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A peine en service, les drones Reaper armés de l’Armée de l’Air ont déjà fait feu

Le 19 décembre dernier, le Ministère des Armées a annoncé que les drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper de l’Armée de l’Air opérant depuis la base de Niamey au Niger allaient être dotés de bombes à guidage laser GBU-12. Si la mission principale des Reaper reste le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (ISR), ils sont désormais en mesure de délivrer rapidement un armement de précision sur une cible d’opportunité, sans avoir à attendre le renfort des chasseurs déployés dans la région. La validation au combat de cette nouvelle capacité n’a d’ailleurs pas tardé, puisque la première bombe aurait été larguée sur une position ennemie à peine deux jours plus tard.

Les drones Reaper, fabriqué par l’industriel américain General Atomics, sont en service dans l’Armée de l’Air depuis 2014, en remplacement des drones Harfang. Ils sont déployés en permanence au Sahel depuis 2016, un appareil ayant été perdu il y a un an alors qu’il rentrait de mission. Au total, la France a commandé quatre systèmes Reaper, composé chacun de trois drones MQ-9, mais la décision de les armer n’est intervenue qu’en 2017.

Pourtant, le MQ-9 Reaper a été conçu dès l’origine pour pouvoir embarquer une quantité d’armes conséquentes, chacun de ses quatre points d’emport pouvant emporter une bombe de 250kg ou deux missiles légers Hellfire. Toutefois, à l’exception du Royaume-Uni, les clients export du Reaper ont tous initialement choisi d’affecter leurs drones aux seules missions ISR[efn_note]Depuis lors, outre la France, l’Italie a également entrepris de modifier ses Reaper pour leur permettre de délivrer des armements.[/efn_note].

reaper arme GBU Hellfire Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Le MQ-9 Reaper peut emporter des bombes à guidage laser et des missiles air-sol Hellfire sous ses 4 points d’emport.

En France, ce choix a été motivé par plusieurs raisons :

  • D’une part, il permettait d’obtenir plus rapidement les nouveaux drones, à un coût plus bas, et avec un temps d’entrainement réduit pour les équipages. Un argument de poids étant donné le besoin urgent dans la bande sahélo-saharienne pour des outils de renseignement persistants.
  • D’autre part, il s’agissait également d’une question politique et diplomatique. Les drones MALE souffrent en effet d’une mauvaise représentation dans les médias de divertissement et d’information grand public, qui leur confèrent souvent une image –erronée– de « robots tueurs ». En se dotant de Reaper non-armés, la France (et les autres nations européennes clientes du Reaper) se dissocie ainsi des modes opératoires américains, des assassinats ciblés et des dommages collatéraux associés.
  • Enfin, il ne faut pas négliger non plus certaines dissensions internes à l’Armée de l’Air. Certains cadres voient en effet l’arrivée des drones armées comme une menace potentielle pour le format des chasseurs de l’Armée de l’Air, dont l’objectif affiché dans la dernière loi de programmation militaire est de 185 appareils. Une crainte qui est d’ailleurs loin d’être infondée au regard de la situation britannique, qui va de facto remplacer ses Tornado par un mélange de F-35 et de MQ-9 armés.

Quoi qu’il en soit, l’armement des plateformes ISR est dans l’air du temps. Cela permet une plus grande réactivité et un soutien immédiat aux forces alliés, tout en libérant les chasseurs-bombardiers pour d’autres missions de frappe au sol. La France dispose d’ailleurs d’une réelle expérience dans le domaine, à travers l’usage des appareils de patrouille maritime Atlantique 2, régulièrement employés au Sahel pour des missions ISR et capables de tirer des bombes à guidage laser. Sur le plan opérationnel, la capacité d’armement des MQ-9 Reaper s’établit donc dans le prolongement de l’usage, bien maîtrisé, des Atlantique 2. Sur le plan politique et diplomatique, il s’agit toutefois d’un bouleversement bien plus profond.

En effet, alors même que la France a fait usage de drones non-armés pendant plusieurs années au Sahel, elle a été accusée à de multiples reprises de pratiquer des assassinats politiques par des frappes de drones, notamment sur les réseaux sociaux. Des campagnes de désinformation qui trouvent souvent leur origine en France mais qui animent parfois un réel ressentiment vis-à-vis de la force Barkhane.

Atlantique 2 de patrouille maritime de la Marine Nationale Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
L’avion de patrouille maritime Atlantique 2 mis en oeuvre par la Marine Nationale a longtemps assuré des missions ISR et de frappes de précision sur le théâtre sud-saharien.

Pour l’Armée de l’Air, qui joue pourtant déjà le jeu de la transparence, l’enjeu de la communication autour des drones Reaper va donc être essentiel, d’autant plus qu’elle ne manque pas d’arguments solides. Ainsi, contrairement à ce qui se fait aux États-Unis, les pilotes de Reaper français n’opèrent pas depuis leur base métropolitaine. Ils sont déployés à Niamey, sur le terrain, et connaissent le même rythme des opérations que les pilotes de chasseurs ou d’avions de transport. Ils sont confrontés aux réalités du terrain, interagissent directement avec les forces qu’ils soutiennent et s’impliquent de la même manière dans la vie locale. De plus, l’Armée de l’Air a fait le choix d’avoir un équipage de quatre personnes par drone Reaper, contre deux pour l’USAF. En plus du pilote et de l’opérateur-capteur en charge des équipements optroniques, un officier de renseignement et un analyste image sont présents pour interpréter les données ISR. Quant à la validation des ordres de tir, elle s’effectue sur les drones Reaper avec les mêmes règles d’engagement que pour les avions d’arme, la centralisation des moyens de détection et de tir sur la même plateforme réduisant simplement le délai entre l’identification de la cible et sa destruction.

