La nouvelle a claqué dans l’air comme un coup de revolver dans l’édition du 6 décembre 2019 du Telegraaf (Niels Rigter, « Kabinet : uitstel onderzeeërs ») : le remplacement des sous-marins de la classe Walrus, qui était dans l’attente depuis 2018 de la « lettre B » devant être remise au ou aux soumissionnaires retenus pour la phase de définition, ne sera pas envoyée avant 2021, abattant les derniers espoirs d’une prise de décision en cette fin d’année 2019. Mais une décision a tout de même été prise : Navantia est éliminé.
Le programme de drones navals SDAM avance, mais sa planification recèle d’importantes zones d’ombre
Le premier vol du démonstrateur VSR700 était effectué le 8 novembre 2019 par Airbus. La loi de programmation militaire (2019 – 2025) prévoit les premières livraisons à partir de 2028. Pourtant, la communication institutionnelle entretenue par la Marine nationale assure que le Système de Drone Aérien de la Marine (SDAM) équipera les Frégates de Défense et d’Intervention (FDI) et les Patrouilleurs d’Outre-Mer (POM) dès 2023 puis les Patrouilleurs Océaniques (PO) à partir de 2024. L’avancement du programme sera-t-il demandé lors de l’examen de la clause de revoyure de la loi de programmation militaire, c’est-à-dire en 2021 ?
Royal Navy : le programme Power Improvement Project pour les destroyers Type 45 repoussé à mars 2020
Le programme trilatéral (France – Italie – Royaume-Uni) Principal Anti Air Missile System (PAAMS) servait à armer les frégates franco-italiennes du programme Horizon. Les Britanniques s’étaient retirés de ce programme (Common New Generation Frigate (CNGF) subséquent afin de concevoir en national des bâtiments répondant à toutes leurs spécifications : les six destroyers Type 45. Il est reconnu officiellement depuis 2014 que ceux-ci souffrent d’une usine électrique incapable d’approvisionner convenablement les installations du bord dans les eaux tropicales. Le programme devant y remédier est repoussé à mars 2020.
La modernisation des hélicoptères d’attaque Ka52M russes se précise
En Mai 2019, le Ministère de La Défense russe annonça son intention de commander 30 nouveaux hélicoptères de combat Ka52 à livrer d’ici 2022, et de moderniser 114 des Ka52 existants au standard M, issu des retours d’experience des forces déployées en Syrie. Mais depuis, rien ne semblait réellement concrétiser cette annonce. Mais les choses seraient sur le point de changer, puisque selon la société Russian Helicopters, le ministère de La Défense devrait signer, courant 2020, un contrat global de modernisation des Ka52M comparable à celui qui a été signé pour la modernisation des Mi28MN cette année, et qui déverrouilla les négociations entre l’industriel Mil et les autorités russes.
Il est probable que le ministère des armées, comme il l’avait fait concernant les Mi28MN, entend bien bénéficier d’un prix extrêmement compétitif concernant cette modernisation de masse, et que ce délais de latence était en parti destiné à amener l’industriel à de plus justes revendications budgétaires, d’autant que ce contrat est accompagné d’une commande de 30 appareils neufs pour renforcer les forces aériennes russes.

Contrairement au Mi28M, dont les performances furent en deçà des attentes lors des déploiements en Syrie, le Ka52 a, semble-t-il, donné entière satisfaction. Il faut dire que l’hélicoptère biplace en tandem et ses deux turbines Klimov TV3-117VMA de 2190 cv chacune ne manque pas d’atouts, en particulier sa vitesse pouvant atteindre 300 km/h, et sa capacité d’emport atteignant 2300 kg sur ses deux grands moignons d’ailes. Mais comme le Mi28M, les performances actuelles du Ka52, et les armements qu’il met en oeuvre, le rendent vulnérables aux systèmes anti-aériens qui entreront prochainement en service. C’est la raison pour laquelle la version modernisée disposera d’une capacité d’engagement à une distance très sensiblement accrue, passant de 10 km aujourd’hui avec le missile Ataka, à 25 km avec le nouveau missile anti-char « article 305 » en cours de developpement à Moscou. En outre, l’accent sera mis sur l’engagement coopératif, et sur la capacité de l’appareil à faire feu sans se mettre à découvert.
