dimanche, décembre 7, 2025
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L’Inde interdit l’importation de 101 équipements de défense, y compris les sous-marins ou les chasseurs légers

L’annonce a de quoi surprendre. En effet, par la voix du ministre de La Défense Rajnath Singh, le gouvernement indien vient d’annoncer l’interdiction progressive d’importer pas moins de 101 équipements de défense majeurs, allant du fusil de précision au destroyer, équipements qui seront progressivement bannis entre 2020 et 2025. Selon le ministre de La Défense indien qui s’exprimait sur son compte tweeter, l’objectif est à la fois d’atteindre l’autonomie stratégique dont le besoin a été mise en lumière par la crise Covid19, et de stimuler l’économie indienne, qui souffre également du fait des conséquences économiques de la crise sanitaire.

La liste des équipements proscrits sera révisée chaque année, avec l’ajout potentiel d’équipements dès lors que les solutions de remplacement seront effectives. Afin de marquer les esprits, la première tranche d’équipements ne pouvant être importée inclus les chasseurs légers, qui seront donc proscrits dés le mois de décembre de cette année, alors que les sous-marins à propulsion conventionnelle le seront une année plus tard. Selon les autorités indiennes, le pays a dépensé autour de 4 lakh crore, soit environs 50 Md$, entre avril 2015 et Aout 2020, pour importer les équipements énumérés dans la liste gouvernementale, représentant un manque à gagner très important pour l’industrie indienne et, par voie de conséquence, pour les finances publiques du pays.

AH64 India Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Entre 2015 et 2020, l’Inde a commandé pour prés de 50 Md$ d’équipements de Défense importés de l’étranger.

Par ailleurs, le budget consacré à l’acquisition d’équipements de Défense sera désormais divisé en deux, dont un spécialement consacré aux fabrications locales. Sur l’année 2020, ce budget représente 52,000 crore, soit un peu plus de 7,2 Md$, et sera en partie mobilisé pour l’acquisition de 200 Vehicles blindés de blindés, provisionnée à hauteur de 5.000 crore, soit 700 millions de dollar. L’annonce faite par les autorités indienne, par ailleurs inséré dans un cadre juridique stricte, est toutefois surprenante. En effet, rien n’empêche l’Inde de privilégier des solutions nationales dans ses appels d’offres, ni même ne l’oblige à accepter des propositions venant de l’étranger. Mais il est vrais qu’à New Delhi, les luttes d’influence et de pouvoir, notamment autours des contrats de défense, sont telles que la seule volonté politique pouvait ne pas suffire. En revanche, cela créé une contrainte forte pour les armées indiennes, alors même que celles-ci font face à des tensions croissantes avec le Pakistan, et surtout avec la Chine.

IAF Tejas LCA Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
le programme de chasseur léger Tejas est symptomatique des limites actuelles de la base industrielle et technologique Défense indienne.

Or, la qualité et les performances des équipements de Défense, qu’ils soient conçus ou simplement construits en Inde, a souvent était remise en question, qu’il s’agisse d’avions de combat, de blindés, de missiles et de navires. Ainsi, les Su-30 MKI assemblés par l’avionneur d’état HAL connurent de nombreux accidents qui furent imputés à des problèmes qualitatifs, les sièges éjectables de l’équipage ayant la fâcheuse tendance à se déclencher en phase de décollage ou d’atterrissage. Quand au chasseur léger Tejas, du même constructeur HAL, ses performances serait très loin de satisfaire les autorités militaires indiennes, notamment si l’appareil devait faire face à ses homologues JF-17 pakistanais ou J-10 chinois.

INS Kalvari sent to the dock for setting afloat to Naval Dockyard Mumbai Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
l’INS Kalvari est le premier sous-marin de la classe éponyme du programme P75 confié à Naval Group et aux chantiers navals indiens Mazagon.

On se rappelle également de l’impasse dans laquelle le consortium Rafale s’est retrouvé lors du premier contrat MMRCA qui fut finalement annulé, l’avionneur Français ne parvenant pas à s’assurer du respect des engagements en matière de procédure et de qualité auprés de l’industriel indien choisit par l’Etat. A contrario, la construction des sous-marins Scorpene du programme P75, piloté par le français Naval Group, permis de mettre en place un réseau structuré efficace de sous-traitants et un partenariat fort avec son homologue indien Mazagon Dock Shipbuilders Limited. A ce titre, le groupe naval français reçu en février 2020 le prix de meilleur partenaire industriel étranger à l’occasion du salon DefExpo. Cet acquis est d’ailleurs largement mis en avant par Naval Group et par son partenaire pour s’imposer dans le cadre du programme P75i portant sur la construction de 6 nouveaux sous-marins équipés d’une propulsion anaérobie AIP.

Le Japon accorde une offre de leasing au Vietnam pour financer 6 patrouilleurs

Le Leasing devient, ces derniers mois, un mode de financement très prisé en matière d’acquisition d’équipements de Défense, et notamment pour les dossiers d’exportation. Ainsi, le Japon vient de finaliser une offre de financement par leasing pourtant sur 6 patrouilleurs armés pour un montant de 36,6 milliards de Yen, soit 345 millions de dollars.

C’est l’Agence de Coopération Internationale Japonaise qui porte l’offre de financement signée le 28 juillet par les autorités Vietnamiennes à Hanoï, qui porte naturellement sur 6 navires de patrouille qui seront fabriqués dans les chantiers navals nippons. Les navires sont destinés aux gardes-cotes vietnamiens, qui doivent de plus en plus faire face à des intrusions de flottes de navires de pêche venues de Chine, parfois escortées par des navires des gardes cotes chinois. plusieurs incidents entre pêcheurs chinois et autorités vietnamiennes ont déjà eu lieux ces dernières années.

Guepar fregate vietnam Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
La Marine Vietnamienne a commandé 6 corvettes Guépard 3.9 dont 3 sont spécialisées dans la lutte anti-sous-marine à la Russie. 4 unités sont déjà en service.

Le financement par leasing est particulièrement pertinent pour des pays émergents en manque de liquidité. Souvent soutenus par une importante croissance, ces pays peinent toutefois à se financer à des taux raisonnables sur les marchés financiers internationaux. L’offre par leasing, qu’elle soit portée par une agence d’état ou par un financement privé, permet de proposer des modalités de financement à des taux bien inférieurs, via des canaux de décisions souvent beaucoup plus courts. Il est donc souvent très bien accueilli par les décideurs étrangers.

Porte-avions, système anti-missiles, avions de combat : Séoul dévoile ses ambitions pour la décennie à venir

Contrairement aux européens, la Corée du Sud n’a jamais négligé ses investissements en matière de Défense, y compris durant la période qui suivit l’effondrement du bloc soviétique et qui fut caractérisée par un rapprochement entre l’occident et la Chine. Il faut dire qu’avec un voisin comme la Corée du Nord accusée de developper un programme nucléaire militaire dès 1989, Séoul, par ailleurs à porté de l’artillerie nord coréenne, n’a jamais véritablement connu de période d’apaisement, pour profiter des « bénéfices de la Paix » chers aux dirigeants européens dans les années 90 et 2000. Et de fait, la Corée du Sud dispose aujourd’hui d’une force armée de premier ordre, bien équipée, et bien entrainée, que l’on peut aisément intégrer dans les 10 plus puissantes forces armées mondiales en 2020.