Si les rumeurs d’un prochain retrait américain du Sahel se confirment, la pression sur l’Armée de l’Air va considérablement augmenter, aussi bien sur les opérations de transport logistique que pour les missions ISR. La fermeture de la toute récente base américaine d’Agadez au Niger, d’où l’USAF opère ses propres Reaper, augmenterait d’autant le besoin en drones MALE français.

Eurodrone 1 Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
L’avenir incertain du drone Euromale fait peser une menace sensible sur les capacités de renseignement et de frappe des forces françaises déployées en zone sud-saharienne

Quoi qu’il en soit, retrait américain ou pas, les opportunités de tir des GBU-12 par les MQ-9 français ne devraient pas manquer dans les mois à venir. D’ici la fin de l’année 2020, les Reaper devraient également être dotés de missiles Hellfire, déjà employés sur les hélicoptères Tigre. Plus souples d’emplois, et disposant d’une charge plus légère, les Hellfire devraient permettre d’étendre le domaine d’emploi des Reaper armés. En attendant un Euro-MALE qui se fait de plus en plus désiré, le MQ-9 Reaper en configuration armée va constituer durablement le haut du spectre des capacités de renseignement et de frappe non-piloté des armées françaises, qui devraient être complétées dans les années à venir par le Patroller de Safran, opéré par l’Armée de Terre.


[1] 

Les Chantiers navals chinois ont lancé 9 destroyers en 2019

Voilà un chiffre qui, à lui seul, permet de comprendre le grand bouleversement géostratégique en cours sur la planète. En effets, alors que simultanément ont été lancés ce 26 décembre le 26ème exemplaire des destroyers Type 052D et le 6ème destroyer lourd Type 055, il apparait que les chantiers navals chinois auront lancé, sur la seule année 2019, pas moins de 9 destroyers, soit 2 Type 055 de plus de 10.000 tonnes, et 7 Type 052D de plus de 7000 tonnes. Il est même possible qu’un 10ème destroyer soit lancé d’ici le nouvel an.

A titre de comparaison, la Marine Nationale ne disposera, à terme, que de 10 navires pouvant être qualifiés de « Destroyer », même s’ils sont identifiés comme des frégates dans la nomenclature nationale, à savoir les 2 frégates de défense aériennes classe Horizon, les 6 frégates anti-sous-marines FREMM de la classe Aquitaine, et les deux frégates à capacité aérienne renforcée FREMDA de la classe Alsace. Avec un tonnage de seulement 4500 tonnes et 32 silos verticaux, les 5 FDI françaises seront similaires aux frégates Type 054A/B chinoises, et ne peuvent être classées comme des destroyers.

Type 055 Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Les destroyers lourds Type 055 chinois peuvent, à bien des égards, être classés comme des croiseurs et non des destroyers

Mais la France n’est pas la seule à faire face à un tel décrochage. Les Etats-Unis n’auront lancé sur la même période qu’un unique destroyer Arleigh Burke Flight IIA, le Daniel Inouye, le Japon le second destroyer de classe Maya JS Aguro, l’Italie la FREMM Spartaco Schergat et la France la FREMDA Alsace. En d’autres termes, la plus importantes marines occidentales auront lancé, sur la même période, moins de la moitié du nombre de destroyers lancés par les chantiers navals chinois.

Sur la décennie à venir, l’US Navy prévoit de lancer, chaque année, 2 destroyers Arleigh Burke Flight IIA et Flight III, ainsi que 2 frégates FFG/X. Sans le lancement des frégates Type 26 britanniques, canadiennes et australiennes, et des destroyers 30DX japonais, représentant au total 3 lancements par an, le décrochage occidental serait flagrant. Reste qu’à partir de 2020, les chantiers navals chinois entameront les lancements des nouvelles frégates Type 054B, possiblement d’une nouvelle classe de corvette Type 056C, et probablement d’une nouvelle version de destroyer Type 052D. Le rythme de production d’unités de surface combattante devrait s’établir autour de 15 à 18 unités par an, soit autant qu’il y aura de frégates de « 1er rang » dans la Marine Nationale. En matière de navires de surface combattants, la Chine ne lance pas l’équivalent de la Marine Nationale en 4 ans, comme cela est souvent écrit… mais en une seule année. De quoi très sérieusement contester à court terme la maitrise des mers sur laquelle la puissance économique, politique et militaire occidentale est basée depuis le 16ème siècle.