A noter que parallèlement à cette modernisation des deux principaux hélicoptères de combat des forces russes, le ministère de La Défense a également annoncé, de façon plus surprenante, la modernisation de ses Mi-35, un appareil de la famille du Hind qui devait initialement n’avoir qu’un rôle intérimaire entre le Mi-24 dont il est issu, et les Mi28 et Ka52 modernes. Mais il semble que les capacités de gunship du Mi35, capable à la fois d’assurer des missions de transport tactique et d’appui feu, aient été très appréciées en Syrie, puisque là ou l’on attendait une fin de vie programmée, un programme de modernisation limitée a été annoncé, ainsi que le developpement d’un nouveau modèle de « Hind ».

La composante héliportée russe reçoit, à ce titre, une attention particulière durant la GPV 2019-2027 (l’équivalent de la Loi de Programmation Militaire), puisqu’elle va recevoir 423 nouveaux appareils sur son exécution, pour 1300 appareils en service dans l’Armée de l’Air et l’Aéronavale du pays. A noter que, contrairement à la France, les hélicoptères de combat russes sont mis en oeuvre par les forces aériennes et non les forces terrestres, au niveau organique. En revanche, chaque division terrestre dispose de son propre dispositif aérien mis à disposition par l’armée de l’air, comprenant les avions d’attaque et les hélicoptères de combat et de transport.
Le Rafale et le Meteor visiblement très attendus en Inde !
Selon le site « Times of India », New Delhi aurait demandé à Paris de fournir conjointement aux 4 premiers Rafale qui entreront en service en Mai 2020 en Inde, au moins 8 à 10 missiles Air-Air à longue portée Meteor. Cette demande est justifiée par les tensions croissantes entre l’Inde et le Pakistan, ayant donné lieu en février 2019 à un combat aérien majeur entre Su-30MKI, Mirage-2000 et Mig-21 Bison Indiens, et des F16, mirage 5 et JH-17 Pakistanais, avec la destruction d’un appareil de part et d’autre. Or, durant cet engagement, les F16C Pakistanais, mettant en oeuvre des missiles AIM-120 Amraam de facture américaine portant au delà de 100 km, obtinrent des solutions de tirs là ou le couple Su-30MKI-R77 n’y parvint pas.
Selon les rapports, durant cet engagement, seuls les mirages 2000 indiens et leurs missiles MICA-EM, donnés pour avoir une portée supérieure à 50 km, parvinrent à accrocher les appareils Pakistanais au delà de la portée visuelle. A noter également que les Su-30, s’ils avaient effectivement été détectés par les missiles pakistanais, appliquèrent des tactiques de vol en diagonales, dites ‘Anti-Amraam », pour empêcher les F16 de faire feu. Quoiqu’il en soit, New Delhi a désormais un besoin urgent d’un appareil équipé d’un système d’engagement à longue portée surpassant les performances de l’AIM-120 américain, en l’occurence le couple Rafale/Meteor.

Au delà des F16 équipés de missiles AMRAAM, New Delhi craint également de voir apparaitre les nouvelles version du chasseur sino-pakistanais JF-17 Thunder, équipé d’un radar AESA, et capable de mettre en oeuvre des missiles chinois à longue portée, comme le PL 21, capable selon les sources d’atteindre des cibles au delà de 150 km, ou le SD-10A, version export du PL12 portant au delà de 100 km, donné pour être une copie du Meteor Européen. En outre, les risques de se voir entrainé dans un engagement contre les forces aériennes chinoises, équipées de J10, J11, J16 et J20, et portant aux aussi des missiles à longue portée, sont loin d’être exclus.
