec le Type 214, l’espagnol Navantia avec le S80 et le sud-coréen DSME avec le KS-III. Les deux chantiers navals sélectionnés sont Mazagon Docks Ltd (MDL), qui a déjà fabriqué les 2 premiers sous-marins Scorpene du programme P75, et les chantiers navals L&T. Le groupe suédois Kockums, filiale de Saab, présentait pour sa part son modèle A26, alors que le japonais Mitsubishi Heavy Industries présentait la classe Soryu, mais les deux entreprises ont quitté la compétition.

Avec le retrait du A26 suédois, et selon de nombreux observateurs, la compétition verra principalement s’opposer les modèles de Naval Group et des bureaux d’étude Rubin. Le groupe français bénéficie de l’outil industriel déjà opérationnel pour construire les Scorpene du programme P75, permettant de réduire les couts de production, même si la propulsion reposera cette fois sur un système anaérobies. En outre, la maintenance et l’entrainement des équipages sera optimisée avec les 6 Kalvari en service. La Russie, partenaire principal de l’Inde en matière d’équipement de Défense, ne ménage pas ses efforts pour tenter de proposer un co-developpement propre à New Delhi. Mais cette offre sera handicapée par les déboires rencontrées par la classe Lada dont la propulsion AIP semble pour l’heure abandonnée, et qui rencontra de nombreuses difficultés de mise au point, amenant la Marine russe à privilégier la commande de sous-marins Improved Kilo du programme 636.3 pour renforcer les flottes du Pacifique et de la Mer Noire, et qu’une nouvelle commande sera probablement passée pour la flotte de la Mer Baltique.

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La classe Kalvari représente une avancée déterminante pour les capacités de la Marine Indienne

Le Type 214 de TKMS, comme le KS-III sud-coréen qui en est dérivé, représenteront de sérieux challengers, notamment du fait de l’experience acquise par l’Allemagne en matière de propulsion anaérobies. En revanche, le S80 espagnol servira probablement de lièvre budgétaire, le modèle ayant rencontré de très importants retards de mise au point, et ses qualités navales n’ont pas encore été démontrée, contrairement à ses concurrents.

Depuis la première guerre mondiale, les sous-marins employaient des batteries pour fournir l’énergie nécessaire au deplacement en plongée, et un moteur diesel pour se déplacer en surface et recharger ces batteries. Mais l’autonomie des batteries en plongée est extrêmement limitée, obligeant les submersibles à évoluer à vitesse très réduite, et à venir en surface, ou à proximité lorsqu’il utilise un Schnorkel, pour capter l’oxygène nécessaire au fonctionnement des moteurs diesel. Les sous-marins utilisant un réacteur nucléaire ont évidemment apporté la meilleure solution possible dans le domaine, mais rares sont les pays qui disposent des moyens financiers et technologiques pour mettre en oeuvre de tels navires, parmi les machineries les plus complexes jamais construites.

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Les sous-marins A26 suédois furent parmi les premiers à être équipés d’une propulsion anaérobies

La propulsion anaérobies, entrée en service dans les années 90, repose sur différentes technologies permettant de recharger les batteries sans qu’il soit nécessaire de faire appel à de l’air atmosphérique. Plusieurs solutions ont été développées, comme la pile à combustible des Type 212 allemand, le système Stirling à combustion interne équipant les sous-marins A26 suédois et les Soryu japonais, ou des turbines employant de l’ethanol comme pour les sous-marins Agosta Pakistanais conçus par Naval Group. Cette technologie permet au submersible de rester immergé pendant plusieurs jours, et jusqu’à 3 semaines s’il économise son énergie, le rendant beaucoup plus discret et donc moins vulnérable. A noter que dans ce domaine le français Naval Group a récemment annoncé avoir développé une nouvelle génération de système AIP aux performances accrues.