L’Algérie s’intéresserait au Su-57 russe

Selon le site russe Avia.pro, les autorités algériennes seraient en négociation avec Moscou pour l’acquisition de 12 avions de combat de « 5ème génération » Su-57 Felon et 12 appareils supplémentaires en option. Toujours selon le même site, d’autres pays dont la Chine, l’Inde, le Vietnam et la Turquie auraient déjà signifié leurs intérêts pour l’appareil. Les autorités chinoises, en particulier, auraient signifié leur intérêt pour acquérir le nouvel aéronef auprés de Moscou.

Il convient toutefois d’être très prudent concernant ces annonces. Ces informations manquent cruellement de références et rien ne permet d’en attester la validité. L’Algérie était encore pressentie il y a peu pour acquérir non pas des Su-57 mais des chasseur-bombardiers Su-34, ce qui serait probablement plus cohérent avec la menace effective qui pèse aujourd’hui sur le pays. En outre, le cout d’une telle opération, estimée entre 1,8 et 2 Md$ par Avia.pro, représenterait 16% de son budget annuel consacré à La Défense, un investissement très important pour Alger, et ce afin de ne disposer que de 12 appareils dont le premier exemplaire de pré-série s’est écrasé il y a deux jours.

Su57 profil Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Si l’état russe ne déboursera que 31 m€ par Su-57, les versions exports seront proposées à des tarifs dépassant les 90 à 100 m$ semble-t-il.

Rappelons également que les autorités militaires russes ont à plusieurs reprises rappelé que la demande destinée à l’export concernant le Su-57 ne sera satisfaite que lorsque la demande intérieure l’aura été. Or, alors que la production en série qui ne débutera qu’en 2020, il faudra à l’industrie aéronautique russe livrer 10 nouveaux aéronefs chaque année aux forces aériennes nationales pour satisfaire à la commande de 76 appareils pour 2028. Et ce alors que le vice-ministre de La Défense russe Alexei Krivoruchko estime que le production devrait s’établir autour de 15 appareils par an. De fait, la moindre commande à l’export du Su-57 risque fort de mettre les capacités industrielles du constructeur Rostec à son plafond de production, alors même que le rythme de production annuel de 15 appareils correspond aujourd’hui au besoin dans la durée pour le remplacement des Su-27 encore en service en Russie.

La planification de l’US Navy en pleine tempête

Le format futur de l’US Navy, et par corollaire la planification concernant la construction de navires pour les prochaines années, fait l’objet d’un affrontement intense entre le bureau du Secrétaire à La Défense épaulé du Pentagone d’une part, et la Maison Blanche par l’intermédiaire du bureau de Management et du Budget du département de La Défense d’autre part. Pour ce dernier, l’US Navy se doit de tout mettre en oeuvre pour respecter le format « politique » de 355 navires en ligne pour 2030 promis par le candidat Trump avant son élection. Le Bureau du secrétaire à la Défense, ou OSD en anglais, a pour sa part présenté un planning réduisant la construction des futurs destroyers pour les 5 prochaines années de 40%, passant de 11 nouveaux navires à 6, tout en accélérant le retrait du service des croiseurs de la classe Ticonderoga, qui passeraient de 13 unités à 9 unités sur la même période. Loin de viser l’objectif de 355 navires exigé par le Président, le nombre de navires en service dans l’US Navy passerait alors de 293 aujourd’hui, à 287 en 2025.

Si Donald Trump cherche avant tout à conforter son électorat plus friand de symboles que de raison, l’US Navy se retrouve aujourd’hui largement contrainte par les choix qui ont été fait ces 30 dernières années concernant aussi bien ses navires de surface que ses sous-marins. En effet, la Marine américaine avait décidé de s’équiper principalement de grandes unités navales, faisant l’impasse sur les unités moyennes et côtières, comme les frégates, les corvettes, ou les sous-marins à propulsion conventionnelle. Non seulement un destroyer Arleigh Burke coute à lui seul le prix de 4 frégates FDI (à titre d’exemple), mais il nécessite un équipage presque doublé vis-à-vis des frégates françaises. Certes, un Burke a une puissance de feu trois plus importante qu’une FDI, mais il n’a, jusqu’à présent, pas le don d’ubiquité, alors qu’il « compte », lui aussi, pour un seul navire.

Ticonderoga croiseur Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Le bureau du secrétaire à La Défense propose d’accélérer le déclassement des croiseurs de la classe Ticonderoga.

Avec ses 67 destroyers Burke en service, ainsi que ses 19 croiseurs Ticonderoga, 11 super-porte-avions nucléaires de la classe Nimitz et Ford, 8 LHD des classes Wasp et America, 52 sous-marins nucléaires d’attaque des classe Los Angeles, Sea Wolf et Virginia, et12 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Ohio, l’US Navy a la plus grande flotte au monde, par catégorie et par tonnage, concernant les grandes unités navales. Mais l’absence de frégates ou de corvettes, de sous-marins à propulsion conventionnelle ou AIP, et de navires d’assaut et de porte-avions plus légers, génère une pression immense sur les effectifs et le budget dès lors que l’on essaie de s’aligner sur le modèle chinois et ses 430 navires aujourd’hui.

