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Le Pentagone entame l’étude de mini-réacteurs nucléaires transportables et projetables

Le Pentagone a annoncé ce lundi 9 mars, l’attribution de 3 contrats à 3 entreprises américaines pour l’étude préalable d’un réacteur nucléaire miniaturisé transportable et projetable d’une puissance électrique de 1 à 5 MW, destiné à alimenter de manière autonome une base projetée américaine sans avoir recours à la production électrique locale. 13,5 m$ ont ainsi été alloués à la société BWX Technologies, Inc en Virginie, 11,9 m$ à Westinghouse Government Services de Washington D.C et 14,3 m$ à X-energy dans l’Etat du Maryland soit un total de 39,7 m$ pour ce programme désigné par le nom « Project Pele ». Les entreprises auront deux années pour étudier un modèle convaincant et sécurisé, délais au delà duquel l’une d’elle pourra se voir confier la conception d’un démonstrateur.

La consommation électrique des bases projetées américaines n’a cessé d’augmenter ces dernières années, pour atteindre désormais une consommation moyenne annuelle de 40 MWh. Pour répondre à ce besoin croissant, les militaires américaines font appel aujourd’hui au réseau électrique régional du pays hôte, ainsi qu’à des générateurs de sauvegarde employant du carburant traditionnel. Or, dans un cas comme dans l’autre, cette architecture est vulnérable, que ce soit en entravant la chaine logistique carburant, ou en rendant inopérante la production électrique régionale. Le besoin d’énergie électrique étant appelé à encore croitre dans les années à venir, avec l’arrivée des premiers véhicules hybrides rechargeables, des systèmes de défense à énergie dirigée, et l’augmentation des besoins de traitement informatique et numérique, le recours à une solution comme une réacteur nucléaire miniaturisé apparait, dès lors, comme une alternative de choix, même si d’autres pistes sont à l’étude.

Project Pele reacteur nucleaire Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
La vision de l’utilisation du « Project Pele » selon le departement de La Défense américain

Reste que le déploiement d’une mini-centrale nucléaire sur un théâtre extérieur, fut-il allié, n’ira pas sans problèmes. On imagine mal, en effet, un pays comme l’Allemagne autoriser de tels équipements sur son sol, alors même que le pays s’est engagé dans une dénucléarisation complète il y a quelques années suite à la catastrophe de Fukushima. En outre, les autorisations de survol, pour peu que le dispositif puisse être, comme prévu, acheminé par voie aérienne, seront très certainement difficiles à obtenir. Il semble également hors de question de déployer des mini-réacteurs nucléaires sur des bases qui ne seraient pas entièrement sécurisées, comme en Irak, en Afghanistan, et même, on peut le penser, en Arabie saoudite.

De fait, cette approche, séduisante de prime abord, risque fort de faire face à des contraintes opérationnelles au moins aussi importantes que les difficultés technologiques de conception auxquelles feront face les équipes des entreprises américaines. Il faut noter, par ailleurs, que la technologie des mini-réacteurs nucléaires fait l’objet d’une étude parallèle de la part du Département de l’Energie américain, avec pour objectif de concevoir un mini-réacteur d’une puissance de 2 à 10 MW d’ici 2023. En outre, la Russie développe elle aussi de tels réacteurs, notamment pour alimenter la torpille nucléaire océanique autonome Status-6.

Poseidon Nuclear Torpedo Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
La torpille nucléaire océanique autonome Status-6 Poseidon russe est alimentée par un réacteur nucléaire miniaturisé

Au delà de la problématique nucléaire, le Project Pele pointe surtout la vulnérabilité des systèmes d’alimentation électrique, notamment en occident, que ce soit face aux attaques cyber comme aux actes de sabotage ou aux attaques directes, par missiles balistiques ou de croisière par exemple. Conçus pour satisfaire à une demande en croissance rapide en matière d’énergie de la part des particuliers comme des entreprises, les réseaux occidentaux ont intégré peu de capacités de résilience à des attaques malveillantes majeures. Dans le même temps, ni la population, ni les entreprises, et bien peu d’administrations, n’ont été sensibilisées aux conséquences d’un tel événement, pourtant potentiellement catastrophiques. Des études prédictives aux Etats-Unis avaient ainsi estimé que les premières émeutes dans certaines grandes villes débuteraient moins de 24 h après un black out général, et que le pays serait virtuellement incontrôlable au delà de 6 jours sans électricité.

Le canon automoteur M109 ERCA de l’US Army entrera en service en 2023

Le programme ERCA, pour Extended Range Cannon Artillery, est aujourd’hui considéré comme l’un des plus prioritaires pour l’US Army, tant ses capacités en matière d’artillerie autotractée sont en retrait vis-à-vis de celles de pays comme la Russie, ou même des Européens. Non seulement le programme se veut ambitieux, avec notamment l’ambition de disposer d’un système d’artillerie ayant une portée supérieure à 1800 km, mais il est urgent. C’est dans ce contexte que la démonstration faite le 6 mars sur le site d’essais de Yuma, en Arizona, prend toute sa mesure.

En effet, cette occasion, le système ERCA, un canon de 58 calibre sur une tourelle de M109 Paladin, a atteint une portée de 40 miles, 65 km, à l’aide d’un obus XM1113 à portée additionnelle, ainsi qu’avec un obus Excalibur guidé de la société Raytheon. Si les deux obus ont atteint la portée souhaitée, seul l’Excalibur a fait usage de ses systèmes de guidage pour frapper la cible avec précision. En revanche, le système de rechargement automatique de l’ERCA n’a pas fait l’objet d’une démonstration. BAe devra fournir 18 ERCA opérationnels à l’US Army qui prévoit de disposer de son premier bataillon dès 2023. Le programme ERCA s’inscrit, comme la majorité des programmes de l’US Army aujourd’hui, dans le super programme BIG 6, au sein du pilier Long-Range Precision Fire, qui couvre l’ensemble des systèmes allant de l’artillerie conventionnelle aux missiles hypersoniques.

M109A7 paladin Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
L’US Army a lancé le portage de presque 700 canons automoteurs M109A6 Paladin au standard A7

L’US Army transforme depuis 2018 sa flotte de M109A6 Paladin au standard M109A7, qui propose une certaine homogénéisation de la maintenance avec le véhicule de combat d’infanterie Bradley, et des systèmes d’information et de communication modernes. Mais son canon de 39 calibre limite toujours la portée de ses tirs à 24 km, 30 avec des obus à propulsion additionnel. Avec l’obus XM1113, il pourrait atteindre les 40 km, soit autant que le CAESAR français avec des obus traditionnels EFRB. En outre, la cadence de tir standard est limitée à 1 coups par minute en condition normale et peut monter jusqu’à 4 coups par minutes théoriques en utilisation intensive soit, là encore, la moitié de celle d’un CAESAR.

Canon Automoteur CAESAR francais en Irak Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Malgré son canon de 155mm/52 Calibre, le CAESAR de Nexter offre des performances comparables à celle de l’ERCA de l’US Army, malgré un prix unitaire bien plus économique.

L’ERCA, conçu par le britannique BAe, apporte des réponses à ces deux points clés. Grâce au remplacement du canon de 155 mm / 39 calibre (le calibre représente la longueur de l’âme du canon par rapport à son calibre d’obus – 155/39 signifie donc un canon long de 155×39 = 6,05 m tirant des obus de 155mm de diamètre) par un canon de 155 / 58, presque 50% plus long, l’ERCA augmente sensiblement la portée des obus employés, passant de 40 à 65km pour le XM1113, et autant avec l’obus de précision Excalibur. En outre, BAe y intégrera un système de chargement automatique permettant d’étendre la cadence de tir jusqu’à 10 coups par minutes.