La Marine Indienne emploie encore principalement des sous-marins russes Kilo du projet 877 (8 unités), et des Type 209 allemands (4 unités), tous deux acquis dans les années 80, et largement dépassés par les Agosta pakistanais et les Type 039 chinois, et ce malgré les phases de modernisation opérées. Elle dispose également de 2 des 6 sous-marins Scorpene de la classe Kalvari en service, les 4 unités restantes entreront en service d’ici 2022. Ces navires ont des performances et des capacités opérationnelles bien supérieures à ceux en service dans la Marine Indienne. mais sont en nombre insuffisant pour faire face aux 13 Type 039 classe Song et aux 20 Type 039A classe Yuan en service dans la Marine Chinoise, aux cotés de 12 sous-marins de facture russe de la classe Kilo et Improved Kilo, et de 13 modèles plus anciens Type 035. En outre, la Marine Chinoise dispose de 13 sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire, dont 9 Type 093 de la classe Shang jugés performants, là ou la Marine indienne n’en aligne qu’un, l’INS Chakra, un sous-marin de la classe Akula loué à la Russie. Quand à la Marine Pakistanaise, elle met en oeuvre 5 sous-marins Agosta français modernisés par la Turquie, et a commandé 8 sous-marins Type 039B chinois, version améliorée de la classe Yuan.

Type 039C Yuan cover Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Les sous-marins type 039 chinois sont reconnus pour être discrets et efficaces, et mettent en oeuvre des systèmes d’armes modernes

Le programme P75i apparait donc comme stratégique pour New Delhi, pour tenter de réduire la supériorité numérique sino-pakistanaise dans le domaine sous-marin. Mais même avec 6 Kalvari, et 6 sous-marins issus du programme P75i, le rapport de force sera encore très nettement en faveur de la Chine et de son allié pakistanais. New Delhi a lancé un programme de sous-marins nucléaire d’attaque, mais il est probable qu’elle devra, rapidement, commander au moins une nouvelle tranche de sous-marins à propulsion conventionnelle ou AIP, pour combler son retard.

La frégate française Latouche-Tréville endommagée sera réparée malgré son départ prochain à la retraite

Le 11 janvier, nous apprenions par la presse locale que la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville avait subi d’importants dommages sur son mât principal, l’obligeant à revenir au port. Ayant appareillé de Brest à peine quelques jours plus tôt, la frégate aurait affronté des conditions météo particulièrement dégradées, avec des vents de près de 120km/h et des creux dépassant 7m. Le sommet de sa mâture se serait alors décroché, et aurait percuté dans sa chute une des deux antennes satellite Syracuse III, ainsi que le lance-leurres Dagaie. Fort heureusement, l’incident n’a fait aucun blessé.

Le Latouche-Tréville est l’une des deux dernières frégates de type F70 ASM en service, et la plus récente des sept navires commandés par la Marine Nationale dans les années 1970 sous la désignation de classe Georges Leygues. En juillet dernier, la frégate revenait d’un déploiement de cinq mois l’ayant conduit à effectuer sept escales dans trois continents, et à traverser deux océans pour participer à une dizaine d’exercices interalliés majeurs. Après le retrait du Primauguet en 2019 et celui attendu dans les prochains mois du La Motte-Picquet, le Latouche-Tréville sera la dernière frégate de ce type à naviguer. Son désarmement est attendu pour 2021, l’ensemble des F70 ASM étant alors remplacé par les six FREMM à vocation ASM de la classe Aquitaine.

La Marine Nationale disposera de 6 FREMM et 2 FREMM DA Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Les Frégates FREMM de la classe Aquitaine disposent d’un ensemble d’armements et de senseurs en faisant des navires très efficaces dans de nombreux domaines

Dans un tel contexte, l’évaluation des dégâts devait permettre de déterminer s’il y avait un véritable intérêt à réparer et remettre en service ce navire à la veille de sa retraite. Heureusement, il semble d’après le site de référence Mer et Marine, toujours bien informé, que non seulement les dommages aient été assez mineurs, mais également que leur réparation pourra se faire à peu de frais, et relativement rapidement. En effet, la Marine Nationale dispose d’un stock conséquent et encore frais de pièces détachées en bon état, à prélever sur les navires précédemment désarmés. Le Primauguet a ainsi quitté le service en avril 2019, le Jean de Vienne en juin 2018 et Montcalm en juillet 2017. Dans tous les cas, les travaux devraient être menés assez rapidement, à condition que l’enquête en cours sur les conditions de l’accident ne révèle aucun élément inquiétant.