De fait, la publication du plan d’investissements Défense par Séoul constitue un événement très observé dans la région Asie-Pacifique, et cette année, les observateur n’auront pas été déçu par les ambitions des autorités coréennes. En effet, le pays prévoit d’investir par moins de 70 Milliards de dollar, 100 trillions de won, pour concevoir et mettre en service de nouveaux systèmes de combat. Cet un effort jusqu’ici inédit propulsera les capacités militaires et industriels du pays à un tout autre niveau que celui qui est le sien aujourd’hui, dépassant en de nombreux domaines les armées européennes d’ici 2030. Voici les principaux programmes annoncés ou confirmés par les autorités sud-coréennes :

Porte-avions léger de 30.000 tonnes

Comme Tokyo, Seoul veut se doter d’une force aéronavale embarquée, et a annoncé la construction d’un porte-aéronefs qui, contrairement à ce qui était anticipé, ne sera pas un porte-hélicoptère d’assaut lourd capable de mettre en oeuvre des avions de combat à décollage vertical, mais un véritable porte-avions léger, sur un concept proche de celui de la classe Queen Elizabeth britannique. Jaugeant 30.000 tonnes à vide et 40.000 tonnes en charge, soit sensiblement le même tonnage que le porte-avions français Charles de Gaulle, le nouveau navire sud-coréen ne disposera pas de catapultes, mais d’un tremplin, et ne pourra donc mettre en oeuvre que des F35B, version ADAC/V de l’appareil de Lockheed.

south korea aircraft carrier Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Une vue 3D du futur porte-avions léger sud-coréen communiquée par le ministère de La Défense. Cette vue est cependant très limitée, et probablement partiellement fausse, car les précédents rendus artistiques disposaient tous d’un tremplin.

Selon les informations disponibles, le porte-avions sud-coréen, conçu telle une version extrapolée des porte-hélicoptères d’assaut de la classe Doko, pourra accueillir jusqu’à 20 F35B, soit sensiblement le même nombre que les destroyers porte-hélicoptères modifiés japonais de la classe Izumo. Le navire, dont la conception débutera dés l’année prochaine, doit être lancé à la fin des années 2020, pour entrer en service dés les premières années de 2030. Rien n’indique pour l’heure que Séoul ait effectivement prévu de construire deux navires de ce type, comme le déclarait le chef d’Etat-Major de la Marine Sud-Coréenne il y a un an, et la commande de seulement 20 F35B tend à indiquer qu’il sera le seul représentant de sa classe, ou tout du moins que la construction d’un second exemplaire n’interviendra qu’une fois le premier achevé.

F35A et F35B

L’annonce concernant la conception d’un porte-avions léger fut également l’occasion de préciser les objectifs de Séoul en matière d’acquisition de l’avion F35 américain. Alors qu’une commande de 20 F35B avait déjà été annoncée il y a quelques jours, il est désormais précisé que celle-ci interviendra en supplément de la commande initiale de 60 F35A, dont 20 appareils restent à être formellement commandés par les autorités sud-Coréennes. En revanche, Seoul semble déterminé à limiter ses commandes de F35 à ce volume, préférant donner la priorité au developpement de son chasseur K-FX.

F35B de lUS Marines Corps au decollage dun LHD Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Seoul a annoncé commander 20 F35B pour équiper son ou ses porte-avions légers, et ce en supplément des 60 F35A prévus initialement

Chasseur de nouvelle génération K-FX

Destiné a remplacer les quelques 240 F16 et F5 en service au sein des forces aériennes sud-coréennes, le programme K-FX sera le premier avion de chasse intégralement conçu par le pays avec la participation de l’Indonésie, après l’experience réussie de l’avion d’entrainement et d’attaque KAI T-50 Golden Eagle. L’industrie US, et notamment Lockheed-Martin et Général Electric, a été mise à contribution avec une vingtaine de transferts de technologies émanant du programme F35 et la livraison des moteurs F414 qui propulseront l’appareil. Le programme s’est vu doter d’une enveloppe de 8,8 trillion de won, financée à 60% par l’état sud-coréen, à 20% par les industriels, et à 20% par l’Indonésie.Toutefois, cette dernière n’a pas, à ce jour, déboursé la moindre Roupie dans ce programme, et de nombreuses questions sur son éventuel retrait restent en suspend.

korea KAI KF X stealth fighter jet Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Une représentation du programme KFX sud-coréen.

Le constructeur aéronautique KAI a entamé en 2019 la construction du premier prototype de l’appareil, alors que 6 de ces prototypes sont attendus pour 2021, afin d’entamer les essais en vol. L’entrée en service du K-FX est prévue pour 2026, et la Corée du Sud prévoit d’en acquérir entre 150 et 180 exemplaires.

Système anti-missiles avancé

Parmi les « surprises » dévoilées par les annonces sud-coréennes, figure le developpement d’un système anti-missile présenté comme équivalent au système israélien Iron-Dome. L’objectif de cet armement sera de protéger notamment la capitale Séoul d’une possible attaque par missiles, roquettes et obus d’artillerie venant de Coréen du nord. Piloté par la DAPA, l’agence sud-coréenne en charge de la recherche et du développement des technologies militaires, ce programme sera probablement le plus délicat à mener à terme de l’ensemble des programmes annoncés, car sollicitant des budgets très importants pour être en mesure de neutraliser la menace que représente les quelques 10.000 canons d’artillerie et lance-roquettes multiples en service dans les armées de Pyongyang.

Iron Dome Intercepts Rockets from the Gaza Strip Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
L’objectif de Seoul est de disposer d’un système anti-missile capable de protéger la capitale d’une attaque d’artillerie lancée depuis la Corée du Nord.

Sous-marins océaniques lance-missile balistique

L’annonce de la conception et la construction de nouvelles classes de sous-marins d’attaque, potentiellement plus lourds que les KSS-III, n’avait, elle, rien d’une surprise, le besoin étant identifié de longue date par Séoul. Toutefois, nous apprenons désormais que l’industrie sud-coréenne développera non pas un, mais deux sous-marins océaniques, un premier de 3000 tonnes sur la période 2021-2025, puis un second modèle de 4000 tonnes sur la période 2026-2030. La question de la propulsion, potentiellement nucléaire pour la version lourde, n’a pas été tranchée.

Lancement du sous marin AIP coreen KSS III Dosan Ahn Chang Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
La Corée du Sud fabrique déjà de manière autonome les sous-marins AIP KSS-III, issus d’une conception nationale

En revanche, les submersibles mettront en oeuvre des missiles balistiques, qui ne seront naturellement pas équipés de têtes nucléaires puisque la Corée du Sud ne dispose pas ce type d’armement dans son arsenal. Ces missiles n’en représenteront pas moins des armes stratégiques de première frappe ou de riposte, capables de dissuader un adversaire de mener ou poursuivre une offensive contre le pays.

Destroyers Aegis

La flotte de surface sud-coréenne continuera de voir ses moyens se renforcer, avec la construction de 3 nouveaux destroyers KDX-III équipés du système américain anti-missile et anti-aérien AEGIS, ainsi que l’entrée en service de la nouvelle génération de destroyer KDDX, prévue pour la seconde moitié de la décennie en cours. Ils viendront renforcer les 12 destroyers déjà en service, parmi lesquels figurent déjà les 3 destroyers AEGIS de la classe Sejong the Great, aujourd’hui les navires les plus puissamment armés du théâtre Pacifique avec les destroyers lourds Type 055 chinois.

Destroyer sud coreen de la classe Senjong the great KDXIII Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Les futurs destroyers KDX-III batch II disposeront d’une puissance énergétique accrue permettant la mise en oeuvre d’armes à énergie dirigée, comme des laser ou un Rail Gun.