2S35 Koalitsiya SV 152mm 1 Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le canon automoteur 2S35 Koalitsiya-SV russe annonce des performances égales ou supérieures à l’ERCA

A titre de comparaison, le nouveau canon automoteur de 152mm 2S35 Koalitsiya-SV, qui entrera cette année en service dans les forces armées russes, est donné pour avoir une portée de 80 km avec des obus guidés à propulsion additionnelle, de 40 km avec des obus traditionnels, et une cadence de tir de 12 à 16 obus par minutes grâce à son système de chargement automatique. Ces données sont toutefois à prendre avec réserve, car elles sont fournies par le constructeur.

Le Pentagone ne veut pas de systèmes Iron Dome Israéliens supplémentaires

Selon la presse israélienne, le Pentagone aurait renoncé à l’acquisition de systèmes Iron Dôme supplémentaires pour renforcer ses capacités de protection rapprochée, en raison d’une incompatibilité du système israélien avec le réseau de défense anti-aérienne employé par l’US Army. Selon le Général Mike Murray, commandant le Futur Command de l’US Army, les analyses auraient montré plusieurs problèmes, notamment en terme de cybersécurité, et surtout en matière d’interopérabilité avec les autres systèmes de défense employés, et notamment ceux articulant les systèmes Patriot.

Cette annonce ne remet pas en cause l’acquisition des deux premières batteries annoncées en 2019, qui restent aujourd’hui attendues par l’US Army comme solution d’appoint dans l’attente d’une solution technologique pérenne, pour protéger les infrastructures sensibles contre les frappes d’obus, de roquettes ou de drones, spécialité de l’Iron Dome israélien. A noter que cette annonce n’élimine pas l’Iron Dome de l’appel d’offre global portant sur l’acquisition d’un système de protection rapproché pour l’US Army dans le cadre du super programme Big 6. En revanche, dans ce cas, ce sera à l’industriel de proposer des solutions pour garantir l’interopérabilité et la sécurité cyber de son système.

Le systeme Pantsir S1 russe assure une protection rapprochee anti aerienne anti missile et anti drones des sites sensibles Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le Pantsir russe est en perpétuelle évolution. La version Pantsir S3 verra ses performances étendues, avec des missiles dont la portée dépassera les 40 km et un radar portant à 75 km.

Contrairement à la Russie ou la Chine, les Etats-Unis ont largement réduit leurs investissements en matière de systèmes anti-aériens et de protection rapprochée à la suite de l’effondrement du bloc soviétique. Dès lors, l’US Army n’a développé aucun système pour assurer la protection contre les obus d’artillerie ou de mortier, les roquettes d’artillerie ou encore les drones, alors que dans le même temps, ces systèmes connaissaient un rapide accroissement en matière de performances. Ainsi, si l’artillerie de campagne atteignait péniblement les 25 à 30 km de portée à la fin des années 80, elle peut désormais atteindre les 45 km et même les 60 km avec les nouveaux obus à propulsion additionnelle. Dans le même temps, les roquettes mises en oeuvre par les systèmes comme le Tornado-S russe peuvent atteindre et dépasser les 100 km de portée.

Dès lors, les infrastructures de soutien, comme les postes de commandement, ou les noeuds logistiques, indispensables à l’organisation, l’encadrement et le soutien des actions militaires, se retrouvent désormais potentiellement exposés à ces systèmes d’artillerie, sans même parler des missiles balistiques et missiles de croisière, capables d’atteindre des cibles à plusieurs centaines, voir plusieurs milliers de kilomètres. La Russie développa pour y faire face le système Pantsir S1, capable d’intercepter des cibles à 25 km grâce à ses missiles, et disposant de 2 canons à grande cadence de tir de 30 mm pour l’interception rapprochée. Le système a montré ses performances, ainsi que quelques limites contre les drones petits et lents, en protégeant la base aérienne de Hmeimim en Syrie, mais s’est révélé très efficace contre les roquettes. La Chine a développé pour sa part le FK-1000, similaire au pantsir S1, disposant de 2 canons de 23 mm, et de 12 missiles d’une portée de 20 km, présenté pour la première fois en 2016.

FK1000 china Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le FK-1000 chinois est très inspiré du Pantsir S1, et offre des performances comparables

Face à ce besoin, l’US Army, qui jusqu’à présent n’avaient que quelques systèmes navals Phalanx de 20 mm transposés sur remorques, a souhaité acheter 2 batteries Iron Dôme, un système israélien employé avec succès pour protéger son territoire des attaques à la roquette et au mortier du Hezbollah libanais, et qui affiche un taux d’interception de plus de 90% sur les cibles « dangereuses ». En 2019, le Congrès américain appela l’US Army a éventuellement acheter deux batteries supplémentaires, pour renforcer ses capacités d’engagement. C’est précisément cette demande qui a fait l’objet d’un arbitrage négatif de la part du Futur Command.

GN IMSHORAD Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
L’US Army a commandé 144 IM-SHORAD pour assurer la protection rapprochée de ses unités combattantes

Dans le même temps, l’US Army développe plusieurs systèmes visant à renforcer ses capacités de défense rapprochée, en particulier le blindé IM-SHORAD, composé d’une tourelle montée d’un canon de 30 mm, de 4 missiles anti-aériens légers Stinger et de 2 missiles polyvalents Hellfire Longbow, sur un blindé 8×8 Stryker. Parallèlement, elle développe le système de protection rapprochée laser HEL qui doit atteindre 50 Kw sur Styker, et 300 Kw sur camion lourd, ainsi que le programme Manoeuvre Short-Range Air Defense, appartenant au volet « Air and Missile Defense » du super programme Big 6. Reste que, sur la décennie 2020, il est probable que la Russie, et probablement la Chine, surpasseront les Etats-Unis dans ce domaine.

Laser HEL MD Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le système de laser à haute énergie HEL MD de l’US Army ambitionne d’atteindre les 250 à 300 Kw

Quand aux Européens, le problème n’est simplement pas abordé en dehors des missiles anti-aériens d’infanterie comme le Mistral 3 français ou le Stinger américain. L’Allemagne a bien communiqué il y a quelques mois sur la nécessité de developper un remplaçant au système franco-allemand Roland 2, qui n’est plus en service depuis prés de 20 ans, et l’Armée de terre française pousse, en coulisse, pour lancer un programme similaire, seule ou en coopération militaire. Mais pour l’heure, la problématique semble moins urgente que d’autres, comme par exemple le remplacement des véhicules blindés médians pour la France.

Le missile franco-britannique ANL/Sea Venom de MBDA qualifié pour la Marine Nationale

Depuis le retrait du service des missiles AS-12 dans les années 80, les hélicoptères de la Marine Nationale n’avaient plus la capacité de mettre en oeuvre des missiles anti-navires, à l’exception notable du Super Frelon qui pouvait mettre en oeuvre le missile AM-39 Exocet, et qui fuit lui aussi retiré du service en 2010. C’est pour palier cette défaillance que français et britanniques s’accordèrent, en 2010, pour developper un nouveau missile léger anti-navire conjointement, lors des accords de Lancaster House qui portaient également sur le developpement du Futur Missile Anti-Navire/Futur Missile de croisière, du programme FCAS de drone de combat avorté, et du programme de guerre des mines conjoint.