L’empressement de la part de la Marine à remettre son navire en état dans les plus brefs délais s’explique malheureusement par le rythme acharné avec lequel s’enchaînent les déploiements en mer de ses frégates de premier rang. La flotte de surface de la Marine Nationale est ainsi l’une des plus actives d’Europe, alors même qu’elle ne peut s’appuyer que sur 15 navires « de premier rang », un concept très discutable lorsqu’il s’applique à la Marine Nationale, étant donné la nature de certains de ces bâtiments. Ainsi, si les deux frégates de défense aérienne de la classe Forbin (type Horizon) et les cinq premières Aquitaine (FREMM) sont parmi les navires les plus modernes et performants du continent, il n’en va pas de même pour les cinq frégates légères furtives de la classe Lafayette. Si ces bâtiments sont de très bonne facture, ils restent fondamentalement des navires de second rang, requalifiées en navires de « premier rang » par un tour de passe-passe administratif permettant de faire respecter le format de 15 frégates exigé par le Livre Blanc sur La Défense de 2013, et la Revue Stratégique de 2017. Enfin, en plus des deux dernières F70 ASM déjà évoquées, la flotte de surface compte également le Jean Bart, dernière frégate anti-aérienne de type F70 AA encore en service, et dont le système d’arme est aujourd’hui à ce point obsolète qu’elle n’intéresse pas la Grèce, pourtant très en demande de navires anti-aériens d’occasion.

Le Porte avions Clemenceau emportant des Super Etendrad Alizes et Etendrad IV escorte par la FAA Cassard Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
La frégate anti-aérienne Cassard (au second plan) a escorté pendant plus de 2 décennies le groupe aéronaval français. Mais son armement est désormais obsolète

Sur le plan qualitatif, les choses devraient néanmoins s’améliorer rapidement, avec l’arrivée en service des trois dernières FREMM, dont deux à capacités anti-aériennes renforcées, mais également la modernisation des frégates Lafayette, qui devraient se voir dotées de capacités anti-sous-marines rudimentaires mais indispensables pour justifier, sans vraiment le mériter en l’absence de tubes lance-torpilles, le titre (et effectuer les missions) de frégate de premier rang.

Malheureusement, ni la modernisation des Lafayette ni leur remplacement ultérieur par les nouvelles FDI ne résoudra le problème de format de la flotte de surface française. Lors de son audition par la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées en octobre 2019, le général Lecointre, chef d’état-major des armées, n’avait pas manqué de rappeler les limites du format à 15 frégates, et surtout son inadéquation vis-à-vis des missions qui sont actuellement confiées à la Marine par le pouvoir politique.

FLF Marine Nationale Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Très bien conçues mais mal armées et équipées, les Frégates Légères Furtives de la classe Lafayette vont être modernisées pour pouvoir assurer l’intérim des frégates de 1er rang dans l’attente des premières FDI

Ainsi, alors qu’il « observe une accélération de la dégradation des relations internationales, de leur militarisation et de l’armement des grands pays et des puissances moyennes », il constate également la faiblesse des moyens engagés en France et en Europe pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain. Sur le plan des frégates, en particulier, le CEMA rappelait que la cible en matière de navires de premier rang n’a cessé de diminuer, 24 navires étant encore prévus en 2008, contre seulement 15 à partir de 2015. Pourtant, le rythme des déploiements ne diminue pas, bien au contraire, puisque le CEMA doit « aujourd’hui garantir au Président de la République une présence permanente dans le golfe Persique ; s’y ajoutent la surveillance du détroit de Bab el-Mandeb, des patrouilles dans le canal de Syrie pour faire valoir nos lignes rouges sur l’usage d’armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad, mais aussi la défense de notre bastion du golfe de Gascogne et la surveillance de la sortie des sous-marins russes de leur propre bastion dans l’Atlantique Nord. »

La Marine Nationale apparaît alors au bout de ses capacités, l’obligeant à jouer les prolongations sur ses F70 AA et F70 ASM et à offrir une ultime refonte aux Lafayette, qui vont pourtant rapidement atteindre leur date de désarmement. Le retrait du service des F70, grosses consommatrices de ressources humaines, permettra certes de doubler les équipages des FREMM, ces navires polyvalents particulièrement modernes verront ainsi leur présence annuelle en mer augmenter, mais cela au prix d’une usure accélérée.

