samedi, décembre 6, 2025
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L’Allemagne propose un nouvel indicateur pour évaluer son effort de Défense

A l’occasion du sommet de l’OTAN de Cardiff, en 2014, l’Allemagne s’engagea, comme l’ensemble des membres de l’alliance, à faire croitre ses dépenses de Défense à hauteur de 2% de son PIB d’ici 2025. Mais la mise en oeuvre de cet engagement se heurta à de nombreuses considérations de politiques intérieures, ainsi que de doctrines économiques propres à l’Allemagne, de sorte qu’aujourd’hui, le pays n’investit que 1,38% de son PIB dans sa Défense, et a prévenu ses partenaires de l’OTAN qu’en 2025, son objectif était d’investir non plus 2% mais 1,5% de son PIB dans ce domaine. Cette décision n’a guère surpris les partenaires européens de Berlin, et notamment la France, dans la mesure les deux pays se sont accordés depuis la remilitarisation de l’Allemagne fédérale, à avoir des dépenses de Défense du même ordre. Puisque le PIB allemand est 30% supérieur à celui de la France, en visant 1,5% de dépenses de Défense, Berlin se met au même niveau que Paris à 2%.

En revanche, cela provoqua l’ire du président américain Donald Trump, qui entreprit de ramener Berlin à ses engagements initiaux, en menaçant de retirer le contingent américain présent sur le sol allemand. En réalité, il s’agissait bien davantage, pour le président Trump, d’amener Berlin à augmenter ses acquisitions de materiels et équipements de Défense américains, comme le firent Japonais et sud-Corées, de sorte à réduire le déficit commercial américain avec ces pays. En effet, bien d’autres pays européens ne respectent pas la règle des 2%, et ne la respecteront pas d’ici 2025, sans pour autant être sous le feu constant de la diatribe présidentielle. Ainsi, l’Italie, avec seulement 1,3% de son PIB consacré à La Défense, et la Belgique, qui elle n’investit que 1% de son PIB dans ce domaine, se sont même vues gratifiées d’une relocalisation de troupes américaines prélevées du dispositif déployé en Allemagne. Les Pays-Bas, quand à eux, ont récemment fait savoir qu’ils envisageaient également de ne pas atteindre les 2% en 2025. Il est vrais que ces pays ont eu la délicatesse de choisir d’acquérir le F35 américain, plutôt qu’un appareil européen, et que l’écart en matière de balance commerciale avec les Etats-Unis est nettement moins problématique.

trump merkel img Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Les relations entre la chancelière Merkel et le président Trump ont été tendues dès l’élection du président américain, qui voulait avant tout réduire le déficit commercial de son pays avec l’Allemagne

Mais Berlin n’a guère l’intention de se laisser malmener sans réagir. Par la voix de la ministre de La Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, les autorités allemandes ont proposé, cette semaine, de remplacer l’engagement de l’Allemagne à dépenser 2% de son PIB dans l’effort de Défense, par un engagement à assurer 10% des dépenses liées à l’OTAN. Ce changement d’indicateur métrique permettrait en effet à l’Allemagne, de présenter un visage beaucoup plus attrayant que celui du mauvais élève pingre qui lui colle aujourd’hui à la peau. En effet, Berlin profiterait alors du haut niveau d’investissements en valeur absolue, positionnant immédiatement l’Allemagne comme le second contributeur à l’OTAN après les Etats-Unis, l’immense majorité de ses investissements de Défense étant liés à l’Alliance, alors que la Grande-Bretagne et la France, qui dépensent en valeur absolue le même montant que Berlin, consacrent une part significative de ces dépenses au financement de la dissuasion, un exercice purement national.

Il est évident que la proposition allemande n’a que peu de chances d’être validée par les membres de l’Alliance, d’autant que certains pays ont fait d’importants efforts pour entrer dans le cadre des accords de Cardiff, comme les pays Baltes et la Pologne, et qu’ils se satisfont très bien de leur place au tableau d’honneur, certains d’entre eux ambitionnant de voir augmenter le contingent US présent sur leur sol. En outre, cela constituerait une inversion totale du paradigme qui sous-tend l’organisation de l’Alliance, qui jusqu’ici a toujours fonctionné en agrégeant les efforts et les forces nationales disponibles, et non en établissant un objectif global de forces auquel chaque pays devrait abonder à hauteur de X%.

Leopard 2A7 Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Malgré un budget conséquent de plus de 42 Md€, La Défense allemande peine à maintenir des capacités de projection et de réaction en nombre suffisant pour constituer un atout dans La Défense du continent européen. Certaines études avaient indiqué, en 2018, que la Bundeswehr était en mesure de ne mobiliser qu’une brigade mécanisée dans un délais de 30 jours en cas de crise.

On le comprend, cette annonce a, avant tout, des objectifs de politique intérieure, de sorte à contrer le mécontentement de plus en plus visible des communes et des Landers allemands les plus touchés par le plan de retrait des 12.000 militaires américains annoncé par le président Trump la semaine dernière. En effet, l’opinion publique allemande devient de plus en plus sensible aux arguments concernant l’effort relatif de l’Allemagne, et des allemands, dans les institutions internationales, en premier lieu desquelles l’Union européenne. En présentant une valeur non pas relative au PIB allemand, mais à l’effort de l’Allemagne vis-à-vis des autres membres de l’OTAN, Annegret Kramp-Karrenbauer tente précisément de contrôler sa propre opinion publique.

Il n’en demeure pas moins que ni la règle des 2%, ni celle proposée par l’Allemagne, ne constituent une approche satisfaisante pour équilibrer les efforts de défense des pays alliés dans l’OTAN. S’ils ont l’avantage d’être simples à comprendre, ce qui peut s’avérer utile eu égard aux capacités d’attention limitées de certains dirigeants, ils n’en demeurent pas moins incapables de prendre en compte certaines données de base, comme la démographie ou la ventilation de l’investissement. Il s’avérerait pertinent de remplacer un indicateurs par une approche englobante, permettant de concevoir de manière objective un indicateur synthétique, à l’instar de ce que font, depuis des décennies, les organisations financières, comme le modèle présenté dans cet article. Une chose est certaine, en restant arcbouté sur des métriques simplistes, il sera impossible d’équilibrer efficacement les efforts de Défense de chacun des alliés, que ce soit dans l’OTAN comme dans l’Union européenne, sans créer de biais de lecture.

F35, Su57 et J20 ont-ils vraiment une génération d’avance sur le Rafale et le Typhoon ?

Bien souvent, lorsqu’il s’agit de comparer des appareils comme le F35, le Su-57 et le J-20 à des appareils européens comme le Rafale, le Typhoon ou encore le JAS39 Gripen, un argument massue est employé pour clore le débat, celui de la 5ème génération. En effet, à en croire une classification largement répandue, les premiers seraient des appareils de 5ème génération, alors que les seconds ne seraient que des appareils de 4ème générations, parfois classés 4G+ de façon assez condescendante pour refléter leur niveau de performance. Quelles sont donc ces générations si importantes qu’elles permettraient de niveler sans ambage les avions de combat ? Et ce classement est-il pertinent et révélateur de réalités opérationnelles ? Nous allons voir dans cet article que les faits sont loins d’être aussi tranchés …

Qu’est-ce qu’une génération d’avions de combat ?

