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Sikorsky et Rheinmetall proposent l’hélicoptère lourd CH-53K à l’Allemagne

Avec 80 hélicoptères de transport lourds CH-53 en service, la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, dispose de la plus importante capacité de transport héliporté en Europe. Mais les 110 machines commandées en 1971 et livrées à partir de 1973, accusent désormais le poids des années, et ce malgré le programme de modernisation effectué entre 1990 et 2001. C’est la raison pour laquelle, en novembre 2018, le parlement allemand valida le programme « Schwerer Transporthubschrauber« , ou STH, destiné à acquérir entre 45 et 60 nouveaux hélicoptères lourds qui seront livrés entre 2023 et 2029, les CH-53 devant quitter le service en 2030.

Comme en 1971, la compétition oppose aujourd’hui les dernières versions du CH-53 de Sikorsky, et du CH-47 de Boeing. Sikorsky s’est associée à l’allemand Rheinmetall pour ce programme, et propose le CH-53K King Stallion, version ultime de son appareil qui effectua son premier vol en 1964. Mais le nouvel appareil n’a guère plus que le nom et l’apparence en commun avec son illustre ancêtre. En effet, le CH-53K intégre toutes les technologies les plus modernes appliquées aux voilures tournantes, y compris des commandes de vol électriques permettant, entre autre, de considérablement soulager le travail de l’équipage concernant le pilotage, pour se concentrer sur la conduite de mission. Le nouvel appareil proposé par Sikorsky et Rheinmetall est, par ailleurs, optimisé pour s’intégrer dans la chaine logistique allemande, avec la capacité d’embarquer directement les palettes des avions C-130J et A400M en service dans la Luftwaffe, comme dans l’Armée de l’Air française. Cette capacité permet d’accélérer les flux logistiques, surtout lorsque les appareils de transport ne peuvent se poser à proximité des forces.

CH53K Marines Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le corps des Marines des Etats-Unis a commandé 200 exemplaires du CH-53K King Stallion

Conçu à la demande du Marines Corps qui en a commandé 200 exemplaires pour remplacer ses CH-53E, le King Stallion en impose dans tous les domaines, y compris par sa taille. Long de 30 m, son rotor a un diamètre de 24 m, soit la longueur d’un terrain de tennis. L’appareil affiche une masse de presque 16 tonnes à vide, et sa masse maximum au décollage dépasse les 38 tonnes. Il peut transporter, en plus de ses 5 membres d’équipage (2 pilotes, 1 chef d’équipage et 2 mitrailleurs), 37 hommes en armes à une vitesse de croisière de 315 km grâce à ses 3 turbines GE38-A1 développant 2500 chevaux chacune. Les premiers appareils de série, d’un prix unitaire de 121 m$, doivent entrer en service en 2023 dans l’US Marines Corps. Outre l’Allemagne, le Japon et Israel ont déclaré leur intérêt pour cet hélicoptère.

Le programme Schwerer Transporthubschrauber Interesse également la France, puisqu’en décembre 2018, le chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air, le général Lavigne, avait annoncé souhaiter mettre en place une coopération similaire à celle concernant les avions de transport C-130J acquis par la France et l’Allemagne et mis en oeuvre conjointement sur la base d’Evreux. Le général français précisait qu’il s’agirait, en l’occurence, d’un « Evreux Inversé », avec une base allemande et non française. Toutefois, pour l’heure, rien n’indique que cette coopération verra le jour, d’autant que les besoins français, très opérationnels et souvent situés en opération extérieure et notamment en Afrique, risquent de poser problèmes aux autorités allemandes.

CH47 Mali Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Les 3 CH-47 Chinook de la Royal Air Force déployés au Mali en soutien de la force Barkhane française montrent le besoin de ce type d’appareils dans l’arsenal français

Reste que depuis deux ans, de nombreuses voix se sont levées en France pour pointer le handicap représenté par l’absence d’hélicoptères de transport lourd dans l’arsenal militaire français. La force Barkhane déployée au Sahel pallie ce déficit grâce au déploiement d’hélicoptères lourds CH-47 Chinook de la Royal Air Force. Pour autant, il n’y a, à ce jour, aucun programme en France visant à acquérir ou developper un tel appareil pourtant jugé indispensable par de nombreux officiers généraux. Sachant qu’il n’y a qu’une très faible volonté pour developper un tel appareil, même de la part des industriels en dépit d’un marché adressable non négligeable, le programme Schwerer Transporthubschrauber pourrait représenter une opportunité pour, comme le proposait le général Lavigne, mettre en commun des capacités et des compétences (entrainement, maintenance..), tout en bénéficiant d’un volume d’acquisition supérieur, sans qu’il soit nécessaire de devoir faire face aux couts induits par l’exploitation d’une flotte d’appareils trop réduite.

La construction des deux porte-hélicoptères russes débutera au mois de Mai

Selon un article publié par l’agence TASS, le programme portant sur la construction de deux nouveaux navires d’assaut porte-hélicoptères pour la Marine russe, et conformément aux grandes lignes tracées par le président Poutine, sera officiellement lancée à l’occasion des cérémonies du 75ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, le 9 Mai 2020. Comme pressenti, la construction sera confiée aux chantiers navals Zaliv, en Crimée, sans que cela ne soit une surprise puisqu’il s’agit des chantiers disposants des infrastructures les plus à-même de construire des navires aussi imposants. Le contrat devrait, lui, être signé courant le moi de février, et la livraison de la seconde unité est prévue pour 2027.

On en sait également davantage sur les caractéristiques générales des deux navires. Il ne s’agira pas, comme on pouvait initialement d’une configuration type « Priboy » telle que proposée par les bureaux d’étude Krylov de Saint-Petersbourg, mais d’une architecture plus conventionnelle pour ce type de bâtiment, se rapprochant de celle des Mistral français. En revanche, les nouveaux « Mistralsky » sont plus imposants que leurs cousins français. Long de 220 m contre 199 pour le Mistral, ils atteindront une jauge en charge de 25.000 tonnes, là ou le navire de Naval Group plafonne à 21.000 tonnes. Plus imposant, les porte-hélicoptères russes pourront mettre en oeuvre jusqu’à 20 hélicoptères de différents types, et transporter jusqu’à 900 hommes composant la force d’assaut. Ils seront également doté d’un radier pour mettre en oeuvre des barges de débarquement et des aéroglisseurs d’assaut.

Maquette du LHD Priboy des BE Krilov Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Pendant plusieurs années, le modèle « Priboy » des BE Krylov était présenté par la presse russe comme le futur modèle de porte-hélicoptères d’assaut de la marine Russe.