FDI grecque Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Bien armée et économique, la FDI représente un excellent navire pour augmenter le potentiel de frégates de 1er rang de la Marine nationale

Dans tous les cas, il ne s’agira que de mesures palliatives, les FREMM ne possédant pas de don d’ubiquité. A part le déclassement, la seule solution rationnelle reviendrait donc à augmenter le nombre de navires de premier rang de la Marine Nationale, qui réclame depuis 2017 un retour à un format minimum de 18 frégates, d’autant que pour l’heure, aucun programme n’est annoncé pour remplacer les 5 Lafayette qui rendaient jusqu’ici de nombreux services en tant que frégates de 2nd rang. Il conviendrait dès lors de doter la France d’une véritable flotte de navires de second rang modernes, qu’il s’agisse de corvettes, de frégates légères, ou bien de navires de surveillance armés pour répondre aux enjeux sécuritaires qui se profilent.

La question devra nécessairement se poser quand viendra l’heure de remplacer les frégates de surveillance Floréal qui réalisent régulièrement des missions FONOP (liberté de navigation) au large de la Chine ou des côtes russes, malgré leurs capteurs et leur armement dignes d’un simple patrouilleur océanique. La France pourrait ainsi remplacer les six Floréal actuelles par une future corvette européenne nombre par nombre. Reste à savoir si elle saisira cette occasion pour accroître également le format de sa flotte de surface.

La Marine Russe renforce sa composante logistique

A l’occasion de l’entrée en service du nouveau pétrolier ravitailleur Academician Pashin, ce 21 janvier, le ministère de La Défense russe a annoncé que 5 autres unités du projet 23130 dont il est issu seront construits et entreront en service à partit de 2024. Il s’agit d’un profond changement de doctrine pour la Marine Russe, qui jusqu’ici n’employait pas ce type de navires, contrairement aux flottes occidentales.

Academician Pashin 2 Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Le pétrolier ravitailleur Academician Pashin a quai dans la région de Mourmansk. Il est affecté à la flotte du Nord.

Traditionnellement, la Marine Russe privilégie les arrêts techniques dans les ports alliés ou civils, pour assurer le ravitaillement en carburant et en vivres de ses navires. Elle n’a, en effet, que 3 navires logistiques dans sa flotte. L’entrée en service du pétrolier ravitailleur Academician Pashin, capable de ravitailler à la mer les unités de surface, représente donc une évolution notable dans la stratégie et les moyens dont elle dispose. Un pétrolier ravitailleur assure, en règle général, le ravitaillement à la mer des unités navales, et effectue les aller-retours vers les ports à proximité pour se réapprovisionner en carburant et en vivres. De fait, une unité de surface combattante peut rester sur zone pendant une longue durée sans devoir être relevée afin de satisfaire aux exigences logistiques.

Le pétrolier ravitailleur logistique Academician Pashin du projet 23130 est un navire léger pour cette fonction. Long de 130 mètres, il n’a un deplacement que de 9000 tonnes, et son équipage se limite à 24 hommes. A titre de comparaison, les futurs pétroliers ravitailleurs du programme FLOTLOG de la Marine Nationale dépasseront les 30.000 tonnes pour 193 mètres de long. Il dispose d’une autonomie de 60 jours, mais n’a qu’une vitesse maximum de 16 noeuds, ne lui permettant pas de suivre un groupe naval ou aéronaval à grande vitesse. En revanche, il est conçu pour pouvoir évoluer dans toutes les conditions de mer, et notamment sur les mers gelées du nord de la Russie, grâce à une coque brise-glace et à une propulsion adaptée. Avant son admission au service, le navire a mené des essais approfondis en Mer de Barentz en compagnie du croiseur nucléaire Piotr Veliki de la classe Kirov, et de la nouvelle frégate Admiral Gorshkov, en multipliant les exercices de ravitaillement à la mer.

Le premier escadron de Su30MKI indiens équipés de missiles Brahmos est entré en service

Il aura fallut 12 ans pour que le premier escadron d’avions de combat Su30MKI indiens équipés du missile anti-navire supersonique lourd Brahmos soit déclaré opérationnel, après que le prototype du missile ait été livré aux autorités indiennes en 2008. Mais c’est désormais chose faite, puisque selon le Times of India, le 222eme escadron « Tigershark » de l’Indian Air Force est désormais équipé de Su-30MKI modifiés pour mettre en oeuvre le nouveau missile, et assurer « une surveillance attentive » des mouvements navals dans le Golfe du Bengale. D’ici la fin de l’année, l’escadron aura reçu 18 des 40 appareils modifiés à cet effet.