Une « génération d’avions de combat » est un terme empirique destiné à créer des groupements afin d’étudier les grandes évolutions ayant marqué l’histoire de l’aviation de combat. Il serait possible de définir une nouvelle génération comme suit :

« Un ensemble de nouvelles technologies majeures appliquées à la conception d’avions de combat, offrant des avantages marqués et permanents aux appareils en étant dotés en comparaison d’appareils de la génération précédente. « 

Traditionnellement, en occident, on identifie 5 générations d’avions de combat :

1ere génération : Appareils à propulsion par hélice et moteurs à explosion, armés de mitrailleuses, canons et armements air-sol non guidés. Cette génération couvre les avions de combat conçus entre 1915 et 1945. Le dernier avion de 1er catégorie à avoir été employé en opération fut le Douglas A-1 Skyraider lors de la guerre du Vietnam

Skyraider A1 vietnam Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Le chasseur bombardier embarqué A1 Skyraider est resté en service dans l’US Navy jusqu’en 1972, bien qu’il ne fut qu’un appareil de la 1ère génération.

2nde génération : Appareils propulsés par réacteur et équipés d’armements non guidés, comme des canons, des bombes ou des roquettes. Les plus célèbres furent le Me-262, le Mig15, le F86 Sabre, le Mig17, le Gnat ou encore le Mystère IV. Cette génération couvre une période allant de 1945 au milieux des années 50.

3ème génération : Appareils à réaction armés de missiles et d’armes guidées, conçus en 1955 et 1970, parmi lesquels on peut citer le Mig21, le F4 Phantom II, le Mirage III, le F104 Starfighter ainsi que les Mig23, Mirage F1, le F111 et le Mig25.

F100 Mirage III Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Mirage III et F100 super Sabre, deux appareils caractéristiques de la 3ème génération d’avions de combat

4ème génération : Appareils à réaction armés d’armements de précision et conçus autour d’un système informatique central, comme le F15, le F16, le F18, le Mig29, le Su-27, le Tornado et le Mirage 2000. Ces appareils ont été conçus entre 1970 et 2000, et représentent aujourd’hui le fer de lance des forces aériennes dans le monde.

Comment définir la 5ème génération ?

La définition de la cinquième génération est beaucoup stricte que celle des 4 générations précédentes. Initialement, c’est Lockheed qui présenta au début des années 90 le F22 comme un appareil de 5ème génération, car il était furtif, hyperneuvrant, qu’il disposait de la super-croisière (permettant de maintenir un vol supersonique sans utiliser la post-combustion), et qu’il était info-centré, c’est à dire qu’il avait la capacité à capter, traiter, exploiter et diffuser un grand nombre d’informations en provenance de ses propres capteurs comme de capteurs déportés. Et comme Lockheed fut sélectionné pour mener le programme Joint Strike Fighter qui donnera naissance au F35, tout le monde s’attendait à ce que le nouveau chasseur soit effectivement doté des mêmes attributs.

F35 soir Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Bien que doté d’un réacteur F135 offrant une poussée de 17 tonnes avec la post-combustion, le F35 ne parvient pas à maintenir une régime supersonique en palier sans utiliser cette post-combustion.

Pourtant, ce ne fut pas le cas, car le F35 n’est pas spécialement manoeuvrant, et qu’il est encore moins doté de la super-croisière. A vrais dire, il aurait même du mal à soutenir un vol supersonique en palier. Comme il était hors de question que le F35 ne fut point un appareil de 5ème génération, la solution s’imposa d’elle-même, il suffisait d’amender la définition. Exit donc la super-croisière et l’hyper manoeuvrabilité, la 5ème génération se définissait désormais autour de la furtivité et d’un système info-centrée.

Or, comme nous l’avons déjà abordé dans un précédent article, la furtivité telle qu’elle est intégrée à des appareils comme le F22, le F35, le Su57 russe et le J20, n’offrira un avantage tactique significative que pour un temps limité, alors qu’en 2030, il existera de nombreux dispositifs capables de détecter ces appareils sensément invisibles aux radars : Radar passif, radar basse fréquence, IRST, radar quantique, multi-statisme … Dès lors, la furtivité ne satisfait pas à la définition caractérisant une génération, à savoir une technologie apportant un atout significatif et surtout, définitif.

Qu’est-ce qu’un système info-centré ?

Dès lors, le système info-centré caractériserait-il à lui seul la 5ème génération d’avions de combat ? Commençons par expliquer de quoi il s’agit. Les avions de 4ème génération sont dotés de systèmes d’armes et de capteurs indépendants, permettant de naviguer, de détecter l’adversaire, de l’attaquer et, plus simplement, de piloter l’appareil. Les systèmes sont indépendants les uns des autres, à moins d’avoir été conçus pour collaborer, comme par exemple la connexion entre le radar et les missiles air-air. Dans un système info-centré, l’information, d’ou quelle vienne, est mise à disposition de l’ensemble des éléments connectés au système, quelque soit son usage. Dès lors, à partir du moment ou un capteur est connecté au système, ses informations sont exploitables par l’ensemble des éléments connectés à ce système : armement, communication, situation tactique, Interface homme machine … On parle alors de système info-centré, ou encore de système de systèmes ou de fusion de données.

Cockpit du JAS 39 EF Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Le JAS39 Gripen E/F dispose d’une fusion de donnée intégrée offrant au pilote une vision très étendue du champs de bataille

Les avantages sont évidemment très nombreux. Ainsi, plusieurs appareils de 5ème génération peuvent échanger l’ensemble des informations à leur disposition, afin de fournir une vision extrêmement fine de la situation tactique, et permettre d’utiliser au mieux les moyens disponibles. Cela permet également d’optimiser le combat en mode passif, sans faire usage de systèmes de détection actifs comme les radars, qui sont détectables et qui anéantissent dès lors le bénéfice de la discrétion. Surtout, cela offre d’innombrables options d’évolution, comme par exemple l’utilisation de drones de combat ou de remote carrier pour détecter voire engager les cibles, alors que l’appareil piloté reste hors de portée des systèmes adverses. De fait, cette technologie respecte bien les pré-requis pour définir une nouvelle génération d’avions de combat, apportant un avantage permanent et significatif en comparaison des appareils qui n’en sont pas dotés. Notez au passage l’utilisation du terme « en comparaison », et non « contre », car il s’agit de comparer les appareils effectuant leurs missions respectives, et non s’affrontant entre eux.

Quelle génération pour le Rafale, le Typhoon et le Gripen européens ?

Une fois ce point éclaircit, il apparait utile de re-évaluer le classement des appareils de combat. En effet, si effectivement le F35 répond à la définition de système de systèmes ou système info-centré (contrairement au F22 qui en est dépourvu), même s’il rencontre encore beaucoup de problèmes dans ce domaine, bien peu d’informations sont disponibles effectivement en ce sens vis-à-vis du Su-57 ou du J-20. Au mieux pouvons nous admettre que cette caractéristique ait été convenablement intégrées, avec la puissance de calcul et de traitement nécessaire, et l’évolutivité requise pour intégrer les systèmes à venir. En revanche, nous savons de façon certaine que les nouvelles versions des Rafale, Typhoon et Gripen en sont ou seront dotées. Ainsi, la fusion de donnée est l’un des axes principaux du standard F4 du Rafale, qui doit entrer à service à partir de 2025. Il en va de même pour le Saab Gripen E/F et l’Eurofighter Typhoon Tranche III, tous deux ayant désormais cette capacité intégrée à leur avionique.

PL15 et PL10 sur J20 Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Rien ne permet aujourd’hui d’affirmer que le J20 chinois fasse davantage partie de la 5ème génération d’avions de combat qu’un Rafale ou Typhoon européen

Qui plus est, ces capacités sont appelées à évoluer dans les années à venir. En effet, aussi bien le programme franco-allemand SCAF que le programme britannique et suédois Tempest reposent en grande partie sur le developpement de technologies renforcées de fusion de données, de communication et de traitement de l’information. En outre, ces deux programmes prévoient d‘intégrer aux appareils de « génération précédente », en l’occurrence Rafale, Typhoon et Gripen, les avancées technologiques développées, de sorte à en étendre l’efficacité jusqu’en 2060. De fait, si les Rafale F1 (2001), Typhoon Tranche 1 (2002) et JAS 39 Gripen C/D (1996) ne pouvaient pas être considérés comme des appareils dits de « 5ème génération », les versions Rafale F4, Typhoon Tranche III et Gripen E/F répondent, eux, parfaitement à cette classification, mieux que certains appareils pourtant considérés comme l’étalon générationel, tel le F22 Raptor.

