jeudi, décembre 4, 2025
Accueil Blog Page 308

Affrontement franco-russe par presse interposée au sujet du Rafale en Inde

Avec la rencontre entre le premier Ministre indien, Narendra Modi, et le président français, Emmanuel Macron, devant se tenir à l’occasion de la fête nationale indienne le 26 janvier à N’en Delhi, les attitudes se crispent concernant une possible nouvelle commande indienne de Rafale. Cette fois, ce n’est pas un des adversaires commerciaux du consortium Rafale dans le contrat MMRCA 2 ou l’acquisition de 57 chasseurs embarqués qui est mis en cause, mais le groupe russe Suckoi, qui reste aujourd’hui le principal fournisseur de technologie de défense en Inde, avec un parc installé de 272 Su-30 MKI, position que le groupe russe entend bien ne pas céder au français.

Tout à commencé, semble-t-il, par un article dans le journal The Economic Times, comparant les deux appareils, et concluant que le Rafale, plus moderne et plus polyvalent que le Su-30MKI, avait toute les qualités pour devenir la colonne vertébrale de l’Indian Air Force. Pour y répondre, le site russe Zvezda à lui aussi publié sa propre comparaison, toute aussi subjective que la première, concluant de son coté que le Su30MKI était en bien des points superieur au Rafale, et sensiblement moins cher.

Dans les faits, cette comparaison est quelques peu stérile. Le Su30MKI est un avion dérivé du Su27 conçu dans les années 70, et même si l’appareil a de nombreuses qualités incontestables, il n’est plus en mesure d’évoluer comme peut le faire un Rafale qui, lui, n’a pas même atteint sa modernisation à mi-vie. Le standard F3R du Rafale, avec son radar AESA, son système Spectra, ses missiles MICA, Meteor ou Scalp, et sa capacité à mener des pénétration à très basse altitude et haute vitesse sur de grandes distances, ont font incontestablement un appareil exceptionnel. Quand à son prix, il faudra atteindre une éventuelle nouvelle commande indienne, et une éventuelle industrialisation en Inde, pour pouvoir comparer de manière factuelle.

Le SU30MKI est incontestablement un bon appareil, disposant d’un important rayon d’action, d’une bonne manoeuvrabilité et d’un bon radar. Il n’a cependant ni la polyvalence, ni les capacités air-sol, ni l’évolutivité du Rafale.

N’oublions pas, en outre, que le moteur M88 du Rafale a une durée de vie 3 fois supérieure à celle de l’AL31 équipant le Su30, qui devra changer ses 2 moteurs au moins deux fois durant sa vie opérationnelle. Rappelons également que lors de l’engagement entre les forces aériennes indiennes et pakistanaises l’hivers dernier, il semble que les mirage 2000 de l’IAF avaient obtenu des solutions de tir avec leurs missiles MICA alors que les Su30MKI équipés de missiles R77, pourtant sensé avoir une portée deux fois supérieure à celle du MICA, n’y étaient pas parvenus, faisant dire au premier Ministre Modi à l’issu de l’engagement que « Si l’IAF avait eu des Rafales, cet engagement se serait soldé bien différemment »….

Reste que cet affrontement par presse interposée est un nouveau signe confirmant une possible nouvelle commande de l’appareil français par l’Indian Air Force lors de la prochaine rencontre entre les deux chefs d’Etat. On peut y voir, également, une certaine opposition entre le consortium français et son partenaire indien, Anil Ambani, et le groupe d’état HAI, qui assemble les avions Sukhoi en Inde. Il intervient peu de temps après que la procédure juridique contre le contrat Rafale, menée par l’opposition indienne, et déboutée il y a quelques semaines par la cours suprême indienne.

L’OTAN sous tension aux rencontres de Londres

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’atmosphère est lourde lors des rencontres de l’OTAN se tenant à Londres aujourd’hui. Plusieurs évènements semblent en effet créer des tensions plus qu’importantes entre les alliés, allant de l’intervention turque dans le nord syrien aux déclarations du président français sur une OTAN qui faillit à prendre en main les grands dossiers du moment. Visiblement, à la vue des discussions et des déclarations qui se succèdent, il est préférable aujourd’hui d’agir de manière unilatérale et agressive contre ses propres alliés, ou d’acheter des équipements à la Russie, que de porter un jugement objectif sur les dysfonctionnements de l’Alliance…

En marge de la rencontre, le président américain Donald Trump a ainsi tenu des propos très dures et insultant envers le président français, et comme à son habitude, envers la France en général. Alors même qu’il met aujourd’hui les européens face au fait accomplie concernent la sortie du traité INF et le traité Open Sky, et qu’il n’a cessé de critiquer l’Alliance atlantique et son cout pour les Etats-Unis, voilà qu’il se fait l’apôtre du multi-lateralisme et de l’OTAN en s’offusquant des propos « dysrespéctueux » du président français, allant jusqu’à déclarer que de tous les pays européens, la France est celui qui avait le plus besoin de cette alliance. Pourquoi ? Mystère … la France étant, dans l’OTAN, le seul pays à disposer d’une dissuasion nucléaire à deux composantes entièrement nationale, et d’une industrie de Défense globale. C’est également le seul pays qui n’a aucune troupe américaine sur son sol.