L’entrée en service d’un nouveau missile en Inde fait rarement l’actualité, mais dans le cas du Brahmos, il en va autrement. En effet, ce missile de 2,5 tonnes (3 tonnes pour la version navale et terrestre) pour 8 mètres de long pour sa version aéroportée Brahmos-A, soit deux fois la longueur et 3 fois la masse du plus gros des MM40 Exocet en service en France, peut atteindre des cibles distantes de 400 km à une vitesse de 3 fois la vitesse du son. Bien qu’il n’entre pas dans la catégorie des missiles hypersoniques, la vitesse du Brahmos en fait une arme redoutable, uniquement à la portée des meilleurs systèmes anti-aériens et anti-missiles intégrés, comme le système PAAMS européen, ou le système Aegis américain. Même face à ces systèmes, les délais de réaction sont à ce point réduits que la mise en œuvre des systèmes de protection n’est pas garantie.

La fregate de defense aerienne Forbin de la Marine Nationale issue du programme franco italien Horizon Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
le système PAAMS équipant la Frégate Chevalier Paul est un des rares à pouvoir intercepter un Brahmos

Conçu avec l’aide de la Russie sur la base du missile supersonique P-800 Onyx, le Brahmos est propulsé par un statoréacteur, à l’instar du missile ASMPA armant la composante aérienne de la dissuasion française. Il est propulsé initialement par un propulseur à poudre, qui lui permet d’atteindre la vitesse nécessaire à l’entrée en service du statoréacteur. Et comme tous les systèmes actuels équipés de ce type de propulseur, il ne peut dépasser la vitesse de Mach 3,5, en raison de contraintes sur le ralentissement des flux d’air à l’interieur du réacteur. Toutefois, Russes et Indiens développent depuis 2011 une nouvelle version du missile, le Brahmos II, dérivé du missile Tzirkon, et équipé semble-t-il d’une nouvelle technologie permettant de dépasser le seuil des Mach 3,5 pour atteindre une vitesse de Mach 7.

Brahmos II Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Le Brahmos II reprend l’aspect du missile antinavire hypersonique Tzirkon russe

Initialement, la portée des missiles Brahmos était limitée à 290 km, la Russie étant signataire du traité Missile technology Control Régime ou MTCR, imposant cette restriction concernant l’exportation et la coopération technologique pour des missiles de croisière. En 2016, New Delhi rejoignit ce traité, permettant de ne plus être soumis à cette restriction. Un plan de modernisation de l’ensemble des missiles Brahmos déjà en service sur les frégates et destroyers indiens, ainsi que par leurs batteries côtières, a rapidement était lancé pour étendre la porté des systèmes à 600 km. En outre, une nouvelle version du missile, identifiée comme le Brahmos NG, est attendue pour 2024. Plus léger et plus petit, le missile aura des dimensions et une masse proche à celle du missile Exocet, et pourra être mis en oeuvre, outre par le Su-30MKI, par les Mig29K, Tejas et Rafale en service dans l’IAF et dans l’aéronavale indienne, ainsi que par les sous-marins indiens dans une version à changement de milieux. Sa portée semble être ramenée à 290 km bien que la restriction MTCR soient levée, et sa vitesse atteindra Mach 3,5. En outre, il sera équipé d’un radar à antenne active AESA pour localiser sa cible.

Brahmos NG vs Brahmos Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Le Brahmos NG (en dessous) est 3 mètres plus court et 1,5 tonnes plus léger que le Brahmos d’origine

Le programme Brahmos est une fierté nationale pour l’industrie de Défense indienne. Très souvent mis en avant dans la communication du ministère de la Défense, il représente le symbole du developpement technologique de l’industrie aéronautique, spatiale et de défense de la nation indienne, et est souvent cité en exemple par les autorités du pays au sujet de l’initiative « make in India », bien que son developpement, débuté en 2001, soit très antérieur à la mise en oeuvre de cette politique, lancée en 2014. Ses caractéristiques et sa vitesse en font également un système dissuasif contre les velléités trop prononcées de la Marine Chinoise dans le Golfe du Bengale, permettant de compenser, pour un temps tout au moins, le dynamisme de l’industrie navale militaire chinoise.

