lundi, décembre 8, 2025
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Le nouveau chasseur furtif embarqué chinois a effectué son premier vol

La machine industrielle et technologique chinoise semble avoir atteint, désormais, son rythme optimal, tant les annonces et découvertes se succèdent à un rythme effréné depuis quelques mois. A peine quelques jours après que la nouvelle variante biplace du chasseur de 5ème génération J-20 ait été observée lors de test de roulage, et qu’un test de système de bombardement orbital fractionné ait mis en émoi la communauté défense américaine, voilà qu’un cliché montrant le premier vol du nouveau chasseur furtif embarqué des Forces Navales de l’Armée Populaire de Libération a été diffusé sur les reseaux sociaux chinois, levant toute ambiguïté sur l’état d’avancement du programme.

Le cliché montrant le nouveau chasseur chinois, désigné temporairement J-35 faute de nom officiel, est également le premier à montrer effectivement l’appareil. Comme on s’y attendait, l’appareil est clairement dérivé du FC-31 Gyrfalcon du constructeur Shenyang, dont il reprend l’aspect et la configuration générale. L’appareil bimoteur dispose d’une configuration comparable à celle du F-22, avec des ailes triangulaires en diamant, deux plans horizontaux arrières et deux empennages inclinés. Contrairement au J-20, il ne dispose pas de plans canards, les plans horizontaux remplissant la fonction de controle de la profondeur. On observe également le train d’atterrissage sur le cliché, une procédure somme toute classique lors des premiers vols d’un prototype, ainsi qu’une longue sonde sur le nez de l’appareil, là encore très probablement destinée au prototype et non à l’appareil de série. Le cockpit, quant à lui, parait plus imposant que celui du FC-31 d’origine, se rapprochant bien davantage de la forme de celui du FC-31 redessiné post-2015, bien que tout cela nécessite d’être confirmé par l’analyse d’autres clichés.

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Gros plan sur le J-35 lors de son premier vol

Cette observation n’est pas, en soit, une grande surprise, puisque les autorités industrielles chinoises elles-mêmes avaient laissé entendre, à l’occasion du salon de Zhuhai qui s’est tenu début septembre, que l’annonce du premier vol concernant ce nouvel appareil devrait avoir lieu avant la fin de l’année. Tout comme celle publiée presque concomitamment du nouvel avion de veille aérienne avancée, désigné KJ-600, également en vol. Mais la concentration de ces annonces en un délais aussi bref, alors même que les dernières observations de la construction du nouveau porte-avions Type 003 montrent que la coque et le pont supérieur étaient désormais terminés et clos, démontre une parfaite maitrise de la planification chinoise qui, de toute évidence, disposera de son nouveau porte-avions de 80.000 tonnes mais également de son groupe aérien embarqué complet presque simultanément, une prouesse extraordinaire sachant le peu d’expérience sur laquelle les ingénieurs et planificateurs chinois ont pu s’appuyer dans ce domaine.

Rappelons qu’à l’instar des forces aériennes chinoises qui font évoluer simultanément des appareils de 4ème génération avancés, comme le J-10C et le J-16, aux cotés du J-20 de cinquième génération, l’aéronavale chinoise prévoit d’équiper simultanément ses porte-avions dotés de catapultes Type 003 et ultérieurs, de chasseurs de 5ème génération J-35, mais également d’une nouvelle version du chasseur J-15 dérivé du Su-33, adaptée spécifiquement à l’emploi des catapultes sur porte-avions, le J-15T, ainsi que de drones de combat furtifs embarqués, dont la désignation et le modèle n’ont pour l’heure pas été confirmés, mais qui seraient dérivés du prototype Sharp Sword. En outre, une version biplace du J-15 dédié à la guerre électronique et la suppression des défenses anti-aériennes adverses, le J-15D, serait également en préparation, sur les traces du J-16D dévoilé au salon de Zhuhai cette année.

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Le cliché publié du KJ-600, l’avion embarqué de veille aérienne avancée de la Marine chinoise qui se veut être le pendant de l’E-2D Hawkeye américain

Dans ces conditions, au delà de 2025, il se pourrait bien que le groupe aérien embarqué des porte-avions Type 003 chinois soit parmi les plus performants, si pas le plus performant, des groupes de ce type, égalant et même, peut-être, dépassant les capacités du ceux embarqués à bord des super porte-avions de l’US Navy. Et ce d’autant que rien n’exclut que Pékin ait actuellement en developpement d’autres équipements confidentiels capables d’enrichir ces capacités, notamment dans le domaine des drones et des essaims de drones. De fait, rien ne permet de supposer que dans les 10 à 15 années à venir, l’US Navy conservera son ascendant technologique sur la Marine de Pékin, bien au contraire.

Car cette conjonction d’annonces pourrait bien n’être que l’entame d’une série de révélations qui pourraient laisser l’occident sans capacité de réaction à court ou moyen terme. En effet, divers indiscrétions laissent entendre que l’industrie aéronautique chinoise développerait de manière confidentielle au moins un nouveau chasseur, lui aussi de 5ème génération, destiné à l’attaque et au remplacement des JH-7 qui commencent à marquer le poids des années. En outre, il est désormais plus que probable que les travaux pour concevoir le successeur du chasseur « léger » J-10 ont été entamés, dans le but de produire un appareil qui pourrait bien être à la frontière entre la 5ème et la 6ème génération, ou se positionner sur le même créneau que le Checkmate Russe pour tenter de s’imposer sur le marché de l’exportation, qui reste le point faible de la production aéronautique militaire de Pékin.

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Le J-16D, version spécialisée dans la suppression des défenses anti-aérienne et la guerre électronique du chasseur bombardier chinois, a été dévoilé il y a tout juste un mois lors du salon de Zhuhai

Enfin, Pékin a déjà annoncé avoir entamé les travaux préparatoires pour disposer d’un chasseur de 6ème génération à horizon 2040, à l’instar des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie. En outre, de nombreux programmes concernant des drones de combat ou des drones logistiques sont en cours, destinés aussi bien à armer les unités basées à terre que les unités embarquées. Le rythme et le volume des productions chinoises ira même très probablement en augmentant dans les années à venir, maintenant que Pékin dispose de solutions de propulsion, si pas optimales, en tout cas de facture locale et ne dépendant plus de la Russie.