Qu’elle reste ou non dans l’OTAN, la France devra renforcer sa défense pour être en mesure de peser sur le destin et la paix en Europe, comme le souhaite le président Macron

Quand aux raisons du constat lucide du président français, comme le retrait américain du nord de la Syrie abandonnant les alliés kurdes à leur sort, suivit de l’attaque menée par la Turquie dans cette région, il n’est fait aucun écho. La Turquie qui, d’ailleurs, s’offusque de voir les companies européennes « prendre de la distance » avec son pays suite à cette intervention, et qui rappelle que si elle venait à être attaquée, elle entendait bien recevoir l’aide de tous ses alliés.

Le pantomime qui se joue aujourd’hui à Londres ne fait que donner raison au président Macron dans sa perception de la trajectoire suivie aujourd’hui par l’Alliance Atlantique vis-à-vis d’une puissance américaine excessive éliminant toute notion de multilateralisme. Les attaques ad-hominem lancées par le président Trump montrent également les limites de la discussion trans-atlantique, et la promptitude et la véhémence avec laquelle Washington veut ramener dans le rang une tête qui dépasse de trop. Une chose est certaine, s’il voulait créer un élan en France pour quitter l’OTAN, et par la même, entamer une coopération plus avancée avec Moscou dans l’optique de créer une puissance européenne indépendante de Washington comme de Pékin, il ne pouvait mieux s’y prendre. Si le européens persistent à vouloir déléguer leur défense à Washington, il sera en effet peut-être nécessaire pour Paris de revenir à une tradition pour gaullienne, avec la capacité à « choisir ses guerres, et les gagner ».

A noter que concomitamment, le chef du parti travailliste britannique jeremy Corbin, s’exprimant dans le cadre de la campagne en cours pour les élection à venir, a déclaré être en accord avec les propos tenus par le président français au sujet de l’OTAN.

Force maritime d’auto-défense japonaise : esquisse d’une refonte des Izumo en porte-avions CATOBAR ?

Une photographie diffusée sur Twitter d’une présentation estampillée General Atomics Electromagnetic (Systems) représente la silhouette du destroyer porte-hélicoptères JS Izumo (2015) converti en porte-avions CATOBAR (Catapult Assisted Take-Off Barrier Arrested Recovery). La diffusion d’un tel cliché participerait à la communication stratégique de la Force Maritime d’Auto-défense Japonaise (Kaijō Jieitai) afin de conforter l’actuel programme de refonte (2019 – 2024) de la classe Izumo mais également de préparer la prochaine échéance aéronavale du pays du Soleil levant : un programme de porte-avions CATOBAR.

Vladimir Poutine trace la trajectoire pour la modernisation de la Marine Russe dans les années à venir

A l’occasion des 14ème rencontres de La Défense, se tenant à Sochi, le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, a défini les axes principaux pour la modernisation de la Marine russe dans les années à venir, venant s’inscrire dans la loi de programmation actuelle de 2019 à 2027. Lors de la précédentes périodes, la Marine russe avaient été quelques peu délaissées, les investissements ayant été concentrés sur la construction de patrouilleurs et corvettes légères lance-missiles, de sous-marins 636.3 Improved Kilo, du developpement du programme Borei et du missile stratégique Bulava. Avec la disparition du traité INF, la Russie aura moins recours à cette flotte de bâtiments légers pour mettre en oeuvre le missile de croisière Kalibr, le traité interdisait l’utilisation de ce type de missiles sur des lanceurs terrestres. En outre, la modernisation des chantiers navals russes ayant été menée à son terme, le pays est désormais capable de produire à nouveau des unités de plus gros tonnage.

Généralisation du Missile hypersonique 3M22 Tzirkon

Le premier axe fort définit par le président russe repose, sans surprise, sur la généralisation du missile anti-navires Tzirkon sur le plus grand nombre possible de navires de combat : frégates, corvettes, sous-marins et batteries côtières. Avec une portée de plus de 1000 km, et une vitesse de Mach 9, le Tzirkhon est aujourd’hui virtuellement hors de portée de tous les systèmes de protection anti-missiles des marines occidentales, à l’exception des systèmes de brouillage. En outre, le missile a été conçu pour être mis en oeuvre par le même silo de lancement que ceux employés pour les missiles de croisière Kalibr ou les missiles antinavires supersoniques Onyx, qui équipent désormais de nombreux navires russes en service ou en construction.

Le missile 3M22 Tzirkon offre un avantage tactique important aux unités de la Marine Russe

Les navires plus anciens, comme les croiseurs Kirov et Slava, et les destroyers Udaloy, recevront cette capacité lors de leur modernisation. Comme nous l’avions déjà évoqué, l’avantage tactique et technologique de ce missile aujourd’hui est à ce point important qu’il représente, en quelque sorte, un élément participant à renforcer l’avantage stratégique dont dispose la Russie.

Construction de frégates modernes en nombre

Après avoir lancé plusieurs programmes de corvettes et de patrouilleurs lance-missiles, comme les programmes 2038x, les Karakurt et les Buyan-M, la priorité est désormais donné à la construction d’une flotte de frégates, des bâtiments jaugeant entre 4000 et 9000 tonnes, ayant des capacités étendues, notamment en haute mer. De fait, cet accentuation de l’effort portera sur les 8 frégates Admiral Gorshkov commandées, dont 2 sont déjà livrées, et le programme 20350-M Super Gorshkov, version allongée de la précédente, atteignant 8000 tonnes selon les informations disponibles, et équipées de 48 silos de lancement longs (missiles Kalibr, Tzirkon Ony) , contre 24/32 pour les Gorshkov.

la Marine Russe a commandé 8 frégates de la classe Gorshkov et 12 de la classe Super Gorshkov

Ce programme prévoit de commander 12 de ces frégates lourdes et très bien armées, pour remplacer les destroyers de la classe Sovremenie, dont 11 lors de la GPV 2019-2027. Il n’est pas fait référence, pour l’heure, au lancement des travaux concernant le destroyer lourd de la classe Lider, un navire destiné à prendre la relève des Udaloy, ainsi que, dans un second temps, des croiseurs Kirov et Slava. Selon les informations disponibles, les études concernant cette classe ne seront pas entamées avant 2024/2025.