La conception de ce missile fut naturellement confié au missilier européen MBDA, et pris le nom d’ANL (pour Anti-navire Léger) en France, et de Sea Venom en Grande-Bretagne. D’une portée de 20 km, ce missile de 2,5 m de long pour une masse de 110 kg, peut être mis en oeuvre par des hélicoptères moyens et légers, comme les Wildcat britanniques et le futur HIL H160M Guépard qui équipera les frégates de la Marine Nationale dès 2027. Il dispose d’un autodirecteur infrarouge non refroidi et, à l’instar du missile anti-char MMP du même MBDA, il permet à l’équipage de diriger le missile sur toute la durée du vol si besoin, tout en étant capable de détecter sa cible après le lancement. Il offre en outre des capacités de frappe à terre, et de discernement de sa cible dans un environnement dense, de sorte à ne pas frapper des navires civils. Emportant une charge militaire de 30 kg, il est capable de prendre à parti des navires de la taille d’une corvette, mais également des navires rapides comme des vedettes lance-missiles.

reussite du premier tir de qualification du missile anti navire leger anl sea venom Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Gros plan sur le missile ANL juste avant l’impact sur sa cible lors des tests du 20 février dans le polygone de l’ile du Levant.

Comme toujours dans le cas d’un nouvel armement naval français, une campagne de test organisée par la DGA (Direction Générale de l’Armement) s’est tenue sur le polygone de l’Ile de Levant, face à la ville de Hyères, à partir de 2018. Les derniers tirs intervinrent le 20 Février, et permirent de valider différents paramètres comme l’altitude minimum de largage, et la re-désignation du point d’impact par l’équipage de l’hélicoptère dauphin qui effectuait les tests. Suite à ces tests, le missile a été qualifié pour entrer en service dans la Marine nationale.

Toutefois, et bien que l’hélicoptère moyen NH90 Caïman Marine puisse le mettre en oeuvre, sous réserve d’une adaptation chez le constructeur, le missile n’entrera pas en service en France avant 2027 et l’arrivé des premiers H160M Guépard Marine. La Marine Nationale a commandé 100 exemplaires du missile, un nombre relativement faible qui confirme que pour l’heure, seules les frégates légères, les frégates de surveillance et les futures European Patron Corvettes mettront en oeuvre les hélicoptères emportant ce missile. Une position qui pourrait probablement être revue lorsque les NH90 effectueront leurs premières grandes visites, l’occasion peut-être d’y installer les équipements nécessaires pour la mise en oeuvre du missile.

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La Marine Nationale mettra en oeuvre le missile ANL à partir de l’hélicoptère H160M Guépard Marine qui entrera en service en 2027

Si les marchés français et britanniques apparaissent faibles, l’ANL/Sea Venom pourrait bien remporter un succès important sur la scène internationale, ou il va venir remplacer les quelques 1700 AS15TT français et le Sea Skua britanniques exportés. Outre les hélicoptères, le missile peut en effet être mis en oeuvre par des avions de patrouille maritime, et notamment les avions Falcon de Dassault Aviation spécialisés dans cette mission.

L’US Navy veut retirer du service 20 destroyers Arleigh Burke d’ici 2032

Depuis plusieurs mois, l’US Navy semble faire face à une impasse en matière de programmation industrielle, prise en étau entre les exigences présidentielles de faire croitre le volume de la flotte, les couts des programmes en cours, et notamment du programme de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins Columbia, et un budget inextensible. Et la dernière annonce en date ne fera surement pas plaisir au Président Trump, dont les directives d’atteindre une flotte de 355 navires en 2030 ne sera surement pas respectée. En effet, l’US Navy vient d’annoncer son intention de ne pas procéder à l’extension de la durée de vie de ses destroyers Arleigh Burke Flight I, qui arriveront en limite de durée de vie entre 2025 et 2032.

Cette annonce intervient après d’autres arbitrages en faveur d’une réduction du format de la flotte de surface combattante de l’US Navy, comme la réduction de 12 à 7 du nombre de destroyer du type Flight III devant être construits entre 2021 et 2026. Au total, l’US Navy va donc perdre 10 destroyers sur cette période de temps, soit prés de 10% de sa flotte de croiseurs et destroyers, alors même que le président Trump, par la voix du Secrétaire à la Navy (par intérim) Thomas Modly ne cesse de répéter son intention de faire croitre ce même format pour relever le challenge que représente la modernisation et l’extension de la Marine Chinoise dans le Pacifique. A noter que selon les observations faites dans les chantiers navals chinois, la Marine de l’Armée Populaire de Libération devrait recevoir en 2020 autant de destroyers Type 055 et Type 052D que l’US Navy sur l’ensemble de la période 2021-2026.

Columbia class Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
La conception et construction des SNLE de la classe Columbia handicape aujourd’hui la modernisation et l’extension de la flotte de surface de l’US Navy

Comme nous l’avons déjà abordé, l’US Navy se retrouve, aujourd’hui, à devoir résoudre la quadrature du cercle en matière de planification industrielle pour à la fois renouveler ses unités vieillissantes, et étendre ses forces pour soutenir la comparaison avec Pékin. Elle ne peut, en effet, ni réduire ni reporter le remplacement des Sous-Marins Nucléaires Lanceur d’Engins de la classe Ohio, datant de la fin des années 80, par la nouvelle classe Columbia. Or, ce chantier va capter à lui seul plus de 35% de ses crédits d’équipements dans les 10 années à venir, alors même que dans le même temps, elle doit assurer le renouvellement de ses portes-avions de la classe Nimitz, ses navires d’assaut de la classe Wasp, ses croiseurs de la classe Ticonderoga et ses destroyers de la classe Arleigh Burke, tout en maintenant le remplacement des sous-marins nucléaires d’attaque Los Angeles par les SNA de la classe Virginia, celui des avions de patrouille maritime P3C Orion par les P8 Poseidon, ou encore celui des F/A 18 Hornet par les F35C Lighting II.

L’arbitrage fait par l’US Navy de ne pas étendre de 10 ans la durée de vie de ses 20 destroyers Arleigh Burke Flight I entrés en service entre 1991 et 1997, limite de fait cette durée de vie aux 35 ans initialement planifiés. Selon les autorités militaires américaines, cette extension de vie couterait très chers pour un résultat peu probant et de courte durée. Surtout, cela rend inaccessible l’objectif de campagne du président Trump, en course pour un second Mandat, d’étendre la flotte à 355 navires (contre 297 aujourd’hui), en 2030, d’autant que ce dernier, comme le Congrès, ont posé des limites strictes en matière budgétaire, et que l’US Navy ne peut, dès lors, espérer dans les conditions actuelles une rallonge budgétaire pour atteindre ses objectifs.

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En décidant de ne pas remplacer ses frégates O.H Perry, l’US Navy s’est mise dans une situation l’empêchant aujourd’hui de soutenir la croissance de la Marine Chinoise

Mais peut-être est-ce précisément l’objectif de cette annonce. En effet, en s’attaquant de front aux objectifs présidentiels, qui plus est avec des arguments très concrets, l’US Navy espère peut être, si pas une rallonge budgétaire directe, en tout cas l’exclusion de la construction de la composante sous-marine de la dissuasion de son budget, sachant que cela libérerait les marges de manoeuvre pour atteindre l’ensemble des autres objectifs de renouvellement et d’extension de la flotte. Il est vrais que les SNLE, dont le prix unitaire est comparable de celui d’un porte-avions, grèvent sévèrement le budget d’équipement des marines qui en disposent, comme la France et la grande-Bretagne, et entravent l’exécution des autres programmes, donc les moyens conventionnels dont elles disposent.