Il apparait désormais clairement que le tempo technologique militaire mondial n’est plus donné par les Etats-Unis ni l’Occident en général, et pas même par la Russie, même si celle-ci à fait montre d’un extraordinaire dynamisme dans ce domaine ces dernières années. Dans ces conditions, la planification occidentale, et Européenne en particulier, fortement teintée de l’attentisme de Berlin, pourrait bien conduire le vieux continent et l’ensemble de son industrie de défense, à un déclassement aussi fulgurant que profond, entrainant dans son sillage les espoirs de voir l’Europe peser sur les questions internationales autrement qu’en étend le réceptacle consumériste des productions des grandes puissances. Il ne s’agit là en rien d’un fatalité, comme nombre de personnes publiques aiment à la laisser croire, mais de la seule conséquence d’un manque de determination des autorités, et d’un idéalisme désuet hérité d’une période post guerre-froide qui aura probablement fait bien plus de dégât a l’Europe que la Guerre Froide qui l’avait précédé.

L’US Air Force cherche un avion d’entraînement avancé en plus du nouveau T-7A Red Hawk

L’US Air Force se rappelle-t-elle des leçons durement apprises durant la Guerre du Vietnam, lorsque ses jeunes pilotes fraichement diplômés de l’académie se faisaient abattre par la DCA ou les pilotes nord-vietnamiens par manque d’experience au combat ? Le fait, est, à peine 3 ans après avoir attribué un contrat de presque 10 Md$ à Boeing et Saab pour concevoir et construire son nouvel avion d’entraînement avancé T-7A Red Hawk pour remplacer ses T-38 Talon à bout de souffle et obsolètes, elle vient de publier une demande d’information pour acquérir une centaine d’avion d’entraînement avancé pour former ses pilotes au combat aérien et aux missions d’arme, là ou le T-7A est avant tout destiné à former les élèves pilotes au pilotage et à l’avionique.

L’objectif de cette demande est à la fois de fournir des appareils pouvant jouer le rôle d’adversaires potentiels, les fameux Agressor, mais également pour permettre aux jeunes pilotes de s’aguerrir aux techniques de combat sur un appareil plus économique que les avions d’arme, et l’on sait à quel point le F-35A ou le F-22 peuvent être onéreux à l’usage, tout en permettant d’envoyer en escadron des pilotes mieux formés, donc en leur économisant la tache de leur donner les bases du combat comme c’est aujourd’hui le cas. Car si cette demande a incontestablement des bases économiques, elle a aussi des fonctions très opérationnelles, puisque plus un pilote est expérimenté, meilleurs sont ses chances de survie au combat. Il est interessant de constater que cette annonce intervient peu de temps après que Pékin ait annoncé étendre le parcours de formation de ses propres élèves pilotes, en ajoutant un stage sur avion J-10C avant de rejoindre les unités opérationnelles, précisément pour économiser aux unités cette tache, et produire des pilotes eux même plus aguerris lorsqu’ils arrivent pour la première fois en escadron opérationnel.

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T-38 Talon du 560th Flying Training Squadron, Randolph AFB, TX . L’appareil ne répond plus aux besoins de l’US Air Force, ni en terme de performances et de disponibilité, ni en terme d’avionique et de capacités de formation des jeunes pilotes.

Si ce type de mesure n’avait jusqu’ici que peu d’intérêt eu égard au faible risque qu’encourait les jeunes pilotes arrivés en unité, la perspective de devoir, dans un avenir relativement proche, alimenter ces mêmes unités en pilotes formés pour mener un combat de haute intensité semble avoir jouer un rôle important dans ces évolutions. De toute évidence, les forces aériennes chinoises tout comme l’US Air Force se préparent à cette hypothèse, et optimise des lors leurs filière de formation qui risque fort de travailler en flux tendu d’ici quelques années, à peine le temps nécessaire pour les mettre en place.

Plusieurs appareils peuvent répondre aux critères annoncés par la demande d’information publiée. Naturellement, le F-16, notamment en version block 70, pourrait s’avérer un candidat de premier choix, même si l’appareil est effectivement devenu onéreux à l’achat comme à la mise en oeuvre. En Corée du Sud, le FA-50 Golden Eagle constituerait un candidat de choix, l’appareil étant simultanément conçu comme un chasseur léger et un avion d’instruction avancé, grâce à un radar AESA, une avionique très moderne, et un réacteur F414 lui conférant une vitesse de pointe à Mach 1.5. Le Brave Eagle taïwanais pourrait, lui aussi, se mettre sur les rangs, avec un potentiel sensiblement équivalent au FA-50. Mais c’est incontestablement le Gripen F de Saab qui offrirait, dans ce domaine, le potentiel le plus avancé, et ce d’autant que Saab participe déjà au programme T-7A avec Boeing, et pourrait donc assez aisément basculer l’avionique de l’un, conçue pour préparer aux avions d’arme comme le F-35A, vers l’autre, tout en s’appuyant sur le même partenariat avec Boeing qui fit le succès du T-7A. On ne peut que souhaiter au constructeur suédois de s’imposer dans une telle compétition, tant son appareil offre des performances élevées et un rapport performances-prix attrayant.

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Le Gripen F, version biplace du nouveau chasseur suédois, correspondrait aux besoins de l’US Air Force pour la formation avancée de ses pilotes de chasse.

La version biplace du chasseur chinois de 5ème génération J-20 enfin dévoilée

L’information faisait depuis quelques jours le buzz sur les reseaux sociaux spécialisés chinois, la très attendue version biplace du chasseur de 5ème génération J-20 avait, semble-t-il, effectué ses premiers essais de roulage à grande vitesse, phase préalable aux premiers essais en vol. Mais les photos publiées alors étaient soit de très mauvaise qualité, soit de grossiers montages photoshop destinés à attirer les curieux. Hiers, cependant, une première video ne laissant aucun doute sur la véracité de la chose fit son apparition, montrant un J-20 biplace sur un taxiway, confirmant au passage à la fois l’existence de l’appareil, et l’état d’avancement supposé du programme. Il s’agit non seulement d’un appareil offrant potentiellement de nouvelles capacités significatives aux forces aériennes chinoises, mais également du premier chasseur de 5ème génération biplace à être révélé publiquement.