La flotte sous-marine

Pour Vladimir Poutine, la flotte sous-marine russe doit faire l’objet d’un effort de modernisation accentué au cours des années à venir. Cet effort ce traduira par la livraison des nouveaux sous-marins nucléaires lanceur d’engin Borei-A, transportant 20 missiles stratégiques Bulava chacun, et 10 nouveaux sous-marins à propulsion conventionnelle du projet 636.3 Improved Kilo (+2 déjà lancés), portant la flotte à 18, et destinés à renforcer la flotte du Pacifique (6 unités) et la flotte de la Baltique (6 unités), et de 7 sous-marins nucléaire d’attaque du programme 885/885M Yasen, s’ajoutant aux 2 unités en cours de livraison.

Les SNA de la classe Yasen représentent la nouvelle génération de sous-marins d’attaque à propulsion néculéaire russes

Chaque navire est destinée à remplacer des navires plus anciens, les SNLE de la classe Delta III/IV pour les Borei-A, les SSK de la classe Kilo (projet 877) pour les Improved Kilo, et les SNA Sierra II et Victor III pour les Yasen. Il est par ailleurs probable que les études concernant la future classe de SNA/SSGN Husky démarrent durant cette période. On ignore en revanche si un nouveau programme de sous-marins à propulsion conventionnelle ou anaérobies est envisagé, sachant que la classe Lada s’est montrée très peu convaincante.

Construction de deux navires porte-hélicoptères d’assaut

Enfin, le président Russe a confirmé la construction de deux porte-hélicoptères d’assaut. Nous avions déjà évoqué cette hypothèse il y a quelques semaines. Les navires seront très probablement construits en Crimée, dans les chantiers de Kerch, qui disposent désormais de cette capacité. Les navires de 15.000 tonnes sont attendus pour la fin de la GPV 2019-2027, et pourront mettre en oeuvre 16 hélicoptères et transporter un régiment d’infanterie de marine de 1000 hommes, avec leurs équipements roulants. Ces navires viendront renforcer les 2 LST de la classe Ivan Grene déjà en service, et les 2 nouveaux LST dont la construction a été annoncée en juillet.

Conclusion

Le format et les indications données par Vladimir Poutine donnent corps à plusieurs informations qui, jusque là, restaient des hypothèses non confirmées, comme la construction de deux LHD. On peut également entrevoir la stratégie navale russe dans les années à venir, basées sur n points :

  • prédominance de la dimension défensive avec une faible composante de projection de force (pas de porte-avions, uniquement 2 LHD)
  • capacité à harceler les opérations océaniques de l’adversaire, en l’occurence l’OTAN, grâce à sa flotte sous-marine, et la modernisation de ses bombardiers à long rayon d’action Backfire dans un schéma tactique rappelant celui employé par l’amiral Gorshkov pour l »Union Soviétique
  • capacité à interdire l’accès en Mer Noire, Baltique, Caspienne et Mer blanche
  • capacité à mener des opérations limitées de projection de puissance, à proximité des infrastructures nationales (Méditerannée orientale, golfe persique, mer du nord, mer de Barentz)

Contrairement à la Chine, la Russie ne cherche donc pas à défier la puissance navale occidentale, dans ce qui serait un combat perdu d’avance, même avec l’avantage du missile Tzirkon. En revanche, elle développe son outil naval pour prendre l’avantage dans des zones définies, et sorte à pouvoir entraver les mouvements de l’adversaire, et profiter de cette liberté de mouvement, notamment en déplaçant des forces grâce à sa nouvelle composante de projection, tout en étendant la menace portée par les missiles de croisières Kalibr sur l’ensemble de l’Europe, du Moyen-Orient et des principaux alliés occidentaux dans le Pacifique.

Depuis sa prise de fonction en 2012, le général V.Gerasimov, Chef d’Etat-Major des armées russes, a développé une stratégie basée sur l’exploitation des faiblesses de l’adversaire

Cette stratégie est, en fait, très cohérente avec la stratégie globale employée par la Russie depuis une dizaine d’années et l’arrivée du général Gerazimov au poste de chef d’Etat-Major, basée sur des positions fortes bien défendues donnant un avantage tactique significatif, et l’utilisation de technologies exploitant les faiblesses de l’adversaire, plutôt que de tenter de le défier sur l’ensemble du spectre :

  • A quelques exceptions prés, les forces navales occidentales, en Europe et outre-Atlantique, ont largement négligé leurs compétences en matière de lutte anti-sous-marine, d’ou la prédominance des sous-marins
  • le Tzirkhon est aujourd’hui hors de portée des systèmes antimissiles occidentaux, d’ou sa généralisation
  • Les frégates sont bien adaptées à une défense en mer fermée et en zone semi-côtière, et permettent à moindre frais de déployer des systèmes de déni d’accès rapidement, d’ou l’accent mis sur ces navires
  • le contrôle des mers fermées permet d’y déplacer des forces grâce à des navires amphibies pour optimiser l’efficacité de la Manoeuvre, d’ou les LHD

Il faut le reconnaitre, cette vision présentée par le président russe, ne manque pas de cohérence !