La confirmation de ce nouveau programme est révélatrice d’une confiance retrouvée de la part de l’Etat-Major de la Marine Russe vis-à-vis de son industrie navale. Durant les longues et très difficiles années ayant suivi l’effondrement du bloc soviétique, les chantiers navals russes, par manque d’investissement comme par manque de commande, perdirent beaucoup de compétences, alors que l’outil industriel, peu entretenu et presque jamais modernisé, s’étiola pendant plus de 20 ans. Il fallut ainsi plus de 14 ans entre l’entame des travaux du navire d’assaut Ivan Gren et la fin des tests d’état, alors que les performances du navire qui en résultait étaient très en deçà des exigences de l’Amirauté. Les conséquences de l’annexion de la Crimée en 2013, incluant des sanctions technologiques européennes et la suspension des exportations des turbines à gaz venant d’Ukraine qui équipaient traditionnellement les navires russes, handicapa la reconstruction et la modernisation des infrastructures industrielles entamée à la fin des années 2000.

Si pendant les années 2010, la construction navale militaire s’était concentrée sur des navires de faible et moyen tonnage, comme les patrouilleurs lance-missiles et les corvettes, la décennie qui vient semble consacrée à la construction de navires plus imposants, comme les frégates Gorshkov 22350 de 6000 tonnes et Super Gorshkov 22350M de 8000 tonnes, des navires d’assaut porte-hélicoptères de 12.000 et 25.000 tonnes, et probablement la construction des premiers destroyers lourds de la classe Lider, qui jaugeront plus de 10.000 tonnes, lors de la seconde moitié de la décennie. Sur la scène internationale, l’industrie navale russe sera alors en mesure de proposer une gamme de navires militaires complète et homogène, capable de répondre à l’ensemble des besoins des marines modernes, à l’exception notable du porte-avions.

admiral Gorshkov 22350 project Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
La frégate Admiral Gorshkov, première unité de la classe éponyme, représente le renouveau des capacités industrielles de l’industrie navale russe

Les opérations en Syrie ont montré que la Marine Russe peinait à projeter des forces, et notamment des forces lourdes équipées de blindés, et à maintenir un flux logistique suffisant dans la durée. Avec 6 navires d’assaut et de transport de troupe modernes en service en 2030, elle aura pallié cette déficience, et sera même en mesure d’effectuer, si besoin, des opérations amphibies d’ampleur moyenne, sans comparaison, toutefois, avec les capacités d’assaut des Etats-Unis. L’absence d’une flotte logistique capable d’accompagner les navires d’assaut et de constituer un flux logistique soutenu indique en revanche que l’Amirauté russe prévoit d’utiliser ces navires soit dans des mers fermées et controlées, comme la Mer Noire ou la Baltique, soit à proximité de points d’appuis logistiques russes, comme en Syrie.

De fait, l’arrivée de ces nouvelles unités, sans bouleverser l’équilibre des forces à l’échelle globale, pourra ouvrir de nombreuses opportunités tactiques au niveau régionale : déploiement de forces lourdes sans accès terrestre, ouverture d’un second front, capture de sites stratégiques. En évoluant sous la couverture de la force aérienne russe, dont les appareils disposent traditionnellement d’un long rayon d’action et d’une grande autonomie, et escortés de destroyers, frégates et corvettes assurant l’interdiction aérienne, navale et sous-marine et disposant d’une importante puissance feu vers la terre grâce aux missiles Kalibr, les nouveaux porte-hélicoptères d’assaut russes compléteront donc parfaitement les besoins de la Marine russe. Il faudra toutefois attendre de voir ces navires naviguer avant d’en déduire les conséquences au niveau tactique et stratégique. L’exemple de la classe Ivan Gren, mais également des feux et incidents industriels à répétition dans les chantiers russes, montrent que si les ambitions et la confiance semblent bien au rendez-vous, tout reste à démontrer pour l’industrie navale du pays.

LST Ivan Gren lors des tests a la mer Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le navire d’assaut Ivan Gren n’a pas démontré des qualités nautiques satisfaisantes lors des tests à la mer effectués par l’amirauté russe.

L’annulation de la livraison des deux porte-hélicoptères Mistral vendus par la France à la Russie avait fait grand bruit en son temps, notamment en France. Une partie de la classe politique, et des commentateurs de la vie publique, avaient ainsi critiqué cette décision, tout en jugeant le potentiel opérationnel de ces navires limité, et en arguant que Naval Group (DCNS à l’époque) avait transmis les plans aux industriels russes, de sorte qu’ils pourront reconstruire sans délais ces deux navires. Force est de constater, aujourd’hui, qu’il aura fallu plus de 6 ans à la Russie pour entamer les travaux pour construire ces navires. Quand au potentiel opérationnel, il semble bien toujours avéré, faute de quoi la Russie ne dépenserait pas ses faibles moyens pour les construire.

Y-a-t’il quelqu’un pour sauver l’Eurodrone ?

A l’occasion d’une interview donnée par la Ministre des Armées françaises, Florence Parly, sur les ondes de la radio France Inter au sujet de l’intervention française au Mali et dans la région Sahélienne ce week-end, la dernière question posée par le journaliste portant sur l’avenir de l’Eurodrone, appela une réponse sans appel de la Ministre, jugeant sans ambages le système « trop cher ». Et Paris n’est pas seule à se défier de la proposition faite par les industriels européens. Et le salut ne viendra probablement pas d’outre Rhin, alors que les élections législatives qui se profilent semblent donner l’avantage au parti conservateur très économe, particulièrement sur les sujets de Défense. L’avenir du programme Eurodrone semble donc des plus menacé, et l’on peut même penser que la messe aurait déjà été dite, eu égard au manque de combativité des industriels qui portent le projet pour tenter de défendre leur offre.

A l’inverse, l’américain General Atomic ne manque pas d’enthousiasme, ni de relais médiatiques et politiques, pour défendre son système MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Gardian. La manne que représenterait l’abandon de l’Eurodrone ne lui a évidemment pas échappé. Le groupe américain serait d’ailleurs prêt à déployer une usine d’assemblage en Europe, ainsi qu’à « européaniser » les composants de son drone, une façon de sauver ce qui peut l’être pour les industries des 4 pays concernés par ce programme. A la clé, une réduction de prés de 50% de la note pour un nombre égal de systèmes si les européens venaient à entrer dans le rang, et à s’équiper du fameux « Eurogardian » proposé par l’américain.