De fait, les Rafale indiens risquent forts de connaitre une activité opérationnelle particulièrement dense, et ce dès leur entrée en service. On comprend dans ces déclarations que l’Indian Air Force ne prévoit pas de se donner le temps de faire de la figuration avec ces appareils, et qu’ils seront très rapidement déployés pour assurer simultanément les missions de défense aérienne et de dissuasion face aux deux adversaires entourant l’Inde. On comprend également le haut degré de confiance portée par l’IAF envers le Rafale, et les raisons pour lesquelles elle a été, au fil des années, le plus vigoureux avocat de l’appareil français en Inde, même lorsque la tempête faisait rage.
A noter que, parallèlement, l’Inde a commandé 1000 missiles R27 longue portée russes, désigné par l’OTAN comme AA-10 Alamo, un contrat de 200 m$ seulement, pour renforcer les capacités d’engagement à longue portée de ses Su30 MKI. Ce missile est généralement considéré comme inférieur au R77 déjà en service, mais également sensiblement plus cher que le R27. En outre, des informations indiquaient que New Delhi avait ouvert des négociations avec Moscou pour l’acquisition de missiles R37M (AA-13 Arrow) à très longue portée, capable selon les autorités russes, d’atteindre des cibles à plus de 300 km, mais limité à l’engagement d’appareils imposants et peu manoeuvrants comme les avions ravitailleurs et les Awacs.
Belgique, Roumanie, Grèce … ces pays européens qui font confiance à l’industrie de Défense française
Au début des années 2000, et pendant prés de 15 ans, l’industrie de défense française ne parvint pas à signer le moindre contrat significatif de manière autonome en Europe, et dû concentrer ses efforts au Moyen-Orient et en Asie, pour maintenir un volume d’exportation compatible avec la très faible activité de la commande nationale de cette époque. Mais depuis quelques années, il semble que les pays européens, certains tout du moins, fassent à nouveau confiance à cette industrie pour fournir des équipements majeurs, aidés il est vrais par l’augmentation globale des budgets de Défense. Retour sur ces deniers contrats signés par l’industrie de défense française en Europe, ainsi que sur les compétitions en cours les plus prometteuses.
La Belgique, le partenaire privilégié
Que n’avons nous pas entendu, et même lu, au sujet de la décision belge d’acquérir le F35 américain, et non le Rafale français. Pourtant, en à peine une année, Bruxelles a passé aux industries de défense française deux des plus importants contrats européens de ces 30 dernières années. En Novembre 2018, les autorités belges annonçaient la signature du contrat CaMo, pour Capacités Motorisées, portant sur l’acquisition de 382 véhicules blindés multi-rôles VBMR Griffon, et 60 engins Blindés de Reconnaissance et de Combat EBRC Jaguar français, conçus conjointement par Nexter, Arquus et Thales, pour un montant de 1,6 Milliard d’euros. Non seulement la Belgique acquière-t-elle les derniers blindés français, mais elle le fait dans le but d’optimiser l’interopérabilité de ses forces avec les forces françaises, dans une approche de coopération industrielle et opérationnelle étendue.

L’encre du contrat Camo n’avait pas même eu le temps de sécher que la Belgique et les Pays-Bas attribuèrent à Naval Group et au belge ECA un contrat de 2 Md€ pour la conception et la fabrication de 12 bâtiments de guerre des mines, ainsi que des drones les accompagnants. Il est interessant de noter, a toutes fins utiles, que la somme des deux contrats, soit 3,6 Md€, dépasse les 3,2 Md€ du contrat portant sur l’acquisition de 32 F35A qui fit tant couler d’encre …
La surprise Roumaine
Personne n’y croyait vraiment. Pourtant, début juillet 2019, Bucarest annonça sélectionner l’offre de Naval Group pour construire 4 corvettes Gowind 2500 afin de remplacer les corvettes des classes Admiral Petre Bărbuneanu et Tetal en services depuis plus de 35 ans dans la Marine Roumaine. Ce contrat de 1,2 Md€ semblait jusqu’à l’annonce du vainqueur une chasse gardée du néerlandais Damen qui dispose d’un chantier naval dans le pays. Mais les performances de la corvette Gowind 2500, notamment en ce qui concerne la lutte anti-sous-marine, et l’offre de prix très agressive de Naval Group, emporta la décision, non sans que Fincantieri et Damen tentent de la casser par des actions en justice rapidement déboutées.