Maj 03/11 : le site redsamovar consacre une analyse détaillée à ce sujet.

La Russie développerait un système anti-aérien Pantsir robotisé

Selon le site d’information russe Izvestia, les autorités militaires du pays auraient commandé un système entièrement automatisé de défense anti-aérienne et anti-missile basé sur le système « Pantsir » en service dans les forces russes. Ce « Pantsir autonome » aura une tranche tactique entièrement automatisée, controlée par l’échelon tactique via une liaison de donnée sécurisée. A ce titre, les systèmes Pantsir, comme les TOR, Buk, S300/350/400 sont tous interconnectés dans les forces russes, et échangent nativement leurs données de détection et d’engagement ainsi que celles en provenance des aéronefs d’alerte aérienne comme le Beriev A50, pour assurer une défense anti-aérienne et anti-missile multi-couche efficace.

En éliminant le facteur humain, les ingénieurs russes veulent « éliminer un risque », tant pour les personnels que pour la conduite de mission. Ils considèrent en effet que les technologies actuellement en service, comme les missiles à sous-munition, et celles en developpement, comme les essaims de drones, vont représenter un niveau de risque très élevé pour les forces et les systèmes chargés de les protéger, qui seront visés en priorité. En outre, cela élimine les limitations humaines, que ce soit en terme de température, d’environnement contaminé, ou de résistance à la fatigue. Enfin, les délais de réactions entre la détection, l’identification et l’engagement/destruction de la cible seront réduits.

Le système Pantsir S1 a été déployé simultanément aux premières troupes russes en Syrie, pour assurer la protection anti-aérienne et anti-missile rapprochée des forces et infrastructures.

Dans la présentation faite du système par Izvestia, il est clair que le système détermine lui-même les cibles à engager, et l’ordre d’engagement. Le controle humain se limite à déterminer des « règles d’engagement » comme un secteur, des codes d’identification, etc.. Malheureusement, cette méthode, déjà mise en oeuvre notamment au niveau du système Aegis américain, a montré ses limites, lorsque le système a confondu un airbus iranien avec un missile en 1988, tuant 290 personnes dont 66 enfants.

Pour l’heure, seules les études préalables ont été menées, et aucune date d’entrée en service n’a été annoncée par les autorités russes. La décision de ce developpement a été prise suite à l’observation de la multiplication des menaces auxquelles doivent désormais faire face les systèmes anti-aériens de protection rapprochée, notamment en Syrie, où la base aérienne de Khmeimim et le port de Tartous, où sont déployées les forces russes, ont à plusieurs reprises fait l’objet d’attaques de saturation par drones et roquettes. Pour les seules deux premières années d’engagement, les Pantsir russes déployés en Syrie auraient abattus 54 roquettes et 16 drones, notamment au cours de deux attaques massives simultanées contre les installations de Khmeimim.

Un Su35 sur la piste de la base aérienne de Khmeimim en Syrie. La base a subit plusieurs attaques à la roquette et par des drones suicides.

A noter toutefois que plusieurs sources indiquaient en 2018 que les Pantsir avaient rencontré d’importantes difficultés en Syrie, notamment pour détecter les drones ennemies. De même, les chiffres avancés dans l’article russe concernant la destruction de 71 des 103 missiles de croisière lancés contre les installations chimiques Syriennes en avril 2018 sont très contestables, d’une part du fait du démenti apporté par les autorités militaires françaises, britanniques et américaines pour qui « tous les missiles auraient atteint leurs cibles« , et par la constatation des destructions effectives sur les cibles après les frappes sur les photos satellites publiées après les frappes. La Russie a également annoncé le developpement d’une nouvelle version du Pantsir aux performances accrues, le Pantsir-SM.

Armada española : accord sur le financement des études détaillées des cinq frégates F-110

Le 29 novembre 2019, le gouvernement espagnol s’engageait auprès de la société de construction navale Navantia à lui fournir une solution de financement à un taux d’intérêt préférentiel avec remboursement différé au profit des études détaillées du programme Fragata F-110 (Frégate F-110) destiné à remplacer les frégates F-80 ou classe Santa María. Ces études détaillées, d’une durée d’une année, sont la dernière étape avant la mise sur cale de la première unité. Les frégates F-110 avec les sous-marins S-80 Plus achèveront la modernisation de l’Armada española (marine espagnole) débutée au cours des années 1990.

Pour Varsovie, l’avenir de la Défense européenne passe par Washington

Le site d’information de Défense américain Defensenews.com a demandé à plusieurs personnalités de l’environnement défense occidental d’exprimer leur vision et leurs attentes concernant la décennie à venir. Parmi eux figure le ministre polonais de La Défense, Mariusz Błaszczak, et les positions qu’il a exprimées, ainsi que les objectifs annoncés, sont en contradiction profonde avec la vision proposée par le président Français depuis quelques semaines.