L’attribution du contrat MKS180 au néerlandais Damen sera attaquée en justice

Il fallait évidement s’y attendre. Le groupe industriel German Naval Yards Kiel (GNYK), partenaire de TKMS dans la compétition visant à concevoir et fabriquer les frégates lourdes du programme MKS 180 pour la Marine allemande, arbitré en faveur de l’offre des chantiers navals néerlandais Damen associés au groupe allemand Blohm+Voss, a annoncé qu’il contesterait en justice cette décision. TKMS étant en compétition avec Naval Group et un partenariat entre Damen et le suédois Saab pour le remplacement des sous-marins Walrus de la marine royale néerlandaise, il apparait dès lors peu probable qu’il se joigne à cette action, ceci expliquant que ce soit son partenaire, GNYK, appartenant à la Holding Privinvest qui détient également, entre autre, les chantiers navals français CMN, qui mène seul la charge juridique et médiatique.

K130 Corvette 2 Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Les corvettes K130 ont été confiées à Blohm+Voss et Privinvest

Il faut reconnaitre que la décision d’attribuer ce contrat à Damen, même allié à Blohm+Voss, représente une décision surprenante et risquée pour l’industrie navale de défense allemande. Certes, les autorités allemandes ont toujours refusé d’avoir, tout au moins officiellement, une politique industrielle de défense. Certes, cette décision intervient alors que les relations entre les autorités allemandes et TKMS sont tendues. Mais en attribuant ce contrat à Damen, le gouvernement allemand porte un coup qui pourrait s’avérer fatal à l’activité de surface de TKMS, déjà mise à mal ces dernières années. En effet, le programme MKS 180 est le dernier programme portant sur la modernisation de la flotte de surface combattante allemande, après les programmes de corvettes K130 construites par Blohm+Voss et K130.2 confié au groupe Privinvest, et des frégates F125 construites par l’alliance Thyssen-Krupp et Lürssen.

De fait, il n’y aura, en Allemagne, pas d’autres commandes d’Etat dans le domaine des unités de surface combattante avant au moins deux décennies, alors même que la concurrence internationale sur le segment des corvettes et frégates est devenue particulièrement intense avec l’émergence de nouveaux acteurs, comme la Chine, la Corée du Sud ou la Turquie, et le retour en puissance de l’industrie navale russe. Rien qu’en Europe, il existe pas moins de 6 grandes entreprises navales proposant ce type de bâtiments sur le marché international : Babcock (UK), Damen (Nl), Fincantieri (It), Naval Group (Fr), Navantia (Sp) et Saab (Sv) . L’époque ou les corvettes Meko 200 et les sous-marins Type 209 allemands se vendaient en grand nombre sans difficulté touche belle et bien à sa fin.

En attribuant ce contrat à Damen, le gouvernement allemand prive son entreprise clé dans la conception navale militaire de ressources financières qui pourraient lui permettre de subsister durant cette phase critique, mais entame également l’image du groupe allemand sur la scène internationale, alors même que celle-ci a subit plusieurs entailles liées à la mauvaise disponibilité des navires et sous-marins de la marine allemande, et au refus de la frégate Baden-Wuttendberg, première unité de la classe F125 éponyme, par cette même marine pour de nombreuses réserves. Traditionnellement plus chères que les navires français, italiens ou espagnols, les bâtiments allemands jouissaient jusque là d’une réputation de fiabilité toute allemande.

Fregate baden Wuttemberg F125 allemande Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
La frégate Baden-Wuttenberg a été refusée lors de sa livraison par la Marine Allemande en raison d’un nombre trop important de réserves et de mauvais fonctionnements.

Qu’elle soit ou non méritée, cette réputation constituait un argument de vente clé pour TKMS sur la scène internationale, et l’accumulation des défiances à son égard de la part de ses propres autorités de tutelle jouera, à n’en point douter, un rôle important dans les futurs compétitions auquel le groupe participera. Le gouvernement allemand est d’ailleurs conscient du problème puisque, concomitamment à l’annonce de la décision défavorable à TKMS concernant le programme MKS180, il annonçait son intention de promulguer une loi sur la protection des intérêts industriels stratégiques du pays, loi qui donnerait à son industrie de défense une position prioritaire dans l’attribution des marchés de défense nationaux.

Il apparait donc peu probable que l’attribution du marché à Damen puisse être pérennisée. L’annonce de la futur loi sur la protection des industries stratégiques d’une part, et les déclarations de nombreux membres du Bundestag en faveur de TKMS d’autre part, font évidement peser de graves menaces sur celui-ci. A moins, évidemment, que tout cela ne soit orchestré pour amener TKMS et Damen à collaborer tant sur le programme MKS 180 que sur le remplacement des sous-marins Walrus néerlandais, façon pour l’Allemagne de subtiliser le contrat néerlandais au nez et à la barbe de ses compétiteurs par des négociations politiques, et non par un processus objectif. C’est ce que fit la Chancelière allemande A. Merkel en Norvège concernant la compétition qui opposait le sous-marin Scorpene de Naval Group eu Type 212 NG de TKMS, ce qui avait mis fin à l’appel d’offre et renvoya les équipes françaises à Paris.