Conclusion

On le comprend, le classement des appareils de combat modernes en terme de génération est un outil très hasardeux. Si la furtivité a un temps servi de leurre marketing dans ce domaine, principalement aux bénéfices des Etats-Unis, les avancées rapides des technologies de détection ont rendu l’avantage qu’elle offre transitoire, ne laissant guère plus que la fusion de données comme critère pertinent pour définir cette nouvelle 5ème génération. Mais même cette dernière peut être soumise à discussion, car elle ne constitue pas, en soit, un bouleversement radical dans la conception de la guerre aérienne et de la conception des appareils, mais plutôt un glissement progressif vers cette technologie qui s’intègre parfaitement à des appareils de génération antérieure.

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Comme le SCAF, le Tempest britannique est conçu autour d’un système de systèmes

En réalité, il est probable que dans les années à venir, la définition de la cinquième génération qui existe aujourd’hui s’étiole dans les esprits, et que les F35, Su-57 et J-20, de même que les Rafale, Typhoon et Gripen, soient tous classés dans une grande 4ème génération basée sur l’informatisation des systèmes et des communications. D’ailleurs, rien n’indique que le SCAF franco-allemand ou le Tempest britannique puissent, quand à eux, revendiquer une nouvelle génération, tant ils s’intègrent eux aussi dans cette évolution. La 5ème génération, ou la 6ème si la 5ème s’articule autour de la fusion de données, devra être pour sa part très tranchée, et intégrer des changements radicaux en matière de capacités opérationnelles, comme par exemple des appareils disposant d’une propulsion permettant des vols exo-atmosphériques et dotés de vitesses hypersoniques et d’un rayon d’action supérieur à 5000 ou 10.000 km, ou des systèmes entièrement automatisés, pilotés en présence virtuelle ou/et par une intelligence artificielle. Dans ce cas, effectivement, la qualification d’une nouvelle génération de systèmes aériens de combat serait incontestable.

La Turquie construit une nouvelle usine pour son futur avion de combat T-FX

L’exclusion d’Ankara du programme F35 a évidemment fait couler beaucoup d’encre, en Turquie comme aux Etats-Unis. Au delà des aspects politiques et industriels, la principale contrainte pour les armées turques de cette décision liée à l’acquisition de systèmes S-400 d’origine russe, est l’absence de solution à court terme pour remplacer une partie de sa force aérienne atteint par une forte obsolescence, comme c’est le cas de ses F4E Phantom acquis dans les années 70. Mais cela prive également Ankara de soutiens occidentaux pour developper son programme de chasseurs de « nouvelle génération » T-FX, destiné à remplacer les quelques 250 F16 en service au sein des forces aériennes turques.

Si, un temps, Ankara semblait se rapprocher de Moscou pour acquérir des chasseurs Su-35 et éventuellement participer au programme Su-57, cette option semble avoir perdu de son attrait alors que les zones de tension entre les deux pays ne cessent de se multiplier et de se détériorer, que ce soit en Syrie, en Libye ou dans les tensions opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Tous les regards se portent donc désormais sur le programme T-FX, qui devient un symbole du renouveau de l’industrie de défense turque, avec le char lourd Altay, les corvettes Ada, l’hélicoptère T129 ou le drone armé Bayraktar TB2.

Altay char de combat Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Le char de combat Altay est un des symboles des capacités de la nouvelle industrie de défense turque.

Et visiblement, les autorités turques ont décidé de se donner les moyens nécessaires pour y parvenir, avec la construction d’une usine flambant neuve destinée à ce programme. D’une superficie de 63.000 metres carrés, 50% de plus que l’usine Dassault assemblant le Rafale à Mérignac, dont 25.000 m2 pour accueillir les quelques 3000 ingénieurs participants au programme, elle sera en outre doté d’une soufflerie et d’un simulateur de foudroiement. Elle emploiera des dernières technologies aéronautiques comme la fabrication de pièces par impression 3D et l’utilisation d’alliage de titane. L’objectif affiché par Ankara est d’avoir un prototype apte à effectuer son premier vol dès 2023, ce qui serait une réelle prouesse étant donné les ambitions du programme, et le manque d’expérience de l’industrie turque dans la conception d’un appareil de combat.

Reste que si il ne faisait pas de doute que les industries de Défense turques soient en mesure de produire une cellule, un système de combat et une électronique embarquée dans le cadre de ce programme, la question du propulseur restait posée, depuis le retrait du britannique Rolls-Royce du programme en 2019 lié à un désaccord sur les transferts de technologie et le partage de propriété. Un éclaircissement a été donné par Temel Kotil, le directeur général de la société TUSAS (Turkish Aviation and Space Industry), qui a confirmé que l’appareil serait initialement doté de moteurs de F16, le GE F110, avant d’être remplacé par des moteurs de facture locale, peut-être avec le soutien de l’industrie russe. L’industrie Turque a en effet, la capacité à re-capitaliser ces moteurs de manière autonome.

F16 turkey Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Les forces aériennes turques alignent prés de 300 avions de combat, dont 245 F16 C/D et 45 F4E Phantom II

Le programme T-FX vise à concevoir un appareil de combat monoplace biréacteur à faible observabilité égalant les performances des appareils de combat occidentaux comme le Rafale ou le Typhoon. Long de 21 m, il aura une masse maximum au décollage de 27 tonnes, et sera conçu pour offrir une surface équivalente radar réduite, sans pour autant égaler la furtivité du F35A. En revanche, l’appareil sera doté d’un rayon d’action de combat de 1.100 km, et d’une vitesse maximum de Mach 1,8, ainsi que de la super-croisière, permettant de maintenir une vitesse supersonique en palier sans avoir recours à la post-combustion. Il sera en outre équipé d’un radar AESA avancé, d’un détecteur infrarouge et TV, et d’une centrale de navigation moderne. S’il remplit effectivement son cahier des charges, le T-FX sera une alternative de poids dans la gamme des chasseurs légers et moyens sur le marché international dans les 15 années à venir.

A son tour, la Russie déploie des forces le long de sa frontière avec la Biélorussie

Alors que les tensions intérieures entourant le déroulement du scrutin présidentiel vont croissantes à Minsk avec l’arrestation de la Cheffe de campagne de l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, les relations avec le voisin russe sont également au plus mal. Il y a quelques jours, suivant l’arrestation d’une trentaine d’hommes russes présentés comme des paramilitaires appartenant à la société militaire privée russe Wagner et suspectés par Minsk d’être entrés dans le pays pour générer des troubles lors des élections présidentielles, le président Alexander Loukachenko avait ordonné le déploiement de prés de 3000 hommes sur la frontière russe, de sorte à empêcher un « scénario à l’ukrainienne », à savoir une intervention éclair des forces russes pour s’emparer des centres de pouvoir, comme le firent les forces spéciales de Moscou en Crimée en 2014.

Mais le Kremlin n’a visiblement pas gouté les velléités biélorusses, et a ordonné le déploiement d’une force mécanisée de 3000 hommes sur cette même frontière, en prenant soin de préciser que des chars lourds prenaient part à ce déploiement. Concrètement, les autorités russes ont donc mobilisés 3000 hommes et 800 véhicules appartenant à la force combinée de la Garde du district militaire occidental, signifiant que la cette force dispose de l’ensemble des éléments nécessaires pour mener une opération militaire.