GA MQ9B Skygadian Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le Gardian de General Atomics apparait désormais comme le favori des européens

Au delà du formidable gâchis en temps et en argent que représenterait l’abandon de ce programme, un de plus direz-vous, deux constatations sont frappantes dans ce dossier, et amènent à se poser poser des questions sur la façon dont sont réellement conçus et articulés les programmes de Défense en Europe :

En premier lieu, on peut s’interroger sur la volonté des industriels eux-mêmes à mener à bien le programme. En effet, Dassault Aviation comme Airbus DS sont désormais entièrement tournés vers le programme SCAF et sur le chevauchement entre ce programme et la fin de production des Rafale et Typhoon. En d’autres termes le programme Eurodrone ne représente plus un enjeux stratégique pour eux, d’autant que les choix technologiques résultants de l’empilement des exigences de chacun des pays en a réduit les opportunités d’exportation, tout en en augmentant les risques technologiques. De fait, le rapport entre les risques technologiques et le marché adressable est probablement passé sous un seuil acceptable pour les avionneurs européens, et notamment pour Airbus, qui a eu tout loisir d’apprendre à évaluer ces éléments avec les programmes NH90 et A400M.

A400M de la Luftwaffe Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Doit-on voir dans le manque d’enthousiasme des industriels européens concernant l’Eurodrone des leçons apprises douloureusement lors du programme A400M ?

En second lieu, il apparait, qu’une fois encore, les gouvernants ne prennent en considération que le cout d’acquisition, et non le solde budgétaire des programmes pour construire leurs réflexions et leurs arbitrages en matière d’acquisition de système de Défense. Comme nous l’avons maintes fois démontré sur Meta-Défense, le retour budgétaire de l’investissement dans l’industrie de défense nationale est à ce point élevé qu’il offre une perspective très différente quand aux couts réels des programmes, et de l’intérêt des importations de systèmes d’armes acquis à l’étranger. Même si l’Eurodrone était deux fois plus cher que l’Eurogardian, une fois rapporté à son solde budgétaire, il est très improbable que le programme européen soit moins efficace que le programme américain. Et ce sans parler de l’acquisition de savoir-faire technologiques ou d’autonomie stratégique. Ce point est d’autant plus critique qu’une configuration comme celle de l’Eurodrone est plus adaptée à certaines missions, comme la surveillance maritime ou les évolutions trans-frontalières, et que de par sa configuration bimoteur, il sera évidemment bien moins sujet à l’attrition par accident que le Gardian, alors que l’on sait que celle-ci atteint les 10% au bout de 5 ans pour le drone américain de la même famille que le Gardian.

Dans tous les cas, on est en droit de s’interroger des raisons réelles expliquant pourquoi des pays comme la France et l’Allemagne, ayant la volonté de construire des avions de combat de nouvelle génération, auront été incapables de concevoir des drones MALE, alors que d’autres, pourtant moins en pointe concernant les technologies aéronautiques, comme la Turquie, y parviennent sans difficulté. Alors que la technologie des drones s’impose à tous les échelons de l’action militaire, mais également de la vie économique des états, ce manque de volontarisme et d’imagination, de la part des industriels comme des politiques, apparait au mieux comme une grave erreur de jugement, au pire comme les prémices d’un déclassement technologique inéluctable sur les bases d’un conservatisme excessif et d’arbitrages à court-terme.

Le premier destroyer lourd Type 055 chinois est entré en service

Le destroyer lourd Type 055 Nanchang, numéro de coque 101, est officiellement entré en service ce dimanche 12 janvier 2020, à l’issue d’une cérémonie dans la base navale de Qingdao, dans la province de Shandong, en Chine orientale. Il s’agit du premier navire de cette classe à rejoindre les forces navales de l’Armée Populaire de Libération, alors que 5 autres unités ont déjà été lancées dans les chantiers navals de Dalian et de Jiangnan, prés de Shanghaï.

Le Type 055, parfois classé comme croiseur par certains analystes, est un navire de 180 mètres de long, jaugeant plus de 10.000 tonnes, et emportant, entre autres armements, 112 silos verticaux mettant en oeuvre un panachage de missiles anti-aériens à longue portée HHQ-9, de missiles de croisières CJ-10, missiles anti-navires lourds YJ-18 et de missiles anti-sous-marins. Il s’agit, pour Pékin, du premier destroyer de « 4ème génération » équipant sa flotte, emportant non seulement une électronique de premier plan, dont le radar Type 346B employant des antennes actives à face plane positionnées sur le mat intégré et la superstructure avant.

Type 055 Nanchang Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le Nanchang lors de ses essais à la mer. Remarquez les silos verticaux sur la plage avant entre la pièce d’artillerie et de CIWS, et entre la dernière cheminée et le hangar à hélicoptères à l’arrière.

La Nanchang a été affecté à la flotte de l’Est, avec pour mission principale d’escorter les porte-avions de l’APL. Il pourra également faire office de navire clé (Capital Ship en anglais) au coeur d’une flotte composée de navire de surface (frégates, destroyers) ou en escorte de navires d’assaut, comme les Type 071 ou les nouveaux porte-hélicoptères lourds Type 075.

Il n’aura fallut que 5 ans, de 2014 à janvier 2020, entre l’entame des travaux et l’entrée en service du Nanchang, et 2 ans 1/2 entre le lancement et l’entrée en service de la première unité de la classe. Ces délais, remarquablement courts, démontrent la maturité atteinte par l’industrie navale chinoise dans la conception et la construction des navires de surface, même concernant des unités de grande taille. A l’exception notable des croiseurs de la classe Kirov de la Marine Russe, hérités de l’époque Soviétique, le Type 055 est un des plus imposants navires de combat de surface en service, et l’un des plus modernes et des mieux armés. Seuls les destroyers lourds japonais de la classe Kongo ou Maya, les croiseurs Ticonderoga ou les dernières versions des destroyers Arleigh Burke de l’US Navy, peuvent se comparer à ces navires.

Le destroyer AEGIS Shokai de la classe Kongo de la force dautodefense japonaise Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Les destroyers japonais de la classe Kongo sont parmi les seules unités navales à pouvoir soutenir la comparaison avec les Type 055 chinois

Mais si les performances actuelles du Type 055 impressionnent, c’est sa capacité d’évolution qui en fait un navire exceptionnel. Avec 4 turbines à gaz produisant, conjointement, plus de 110 MW de puissance, le navire peut atteindre et maintenir les 30 noeuds. Surtout, il dispose d’une réserve de puissance électrique pour évoluer et recevoir les futures armes à énergie dirigée comme les laser, armes à rayonnement micro-onde, et les canons électriques, ou Rail Gun. A ce titre, les 6 premiers navires de la classe, qui apparaissent pourtant déjà homogènes et puissants, ne sont probablement que des unités « de base », servant à developper les versions ultérieures de la classe. Des indiscrétions plus ou moins officielles de l’Etat-Major de la marine chinoise ont déjà établit que le premier navire chinois disposant d’un Rail Gun opérationnel sera un Type 055 qui entrera en service dès 2025.