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Assistons nous aujourd’hui à un coup de maitre de la Chancelière Merkel pour rafler la construction des sous-marins néerlandais ?

Sachant que pour l’heure, dans cette compétition néerlandaise, l’alliance Damen-Saab à les très larges faveurs de l’opinion publique, et que le Barracuda français est téchnologiquement très au dessus de la compétition, il ne reste à l’Allemagne que cette approche pour tenter de s’imposer. Dès lors, on ne peut exclure que tout cela ne relève que d’un story telling orchestré depuis Berlin, avec pour objectif de proposer une accord Win-Win à Amsterdam. Si tel était le cas, ce serait un coup de maitre …

La DARPA fait un nouveau pas vers le porte-avions volant avec le X-61A Gremlins

Le 17 janvier, l’agence de recherche de la défense américaine DARPA a annoncé que le drone X-61A Gremlins conçu par Dynetics a effectué son premier vol en novembre dernier, largué par un C-130 Hercules. Pour des raisons de praticité et de sécurité, il n’est pas rare de voir un appareil expérimental, avec ou sans pilote, lancé par un avion de transport. Dans le cas du X-61A, toutefois, le mode de lancement faisait partie intégrante des essais en vol, le Gremlins étant un démonstrateur de drone réutilisable lancé et récupéré en vol

Le programme X-61 découle directement d’une initiative lancée en 2014 par la DARPA et visant à développer un « porte-avions volant » à partir d’une cellule d’avion-cargo Hercules. Cela a nécessité de développer d’une part un système de mise en œuvre et de récupération des drones sur le C-130 Hercules, et d’autre part les mini-drones récupérables eux-mêmes. Pour la DARPA, l’idée est alors de pouvoir mettre en œuvre des avions sans pilote depuis une distance de sécurité, en conférant réactivité et souplesse opérationnelle aux mini-drones, souvent trop limités par leur vitesse et leur autonomie lorsqu’ils sont lancés depuis le sol. 

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Gros plan sur un des prototype de X-61A Gremlins lors des essais en vol

Une idée ancienne remise au goût du jour

L’idée d’un « porte-avions volant » n’est pas nouvelle. Au début des années 1930, l’US Navy opéra deux dirigeables équipés d’avions parasites, des Curtiss F9C Sparrowhawk, pouvant être récupérés et ravitaillés en vol. Malheureusement, les USS Macon et USS Akron firent tous deux naufrage quelques années seulement après leur mise en service, stoppant net les expérimentations de l’US Navy sur les porte-avions volants. 

La plateforme C-130 elle-même n’en est pas à son galop d’essai en matière de mise en œuvre de drones. A partir du milieu des années 1960, plusieurs Hercules ont été modifiés en DC-130 capables d’emporter sous leurs ailes jusqu’à quatre drones-cibles Firebee modifiés pour effectuer des missions de reconnaissance, de guerre électronique ou d’attaque au sol, bien que cette dernière variante n’ait jamais été déployée opérationnellement. Utilisé dès la guerre du Vietnam, le DC-130 et ses drones Firebee a réalisé sa dernière mission opérationnelle lors de l’invasion de l’Irak en 2003. Contrairement à l’actuel programme de la DARPA, le DC-130 n’était cependant pas en mesure de récupérer les drones qu’il lançait. A la fin de leur mission, les Firebee déployaient un parachute qui était saisi en vol par un crochet déployé par un hélicoptère, rendant leur mise en œuvre particulièrement complexe et coûteuse. 

Avec le X-61A, la DARPA cherche désormais à créer un système intégré cohérent depuis le C-130 porteur, du déploiement à la récupération des drones en passant par la conduite de leurs opérations à distance, en essaim interconnectés. Si les essais en cours s’avèrent concluants, le Gremlins pourrait donner naissance à un système opérationnel sur des avions de transport tactique C-130J voire sur d’autres vecteurs aériens de l’USAF.  