LE T80BVM est la derniere version du T80 dans les forces russes Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
La communication russe précise que des chars lourds, ici des T80BM, ont été déployés le long de la frontière avec la Biélorussie

Si Moscou venait à effectivement intervenir en Biélorussie dans le but de fédérer le pays dans une fédération russe étendue, comme le craint Minsk, il ne fait guère de doute que les forces biélorusses ne seraient pas en mesure d’opposer une résistance suffisante face aux armées russes. Et ce d’autant plus que la majorité des officiers et officiers supérieurs biélorusses ont en partie été formé et entrainé par la Russie, et que les armées des deux pays collaborent régulièrement depuis l’indépendance.

Les tensions actuelles sont le résultat d’un désaccord croissant entre Minsk et Moscou, ce dernier pressant les autorités Biélorussie d’accélérer le processus d’intégration définie dans l’accord d’union signé en 1997, par le même président Alexandre Lukashenko qui se présente aujourd’hui pour un sixième mandat. Pour le Kremlin, l’intégration de la Biélorussie permettrait d’augmenter le glacis de protection face à l’OTAN, et de déployer des forces directement face aux pays Baltes et la Pologne. Cela permettrait également de concentrer des forces dans la région de Hodna, distante de seulement 60 km de l’Oblast hautement stratégique de Kaliningrad. Ainsi, depuis 2018, le président Loukachenko n’a cessé de tenter de trouver des soutiens en Europe face à la pression croissante russe, alors que Moscou décidait de suspendre la livraison de pétrole à son voisin en janvier de cette année, afin de créer un mouvement de mécontentement populaire contre le président Biélorusse.

poutine loukachenko Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Malgré une entente feinte de circonstance, les relations entre le président russe et son homologue biélorusse sont aujourd’hui au plus mal

Reste à voir quel est la matérialité de l’annonce faite par Moscou. Si effectivement, seuls 3000 hommes sont déployés, il ne s’agirait que d’une mesure destinée à répondre au déploiement des forces Biélorusses, sans intention d’envenimer la situation déjà suffisamment tendue. En revanche, si d’autres forces venaient à être discrètement mises en alerte, les intentions de Moscou pourraient être toute autre. Il est toutefois probable que le Kremlin ne précipite pas les initiatives, attendant les résultats des élections présidentielles qui, même si la réélection d’Alexandre Loukachenko est presque certaine, offriront des éclaircissements significatifs sur le soutien populaire réel dont bénéficie le président Biélorusse.

L’US Navy va devoir réduire le tonnage de ses porte-avions pour maintenir son format

Le porte-avion nucléaire Gerald R. Ford est incontestablement aujourd’hui le navire de combat les plus puissants ayant jamais navigué sur les océans. Conçu pour soutenir une activité de très haute intensité, et pour résister à des attaques saturantes et des dégâts multiples, il représente l’archétype du porte-avions de combat destiné à mettre en oeuvre les quelques 65 avions de combat et la dizaine d’hélicoptères qui forment son groupe aérien embarqué au plus prés de l’adversaire. Mais la classe Gerald R. Ford souffre d’un défaut majeur, son prix ! Avec un coût de construction unitaire dépassant les 12 Md$, et un coût global de possession de l’ordre de 18 Md$ (hors équipage et hors groupe aérien embarqué), les Ford, qui devaient initialement remplacer les porte-avions de la classe Nimitz pour atteindre un format de 12 navires, sont trop chers pour l’US Navy, qui doit dans le même temps financer le renouvellement de sa flotte de surface, de ses sous-marins d’attaque, et surtout de ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.

La solution « triviale » fut naturellement rapidement trouvée, notamment par le secretaire à la Défense Mark Esper : il suffit de réduire le nombre de navires de 2 unités. Ce raisonnement a été d’autant plus facilité que l’apparition de nouveaux missiles comme les missiles anti-navires chinois DF-21D et DF-26, ou l’arrivée prochaine du missile anti-navire hypersonique 3M22 Tzirkon russe, semble condamner à moyen terme la suprématie navale des porte-avions héritée de la seconde guerre mondiale. Mais l’US Navy a une toute autre vision du problème. En effet, tant que l’arme aérienne tactique restera au coeur des dispositifs offensifs et défensifs de toute action militaire, et tant que ces aéronefs ne seront pas capables de parcourir des distances de plus de 5000 à 10.000 km, le porte-avions restera la seule arme pertinente et efficace pour combattre sur les océans, et pour couvrir des actions amphibies.

Missile Tzirkon Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Le missile anti-navire hypersonique russe 3M22 Tzirkon représente une menace sévère pour tous les navires de combat de surface, y compris les porte-avions. Il n’existe aujourd’hui aucun système de défense capable d’intercepter efficacement un missile anti-navire évoluant à ces vitesses.

En outre, la Chine, qui apparait désormais de manière incontestable comme le principal compétiteur face à la puissance militaire américaine dans les années à venir, a entrepris de rattraper rapidement son retard dans le domaine aéronaval, et son premier porte-avions Type 003 équipé de catapultes EMALS et de brins d’arrêts avancés est en cours de construction à Shanghai. A terme, Pékin veut disposer d’une dizaine de porte-avions, épaulés par des porte-aéronefs plus légers mettant en oeuvre des drones de combat et des hélicoptères, spécialisés dans les missions de soutien aérien rapproché et d’assaut, susceptible d’égaler, et peut-être de dépasser numériquement la flotte aéronavale de l’US Navy.

Pour tenter de trouver une approche pertinente, la marine américaine avait confié à la Rand Corporation en 2017 une étude, dont les conclusions ont été publiées sur le site du Think Tank américain. Les chercheurs de la Rand ont, pour répondre aux attentes de l’US Navy, étudié 4 modèles de porte-avions de tonnage et de capacités différentes, et en évaluèrent l’intérêt opérationnel comme économique :

  • Un porte-avions nucléaire basé sur la classe Gerald Ford en mode « dégradé », ne disposant que de 3 catapultes EMALS, de capacités d’autodéfense réduites, etc…
  • Un porte-avions nucléaire moyen de 70.000 tonnes, comparable à la classe Forrestal de la guerre froide
  • Un porte-aéronefs dérivé de la classe América de 45.000 tonnes, optimisé pour les opérations aériennes
  • Un porte-aéronefs leger de 20.000 tonnes, comparable aux porte-aéronefs légers mis en oeuvre par les marines espagnoles ou italiennes

Pour chaque modèle, la Rand analysa les couts comparés de conception, de construction et de possession vis-à-vis de la classe Ford, ainsi que les performances opérationnelles et les impacts de l’entrée en service de tels bâtiments sur la flotte d’aéronefs embarqués de l’US Navy.

FA 18 Launch EMALS USS Gerald R. Ford 840x480 1 Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Les porte-avions de la classe Gerald R. Ford disposent de 2 réacteurs nucléaires A1B de 700 MW, offrant aux navires un surcroit énergétique de 50% permettant d’y installer ultérieurement des équipements très gourmands en puissance électrique, comme des lasers de défense ou des plasma de protection.

L’étude met en évidence que 3 de ces modèles présenteraient plus d’inconvénients que de bénéfices. En effet, le porte-avions dérivé de la classe Ford ne proposerait qu’un gain budgétaire très limité, alors que le porte-aéronefs de la classe America ne permettrait pas de mettre en oeuvre le parc aérien de l’US Navy et notamment les F35C et les E2D Hawkeyes, nécessitant l’acquisition de F35B et la conception d’appareils de veille sur la base de modèles à décollage vertical; comme le V22. Le porte-aéronefs léger n’offrirait pas, quand à lui, de capacités opérationnelles suffisantes pour répondre aux besoins minimum de l’US Navy. Le porte-avions nucléaire moyen de 70.000 tonnes proposerait, quand à lui, une réelle alternative à l’US Navy pour maintenir son format et ses capacités opérationnelles dans le respect des contraintes budgétaires et des impératifs opérationnels.