Il est probable que les 6 premiers Type 055 seront tous entrés en service d’ici la fin 2021, et que la construction d’une nouvelle série de navires interviendra très prochainement, si tant est qu’elle n’ait pas déjà débuté. Cette nouvelle série sera dotée, très probablement, d‘une propulsion électrique intégrale, à l’instar des prochaines frégates Type 054B. Cette architecture technologique, dans laquelle les turbines ne sont pas liées aux arbres d’hélices et ne produisent que de l’électricité, employée pour alimenter la propulsion ou n’importe quel autre usage à bord, permettra une évolution simplifiée pour l’intégration de ces armes énergétiques lourdes, comme les Rail Gun ou des laser à très haute énergie.

chinese carrier e28098liaoning with escorts Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
En seulement 20 années, la Marine chinoise est passée d’une marine de second plan d’auto-défense à une force navale de premier plan disposant de moyens de projection significatifs

Après l’entrée en service de son premier porte-avions de conception locale en décembre 2019, celle du destroyer Nanchang marque un tournant majeur pour la marine et l’industrie navale chinoise. Elles sont en effet capables désormais de s’aligner, et même de dépasser dans certains domaines, les plus grandes marines mondiales, et leurs industries de tutelle. Un pas de géant alors qu’à l’entame du siècle, il y a seulement 20 ans, les plus puissantes unités navales chinoises étaient les quelques destroyers russes de la classe Sovremenny acquis entre 1999 et 2005.

Le Bell V-280 Valor en position de force pour remplacer les Black Hawk de l’US Army

Lancé en 2009, le programme Futur Vertical Lift, ou FVL, un des 6 piliers du super-programme « Big 6 », a pour but de remplacer l’ensemble des voilures tournantes en service dans l’US Army par des appareils de nouvelle génération, disposant de performances très en amont de celles des hélicoptères actuellement en service. En 2016, il fut décidé que le premier programme à voir le jour serait le Futur Long Range Assault Aircraft, ou FLRAA, devant remplacer les hélicoptères de manoeuvre UH-60 Black Hawk. Pour ce faire, le nouveau programme s’appuierait sur le Joint Multi-Role technology Demonstrator ou JMR-TD, un programme de démonstrateurs technologiques lancé en 2013 qui oppose Bell et l’alliance Sikorsky-Boeing.

Le démonstrateur de Bell, le V-280 Valor, a effectué son premier en décembre 2017. Il s’agit d’un appareil utilisant la technologie des rotors basculants déjà employée sur le V-22 Osprey en service dans l’US Marines Corps, conçu par Bell et Boeing. Le SB-1 Defiant de Sikorsky met en oeuvre, pour sa part, un rotor contra-rotatif, à l’instar des appareils conçus par le russe Kamov, et une hélice propulsive, sur la base de son démonstrateur S-97 Raider. Mais des difficultés technologiques décalèrent le programme, qui n’effectua son premier vol qu’en mars 2019.

SB1 Defiant a rotor contrarotatif Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
La programme Defiant a enregistré de nombreux retards qui risquent de lui être fatal dans la compétition FLRAA

Et c’est bien là que se situe le problème, selon l’US Army. En effet, il n’est pas question, selon les déclarations du secretaire à l’Armée Ryan McCarthy, de modifier le calendrier du programme FLRAA pour donner le temps à Sikorsky-Boeing de rattraper leur concurrent, qui a déjà enregistré plus de 160 heures de vol, et satisfait à l’ensemble des programmes de test de l’Armée américaine. « Le temps est un luxe dont nous ne disposons pas », a-t-il ainsi déclaré, tout en précisant que cela ne signifiait pas que l’attribution du programme avait été actée. Cette annonce sonne cependant comme le prélude à une sentence funeste pour Sikorsky alors que l’objectif du programme de sélection est avant tout de s’appuyer sur des performances et une fiabilité éprouvées, et non sur des projections technologiques. Alors que le Defiant effectuait ses premiers vols, le Valor continua de montrer ses capacités, que ce soit en validant des procédures militairement comme le transfert en corde lisse, ou en montrant ses capacités à voler de manière autonome, sans pilote, creusant encore davantage l’écart avec son opposant.

Reste que, pour l’heure, le V-280 Valor et le DB-1 Defiant ne sont que des démonstrateurs, et qu’ils devront être modifiés pour en faire des prototypes satisfaisant aux exigences de l’US Army. Mais dans la mesure ou le programme FLRAA a été conçu sur des bases technologiques issues du programme de démonstrateurs JMR-TD, ces modifications ne seront pas de nature à profondément bouleverser l’architecture ou les performances de chaque appareil. Il est donc peu probable que Sikorsky puisse rattraper son retard sur le Valor, qui apparait de plus en plus comme le favori de cette compétition dont l’arbitrage sera rendu à l’été 2021.

SIKORSKSY FARA Forest MEDIA APPROVED October 2019 1 1024x576 Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le projet Raider X apparait aujourd’hui comme le plus prometteur concernant le programme FARA

Mais même si Sikorsky venait à perdre le programme FLRAA, ce ne serait probablement pas la fin du Defiant et de son architecture unique. En effet, sur cette même base technique, le constructeur propose le modèle Raider X pour le programme Future Attack Reconnaissance Aircraft, un appareil léger de reconnaissance et d’attaque destiné à remplacer les hélicoptères OH-58 Kiowa retirés du service en 2014, mais également à renforcer la puissance de feu des AH-64 Apache et de leurs successeurs. Or, dans cette compétition, son adversaire de toujours, Bell, ne propose pas un appareil de nouvelle génération, mais le Bell 360 Invictus, un hélicoptère de conception classique aux performances optimisées. En effet, la technologie des rotors basculants n’est guère compatible avec la conception d’un hélicoptère léger de moins de 6 tonnes. Quand aux autres candidats de la présélection, ni Karem et son AR40, ni le concept présenté par AVX/L3 n’ont de réels chances d’être retenus parmi les 2 finalistes.