Le retour en Grèce de l’industrie française
Athènes fut le dernier pays européen à passer une importante commande de défense à la France avant la période de « vaches maigres » des années 2000, lorsqu’elle commanda 15 mirage 2000-5 à Dassault Aviation pour 10 Md de francs pour compléter sa flotte acquise à la fin des années 80. Depuis, le pays a notamment connu une crise économique très éprouvante, ayant entrainé la diminution de son budget de défense à 4 Md€ par an, alors qu’il était à plus de 7 Md€ en 2007. Dans le même temps, la Turquie, l’adversaire séculaire d’Athènes en Mer Egée et en Thrace, avec qui de nombreux différents territoriaux subsistent, notamment autour de Chypre, a vu son budget de La Défense passer de 7,5 à plus de 20 Md€, créant une situation de grande vulnérabilité pour la nation grecque.
Outre le soutien des Etats-Unis, ayant notamment abouti à la modernisation de la moitié de la flotte de F16 au standard Block 70 Vyper pour 1,6 Md$, Athènes a également entamé des discussions avec Paris pour moderniser sa flotte de surface. Initialement, les négociations portaient sur des frégates FREMM, mais elles basculèrent sur le modèle FDI, plus abordable, lorsque celui-ci fut présenté, pour au final donner lieu à la signature d’une lettre d’intention portant sur l’acquisition de 2 frégates FDI identiques à celles qui seront en service dans la Marine nationale, ainsi que de 2 navires en options, qui seraient alors construits dans les chantiers navals grecs.

Les discussions entre Paris et Athènes aboutirent récemment à la définition d’un standard commun puissamment armé, avec un canon de 76mm STRALES, 2 lanceurs quadruples pour missiles anti-navires Exocet MM40 Block 3C, 3 systèmes de silos octuples pour missiles anti-aériens Aster 15/30 (24 missiles), 1 système de silos octuple pour missiles de croisière MdCN (8 missiles), 2 canons télé-opérés de 30 mm narwhal, 2 tubes lance torpilles triples armés de Mu90, et un système Phalanx (uniquement sur les FDI grecques). Le montant du contrat global n’a pas été révélé, mais ainsi équipées, le prix unitaire de chaque FDI devrait s’établir autour de 750 M€. Des discussions seraient également entamées pour remplacer les missiles Harpoon et MM40 équipant les patrouilleurs et certaines frégates en service par des missiles MM40 Block3C. Le pays a également fait savoir qu’il devait moderniser ses avions mirage 2000-5, ainsi qu’une part significative de ses véhicules blindés.
L’Espagne et la Hongrie commandent des hélicoptères
Après avoir dû procéder au licenciement de près de 500 collaborateurs en 2017 sur son site de Marignane, Airbus Helicopter connait un regain d’activité notable depuis 2018, avec notamment une commande espagnole portant sur 23 hélicoptères moyens NH90, dont 16 en version de transport terrestres TTH assemblés en France. Quelques jours plus tard, toujours en décembre 2018, c’était au tour des forces armées Hongroises de commander 16 Hélicoptères de manoeuvre H225M Caracal à l’hélicoptériste français, parallèlement à 20 hélicoptères H145M assemblés en Allemagne, dans le cadre du programme Zrinyi 2026 pour la modernisation de ses forces.

