La semaine dernière, nous apprenions que le porte-avions américain USS Théodore Roosevelt avait dû faire route vers la base navale de Guam suite à la recrudescence de cas de coronavirus Covid19 à son bord. Il était alors question de débarquer la trentaine de personnels infectés et de tester les quelques 4000 autres membres d’équipage afin de pouvoir retourner effectuer sa mission. Le Roosevelt est en effet l’un des deux porte-avions de l’US Navy déployés dans le Pacifique occidental, aux cotés de l’USS Ronald Reagan, pour faire face à d’éventuelles actions chinoises, nord-coréennes ou russes. La Marine américaine avait alors assuré que le porte-avions restait opérationnel et pouvait reprendre la mer dans des délais très courts si la situation opérationnelle l’exigeait.
Ce n’est plus le cas. Dans un article du 31 mars, le San Francisco Chronicle révélait en effet l’existence d’une lettre envoyée par le Capitaine Brett Crozier, commandant l’USS Theodore Roosevelt, aux autorités navales américaines, demandant la mise à terre de son équipage pour mettre un frein à l’épidémie qui touche déjà plus de 100 marins, faisant craindre, selon lui, pour la vie de certains personnels du bord. Dans une interview donnée à CNN, le secretaire à la Marine par interim Thomas Modly a confirmé que cette procédure serait mise en oeuvre, et que 90% des effectifs du Roosevelt seraient amenés dans les plus brefs délais à terre à Guam, pour y être testés et, le cas échéant, pris en charge par les services de santé, alors que les 10% restants auront la charge de totalement steriliser le bâtiment, qui comporte tout de même plus de 3000 compartiments. Cette declaration a été suivie par une seconde declaration de Mark Esper sur CBS, disant exactement l’inverse. Mais il semble que, dans tous les cas, l’US Navy n’ai guère le choix dans cette affaire, d’autant qu’elle fait grand bruit dans les medias américains. La tache s’annonce donc colossale et inédite dans l’histoire de la Marine Américaine, d’autant plus que le navire stationne à plus de 9000 km de San Diego, son port d’attache.
Avec une dizaine de F35B à son bord, l’USS America peut épauler le Ronald Reagan dans la zone Pacifique occidentale en assumant la fonction de porte-avions léger
Il apparait également que l’US Navy vient de perdre, et pour plusieurs semaines dans le meilleur des cas, une de ses pièces maitresses dans le Pacifique, laissant le Roland Reagan seul porte-avions pour couvrir un théâtre de plus de plus de 25 millions de km2. Il pourra cependant compter sur le porte-hélicoptères d’assaut USS America, qui met en oeuvre une dizaine de F35B à son bord, actuellement en manoeuvre en mer des Philippines aux cotés du navire d’assaut USS Green Bay et du 31ème Marine Expeditionary Unit (MEU). Sur les 5 porte-avions actuellement opérationnels de l’US Navy, 2 sont déployés au Moyen-Orient, l’USS Eisenhower et l’USS Truman, un dans l’atlantique, l’USS Gerald Ford, et deux autres dans le Pacifique, le Reagan et le Roosevelt. L’indisponibilité de ce dernier réduit donc de 20% les capacités aéronavales globales de l’US Navy.
La situation actuelle a pris par surprise l’immense majorité des instances dirigeantes, aux Etats-Unis comme partout sur la Planète. Elle avait pourtant été annoncée par de nombreux experts en virologie qualifiés souvent d’alarmistes, et avait même donné lieu à des films d’anticipation d’une extraordinaire actualité, comme le film « Contagion » de David Soderbergh, sorti en 2011, et qui décrivait la propagation d’un virus respiratoire venu de Chine. Il est souhaitable, et très probable, que cette crise donnera lieu à de profonds bouleversements dans la prise en compte de ce risque à tous les échelons des pays, y compris concernant les forces armées. Mais il serait également souhaitable que le raisonnement dépasse le simple cadre du risque sanitaire, et s’étendent aux autres menaces, toutes aussi importantes et potentiellement destructrices.