Aujourd’hui, seul Boeing, dont le modèle n’a toujours pas été dévoilé, pourrait venir jouer les trouble fêtes entre Sikorsky et Bell dans cette compétition. Mais la firme de Seattle a montré, ces dernières années, être capable de retournement de situation assez spectaculaires, en remportant coup sur coup le programme de drones embarqués MQ-25 Stingray de l’US Navy, et le programme T-X de l’US Air Force, pour remplacer les avions d’entraînement avancé T-38 Talon en service depuis les années 80. Mais alors que Sikorsky a investi des dizaines de millions de dollars en R&D depuis le tournant du siècle autour de sa technologie d’hélice propulsive et de rotors contrarotatifs autour des programmes X2 puis S-97, et que Bell fit de même concernant les rotors basculant autour du programme V-22, Boeing, qui pourtant produit l’AH64 Apache et le CH-47 Chinook, deux appareils emblématiques de l’US Army, n’a semble t il pas investi dans ce type de nouvelles architectures pour voilure tournante. On ignore, dès lors, sur quelle base technologique la proposition du constructeur sera construite.

RacerAirbusHelicopters Image Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
L’architecture technologique du Racer d’Airbus Helicopters est très ingénieuse, alliant performances avec une maintenance simplifiée.

Parmi les nouvelles architectures technologiques pour hélicoptère susceptibles de répondre aux exigences du champ de bataille de demain, notamment en matière de vitesse et de rayon d’action étendu, celle proposée par Airbus Helicopters avec le X3 pour le Racer, est des plus prometteuse, même si elle n’avait pas été retenue par l’US Army pour des raisons assez obscures. La configuration imaginée par l’hélicoptèriste européen repose sur deux nacelles équipées d’une hélice positionnées de chaque coté de la cellule, et jouant à la fois le rôle de propulsion et de rotor contrarotatif, le tout mû par une prise directe de puissance sur la turbine de l’appareil. Cette solution aussi élégante qu’ingénieuse, permet d’atteindre des vitesses de prés de 400 km/h sans devoir alourdir ou complexifier outre mesure l’hélicoptère et sa maintenance. Conçu dans le cadre d’un programme de financement européen purement civil, le Racer n’a pas encore fait l’objet de déclinaison en programme militaire. Mais il serait très surprenant que cela n’intervienne pas dans les années à venir.

La précision des frappes des missiles iraniens fait débat

Les frappes de missiles iraniens sur les bases d’Al Asad et d’Idlib en représailles de l’attaque par drone ayant couté la vie au commandant des gardiens de la Révolution, le général Souleimani, n’ont pas fait de victime selon les autorités américaines, irakiennes et même françaises. Selon des informations concordantes, Téhéran aurait informé le premier ministre Irakien, Adel Abdel-Mehdi, de l’imminence des frappes deux heures avant qu’elles n’aient lieu, ainsi que des cibles visées, de sorte à permettre aux forces présentes de s’éloigner. En procédant ainsi, Téhéran a créé un contexte favorable à la désescalade, qui fut rapidement saisi par le président Trump. Si l’on ne peut qu’être satisfait de cette conclusion, deux constatations importantes sont apparues en marge de ces frappes :

Pourquoi les défenses anti-missiles américaines n’ont-elles pas été en mesure de stopper l’attaque ?

Depuis les tensions de l’été 2019 consécutives de l’attaque non revendiquée de pétroliers dans le Golfe persique, attaques attribuées par l’occident aux forces navales des Gardiens de la Révolution, les Etats-Unis ont annoncé à plusieurs reprises le déploiement de nouvelles batteries de systèmes anti-aériens et anti-missiles au Moyen-Orient pour protéger les intérêts américains sur place. De même, de nouvelles batteries furent déployées à la suite de l’attaque par drones et missiles de croisière des installations portuaires pétrolières saoudiennes à l’automne, une nouvelle fois attribuée à l’Iran.

Or, il semble que les frappes iraniennes n’aient guère été gênées par la défense anti-missile américaine, puisque l’on constate un nombre significatif d’impacts sur les photos satellites publiées suite à l’attaque des bases en Irak. Deux hypothèses émergent de ces constations, soit les systèmes de défense anti-missiles Patriot PAC ne sont pas parvenus à intercepter les missiles iraniens, soit ils n’étaient pas présents. Dans ce dernier cas, on serait en droit de se demander pourquoi la plus importante base abritant des forces américaines et alliés en Irak n’était pas protégée contre ce type d’attaque, alors que les tensions étaient au plus haut dans la région, et que les risques d’attaque par missiles balistiques ou de croisière étaient, de toute évidence, très élevés.

Patriot PAC 3 Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le Patriot PAC-3 de Raytheon est aujourd’hui l’une des principales composantes de La Défense anti-missiles balistiques de l’OTAN

L’autre hypothèse n’est, en réalité, pas meilleure, puisque cela signifierait que le système anti-missile Patriot PAC-3 serait incapable d’intercepter des missiles balistiques à courte portée comme le Fateh-110, qui s’il respecte une trajectoire semi-balistiques comme l’Iskander russe que l’on sait mettre à mal les défenses anti-missiles occidentales, n’en est pas moins de facture iranienne, donc sensément de technologies très inférieures à celles des Etats-unis. Non seulement cela signifierait que les pays européens ayant acheté récemment le système de Raytheon à grand renfort de milliards d’Euro pour justement être en mesure de se protéger des missiles balistiques et de croisières, feront face à de graves désillusions, mais cela met en exergue l’efficacité des missiles balistiques, même sans être hypersoniques, face aux défense anti-missiles modernes. Or, dans ce domaine, l’occident, à l’exception notable de la Corée du Sud, a presque intégralement supprimé ce type de missiles de son arsenal, et n’a que très peu investi pour en developper les performances entre 1990 et 2017, contrairement à la Russie, la Chine, l’Iran, l’Inde ou les deux Corées. De fait, il n’y a plus en Europe aujourd’hui de système balistique tactique ayant une portée supérieure à 300 km, alors que la Russie, elle, dispose d’un vaste arsenal de missiles Iskander (490 km de portée), et de savoir-faire technologiques bien supérieurs ayant permis, par exemple, de developper le missile balistique aéroporté hypersonique Kinzhal portant à 2000 km.

Quelle a été la précision constatée des missiles balistiques iraniens ?