Cependant, un tel pari est risqué. En effet, le budget des armées aux Etats-Unis ponctionne déjà plus de 20% des finances publiques, dans un contexte extrêmement déficitaire. De fait, le gouvernement US se retrouverait face à d’autres choix pénalisants vis-à-vis de l’opinion publique. La solution la plus évidente serait d’abandonner la construction du mur sensé empêcher l’immigration illégale venue du Mexique, mais cette mesure reste très symbolique pour l’électorat du président. De fait, l’US Navy risque belle et bien de devoir sensiblement réduire son format, du mois tant que le programme Columbia captera les budgets, à moins, évidemment, d’accepter de cesser de n’avoir que des grandes unités comme les Destroyers et Croiseurs, et de construire une flotte de frégates moyennes qui prendrait la relève des destroyers dans les missions de lutte anti-sous-marine, d’escorte ou de présence en zone de basse à moyenne intensité.

lcs fire naval strike missile Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Malgré l’ajout de missiles anti-navires et d’une capacité d’autodéfense anti-aérienne, les Littoral Combat Ships restent sans grand intérêt opérationnel pour les missions de l’US Navy

Reste qu’en réalité, l’US Navy a creusé elle même sa propre tombe. En effet, entre la fin des années 90 et la fin des années 2010, elle a largement négligé son format au profit de programmes très ambitieux et finalement avortés ou totalement inefficaces, comme les sous-marins d’attaque Sea Wolf (3 unités), les destroyers Zumwalt (3 unités) ou les Littoral Combat Ship (20 unités), qui continuent d’être livrées sous le pression du Congrès malgré une efficacité opérationnelle nulle. Ce furent ainsi plus de 60 Md$ qui ont été dépensés sur cette période avec une efficacité opérationnelle très limitée, alors que pour le même montant, l’US navy aurait put construire une flotte de frégates moyennes, à l’instar des O.H Perry non remplacées, qui formeraient aujourd’hui sa colonne vertébrale et assurerait sa suprématie sur la Marine Chinoise, tout en éliminant le facteur d’urgence que nous constatons aujourd’hui. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’US Army concernant ses véhicules de combat d’infanterie Bradley et ses hélicoptères légers.

JF-17 Block III au Pakistan vs F-21 en Inde : vers une opposition entre chasseurs légers?

Il y a tout juste un an, une nouvelle confrontation militaire limitée opposait l’Inde et le Pakistan dans la région du Kashmir. Le 27 février 209, des échanges de tirs ont alors lieu entre les chasseurs bombardiers des deux pays. Le Pakistan annonce alors que ses F-16 et quelques chasseurs légers JF-17 ont engagé et détruit deux chasseurs indiens, tandis que New Delhi confirme uniquement la perte d’un de ses antiques MiG-21 et la destruction en retour d’un F-16 pakistanais.

Si les détails réels de cet engagement restent encore flous pour le grand public, il en ressort néanmoins que l’Indian Air Force (IAF) comme la Pakistan Air Force (PAF) se reposent encore en grande partie sur des chasseurs légers et anciens pour leurs opérations d’interception et d’attaque au sol. Or, le remplacement des MiG-21 Bison en Inde et Mirage III/5 au Pakistan par des chasseurs maniables et économiques devient de plus en plus critique au fil des années.

2 Mig21 Bison des forces aeriennes indiennes 1 Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Modernisé, le MiG-21 Bison indien reste un intercepteur léger crédible. Les cellules arrivent cependant à bout de potentiel et ne permettent pas d’emporter suffisamment de missiles pour réaliser des missions de supériorité aérienne

Enjeux et contexte de la modernisation de l’IAF et de la PAF

Depuis la fin des années 1980, Pakistan et Inde se sont engagés chacun de leur côté pour le renouvellement de leurs MiG-21, J-7 et autres Mirage III obsolètes. Si le JF-17 sino-pakistanais est aujourd’hui pleinement opérationnel, le LCA Tejas indien a encore du mal à prendre son envol, ce qui a conduit l’IAF à évaluer d’autres options dont une variante du F-16 américain dénommée localement F-21.

L’origine du JF-17 remonte au conflit afghan des années 1980, quand le Pakistan était le principal allié régional des USA face à l’interventionnisme soviétique en Afghanistan. L’avionneur américain Grumman collabore alors avec le Chinois CAC (Chengdu Aircraft Corporation) et la PAF pour le développement d’une variante modernisée du J-7, version chinoise du MiG-21. Les évènements de Tienanmen en 1989 entraînent le retrait de Grumman, tandis que la fin de l’URSS permet à CAC de se retourner à nouveau vers la Russie pour se procurer le moteur du nouveau chasseur léger. Le prototype du JF-17, cofinancé à parts égales par la Chine et le Pakistan, vole alors pour la première fois en 2003. La PAF prévoit alors de s’équiper d’environ 200 appareils, qui viendront remplacer ses appareils légers Q-5, J-7 et Mirage III, tandis que de nouveaux F-16C/D américains sont alors attendus des États-Unis pour moderniser le volet haut de sa force aérienne (une vente ensuite annulée en 2016).

Le contexte indien est, lui, plus complexe. Outre le LCA Tejas en développement depuis le début des années 1980, l’IAF prévoit suite au conflit indo-pakistanais de 1999 d’acquérir 126 chasseurs français Mirage 2000-5, équivalents aux F-16C de la PAF. Au fil des atermoiements de l’administration indienne, cet achat sur étagère se transforme en appel d’offre MMRCA, qui voit le Rafale gagner en 2012 avant d’être annulé et converti en 2015 en un achat de 36 Rafale produits en France. Par la suite, les autorités du pays, cherchant à diversifier leurs approvisionnements, tentent d’acquérir une centaine d’avions monoréacteurs, une exigence technique qui ne repose sur aucune justification opérationnelle, mais qui permet d’éliminer les fournisseurs français et russes habituels et de n’évaluer que les seuls Gripen suédois et F-16 américain. Par la suite, l’appel d’offre est à nouveau élargi aux bimoteurs, signant le retour du Rafale mais aussi du Super Hornet de Boeing même si, dans le même temps, les sempiternels déboires du LCA Tejas et les difficultés financières de la défense indiennes remettent sur le tapis l’idée d’un appareil monomoteur, soi-disant plus économique à l’usage.

Dassault Mirage IIIDP with Raad missile Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Les Mirage III modernisés constituent encore une part importante des escadrons d’attaque pakistanais. Leur remplacement par des JF-17 est déjà engagé

JF-17 Block III : le vrai fils spirituel du MiG-21 ?

Lorsque le JF-17 est conçu en Chine, sous la désignation CAC de FC-1, la question des coûts d’acquisition est primordiale. La Chine développant son propre monoréacteur médian, le J-10, elle cherche avant tout avec le JF-17 à produire un petit avion économique capable de plaire à l’exportation sur le marché de remplacement des antiques MiG-21. L’idée convient alors parfaitement aux ingénieurs pakistanais du Pakistan Aeronautical Complex (PAK), qui co-conçoivent et co-produisent l’appareil avec la CAC.