Le Film de David Soderbergh « Contagion », sorti en 2011, relatait une histoire très proche de celle qui touche aujourd’hui la planète
Il sera ainsi nécessaire d’accepter de se confronter à la réalité des tensions croissantes qui opposent les grandes puissances mondiales, et notamment sur les risques qui entourent la montée en puissance de la Chine et de ses ambitions, comme il sera indispensable de regarder avec objectivité les conséquences des bouleversements climatiques qui touchent la planète. Faute de quoi, d’autres catastrophes et d’autres crises prendront le relais dans les années à venir, avec des conséquences potentiellement plus destructrices pour les populations comme pour l’économie.
Face à un budget qui n’est pas destiné à augmenter, et aux besoins de modernisation importants auxquels le corps de Marines des Etats-Unis fait face, son commandant, le général David Berger, envisage de réduire, voir de supprimer, le F35B de son inventaire. Cette déclaration, qui fait l’effet d’une petite bombe à Washington, est aussi bien aux difficultés que rencontre le corps pour recruter et former des pilotes, qu’aux prix d’acquisition et de maintenance très élevés qui s’appliquent au F35, surtout dans sa version à décollages et atterrissages verticaux. Pour palier le retrait de ces aéronefs, le général Berger entend se reposer sur la nouvelle doctrine de combat coopératif développée dans le Nationale Defense Strategy, en cours de rédaction au Pentagone, et qui doit définir la stratégie et les préceptes de l’engagement des forces américaines, et par voie de conséquence, des forces occidentales, dans les années à venir.
L’hypothèse levée par le général Berger n’est pas surprenante, eu égard aux restrictions auxquelles s’apprêtent à se livrer le corps des Marines dans les années à venir pour être en mesure de retrouver sa mission initiale, l’assaut amphibie, et pouvoir relever le défi posé par les forces chinoises dans le Pacifique. Handicapé par des années de dérives doctrinales comme budgétaires, les Marines américains doivent se livrer à une cure d’amaigrissement drastique, renonçant par exemple à ses chars lourds ou son artillerie lourde, il est vrais bien peu utiles pour prendre des plages d’assaut. En revanche, renoncer aux F35B serait effectivement un coup dur pour la composante chasse, qui était parvenue, depuis l’entrée en service du Harrier, à disposer d’un appui aérien embarqué autonome à partir de ses propres navires d’assaut.
Depuis l’entrée en service des harrier, le Corps des Marines pouvaient mettre en oeuvre des avions de combat directement à partir de leurs porte-hélicoptères d’assaut
S’il est probable qu’il soit de plus en plus difficile de trouver des candidats valables pour former des pilotes de combat, toutes les armées occidentales rencontrant le même problème, l’argument avancé en priorité par le général Berger est toutefois probablement plus politique que technique. En effet, le besoin en matière d’appui aérien perdurera au delà du F35, mais devra être assurer par des aéronefs embarqués à bord des porte-avions de l’US Navy, et notamment par les F18 super hornet qui arment les escadrilles des Marines. De fait, le besoin de pilotes, en valeur absolue, restera le même. En revanche, il est probablement plus acceptable à Washington de blamer le manque de pilote que le F35 et son cout, alors que l’appareil reste le champion des exportations de défense américaines.
Les besoins de décollages et atterrissages courts et verticaux imposés par le Corps des Marines au programme F35 imposèrent la configuration monomoteur de l’appareil
Reste que le retrait du Corps de Marines du programme aurait de graves conséquences sur le programme F35, d’autant que c’est lui qui avait imposé la configuration monomoteur de l’avion afin de permettre d’en faire à appareil à décollages et atterrissages courts et verticaux pouvant être mis en oeuvre à partir des ponts des porte-hélicoptères d’assaut de la classe Wasp et America. D’autant que le F35B a été acquis par plusieurs forces aériennes souhaitant opérer à partir de porte-avions dépourvus de catapultes, comme le Royaume-Unis, l’Italie, Le Japon, Singapour et la Corée du Sud. Même la Turquie envisageait d’en acquérir pour armer son nouveau LHD Anadolu, avant d’être exclu du programme après avoir fait l’acquisition de missiles anti-aériens russes S400. D’autres pays, comme Taiwan, l’Indonésie, ou encore l’Espagne, ont montré de l’intérêt pour l’appareil.