Traditionnellement, les chasseurs biplaces ont mauvaise presse auprés des pilotes. Nombre d’entre eux disent volontiers qu’ils préfèrent 300 litres de kérosène supplémentaires à un officier système d’arme, son avionique, son réseau d’oxygène et son siège éjectable. Pourtant, les chasseurs biplaces ont largement faits la preuve de leur efficacité au combat, au point qu’en 2015, à l’intervention russe en Syrie, les forces américaines reconnaissaient qu’elles craignaient davantage le Su-30SM et son équipage double, au Su-35s pourtant plus performant et plus moderne. Il est vrai que le combat aérien moderne apporte désormais une telle charge de travail qu’un deuxième cerveau, bien davantage qu’une deuxième paire d’yeux, s’avère souvent indispensable pour certaines missions particulièrement lourdes, comme la suppression des défenses anti-aériennes, la pénétration basse altitude, ou encore la frappe nucléaire. Raison pour laquelle de nombreux appareils, comme le F-15, le F-16, le F-18 ou encore le Mirage 2000 et le Rafale, sont en services en deux versions, l’une monoplace, l’autre biplace avec officier système d’arme.

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Le Rafale B est, entre autre, dédié aux missions de frappe Nucléaire avec le missile air-sol supersonique ASMPA

Dans le cas du J-20, toutefois, le second membre d’équipage pourrait avoir une mission bien différente de celle des NOSA de Super Hornet, Strike Eagle ou Rafale. On suppose en effet qu’il sera avant tout spécialisé dans le controle avancé des drones de combat évoluant autour de l’appareil, et étendant simultanément les capacités de détection et d’emport d’armement de l’avion. Il est utile de rappeler que la Chine a déjà un drone de combat furtif en service, le GJ-11 présenté publiquement lors de la parade de 2019 pour les 70 ans de l’APL. De fait, l’entrée en service du J-20S, désignation non officielle de cette version biplace, pourrait bien faire des forces aériennes chinoises les premières à disposer d’un couple avion de combat – drones de combat furtifs pleinement opérationnel, au nez et à la barbe des Etats-Unis, et même de la Russie et du couple Su-57 et S-70 Okhotnik B. Pour l’heure, rien n’indique que les Etats-Unis, les Européens ou les alliés asiatiques occidentaux (Corée du Sud, Japon) disposeront d’une telle capacité déterminante pour imposer la suprématie aérienne, avant 2030 dans le meilleur des cas pour les programmes Loyal Wingman australien et Mosquito britannique.

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Video du J-20 version biplace évoluant sur le Taxiway

Avec cette version biplace, le J-20 se positionne comme le successeur désigné, en Chine, des chasseurs lourds de la famille Flanker, comme le J-11, le J-15 et le J-16. Il est interessant de constater, toutefois, que les forces aériennes chinoises continuent de produire et de moderniser ces appareils de conception plus ancienne, notamment en les dotants d’une avionique parfaitement moderne, pour évoluer en complément des appareils de 5ème génération comme le J-20 et le futur J-35 embarqué. Cela suppose donc qu’en Chine comme ailleurs, les appareils de 5ème génération engendrent des couts de construction et d’utilisation sensiblement supérieurs à ceux d’appareils plus conventionnels, et qu’il est donc plus efficace de faire coopérer ces deux générations pour obtenir une capacité opérationnelle optimale pour un cout maitrisé. Une notion qui, de toute évidence, peine à faire son chemin dans l’esprit de nombreux occidentaux.

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Le J-16D, version spécialisée dans la suppression des défenses anti-aériennes et la guerre électronique de l’avion chinois, a été pour la première fois présenté lors du salon de Zhuhai de cette année

La Chine va-t-elle prendre l’ascendant technologique militaire sur les Etats-Unis ?

Lorsque le 4 octobre 1957, une fusée R-7 Semiorka lancée du site de Baïkonour au Kazakstan mit en orbite le premier satellite artificiel Sputnik 1, la confiance des Etats-Unis dans leur supériorité technologique considérée jusqu’alors comme incontestable, fut largement ébranlée. Cet épisode constitua, avec la Guerre de Corée, la Crise des missiles de Cuba et celle des Euromissiles, un des points culminants de la Guerre Froide, et engendra une forte réaction américaine. Et pour le Général Mark Milley, le Chef d’Etat-Major des Armées américaines, l’essai d’un système de bombardement orbital fractionné hypersonique effectué par Pékin il y a quelques jours, pourrait bien constituer un événement d’une portée similaire au Sputnik 1 dans la compétition que se livrent désormais la Chine communiste et les Etats-Unis.

En dépit des dénégations venues de Chine concernant cet essai, présenté par Pékin comme celui d’un système de lanceur spatial réutilisable, le Pentagone semble désormais persuadé qu’il s’agissait bel et bien d’un système de bombardement orbital fractionné hypersonique, c’est à dire capable de mettre en orbite un véhicule pouvant libérer un planeur hypersonique de bombardement depuis cette position. Cette technologie, un temps expérimentée par l’Union Soviétique dans les années 80 pour faire face à la prétendue Initiative de Défense Stratégique américaine annoncée par Ronald Reagan, permet entre autre chose de réduire les capacités de détection et d’interception des systèmes d’alerte et de défense anti-missiles balistiques mis en oeuvre notamment sur l’ensemble de la façade nord des Etats-unis et du Canada pour intercepter les éventuels missiles et bombardiers venus de Russie. Avec un tel dispositif, Pékin pourrait très bien décider de frapper les Etats-Unis par le sud, là ou aucune defense anti-missile n’est déployée, dans ce qui ressemble chaque jour davantage à une surprise stratégique au profit de Pékin.

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La Défense Stratégique des Etats-Unis (et du Canada) repose avant tout sur le réseau de détection du NORAD, et couvre tout le nord de l’Amérique du Nord pour faire face aux missiles et bombardiers russes qui suivraient une trajectoire arctique. En revanche, rien ne surveille d’éventuelles missiles passant par le pole sud.

« Ce que nous avons observé », indique le général Milley dans une interview sur Bloomberg,  » était sans le moindre doute le test d’un système hypersonique, et c’est très inquiétant ». « Je ne sais pas si c’est, comme je l’ai lu dans la presse, un événement Sputnik, mais c’en est très proche. C’est donc une démonstration technologique de grande importance pour la Chine, et cela requiert toute notre attention », ajouta-t-il. De toute évidence, le Pentagone n’anticipait pas que Pékin puisse avoir développé une telle technologie, et son apparition est susceptible de rebattre sensiblement les cartes stratégiques sur la planète. On constate d’ailleurs que depuis, Washington a fortement accru le tempo de ses actions en faveur de Taïwan, en officialisation la présence d’instructeurs miltaires américains sur l’ile, ainsi qu’en engageant une action diplomatique de grande envergure visant à fédérer un grand nombre de pays autours de la réintégration de Taïwan dans les instances des Nations Unis, sans pour autant aller jusqu’à promouvoir une nouveau siège pour Taïpei à l’Assemblée des Nations Unis, ce qui constituerait un probable casus belli pour Pékin.