En effet, Pékin a fait des choix radicalement différents de ceux de Washington. Sans tenir compte des patrouilleurs lance-missiles, pourtant disposant d’une réelle puissance de feu, la Marine de l’Armée Populaire de Liberation dispose d’un panel bien plus complet de navires. Ainsi, depuis une petite dizaine d’année, les chantiers navals chinois ont produit une soixantaine de corvettes Type 056 et 056A spécialisées dans la lutte anti-sous-marine côtière, plus d’une trentaine de frégates Type 054 et 054A pour la lutte anti-sous-marine hauturière, une vingtaine de destroyers Type 052 pour la lutte anti-aérienne, deux croiseurs polyvalent Type 055, 2 porte-avions Type 001/A et 9 navires d’assaut Type 072 et 075. Une frégate Type 054A de 4000 tonnes, emportant 32 silos verticaux et un équipage de 160 hommes, coute ainsi une sixième du prix d’un destroyer Arleigh Burke. Difficile, dans ces conditions, de comparer un format de flotte basé uniquement sur le nombre de navires.

Destroyer chinois Type 052D Luyang III Hefei 174 a Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Les destroyers anti-aériens chinois Type 052D représentent la puissance montante de l’APL sur les mers.

Mais la comparaison basée sur le tonnage global de la flotte n’est guère plus pertinent, bien que très favorable à l’US Navy avec 3,5 millions de tonnes, contre 1 million de tonnes pour la flotte chinoise, et 320.000 pour la Marine Nationale Française. En effet, un destroyer de 10.000 tonnes à presque 2 Md€ comme les Burke ne pourra assurer la protection aérienne que d’un capital ship (porte-avions, LHD..) à la fois, ou ne traquer qu’un unique sous-marin. Or, cette mission peut également être confiée à des frégates ou destroyers spécialisés et apportant la même plus-value qu’un Burke dans ces missions spécifiques, pour un prix, et un nombre d’hommes, bien inférieurs.

Au delà de l’opposition relativement stérile entre la Maison Blanche et le Pentagone sur la question purement politique des 355 navires de guerre pour l’US Navy, c’est en réalité la ventilation des typologies de navires formant le corps de bataille de cette marine, et les choix qui ont été fait ces 30 dernières années qui posent problème aujourd’hui. En négligeant les unités plus légères, l’US Navy a artificiellement contraint son format, et par voie de conséquence ses capacités d’intervention, au profit d’une domination qui se voulait avant tout technologique et symbolique, et représenté par des navires soit particulièrement imposants, comme les porte-avions ou les croiseurs et destroyers lourds, soit excessivement technologiques, comme les Littoral Combat Ship et les destroyers Zumwalt. Il en a résulté un immense gâchis financier et un affaiblissement relatif au profit de l’APL qui, elle, a fait preuve d’une clairvoyance surprenante pour une Marine sans grande experience dans ce domaine.

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Le programme Littoral Combat Ship a été conçu sur des paradigmes technologiques erronés, et une perception d’emploi de type basse intensité, les rendants bien peu adaptées aux missions à venir face à la Chine ou la Russie.

De fait, aujourd’hui, alors que l’US navy peine à produire 2 destroyers, 2 frégates FFG/X et 2 LCS chaque année, les chantiers chinois produisent 2 à 3 croiseurs Type 055, 3 destroyers Type 052D, 3 frégates Type 054B et 5 à 6 corvettes Type 056A sur la même période. Il en va de même concernant les grandes unités navales (porte-avions, LHD) et les sous-marins. Naturellement, dans ces conditions, l’APL aura tôt fait de rattraper son retard sur l’US Navy, et de la dépasser.

Malheureusement, aux Etats-Unis, ni le Président qui ne s’intéresse qu’un symbole représenté par le nombre de navires, ni le Pentagone qui vise avant tout l’avantage technologique, ni le Congrès qui semble ne se soucier que des emplois locaux créés, n’abordent le problème dans sa globalité, en proposant de produire moins de destroyers, et peut être moins de porte-avions, au profit de nombreuses frégates et corvettes. Cela résoudrait, portant et sans le moindre doute, le problème du président, et renforcerait sensiblement les capacités d’intervention de l’US Navy dans le Monde.

Le Pakistan commande 236 canons automoteurs de 155 mm SH-15 chinois

Alors que le nouveau canon automoteur SH-15 n’est entré en service officiellement dans l’Armée populaire de Libération chinoise que durant cette année, le modèle, qui fut présenté pour la première fois durant le salon IDEAS 2018, a déjà séduit les autorités militaires d’Islamabad, qui viennent d’en commander 236 exemplaires, dans un effort constant de modernisation des forces armées pakistanaises. Le montant ni le calendrier de l’opération n’ont pas été divulgués.

Conçu et fabriqué par la société NARINCO, le SH-15 est très proche du CAESAR du français Nexter. Monté sur un châssis 6×6 propulsé par un moteur de 400 Cv, il est équipé d’un canon de 155 mm d’une longue de 52 Calibres lui conférant une portée de plus de 50 km avec des projectiles à propulsion additionnée (High-Explosive Extended-Range Full Bore Base-Bleed Rocket-Assisted ou HE ERFB-BB-RA). Il est armé par un équipage de 4 à 5 personnes, lui conférant une cadence de tir entre 4 et 6 obus par minute. Comme le CAESAR, il est conçu pour pouvoir frapper et disparaitre rapidement, de sorte à ne pas s’exposer à des tirs de contrebatterie. Ainsi, il faut, selon son concepteur, moins d’une minute pour passer d’une configuration de tir à une configuration de déplacement.