Si le corps des Marines venait à renoncer au F35B, cela porterait un coup sévère à ce modèle, et pourrait décourager de nombreux clients exports, qui pourraient craindre de voir les evolutions de l’appareil progressivement abandonné par les Etats-Unis, n’ayant de fait plus besoin de s’y consacrer. Cela pourrait également finir de convaincre l’US Navy de renoncer à l’avion, en transférant les crédits vers le developpement du nouvel avion de combat embarqué à long rayon d’action et haute vitesse qu’elle entend developper, mais dont les crédits sont postponés par le Congrès au fil des budgets annuels. C’est donc tout un pan du programme F35 qui pourrait, dès lors, se retrouver menacé, avec des conséquences notables sur les couts de production et les capacités d’evolution de l’aéronef.
La suppression de la commande du corps de Marines pourrait avoir des conséquences très importantes sur l’ensemble du programme F35
Reste à voir, dès lors, quelles seront les suites données à cette hypothèse abordé par le commandant des Marines américains. Il est probable que le lobbying, aussi bien industriel que politique, sera intense pour l’amener à revoir ses positions. Mais sans budgets supplémentaires, le maintien de la flotte de F35B risque fort de se faire au détriment d’autres composantes potentiellement plus indispensables aux Marines pour mener leur mission. Si le pilotage socioéconomique des programmes militaires pouvaient avoir du sens alors que le pays était engagé dans des conflits asymétriques à faible dimension technologique, il en va désormais tout autrement face à la Chine ou la Russie, qui pilotent leurs programmes industriels de défense au mieux de leurs moyens, et qui grignotent chaque jour davantage la suprématie militaire américaine.
La pandémie de Covid-19 a également déjà durement et
durablement touché un autre pan de l’activité de défense moins connu mais tout
de même essentiel : les salons internationaux. De plus en plus nombreux,
et présents désormais sur tous les continents, les salons internationaux
consacrés à la défense présentent de multiples facettes :
Rencontre entre industriels et sous-traitants,
Présentation de produits auprès des clients
potentiels,
Réunions entre officiels et délégations,
Rencontres et échanges entre militaires du monde
entier
Exposition médiatique des nouveaux produits, des
nouveaux contrats, etc.
Les salons internationaux sont un moyen pour les entreprises de présenter leurs nouveaux produits à leurs futurs partenaires commerciaux et clients finaux, dont les délégations militaires du monde entier.
Historiquement, les principaux salons de l’armement se situent en Europe, où ils attirent encore parfois plus de 100.000 visiteurs en provenance d’une centaine de pays. Traditionnellement, ces salons se déroulaient donc dans des pays producteurs et exportateurs d’armes, comme la France ou le Royaume-Uni, et visaient à attirer les délégations des pays importateurs. Depuis près de 20 ans, toutefois, le nombre de salons consacrés aux questions de défense et de sécurité s’est démultiplié, les expositions se déroulant désormais directement au cœur de régions traditionnellement importatrices d’armements : Moyen-Orient, Asie du Sud-Est, Inde, Amérique du Sud, etc. Désormais, le rythme des expositions sur les cinq continents régule ainsi les principales annonces des grands groupes industriels de défense, et maintient une certaine effervescence auprès du public qui se voit ainsi présenté les différentes nouveautés du secteur.
Un programme
bouleversé par le Covid-19
Cette année, toutefois, le programme bien rôdé des expositions a été mis à mal par l’épidémie de coronavirus qui touche progressivement l’ensemble de la planète. Defexpo, qui se déroulait en Inde du 5 au 9 février, a bien été maintenu. Dès la fin du mois de février, cependant, face à la recrudescence de cas notamment en Europe et en Asie, la plupart des grands salons et expositions ont peu à peu annoncé leur annulation. Dès le 3 mars, le DIMDEX qui devait avoir lieu à Doha (Qatar) moins de deux semaines plus tard a été annulé, en toute logique. D’autres salons de première et seconde importance, en Asie, en Europe et aux USA, ont peu à peu emboîté le pas, notamment ILA Berlin et LAAD Security au Brésil, alors que de plus en plus de pays limitaient strictement les voyages.
Le Salon Aéronautique de Farnborough est, avec celui du Bourget, l’un des plus importants au monde. Son annulation a pourtant été annoncée très tôt, afin d’éviter de perdre du temps et de l’argent à organiser un évènement qui ne pourrait avoir lieu.