De toute évidence, Washington veut rapidement créer un statu quo inamovible sur l’ile indépendante depuis 1947, avant que Pékin puisse mettre en oeuvre de nouvelles capacités susceptibles de dissuader les Etats-Unis de venir en aide à son allié en cas d’agression, dans un scénario comparable à celui appliqué par la Russie lors de l’annexion de la Crimée, puisque les forces nucléaires russes furent placées en pré-alerte durant cette opération. En outre, le soutien d’une forte communauté internationale et la présence de troupes américaines sur place pourraient dissuader Pékin de mettre en oeuvre des actions hybrides pour s’emparer de l’ile, comme le craint le ministre de La Défense japonais, Taro Kono.

US Navy Task Force Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
La puissance navale américaine est désormais menacée par les forces aériennes chinoises et leurs bombardiers à long rayon d’action, ainsi que par certains modèles de missiles balistiques anti-navires sensés être en mesure de viser un grand navire comme un porte-avions ou un navire d’assaut.

Pour autant, la situation créée par l’essai du FOBS chinois pourrait n’être, en réalité, qu’une simple mise en bouche au regard de certaines technologies en cours de developpement en Chine, et qui pourraient rapidement conférer à l’Armée Populaire de Libération un ascendant technologique marqué, y compris contre les armées américaines. Ainsi, les essais du J-20S, désignation non officielle de la version biplace du chasseur furtif chinois, ont franchi une nouvelle étape avec les essais de course de décollage réalisés en début de semaine. L’arrivée d’un tel appareil, premier avion de combat de « 5ème génération » biplace au monde, permettra notamment aux Forces Ariennes chinoises de déployer avant les autres des synergies entre drones de combat et avions d’arme, une capacité visée au delà de 2030 en occident. La prochaine tranche de croiseur Type 055, probablement désignée Type 055A, sera probablement quant à elle équipée d’armes à énergie dirigée de haute puissance, et notamment d’un rail gun, un canon électrique capable d’atteindre des cibles au delà de 100 km. Même dans le domaine quantique, Pékin semble prendre l’ascendant, en ayant annoncé hiers, l’existence d’un nouvel ordinateur quantique programmable présenté comme un million de fois plus puissant que le célèbre Sycamore de Google.

Il est dès lors fort possible, pour ne pas dire probable, que dans les mois et années à venir, Pékin soit en mesure de déployer de nouvelles capacités militaires bien en amont des pays occidentaux, y compris des Etats-Unis, que ce soit dans le domaine du combat aérien, naval, terrestre, cyber ou spatial, et bien entendu, dans le domaine stratégique. Cet avantage sera d’autant plus marqué que la Chine dispose d’une reserve démographique bien plus importante que l’occident, et un contrôle bien plus stricte de l’information entrante comme sortante dans le pays. Il est ainsi désormais particulièrement difficile de suivre avec précision ne serait-ce que le lancement des navires de guerre, pourtant difficile à cacher, tant le controle de l’information sur ces questions s’est renforcé ces dernières années.

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Une des premières images du J-20 biplace, confirmant l’existence de cet appareil. La présence d’un second membre d’équipage permettra à l’appareil de mener des opérations complexes, comme la coordination de drones de combat.

Si les Etats-Unis ont, semble-t-il, pris la mesure de la puissance potentiel de l’adversaire que sera la Chine Populaire dans les années à venir, il apparait que nombre d’occidentaux, Européens en têtes, continuent de vouloir ignorer les faits, et, comme avec la Russie, d’espérer pouvoir maintenir un modus vivendi équilibré avec Pékin. Malheureusement, l’histoire a montré que l’émergence d’une nouvelle puissance militaire et économique à l’échelle mondiale engendrait le plus souvent un affrontement avec la puissance dominante, le fameux piège de Thucydides. En outre, la conjonction d’une puissance militaire dominante et d’un pouvoir centralisé et autoritaire ont rarement conduit à des relations internationales apaisées. Est-ce par manque de conviction et de courage politique, ou du fait de certains d’influences proches de Pékin et de Moscou, que les Européens persévèrent dans cette posture ? Une chose est certaine, le réveil sera rude pour une majorité d’européens lorsque la conjonction d’évènements et de trajectoires en cours atteindra son objectif.

Contre toute logique, le nouveau blindé léger de l’Armée de Terre sera conçu en coopération européenne

Le remplacement des Véhicules Blindés Légers, ou VBL, est aujourd’hui au sommet de la liste des programmes à lancer de toute urgence pour de l’Armée de Terre française. Conçu dans les années 80 par la société Panhard General Defense (intégrée à Arquus à la création de la marque en 2018), le VBL a été de tous les engagements français depuis son entrée en service en 1990. Malgré des qualités indéniables notamment en terme de mobilité et d’évolutivité, le véhicule ayant été décliné en 13 versions dont 7 en service dans les armées françaises, il marque désormais le poids des années face au durcissement des engagements, mais également face aux Engins Explosifs Improvisés utilisés par les combattants islamistes au Mali par exemple. 5 militaires français ont, à ce titre, perdus la vie en 2020 et 2021 à bord de VBL détruits par un IED. En outre, le véhicule n’est pas adapté pour intégrer les nouveaux équipements d’engagement coopératifs du programme SCORPION au coeur de l’évolution de l’Armée de Terre.

Pour le remplacer, l’Etat-Major français s’est préparé à lancer le programme VBAE, pour Véhicule Blindé d’Aide à l’Engagement, comme son nom l’indique un véhicule blindé (léger) intégré dans cette bulle informationnelle SCORPION, et apportant une forte valeur ajoutée par sa mobilité pour reconnaitre et identifier les informations critiques du champs de bataille. Initialement, le programme devait être lancé lors de la prochaine Loi de Programmation Militaire en 2026, mais les besoins de l’Armée de Terre sont à ce point urgents, notamment pour être en mesure de constituer au plus vite des unités prêtes à l’engagement de Haute Intensité, que celui-ci a été intégré en partie sur la LPM en cours, au détriment d’une partie des livraisons de VBMR Griffon, Serval et d’EBRC Jaguar, de sorte à libérer les capacités budgétaires et industrielles requises.