Micro-satellites et lanceurs dédiés

Bien que récent, car lancé en 1989, le programme spatial sud-coréen est ambitieux, avec par exemple l’objectif de disposer d’un lanceur national KSLV-2 à partir de 2021. Dans le domaine militaire, Seoul a décidé de mettre l’accent sur le developpement de micro et de mini-satellites et de concevoir un lanceur dédié à cette mission, permettant aux forces armées du pays d’accroitre significativement, et ce dans des délais courts, les capacités liées au domaine spatiale de ses forces armées : renseignement, communication, guerre électronique… Le programme doit entrer en service à la fin des années 2020. Par ailleurs le pays prévoit de se doter de son propre système de géolocalisation spatial, équivalent au système GPS américain, dés le début des années 2030.

Drones, drones, drones …

Enfin, Séoul prévoit de fournir un effort très important en matière de conception de drones et de systèmes robotisés, avec un programme de drone aérien de combat furtif, un programme de drone naval de surface, un programme de drone sous-marin, ainsi qu’un programme de drones terrestres. Le pays développe par ailleurs de nombreuses solutions tactiques sur base robotique, dont des robots biomimétiques.

dof robot south korea Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
L’Armée sud-coréenne développe de nombreux prototypes robotisés, comme ce chien robotique destiné à accompagner les forces terrestres.

Conclusion

On le voit, à l’exception notable des véhicules blindés, qui avaient fait l’objet d’un effort tout particulier durant la précédente décennie avec la conception du char lourd K2 Black Panther ou le système SHORAD Biho 2, Séoul accroit son effort de Défense dans l’ensemble des domaines liés au combat de haute intensité. Pour financer ces grandes ambitions, le gouvernement du pays avait annoncé, il y a quelques mois, que le budget des armées augmenterait de 40% entre 2020 et 2024, un effort sans aucune comparaison avec les augmentations homéopathiques des budgets que nous connaissons en Europe.

Conscient des risques que constituent simultanément la Corée du Nord, la Chine et dans une moindre mesure la Russie, et malgré la présence de plus de 28.000 hommes des forces armées américaines sur son sol, Séoul a pris les décisions qui s’imposaient à la fois pour protéger sa population, protéger ses intérêts et potentiellement dissuader un adversaire, et ce de manière autonome. Le pays ne rechigne pas à la dépense, avec un budget en 2019 de 36 Md$ soit 2,6% de son PIB, et qui atteindra les 50 Md$, soit prés de 3,3 % de son PIB, en 2025. Un exemple sur lequel beaucoup en Europe, en particulier en Allemagne, devraient méditer, tant les écarts en matière d’implication, d’anticipation et de précaution sont notables avec la Corée du Sud.

La Chine accroit le rythme de formation de ses pilotes navals

Beaucoup de pays occidentaux, Etats-Unis compris, peinent à trouver les candidats pour satisfaire à leurs objectifs de recrutement, notamment pour les fonctions les plus techniques, comme les pilotes de combat. Ce problème est devenu à point critique que, désormais, la capacité prévisionnelle à trouver et former les bons profils est un paramètre limitant dans le dimensionnement des forces, qu’elles soient aériennes, navales ou terrestres. De toute évidence, la Chine ne rencontre pas ce problème.

En effet, à l’occasion de l’ouverture des dossiers d’inscription en ligne pour la formation de pilote de l’aéronautique navale, la Marine Chinoise aurait reçu pas moins de 16.000 candidatures selon le site d’état globaltimes.cn, un chiffre qui ferait pâlir d’envie tous les responsables des ressources humaines militaires en occident. Bien évidemment, 16.000 candidats ne signifient pas 16.000 pilotes, bien au contraire. La Marine Chinoise avait coutume jusqu’ici de former entre 60 et 80 pilotes par an, dont une vingtaine était destinée à opérer comme pilotes de chasse embarqué sur porte-avions, les autres devenant pilote d’appareil basé à terre et d’hélicoptère embarqué sur les frégates et destroyers chinois. Avec l’entrée en service du second porte-avions, le Shandong, capable de mettre en oeuvre jusqu’à 36 avions de combat J-15, le besoin en matière de pilotes de chasse embarquée certifiés s’accroit rapidement, d’autant que la construction du prochain porte-avions, identifié pour l’heure Type 003, avance rapidement, et qu’il pourra emporter deux fois plus d’appareil à l’horizon 2025, et que d’autres porte-avions, probablement à propulsion nucléaire, le suivront.

Shandong Type 001A Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le second porte-avions chinois, le Shandong, peut mettre en oeuvre 36 avions de combat J-15, soit 12 de plus que le Liaoning qui le précède.

Au delà des chiffres impressionnants, qui servent par ailleurs la propagande chinoise, l’information indique également l’attachement fort des chinois à leurs armées, et rappelle les capacités démographiques dont dispose le pays pour accroitre ses forces militaires le besoin se faisant sentir. Rappelons que la Chine dispose d’un nombre de jeunes hommes surnuméraires estimé entre 20 et 30 millions, c’est à dire des hommes qui n’auront pas d’impact statistique sur la courbe démographique du pays. En d’autres termes, et de façon très froide, la Chine pourrait perdre 30 millions de jeunes hommes sans que cela n’affecte significativement sa natalité. Ces chiffres très importants concernant le nombre de candidats révèlent également qu’en dépit de la baisse de la natalité chinoise et de l’augmentation rapide du niveau de vie et d’éducation des chinois, la réponse nationaliste reste très importante, une caractéristique très différente de ce qui a été observé en occident à partir des années 60 et 70, et qui n’a fait que s’accroitre depuis.

Il est important de noter qu’en dépit de nombreuses idées reçues en occident, la modernisation et le renforcement des capacités militaires chinoises se sont accompagnés d’un effort titanesque et parfaitement maitrisé des autorités chinoises pour former ses militaires et accroitre leur technicité, et ce de façon d’autant plus remarquable que Pékin n’a que très peu reçu d’assistance dans ce domaine venant d’un pays tiers. Ainsi, l’acquisition des savoir-faire technologiques et militaires sur l’emploi des porte-avions et de la chasse embarquée a été menée avec une grande méthode par la Marine chinoise, qui s’est certes inspirée de ce qui se pratiquait aux Etats-Unis, en France ou en Russie, mais qui développa ses propres doctrines, à force d’expérimentation. A ce titre, et là encore contrairement à la perception occidentale, les autorités militaires chinoises ont largement incité leurs officiers à developper de nouvelles tactiques et à les expérimenter pour en évaluer l’efficacité. Dès lors, il est aujourd’hui très difficile d’anticiper les doctrines, stratégies et tactiques qu’emploieraient les forces chinoises si elles devaient prendre part à un conflit armé.

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La puissance navale et aéronavale de la Marine chinoise a effectué un bon capacitaire prodigieux en seulement quelques années, passant d’une force littorale défensive à une force offensive de haute mer

Quoiqu’il en soit, si le nombre de candidats annoncé par Pékin pour rejoindre l’aéronavale chinoise n’est pas, en soit, une information stratégique déterminante, il constitue, une fois intégré dans le contexte global de l’effort de défense chinois, un paramètre important concernant la préparation opérationnel des forces armées du pays, et la soutenabilité de son effort de défense, tout du moins du point de vue des ressources humaines. Il est, dès lors, temps de cesser d’observer le renforcement militaire chinois avec un sentiment de supériorité toute occidentale, et de prendre la mesure de la puissance militaire, aussi bien technologique qu’humaine, que représente potentiellement l’Armée Populaire de Libération aujourd’hui.