Le Caesar au Danemark
Le Danemark n’était pas un client traditionnel pour l’industrie de Défense française, encore moins pour ses véhicules terrestres. Pourtant, en mai 2017, Copenhague commanda 15 canons automoteurs de 155mm CAESAR de Nexter pour équiper ses forces armées, pour un montant estimé à 47 m€, commande qui fut complétée en octobre 2019 par 4 exemplaires supplémentaires. Les forces danoises choisirent non pas la Caesar mis en oeuvre par l’Armée de Terre française, mais la version lourde, montée sur un châssis 8×8, disposant d’un habitacle blindé. Ces canons automoteurs sont destinés à remplacer les 32 M109 de 155mm chenillés d’origine américaine en service aujourd’hui. Si le montant de la commande n’est pas très élevé, le choix par le Danemark du Caesar démontre en revanche les qualités de cet équipement.
Ces contrats montrent la dynamique en cours en Europe, et l’image retrouvée de l’industrie de défense française vis-à-vis de ses voisins immédiats. Il existe également de nombreuses opportunités et compétitions dans lesquelles l’industrie française est aujourd’hui engagée en Europe
Suisse et Finlande : deux compétitions clés pour Dassault
Dassault Aviation est aujourd’hui le mal aimé de l’industrie de défense française sur la scène européenne, aucune force aérienne n’ayant choisi son Rafale sur le vieux continent, en dépit des excellents résultats que l’appareil a obtenu dans les évaluations techniques et objectives lors de plusieurs compétitions. Il ne reste, aujourd’hui, que deux compétitions clés pour tenter d’imposer le Rafale en Europe. La Suisse mène actuellement un programme pour remplacer simultanément ses avions légers F5 Tiger et ses chasseurs bimoteurs F18. L’offre globale n’impose pas de format de flotte précise, et la France semble déterminée à faire la meilleure offre possible à la Confédération Helvétique, tant au niveau tarifaire qu’au niveau des services associés. La Finlande, quand à elle, doit remplacer ses F18 Hornet, avec une approche extrêmement stricte et normée, Helsinki ayant déjà à plusieurs reprises rappelé à l’ordre les industriels qui tentaient des actions de lobbying trop insistantes.

Dans ces deux compétitions, le Rafale sera confronté à sa Nemesis, le F35A de Lockheed. Mais contrairement aux compétitions précédentes, ni la Finlande ni la Suisse n’appartiennent à l’OTAN, et ces pays sont très attachés à leur neutralité et leur indépendance, une notion secondaire pour le constructeur américain. En outre, pour ces deux pays, les notions de rusticité, et la configuration bimoteur, représentent un atout sécuritaire déterminant. Dés lors, alors que Dassault Aviation avait jeté l’éponge au Canada, comme il le fit en Belgique avant d’être porté par le ministère des armées, le constructeur français fait preuve d’un important engagement vis-à-vis de ces deux compétitions.
Le remplacement des sous-marins néerlandais
Naval Group est engagé contre le consortium formé par l’alliance Damen et Saab, et contre l’allemand TKMS pour le remplacement des sous-marins de la classe Walrus aux Pays-Bas. Et dans ce dossier, comme en Australie précédemment, le groupe naval français n’a rien laissé au hasard, en mettant dans la balance l’ensemble des technologies de pointes développées autours de ses programmes de sous-marins de combat. Outre le nouveau système AIP à haute performance, l’architecture innovante employée sur les Barracuda français et australiens, la capacité à mettre en oeuvre le missile de croisière à changement de milieu MdCN, il semble que Naval Group ait décidé de proposer un revêtement à base de tuiles anéchoïques, particulièrement efficace contre les sonars actifs, une technologie dont ne dispose ni Damen, ni Saab, ni l’Allemand TKMS. Dans ce dossier, Naval Group est déterminé à se battre jusqu’au bout, avec toutes les armes à sa disposition.