En effet, le navire permettrait de soutenir un rythme de rotation aérienne moyen de 80 rotations par jour, soit la moitié de celui d’un Ford, mais suffisant pour la grande majorité des scénarios auxquels l’US Navy peut être confrontée. Il offrira certes une endurance à la mer plus réduite que les Ford, et une survivabilité inférieure, mais, là encore, ces caractéristiques sont compatibles avec la majorité des déploiements auxquels les porte-avions nucléaires de l’US Navy pourraient être confrontés. Surtout, là ou un Ford coutera 18 Md$ sur l’ensemble de sa durée de vie opérationnelle, un porte-avions moyen n’en couterait que 12 Md$. En d’autres termes, pour le prix de 2 navires de la classe Ford, l’US navy pourrait posséder 3 PAN d’une classe Forrestal de nouvelle génération.

USS Forrestal CV 59 Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Long de 316 m et jaugeant 82.000 tonnes, les porte-avions de la classe Forrestal ont été les plus imposants porte-avions à propulsion conventionnelle jamais construits. Le dernier exemplaire, l’USS Indépendance, fut retiré du service en 1998.

De fait, le format optimal de l’US Navy concernant sa flotte de porte-avions se composerait de 6 porte-avions nucléaires lourds de la classe Gerald R. Ford, destinés aux opérations les plus dangereuses ou nécessitant la puissance de feu la plus importante, et de 6 porte-avions nucléaires moyens « Forrestal NG », intervenant soit en soutien des Ford, soit sur des théâtres de moindre risque ou de moindre intensité. Et ce pour un investissement budgétaire équivalent à celui de 10 PAN Gerald R. Ford, respectant donc l’objectif budgétaire défini initialement par le Secrétaire à La Défense américain.

On peut remarquer toutefois que l’étude américaine omet une option pourtant déterminante, concernant cette classe Forrestal NG, celle de la coopération internationale. En effet, le principe du porte-avions nucléaire de 70.000 tonnes correspond à un besoin identifié par plusieurs pays, dont la France, la Corée du Sud ainsi que l’Inde. Il n’est évidemment pas question de proposer à ces pays des navires clés en main, chacun voudra naturellement encaisser les recettes sociales et fiscales liés aux milliards investis dans un tel programme. En revanche, il est parfaitement possible de mutualiser certains coûts, et certaines briques technologiques, de sorte à faire baisser le prix de l’étude et le prix de production des bâtiments américains comme alliés. Il est même possible que, dans ces conditions, d’autres nations voient un intérêt à renforcer leurs capacités aéronavales, comme le Japon, l’Australie, l’Italie ou encore la Grande-Bretagne, dont les porte-avions Queen Elizabeth imposeront rapidement des limites opérationnelles plus que contraignantes. Au total, ce sont entre 4 et 10 porte-avions supplémentaires qui pourraient ainsi entrer en service dans les flottes alliés, dont 2 à 6 dans le Pacifique, rendant l’objectif de Pékin de surclasser les Etats-Unis et leurs alliés beaucoup plus difficile à atteindre, si tant est que cela soit possible.

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La France a lancé l’étude d’un porte-avions probablement à propulsion nucléaire, destiné à remplacer le Charles de Gaulle à l’horizon 2040, et affichant une jauge de 70.000 tonnes

Quoiqu’il en soit, la solution proposée par la Rand permettrait à l’US Navy de satisfaire à son format nécessaire pour soutenir le challenge imposé par la République Populaire de Chine dans le Pacifique et l’Océan Indien, sans devoir déserter les autres théâtres d’opération, dans le respect de ses contraintes budgétaires. Reste désormais à convaincre le secretaire à La Défense Mark Esper, qui semble douter de l’intérêt même du porte-avions dans les conflits de haute intensité moderne. On ne peut qu’espérer que les soutiens politiques de la Marine américaine au Capitole compenseront la valse des Secrétaires à la Navy, 4 d’entre eux ayant occupé ce poste ces 12 derniers mois, et les atermoiements de certains membres du Congrès, dans les difficiles négociations qui seront à venir pour préserver son format aéronaval.

L’Inde va solliciter des offres de leasing pour certains équipements de défense

Comme beaucoup de pays, l’Inde a, pendant de nombreuses années, négligé la modernisation de ses forces armées, au profit d’actions plus lucrative du point de vue électoral, ou autre… Dans le même temps, le Pakistan, et surtout la Chine, respectèrent des trajectoires de modernisation et de renforcement de leurs forces armées dans une planification particulièrement bien maitrisées, de sorte qu’aujourd’hui, New Delhi se retrouve à devoir financer un nombre très important de programmes de Défense, tous aussi stratégiques les uns que les autres. A cela s’ajoute une gestion souvent chaotique de ses programmes d’acquisition, comme ce fut le cas, par exemple, avec le programme MMRCA, qui aurait dû permettre aux forces aériennes indiennes de disposer en 2020 de prés d’une centaine d’avions Rafale « make in India », ce qui aurait naturellement profondément modifié le rapport de force vis-à-vis de ses deux voisins. Il suffit d’observer l’engouement public généré par l’arrivé des 5 premiers Rafale indiens dans le pays pour s’en convaincre.

Parmi les programmes ayant eu la gestion la plus chaotique en Inde figure en haut de classement celui portant sur le remplacement des avions ravitailleurs Iliouchine Il-78 de l’Indian Air Force, appareils indispensables pour profiter au mieux de l’allonge et de l’endurance des avions de combat modernes comme le Rafale, le mirage 2000 ou le Su-30MKI. Et ce d’autant que ni la Chine, ni le Pakistan, ne disposent d’un avantage significatif dans ce domaine, du moins pour l’instant. Par deux fois, en 2010 puis en 2016, l’A330 MRTT d’Airbus avait remporté la compétition internationale face aux appareils américains et russes, et par deux fois, les autorités indiennes ont annulé le programme, officiellement pour des raisons de coûts.

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L’Airbus A330 MRTT Phoenix a déjà par deux fois remporté la compétition pour remplacer les Il-78 indiens

Or, aujourd’hui, le besoin pour ce type d’appareil est devenu impérieux pour être en mesure de faire face simultanément au Pakistan et à la Chine, comme pour conférer l’allonge nécessaire aux appareils en charge de la dissuasion. Un besoin qu’Airbus et la France ont parfaitement identifié, en faisant accompagner les 5 premiers Rafale indiens en transit d’un A330 MRTT qui, comble de l’efficacité, emportait outre le précieux carburant indispensable aux appareils de combat, du matériel médical, et notamment des respirateurs, pour assister New Delhi dans son combat face au virus Covid19.

C’est probablement avec ce dossier en ligne de mire que le ministre de La Défense indien, le très dynamique Rajnath Singh, a intégré dans son projet de loi encadrant les procédures d’acquisition de Défense, un volet consacré aux offres de Leasing. En effet, contrairement à une acquisition classique qui passe par les canaux budgétaires traditionnels, un contrat de leasing s’inscrit dans des circuits budgétaires courts sous forme de charges, facilitant sa planification. En outre, un contrat de leasing peut, si besoin, ne pas être prorogé au delà de sa durée initiale, et même être interrompu en cours de contrat dans certains cas, offrant une souplesse sans égale aux planificateurs militaires.

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La république Tchèque loue depuis 2004 14 avions de combat JAS39 Gripen auprés du constructeur suédois Saab.