La France aurait déployé des Rafale à Chypre

Selon le site Defenseworld.net, généralement bien informé sur ce qui entoure La Défense turque, deux avions de combat Rafale de l’Armée de l’Air française ont été observés sur la base chypriote Andreas Papandreou prés de la ville de Paphos, sur la côte occidentale de l’ile. Les deux appareils français, accompagnés d’un avion ravitailleur Hercule KC-130J et d’un C-160R Transall de soutien logistique, participeraient à des exercices avec la Garde nationale chypriote. Mais l’information intervient alors qu’Athènes et Nicosie sont à nouveau en état d’alerte suite à l’intrusion d’un nouveau bâtiment turc d’exploration minière accompagné d’une escorte navale armée dans les eaux chypriotes. De fait, le déploiement des deux chasseurs français prend immédiatement une toute autre dimension, et apparait comme un message de Paris à destination d’Ankara concernant le soutien que la France apporte, et apportera si nécessaire, si la Turquie venait à tenter le passage en force dans ce dossier.

Les tensions entre la capitale française et la capitale turque sont allées croissantes ces dernières années. Initialement, Ankara reprochait à la France son alliance de fait avec les Peshmergas Syriens, combattants kurdes ayant fait preuve d’une grande determination dans le combat contre Daesh, mais que les autorités turques considèrent affiliés au PKK, le parti indépendantiste kurde qui a mené de nombreuses attaques terroristes sur le sol du pays. En représailles, la presse turque avait diffusé la position des forces spéciales françaises présentes en Syrie, faisant naturellement peser un danger bien plus important sur ces forces habituées à la discrétion. Par la suite, ce sont les offensives turques dans le nord de la Syrie, notamment contre les alliés syriens kurdes de la France, qui envenimèrent les relations turco-françaises, alors que le président Erdogan demandait le soutien des alliés européens pour renforcer sa défense aérienne, tout en menaçant ces mêmes européens d’un blocage systématique de l’OTAN et de libérer des vagues de migrants sur les cotes du vieux continent.

FLF Marine Nationale Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le 17 juin, la frégate légère furtive Courbet de la Marine Nationale fut par 3 fois éclairé par un radar de tir opéré par une frégate turque, créant un grave incident entre Paris et Ankara, ainsi que le retrait français des opérations de l’OTAN en Méditerranée orientale.

Enfin, les tensions entre les deux pays, que décidément tout oppose, se sont portées sur le conflit Libyens, dans lequel Ankara apporte un soutien militaire appuyé aux forces gouvernementales de Tripoli, en échange d’un très juteux contrat d’exploitation des ressources pétrolières du pays, et des concessions navales dépassant largement le cadre de la seule Libye. C’est à cette occasion que les frégates turques, escortant un cargo tanzanien transportant des armes vers Tripoli malgré le blocus naval opéré par l’OTAN, engagèrent à trois reprises la frégate Courbet de la Marine Nationale avec leur radar de tir alors que celle-ci intimait l’ordre au cargo de faire demi-tour ou de se préparer à une inspection, conformément au mandat de la frégate française. Cette action, considérée comme un acte de guerre par la doctrine française, aurait pu dégénérer et amener la France à ouvrir le feu en riposte.

Depuis, face à la faiblesse de la réponse de l’OTAN contre la Turquie dans ce dossier, Paris a annoncé le retrait de ses moyens navals et aériens des opérations navales de l’alliance en Méditerranée orientale, un signe de protestation fort des autorités françaises, qui avaient déjà, toujours dans le différent qui l’oppose à la Turquie, porté un jugement sévère sur le fonctionnement de l’alliance atlantique, « en état de mort cérébrale » selon le président français.

E.Macron A.Tsipras et N.Anastadiades au EU Med7 Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
en juin 2019, le président français Emmanuel Macron apporta le soutien ferme de la France à la Grèce et à Chypre pour faire face au passage en force turc dans les eaux chypriotes

De fait, le déploiement des Rafale français à Chypre, dans le contexte actuel, apparait comme vêtu d’une symbolique forte, et marque la détermination de Paris de ne pas céder face aux comportements de plus en plus belliqueux des autorités turques notamment vis-à-vis de ses supposés alliés. Reste à voir quelles missions effectueront les avions sous cocarde tricolore, et notamment s’ils survoleront le dispositif naval turc. Quoiqu’il en soit, ce geste français aura sans le moindre doute un impact marqué dans l’opinion publique hellénique, très en tension depuis l’annonce du nouveau déploiement turc.

Airbus DS expérimente la technologie de communication avec les futurs Remote Carrier du programme SCAF

C’est à l’occasion de l’exercice allemand Timber Express qu’Airbus Defense & Space a expérimenté la communication virtuelle entre un Typhoon de la Luftwaffe et un Remote Carrier, le drone de combat léger qui constituera une composante clé du programme SCAF d’avions de combat de nouvelle génération menée en coopération par l’Allemagne, la France et l’Espagne.

Non seulement la démonstration fut faite que la connexion pouvait s’intégrer dans un flux composé de communication de données multiples, mais qu’elle pouvait être intégrée à tous les appareils disposant d’une communication numérique, et ce sans modification. En outre, la communication, qui emploie le protocole CANDL, est intégrable au principe CESMO défini par l’OTAN afin de standardiser la coopération multi-domaine dans l’alliance, et être distribuée à l’ensemble des opérateurs connectés. Cette expérimentation tend à accréditer l’hypothèse d’une arrivée anticipée des Remote Carriers afin d’étendre les capacités des Typhoon allemands et espagnols ainsi que des Rafale français, de sorte à palier les déficiences de ces deux appareils dans le domaine de la suppression des défenses et de la furtivité.

remote carrier 100 i remote carrier 200 Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le Remote carrier n’est pas un modèle mais un concept. Il en existera plusieurs ayant des caractéristiques et des fonctions différentes.

Airbus Defense & Space est en charge, au sein du programme SCAF, du volet système de systèmes, intégrant notamment la communication entre les Remote Carriers et les avions de combat. Le missilier européen MBDA est, pour sa part, en charge de la conception des Remote Carriers eux même, sur la base de l’experience acquise dans le domaine des missiles de croisière notamment. L’utilisation de protocoles et de connexions standards, comme la liaison 16, autorise en effet une entrée en service plus rapide de ces équipements, permettant de mieux percevoir le caractère étendu du programme SCAF qui dépasse de beaucoup la conception d’un nouvel avion de combat. Selon la communication officielle Airbus DS, la première génération de remote Carrier est attendue pour le début des années 2030.

La Chine a-t-elle doublé la production de chasseurs lourds en 2020 ?

Alors que le bras de fer entre Pékin et Washington va croissant chaque jour, une publication liée au constructeur aéronautique chinois AVIC présente une information des plus surprenantes, selon laquelle le groupe prévoirait la construction en 2020 de pas moins de 60 chasseurs bombardiers lourds J-16, 20 chasseurs polyvalents embarqués J-15 et 30 chasseurs furtifs lourds J-20, soit 110 appareils, tous des bimoteurs dotés d’un long rayon d’action et d’une importante capacité d’emport de charge. En outre, les travaux sur le chasseur furtif moyen FC-31 destiné à équiper les porte-avions de la Marine Chinoise se poursuivraient. Impossible aujourd’hui de séparer le vrais du faux dans cette annonce, mais plusieurs paramètres doivent être pris en compte pour en évaluer la véracité, mais aussi la portée.