Rappelons que si traditionnellement, la France prêche pour le renforcement de l’autonomie stratégique européenne et pour réduire la dépendance technologique et opérationnelle vis-à-vis des Etats-Unis, le président français, Emmanuel Macron, a clairement durcit son discours en appelant à une prise en main, par les européens, de leurs problématiques de défense, en Europe et alentour. Selon lui, il est dangereux de déléguer à Washington les clés de La Défense européenne, car l’agenda de la Maison Blanche peut sensiblement divergé de celui des nations européennes.

La Pologne a commandé 2 batteries de missiles Patriot-PAC3 en 2018 aux Etats-Unis pour un montant de 5 Md$

Il semble, en revanche, que les positions polonaises soient toute autre. En effet, Mariusz Błaszczak a clairement définit la feuille de route de Varsovie pour la prochaine décennie dans le domaine de La Défense, et cette route passe par les Etats-Unis. Ainsi, le ministre polonais n’a pas une seule fois fait référence à l’Europe de La Défense dans sa lettre, alors qu’il cite 5 fois l’OTAN, et 6 fois les Etats-Unis ou leurs forces. L’objectif principal annoncé est de répondre à l’ensemble des exigences de Washington pour favoriser le rapprochement militaire entre les deux pays. Ainsi, Varsovie consacrera plus de 2,5% de son PIB à La Défense en 2030, contre 2% aujourd’hui, augmentera le format de ses forces en créant notamment une 4eme division mécanisée, et surtout, envisagera d’acheter des équipements américains. On peut noter ainsi que le seul équipement nommé dans ce document est le F35 de Lockheed.

Au delà des questions purement liées à La Défense elle-même, les positions du gouvernement polonais s’expliquent par deux facteurs : le Brexit et les tensions germano-américaines. En effet, il semble que Varsovie ait décidé de se positionner comme le favoris de Washington dans l’Union européenne, rôle jusqu’ici tenu par Londres, et qui souvent entraina des blocages et des difficultés institutionnelles à Bruxelles. On ne s’étonne pas, dès lors, de voir la Pologne parmi les plus fervents défenseurs d’une ouverture du PESCO aux entreprises de défense américaines. Mais les ambitions polonaises vont au delà, et tentant de ravir la position centrale dans l’OTAN que tenait jusqu’ici l’Allemagne, prétextant les tensions commerciales qui opposent aujourd’hui Washington et Berlin, et le manque d’investissement allemand au niveau des dépenses de défense, vivement critiquée par le Président Trump. En outre, la Pologne considère que sa position géographique, au contact avec la Biélorussie et l’Ukraine, et jouxtant l’enclave de Kaliningrad, justifie d’y concentrer une grande partie des forces américaines positionnées en Europe.

La Pologne a récemment inauguré le lancement de son système AEGIS terrestre

Ces positions polonaises s’expliquent par plusieurs facteurs. Du point de vue de la défense, Varsovie et Moscou restent très antagonistes, et la Pologne est aujourd’hui en pointe en Europe pour porter le message de la menace que représente les armées russes pour l’Europe de l’Est. En outre, la Pologne escompte être récompensé de la loyauté dont elle fait preuve vis-à-vis des Etats-Unis, notamment sur le plan économique. Enfin, on remarque que le gouvernement polonais du président Andrzej Duda a, à de nombreuses reprises, exprimé son hostilité vis-à-vis de l’Union européenne, en raison notamment des critiques menées par cette dernière sur certaines mesures anti-démocratiques prises par les autorités polonaises. Dans ce domaine, le soutien des Etats-Unis serait donc de nature à infléchir les positions de Bruxelles.

Quoiqu’il en soit, il semble clair que la Pologne ne se destine pas à jouer la carte de l’Europe de La Défense. Elle n’est d’ailleurs pas la seule, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe. Le président français devra, dès Los, montrer bien plus que de la persuasion pour parvenir à amener certains pays européens à prendre des positions plus européennes et moins « atlantistes » qu’aujourd’hui. Mais la tache sera difficile, et nombreux sont ceux qui la juge même impossible. Une chose est certaine, la France devra faire la démonstration flagrante de l’intérêt des positions qu’elle défend, pour espérer entamer une processus de changement. Et cela nécessitera un renforcement sensible de ses forces armées, et de son industrie de Défense.

L’Allemagne va-t-elle décrocher la France en terme de budget de défense ?

Après de nombreux atermoiements, le Budget 2020 allemand a été présenté au Bundestag le 29 novembre par le ministre des finances, le très conservateur Olaf Scholtz du parti social démocrate SPD. Il prévoit d’amener le budget consacré à la Défense du pays à 45 Md€, à comparer aux 32,4 Md€ en 2014. Si le pays s’est désolidarisé de l’objectif des 2% du PIB en 2025, il reste déterminé à atteindre ce seuil en 2030, ce qui représentera, alors, un montant de plus de 90 Md€. De son coté, le budget des armées françaises est passé de 31 à 37,5 Md€ sur la même période, mais ce montant n’intègre pas les couts liés aux pensions, alors qu’il l’est dans le budget allemand. A périmètre égal, le budget consacré effectivement à l’effort de Défense en Allemagne et en France sera en 2020, comme il l’a été depuis le réarmement allemand au début des années 50, sensiblement similaire.