Cependant, le véritable choc est arrivé de Londres le 20 mars dernier, lorsque la nouvelle de l’annulation du Farnborough International Airshow est tombée. En effet, non seulement il s’agissait du principal salon de défense aéronautique prévu cette année, mais il devait se dérouler à la fin du mois de Juillet. Vendredi dernier, c’est le salon de l’armement terrestre Eurosatory, prévu en Juin prochain à Paris, qui se voyait également purement et simplement annulé, sans report possible à une date ultérieure. Est-ce à dire que les autorités françaises et britanniques envisagent que les mesures de confinement actuelles seront encore effectives en Juin-Juillet prochain ? Pas nécessairement.
Des annulations
inévitables
Avant toute chose, il convient de réaliser que ce genre d’évènement
demandent souvent des mois de travail aux exposants, et que les prototypes et
démonstrateurs exposés ne sont souvent prêts qu’à la dernière minute. De fait, si
les périodes de confinement ne devaient durer qu’un mois –ce qui pour l’heure
est encore très improbable– il serait dès lors impossible pour beaucoup d’industriels
de profiter pleinement de la visibilité offerte par un salon. De plus, la location
d’un stand ou d’un chalet dans un salon est un véritable investissement pour
les industriels. Investissement qu’ils ne pourront pas rentabiliser s’ils
viennent à peine de reprendre leur activité après plusieurs semaines de coûteuse
baisse d’activité.
Pour le moment, le Salon Euronaval est maintenu. L’évolution de la pandémie de coronavirus pourrait cependant conduire également à son annulation, ou au moins à la mise en place de mesures sanitaires renforcées.
Enfin, les salons internationaux sont, comme leur nom l’indique,
des évènements mondiaux par essence. Même si l’un d’entre eux devait se tenir
dans un pays qui n’est pas ou plus touché par la pandémie actuelle, tout son
modèle économique repose sur le fait d’attirer des exposants et visiteurs venus
du monde entier. Le risque, alors, est de créer de nouveaux clusters pour le
coronavirus à partir de visiteurs venus d’un pays où l’épidémie n’est pas
encore maîtrisée. Alors que certains pays connaissent à peine leurs premiers
cas de Covid-19, il est certain que dans trois ou quatre mois l’épidémie fera
encore rage quelque part dans le monde, même si le pic est passé en Europe et
au Moyen-Orient par exemple. Suivant cette logique, il est ainsi possible que
la liste des annulations vienne encore s’allonger dans les semaines à venir. On
pense notamment au salon Euronaval, toujours prévu à Paris en octobre prochain.
Quelles alternatives pour
les industriels ?
A l’heure actuelle, il semble que la plupart des
organisateurs ont fait le choix d’annuler les plus gros salons. Dans les
semaines qui viennent, certaines expositions pourraient être simplement
reportées, à condition que les organisateurs arrivent à trouver une date et un
lieu compatible avec une telle manœuvre. Pour l’essentiel, toutefois, ce sera
sans doute l’annulation qui sera privilégiée. Modifier une date ne permet pas
de s’assurer de la disponibilité des exposants, qui pourraient très bien être
déjà engagés sur d’autres salons ou avoir d’autres engagements en interne.
Le Salon du Bourget, qui se déroule toutes les années impaires, pourrait récupérer une partie de l’activité des salons annulés en 2020. Néanmoins, de nombreuses TPE et PME, qui exposent traditionnellement au Bourget, pourraient avoir gravement souffert de l’arrêt économique actuel.
D’autres options auraient également été évoquées. D’après
nos sources, le GICAT qui organise Eurosatory aurait essayé de se rapprocher du
GICAN qui organise Euronaval en octobre. Mais la solution proposée aurait été
rejetée à la fois pour des raisons de coûts, de délais et d’organisation. Il
est possible que d’autres salons également organisés tous les deux ou trois ans
soient simplement décalés à l’année prochaine. Dans tous les cas, il est plus
que probable que les expositions et salons de l’année 2021 soit
particulièrement riches en nouveautés, notamment de la part des sociétés qui n’auront
pas pu présenter leurs produits en 2020. Néanmoins, certains d’entre eux
risques de se dérouler dans un contexte économique de stagnation ou de
récession, et il y a fort à parier que certains des plus petits exposants
prévus cette année ne soient tout simplement plus en activité d’ici là,
contraction du marché oblige.