Parmi les critères qui font douter de ces chiffres, le plus important est le nombre total de 110 appareils qui seraient construits cette année. En effet, la production chinoise d’avions de combat moderne n’a jamais jusqu’ici dépasser les 80 aéronefs, ce qui induirait une montée en charge de prés de 40% en une seule année, par ailleurs marquée par la pandémie de virus Covid19. Car il ne s’agit pas uniquement, dans ce cas, d’augmenter les capacités des lignes d’assemblage, phase ultime de la construction d’un avion de combat, mais de toute la chaine d’approvisionnement, soit un grand nombre d’entreprises qui auraient dû simultanément accroitre leurs propres capacités de production sans entamer la qualité des éléments produits. Ce n’est pas impossible, certes, mais cela représenterait tout de même un effort extrêmement important, et violent, surtout dans des délais aussi ténus.

J 10C with WS 10G Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Absent de la communication d’AVIC, le J10 est pourtant un appareil performant dont l’APL a grand besoin pour remplacer les J7 et A5 encore en service.

Le second paramètre surprenant est l’absence de référence au chasseur léger J10, qui jusqu’ici représentait la part la plus importante des nouveaux avions de combat produits par l’industrie chinoise. Rien ne semblait indiquer jusqu’ici l’arrêt de la ligne de production de ce chasseur polyvalent aux performances très satisfaisantes, et bien adapté pour remplacer l’immense majorité des chasseurs légers chinois de génération antérieure. Certes, il est possible que la communication ait voulu mettre l’accent sur les chasseurs lourds, mais cela signifierait que la production total d’aéronefs serait encore plus importante que les 110 déjà annoncés, ce qui parait difficile à envisager. Quand à l’arrêt pur et simple de la Chaine d’assemblage des J-10, elle parait également peu probable, puisque cela entrainerait un impact industriel significatif, et priverait l’APL d’un avion performant et bon marché, alors même que son objectif premier et de moderniser la masse, c’est à dire remplacer les quelques 700 J7, J8 et A5 encore en service.

Toutefois, les objectifs annoncés, même s’ils interrogent, ne peuvent être balayés d’un simple revers, tant leur implication est significative. En effet, outre leur caractère incontestablement moderne, les 3 appareils cités ont une caractéristique commune, ils disposent d’un long rayon d’action et d’une large capacité d’emport. Or, si le J10, un chasseur léger performant mais limité dans ces deux domaines, constitue une excellente base défensive pour sécuriser l’espace aérien chinois ou pour mener des opérations à proximité des frontières du pays, les J16 et J20 peuvent, eux, mener des incursions dans la profondeur, pour éliminer les cibles stratégiques dans le dispositif de l’adversaire, comme des sites de défense aérienne, des bases radars, des bases aériennes, ou des unités navales. Le J-15, quand à lui, constitue le bras armée de la flotte aéronavale embarquée chinoise, et l’augmentation sensible du nombre d’appareils permettrait à la Marine chinoise de déployer simultanément ses deux porte-avions avec une dotation complète d’aéronefs embarqués, chose dont elle est incapable aujourd’hui.

J15D guerre electronique Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le J15D, ici en livré d’usine, est spécialisé dans la guerre électronique et l’élimination des sites radar et des missiles anti-aériens de l’adversaire

En d’autres termes, si l’annonce était avérée, la Chine concentrerait ses moyens de production industrielle vers des moyens aériens aussi performant en défense qu’en attaque, un changement de doctrine profond pour l’Armée Populaire de Libération. Et ceux d’autant qu’aussi bien J-15 que J-16 se sont vu doter d’une version dédiée à la guerre électronique et l’élimination des défenses anti-aériennes adverses, à l’instar de l’AE-18G Growler de Boeing. Quand au J-20, plusieurs informations concordantes pointent l’arrivée d’une nouvelle version de l’appareil d’ici la fin d’année, identifiée J-20A, dotée notamment d’un nouveau moteur WS-10B3 de facture chinoise et disposant d’une poussée vectorielle. L’appareil furtif verrait alors ses performances améliorées, en manœuvrabilité comme en plafond pratique et en rayon d’action, et ce dans l’attente du futur moteur WS-15 qui devrait le doter de la capacité de super-croisière qui lui fait actuellement cruellement défaut face aux meilleurs appareils occidentaux.

Or, que ce soit en mer de Chine face à l’US Navy, dans la crise taïwanaise ou sur les plateaux himalayens face à l’Inde, ce sont précisément ces capacités de frappe dans la profondeur qui font aujourd’hui défaut à Pékin, et qui, on peut le penser, retiennent son bras en dépit d’une volonté croissante d’agir pour s’imposer. Un besoin d’autant plus marqué que l’APL ne dispose que d’une dizaine d’avions ravitailleurs IL-78 acquis auprés de la Russie et de 3 bombardiers stratégiques H6 convertis pour cette mission, un nombre bien insuffisant pour appliquer une stratégie de supériorité aérienne comparable aux stratégies occidentales, expliquant le besoin de chasseurs lourds face à des chasseurs légers. L’entrée en service du Su35s en 2018 aurait, à ce titre, amené l’état-major chinois à reconsidérer son besoin en matière de chasseurs lourds, tant les capacités de patrouille lointaine du chasseur russe auraient séduit.

Ilyushin Il 78M inflight Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
La Chine ne dispose que d’une dizaine d’avions ravitailleur Il-78 limitant ses capacités d’intervention dans la profondeur de l’adversaire.

En outre, cette volonté de renforcer rapidement les capacités de projection de force de la part de Pékin n’est pas limitée aux forces aériennes, au contraire. La Marine chinoise a ainsi considérablement augmenté ses moyens dans ce domaine, avec l’entrée en service de ses deux porte-avions à tremplin, et la construction d’un 3ème navire doté cette fois de catapultes, ainsi que l’arrivée des LPD Type 071 et des LHD Type 075 pour les assauts amphibie. Le corps des Marines chinois est lui passé de 15.000 hommes à plus de 35.000 entre 2017 et 2020, avec l’objectif d’atteindre les 45.000 hommes l’année prochaine. Quand aux forces terrestres et aéroportées, elles se sont également vues doter d’équipements parfaitement adaptés à la projection de puissance, notamment le char léger Type 15 qui inquiète particulièrement les forces de New Delhi depuis son déploiement le long de la ligne de démarcation avec la Chine. Les forces aériennes, quand à elles, reçoivent un nombre croissant d’avions de transport lourd Y-20, capables aussi bien de largage parachutiste massif que de transport stratégique.

J16 china Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le J16 est un chasseur bombardier lourd biplace affichant un imposant rayon d’action et une capacité d’emport d’armement élevée, parfaitement adapté pour les missions de projection de puissance

Reste que, si l’augmentation de la production de chasseurs lourds chinois répond à la dynamique en cours à Pékin et aux besoins des forces armées chinoises, un bouleversement aussi rapide de l’outil industriel apparait suspect, pour ne pas dire peu probable. Les autorités chinoises ont, jusqu’ici, mis en oeuvre une politique très méthodique de montée en puissance, ne brusquant aucune étape pour faire croitre simultanément la technicité de l’industrie, des équipements militaires et des militaires eux-mêmes. Si l’information venait à être confirmée, cela induirait une changement significatif de stratégie à Pékin, avec la volonté claire de traiter rapidement des zones de conflit. Une perspective bien peu réjouissante dans la situation actuelle ….