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Le Scarabée d’arquas offre des performances de très haut niveau qui bénéficieraient parfaitement aux unités de premières lignes destinées aux engagements de haute intensité de l’Armée de terre

Qui plus est, deux industriels français, Arquus et Thales, ont anticipé depuis plusieurs années les évolutions en cours et le besoin qui aujourd’hui presse l’Armée de Terre. le franco-suédois Arquus a ainsi développé le Scarabée, un véhicule blindé léger haut de gamme dérivé du programme Combat Reconnaissance Armoured Buggy, ou CRAB, qui fit sensation lors du salon Eurosatory de 2012. D’une masse à vide de 7 tonnes pour une masse au combat de 9 tonnes, le Scarabée intègre toutes les capacités nécessaires pour l’engagement coopératif, ainsi qu’une extraordinaire mobilité avec un rapport puissance poids de 38 Cv par tonne. Thales, pour sa part, a développé le Hawkei, un blindé de 7 tonnes à vide et 10 tonnes max au combat, conçu initialement pour les Armées australiennes qui en ont commandé 1.100 exemplaires.

Pour autant, le Ministère des Armées et la DGA ont privilégié dans ce dossier la coopération européenne, en lançant en 2020 le programme European Future Highly Mobile Augmented Armoured Systems , ou FAMOUS, un acronyme clairement tiré par les oreilles pour un programme qui ne l’est pas moins. L’objectif de FAMOUS est de developper les briques technologiques nécessaires au programme VBAE dans une coopération rassemblant le français Nexter, son partenaire au sein de KNDS l’allemand Krauss Maffei Wegman, le finlandais Patria et le belge John Cockerill Defense, ainsi que 15 autres industriels européens, de sorte à « optimiser les synergies, la standardisation et l’interopérabilité dans le champ des véhicules blindés terrestres » selon Joel Barre. En procédant ainsi, le programme est intégré au dispositif de financement européen EDIDP.

Hawkei Thales Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Plus robuste et plus économique, le Hawkei de Thales répondrait, pour sa part, aux besoins des unités de soutien de l’Armée de Terre, dans un mix qui aurait de fait une très forte valeur ajoutée, notamment à l’exportation

Il s’agit, bien évidement, d’un choix hautement politique, et l’on sait à quel point les autorités françaises ont une appétence forte pour les programmes européens. Toutefois, dans le cas précis du programme VBAE, celui-ci va à l’encontre de toute logique. En effet, le programme FAMOUS ne livrera ses premiers éléments concrets pas avant 2023, et plus probablement à partir 2024, ce qui implique que le remplaçant du VBL n’entrera pas en service avant 2027 ou 2028, dans le meilleur des cas, et ce en dépit de l’exposition croissante des forces françaises aux IED en Operations Extérieures, et aux besoins criant de densification des capacités de haute intensité de l’Armée de Terre, qui, rappelons le, est aujourd’hui conçue sous la forme d’un corps Expéditionnaire pour des engagements de faible ou moyenne intensité et, quoiqu’en dit la communication officielle, qui n’est pas structurée pour soutenir un engagement de haute intensité dans la durée à une échelle étendue.

Qui plus est, la volonté de coopération européenne des autorités françaises commence à peser lourd sur les capacités opérationnelles de ses armées, avec un programme MAWS sensé remplacer les Atlantique 2 à horizon 2035 qui n’a plus aucune chance d’aboutir, sans pour autant avoir été officiellement abandonné, depuis la décision de Berlin d’acquérir des P-8A Poseidon américains. Même constat pour le programme CIFS sensé renouveler les capacités d’artillerie, ou le programme Tigre 3, en passe d’être abandonné en plein vol par Berlin pour acquérir des AH-64 Apache américains, laissant la France, et l’Espagne, face à champs d’incertitude dans ce dossier. Quant aux deux programmes phares de cette coopération, le SCAF devant remplacer le Rafale à horizon 2040 a été sorti aux forceps de négociations franco-allemandes enlisées, et le MGCS devant remplacer les chars Leclerc, est à l’arrêt conceptuel en attendant la reprise des discussions avec le nouveau gouvernement allemand, alors que Berlin semble décidé à intégrer de nombreux partenaires européens au programme, ce qui serait largement dommageable à Nexter, mais surtout à la Supply Chain française de cette industrie.

mgcs illustration rheinmetall Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Les ouvertures faites par Berlin autour du programme MGCS notamment à la Grande-Bretagne et la Suède, pourraient se faire au détriment de la Supply Chain française, celle-là même qui porte une grande partie de l’efficacité budgétaire et sociale de l’investissement de défense en France.

Enfin, s’il est bien un domaine dans lequel l’industrie française n’a nul besoin de s’appuyer sur la coopération européenne, c’est bien celui de la conception de véhicules blindés légers, le VBL ayant par exemple été exporté vers 15 pays, le VAB de Renault Truck Defense (appartenant également à Arquus), dans 17 pays. Dans ces conditions, s’appuyer sur un partenariat européen n’apporte aucune plus-value réelle, avec des délais plus longs face à un besoin immédiat, des risques industriels largement accrus face des véhicules « sur étagères » prêts à être adaptés et configurés pour les besoins des armées, et en partageant la charge industrielle, notamment concernant la Supply Chain, au détriment direct des capacités nationales. Ne parlons pas du casse-tête qu’une telle coopération engendrera pour les licences d’exportation, et de se rappeler que Berlin avait entravé l’exportation de véhicules militaires français vers l’Arabie saoudite en 2019, avant d’exporter elle même des camions militaires vers Riyad quelques mois plus tard. Enfin, il est interessant de constater que c’est le français Nexter qui participe au programme FAMOUS, précisément le moins expérimenté dans le domaine des blindés légers des industriels nationaux, et le seul qui ne propose pas de véhicule déjà existant.