Mais cette situation ne semble pas destinée à perdurer longtemps. En effet, si l’objectif allemand est d’atteindre un budget de 55 Md€ en 2025, soit 1,5% du PIB, le même que celui visé par la Loi de Programmation Militaire 2019-2025 française, visant les 2% de PIB et les 50 Md€, plusieurs facteurs menaces cet équilibre indispensable pour la stabilité des puissances en Europe. Ainsi, pour atteindre l’objectif visé par la France, la LPM prévoit une augmentation du budget de 1,7 Md€ par an jusqu’en 2023, soit sur la durée du mandat présidentiel actuel, avant de passer à une augmentation de 3 Md€ en 2024 et 2025. Beaucoup se sont donc interrogés, à juste titre, sur les chances effectives de voir cette LPM respectée jusqu’à son terme, par un éventuel nouveau gouvernement arrivant à Matignon suite à l’élection présidentielle de 2022.

Le VCI Puma de la BundesWehr

En outre, rien ne semble indiquer que la France cherchera à dépasser cet objectif des 2%, présenté politiquement comme le niveau optimal entre effort de défense et soutenabilité économique. Or, le PIB de l’Allemagne, et ses 83 millions d’habitants, est aujourd’hui de 3.700 Md$, soit 35% de plus que celui de la France de 2,600 Md$ pour une population de 67 millions d’habitants. De même, 2% du PIB français représente aujourd’hui 52 Md$ là ou il représente 74 Md$ pour l’Allemagne. De fait, pour conserver cet équilibre considéré comme un des piliers de la paix et la sécurité en Europe, la France devrait amener son budget des armées à 2,7% de son PIB, et non 2% comme visé aujourd’hui.

A noter également que si l’Allemagne amenait son budget défense effectivement à 2% de son PIB, et la France à celui de 2,7% de son PIB en 2030, les deux pays disposeraient, en 2030, d’un budget consacré à la Défense de plus de 180 Md$, soit le second budget Défense au monde aujourd’hui, et probablement le 3ème en 2030, en tenant compte de la hausse régulière du budget chinois. Cela permettrait d’augmenter sensiblement les investissements en matière d’équipements, et de constituer un pilier européen suffisant pour neutraliser toutes les menaces sur le continent, y compris de la part de la Russie, sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à un déploiement de force américain.

Les forces allemandes et françaises ne sont par conçues avec la même finalité. Là ou l’Allemagne vise une stature défensive essentiellement européenne, la France a développé d’importants moyens de projection de forces, faisant des deux pays des forces complémentaires.

En revanche, si la France devait accepter de se laisser distancer en matière d’effort de Défense et de rester au niveau des 2% de PIB, ce serait Berlin qui s’imposerait seule comme le pilier européen de la Défense du continent. Cette objectif est clairement annoncé par certains membres de la classe politique outre-Rhin, et par une partie de son industrie de Défense. Cependant, en l’absence de volet stratégique, l’Allemagne sera toujours contrainte de s’adosser à la protection stratégique US. De fait, ce qui pouvait devenir un formidable élan pour construire une Europe forte et autonome au service d’un apaisement des tensions sur le continent, s’avérerait n’être qu’un amplificateur de tensions.

Comme nous l’avons plusieurs fois évoqué ici, l’effort de Défense français conditionne aujourd’hui bien plus que la sécurité du pays. Comme en 1938, il conditionne la stabilité de l’ensemble de la zone Europe. Il semble vain, aujourd’hui, de prêcher pour une unité européenne en matière de Défense si, dans le même temps, le Pays ne montre pas un investissement important en faveur de cet objectif.

Naval Group dégaine une technologie exclusive pour s’imposer aux Pays-Bas

Publié initialement le 28 Novembre 2019

Le directeur des relations avec la presse de la société Naval group, M. Emmanuel Gaudez, annonce sur Twitter que l’entreprise dévoile sa stratégie industrielle à l’occasion du salon de défense NEDS à Rotterdam. L’élément significatif de l’annonce réside dans l’image de synthèse qui l’accompagne : le sous-marin proposé à la marine hollandaise. L’entreprise française refait le « coup » du programme SEA 1000 (Australie) : la coque est intégralement recouverte de tuiles anéchoïques, une technologique qu’aucun des concurrents ne peut proposer. Naval group joue-t-il son va-tout pour emporter ce marché ?

Les avions d’entrainement et d’attaque modernes

Pendant près de 3 décennies, après la fin de la guerre froide, la majorité des forces aériennes mondiales restèrent dans un format technologique relativement figé, et la déflation des effectifs et des formats était de rigueur. De fait, le besoin de modernisation des flottes d’avions d’entrainement avancé, servant à former les personnel naviguant avant de passer sur avions d’armes, passait au second plan, les Etats-Majors faisant leur possible pour préserver leurs flottes de combat avant toute chose. En outre, les réductions de format, souvent lié au non remplacement de materiels obsolètes, apparaissaient moins importantes que le maintient de fondamentaux économiques, d’autant que deux crises majeurs ont frappé l’occident en 2008 et 2012.

Avec le retour des tensions internationales, à partir de 2013, et l’émergence d’une nouvelle course aux armements, de nombreux pays révisèrent leurs positions, ouvrant un important marché concernant les avions d’entrainement et d’attaque légers. Pour certaines forces aériennes, il s’agit avant tout de former ses équipages sur des appareils disposants d’un environnement de pilotage et de capacités proches de ceux des avions d’arme, pour d’autres, ces appareils constituent un complément de force non négligeable, d’autant qu’ils apportent parfois des performances significatives. Faisons un tour d’horizon de ces appareils.