Une nouvelle confrontation pilote de chasse vs intelligence artificielle fin aout pour l’US Air Force et la DARPA

Une intelligence artificielle peut-elle vaincre un pilote entrainé dans un combat tournoyant ? C’est la question à laquelle le programme de la DARPA AlphaDogfight Trials s’est donné mission de répondre. Et la troisième séance de test aura lieu à la fin du mois d’aout 2020, selon un communiqué de l’agence de recherche de La Défense américaine publié le 7 aout. Mais l’objectif recherché par ce programme va bien au delà du simple « remplacement des pilotes », comme évoqué par Elon Musk il y a quelques mois.

Ce seront donc huit équipes issues des meilleurs laboratoires de recherche américain en matière d’intelligence artificielle qui vont commencer par s’affronter entre elles les 18 et 19 aout, le gagnant se voyant qualifié pour se confronter à l’élite des pilotes de F16 américains, dans des combats rapprochés simulés. Le premier jour, les IA proposées par les 8 participants se confronteront à une IA développées par l’Institue John Hopkins Applied Physics Lab, avant de s’affronter entre elles le second jour, afin de déterminer quelle équipe aura l’honneur de se confronter à un pilote humain. Ce programme d’essais est intégré dans une programme plus large lancé en 2019, également piloté par la DARPA, le programme Air Combat Evolution ou ACE, en charge d’évaluer, comme son nom l’indique, les options technologiques qui s’avèreront déterminantes dans les décennies à venir en matière de combat aérien.

Skyborg US AFRL Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le programme Skyborg a pour objectif de concevoir un appareil non piloté pouvant s’intégrer dans le dispositif aérien de combat de l’US Air Force pour épauler les avions de combat pilotés

Mais le but du AlphaDogfight Trials va bien au delà de la simple question « qui est le plus fort ? ». En effet, le combat aérien tournoyant est aujourd’hui loin de représenter l’essentiel de la mission d’une flotte de chasse moderne. En revanche, cela permettra aux pilotes eux-mêmes de prendre conscience des performances potentielles de systèmes pilotés par l’Intelligence Artificielle, et de leur accorder leur confiance. On le comprend, l’objectif ici recherché va bien davantage vers une forme de complémentarité pilote-IA que vers le remplacement de l’un par l’autre. En effet, une IA efficace pourrait parfaitement remplir le rôle d’ailier d’un appareil piloté, assurant comme un ailier classique, la sécurité du leader, ainsi que des actions de pilotages de mission en le renseignant sur la navigation, la météo, éventuellement les communications etc..

Cette logique, parfaitement en adéquation avec les programmes Skyborg de l’US Air Force et Loyal Wingmen en Australie , permettrait en effet d’augmenter sensiblement la puissance opérationnelle d’une force aérienne, sans devoir augmenter le nombre d’appareils pilotés, que l’on sait particulièrement chers aussi bien à acquérir qu’à entretenir, tout comme la formation des équipages qui pilotent les aéronefs. Alors que l’occident voit son avantage technologique mis à mal par les progrès de l’industrie et de la recherche chinoise et russe, l’Intelligence Artificielle constitue encore un des domaines ou cette avance occidentale, notamment américaine, est la plus importante. Parier sur ce domaine apparait donc comme une décision justifiée pour préserver l’ascendant technologique sur le champs de bataille de demain.

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La Russie a testé sans grand succès son robot de combat Uran-9 en Syrie, et a dû profondément modifier sa conception pour l’admettre au service, même de façon limitée

Toutefois, il ne faut pas sur-estimer ou fantasmer les performances de l’Intelligence Artificielle, qui aujourd’hui profite surtout de l’augmentation des capacités de traitement informatique, et reste en grande partie articulée autour d’algorithmes développés dans les années 70. Ainsi, à l’occasion des tests opérationnels des véhicules blindés pilotés par une IA, l’US Army a fait la démonstration d’importantes limitations, et d’erreurs qui n’auraient pas été faites par un équipage entrainé. Par exemple, il est apparut que les blindés pilotés par IA étaient incapables d’évaluer la profondeur d’un cours d’eau ou d’une mare, et considéraient systématiquement ce type d’obstacle comme infranchissable.

En outre, le blindé ne pouvait s’éloigner à plus de 2 km de sa station de contrôle, et des obstacles naturels comme des collines ou des bâtiments pouvaient empêcher le signal de parvenir au véhicule. Bien évidemment, en cas de fortes interférences électromagnétiques, la portée des stations de contrôle se trouverait fortement réduite. Connaissant les capacités des forces armées russes ou chinoises dans ce domaine, il s’agit incontestablement d’un point critique qu’il conviendra de sécuriser avant d’espérer tout déploiement opérationnel.

F15 F16 USAF Irak Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Les appareils de combat pilotés vont sillonner les cieux encore pour de nombreuses décennies

C’est d’ailleurs la limite de l’exercice AlphaDogfight Trials, qui se contente d’évaluer la réponse d’un système conçu pour cela face à un pilote, dans un engagement parfaitement normé. Qu’en serait-il dans un affrontement 2 contre 1, ou 2 contre 2, ou dans un affrontement dissymétrique entre des appareils aux performances différentes ? Il ne faudra donc pas tirer de conclusion hâtive d’un éventuel succès de l’IA sur un pilote en combat tournoyant pour annoncer la disparition prochaine des aéronefs pilotés. Après tout, cela fait de nombreuses années que des appareils non pilotés, les missiles, ont montré leurs capacités à prendre l’ascendant sur des appareils pilotés, sans pour autant entrainer la disparition ni même l’amorce de la disparition des avions de combat pilotés.

La Chine multiplie les démonstrations de force face aux Etats-Unis

Dire que les tensions entre Pékin et Washington au sujet de la Mer de Chine et de Taïwan vont croissant serait un réel euphémisme, tant les deux protagonistes multiplient les actions destinées à montrer leur intransigeance respective, ainsi que leur détermination à aller, si besoin, jusqu’au conflit armé. Et la visite du secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, à Taïpei, a fortement participé à accroitre cette spirale dangereuse, en provoquant une réaction très véhémente de Pékin.

Annoncée en fin de semaine dernière sans confirmation officielle, la visite « surprise » du secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, sur l’île de Taïwan, constitue en effet un geste d’une grande portée symbolique, aussi bien pour Washington, pour l’ile indépendante depuis 1947, comme pour les autorités chinoises, qui ont multiplié les démonstrations de forces pour tenter d’amener les Etats-Unis à se retirer de ce qu’ils considèrent comme « une affaire interne ». En effet, Pékin a toujours considéré l’ile de Taiwan non pas comme un état indépendant, mais comme une ile sécessionniste, et n’a jamais caché son ambition de la ramener dans le giron national. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping , en 2012, le discours jusque là basé sur un subtil mélange de pressions internationales et de revendications souples, s’est rapidement radicalisé pour faire place à la menace d’une intervention armée pour reprendre par la force, si besoin, le bastion sécessionniste.

Avion J10C Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Des chasseurs J10 accompagnés de chasseurs lourds J11 ont contraint La Défense aérienne taïwanaise à décoller alors que le secretaire à la santé américain rencontrait la présidente taïwanaise à Taipei.