De ce fait, selon le type de contrat appliqué, le leasing de systèmes de défense peut s’avérer performant pour recapitaliser une force armée, sans accroitre la dette publique nationale, et ce d’autant que les offres en leasing peuvent offrir des taux d’intérêt inférieurs à ceux des obligations d’état dans le cas de l’Inde. En outre, ce type de financement est particulièrement adapté à des équipements à faible exposition, comme les avions ravitailleurs. En revanche, il ne peut s’accompagner de compensations industrielles, comme ce fut le cas concernant le programme d’acquisition de 36 avions Rafale.

De plus en plus de pays s’intéressent aujourd’hui au leasing comme mode de financement alternatif, même si, pour l’heure, les offres ne sont pas encore à la hauteur des attentes exprimées. Pour être optimum, ces offres doivent en effet intégrer la possible gestion d’une rupture ou d’une non prolongation de contrat, obligeant le porteur du leasing à trouver un nouveau client pour les équipements qui lui auront été restitués. Si cette procédure ne pose aucun problème dans le domaine des avions de transport civil, la main mise gouvernementale sur les technologies de défense, somme toute parfaitement légitime, ne permet pas d’avoir la souplesse requise pour être performant. Il est donc indispensable que les offres de leasing à l’exportation soient issues d’un partenariat entre l’organisme de financement, l’industriel et l’Etat, de sorte à proposer une dynamique de risque parfaitement maitrisée. C’est à cette condition que l’Europe pourra s’imposer face aux offres globales que ne manqueront pas de proposer à court terme la Chine, la Russie et même les Etats-Unis.

La Pologne prête à payer la majorité des coûts pour recevoir les forces américaines sur son sol

La décision du Président Trump de retirer 12.000 des 37.000 hommes déployés en permanence en Allemagne afin de faire pression sur Berlin pour son manque d’investissement dans l’OTAN, ne cesse de faire polémique aux Etats-Unis, ou la mesure est pour le moins impopulaire notamment au sein du Pentagone. Il faut dire que les coûts de ce redéploiement, la moitié des effectifs retournant aux Etats-Unis et l’autre moitié étant redéployée en Belgique et en Italie, risquent fort d’amputer le budget de La Défense américain bien au delà de ce que fit la construction du mur anti-immigration à la frontière avec le Mexique. Selon le secrétaire à La Défense Mark Esper, la construction des infrastructures nécessaires à l’accueil des forces redéployées se chiffrera en milliards de $, le chiffre de 10 Md$ étant le plus souvent cité. Soit, à peu de chose prés, le prix d’un porte-avions de la classe Ford, d’une centaine de F35A, ou de 300 hélicoptères de reconnaissance et d’attaque légers, autant de programmes critiques pour les armées américaines.

Mais pour certains pays, ce redéploiement constitue une opportunité qu’il s’agit de ne manquer sous aucun prétexte. C’est le cas de Pologne qui, depuis l’élection du président Duda en 2015, a entrepris de se rapprocher autant que possible de Washington, souvent au dépend de ses partenaires européens. En 2018, déjà, Varsovie proposa au Président Trump d’augmenter les effectifs militaires américains présents en Pologne, en établissant une base ostensiblement nommée « Fort Trump ». Depuis l’annonce du retrait des forces américaines d’Allemagne faite par le président Trump, les autorités Polonaises ont donc redoublé d’efforts pour inciter le Pentagone à redéployer une partie de ces forces à l’est de l’Oder, n’hésitant pas à mettre la main au porte-monnaie en proposant de prendre la majorité des couts de redéploiement à sa charge.

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Rencontre entre le président Donald Trump et son homologue polonais Andrzej Duda à la Maison Blanche le 12 juin 2019 (AP Photo/Alex Brandon)

Concrètement, Varsovie a proposé à Washington de pérenniser les 4.500 hommes actuellement déployés en Pologne par rotation, et d’y ajouter 1000 des 12.000 hommes redéployés d’Allemagne, de sorte à disposer sur place en permanence du Poste de commandement du Vème Corps, d’un quartier général divisionnaire, d’un site d’entrainement, d’un hub logistique, d’un escadron de drones ainsi que d’une brigade blindée, une brigade aérienne de combat et une brigade de soutien logistique. La Pologne prendrait notamment à sa charge la construction des infrastructures nécessaires pour accueillir ces forces de manière permanente. Visiblement, la proposition polonaise a fait mouche auprés des autorités américaines, Mark Esper ayant déclaré lundi 3 aout que le nouvel accord trouvé avec la Pologne permettra de renforcer les capacités dissuasives de l’OTAN sur le front oriental.

Il faut dire que pour Washington et le Pentagone, l’offre polonaise arrive à point nommé. Non seulement permettra-t-elle d’effectivement renforcer le déploiement américain en Europe de l’Est, au plus prêt des frontières biélorusses et ukrainiennes, mais elle permettra surtout aux planificateurs américains d’économiser beaucoup de temps et plus d’un milliard de dollar sur la procédure de redéploiement ordonnée par le président Trump. Et même si après l’élection présidentielle américaine de cet automne, Joe Biden venait à annuler cet édit, les forces armées américaines bénéficieraient toujours d’une série d’infrastructures neuves pour pérenniser le déploiement de prés de 6000 hommes en Pologne, l’hypothèse d’un apaisement avec la Russie apparaissant particulièrement lointaine dans la planification US.

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Plusieurs systèmes de missiles balistiques à courte portée Iskander sont déployés en permanence dans l’Oblast de Kaliningrad, menaçant directement la Pologne et les Pays Baltes

Rappelons que la Lettonie avait, il y a un mois, fait une proposition similaire à Washington, là encore pour pérenniser le déploiement de forces américaines sur son sol, si un redéploiement des forces présentes en Allemagne venait à être ordonné. Enclavés entre la mer baltique, la Biélorussie qui jusqu’ici a toujours été un allié plus que fidèle à Moscou, et les Oblast russes de Saint-Petersbourg et de Kaliningrad, les pays baltes vivent depuis leur indépendance dans la crainte d’une intervention militaire russe, crainte exacerbée par les opérations russes en Ossétie du sud en 2008, en Crimée en 2014 et dans le Donbas ukrainien à partir de 2015. Depuis 2014, l’OTAN a déployé dans chacun des 3 états baltes l’équivalent d’un bataillon multinational mécanisé dans le cadre des mesures de réassurance, alors que des déploiements tournants d’avions de chasse assurent les missions de défense aériennes et de police du Ciel dans le cadre de la mission Baltic Air Policing.

Mark Esper avait, lors de l’annonce du redéploiement des forces US, fait allusion à la Pologne et à un autre pays balte, en l’occurrence la Lettonie même si elle n’a pas été nommément citée, comme pouvant potentiellement recevoir des effectifs américains « si les négociations en cours venaient à se conclure positivement ». L’annonce faite portant sur la Pologne montre le tempo au pas de charge de ces négociations, et l’on peut dès lors s’attendre à l’annonce prochaine d’un accord similaire entre Washington et Riga, les Etats-Unis n’ayant aucun intérêt à faire trainer les négociations, qui l’obligerait à entamer des travaux superflus en Belgique et en Italie. On peut également s’attendre à voir d’autres pays, notamment la Grèce, tenter de s’immiscer dans le processus, une candidature cependant fortement liée à l’évolution des relations entre Ankara et Washington dans les semaines et mois à venir.

Le drone Remote Carrier du programme SCAF sera-t-il au coeur du standard Rafale F5 ?

Si l’avion de combat Rafale de Dassault Aviation est un appareil robuste et performant dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse du combat air-air comme de la pénétration à très basse altitude en passant par la reconnaissance ou la frappe nucléaire, il est un domaine dans lequel l’appareil français surpasse pleinement l’ensemble de ses concurrents, l’évolutivité.