La Coopération Européenne comme moteur
La Coopération européenne, que ce soit entre Etats, au travers de l’OCCAR, ou via la Coopération Permanente Structurée, ou PESCO, est devenue le moteur des nouveaux programmes d’équipements de défense en Europe. Et la France s’y consacre avec énergie, que ce soit au travers des programmes de coopérations franco-allemands comme le SCAF (avec l’Espagne) le programme de char de nouvelle génération MGCS et le rapprochement entre Nexter et KMW dans KNDS, la coopération franco-italienne avec le programme Aster et le rapprochement entre Naval Group et Fincantieri, ou en participant à de nombreux programmes portés par le PESCO, comme le programme de corvette européenne, le programme de guerre électronique, ou le programme anti-missile balistique, pour ne citer que les principales dernières annonces.
Conclusion
L’industrie de Défense française a donc retrouvé des couleurs sur la scène européenne ces deux dernières années, avec plusieurs contrats d’importances signés en peu de temps, et des compétitions prometteuses en cours. Cependant, beaucoup de pays de l’OTAN continuent de privilégier les équipements d’origine américaine dans le but officiel d’obtenir une Interopérabilité plus importante avec les forces US, et le but officieux de rester dans les bonnes grâces de Washington notamment si le besoin d’un renforcement militaire se faisait ressentir. Dès lors, il ne fait aucun doute que si la France était en mesure d’assister davantage ses alliés européens, notamment dans les pays d’Europe de l’Est, par des déploiements de force plus fréquents, des mesures d’accompagnement budgétaire, et une capacité militaire globale renforcée, le discours français sur l’Europe de La Défense comme alternative à la seule protection US aurait plus de portée, et que les équipements français seraient davantage privilégiés.
Au delà des considérations budgétaires, pourtant significativement positives pour les finances publiques du pays, cet effort enverrait également un message bien plus audible aux capitales européennes, en premier lieux desquels nos voisins directs. Il semble, en revanche, illusoire d’espérer une quelconque évolution des positions de chacun tant que la France n’aura pas accepté de faire cet effort rapidement, au risque de voir l’Allemagne, doucement, mais surement, devenir l’unique référence dans ce domaine, comme elle est aujourd’hui la référence sur les aspects économiques en Europe. Rien ne s’obtient sans efforts et détermination !
La Belgique diffuse un portrait robot connu pour son futur véhicule de commandement & de liaison
Pour compléter l’acquisition des chars légers EBRC Jaguar et des transports de troupe VBMR Griffon dans le cadre du programme CaMo, signé fin 2018 avec la France, Bruxelles a publié ses attentes concernant son futur Véhicule de Commandement et de Liaison, ou VCL. Ces blindés légers, qui seront commandés à hauteur de 322 exemplaires, devront remplacés les quelques 439 LVM d’Iveco actuellement en service.
Les exigences belges sont nombreuses, et relativement contraignantes, puisque le véhicule devra avoir une masse au combat de 8,5 tonnes, avec 1,5 tonnes de charge utile, doit pouvoir recevoir un kit de blindage qui concernera 15% du parc, et devra être aérotransportable par avion A400M. 135 d’entre eux seront équipés d’une tourelle légère télé-opérée mettant en oeuvre une mitrailleuse de 7,62mm qui sera fournit par le belge FH Herstal. Les véhicules devront offrir une protection STANAG 2 contre les armes légères, et 2A contre les IED. Un budget de 124 M€ a été débloqué pour la partie « achat initiale » par Bruxelles.