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Les CAESAR de la Task Force Wagram en Irak ont montré la validité du concept de cette artillerie à longue portée précise très mobile.

L’artillerie des forces armées pakistanaises repose essentiellement sur 350 M109 Paladin d’origine américaine acquis dans les années 90, ainsi qu’une cinquantaine de M110 de 203 mm. Le reste de ses pièces, soit plus de 1200 pièces de 105, 122, 155 et 203 mm, sont toutes tractées. L’entrée en service du SH-15 leur apportera un regain de mobilité et de puissance de feu important, d’autant que l’ennemi indien ne dispose pour sa part que de moins de 200 pièces d’artillerie autotractée.

Ce contrat est également représentatif du lien de plus en plus puissant qui lie Islamabad et Pékin, notamment concernant les aspects de coopération militaire. Outre le SH-15, les forces pakistanaises ont également passé commande récemment de chars de combat lourds VT-4 avec 240 chars commandés en 2019, de chasseurs JF-17 block III pour une commande de 150 JF-17 et option pour 100 exemplaires supplémentaires, de frégates Type 054A avec 4 frégates Type 054A pour 350 m$ pièce et de sous-marins type 039 dont 8 sous-marins AIP Type 039A ont été commandés aux industries de défense chinoises pour 5 Md$ en 2015.

Le VT4 est derive du T99 en service dans lAPL Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Outre les SH-15, le Pakistan a également commandé 240 chars lourds VT-4 chinois. avec l’annulation el a commande de T-90 à la Russie, il est probable qu’une nouvelle commande de VT-4 sera prochainement annoncée.

Le SH-15 fait partie d’un ensemble de systèmes d’artillerie apparus ces dernières années et très inspirés du CAESAR français, qui fit démonstration de ses capacités opérationnelles en Irak, en Syrie et au Mali. Parmi eux, nous pouvons citer le Brutus américain, le Type 19 japonais, le Viz indien, l’Atmos israélien ou l’Archer britannique.

Crash d’un Su-57 en Russie

Selon le ministère de La Défense russe, un Su-57 se serait écrasé de mardi 24 décembre près de sa base de Komsomolsk-on-Amur, dans l’extrême est du pays à proximité des frontières nord-coréennes et chinoises. Le pilote se serait éjecté et aurait atterri sans blessure.

Selon les premières informations disponibles, le système de controle des dérives de l’appareil, qui effectuait un vol de test à une centaine de kilomètre de sa base, aurait rencontré des problèmes ayant rendu l’appareil incontrôlable, forçant le pilote à l’éjection. Une commission d’enquête a immédiatement été créée par le ministère de La Défense pour déterminer les causes exactes de ce crash. On ignore si l’appareil perdu était un des prototypes T-50 employés pour les tests, ou un des deux appareils de pré-série qui doivent être livré prochainement.

C’est un coup dur pour le programme de chasseur de 5ème génération russe qui, après des débuts difficiles, était parvenu ces dernières années à rétablir son image sur la scène internationale, au point de susciter l’intérêt de plusieurs nations, Turquie en tête. Le président Poutine a annoncé cette année une commande de 76 exemplaires de série devant être livrés d’ici 2028.

Maj 24/12/2019 13:00 : Selon le site Kommersant, l’appareil détruit serait le premier appareil de pré-série. L’information reste toutefois à confirmer.

Le Missile hypersonique Kinzhal comme arme anti-navire ?

Selon les déclarations du ministère de La Défense russe, les deux escadrons équipés d’intercepteurs Mig-31 appartenant aux forces aéronavales russes se seront équipées de missiles balistiques hypersoniques Kh-47M2 Kinzhal, pour assurer, entre autre, le contrôle naval des zones arctiques. Dans le communiqué, il est précisé que le missile pourra être employé contre des cibles terrestres et navales, laissant supposer que le Kinzhal serait capable de se diriger vers un navire pour peu que celui-ci soit suffisamment grand.

Si l’information venait à être confirmée, il s’agirait d’une menace de taille pour les forces occidentales, avant même l’entrée en service du missile anti-navire hypersonique Tzirkon. Avec une portée de 2000 km, une trajectoire semi-balistique, un lanceur aérien et une vitesse de Mach-10, le missile Kh-47M2, qui peut par ailleurs être armé d’une tête nucléaire, est aujourd’hui impossible à intercepter par les systèmes anti-missiles existants. En ajoutant le rayon d’action estimé d’un Mig-31 modifié pour transporter le Kinzhal, la Russie serait en mesure de créer un périmètre en dénie d’accès pour les unités navales majeures occidentales de 2500 à 3000 km autour de ses côtes.

Missile Tzirkon Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
le missile hypersonique antinavire Tzirkhon doit entrer en service à partir de 2020.