Techniquement, le JF-17 reprend quasiment les mêmes dimensions générales que le F-16 (15m de long, 9,5m d’envergure) mais est beaucoup plus fin et léger, avec une masse à vide de 6,5t (8,5t pour le F-16) et une masse maximale au décollage de moins de 13t (contre environ 19t pour le F-16). Il est propulsé par un réacteur russe Klimov R-93 dérivé de celui du MiG-29, et délivrant 8,5t de poussée maximale. Ses entrées d’air sont équipées d’un dispositif DSI sans pièces mobiles, permettant le vol supersonique avec des coûts d’entretien réduits.

JF17 Thunder SD10APL12 Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le JF-17 représente la quintessence du chasseur léger, avec un bon radar et un emport en armement léger mais correspondant à sa capacité à durer sur zone. On remarquera sur cette photo les entrées d’air DSI adaptées aussi bien au vol à faible vitesse qu’au vol supersonique, sans pièces mobiles.

Dans ses version Block I et Block II, il embarque le radar chinois KLJ-10 qui lui confère des capacités BVR (combat à longue portée) particulièrement intéressante pour un appareil de sa classe, sans atteindre encore celles du F-16C pakistanais équipé de missiles américains AIM-120 AMRAAM. Sa capacité d’emport en charges externes est limité à 3,5t environ, ce qui ne l’empêche pas d’être présenté avec des configurations intéressante grâce à des pylônes d’emport doubles. Il peut ainsi embarquer, en plus de ses réservoirs externes, jusqu’à six missiles air-air (dont 4 missiles BVR PL-12), des bombes à guidage laser ou des missiles anti-navires, ce dernier armement lui conférant une capacité jusqu’alors hors de portée des F-16A/C pakistanais.

Cependant, c’est vraiment avec la version Block III en cours de développement que le JF-17 va pouvoir montrer toutes ses dents et permettre à ses pilotes d’égaler leurs confrères équipés de F-16C. Le Block III va ainsi être doté d’un radar AESA à antenne électronique active, deux modèles chinois (LKF601E et KLJ-7A) ayant été testés en vol. Ce radar permettra à l’appareil d’emporter le missile PL-15, dont la portée dépasse 180km contre environ 100km pour la variante de l’AMRAAM équipant les F-16 de la PAF. Le JF-17 devrait également être doté d’une suite de guerre électronique améliorée. Si Pékin a proposé au Pakistan de doter le Block III d’un réacteur chinois WS-13 plus puissant, devant permettre d’augmenter la vitesse maximale de l’appareil de Mach 1,6 à Mach 2, la PAF a préféré conserver le RD-93 russe plus fiable et moins coûteux à l’entretien.

Afin de remplacer les derniers Mirage III modernisés, l’armement s’étoffera avec l’emport de missiles de croisière, mais aussi de missiles anti-navires supersoniques voire, à l’avenir, hypersoniques. Une des particularités du JF-17 est d’avoir été conçu autour de bus de données permettant à la fois l’intégration d’armements d’origine russe, chinoise ou occidentale, bien qu’il semble que l’arsenal actuel et futur de l’appareil s’articule avant tout autour de productions chinoises et, de plus en plus, d’armements conçus au Pakistan. On soulignera toutefois que, initialement, les versions évoluées du JF-17 auraient dû inclure une avionique européenne. La France, en particulier, aurait pu fournir le radar RC-400 (RDY-3) et des missiles air-air MICA, mais l’affaire n’aurait jamais été conclue suite à des risques de fuite industrielle vers la Chine, aux relations diplomatiques dégradées entre Paris et Islamabad et à la signature de plusieurs contrats majeurs avec l’Inde.

JF17 bombe laser Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Équipé d’un pod de désignation laser et de bombes guidées, tous d’origine chinoise, le JF-17 dispose de capacités de frappe cohérentes avec sa masse et son autonomie. Ce sont néanmoins ses capacités antinavires qui en font un appareil véritablement redoutable pour les forces indiennes.

Sur le plan des performances, le JF-17 s’avère particulièrement bien adapté aux besoins pakistanais. Avec une profondeur stratégique bien plus faible que l’Inde, le Pakistan peut plus facilement faire reposer sa défense aérienne sur des chasseurs légers dont la faible autonomie est compensée par une bonne maniabilité et, à partir du Block III, une avionique digne d’un chasseur moyen. A moins de 15 millions $ l’unité, le JF-17 est ainsi un chasseur-bombardier capable d’engagement BVR à très longue distance vendu pour le prix d’un avion d’entrainement avancé subsonique. Une réussite en soi lorsque l’on est une force aérienne opposée à la gigantesque IAF. Ce bas prix, couplé à des performances très honnêtes, a déjà permis au JF-17 d’être exporté au Myanmar et au Nigéria, tout en intéressant sérieusement l’Azerbaïdjan et la Malaisie ainsi que le Sri Lanka, l’Argentine ou encore la Bolivie. Ironiquement, à terme, le principal concurrent du JF-17 à l’exportation pourrait ainsi être le J-10E, que Pékin commence à proposer à ses clients sans participation pakistanaise, cette fois-ci.

F-21 : le F-16 relooké a-t-il une chance en Inde ?

Difficile, pour l’heure, de voir clair dans le jeu de New Delhi concernant le renouvellement de sa flotte de chasse, pourtant considéré comme urgent depuis plus de vingt ans. D’un point de vue rationnel, tant l’IAF que l’industrie locale auraient intérêt à prolonger leurs partenariats avec Dassault et Sukhoï pour la production locale d’appareils supplémentaires. Mais rien n’est jamais vraiment rationnel dans les appels d’offre indiens, et l’idée d’un achat auprès d’un troisième fournisseur pour 110 chasseurs reste très présente dans certaines arènes politiques. Le Gripen E/F du Suédois Saab n’aurait, semble-t-il, pas vraiment convaincu à l’époque où l’IAF s’intéressait uniquement à un appareil monoréacteur. L’offre de Boeing, de son côté, semble bien confuse entre un Super Hornet présenté comme la meilleure solution à la fois pour l’armée de l’air et la marine indienne d’une part, et un F-15EX bien plus lourd que ses concurrents venant brouillés les cartes d’autre part. Reste alors à étudier le cas du F-21 de Lockheed Martin, longtemps favoris face au Gripen, et qui va devoir à nouveau se confronter commercialement à un Rafale bien installé dans le paysage industriel et opérationnel indien.

F 21 F 16IN IAF Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Si le F-16IN proposait un IRST intégré dans le nez, le F-21 est doté d’un pod dédié à cette fonction à gauche de l’entrée d’air, la nacelle de désignation laser y étant intégrée sur la droite. Les points d’emport triples permettent d’embarquer jusqu’à 1à missiles air-air, mais limitent alors les capacités de manoeuvre de l’avion.