En effet, contrairement au Gripen Suédois, à l’Eurofighter Typhoon et même au F35, l’appareil français a été modernisé par couche successive jusqu’au standard F3R, sans que la cellule n’ai eu besoin d’être modifiée. Et les premiers Rafale F1 qui équipèrent la flottille 12F de l’aéronautique navale française en 2001 pour remplacer les antiques F8 Crusader, volent ou voleront prochainement à ce même standard F3R que les derniers appareils sortis de la chaine d’assemblage.

Le standard F4 va toutefois créer une exception dans ce bilan aussi spectaculaire que remarquable, puisque seuls les appareils les plus récents pourront être portés au standard F4.2, celui-là même qui permettra l’évolution vers le standard ultérieur F5 prévu pour 2030, et F6 prévu pour 2040, concomitamment avec l’entrée en service du SCAF franco-allemand.

Mais les informations recueillies sur ce standard F4.2 comme ceux sur le futur standard F5 , ainsi que la philosophie qui émane des développements des systèmes du programme SCAF, laisse entrevoir l’arrivée anticipée d’un Game Changer potentiel pour les forces aériennes françaises comme pour les clients internationaux du Rafale à partir de 2030 : le Remote Carrier.

Le Remote Carriers, qui ne peut être ravitaillé en vol, pourrait être aérolargué par un avion de transport comme l'A400M, afin d'en étendre l'autonomie et le rayon d'action
Les drones Remote Carriers, qui ne peuvent être ravitaillés en vol, pourraient être aérolargués par un avion de transport comme l’A400M, afin d’en étendre l’autonomie et le rayon d’action

Le drone Remote Carrier : un game changer en perspective

Rappelons que les Remote Carrier, car il y aura plusieurs modèles de taille, performances et fonctions différentes, sont des drones de combat légers accompagnant les avions de combat pour en étendre les capacités de détection ou les capacités de frappe, tout en préservant la sécurité de l’appareil piloté.

Le système, dont le developpement a été confié à MBDA dans le cadre du pilier Armement piloté par Airbus Ds pour le programme SCAF, permettra à l’avion franco-allemand de pénétrer des espaces fortement contestés, et d’en éliminer les menaces avant même que celles-ci puissent engager l’avion principal.

Les informations sont encore pour le moins parcellaires concernant ce système, mais il apparait comme furtif, pour pénétrer les espaces contestés, subsonique élevé pour pouvoir accompagner les avions de combat, et devra disposer d’un rayon d’action et d’une capacité d’emport suffisante pour constituer une plus-value opérationnel.

En outre, il devra être peu couteux, afin de laisser aux opérationnels la possibilité d’en décider le sacrifice si besoin. A titre d’exemple, le drone de combat XQ-58A Valkyrie de la société Kratos, utilisé dans le cadre du programme Skyborg de l’US Air Force, constitue un bon exemple de ce que pourrait être, dans le principe, un Remote Carrier.

Or, pour collaborer avec le Remote Carrier, le Rafale devra se doter de moyens supplémentaires, que ce soit en matière de capacités de traitement et de fusion de données, mais également en matière de communication cryptée et/ou discrète, le tout devant reposer sur des traitements algorithmiques faisant appel à de l’intelligence artificielle.

Comme nous le présentions dans l’article consacré au standard F4, ce sont précisément les objectifs principaux du standard F5, qui prévoit en outre la présence de nouveaux armements et de nouveaux senseurs, et des capacités de pénétration nucléaire renforcées.

Par ailleurs, le standard F4 intègre, lui aussi, le renforcement des capacités de traitement du Rafale, ainsi que des systèmes de communication cryptés (radio logicielle CONTACT), une liaison de données tactiques intra-patrouille et une antenne de communication par satellite compatible avec les satellites de la famille Syracuse IV. De fait, le Rafale F5 sera paré pour l’arrivé du Remote Carrier, et ce dès 2030.

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La communication entre avion piloté et Remote carrier est au coeur du programme SCAF

D’autre part, comme nous l’avions abordé dans l’article « Est-il trop tard pour le NEURON« , les forces aériennes françaises et européennes vont irrémédiablement perdre la capacité d’intervention en environnement contesté à partir de 2030, avec la multiplication des systèmes de détection et de défense sol-air multi-couche intégrés, comme en Russie ou en Chine.

Pour y remédier, il sera indispensable de disposer, à partir de 2030, d’un système drone permettant d’étendre les capacités de détection et d’attaque des appareils pilotés, afin de supprimer les défenses aériennes et permettre ainsi l’exercice de la supériorité aérienne occidentale.

Or, le couple Rafale-Remote Carrier répond à ce besoin, peut-être pas aussi bien qu’un drone de combat lourd dérivé du NEURON, qui par ailleurs aurait d’autres atouts tant industriels qu’opérationnels. Mais vis-à-vis du besoin stratégique, le Remote Carrier satisferait aux besoins.

Enfin, les réactions provoquées par la publication des deux articles précédants, tant auprés des industriels que des armées, nous permettent de poser l’hypothèse d’un couple Rafale-Remote Carrier opérationnel dès 2030 dans le cadre du programme SCAF.

En effet, contrairement à la perception publique qui voit souvent le SCAF comme une appareil appartenant à la prochaine génération de celle du Rafale, le programme est destiné à concevoir un système opérationnel global reposant aussi bien sur le NGF, l’appareil de nouvelle génération, que sur les Rafale français et les Typhoon allemands et espagnols.

C’est d’ailleurs très probablement en prévision des évolutions des Rafale dans le cadre du programme SCAF que le standard F4 a été divisé en 2 standards, dont un spécialement conçu pour permettre ces évolutions, le standard 4.2.

En outre, le couple avion piloté / Remote Carrier est régulièrement évoqué comme une alternative aux drones de combat furtifs tant par les milieux industriels qu’opérationnels, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, qui ont d’ailleurs fait le parie de cette technologie avec le programme Skyborg plutôt que de developper un drone de combat furtif comme l’Okhotnik-B russe.

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Il sera interessant de voir si les Rafale au standard 4.2 seront en configuration mono/biplace comme aujourd’hui, ou uniquement biplace, pour partager la charge de travail au sein de l’équipage.

En conclusion, si aucune déclaration officielle n’a jusqu’ici évoqué l’accélération du programme Remote Carrier de sorte à entrer en service concomitamment au standard F5 du Rafale en 2030 dont il serait le composant principal, de nombreux indices pointent dans cette direction aujourd’hui.

Si une telle confirmation venait à être faite, cela permettrait au Rafale de faire jeu-égal avec le F35 dans ses deux domaines de prédilection, à savoir la fusion de données et la suppression des défense aériennes, sans altérer les qualités de l’avion français qui, en bien des points, surpasse l’appareil de Lockheed.

On peut dès lors s’interroger sur ce qui pourrait éventuellement retenir le bras des européens, et des français en particulier, pour donner vie à un tel programme, et, pour une fois, en faire un argument de conquête aussi bien des élites que de l’opinion publique, à l’instar du F35 qui, lui, n’hésite pas à mettre en scène des capacités opérationnelles qui ne seront disponibles que dans plusieurs années.