Le mode opératoire du X-61A Gremlins

Le vol effectué à la fin de l’année 2019 avait pour but de valider la séparation entre l’avion porteur et le drone, le déploiement des ailes de ce dernier ainsi que les mises en route de son moteur. Le vol d’une durée de 1h41 a également permis de collecter des données sur les qualités de vol de l’engin. Malheureusement, un défaut dans le déploiement du parachute de récupération a entraîné la perte du véhicule. Cela ne devrait pas interférer avec le déroulement des essais, cinq X-61A ayant été produits pour cette campagne. 

Avant même ce premier vol, des essais de déploiement de la grue de récupération ont été réalisés en vol, y compris avec un modèle inerte de X-61. Dans les mois qui viennent, la DARPA devrait tester la première connexion en vol entre le Gremlins et la grue de récupération. Pour cela, l’avion sans pilote est équipé d’une perche amovible tandis que la grue deploie un câble souple équipé d’un panier dans lequel vient s’enficher la perche du drone. L’ensemble rappelle ainsi le système de ravitaillement buddy-buddy mis en place, notamment, sur la variante ravitailleur du Hercules, le KC-130. 

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Animation montrant la récupération du Gremlin par la perche télescopique du C130

Toutefois, le X-61A n’est pas qu’une cellule d’essais mécaniques et aérodynamiques. Pouvant emporter 75kg de charge utile depuis une soute à équipements modulaire, les Gremlins permettront de tester le travail collaboratif entre les drones, dans des conditions aussi proches que possibles de la réalité opérationnelle. 

À terme, un futur système de « porte-avions volant » C-130 pourrait ainsi déployer au moins quatre drones depuis sa soute et ses points d’emport sous voilure. Ces derniers évolueront alors en essaim coordonné, chaque véhicule pouvant emporter une charge utile propre, la complémentarité des drones apportant alors des capacités complètes de reconnaissance, de renseignement et de surveillance (ISR). 

Un pas de plus vers le loyal wingman? 

D’après les DARPA, le potentiel d’un tel système est immense. La solution Gremlins pourrait ainsi être intégrée sur d’autres avions cargos, comme le C-17. De quoi permettre la mise en œuvre d’essaims d’une douzaine de drones. Pour les emplois en zones contestées, les petits drones pourraient aussi être largués par des chasseurs ou des bombardiers, les C-130 restant à distance de sécurité pour contrôler et récupérer les Gremlins à la fin de leur mission. 

À l’heure actuelle, le « porte-avions volant » couplé aux drones Gremlins reste conçu comme un système autonome. Si les Gremlins peuvent être programmés à l’avance ou opérés depuis l’avion porteur ou une station sol, ils sont avant tout conçus pour être un outil ISR révolutionnaire, modulaire, résilient et performant. Le concept, toutefois, laisse entrevoir un potentiel tactique bien plus vaste, notamment en matière de Loyal Wingman

remote carrier A400M Actualités Défense | Aviation de chasse | Exportations d'armes
Image de la video promotionnelle montrant un A400M larguant des Remote Carriers

Ce concept est au cœur de tous les développements d’avions de combat dits de « sixième génération », que ce soit aux États-Unis ou en Europe. En complément des chasseurs pilotés, il s’agirait d’utiliser des capteurs voire des armements déportés sur des drones rapides, agissant de manière autonome ou bien télé-opérés par des avions de combat, comme le montre les vues d’artiste du Remote Carrier lourd de MBDA déployant plusieurs mini-drones depuis la soute d’un A400M. Cependant, aucun système de récupération en vol ne semble pour l’instant évoqué sur les modèles de Remote Carriers dévoilés au dernier Salon du Bourget.  

Avec le X-61A, pour peu que ce programme soit mené à son terme, les États-Unis pourront démontrer la faisabilité de la récupération, du ravitaillement et de la réutilisation en vol de ces mini-drones tactiques, prouvant par là même leur avance technologique sur cette question. Si cela ouvre effectivement des perspectives intéressantes pour les missions ISR, une telle souplesse opérationnelle pourrait également être mise à profit pour l’ensemble des opérations aériennes. Des drones rapides, qu’ils soient désignés Loyal Wingmen ou Remote Carriers, pourraient par exemple assurer sur des très longues durées l’escorte électronique des raids alliés, étendre la portée de la couverture radar des avions de détection avancée, ou encore servir pour des frappes ponctuelles.