En attendant, grands groupes, PME et TPE devraient se tourner vers des moyens alternatifs pour communiquer sur leurs avancées en matière de R&D. La presse traditionnelle, les sites partenaires mais également les réseaux sociaux devraient être fortement sollicités dans les mois à venir, notamment par les start-up de la défense qui pourraient s’adapter rapidement à l’évolution de la demande dans un contexte sanitaire particulier, comme nous avons pu le montrer avec Shark Robotics et Reflet du Monde récemment.
Pour Boeing, les déboires du programme KC-46 Pegasus
ressemblent de plus en plus à une histoire sans fin. Alors que l’achat de 179
nouveaux ravitailleurs est essentiel pour les opérations de projection de l’US
Air Force, le nouvel appareil accumule depuis des années les retards et les
surcoûts.
Alors que Boeing promet de décupler les efforts pour corriger rapidement les soucis techniques les plus problématiques, il semble à l’inverse qu’un nouveau problème de Catégorie 1 soit apparu récemment. En effet, l’USAF aurait continué de signaler de sérieuses fuites de carburant nécessitant de faire passer ce problème technique au rang des défauts techniques critiques. La Catégorie 1, en effet, signifie que les défauts détectés compromettent la sécurité des vols et la réussite de la mission.
KC-46 à proximité des usines de Boeing dans la région de Seattle. Pour le moment, la production d’avions de lignes Boeing est stoppée, y compris leurs dérivés militaires comme le KC-46.
Pour le moment, on ne sait pas ce qui a motivé l’Air Force a reclassé le problème de fuites de carburant, déjà connu, en Catégorie 1. Pour l’heure, l’USAF a déjà réceptionné une trentaine de KC-46 Pegasus, bien que l’avion ne soit pas opérationnel. Or, sur cette petite flotte d’appareils, au moins seize seraient concernés par des fuites de carburant excessives, et sept auraient déjà nécessité des réparations de la part de l’USAF.
Ainsi, c’est peut-être l’ampleur du problème technique et
les coûts importants liés à sa prise en charge qui auraient conduit l’Air Force
à le requalifier en Catégorie 1. Sur le plan technique, les KC-46 sont équipés
d’une double barrière de protection étanches afin d’éviter tout dommage catastrophique
au sol ou en vol. Or, les équipes de maintenance de l’USAF auraient découvert
du carburant entre ces deux barrières, impliquant que la protection primaire n’est
en réalité pas étanche, et que la redondance de sécurité est de facto
inexistante.
Comme pour la plupart des autres défauts majeurs détectés par l’USAF, les correctifs devront être effectués aux frais de Boeing, à la fois sur les avions livrés et ceux situés sur la ligne d’assemblage. Pour l’instant, cette dernière est fermée en raison de l’épidémie de Covid-19, comme nous l’avions évoqué récemment. De fait, les nouvelles critiques de l’USAF à l’égard du Pegasus viennent s’ajouter à la longue liste de défauts de l’avion, mais aussi à celle des problèmes critiques que rencontre Boeing ces derniers mois.
La crise du 737 MAX est une véritable catastrophe industrielle pour Boeing. A un autre niveau, les déboires du KC-46A Pegasus ont aussi marqué une certaine défiance du Pentagone vis-à-vis des dirigeants de Boeing à Seattle.
La firme de Seattle a en effet accumulé les déboires, les
déconvenues et les véritables catastrophes industrielles depuis 2019. D’une
part, le double crash du 737Max a condamné durablement la production de l’avion
le plus vendu de l’entreprise dans le domaine civil. D’autre part, la capsule
spatiale CST-100 Starliner, qui est en concurrence avec le Dragon Crew de SpaceX
pour permettre le retour des vols habités américains, a connu un semi-échec
lors de son premier essai spatial en décembre dernier. Enfin, les problèmes
récurrents du KC-46 Pegasus entâchent régulièrement la réputation de l’entreprise
dans les médias, et ce depuis plusieurs années déjà.
Près de cinq cents problèmes plus ou moins mineurs ont été
identifiés par l’USAF sur le KC-46, pourtant dérivé d’un avion civil largement répandu
dans le monde, le 767. Mais certains défauts ont été considérés comme inquiétant
:
En mars 2019, les livraisons ont été stoppées
par deux fois après que les équipes de maintenance de l’USAF ont découvert des
outils, débris et objets inconnus dans les ailes et le fuselage des avions
livrés,
De manière générale, l’USAF a constaté un
problème de finition sur de nombreuses pièces internes et externes de l’appareil,
Pour le moment, l’USAF utilise ponctuellement ses KC-46 au-dessus du territoire national. Les appareils sont encore très loins d’être prêts pour des déploiements opérationnels outre-mer.