S’il ne fait aucun doute que le Kh-47M2 est bel et bien fonctionnel, et hypersonique, on peut émettre des doutes quand à sa capacité à détecter et viser une cible navale mobile. Mais ces doutes sont aujourd’hui, si pas balayés, en tout cas largement réduits. En effet, dans un article publié par le site Sveszda en mars 2018, le spécialiste Alexeï Leonkhov indique que le missile dispose d’un guidage par centrale inertielle recalée par le système de positionnement satellite russe GLONASS. En outre, il serait possible de recaler la position de la cible dynamiquement après le lancement, sans que la méthode soit explicitée. Surtout, le Kinzhal disposerait d’un système de guidage optique lui permettant de détecter sa cible en phase terminale et d’assurer le guidage jusqu’à l’impact, même vers une cible mobile.

Il est interessant de noter que le guidage est présenté comme « optique » et non « infra-rouge », ce qui paradoxalement crédibilise la déclaration puisque le dégagement de chaleur lié à la friction de l’air sur la cellule du missile durant le vol, et notamment lorsqu’il entre dans les couches basses de l’atmosphère, engendre un très important dégagement de chaleur, qui rendrait tout système infra-rouge inopérant. En revanche, cela laisse également supposer que le système de guidage pourrait être sensiblement handicapé en cas de mauvaise météo, ou de nuit. Cela suppose enfin que les éléments de guidage inertiel / Glonass soient suffisamment précis pour amener le missile à portée optique de la cible pour que l’autodirecteur optique puisse prendre le relais.

TU 22M Backfire with Kh 22 missiles Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Une soixantaine de bombardiers supersoniques à long rayon d’action Tu-22M3 sont en cours de modernisation au standard Tu-22M3M

Dès lors, le Kinzhal apparait comme une solution d’attente, certes impressionnante, mais aux performances très incertaines, surtout en arctique où les conditions météorologiques sont rarement optimales. Toutefois, dans l’attente de l’entrée en service d’une version aéroportée du Tzirkhon pouvant équiper les bombardiers à long rayon d’action supersoniques Tu-22M3M Backfire, le Kinzhal monté sur Mig-31 permettra de faire peser une menace diffuse mais réelle pour maintenir les grandes unités navales occidentales à distance des côtes russes, en complément des systèmes Onyx et Bastion armant déjà les navires et les batteries côtières du pays.

Le système anti-aérien S-350 Vitiyaz entre en service dans les forces russes

Selon un communiqué de presse du groupe russe Almaz-Antey, le nouveau système de défense aérienne de portée intermédiaire S-350 Vitiaz est entré en service dans les forces armées russes, ce après avoir satisfait aux tests étatiques s’étant tenus cette année. Des clichés avaient déjà montré des batteries S-350 en posture opérationnelle au mois de juin 2019. Le système anti-aérien mobile est destiné à remplacer les systèmes S-300P pour les missions de protection anti-aérienne et anti-missiles d’infrastructures sensibles, mais également pour assurer la protection de forces mobiles, un domaine traditionnellement confié aux systèmes Buk. Contrairement à ce qui souvent dit, le successeur du système anti-aérien S-300P n’est pas le S-400, mais le S-350. Le S-400 remplace, quand à lui, en partie les systèmes S-300 dotés de la plus longue portée, ainsi que les derniers S-200 entrés en service à la fin des années 60, et qui disposaient déjà d’une portée de 200 km.

lanceur S300P Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Le S-350 est destiné à remplacer les systèmes S-300P en service dans les forces armées russes

Le S-350 50R6A Vitiyaz est un système composé d’un radar à antenne électronique passive capable de détecter des cibles aérienne jusqu’à 200 km, d’un poste de commandement et de 2 à 8 véhicules lanceurs, chacun emportant 12 missiles anti-aériens. Tous ces véhicules sont montés sur châssis 8×8 (lanceurs) ou 6×6 (radar et Poste de commandement) à haute mobilité. Il peut engager simultanément 16 cibles aériennes dans un rayon de 120 km et évoluant jusqu’à 30 km d’altitude, ou 12 cibles balistiques dans un rayon de 30 km à une altitude maximale de 25 km. Il emporte 3 types de missiles de caractéristiques complémentaires :

  • Le missile 9M96E2 portant à 120 km à guidage radar pour l’interception longue portée
  • Le missile 9M96E portant à 60km à guidage radar pour l’interception moyenne portée
  • Le Missile 9M100 à guidage infrarouge portant à 10 km

Ces missiles peuvent également être mis en oeuvre par le système S-400, et le système anti-aérien naval Poliment-Redut, dérivé du S-350.

A l’instar du système de protection anti-aérienne rapprochée Pantsir, le S-350 est conçu pour une mobilité optimisée, et peut être mis en batterie en seulement 5 minutes. Une batterie de 8 lanceurs dispose d’une puissance de feu de 96 missiles, capable d’assurer l’interdiction aérienne d’une zone divisionnaire. Toutefois, cette mission est également confiée aux brigades anti-aériennes équipées de systèmes Buk-M3, ultime version du système Buk, lui même héritier du fameux SA-6. Le Buk-M3 offre des performances proches de celles du S-350, mais est monté sur véhicules blindés chenillés, et non sur des camions haute mobilité. En procédant ainsi, les forces russes peuvent disposer de l’outil le plus approprié selon le théâtre d’opération, tout en offrant une capacité de protection uniforme. En outre, en diversifiant les systèmes de guidage et les modèles de missiles, Moscou renforce la résilience de sa défense anti-aérienne à un éventuel brouillage.