Second point d’étonnement, la précision des missiles balistiques iraniens semblent être très supérieure à celle escomptée par l’occident. L’analyse des photos satellites après l’attaque de la base d’Al Asad montre que tous les missiles ont frappé des hangars ou des croisements importants pour le fonctionnement normal de la base. Il semble même qu’en deux endroits, plus d’un missile ait frappé la même cible. A moins d’une chance extraordinaire, une telle diffusion des impacts est impossible si la précision des missiles iraniens n’était pas inférieure à 10 mètres. Ce type de précision n’est possible pour un missile balistique qu’en couplant une navigation inertielle à un guidage par positionnement satellite, comme le GLONASS russe ou le BEIDOU chinois.

frappe irak 1 Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
La précision des frappes iraniennes semble avoir été très importante. Mais les faibles destructions constatées semblent attestées d’une charge militaire réduite ou non exploser

Or, si l’Iran dispose de telles technologies, on peut supposer que d’autres pays, comme la Corée du Nord, ou groupuscules armés, comme le Hezbollah, peuvent en disposer, avec le risque d’une prolifération de ces capacités mettant à mal les systèmes de défense occidentaux. Ce constat ne fait que confirmer sans le moindre doute possible les hypothèses déjà posées lors de l’attaque des installations pétrolières saoudiennes le 14 septembre 2019.

Conclusion

Si ces deux constats sont déjà suffisamment problématiques pris individuellement, ils modifient, pris conjointement, sensiblement la perception de l’équilibre des forces au Moyen-Orient. En effet, disposant d’un nombre important de missiles balistiques et de croisière de courte et moyenne portée, l’Iran serait en mesure de frapper avec précision et efficacité l’ensemble des infrastructures stratégiques régionales si elle venait être acculée, par exemple par une attaque aérienne américaine ou israélienne. Même sans arme nucléaire, Téhéran disposerait donc des moyens suffisants pour réduire à néant toute la production énergétique de la région, ainsi que les principales infrastructures de communication, politiques et militaires présentes dans un rayon de 2000 km.

Une telle capacité militaire représente, en soit, un outil de dissuasion d’une grande efficacité, car faisant peser sur un agresseur éventuel la possible déstabilisation des échanges énergétiques mondiaux, avec des risques économiques et politiques majeurs à l’échelle mondiale. Ceci explique peut-être en partie le changement radical d’attitude du président américain à l’égard de Téhéran suite à cet épisode …

La DARPA veut developper une flotte de transport logistique sans équipage

Durant la guerre froide, le commandement de l’US Navy en charge des transports logistiques lourds, ou Sea Lift Command, avait à sa disposition un importante flotte de bâtiments de transport logistique pour, le cas échéant, être en mesure de transporter les forces et les équipements du continent américain en Europe afin de pouvoir s’opposer à une éventuelle attaque des forces du Pacte de Varsovie. Avec l’effondrement de l’Union Soviétique, et l’éradication de la menace perçue en Europe, ce commandement a vu ses moyens être réduits au stricte minimum. De fait, aujourd’hui, la moyenne d’âge des navires en service pour cette mission dépasse les 40 ans, et il n’existe aucun programme de nouveaux navires pour les remplacer, alors que la menace, elle, est belle et bien réapparue avec le renforcement sensible de la puissance militaire russe, et les tensions plus que croissantes au Moyen-Orient et en Méditerranée.

Pour répondre à ce besoin, la DARPA vient de lancer un programme visant un créer les solutions technologiques permettant non seulement de concevoir des navires de transport logistique autonomes sans équipage, mais de leur donner la capacité de former dynamiquement des convois transatlantiques à haute vitesse pour, une fois arrivés, se séparer et se diriger vers leurs ports de destination respectifs.

Sealiftcommande 2 Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le Sea Lift Command participe, entre autre, au transport des forces blindées qui ne peuvent être déployés par transport aérien

A l’instar des convois routiers de poids lourds en pilotage automatique, cette approche permettrait de réduire sensiblement l’empreinte du convois naval sur l’océan, et donc d’augmenter ses chances de passer entre les mailles d’une éventuelle force navale et/ou aérienne destinée à l’intercepter. En outre, cela permettrait de ne pas enregistrer de pertes humaines si un navire venait à être détruit. Rappelons que durant la bataille de l’Atlantique, lors de la seconde guerre mondiale, les navires de commerce alliés, et leurs équipages, payèrent le prix fort de l’effort visant à maintenir le cordon ombilical transatlantique avec la Grande-Bretagne, enregistrant plus de 20 millions de tonnes de navires coulés, et 45.000 marins morts ou disparus, dont 30.000 britanniques.

Surtout, une flotte logistique à forte automatisation permettrait de réduire très sensiblement son empreinte en matière de ressources humaines sur l’US Navy, alors que l’on sait à quel point les armées américaines peinent aujourd’hui à maintenir leurs effectifs. Sachant que le Sea Lift Command est une force dont l’utilité est faible en temps de paix ou de tensions régionales, mais très forte en cas de conflit majeur, la solution portée par la DARPA apparait des plus pertinentes. Inutile en effet de dédier des effectifs importants pour une flotte passant une grande partie de son temps à quai, alors que les frégates et destroyers bénéficieraient grandement d’un passage en double équipage pour réduire l’épuisement physique et moral des équipages face à la pression opérationnelle actuelle.

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En temps de paix, ou de tensions modérées, un grand nombre des navires du Sea Lift Command doivent rester à quai, tout comme leurs équipages.

Qui plus est, la maitrise d’une telle technologie permettrait aux Etats-Unis de se repositionner sur le marché de la marine marchande internationale, de sorte à non seulement retrouver une plus grande indépendance dans ce domaine, mais également de soutenir l’activité de ses chantiers navals en revenant, progressivement, à la construction de navires de commerce de fort tonnage. En effet, la DARPA a bien souvent développé des technologies militaires s’étant révélées applicables dans le civil. Une étude parue il y a quelques années avait ainsi montré que plus de 30% du PIB de la Californie était lié à des investissements technologiques d’origine militaire. Un aspect souvent ignoré dans les arbitrages rendus par les autorités politiques concernant les crédits de recherche consacrés à La Défense.

Reste que, pour beaucoup de marins, l’idée de laisser naviguer un navire majeur sans équipage parait difficile à concevoir. Non pas que le navire ne puisse respecter ses routes ou s’adapter aux conditions de mer seuls, pour peu qu’il ait les équipements de navigation adéquates controlés par une intelligence artificielle performante. En revanche, un grand bâtiment, même récent, fait face à de nombreuses avaries plus ou moins graves, justifiant la présence d’un équipage sans lequel elles pourraient immobiliser le navire, voir l’envoyer par le fond. La solution à ce problème pourrait être l’intégration au convoi d’un navire disposant d’un équipage et d’une équipe de maintenance pouvant être transféré sur les différents navires nécessitant une intervention de maintenance par hélicoptère ou par drone. Dans tous les cas, cela représenterait une empreinte humaine bien plus réduite que celle nécessitant un équipage par navire.