Techniquement, le F-21 est une variante taillée sur mesure pour le marché indien du F-16V Viper, déjà bien vendu dans le monde entier. A la fin des années 2000, Lockheed Martin proposait à l’Inde le F-16IN dérivé du F-16E Block 60, comprenant un radar AESA APG-80 et un capteur infrarouge IRST intégré au nez de l’avion, mais l’IAF lui préféra le Rafale. Aujourd’hui, le F-21 se présente non pas comme une version améliorée du F-16IN mais comme une version dégradée de ce dernier, une condition nécessaire pour que Washington autorise Lockheed Martin à construire l’avion sous licence en Inde, en partenariat avec l’industriel Tata. En théorie, il semblerait donc difficile de justifier, en 2020, l’achat d’un dérivé moins performant d’un avion éliminé 10 ans plus tôt face au Rafale que Dassault propose également de produire en Inde, au sein d’un tissu industriel bien plus avancé en ce sens que celui développé par Lockheed-Martin et Tata.

On notera que le changement de dénomination est pour le moins surprenant, puisque le F-21 désigne déjà dans l’USAF une version du Kfir israélien (dérivé du Mirage III) utilisé un temps comme plastron. Pour le marché indien, F-21 peut rappeler le MiG-21 que l’avion doit remplacer, symboliser le 21e siècle et, surtout, tenter de faire oublier que le F-16 est le chasseur de supériorité aérienne de base de l’adversaire pakistanais. Enfin, il se pourrait aussi que ce changement de nom soit destiné à contourner les engagements industriels pris par Lockheed Martin avec d’autres acquéreurs du F-16, notamment la Grèce. Cela permettrait ainsi, dans le cadre du Make In India, de confier à Tata la production de pièces qui auraient normalement dû revenir à d’autres fournisseurs étrangers.

F 21 indian air force Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le CFT droit intègre une perche de ravitaillement escamotable. Certaines vues de Lockheed Martin laissent penser que le F-21 pourrait également intégrer un réceptacle de ravitaillement sur son épine dorsale, le rendant compatible à la fois avec les ravitailleurs de l’IAF et ceux de l’USAF.

Visuellement, la principale distinction entre un F-16V et un F-21 se situe au niveau de l’épine dorsale présente, sur le F-21, aussi bien sur les appareils biplaces que monoplaces. Les réservoirs dorsaux CFT, normalement amovibles, seront sans doute positionnés en permanence sur les F-21, puisque le CFT droit intègre une perche de ravitaillement en vol compatible avec les avions ravitailleurs indiens. Le reste de la configuration est standard aux F-16V déjà largement exportés. Comme le JF-17 Block III, le F-21/F-16V dispose d’un cockpit digital articulé autour d’une unique affichage tactile grand format et dérivé de celui du F-35. Il est équipé d’un radar AESA APG-83, moins bien refroidi et donc moins performant que l’APG-80 du F-16E, mais capable de guider des missiles AMRAAM, sans qu’il ne soit précisé si les USA accepteront d’exporter l’AIM-120D capable de rivaliser avec la portée des PL-15 chinois et pakistanais.

En matière de performances, le F-21 est un appareil assez paradoxal. Sur le papier, il dispose d’une capacité d’emport plus de deux fois supérieure à celle du JF-17. Opérationnellement, on notera que le F-16/F-21 dispose d’un plafond opérationnel inférieur à celui du JF-17. Globalement, l’avion reste mal adapté au combat aux très hautes altitudes du Kashmir. Alourdi par ses CFT et son arrête dorsale, il y sera même moins maniable et globalement moins performant que les F-16C et JF-17 Block III pakistanais, qui n’ont pas besoin de la même autonomie en vol que les avions indiens. Comme avion de combat de seconde ligne, y compris face à la Chine, sa capacité d’emport en AMRAAM, son radar AESA et ses leurres remorqués lui confèreront cependant une durée de vie inégalée sur le champ de bataille, et il sera en cela toujours un meilleur choix que le petit LCA Teja indien. Il s’agit cependant d’un appareil coûteux, a priori au moins trois fois plus cher que le JF-17 Block III, sans que la différence de prix ne se ressente pleinement sur les capacités opérationnelles

Conclusion

Comme souvent, il n’est pas possible de déterminer sur le papier quel appareil est le plus performant dans l’absolu. Le F-21 est plus lourd, embarque plus d’armement et dispose d’une meilleure suite de guerre électronique que le JF-17. A très haute altitude, il perd cependant son avantage à la fois face au JF-17 et face aux F-16C pakistanais, surtout si ces derniers se voient un jour modernisés avec un radar AESA proposé par la Turquie. De plus, entre deux jets dotés chacun d’un radar AESA disposant d’environ 1000 modules émetteurs/récepteurs, les performances du couple radar/missile seront sans doute bien plus déterminantes que celles du lanceur. Si le JF-17 Block III intègre le PL-15, et si ce dernier porte vraiment à +190km, il conviendra alors de voir si les USA sont prêts à livrés l’AIM-120D à l’Inde. En attendant, cette dernière compte surtout miser sur le couple Rafale/METEOR qui, lui, a fait ses preuves.

Rafale inde Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Dérivé d’une version « générique » du F-16 modernisé, le F-21 n’arrive pas au niveau de performance du F-16E/IN, pourtant jugé moins performant que le Rafale. L’avion français est plébiscité par l’IAF, mais son instrumentalisation lors de la dernière campagne présidentielle pourrait pousser à l’acquisition d’un autre appareil… pour peu que de nouveaux avions soient bel et bien achetés.

Au final, le plus grand allié du JF-17 dans les années à venir sera sans doute… l’Inde elle-même. Incapables d’établir un plan de modernisation de la force aérienne et de s’y tenir, repoussant sans cesse la prise de décision de peur de se faire arnaquer par ses fournisseurs ou de crainte d’être accusés de corruption (parfois à tords) par des opposants politiques, l’IAF et les autorités politiques du pays ne sont pas encore prêts à prendre une décision concernant l’achat de nouveaux Rafale, Typhoon, F-21 ou Super Hornet. Et maintenant que l’âge d’or de la croissance indienne se termine, il ne serait pas étonnant de voir l’appel d’offre MMRCA 2.0 être annulé comme le premier. En attendant, le Pakistan peut produire environ 25 appareils par an, sans même compter la gigantesque croissance des forces chinoises qui se retrouvent également massées face à l’Inde.

Les Etats-Unis font pression sur les Européens pour un soutien à la Turquie

On peut vraiment s’interroger sur les objectifs poursuivis par les Etats-Unis vis-à-vis de l’OTAN. En effet, alors qu’Ankara signait un accord de cessez-le-feu avec Moscou et que le président Erdogan soulignait la profondeur de la coopération turco-russe, et déployait un milliers de militaires des forces spéciales pour empêcher les réfugiés tenants de passer en Grèce d’être refoulés par les autorités grecs, James Jeffrey, le haut représentant des Etats-Unis pour la Syrie, appelait officiellement les Européens à adopter une position plus conciliante vis-à-vis de la Turquie. Ce dernier a en outre appelé les européens à déployer des unités pour accroitre la sécurité des forces turcs, à l’image de la batterie Patriot Espagnole déployée sur la base aérienne OTAN d’Incirlik, en argumentant sur le rôle prépondérant qu’a joué la Turquie dans la lutte contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak.

incirlik Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
La base d’Incirlik est considérée comme une base stratégique pour l’OTAN, qui y a déployé des armes nucléaires B61 mises en oeuvre par les F16 turcs.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a lui aussi souligné le rôle essentiel de la Turquie dans la stratégie défensive de l’Alliance, et lui aussi, a souligné le rôle d’Ankara dans la lutte contre Daesh. Pourtant, ce soutien à bien des fois fait l’objet de critiques tant de la part des Etats-Unis que des européens formant l’alliance anti-daesh. Ainsi, Ankara publia la localisation des forces spéciales françaises en Syrie lorsque Paris refusa de céder à la pression turque pour entamer une opération militaire dans le nord de la Syrie en 2017. D’autres parts, de nombreux témoignages faisaient état d’un marché noir très actif entre la Turquie et l’Etat Islamique concernant la production pétrolière des installations contrôlées par Daesh.