Depuis une vingtaine d’années, Pékin avait patiemment oeuvré pour éloigner Taipei de ses soutiens occidentaux, notamment en matière d’équipements militaires, en posant une alternative claire et sans ambages : si vous les aidez, vous ne travaillerez plus avec nous. Face au marché colossal espéré que représente la Chine, la majorité des pays occidentaux, y compris européens, firent marche arrière pour préserver leur accès privilégié aux juteux contrats chinois. Ainsi, la France prit beaucoup de distance avec Taipei après que celle-ci fut un de ses principaux clients en matière d’équipements de Défense, en acquérant des mirage 2000 ainsi que des frégates légères furtives, dans les années 90, même si Paris semble avoir désormais une attitude différente. Mais ce ne fut pas le cas des Etats-Unis, qui maintinrent leur appuis aux autorités de Taiwan malgré les pressions chinoises, en tentant toutefois de minimiser les transferts de technologies sensibles afin de ne pas courroucer Pékin outre mesure.

Dès lors, la visite d’un officiel américain de haut rang constitue une provocation inacceptable pour Pékin, d’autant qu’à l’occasion de cette visite, Alex Azar a déclaré que les Etats-Unis apporteraient toujours un puissant (« strong » dans le texte original) soutien à Taïwan. Dès lors, les autorités chinoises firent monter d’un cran la pression militaire sur l’ile indépendante. En premier lieux, alors même que Alex Azar rencontrait la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, l’Armée Populaire de libération fit décoller un vol de chasseurs légers J10 et de chasseurs moyens J-11 à destination de la passe de Taiwan, le bras de mer séparant l’ile du continent, provoquant l’intervention de la défense aérienne taïwanaise. Dans le même temps, la Marine chinoise a rassemblé, face à l’ile indépendantiste, 5 des 6 navires d’assaut lourds Type 071 en service, chaque navire pouvant transporter jusqu’à 800 Marines pour des missions d’assaut grâce à leurs aéroglisseurs Type 026 et la dizaine d’hélicoptères embarqués. Il s’agit là incontestablement de la plus importante force d’assaut amphibie jamais rassemblée par Pékin, envoyant un message on ne peut plus clair à Taïpei et Washington.

LPD type 071 de la marine chinoise Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
La Marine chinoise a rassemblé 5 LPD Type 071 face à Taiwan dans une démonstration de force d’assaut amphibie inédite

Quelques jours plus tôt, les forces navales et terrestres chinoises avaient mené la première opération d’assaut amphibie simulée rassemblant des hélicoptères de l’Armée de terre, notamment les hélicoptères d’attaque Z-10 et des hélicoptères de manoeuvre Z-20, à partir de ces mêmes LPD Type 071. Pour faire bonne mesure, au même moment, ce furent les forces de missiles de l’APL qui exécutèrent un exercice en tir réel de missile balistique DF-26, celui-là même qui est décrit par la Chine comme un « tueur de porte-avions », capable de frapper une unité navale majeure (porte-avions, navire d’assaut, navire logistique) à plus de 4000 km. Si cette capacité à longtemps été mise en doute par les militaires occidentaux, de récentes explications sur le mode de guidage employé par ce missile, ainsi que par le DF-21D de portée plus réduite, laissent désormais penser que la menace est possible, voir probable.

Une chose est certaine, les Etats-Unis et la Chine sont désormais dans une trajectoire, si pas nécessaire conflictuelle à court terme, en tout cas fortement antagoniste, et de nombreux experts des questions militaires s’interrogent maintenant davantage sur la nature du futur conflit sino-américain, plutôt que sur son éventualité. Et si le président Trump a effectivement attisé les tensions et accéléré les antagonismes durant son mandat, il fait peu de doute qu’un nouveau président issu des élections à venir, vienne à suivre une trajectoire d’apaisement avec Pékin tant les autorités chinoises ont été contraintes de dévoiler leurs ambitions ces derniers mois.

JapanNavy Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Les pays de la zone Pacifique, comme le Japon, ont entamé depuis plusieurs années un effort important pour moderniser et renforcer leurs capacités défensives.

Dans cette opposition de bloc qui se dessine, Taiwan prend de plus en plus une place symbolique comparable à Berlin durant la Guerre la Froide, à la différence que l’Union Soviétique n’a jamais vraiment eu l’ambition de s’emparer de Berlin Ouest, même si des plans en ce sens existaient en cas de conflit. En réalité, la dynamique actuellement en cours dans le Pacifique occidental n’a que très peu à voir avec celle qui avait cours durant la Guerre froide. Elle n’en est pourtant pas moins dangereuse. Alors que tous les pays du théâtre Pacifique se dirigent à marche forcée vers une logique de conflit, et renforcent leurs armées dans un effort inédit depuis la seconde Guerre Mondiale, l’Europe reste étonnamment distante, alors qu’un tel conflit aura indubitablement d’immenses conséquences sur la situation stratégique européenne. Il est pourtant plus que temps d’accepter de changer les paradigmes hérités de la période post-guerre froide pour porter un regard objectif sur l’évolution géopolitique en cours.

Existe-t-il un indicateur pour évaluer et piloter les efforts de Défense dans une alliance ?

Alors que les politiques économiques ou agricoles européennes ont été pilotées avec l’aide de plusieurs indicateurs permettant un évaluation fine et équilibrée des efforts et objectifs communautaires, il est surprenant que dans le domaine, pourtant stratégique, de la construction de l’Europe de la Défense, il n’existe pas d’indicateurs autres que l’effort de défense en valeur absolue, et le rapport de cet effort sur le PIB de chaque état.

Pourtant, ces deux indicateurs sont à la fois imprécis et inefficaces. Ainsi, ils ne tiennent pas compte des réalités sociologiques, démographiques et économiques des pays. Dans le cas de l’Allemagne, par exemple, sa faible natalité endémique restreint le format des armées bien davantage que les contraintes budgétaires, tandis qu’en Pologne ou en Roumanie, c’est l’inverse. De même, le périmètre de ces indicateurs est très flou, avec pour conséquence de grande disparité entre les chiffres présentés par les états. Ainsi, la France ne décompte pas les forces de gendarmerie par exemple dans son périmètre budgétaire Défense, alors que la Grèce et l’Italie les intègrent. Avec de telles faiblesses, ces indicateurs sont incapables de permettre un pilotage cohérent, équilibré et donc, fédérateur, de l’effort de construction de la Défense Européenne.

Lors de la conception du volet européen du Socle Défense, nous parvinrent à cette même conclusion, et dûmes concevoir nos propres indicateurs de pilotage. C’est ainsi que nous avons créé le diagramme DEED. Ce référentiel permet de synthétiser 5 coefficients pertinents relatif à l’effort de Défense dans le contexte propre à chaque pays, et donc de piloter une politique efficace et précise à l’échelon national et européen. C’est sur la base de ce travail que le présent article est bâti, et propose un nouveau référentiel basé sur 5 indicateurs thématiques, un diagramme et un indicateur de synthése.

1-    Le Coefficient Démographique Défense ou CDD

Il représente l’effort démographique de l’état pour la Défense, à savoir le nombre de militaires en activité, vis-à-vis de la population « éligible à l’effort de défense », à savoir la population entre 18 et 35 ans. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans une plus grande précision, comme par exemple d’éliminer les personnes inaptes, car le taux d’inaptitude dans les pays de l’Union doit être sensiblement le même.

CDD = Nombre de militaires en activité / Population entre 18 et 35 ans.

Sont considérés militaires en activité tous les militaires de carrière, sous contrat, ou les appelés effectuant un service national supérieur à 10 mois, c’est à dire recevant une instruction militaire suffisante. Les fonctions de sureté et de sécurité (gendarmerie et pompiers hors base, douanes, garde cotes, sécurité civile) ne doivent pas être décomptées.

En France, le CDD est égal à 1,7%. 