Singapour choisit la version à décollage verticale F35B pour remplacer ses F16

Le département d’Etat américain a annoncé avoir approuvé la vente de 12 F35B, version à décollage et atterrissage verticaux de l’avion de Lockheed-Martin, pour remplacer une partie des F16 en service dans les forces aériennes de Singapour à l’horizon 2030. Le contrat, estimé à 2,75 Md$, se décompose en 4 appareils en commande ferme, et 8 options, ainsi que l’ensemble des services et pièces détachées pour la maintenance et la formation des équipages et personnels techniques.

Le choix du F35B, qui équipe notamment l’US Marines Corps et la Royal Air Force pour armer les porte-avions et porte-hélicoptères d’assaut, et qui est sensiblement plus cher que le F35A de l’US Air Force, est révélateur d’une évolution des tensions sur lé théâtre indo-pacifique. La marine royale de Singapour ne dispose pas de bâtiments potentiellement capables de mettre en en oeuvre de tels appareils, ni pouvant évoluer dans cette optique, comme c’est le cas de la Corée du Sud ou du Japon. A l’instar de Taïwan, l’objectif recherché par cette acquisition est donc probablement de pouvoir disperser ces appareils sur des terrains de fortune ou improvisés, de sorte à maintenir une capacité de riposte aérienne si ses bases aériennes venaient à être frappées.

Singapour F15SG Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Les forces aériennes de Singapour disposent de 40 F15SG, dont 10 sont déployés aux Etats-Unis pour l’entrainement des équipages

Les forces aériennes du pays mettent déjà en oeuvre une puissante flotte de chasse, composée de 40 F15SG et de 60 F16C/D repartis sur 3 bases aériennes, et pouvant exploiter l’aéroport international de Singapour si besoin. Mais ces bases sont toutes répartis sur un territoire exigu, rendant leur neutralisation plus facile. En disposant d’une flotte, même limitée en nombre, de F35B capable d’être mis en oeuvre à partir de portions d’autoroute ou de pistes courtes, comme celles de la base d’hélicoptères de Sembawang, voir de pistes sommairement aménagées sur la cinquantaine d’ilots entourant la capitale, l’Etat-major entend renforcer la résilience globale de La Défense de ce petit état de seulement 725 km2 et de 5 millions d’habitants.

Contrairement aux européens, Singapour n’a jamais baissé la garde concernant ses investissements de défense, qui atteignent aujourd’hui 3,2 % de son PIB et dépassent les 11 Md$, plus de 2,5 fois l’investissement d’un pays comme la Belgique pourtant deux fois plus peuplé. La conscription de 2 ans fournie 48.000 des 72.000 militaires d’active, et les forces de réserve dépasse les 1,2 millions d’hommes. Outre la centaine d’avions de combat F15 et F16, les forces armées de Singapour mettent également en oeuvre 180 chars de combat Leopard 2, 300 véhicules de combat d’infanterie, plus de 1200 transports de troupe blindés, 70 systèmes d’artillerie automoteurs dont 24 lance-roquettes M142 Himars, ainsi que 90 hélicoptères dont 17 AH64 Apache et 15 CH47 Chinook. La Marine du pays n’est pas en reste, avec 4 sous-marins d’attaque, 6 frégates de la classe Formidable (dérivée des FLF LaFayette françaises), 6 corvettes de la classe Victory, et 4 navires d’assaut de la classe Endurance, en faisant une des forces navales les plus modernes et les plus puissamment armées du théâtre indo-pacifique.

Le format et les bâtiments de surface de l’US Navy sont inadaptés pour faire face à la Chine

Spécialisé dans les études portant sur les sujets de Défense concernant les Etats-Unis, le Center for Strategic and Budgetary Assessments, ou CSBA, vient du publier une étude particulièrement critique concernant les choix ayant cours actuellement dans l’US Navy quand à la constitution de sa flotte de surface. Et la conclusion est sans appel : avec son format actuel, l’US Navy est incapable de faire face au niveau de challenge posé par la Chine sur les mers et dans les airs.

En effet, selon l’étude publiée, l’US Navy fait reposer sa puissance de surface sur de grandes unités, chères et gourmandes en ressources humaines, mettant en oeuvre de très puissants radars et sonars actifs, et de nombreux missiles en silos verticaux. Or, aujourd’hui, la guerre navale est devenue une affaire de discrétion et de furtivité. Les unités de surface employant leurs radars ou sonars en mode actif peuvent effectivement détecter les navires et aéronefs présents dans un certain périmètre, mais indiquent précisément leur position à l’ensemble des navires et aéronefs patrouillant à des distances bien supérieures. A l’heure des missiles anti-navires à longue portée, pouvant désormais atteindre des cibles à plus de 1000 km (Tzirkon), et même au delà pour les missiles anti-navires balistiques comme le DF-21D chinois, l’utilisation d’un radar comme le SPY-6 qui équipera les nouveaux destroyers Arleigh Burke Flight III, agira comme un feu de position multidirectionnel dans les océans pour toutes les unités navales, sous-marines et aériennes de la zone. De plus, les paradigmes stratégiques de l’US Navy n’ayant pas évolué depuis les années 80, lorsque les croiseurs Ticonderoga et les destroyer Burke entrèrent en service, les adversaires potentiels de l’US Navy ont eu tout loisir de concevoir des bâtiments et des tactiques faisant des forces de la marine américaine, une faiblesse si elle devait les affronter.

Presentation publique de 10 missiles DF21D Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le missile balistique anti-navire chinois DF21D a une portée supérieure à 1500 km

Ce type de constat n’est pas une première dans l’écosystème défense américain. Ainsi, en juillet 2018, l’expert Don O’Rourke critiqua vivement le programme FFG/X, l’estimant trop ambitieux et trop lourd, le besoin réel s’établissant davantage autours des navires de 4500 tonnes à forte capacités de lutte anti-sous-marine que de navires de 7 à 8000 tonnes multi missions. En effet, Chine comme Russie produisent depuis quelques années de nombreux sous-marins, notamment de très discrets unités à propulsion conventionnelle comme les Type 039 chinois et les 636.3 Improved Kilo russes, représentant une réelle menace pour les navires et sous-marins américains et alliés.