Le seul intérêt à mettre en face de ces nombreux aspects négatifs est budgétaire, grâce aux financements européens. Or, nous avons à de multiples reprises montré que lorsqu’un programme industriel de défense était réalisé intégralement en France, notamment du fait de l’extraordinaire efficacité économique et sociale de la Supply Chain, le retour budgétaire pour l’Etat était positif ou nul, réduisant à néant la nécessité budgétaire d’une telle coopération européenne. De fait, après avoir mis a mal une partie de cette supply chain par le programme MGCS, puisque Rheinmetall, qui développe 35% du programme, dispose précisément d’un grand nombre de capacités industrielles propres traditionnellement dévolues au réseau de sous-traitance, le choix du programme FAMOUS pourrait bien porter un coup fatal à cette Supply Chain industrielle, au seul objectif de soutenir la determination pan-européenne du président français, par ailleurs bien peu partagée par ses homologues européens.

Arquus factory Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Face à l’intensification des engagements et la multiplication des tensions, l’heure n’est probablement plus aux expérimentations européennes, mais à porter une réponse efficace et rapide aux besoins des Armées.

Dans ce dossier, il semble déterminant que les groupements inter-professionnels, mais également les industriels eux-mêmes, fassent valoir leurs arguments notamment auprés de la Représentation Nationale, et que les Armées françaises posent, quant à elles, clairement les conséquences de tels arbitrages, qui se paieront très probablement de la vie de certains des soldats français en mission exterieures ou lors d’un engagement de plus haute intensité s’il venait à se produire. Plutôt que de rendre hommages aux militaires ayant fait le sacrifice ultime, il est incommensurablement préférable de leur confier, dans les temps les plus courts, les équipements nécessaires qui leurs sauveront la vie.

Les traumatismes auditifs des équipages britanniques de blindé seraient liés aux casques de la British Army

La British Army vient de diffuser un ordre limitant la durée d’exposition des équipages de blindé à bord des véhicules allant de 5 heures pour certains types de blindé, à 55 minutes maximum pour d’autres modèles, en raison d’un défaut constaté concernant les casques employés par ces militaires, selon le quotidien britannique The Times. Cette mesure conservatoire a pour but de protéger les personnels des forces armées alors que le nombre de traumatismes auditifs des équipages de blindés britanniques aurait sensiblement augmenté. Une enquête approfondie serait en cours pour déterminer si effectivement, les casques utilisés par les équipages pour communiquer à bord des blindés sont en cause dans ce dossier.

L’Armée britannique utilise le même modèle de casque pour l’ensemble des équipages de blindé, et ce modèle fut notamment employé par les équipages en charge de tester le nouveau véhicule blindé de combat d’infanterie Ajax en cours de developpement, alors que de nombreux personnels ayant participé à ces essais ont souffert de traumatismes auditifs importants. Dès lors, la mise en cause du casque pourrait permettre à Londres de résoudre l’un des principaux problèmes auquel fait aujourd’hui face ce programme à plus de 2 Md£, à l’arrêt depuis le mois de juin après que de nombreux problèmes aient été constatés, menaçant jusqu’à la pérennité du programme lui-même. Toutefois, eu égard de la gravité des traumatismes constatés, il est peu probable que la seule qualité des casques puissent être mise en avant dans ce dossier, d’autant que l’Ajax rencontre d’autres problèmes majeurs, notamment en matière de mobilité et de vibration.

Ajax scout IFV Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Outre des niveaux sonores dangereusement élevés, l’Ajax britannique rencontre d’autres problèmes, notamment en matière de vibration et de capacités de franchissement.

Sur les 310 miltaires britanniques exposés à bord des véhicules blindés Ajax, 270 ont fait l’objet d’une expertise médicale. 231 d’entre eux ont pu rejoindre le service actif, dont 166 avec un suivi particulier sur l’évolution de leurs capacités auditives, alors que 34 miltaires font l’objet de soins dans les hôpitaux miltaires britanniques. Les 5 derniers ont, pour leur part, du être réformés ou transférés vers une autre spécialité après qu’une expertise ait constaté des pertes importantes et irréversibles des capacités auditives.

Si la mise en cause du casque peut éventuellement apporter un répit temporaire au programme Ajax, c’est loin d’être le cas de la British Army, puisque désormais, l’ensemble de ses équipages de blindés va devoir être examiné pour déterminer leur niveau de traumatisme auditif. Alors que les armées britanniques souffrent de difficultés de recrutement, et de compressions de personnels très complexes à articuler, la perspective de voir une partie significative de ses équipages de blindé suspendue pour soins, voire reformée, en raison de casques défectueux, constitue incontestablement une épée de Damocles susceptible de sévèrement handicaper ses capacités opérationnelles pour de nombreuses années.

Boxer british army 1 Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
La British Army a choisi le blindé 8×8 Boxer de Rheinmetall pour évoluer aux cotés de ses Ajax et Challenger 3

Après une prouesse technologique de Naval Group, le sous-marin Perle est de retour à Toulon

Le sous-marin nucléaire d’attaque la Perle rejoint, ce début de semaine, son port d’attache de Toulon, après une prouesse technologique des ingénieurs et des personnels de Naval Group, ayant permis de greffer la tranche avant du sous-marin Saphir désarmé en 2019 à la tranche arrière de la Perle, après qu’un incendie ait détruit l’avant du navire le 12 juin 2020 alors que le navire était en phase de modernisation et d’entretien. Non seulement cette procédure permit de préserver le sous-marin que beaucoup considéraient comme perdu, mais le nouveau bâtiment, qui concerne le nom de baptêmes La Perle de sa tranche arrière, se verra doter de capacités opérationnelles renforcées, embarquant notamment certains systèmes qui équipent la nouvelle classe de sous-marins nucléaire d’attaque de la classe Suffren.

La procédure, qui consistait à découper les deux navires puis à greffer ensemble l’arrière de la Perle et l’avant du Saphir, mobilisa plus de 300 personnes pendant prés d’une année, soit près de 350.000 heures dont 100.000 heures d’étude. Mais ces chiffres, importants de prime abord, ne représentent pas même 1% des couts d’un nouveau sous-marin nucléaire d’attaque, et permettra à la Marine Nationale de préserver son format capacitaire jusqu’à l’entrée en service du dernier navire de la classe Suffren, le Casabianca, prévue pour 2030. Désormais, la Perle va pouvoir reprendre sa phase d’entretien et de modernisation de ses capacités opérationnelles, ayant au passage gagné 1,4 mètres de longueur et 65 tonnes sur la balance, les demi-sections des deux navires n’ayant pas été coupées exactement au même endroit pour des raisons techniques. La Perle modernisée débutera ses essais à la mer à la fin de l’année 2022, puis le service actif en 2023. Elle servira jusqu’à la fin de la décennie et l’entrée en service du Casabianca.

