La machine industrielle et technologique chinoise semble avoir atteint, désormais, son rythme optimal, tant les annonces et découvertes se succèdent à un rythme effréné depuis quelques mois. A peine quelques jours après que la nouvelle variante biplace du chasseur de 5ème génération J-20 ait été observée lors de test de roulage, et qu’un test de système de bombardement orbital fractionné ait mis en émoi la communauté défense américaine, voilà qu’un cliché montrant le premier vol du nouveau chasseur furtif embarqué des Forces Navales de l’Armée Populaire de Libération a été diffusé sur les reseaux sociaux chinois, levant toute ambiguïté sur l’état d’avancement du programme.
Le cliché montrant le nouveau chasseur chinois, désigné temporairement J-35 faute de nom officiel, est également le premier à montrer effectivement l’appareil. Comme on s’y attendait, l’appareil est clairement dérivé du FC-31 Gyrfalcon du constructeur Shenyang, dont il reprend l’aspect et la configuration générale. L’appareil bimoteur dispose d’une configuration comparable à celle du F-22, avec des ailes triangulaires en diamant, deux plans horizontaux arrières et deux empennages inclinés. Contrairement au J-20, il ne dispose pas de plans canards, les plans horizontaux remplissant la fonction de controle de la profondeur. On observe également le train d’atterrissage sur le cliché, une procédure somme toute classique lors des premiers vols d’un prototype, ainsi qu’une longue sonde sur le nez de l’appareil, là encore très probablement destinée au prototype et non à l’appareil de série. Le cockpit, quant à lui, parait plus imposant que celui du FC-31 d’origine, se rapprochant bien davantage de la forme de celui du FC-31 redessiné post-2015, bien que tout cela nécessite d’être confirmé par l’analyse d’autres clichés.

Cette observation n’est pas, en soit, une grande surprise, puisque les autorités industrielles chinoises elles-mêmes avaient laissé entendre, à l’occasion du salon de Zhuhai qui s’est tenu début septembre, que l’annonce du premier vol concernant ce nouvel appareil devrait avoir lieu avant la fin de l’année. Tout comme celle publiée presque concomitamment du nouvel avion de veille aérienne avancée, désigné KJ-600, également en vol. Mais la concentration de ces annonces en un délais aussi bref, alors même que les dernières observations de la construction du nouveau porte-avions Type 003 montrent que la coque et le pont supérieur étaient désormais terminés et clos, démontre une parfaite maitrise de la planification chinoise qui, de toute évidence, disposera de son nouveau porte-avions de 80.000 tonnes mais également de son groupe aérien embarqué complet presque simultanément, une prouesse extraordinaire sachant le peu d’expérience sur laquelle les ingénieurs et planificateurs chinois ont pu s’appuyer dans ce domaine.
Rappelons qu’à l’instar des forces aériennes chinoises qui font évoluer simultanément des appareils de 4ème génération avancés, comme le J-10C et le J-16, aux cotés du J-20 de cinquième génération, l’aéronavale chinoise prévoit d’équiper simultanément ses porte-avions dotés de catapultes Type 003 et ultérieurs, de chasseurs de 5ème génération J-35, mais également d’une nouvelle version du chasseur J-15 dérivé du Su-33, adaptée spécifiquement à l’emploi des catapultes sur porte-avions, le J-15T, ainsi que de drones de combat furtifs embarqués, dont la désignation et le modèle n’ont pour l’heure pas été confirmés, mais qui seraient dérivés du prototype Sharp Sword. En outre, une version biplace du J-15 dédié à la guerre électronique et la suppression des défenses anti-aériennes adverses, le J-15D, serait également en préparation, sur les traces du J-16D dévoilé au salon de Zhuhai cette année.

Dans ces conditions, au delà de 2025, il se pourrait bien que le groupe aérien embarqué des porte-avions Type 003 chinois soit parmi les plus performants, si pas le plus performant, des groupes de ce type, égalant et même, peut-être, dépassant les capacités du ceux embarqués à bord des super porte-avions de l’US Navy. Et ce d’autant que rien n’exclut que Pékin ait actuellement en developpement d’autres équipements confidentiels capables d’enrichir ces capacités, notamment dans le domaine des drones et des essaims de drones. De fait, rien ne permet de supposer que dans les 10 à 15 années à venir, l’US Navy conservera son ascendant technologique sur la Marine de Pékin, bien au contraire.
Car cette conjonction d’annonces pourrait bien n’être que l’entame d’une série de révélations qui pourraient laisser l’occident sans capacité de réaction à court ou moyen terme. En effet, divers indiscrétions laissent entendre que l’industrie aéronautique chinoise développerait de manière confidentielle au moins un nouveau chasseur, lui aussi de 5ème génération, destiné à l’attaque et au remplacement des JH-7 qui commencent à marquer le poids des années. En outre, il est désormais plus que probable que les travaux pour concevoir le successeur du chasseur « léger » J-10 ont été entamés, dans le but de produire un appareil qui pourrait bien être à la frontière entre la 5ème et la 6ème génération, ou se positionner sur le même créneau que le Checkmate Russe pour tenter de s’imposer sur le marché de l’exportation, qui reste le point faible de la production aéronautique militaire de Pékin.

Enfin, Pékin a déjà annoncé avoir entamé les travaux préparatoires pour disposer d’un chasseur de 6ème génération à horizon 2040, à l’instar des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie. En outre, de nombreux programmes concernant des drones de combat ou des drones logistiques sont en cours, destinés aussi bien à armer les unités basées à terre que les unités embarquées. Le rythme et le volume des productions chinoises ira même très probablement en augmentant dans les années à venir, maintenant que Pékin dispose de solutions de propulsion, si pas optimales, en tout cas de facture locale et ne dépendant plus de la Russie.
Il apparait désormais clairement que le tempo technologique militaire mondial n’est plus donné par les Etats-Unis ni l’Occident en général, et pas même par la Russie, même si celle-ci à fait montre d’un extraordinaire dynamisme dans ce domaine ces dernières années. Dans ces conditions, la planification occidentale, et Européenne en particulier, fortement teintée de l’attentisme de Berlin, pourrait bien conduire le vieux continent et l’ensemble de son industrie de défense, à un déclassement aussi fulgurant que profond, entrainant dans son sillage les espoirs de voir l’Europe peser sur les questions internationales autrement qu’en étend le réceptacle consumériste des productions des grandes puissances. Il ne s’agit là en rien d’un fatalité, comme nombre de personnes publiques aiment à la laisser croire, mais de la seule conséquence d’un manque de determination des autorités, et d’un idéalisme désuet hérité d’une période post guerre-froide qui aura probablement fait bien plus de dégât a l’Europe que la Guerre Froide qui l’avait précédé.
