FS francaises Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Les autorités turques n’avaient pas hésité à révéler les positions des forces spéciales françaises en Syrie pour faire pression sur Paris

Cette déclaration, qui intervient alors que le président Turc et les autorités du pays ne cessent de menacer les Européens, et utilisent visiblement les quelques 3,5 millions de réfugiés comme une arme pour faire fléchir les capitales européennes dans un rapport de force sans concession, peut cependant avoir des effets bien plus graves que ne l’imagine les autorités américaines en Europe. En effet, si les dirigeants européens venaient à effectivement à accéder aux pressions américaines, ils apparaitraient comme ayant céder aux menaces du président Turc, offrant à ce dernier une victoire diplomatique qu’il ne manquera pas d’exploiter sur le plan intérieur, et mettre en application ses objectifs, tels ceux annoncés en 20162, de revenir aux frontières de l’Empire Ottoman d’avant la première guerre mondiale.

Mirage2000 escadron grece Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Céder aux exigences du président turc ne ferait qu’accroitre les tensions avec la Grèce, et les revendications turques en Mer Egée et autour de l’ile de Chypre.

En d’autres termes, une telle décision ne ferait que dessiner une cible sur la Thrace, les iles grecques comme Lesbos, et Chypre, tant le président Erdogan serait conforté dans ses certitudes et dans son impunité. En Europe, ce renoncement entamerait quand à lui sévèrement l’image des gouvernants, et favoriserait le renforcement des mouvements ultra-nationalistes, ayant comme principal objectif de sortir de l’Union européenne.

On peut dès lors s’interroger sur les motivations profondes des Etats-Unis dans ce revirement, par ailleurs déjà mis en lumière hiers lorsque Washington avait annoncé étudier la vente de missiles Patriot à Ankara. En effet, l’hostilité du président Trump vis-à-vis de l’Union européenne est connue de tous, et revendiquée publiquement par ce dernier. Or, l’Union européenne serait, à n’en point douter, la principale victime si les Pays Européens venaient à céder aux exigences turques, quelque soit son rôle dans la stratégie défensive de l’OTAN. En outre, céder aux exigences d’un dirigeant politique agressif et démagogue comme le président Erdogan n’a jamais donné de bons résultats en Europe, au contraire …

La Japon tourne le dos aux britanniques pour son avion de nouvelle génération F-X

Il y a encore peu, les britanniques BAe et Rolls-Royce, et dans une moindre mesure, les européens du projet SCAF, estimaient avoir de réelles chances d’accompagner Tokyo dans son programme de chasseur de nouvelle génération F-X. Mais selon le site économique Asia.nikkei.com, les autorités japonaises auraient finalement décidé de privilégier la coopération avec les Etats-Unis aux dépends de celle d’avec le Royaume-Unis dans ce domaine, pourtant un moment considéré comme un challenger de premier plan dans ce dossier. Une annonce officielle en ce sens devrait être faite cette année.

Même si le Japon se retourne à nouveau vers Washington pour son nouveau programme de chasseur, les autorités nippones semblent déterminées à ne pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé. En effet, les autorités américaines entravèrent à plusieurs reprises la modernisation du Mitsubishi F2, appareil nippon dérivé du F16 américain, en bloquant l’exportation de certaines technologies. C’est la raison pour laquelle Taro Kono, le ministre de La Défense nippon, a annoncé sans ambiguïté que l’essentiel des développements technologiques de ce nouveau programme aura lieu sur le sol japonais, ces dernières ne pouvant, dès lors, être soumises à des arbitrages extérieurs.

F 2 jasdf japan mitsubishi Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le Japon ne veut pas reproduire les mêmes erreurs d’avec le programme F2, et entend bien garder la main-mise technologique sur son nouvel appareil

En outre, le Japon veut probablement avoir les mains libres pour proposer son nouvel appareil à l’exportation, sans devoir subir les arbitrages des autorités américaines. Rappelons que jusqu’en 2014, la constitution japonaise interdisait aux industries nationales d’exporter des équipements de guerre. Ce domaine était régi par la « règle des 3 principes » de 1967, interdisant au pays d’exporter des armes dans des pays en guerre ou susceptibles de l’être, des pays du bloc communiste ou des pays visés par des sanctions de la part des Nations Unis. Concrètement, le pays ne pouvait pas exporter d’armes, sauf à de rares exceptions prés. A l’initiative de Shinzo Abé, premier ministre japonais depuis 2012, le pays modifia ses bases législatives, et même sa constitution, afin de répondre aux enjeux sécuritaires en pleine évolution, et notamment le renforcement militaire rapide de la Chine. En 2014, le Conseil national de sécurité valida un nouveau texte encadrant les exportations d’armes, sur des bases bien plus souples que précédemment, même si les autorités japonaises conservent un contrôle ferme sur ce domaine.

Le choix d’un partenariat technologique avec les Etats-Unis, plutôt que le Royaume-Uni, semble toutefois répondre à de nombreuses contraintes auxquelles fait face le Japon. La première d’entre elle, d’ordre économique, repose sur les pressions du departement d’Etat américain vis-à-vis des autorités japonaises pour augmenter les dépenses nippones de Défense auprés de l’industrie américaine, afin de rééquilibrer la balance commerciale entre les deux pays. Les commandes d’une centaine de F35A et B supplémentaires, mais également de missiles SM2 et SM3, faites récemment par les autorités japonaises, y sont évidemment fortement liées. En second lieu, les forces d’autodéfense japonaises doivent maintenir un très haut degré d’interopérabilité avec les force américaines, présentes en nombre sur l’archipel notamment sur l’ile d’Okinawa, et qui jouent un rôle majeur dans les plans de défense du pays. Il apparait dès lors rationnel de collaborer avec les grands industriels américains, à même de garantir cette interopérabilité technologique.

Vue dartiste du programme davion de 5eme generation TFX turc Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le programme TFX turc devient stratégique pour l’industrie aéronautique britannique après son éviction du programme japonais F-X

Reste que la décision doit porter un coup dur aux entreprises britanniques, d’autant que le second programme sur lequel elle misait, le programme T-FX turc, semble lui aussi menacé par les relations de plus en plus tendues entre européens, Grande-Bretagne inclus, et Ankara. Or, ces programmes constituaient un volet déterminant de la stratégie britannique autour du programme Tempest, notamment pour ventiler les couts de R&D en matière de systèmes. Il est donc probable que dans les semaines à venir, Londres tente de relancer la coopération autour du programme T-FX avec Ankara, quitte à devoir prendre le contre-pieds de ses partenaires européens, mais en répondant aux demandes de Washington et de l’OTAN.