Naval Group Started Transplanting a Damaged SSN with a Decomissioned Submarine Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
A gauche, la tranche avant du Saphir, et la tranche arrière de la Perle o droite, avant que les deux demi-sections soient greffées l’une à l’autre en Mai 2021.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle opération de sauvetage d’un sous-marin nucléaire est réalisée, mais c’est la première qu’elle est réalisée à si grande échelle, et que le navire résultant est destiné au service opérationnel. En 2008, le sous-marin nucléaire d’attaque USS San Francisco hurla une montagne sous-marine, détruisant son dôme sonar, tuant un marin et en blessant une vingtaine d’autre. En juin 2006, l’US Navy autorisa les chantiers navals de Puget Sound de greffer la partie avant de l’USS Honolulu, qui devait être retiré du service l’année suivante, sur la partie arrière du San Francisco, qui devait rester en service jusqu’en 2017. La procédure prit la aussi une année, mais le San Francisco fut par la suite réservé aux fonctions de navire école. avant d’être retiré du service en novembre 2016.

USS San Francisco Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Le dome sonar de l’USS San Francisco aprés la collision avec une montagne sous-marine en 2008. Le navire recevra la tranche avant de l’USS Honolulu et continuera à servir comme navire d’instruction jusqu’en 2016

General Dynamics et Epirus embarquent le système anti-drones micro-onde Leonidas sur blindé Stryker

La lutte contre la menace que représente désormais les drones et les essaims de drones est au coeur des préoccupations de l’US Army, qui a développé une stratégie basée sur 4 équipements pour traiter la majorité des menaces, allant des missiles aux essaims de drones. Mais une faiblesse apparaissait dans cette construction de capacités, l’absence de systèmes mobiles capables de faire face à des essaims de drones, c’est à dire à un grand de nombre de drones agissant de concert pour saturer les défenses de l’adversaire, le système à micro-onde IPFS-HPM conçu à cet effet prenant place dans un container de 20 pieds, ne pouvant de fait accompagner les unités motorisées au combat. C’est pour répondre à ce besoin que le spécialiste américain de la conception de blindés, General Dynamics Land System, et la Start-up Epyrus, se sont associées pour adapter le système micro-onde Leonidas du second sur un véhicule blindé Stryker du premier.

Développé en coopération avec Northrop-Grumman, le système Leonidas permet de neutraliser les drones mais également les systèmes électroniques des véhicules adverses en les bombardant d’impulsions électromagnétiques de sorte à endommager leurs circuits électroniques. La flexibilité offerte par son antenne directionnelle et par son système de controle logiciel permet, en outre, de viser des espaces précis, et ainsi de neutraliser les équipements adverses tout en évitant les systèmes alliés. Contrairement à un laser à haute énergie qui ne peut traiter qu’une cible à la fois, le Leonidas peut traiter simultanément plusieurs cibles présentes dans un espace donné, en faisant une arme particulièrement adaptée pour éliminer les menaces comme les essaims de drones. En l’associant à un véhicule Stryker, le système devient mobile et donc capable d’assurer la protection des unités déployées aux cotés du Stryker Guardian équipé d’un laser à haute énergie de 50 Kw.

Leonidas Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Le Leonidas est capable, selon Epirus, de localiser et viser les espaces aériens contenant les drones adverses afin de préserver les systèmes alliés évoluant à proximité

Pour l’heure, l’US Army n’a pas signifié son intérêt officiel pour le système, et l’annonce faite par GDLS et Epirus est une initiative purement industrielle. Mais en choisissant une plateforme identique à celle du Guardian mais également du M-SHORAD dont la livraison des 144 exemplaires commandés par l’US Army a d’ores et déjà débuté, le Leonidas se met clairement en capacité de séduire le Pentagone, mais également, potentiellement, d’autres partenaires internationaux qui, eux aussi, doivent désormais composer avec la menace des drones, et ce d’autant que cette capacité pour neutraliser les systèmes électroniques de l’adversaire peut s’avérer utile bien au delà de la seule lutte contre les drones et munitions vagabondes. En outre, l’association avec GDLS offre au Leonidas une visibilité susceptible d’accroître son attractivité internationale, le système pouvant, selon Epirus, équiper aussi bien des blindés que des navires, et mêmes des aéronefs, y compris lors des engagements hybrides et de basse intensité.

L’US Air Force investit dans la production de carburant d’aviation à partir du CO2 atmosphérique

Si la nouvelle doctrine Joint All-Domain Command and Control mise en avant par les forces armées américaines apporte de nombreuses réponses face à la multiplication des menaces, elle induit également, comme nous l’avons abordé à de nombreuses reprises, une complexification notable de la chaine logistique pour des forces déployées en unités plus petites et plus dispersées. Dans ce domaine, deux problèmes particulièrement importants ont émergé notamment lors de la campagne d’Afghanistan qui, en quelques sortes, préfigurait les contraintes logistiques auxquelles seront confrontées les forces américaines, à savoir l’eau potable et le carburant, représentant à eux deux plus de 50% de la masse transportée quotidiennement pour ravitailler les forces déployées. Or, leur convoyage sur les routes afghanes fut la cible privilégiée des attaques talibanes par Engin Explosif Improvisé, comme ce fut le cas de la même manière pour les forces françaises au Mali.

La DARPA a déjà entrepris, depuis plusieurs années, de developper de nouvelles technologies pour permettre aux forces déployées de produire leur propre eau potable, notamment à partir de l’humidité atmosphérique. De la même manière, de nombreux programmes ont vu le jour pour permettre d’alimenter en courant électrique les postes avancés, sans devoir dépendre de carburant acheminé pour faire fonctionner les générateurs. En outre, le couple énergie électrique et eau produites localement permet d’envisager la production d’hydrogène pour alimenter les véhicules, tout en rechargeant leurs batteries pour les véhicules à propulsion hybride. Mais un nouveau programme de l’US Air Force va désormais beaucoup plus loin, puisqu’il est question de rien de moins que de produire du carburant aviation à partir du CO2 présent dans l’air atmosphérique.

F 16 Biocarburant Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
L’emploi de Biocarburants permet de diminuer l’empreinte carbone des avions de combat, mais ne résout pas la problématique logistique.