Aero L-159 Alca – Republique Tchèque

Durant la guerre froide, la firme tchécoslovaque Aéro Vodochody livra plus de 6000 avions d’entrainement et d’attaque L-29 Delphin (3500 ex) et L-39 Albatros (2500 ex) aux membres du Pacte de Varsovie et à ses alliés. Après l’effondrement du bloc soviétique, l’entreprise perdit ses marchés d’état captifs, et plus de 80% de ses commandes annuels. Pour revenir sur ce marché, elle présenta en 1997 le L-159 Alca, un monomoteur de 8 tonnes biplace spécialisé dans l’entrainement avancé et l’appuis au sol, et disposant d’un cockpit et d’une avionique moderne.

Son aile droite et l’absence de post-combustion limite l’appareil au vol subsonique, mais il peut emporter de nombreux armements dont le missile AIM-9M Sidewinder, l’IRIS-T et l’ASRAMM pour le combat aérien rapproché, ainsi que diverses bombes guidées et des missiles AGM-65 Maverik et AGM-88 Harm pour les frappes au sol. Malgré son prix unitaire inférieur à 10 m$, il n’a été commandé que par la République tchèque (24 ex) et l’Irak (14 ex). L’appareil a également été acquis par la société américaine Draken International à 21 exemplaires, le L-159 étant destiné simuler des appareils adverses dans le cadre de l’entraînement des pilotes de l’US Air Force.

Leonardo M-346 Master – Italie

En 1993, la Russie et l’Italie entamèrent un programme en coopération pour le remplacement des avions d’entrainement avancé L-39 Albatros russes et les MB-339 italiens, mais qui prit fin en 1999 pour donner naissance au Yak-130 coté russe, et au M-346 Master coté italien, ceci expliquant les similitudes entre les deux appareils. D’une masse maximum au décollage de 10 tonnes pour une masse à vide de 4,6 tonnes, l’appareil d’Aermacchi est propulsé par deux turboréacteurs F124-GA200 d’Honeywell sans postcombustion délivrant 2850 Kg de poussé chacun.

Grace à son aile en flèche, le M-346 peut atteindre Mach 1,15 en léger piqué, et grimper jusqu’à 13500 m d’altitude. L’appareil peut emporter divers types d’armement, dont des missiles air-air courte portée (Sidewinder, Iris-T), des missiles air-sol (Marte ER, Brimstone), des bombes lisses et guidées, et des réservoires supplémentaires sur 5 points d’emports. Malgré son prix élevé de 20 m$, il a déjà été commandé à 76 exemplaires par 4 forces aériennes : Italie (15), Israel (30), Pologne (16) et Singapour(12).

Yakovlev Yak-130 – Russie

Conçu pour former les équipages au pilotage des nouveaux appareils entrant en service dans les forces aériennes russes, comme le chasseur Su-35s, le bombardier Su-34 et le nouveau chasseur furtif Su-57, le Yak-130 est issu du même ADN que le M-356. Il fit son premier vol en 1996, mais il devint rapidement évident que les objectifs des deux constructeurs russes et italiens divergeaient grandement. La coopération prit fin en 1999. En 2002, la Russie commanda son premier lot de Yak-130, estimant son besoin à 300 exemplaires. Depuis son entrée en service en 2009, les forces aeriennes russes reçoivent une dizaine de Yak-130 supplémentaires chaque année.

Propulsé par deux turboréacteur Ivchenko Progress AI-222-25 de 2450 kg de poussé sans post-combustion, l’appareil russe a des performances très proches de celle de l’italien, avec une vitesse maximum de l’ordre de Mach 1,1, un plafond de 12,500m et une masse max au décollage de 10250 kg. Il dispose de 9 points d’emport pouvant recevoir différents types d’armement air-air et air-sol. Avec un prix de vente estimé à 15m$, le Yak-130 a rencontré un vrais succès à l’exportation, 6 forces aériennes ayant commandé l’appareil : Algérie (16), Bangladesh(16), Biélorussie(12), Laos (10), Myanmar (12), Syrie (36). La Russie quand à elle en met en oeuvre prés de 80 exemplaires aujourd’hui.

Kai T-50 Golden Eagle – Corée du Sud

Conçu à la fin des années 90, le Golden Eagle du sud-coréen Kai a effectué son premier vol en 2002, et est entré en service en 2005. L’appareil se présente sous la forme d’un monomoteur propulsé par un réacteur F404 de General Electric (celui la même qui équipe les F18 Hornet), délivrant une poussée de de 53 KN à sec, et de 79 Kn en post-combustion. Ainsi paré, l’avion de 6,5 tonnes à vide, 12 tonnes en charge maximum, dépasse les Mach 1,3 en palier à 10.000 m, et atteint un plafond de 14500 m. Le T-50 est proposé en 3 versions biplaces : le T-50 d’entrainement avancé (21 m$), le TA-50 d’attaque au sol (25 m$) et le FA-50, un chasseur multirole léger (30m$).

Les équipements embarqués diffèrent selon les versions, comme les capacités d’emport d’armement. Ainsi, le T-50 est équipé du radar APG-67, alors que le TA-50 est équipé du radar Elta El/M-2032, et que le FA-50 emploi une version modifiée Doppler à impulsion de ce même radar, permettant le tir de missiles AIM120 AMRAAM au delà de la portée visuelle. Il peut en outre mettre en oeuvre un grand nombre de munitions sur ses 7 points d’emport. L’appareil est en service dans 5 forces aériennes : La Corée du Sud (50 T-50, 10 T-50B, 22 TA-50 et 60 FA-50), l’Indonésie (16 T-50), l’Irak (24 FA-50), les Philippines (12 FA-50) et la Thaïlande (12 T-50). La Bulgarie a récemment signifié son intérêt pour l’appareil.