Peu de véhicules répondent aujourd’hui à ce portrait robot, d’autant que Bruxelles exige que le matériel soit en service dans une force armée de l’OTAN. Selon le site FOB – Forces Operations Blog, seuls les Hawkei de Thales, Eagle V de GLDS-Mowag et LMV 2 d’Iveco y répondent. Pour autant, cette description de performances, et de pré-requis, correspond précisément au Scarabée du français Arquus, un blindé que nous avons présenté de façon détaillée il y a peu. Hormis le critère purement operationnel, le blindé léger répond parfaitement aux attentes belges, mais apporte également des fonctionnalités qui pourraient être très utiles aux forces belges, la première étant sa conception « SCORPION-Ready », le Scarabée ayant été conçu pour le programme VBAE français. Les autres fonctionnalités avancées du blindé léger d’Arquus, comme sa propulsion hybride, sa capacité à évoluer de façon autonome ou controlée, sa très grande mobilité, ou son évolutivité, en ferait un candidat idéal dans cette approche.
La Belgique ayant fait preuve d’une réelle détermination à se rapprocher du standard industriel français avec le programme CaMo, il serait certainement interessant d’évaluer rapidement le potentiel que représenterait l’accélération du programme VBAE en France, intégré au programme SCORPION, de sorte à disposer d’une gamme complète de véhicules blindés partageant le même ADN, en France comme en Belgique, dans l’esprit même du programme Camo. En outre, et comme nous l’avions évoqué dans l’article qui lui était consacré, le Scarabée possède une importante capacité à évoluer, notamment vers des fonctions compatibles avec les engagements de haute intensité, que ce soit pour la protection aérienne rapprochée, la lutte anti-char, ou la guerre électronique. Ces aspects, qui ne manqueront pas de s’imposer très rapidement dans les exigences des états-majors européens, permettraient dès lors de disposer d’un parc global homogène, simplifiant la maintenance, mais offrant une vaste panoplie de capacités opérationnelles, tout en conservant ses atouts en terme de connectivité et de mobilité.

Quoiqu’il en soit, et au delà des aspects purement mercantiles, il serait dommage de limiter la portée du programme CaMo et de la collaboration industrielle franco-belge qu’il induit, aux seuls 2 véhicules sur lesquels il porte aujourd’hui, pour une simple question de non synchronisation des calendriers de quelques années entre les programmes des deux armées. Si la France veut effectivement devenir le moteur d’une Europe de La Défense forte et autonome, elle doit aussi faire preuve de souplesse intérieure pour apporter des réponses pertinentes au moment adéquate vers ses partenaires opérationnels et industriels européens.
Pas de Destroyer Arleigh Burke pour la Marine Grecque
Quelle renversement de situation ! (sarcasme)
A l’occasion d’un point presse entre le chef d’Etat-Major adjoint de la Marine Hellénique, Nikos Tsounis, et les journalistes de la sphère défense du pays, ce dernier a précisé qu’il n’y avait aucune négociation en cours avec les Etats-Unis (version traduite ici) concernant un éventuel transfert de destroyers de la classe Arleigh Burke, comme cela avait été annoncé précédemment par certains sites spécialisés grecques. Ce dernier a ajouté que la question avait été soulevée il y a deux années, mais aucune suite n’avait été donnée, la Marine Américaine n’ayant pas l’intention de se séparer de ses destroyers Burke pour l’instant.
A l’instar de l’officier grec, on peut dés lors d’interroger sur l’origine de telles allégations, ainsi que l’objectif recherché. La proximité de temps et de thème avec les annonces faites autour du programme franco-grec FDI semble indiquer que tel était la cible de cette tentative de désinformation. Quand au but recherché, sachant que la vérité ne tarderait certainement pas à émerger, il s’agit, selon toute probabilité, d’une tentative pour créer la défiance entre les deux alliés européens, ou de créer une certaine réserve dans la population vis-à-vis des négociations en cours et des performances de la frégate FDI.

Il s’agit donc de la troisième tentative de faire échouer les négociations entre Paris et Athènes menée de Washington, après l’épisode des frégates australiennes Adélaide qui finalement n’avait pas de missile, et celui des 4 frégates MMSC à 2 Md€, qui finalement atteignait 4 Md€.