2-    Le Coefficient Démographique Réserve ou CDR

Il représente l’effort démographique de l’état pour la Garde nationale, la Réserve opérationnelle ou la réserve technique, à savoir le nombre de militaire de réserve vis-à-vis de sa population « éligible à l’effort de réserve», à savoir la population entre 18 et 50 ans. Comme pour le CDD, nous n’entreront pas le détail de l’aptitude.

CDR= Nombre de Réservistes opérationnels / Population entre 18 et 50 ans.

Sont considérés réservistes opérationnels tous les réservistes des forces armées effectuant une période d’entrainement supérieure ou égale à 30 jours par an, ou les appelés effectuant un service national supérieur à 3 mois et inferieur à 10 mois. Les fonctions de sureté et de sécurité (gendarmerie et pompiers hors base, douanes, garde cotes, sécurité civile) ne doivent pas être décomptés.

En France, le CDR est égal à 1,6 pour mille.

3-  Le Coefficient d’Equipement des Forces ou CEF

Il représente l’effort annuel de l’état pour équiper ses militaires en matériels neufs et modernes. Il est défini par le rapport entre les investissements annuel consacré à l’acquisition d’équipements militaires, et le nombre de militaires mobilisables, à savoir le nombre de militaires en activité additionné du nombre de réservistes opérationnels divisé par 4, chaque réserviste étant considéré comme étant employable dans la durée 3 mois par an.

CEF = Somme Investissements annuels Equipements Défense / Nombre de militaires en activité + (Nombre de réservistes opérationnels / 4)

Seuls les équipements militaires sont considérés. En France, il se compose des crédits consacrés aux programmes à effet majeur, et aux crédits s’équipements consacrés à la mission de dissuasion. Le CDF français est égal à 34 000 € par militaire et par an.

4-    Le Coefficient d’Efficacité Opérationnelle ou CEO 

Le CEO représente l’effort de maintient en condition opérationnelle des équipements des armées. Il est égal au rapport entre les investissements annuels consacré au maintien en condition opérationnels des équipements et la somme modérée de la valeur des équipements en parc.

Cette valeur est égale à la somme des valeurs des équipements en parc par un coefficient de modération relatif à l’âge de l’équipement tenant compte de l’inflation et du surcout lié à l’âge de l’équipement.

                Si âge > 30 ans alors  Cm = 2

                Si âge > 20 ans alors Cm = 1,75

                Si âge > 15 ans alors Cm = 1,5

                Si âge > 10 ans alors Cm = 1,25

CEO = Valeurs des Investissements MCO annuels / Sommes des valeurs modérés équipements en parc

Seuls les équipements majeurs sont prix en compte. En France, ils se composent des équipements des programmes à effet majeur, et des équipements participants à la mission de dissuasion.

En France, le CEO est égal à 35.700 € par million d’euro de valeur.

5-   Le Coefficient d’Aguerrissement des Forces ou CAF

Dernier indicateur du diagramme thématique, le CAF représente l’effort des armées pour disposer de forces entrainées et aguerries. Il se compose du rapport entre le nombre de jours d’entrainement et d’opérations annuel enregistré par l’ensemble des forces (modéré), et le nombre de militaires en activité additionné du nombre de Réservistes opérationnels divisé par 4, comme pour le CEF.

Il s’agira de l’indicateur requérant le plus de travail pour être construit. En effet, le nombre de jours d’entrainement ne peut se résumer à la simple addition des jours de stages et d’entrainement des militaires. Il se compose comme suit :

1 jour d’entrainement ou de stage technique/opérationnel = 1

1 jour d’opération OPINT ou en maintient de la paix = 1,5

1 jour d’opération zone de conflit = 2

1 jour de mer entrainement = 1 jour

1 jour de mer en zone opérationnelle : 1,5 jours

1 heure de vol d’entrainement = 1

1 heure de vol en zone opérationnelle : 2

CAF = Nombre de jours d’entrainement modéré / Nombre de militaires en activité + (Nombre de réservistes opérationnels / 4)

D’après les chiffres disponibles pour la France, le CAF devrait se situer autour de 110 jours par an par militaire.

6- Le Diagramme d’Evaluation de l’Effort de Défense ou DEED

Les 5 indicateurs définis, nous disposons désormais d’informations à la fois utiles et précises pour évaluer la composition de l’effort de défense de chaque pays, et donc de piloter une politique européenne visant é corriger les déséquilibres et à optimiser les ressources.

Toutefois, du point de vue politique, la manipulation de 5 indicateurs en terme de communication n’est pas adaptée. C’est pour cela que nous allons ajouter 2 éléments à notre démonstration : un diagramme graphique, et un indicateur synthétique.

Comme vous le constatez, il n’est pas aisé de rassembler des données aussi disparates que 1,6 pour mille et 35 000 Euro par an et par militaire. Pour résoudre ce problème, nous allons procéder à une correction d’échelle entre les valeurs. Dans le tableau ci dessous, chaque coefficient est multiplié/divisé par un coefficient d’échelle propre, de sorte à ce que les valeurs de sortie soient comparables. Certes, les valeurs ainsi crées perdent de leurs substances, et ne doivent pas être considérés en tant que telle, mais le graphique ainsi créé gagne en clarté et il sera aisé de comparer les états entre eux.

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Dans le tableau ci dessus, nous avons défini le coefficient d’échelle de sorte à ce que la valeur optimum soit 50. Nous constatons que la France est très performante en matière d’aguerrissement, et que sa composante Réserve est particulièrement sous-dimensionnée. Le graphique permet de prendre en rapidement en compte les ponts faibles et forts de notre effort de Défense. 

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L’échelle choisie dépendra des objectifs d’efficacité définis par les états-majors, et par les instances dirigeantes européennes. Les valeurs proposées n’ont qu’un rôle de démonstration.

7- Le Coefficient d’Effort de Défense, le CED

Comme déjà abordé, la manipulation publique de nombreux indicateurs n’est pas très indiquée. C’est la raison pour laquelle, en complément du DEED, un indicateur synthétique peut être créé, égal à la somme des valeurs modérées divisé par 5 (le nombre d’indicateurs thématiques), rapporté à la valeur de référence (50 dans notre modèle)

Dans notre démonstration, le CED France est égal à 37,64 / 50

Conclusion

L’approche proposée à pour objectif d’ouvrir le débat concernant la question des indicateurs clés utilisés à l’échelle politique pour piloter à la fois les questions de défense, et les relations internationales. Il est possible d’accroitre la pertinence des indicateurs, voir de les spécialiser / synthétiser, de sorte à permettre une gestion simultanément macro-stratégique et micro-stratégique, sans complexifier les messages politiques. En revanche, même si l’indicateur des investissements défense ramenés au PIB représentait, en 2014, le seul indicateur susceptibles de fédérer l’ensemble des membres de l’Alliance Atlantique dans un effort commun pour relancer les investissements de Défense, la situation stratégique et géopolitique en Europe aujourd’hui ne permet plus de se satisfaire d’une approche aussi « grossière ».

Comme le montre l’actualité récente, l’effort de Défense sur la base du PIB ouvre la voie à une certaine forme d’instrumentalisation ne répondant pas à des réalités stratégiques, alors qu’il est indispensable que les européens consolident conjointement leurs capacités défensives sur la base d’indicateurs efficaces et performants. Reste à voir si les dirigeants, qu’ils soient européens ou alliés, accepteront de faire les efforts nécessaires pour mettre en oeuvre de tels indicateurs…

Article publié initialement sur LinkedIn en Février 2018.