De plus, l’avion rencontre toujours trois problèmes de
Catégorie 1, auxquels s’ajoute celui des fuites de carburant :
Le système de caméras 3D destiné à guider à
distance la perche de ravitaillement (Remote Vision System) présente toujours
de gros problèmes qui ne devraient pas permettre un déploiement opérationnel du
KC-46 avant 2023 (au mieux),
La perche de ravitaillement a tendance à érafler
la cellule des avions ravitaillés autour du réceptacle de ravitaillement en
vol, ce qui peut endommager le revêtement essentiel à la furtivité des F-22 et
F-35,
La perche de ravitaillement en elle-même doit être
modifiée pour permettre le ravitaillement des avions d’attaque A-10.
Alors que ces trois problèmes, identifiés de longue date, ne
semblent pas prêts à être résolus avant au moins deux ou trois ans, voilà donc
que l’USAF classe un autre défaut du KC-46 en Catégorie 1. Et, ce, à l’heure
même où les usines de production sont à l’arrêt. Au final, les déboires du
KC-46 interrogent sur la gouvernance des programmes majeurs tant au sein de
Boeing que de l’USAF. En effet, comment un modèle basé sur un avion civil déjà
dérivé en ravitailleur pour l’Italie et le Japon a-t-il pu devenir une telle
usine à gaz ? Et, au Pentagone, comment a-t-on pu autoriser la livraison d’avions
de séries alors qu’autant de problèmes de Catégorie 1 restaient non résolus ?
En attendant une reprise de la production du KC-46 et la correction de ses défauts, l’USAF pourrait être obligée de recourir à des contractants privés pour une partie de ses missions de ravitaillement.
On se rappellera que, au sein de la NASA, une enquête est en cours afin de déterminer si les surcoûts et retards du CTS-100 Starliner ne seraient pas dus en partie à un problème structurel de culture d’entreprise chez Boeing. En effet, on notera que les projets menés à Saint-Louis, dans les anciens locaux de McDonnell Douglas absorbés par Boeing en 1997, posent aujourd’hui bien moins de problèmes que ceux gérés par les branches historiques de l’avionneur, dans l’Etat de Washington.
Malheureusement, au-delà des problèmes de management de Boeing, il semble que le KC-46 suive le même schéma technico-politique que le F-35 de Lockheed Martin : trop gros pour échoué, ces deux programmes sont structurants pour l’avenir des forces américaines et disposent d’un énorme soutien politique. Les productions en série sont ainsi lancées avant que les problèmes majeurs des prototypes ne soient résolus, ce qui ne fait qu’alourdir d’année en année la facture nécessaire pour rendre la flotte pleinement opérationnelle…
Le retour des tensions entre grandes nations technologiques s’accompagne d’une recherche intensive pour developper de nouvelles technologies ou appliquer les technologies développées durant les 30 années de paix relative ayant suivi la fin de la guerre froide. Dans la première partie de cet article, nous avons traité des applications quantiques, de l’électromagnétisme, de l’Intelligence artificielle, des nano-technologies ainsi que des armes à énergie dirigée. Il reste encore 5 technologies majeures à étudier pour terminer ce panel des 10 technologies qui vont révolutionner l’action militaire dans les années à venir.
6- L’Hypervélocité
La vitesse des aéronefs et des missiles avait été un enjeu majeur dans les années 50 et 60, période durant laquelle les recherches permirent à des avions de combat d’atteindre et de dépasser la vitesse de mach 2. Mais à partir des années 70, la technologie aéronautique s’est heurtée à deux difficultés comparables à celle qui prévalait lors de la course au passage du mur du son. En effet, au delà de Mach 2,8, les frottements de l’air sur les aéronefs entrainent une élévation importante de la chaleur des surfaces frontales, créant progressivement un plasma entourant l’appareil et opaque aux ondes électromagnétiques. En outre, à partir de mach 3, les réacteurs classiques ne parviennent plus à ralentir le flux d’air pour contrôler la combustion du carburant, rendant très instable la reaction thermique, avec un important risque d’explosion.