L’US Air Force décidera ce mois si elle sous-traitera une partie de ses missions de ravitaillement en vol

Avec plus de 500 avions ravitailleurs en ligne, l’US Air force dispose, à elle seule, de plus de 70% du parc aérien mondial spécialisé dans ce domaine. Mais une grande partie de sa flotte, notamment les presque 400 KC-135 encore en service, arrivent en limite d’âge, et doivent être remplacés par le nouveau KC-46 Pegasus, un appareil à plus de 150 m$ l’unité, 250 m$ en prenant en compte la R&D et les surcouts liés aux difficultés de mise au point. Afin d’amortir de choc budgétaire d’une telle acquisition, mais également de disposer d’une plus grande flexibilité pour le retrait des KC-135 face aux retards du programme KC-46, l’Etat-Major de l’US Air Force a imaginé pouvoir faire appel à des prestataires privés pour certaines missions de ravitaillement, comme elle le fait déjà pour les missions d’entrainement et notamment pour les forces « Agressor ».

mirage F1 QF1 agressor Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
La société Drakken Internationale a racheté 21 mirage F1 espagnols pour assurer les missions agresser au profit de l’US Air Force et de l’OTAN

Comme une part non négligeable des heures de vol de la flotte de ravitailleurs de l’US Air Force est faite au profit de missions d’entraînement, l’idée de recourir à un ou plusieurs prestataires privés est loin d’être dénuée de sens. En effet, cela permettrait aux planificateurs de concentrer leurs moyens les plus performants sur les missions opérationnelles, notamment pour les KC-46 qui disposent de meilleures capacités opérationnelles que les vénérables KC-135. De fait, l’Air Mobility Command, en charge, notamment, des ravitailleurs de l’USAF, estime pouvoir sous-traiter un volume de 6000 heures de vol de ravitailleurs en vol au profit des missions d’entrainement. 14 entreprises ont été consultées à ce sujet, et la décision « Go-No Go » devrait être prise d’ici la fin du mois de mars par l’US Air Force.

KC 46 F 35 USAF Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
Le remplacement des KC-135 par les KC-46 Pegasus dans l’US Air Force s’étalera sur plus d’une décennie, et débute à peine, alors que la flotte, veille de plus de 45 ans, atteint déjà ses limites, avec, par exemple, un prix à l’heure de vol qui est passé de 9000 $ en 2000 à plus de 16.000 $ aujourd’hui

La sous-traitance, comme la location accompagnée ou non de services de maintenance, s’impose comme un outil à fort potentiel dans l’écosystème défense occidental. Même les armées françaises, pourtant jusqu’il y a peu encore peu enclines à aller vers ce type de modèle, y ont de plus en plus fréquemment recours. Il y a peu, l’Armée de l’Air annonçait envisager la location d’hélicoptères lourds CH-47 Chinook alors que quelques jours plus tôt, c’était la Marine nationale qui annonçait louer des hélicoptères H160 et Dauphin pour suppléer le retrait des Alouette III encore en service, dans l’attente de l’entrée en service du H160M Guépard en 2027.

Toutefois, le cadre législatif de l’écosystème Défense européen, et surtout français, est encore mal adapté pour répondre à ce type de besoins, de plus en plus présent. La principale difficulté repose sur la légitimité des Sociétés Militaires Privées, encadrées à outrance en France, il est vrais non sans raison eut égard à de nombreux excès dans ce domaine dans les années 60 et 70. En outre, comme nous l’avons déjà abordé, l’accès aux financements bancaires reste très difficile, pour ne pas dire parfois impossible, en France, pour ce type d’activité.

cemat dax 08 04 4 10 14 Actualités Défense | Déploiement de forces - Réassurance | Energie Nucléaire
La société Helidax, qui assure la maintenance de la flotte de 36 H120 Colibri au profit de l’école de formation des pilotes de l’ALAT, fait office d’exception aujourd’hui dans le domaine des prestations intégrées au profit des forces armées.

Pourtant, les armées françaises comme européennes, qui font face à un accroissement constant de la pression opérationnelle, bénéficieraient grandement de pouvoir s’appuyer sur des solutions souples de location étendues, ou de sous-traitance au delà des quelques expériences comme pour les écoles de pilotage de Dax ou de Cognac. En outre, ces savoir-faire, en matière de formation et de maintenance, dont pourraient se prévaloir ces SMP, auraient sans le moindre doute une plus-value et une forte attractivité dans le monde. Même d’un point de vue de politique international, il serait bien plus efficace de conserver la main mise législative sur des SMP européennes que de laisser des SMP internationales acquérir ces savoir-faire en recrutant d’anciens militaires en fin de contrat.

Quoiqu’il en soit, au sujet des SMP comme pour le financement des entreprises de défense, il sera indispensable que la France, comme ses voisins européens, acceptent de porter un nouveau regard objectif sur les besoins comme sur le rôle de La Défense dans les sociétés européennes modernes, notamment pour être en mesure de faire face aux évolutions rapides des moyens dont disposent, dans ces domaines, d’autres pays, comme les Etats-Unis, mais aussi la Chine ou la Russie. Si la France, seule ou au sein de l’Europe, veut continuer à jouer un rôle dans la sphère géopolitique mondiale dans les années à venir, elle devra accepter de se battre à armes égales avec ses compétiteurs.

L’US Army commande un nouveau lot d’obus de 155mm BONUS franco-suédois

C’est par l’intermédiaire de BAe, maison mère de la société suédoise Bofors, que l’US Army a annoncé la commande d’un nouveau lot d’obus d’artillerie BONUS pour équiper les canons automoteurs M109 Paladin et les obusiers légers M777. La livraison de cette commande, dont le volume ni le montant n’ont été révélé, interviendra en 2021, et constitue un réel succès pour les deux concepteurs de cet obus d’artillerie antichar de 155mm, le suédois Bofors et le français Nexter Munitions.

Traditionnellement, les obus d’artillerie de 155 mm servent pour des tirs de barrage ou de saturation. Malgré leur précision, qu’ils soient ou non guidés par GPS, leur trajectoire balistique en font des munitions peu performantes contre les blindés, qui ne peuvent être endommagés que par un coup direct peu probable. La première réponse à ce problème fut apportée par les obus à guidage laser, comme le M712 Copperhead américain. Mais pour être efficace, les cibles doivent être illuminés par un dessinateur laser, ce qui peut exposer les forces ou les équipements (drones) en charge de cette mission. En outre, les blindés modernes disposent bien souvent désormais de détecteurs laser, et de systèmes de protection passifs pour s’en protéger, comme des fumigènes.

Cette vidéo du Journal de La Défense présente l’obus Bonus et son utilisation

L’obus BONUS franco-suédois ne nécessite, lui, aucune illumination. Chaque obus transporte deux modules qui sont éjectés au dessus d’une zone visée, et disposent chacun d’un autodirecteur pour détecter, identifier, et engager les véhicules présents dans une zone de 150 mètres de rayon. Une fois la cible détectée, le module propulse à haute vitesse une sous-munition à noyau de tantale de type charge creuse, frappant le véhicule par le haut, surface en générale la plus vulnérable des blindés. Entré en service en 2000 dans les armées françaises, l’obus BONUS a fait la démonstration de sa grande efficacité en 2018 en Irak, lorsque 4 obus tirés par les canons automoteurs CAESAR de la Task force Wagram détruisirent les 8 camions de l’Etat Islamiques formant un convoi.

En service dans les armées françaises et suédoises, l’obus BONUS a également été choisi par les forces armées Norvégiennes et Finlandaises. La nouvelle commande de l’US Army ouvrira probablement d’autres marchés, notamment aux utilisateurs de M109 (une quarantaine de forces armées dans le monde) et du M777 (Inde, Australie, Canada et Arabie saoudite).