Pour cela, l’US Air Force s’est associée à la Start-up américaine Twelve, qui a développé une nouvelle technologie permettant d’électrolyser le CO2 atmosphérique en milieu aqueux pour produire les briques élémentaires d’hydrocarbure permettant, une fois raffinées, de produire du carburant d’aviation. La promesse avancée par Twelve est de permettre de produire directement sur une base avancée du carburant aviation à partir d’énergie renouvelable, afin de réduire voire supprimer sa dépendance à la chaine logistique pour mettre en en oeuvre des aéronefs, en s’appuyant sur de nouvelles membranes augmentant considérablement l’efficacité de l’effet Fischer-Tropsch, connu depuis les années 20, et notamment employé par l’Allemagne Nazie pour compenser la pénurie de carburant à partir de 1943 (les fameux Ersatz). La première phase d’expérimentation de cette technologie prendra fin au mois de décembre cette année, et donnera lieu à un rapport détaillé pour en évaluer l’applicabilité pour les forces armées.

La conversion du CO2 en carburant est également étudiée en Europe, notamment par l’Imelda Institut.

Pour l’heure, aucune donnée factuelle, notamment en terme d’efficacité énergétique, n’est avancé ni par Twelve, ni par l’USAF. AU mieux sait-on que le kérosène produit par le système Twelve est en mesure de faire fonctionner des turboréacteurs et turbopropulseurs miltaires au delà de la limite de 50% actuellement considérée pour ce type de carburant alternatif. Il est probable, d’ailleurs, que si ce système venait à s’avérer efficace et opérationnel, il ne permettrait pas de rendre autonome en carburant une base aérienne, mais simplement de réduire le poids de la chaine logistique en produisant une partie du carburant sur place, à partir du CO2 de l’air atmosphérique. Reste à voir, désormais, quelle sera la puissance électrique nécessaire pour faire fonctionner un tel système, et la manière dont l’US Air Force entend y parvenir, de sorte à percevoir les contraintes opérationnelles liées à l’utilisation de cette technologie.

A10 sur piste sommaire Actualités Défense | Aviation de chasse | Awacs et guerre électronique
Avec le retour du risque de guerre de haute intensité, l’US Air Force s’entraine à nouveau pour déployer certains de ses appareils à partir de terrain improvisés, et donc difficile à localiser et neutraliser par l’adversaire.

En outre, et en dehors du seul besoin opérationnel et de son effet sur la chaine logistique, cette technologie pourrait également permettre aux armées, et notamment aux forces aériennes, de compenser, d’une certaine manière, la production de CO2 engendrée par l’utilisation de leurs aéronefs, en extrayant de l’atmosphère une quantité identique de CO2 pour produire, et donc stoker, du carburant aviation, pour peu que l’équation énergétique soit à la hauteur des promesses. Une telle solution permettrait aux forces armées de neutraliser leurs productions de CO2 sans être poussées à réduire leurs capacités ou l’entrainement des équipages, de sorte à répondre aux pressions politiques dans ce domaine, sans que cela ne se fasse au détriment des capacités opérationnelles. Quoiqu’il en soit, il reste encore de nombreuses inconnues avant de pouvoir considérer cette solution technologique de manière opérationnelle, et l’USAF s’est bien gardée de presenter un calendrier prévisionnel à ce sujet.

Safran et Rolls-Royce face à face pour motoriser le chasseur de nouvelle génération AMCA indien

Lancé en 2010, le programme de chasseur moyen de nouvelle génération Advanced Medium Combat Aircraft ou AMCA, porte indiscutablement de nombreuses ambitions à New Delhi et de l’ensemble de l’industrie aéronautique militaire indienne. Le premier prototype est attendu pour 2024, et la production industrielle, si le calendrier actuel venait à être respecté, prévoit une entrée en service pour la fin de la décennie, afin de prendre la relève des plus âgés des Su-30 MKI. Si HAL et l’ensemble de l’industrie indienne disposent désormais les compétences nécessaires pour developper la cellule, les commandes de vol ou encore l’avionique et les systèmes d’arme de l’appareil, il reste un domaine dans lequel elle sait ne pas pouvoir faire face sans aide extérieure, celui de la conception du turboréacteur qui propulsera ce bimoteur de 25 tonnes en charge.

Les deux motoristes aéronautiques européens, le britannique Rolls-Royce et le français Safran, sont considérés comme les partenaires potentiels les plus probables pour accompagner l’industrie indienne dans ce programme, et ce même si les prototypes seront initialement équipés de moteurs américains GE F414, celui-là même qui équipe le Super Hornet mais également le Tejas Mk1. Le nouveau moteur devra, entre autres choses, disposer d’une capacité de poussée vectorielle pour conférer à l’appareil une manoeuvrabilité accrue, ainsi qu’une importante poussée pour garantir un rapport puissance-poids supérieur ou égal à 1 à l’appareil avec post-combustion, et un régime de vol en super-croisière dans celle-ci. Le nouveau moteur, puisqu’aucun modèle en France ou en Grande-Bretagne ne répond à ces caractéristiques, devra en outre être économe et afficher une fiabilité et un cycle de vie étendu, tout en étant économe en carburant de sorte à offrir une autonomie importante à l’appareil furtif. Surtout, la décision se fera sur le niveau des transferts de technologies garanti par le partenaire européen, l’objectif de New Delhi étant d’acquérir les compétences pour developper ses propres turboréacteurs militaires à l’avenir.

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Rolls-Royce s’appuie sur l’experience acquise dans la conception du turboréacteur EJ200 qui équipe les Eurofighter Typhoon

Safran collabore déjà avec l’industrie de défense indienne, notamment dans le cadre des compensations industrielles liées à la commande de 36 avions Rafale par l’Indian Air Force, mais également pour maintenir les turboréacteurs de ces mêmes Rafale, ainsi que des mirage 2000-5 et des 1500 hélicoptères indiens équipés de turbines de facture françaises. Rolls-Royce, pour sa part, collabore avec l’IAF pour les réacteurs Adour des Jaguar et Hawk indiens, ainsi que pour les turboréacteurs AE2100 des C-130J Hercules de l’IAF. On notera qu’il semble que les autorités indiennes ne considèrent pas la possibilité de s’appuyer sur des réacteurs de facture russe pour ce programme. Il est probable que la fiabilité et le cycle de vie raccourci des réacteurs russes aient joué dans cette décision, même s’il faut se garder, en Inde, de toute certitude.