Le systeme de defense anti aerienne a moyenne portee BUK M3 est en service dans les forces russes depuis 2017 Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Le Buk-M3 est le second système, avec le Su-350, à couvrir la Défense anti-aérienne et anti-missile jusqu’à 100/120 km de distance en service dans les forces russes

Selon le communiqué de Almaz-Antey, l’entrée en service du S-350 sonne également le lancement de sa production en série. Alors que les occidentaux, européens en têtes, peinent à mettre en oeuvre des outils cohérents et complémentaires pour assurer la défense anti-aérienne et anti-missiles de leurs forces et de leurs infrastructures, la Russie ne semble pas faiblir dans son effort visant à neutraliser potentiellement la puissance aérienne de l’OTAN. Avec une batterie anti-aérienne par avion de combat présent en Europe, et 10 missiles anti-aériens par avion de combat en service au sein de l’OTAN, la Défense anti-aérienne russe est effectivement conçue pour neutraliser la puissance aérienne de l’Alliance Atlantique, sur laquelle repose l’essentiel de sa puissance de feu.

L’avenir des porte-avions de l’US Navy est menacé par le Congrès américain

Quelques jours à peine après le baptème de l’USS John Fitzgerald Kennedy, deuxième porte-avions nucléaire géant de la classe Gerald Ford, et second porte-avions de l’US Navy à porter ce nom, le Congrès des Etats-Unis vient de porter un coup dur à la marine américaine en divisant par 3 le budget, pourtant restreint, qu’elle demandait pour l’étude du futur avion de combat embarqué destiné à remplacer les F/A-18E/F Super Hornet armant aujourd’hui les flottilles américaines. L’explication n’est pas à chercher dans des restrictions budgétaires, ou dans une préférence du congrès pour le F35C, mais dans de profondes interrogations des parlementaires américains au sujet de l’avenir même de ces géants des mers.

Alors que l’US Navy réclamait un montant de 20 millions $ sur l’année fiscale 2020 pour les études amont de son programme de chasseur embarqué de nouvelle génération F/A-XX, une somme très limitée au regard des 25 Md$ investis chaque année pour l’acquisition d’équipements neufs par la Marine US, le Congrès ne lui n’a autorisé que 7 m$ de crédit pour cette étude, sous couvert d’une importante défiance quand à l’avenir de ces navires dans le combat naval et la projection de force. En effet, l’apparition de missiles anti-navires hypersoniques ou balistiques, comme le missiles Tzirkon russe devant entrer en service en 2020, du missile avec planeur hypersonique DF-17 chinois, et des missiles balistiques à capacité anti-navire (annoncée mais non démontrée) DF-21D et DF-26, là encore chinois, nombreux sont les parlementaires à juger le porte-avions beaucoup trop vulnérable face à de telles menaces.

missile balistique a portee intermediaire DF 26 des forces strategiques chinoises Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Le missile balistique antinavire DF-26 a une portée annoncée de plus de 4000 km

Dès lors, l’efficacité opérationnelle de des porte-avions emportant des milliers d’hommes, et coutant chacun plus de 12 Md$, auxquels il convient d’ajouter un groupe aérien embarqué de 7 ou 8 Md$, semble, à leurs yeux, compromise. Le sous-secrétaire à La Défense, Michael Griffin, avait lancé publiquement le débat il y a quelques mois, en s’interrogeant sur l’intérêt de disposer d’une flotte de 11 ou 12 super porte-avions à 12 Md$, ou s’il n’était pas préférable d’en sacrifier un ou deux au profit de l’acquisition de plusieurs centaines de missiles hypersoniques.

Si ce débat porte en partie sur des luttes d’influences entre l’US Navy, l’Air Force et l’US Army, il repose également sur des constats objectifs concernant l’évolution profonde des technologies employées dans le combat naval. Outre les missiles hypersoniques, contre lesquels il n’existe aujourd’hui aucune parade efficace, la démocratisation des satellites de reconnaissance et des drones à longue endurance pouvant détecter les groupes aéronavals, ou l’arrivée prochaine des Rails Gun, risque effectivement de faire des porte-avions des cibles privilégiées, d’autant que la destruction d’un de ces géants des mers entrainerait probablement un important traumatisme dans l’opinion publique américaine. Ces technologies vont obliger les navires américains à opérer à des distances beaucoup plus importantes des côtes de l’adversaire, alors même que ni le F18, ni le F35C n’ont été conçus pour disposer d’une autonomie particulièrement élevée.