Au delà des sous-marins, russes comme chinois ont développé une flotte importante de navires de petits et moyens tonnages très puissamment armées, économes tant en équipage qu’à la construction, et conçus pour le combat dissymétrique en employant des systèmes de détection passifs pour prendre l’avantage sur de plus gros adversaires, comme les destroyers américains. Non seulement sont-ils efficaces, mais ils sont nombreux, représentant potentiellement une menace polymorphe permanente pour les navires alliés s’approchant des côtes adverses. En outre, l’utilisation de plus en plus massive de drones, qu’ils soient aériens, navals ou sous-marins, et de satellites d’observation et d’écoute électronique, augmente les opportunités de localisation des grands navires de l’US Navy, et donc d’effectuer des tirs d’opportunité d’une unité évoluant à faible vitesse tout feux éteint pour ne pas attirer l’attention.

Type 054A fregate Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
La frégate Type 054A chinoise est caractéristique des nouvelles constructions de navires chinois, très bien armés notamment en matière de lutte anti-sous-marine et anti-navires pour un tonnage limité

Il est interessant de constater que ce rapport alors que deux parlementaires du Maine, la sénatrice Susan Collins et le sénateur Angus King, viennent d’envoyer au secrétaire à la Défense américain Mark Esper, une lettre de protestation contre la possible réduction du nombre de destroyers qui seront construits d’ici 2025 de 11 à 6 unités, décision qui mettrait à mal l’emploi dans leur état. Ce n’est nullement une première, puisque ces dernières années, l’US Navy a du commander une dizaines de corvettes de type LCS, que l’on sait inadaptée au combat naval, simplement pour satisfaire aux pressions des parlementaires du Congrès.

Quoiqu’il en soit, le constat fait par le Think Tank américain au sujet de la force de surface américaine pourrait être étendu à l’ensemble des composantes de La Défense américaine et occidentale. En effet, depuis quelques années, russes et chinois ne cessent de mettre en service des équipements et des stratégies conçues explicitement pour prendre l’avantage sur ces forces, et ce en dépit de moyens globaux plus limités : missiles hypersoniques, guerre électronique, systèmes de déni d’accès et de défense anti-aérienne, armes stratégiques nouvelles ; tout en renforçant leurs capacités d’engagement conventionnel.
Dans le même temps, les forces occidentales évoluent encore souvent en fonction de paradigmes issus de la période post guerre froide et des engagements asymétriques auxquelles elles ont participé ces 20 dernières années, refusant obstinément de faire face objectivement aux nouvelles menaces qui apparaissent, au point de perdre de vue le déséquilibre qui se dessine et qui engagera potentiellement la sécurité du continent européen à moyen terme.

Israël annonce un nouveau système anti-missiles laser aéroporté disponible dès 2021

L’industrie israélienne de Défense n’avait jusque là que peu communiqué au sujet des armes à énergie dirigée, comme les laser. Mais il semble qu’elle soit sur le point de coiffer l’ensemble des acteurs de ce domaine. En effet, le ministère de La Défense du pays a annoncé qu’il développait un système laser aéroporté et terrestre, qui serait capable, dés la mi-2021, de protéger les frontières du pays des tirs de missiles et roquettes en provenance de Gaza, du Liban ou de Syrie, mais également de protéger les appareils et les blindés évoluant sur son territoire et à proximité des tirs de missiles les visants. La vidéo de présentation est accessible sur ce lien.

L’annonce israélienne est pour le moins retentissante. En effet, pour intercepter des missiles de croisière ou balistique, le système développé doit disposer d’une puissance électrique très importante. En outre, selon les déclarations faites, il serait capable de cibler aussi bien les menaces en trajectoire rasante que balistique, ce qui suppose des moyens de détection et de visée très évoluée. Le délais très court annoncé pour l’entrée en service du système, seulement 1 an et demi jusqu’à son entrée en service, démontre la confiance des autorités israéliennes dans la maturité de leurs technologies, et dans leur fiabilité, puisque le système devra suppléer les systèmes existants comme l’Iron Dome qui protège les villes israéliennes des attaques aujourd’hui. A noter que selon le ministère de La Défense israélien, un tir effectué par ce nouveau système ne couterait que 3,5 US Dollar, là ou un tir du système Iron Dôme, pourtant réputé économique, atteint les 49.000 $.

Iron Dome Intercepts Rockets from the Gaza Strip Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
Le nouveau système pourra suppléer et renforcer le système de défense Iron Dome actuellement en service, pour un cout plus de 10.000 fois inférieur par tir

Pour l’heure, aucune information technique n’a été divulguée. On ignore quel sera le porteur de ce système, bien que la video montre un drone ressemblant au Reaper. On ignore également quelle est la puissance réelle du laser employé. Pour l’US Navy, une puissance d’au moins 300 Kw est nécessaire pour intercepter les missiles anti-navires, qui ont un profil de vol assez proche de celui des missiles de croisière. Au delà du challenge technologique concernant la conception et l’emploi d’un laser de haute puissance aéroporté, la production d’une telle puissance électrique dans la cellule d’un drone MALE ou HALE est également dès plus ardu.

Il faudra donc attendre d’avoir plus d’informations sur cette technologie pour en comprendre les éléments constitutifs et les capacités réelles. Toutefois, Israël n’a pas pour habitude de « sur-vendre » médiatiquement les performances de ses technologies de défense. En effet, l’état hébreux sait parfaitement que ses systèmes subiront rapidement l’épreuve du feu, et qu’un défaut de performance serait immédiatement dommageable. L’enjeu est très important, puisque si le système était effectivement efficace, il mettrait fin au débat opposant l’emploi de missiles de haute technologie pour contrer des roquettes à bas couts, et rendrait ce type de tactique inefficace dans la durée. Nul doute, par ailleurs, que de nombreux pays s’y intéresseront pour protéger, notamment, les forces en opération exterieures souvent exposées à des menaces similaires.

Rolls Royce hybride power plant for laser systems Actualités Défense | Allemagne | Chaine logistique militaire
la production d’une énergie électrique suffisante est une des principales difficultés liées à l’utilisation de systèmes à énergie dirigée. Rolls-Royce développée une turbine dérivée d’un modèle pour hélicoptère léger pour répondre à ce défi.

On imagine également les capacités qu’offriraient cette technologie pour la protection des forces navales, ou des infrastructures sensibles comme les postes de commandement, les noeuds de communication, ou les sites logistiques. En outre, jusqu’ici, aucun programme similaire n’a été annoncé publiquement, ni en occident, ni en Chine ou en Russie. De fait, Israël pourrait bien disposer, d’ici moins de 2 ans, d’une offre technologique opérationnelle unique, capable d’avoir une influence notable sur les engagements conventionnels, et donc sur l’équilibre des forces dans le monde, au moins pour un temps.