Hongdu L-15 – Rep. Populaire de Chine

Entré en service en 2006, le L-15 est le nouvel appareil d’entrainement avancé des forces aériennes chinoises. Il effectua son premier vol en 2003, montrant un haut niveau de performances. L’appareil de 9,8 tonnes max au décollage pour 4,5 tonnes à vide, est propulsé par deux turboréacteurs Ivchenko Progress AI-222K-25 (version export du moteur propulsant le Yak-130), et atteint une vitesse maximale de Mach 1,4 et un plafond de 16.000 m selon les autorités chinoises (cela semble toutefois légèrement exagéré).

Beaucoup plus performant que le JL-9 aussi en service dans les forces aériennes chinoises, il est également sensiblement plus cher, son prix étant estimé entre 12 et 15 m$. De fait, il a été commandé en quantité plus limitée, puisqu’on estime à une centaine le nombre d’appareils en service dans les forces aériennes chinoises, et 40 dans les forces aéronavales, aux cotés du JL-10. La Zambie aurait également commandé en 2014 18 exemplaires, livrés en 2017. Le L-15 est proposé à d’autres pays, dont l’Ukraine, l’Uruguay et le Pakistan.

AIDC T-5 Brave Eagle – Taïwan

En septembre 2019, les autorités de Taiwan présentèrent le T-5 Yung-ying (Aigle Courageux), un appareil d’entrainement avancé dérivé du chasseur F-CK-1 du constructeur local AIDC, souvent présenté comme un « F16 biréacteur ». Face à la montée en puissance de la menace que Pekin fait peser sur l’ile, les autorités annoncérent avoir commandé 66 exemplaires du nouvel avion, destiné a assurer les missions d’entrainement avancés des équipages de la force aérienne taïwanaise, ainsi que de renforcer, le cas échéant, la flotte de chasse du pays en cas d’attaque, le tout pour 2,2 Md$.

Les performances exactes et la configuration du T-5 restent encore confidentielles, mais il fait peu de doute qu’elle seront dans le haut du spectre, dépassant probablement celles du FA-50 sud-coréen, de sorte à pouvoir se confronter aux J-10C et autres J-11 chinois si besoin.

Boeing/Saab T-7 Red Hawk T-X – Etats-Unis / Suède

En septembre 2018, l’US Air Force attribuait à Boeing et son partenaire suédois Saab le très disputé contrat T-X pour le remplacement des T-38 Talon servant à la formation avancée des pilotes américains (et de nombre de leurs alliés). Pour remporter la mise, la firme de Seattle s’est engagée à livrer 351 appareils, ainsi que 46 simulateurs, dans une enveloppe de 9,2 Md$.

L’appareil, qui prendra la dénomination T-7A Red Hawk, en hommage à l’escadron des Red Tails, composé de pilotes afro-américains, qui s’illustra durant la seconde guerre mondiale, sera propulsé par un turboréacteur F404 (comme le T-50), lui permettant d’atteindre une vitesse de Mach 1,1 et un plafond de plus de 15.000 m. Son cockpit et son avionique ont été conçus pour reproduire l’environnement de vol du F35A. Contrairement aux autres appareils hautes performances de ce panel, l’US Air Force n’envisage pas d’utiliser le T-7 pour d’autres missions que l’entrainement avancé.

Conclusion

On le constate, pour de nombreuses forces aériennes, et notamment pour celles des 3 grandes puissances militaires mondiales (Etats-Unis, Chine, Russie), l’entrée en service de nouveaux appareils aux performances accrues, a entrainé le developpement d’une nouvelle génération d’appareils d’entrainement reproduisants ces performances, afin de préparer au mieux les pilotes à ce nouvel environnement. On constate également la dramatique absence de la Grande-Bretagne et de la France dans ce panel, alors qu’avec le BAe Hawk, et le Dassault/Dornier Alpha-Jet (et le Fouga Magister/zephyr avant lui), ces pays avaient su se tailler la part du lion dans le domaine des avions d’entrainement avancé.

Inutile de chercher bien loin les raisons de cela, puisque les forces aériennes européennes aujourd’hui sont soit formées aux Etats-Unis, soit sur des appareils comme le PC-21 de Pilatus, qui disposent certes d’un cockpit moderne, mais dont les performances, en terme de vitesse, de plafond, de capacité d’emport d’armement, et même d’avionique embarquée, sont sans rapport avec les avions d’armes. En outre, Alpha-jet et Hawk permettaient également aux pilotes en unités de combat de compléter leur formation et leur entrainement sur un appareil plus disponible, et moins cher, que l’avion d’arme lui même.

Il est difficile de croire qu’une formation sur Grob et PC-21 apporte un quelconque bénéfice vis-à-vis d’une formation sur TB-30 Epsilon et Alpha-Jet, nonobstant l’écart de génération des appareils eux mêmes en terme d’avionique. Comme toujours, les arbitrages budgétaires ont eu raison d’une procédure qui avait formé des pilotes d’exception, français et étrangers, pendant des décennies. Il ne faut guère s’étonner de voir, dès lors, la majorité des forces aériennes européennes, y compris l’aeronautique navale française, préférer le cursus américain à celui de l’Armée de l’Air. C’est aussi ça, le déclassement …