F35C decollage Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Malgré ses dimensions et son rayon d’action étendu vis-à-vis du F35A, le F35C n’a pas l’allonge suffisante pour palier l’éloignement nécessaire du porte-avions de sa cible si celle-ci est protégée par des missiles anti-navires hypersoniques comme le Tzirkon

Ce constat est d’ailleurs au coeur des objectifs du programme F/A-XX, qui cherche avant tout à concevoir un appareil embarqué rapide à très long rayon d’action, mais également du programme de drones embarqués MQ-25 Stingray, dont la mission prioritaire est le ravitaillement discret des avions d’armes de l’US Navy. En effet, la présence de missiles Tzirkon montés en batteries côtières obligeraient un groupe aéronaval à opérer à plus de 1000 km des côtes, soit le rayon d’action maximal du Super Hornet en mission de combat, et réduirait sensiblement les capacités de frappe en profondeur du F35C et ses 1200 km de rayon d’action. Les missiles DF-21D portent eux à prés de 2000 km, alors que le DF-26 dépasserait les 4000 km. Dans de telles conditions, l’emploi de porte-avions pour, par exemple, assurer la Défense de l’ile de Taiwan, n’apporterait pas d’avantage notable vis-à-vis du déploiement d’appareils sur l’ile de Guam ou au Japon.

Alors, le porte-avions est-il destiné à disparaitre ? Ce serait aller un peu vite que de le conclure. D’une part, ce n’est pas la première fois que les porte-avions font face à des menaces létales jugées critiques. Ce fut le cas des Kamikaze durant la seconde guerre mondiale, puis des premiers missiles guidés. Durant la guerre froide, les bombardiers à long rayon d’action soviétiques comme les Tu-22, Tu-95 et Tu-16, emportant chacun deux à 4 missiles anti-navires supersoniques lourds, étaient considérés comme l’une des principales menaces vis-à-vis des capacités de renforcement de l’OTAN. Pour autant, que ce soit dans le cas des kamikaze, des missiles anti-navires ou des raids de bombardiers lourds soviétiques, chacune des menaces vit relativement rapidement apparaitre des parades pour faire baisser le risque : densification de la Défense anti-aérienne et des missions d’interception éloignées guidées par radar pour contrer les Kamikaze, apparition des missiles anti-aériens, des systèmes de protection anti-missiles rapprochées comme le Phalanx, du système Aegis ou du couple entre le chasseur embarqué F-14 Tomcat et le missile à longue portée anti-aérien AIM-54 Phoenix pour contrer bombardiers et missiles anti-navires soviétiques.

PAN ford Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
La classe Gerald Ford représente-t-elle la dernière classe de « super porte-avions » ?

Plusieurs programmes de recherche sont actuellement en cours, aux Etats-Unis, en Russie et même en Europe, pour concevoir des moyens capables d’intercepter ou de neutraliser des missiles hypersoniques, et les premiers systèmes opérationnels devraient apparaitre avant la fin de la prochaine décennie. De fait, il est probable que les deux nouveaux porte-avions de la classe Ford commandés cette année seront dotés de systèmes de protection efficaces contre ces menaces, comme le seront leurs escorteurs.

Il est cependant possible, par exemple, que face à l’évolution des systèmes de détection, ou des capacités des drones de combat et des aéronefs, le format des porte-avions soit appelé à évoluer, pour revenir à des navires plus proches des 60.000 à 70.000 tonnes que des 110.000 tonnes actuels d’un navire de la classe Ford, avec un prix diminuant en conséquence, de sorte à disposer de plus de navires pour une force aérienne embarquée identique, et à budget constant. Eu égard au dimensionnement des forces aériennes modernes, comme des forces navales, et des capacités des avions de combat modernes, un porte-avions de 60.000 tonnes emportant 35 avions de combat, une douzaine de drones et quelques avions de veille, représente une puissance de feu très importante et largement suffisante pour couvrir l’immense majorité des missions de temps de paix comme de temps de guerre, y compris haute intensité.

Un E2 C Hawkeye pret a etre catapulter sur le pont du Porte avions nucleaire francais Charles de Gaulle Actualités Défense | Bombes guidées | Drones de combat
Le débat sur l’avenir du porte-avions existe également eu Europe, et notamment en France. Pour autant, les études pour concevoir un remplaçant au Charles de Gaulle ont été lancées.

Quoiqu’il en soit, tant qu’il n’existera pas une offre technologique plus performante que le porte-avions et capable de remplacer ses capacités uniques de projection de puissance dans la durée en zone isolée, il est très anticipé d’enterrer ce type de navire. Il faudra toutefois à l’US Navy beaucoup de pédagogie pour lutter contre des raccourcies conceptuels erronés, et parfois quelques peu manipulés, et préserver cette force qui conditionne aujourd’hui la réelle puissance navale américaine. Et il en va de même pour la Royal Navy, ou encore la Marine Nationale.

Marine Royale Canadienne : modernisation des quatre sous-marins de la classe Victoria

La Marine Royale Canadienne admit au service entre 2000 et 20004 les quatre sous-marins de la classe Victoria dont la disponibilité opérationnelle allait défrayer la chronique. Celle-ci devint à peine satisfaisante à partir de l’année 2017, alors que les quatre bateaux devront être injectés au début des années 2020 dans un cycle de profonde modernisation : le programme Victoria-class Modernization (VCM) qui permettra de les conserver au service jusqu’au milieu des années 2030, voire le début des années 2040. Le remplacement de ces navires pourrait être entamé sous peu.