La Biélorussie déploie des troupes à la frontière Russe pour empêcher un « scénario à l’Ukrainienne »

Les relations entre Minsk et Moscou se sont gravement détériorées depuis quelques semaines, à l’approche des élections présidentielles biélorusses qui doivent se tenir dimanche 9 aout. En effet, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, à ce poste depuis 1994 et en lice pour un sixième mandat, accuse Moscou de soutenir l’opposition, lui-même s’étant jusqu’ici appliqué à réduire au silence toute forme de contestation, le plus souvent avec la bénédiction du Kremlin. Or, ce dernier oppose désormais une résistance plus que symbolique dans les négociations entre Minsk et Moscou portant sur le traité d’union, un accord signé en 1999 qui devait permettre une intégration proche du fédéralisme entre les deux pays, et qui conféra pendant longtemps à la Biélorussie un statut particulier dans les relations internationales russes.

Mais aujourd’hui, le président Loukachenko est convaincu que Moscou s’apprêterait à agir, à l’occasion des élections à venir, pour s’emparer du pouvoir à Minsk, et provoquer ainsi une intégration forcée comparable à celle de la Crimée en 2014. Ainsi, le 27 juillet, les forces de sécurité biélorusses sont intervenues pour arrêter 33 hommes présentés comme des paramilitaires russes appartenant à la société militaire privée Wagner, et arrivés 3 jours plus tôt en groupe. Selon les autorités biélorusses, ce sont prés de 200 paramilitaires russes qui seraient ainsi entrés sur le sol biélorusse à la veille des élections, faisant craindre des actions militaires coup de poing, voir des attentats dans le but de justifier une intervention militaire russe.

Belarus takes delivery of ten overhauled MiG 29 fighter aircraft 640 001 Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Fortes de 60.000 hommes, les forces armées biélorusses sont équipées de materiels soviétiques et russes, entre autres des avions de combat Mig-29 et Su-30, des chars T72 et des systèmes anti-aériens S-400, Buk et Tor.

Selon le quotidien russe Novaya Gazeta (le seul quotidien « d’opposition » qui subsiste en Russie), les armées biélorusses auraient déployé des renforts le long de la frontière avec la Russie, de sorte à prévenir une action militaire de son voisin, se basant sur une video montrant des mouvements de troupes biélorusses en direction de cette frontière. Toutefois, aucune confirmation officielle n’est venue accrédité cette observation, pas davantage que l’hypothèse de la préparation d’un assaut de la part des forces russes dans le pays relevé par des observations satellites. Notons cependant que l’intervention russe en Crimée n’avait pas donné de signes avant-coureur, et qu’elle prit par surprise la majorité des occidentaux.

Vidéo publiée par Novaya Gazeta pour accrédité le déploiement de forces biélorusse à la frontière russe

Si le président Loukachenko redoute une intervention russe pour le priver d’un nouveau mandat, il craint tout autant un scénario de type Maidan, soutenu par les occidentaux. Considéré, à juste titre, comme un président à forte tendance dictatoriale par les Européens comme par les Etats-Unis, le président biélorusse a demandé à ses services de renseignement de surveiller toute les actions potentiellement subversives pouvant « entraver le bon déroulement des élections ». Rappelons que les deux principaux opposants au président Loukachenko, Viktar Babaryka et Sergei Tikhanovski, ont tous deux été arrêtés mi-juin sur des accusations de délits financiers, et n’ont plus la possibilité de se présenter. Depuis, la femme de Sergei Tikhanovski, Svetlana Tikhanovskaya, s’est présentée à la place de son mari, et provoque un emballement populaire caractérisé par d’importantes manifestations de soutien à Minsk, une pratique pour le moins rare dans le pays.

Svetlana Tikhanovskaya manifestation Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
La manifestation de soutien à Svetlana Tikhanovskaya le 30 juillet a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la capitale biélorusse

Reste que la conjonction entre un président dictatorial à tendance paranoïaque, une opposante égérie des masses et un voisin à l’appétit territorial exacerbé, constitue une situation explosive en Europe, potentiellement similaire à celle que connut l’Ukraine en 2013 lorsque la population de Kiev s’opposa à la décision du président Viktor Ianoukovitch de ne pas signer l’accord de rapprochement avec l’Union européenne au profit de l’accord d’Union douanière avec la Russie, en contradiction avec le programme sur lequel il fut élu. Il est probable que les services de renseignements comme les services diplomatiques européens soient massivement sollicité pour tenter d’anticiper les actions de chacun, et éventuellement d’éviter qu’un scénario « à l’ukrainienne » ne se reproduise.

La Serbie veut acquérir le système anti-aérien chinois FK-3 pour éviter les sanctions américaines

Belgrade aurait validé la commande de 3 systèmes anti-aériens à moyenne portée chinois FK-3, version export du système HQ-22, pour renforcer ses capacités anti-aériennes. C’est du moins l’annonce publiée par le site balkansec.net, sur la base d’informations de la société d’importation de systèmes d’armes Jugoimport-SDPR. Ces systèmes viendront compléter les systèmes Pantsir-S1 livrés en Février acquis auprès de la Russie, et les systèmes Mistral 3 acquis auprès de la France, pour moderniser la défense aérienne multicouche du pays, et protéger les sites stratégiques. 

Depuis plusieurs années, les autorités Serbes souhaitaient faire l’acquisition d’un système anti-aérienne à moyenne ou longue portée, et s’intéressait particulièrement au S400 russe. Mais la crainte de sanctions américaines dans le cadre de la législation CAATSA, ainsi que le prix élevé de la transaction, dissuada Belgrade, qui préféra se tourner vers Pékin, et son système FK-3, dont le pays des Balkan sera le premier client à l’exportation. 

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La Serbie a perçu 6 systèmes Pantsir S1 russes en février 2020

Le FK-3 est l’ultime version de la famille Kai Shan -1, ou KS-1, un système basé initialement sur une rétro-ingénierie du S-75 soviétique (SA-2 GOA pour l’OTAN). Le système, doté d’un radar PESA et de 4 lanceurs quadruples, peut atteindre des cibles distantes de 170 km, évoluant entre 50 m et 27 km d’altitude, ce qui le place dans la catégorie du S-350 russe, du Patriot américain ou de l’Aster franco-Italien. En revanche, et contrairement à ces autres systèmes, le FK-3 n’a pas de capacités contre des cibles balistiques, même à courte portée. 

La Serbie, candidate à l’entrée dans l’Union Européenne et, par ailleurs, membre observateur de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective rassemblant la Russie, la Biélorussie et plusieurs ex-républiques soviétiques su Caucase, est engagé dans un difficile exercice d’équilibriste pour la modernisation de ses forces armées, ne voulant ni s’exposer à des sanctions américaines qui pourraient compromettre son adhésion à l’UE, ni froisser l’allié russe qui participe à la défense du pays, à l’occasion de nombreux exercices conjoints sur le sol serbe. En outre, Belgrade a, depuis plusieurs années, les faveurs de Pékin, qui soutien économiquement le pays. Ceci explique les choix hétéroclites en matière d’équipements de défense, ne favorisant pas l’interopérabilité entre les forces, ou entre les systèmes. 

CH92 Rainbow Serbia Actualités Défense | Allemagne | Alliances militaires
Cette photo permet de figurer les dimensions très réduites du CH-92A acquis pas la Serbie. Les conteneurs au pied de l’appareil contiennent les missiles air-sol livrés concomitamment.

En juillet de cette année, les armées serbes avaient ainsi perçu 6 drones armés CH-92A en provenance de Chine, en faisant le premier client européen de ce type de systèmes. Conçus par CASC, la famille Cai Hong (arc-en-ciel en chinois) est constituée de drones légers (inf 50kg) de reconnaissance et d’attaque, aux performances limitées, avec une vitesse inférieure à 150 km/h et une autonomie de l’ordre de 5 heures. Le CH-92A peut emporter deux missiles air-sol AR-1, une copie du Hellfire américain, ou deux bombes guidées légères YZ-100. La Serbie aurait perçu 18 missiles air-sol, très probablement des AR-1, dans le cadre de la livraison de ses CH-92A.