Apparu pour la première fois au printemps 2018, le missile balistique aéroporté Kh47M2 a profondément modifier la perception envers les armes hypersoniques
Ces deux facteurs associés à la baisse de la menace une fois passées les années 80, entrainèrent la stagnation des performances des aéronefs, comme celle des missiles, pendant prés de 30 ans, et l’émergence de technologies secondaires comme la furtivité. Les avions de cette génération dépassent rarement les Mach 2, privilégiant la super croisière à la vitesse de pointe. En outre, la baisse rapide des tensions entre l’OTAN et la Russie entraina une perte d’intérêt toute aussi rapide pour les missiles balistiques, tout au moins en occident. En Russie et en Chine, cependant, les travaux continuèrent, donnant naissance à une nouvelle génération de systèmes d’arme qui apparut à partir de 2015.
Le missile qui déclencha la prise de conscience en occident de la menace que représentait les armes hypersoniques fut incontestablement le missile balistique hypersonique aéroporté Kh47M2 Kinzhal russe. Mis en oeuvre par un chasseur Mig31 spécialement modifié pour cette mission, ce missile atteint une vitesse de Mach 10 et une portée de 2000 km, 3000 km lorsqu’il est lancé à partir d’un bombardier Tu22M3M Backfire. Cette vitesse, comme la trajectoire semi-balistique qu’il adopte, le mettent hors de porté des systèmes antimissiles occidentaux, comme le Patriot PAC3 ou le THAAD, en faisant une arme de première frappe particulièrement redoutable, d’autant qu’elle peut frapper 80% des infrastructures critiques et politiques de l’OTAN du fait de sa portée. Mais la Russie ne s’arrêta pas en si bon chemin, et annonça l’entrée en service du planeur de rentrée atmosphérique hypersonique Avangard en 2019, un véhicule transportant une charge nucléaire et remplaçant les MIRV des missiles balistiques intercontinentaux. Il conserve une vitesse hypersonique et une manoeuvrabilité importante jusqu’à l’impact, là encore le mettant hors de portée des défenses antimissiles occidentales.
Le missile balistique DF26 à une portée de 4000 km et pourrait viser un navire majeur comme un porte-avions
Au delà du volet stratégique, les armes hypersoniques ont également fait leur apparition dans le domaine de la guerre navale, avec le missile anti-navire 3M22 Tzirkon russe, capable d’atteindre mach 9 et une portée de 1000 km, mais également les missiles balistiques anti-navires chinois DF21D et le DF26, atteignant respectivement des portées de 1500 et 4000 km, et capables, selon les autorités chinoises, de frapper des navires majeurs comme les porte-avions américains. Au delà de leur invulnérabilité (temporaire) aux systèmes antimissiles, les armes hypersoniques réduisent également les délais de reaction des cibles visées, en parcourant plusieurs kilometres chaque seconde. En outre, à la puissance explosive de la charge militaire transportée, qui peut être aussi bien conventionnelle que nucléaire, s’ajoute un dégagement d’énergie très important lié à l’énergie cinétique du missile lui-même. De fait, même sans exploser, un missile de 1 tonne comme le Tzirkon pourrait bien couper en deux un destroyer à l’impact du seul fait de son énergie cinétique.
Ces nouveaux missiles ont pu être développés grâce à de nouveaux matériaux permettant de supporter la chaleur dégagée, des systèmes de guidage innovants, ainsi que de nouveaux moteurs. Dans ce dernier domaine, les travaux entourant le developement des Scramjet, un moteur capable de dépasser les mach 3,5 en employant l’air atmosphérique comme comburant, permettra de developper des missiles, et probablement des avions de combat, qui dépasseront cette limite.
7- Les Meta-matériaux
Qu’il s’agisse d’hypervelocité ou d’électromagnétisme, une grande partie des innovations technologiques qui touchent les systèmes de défense aujourd’hui n’aurait pu voir le jour sans le developpement préalable de nouveaux matériaux et alliages permettant de dépasser les limites physiques qui, jusqu’ici, entravaient leur progression. Ces matériaux sont désignés par le terme Méta-Matériaux, qui représentent une composante méconnue mais cruciale des évolutions technologiques en cours.
Les protections balistiques représentent un des domaines d’application pour les méta-matériaux aujourd’hui
Le domaine des méta-matériaux couvre un périmètre à ce point élargi qu’il ne peut être synthétisé. Il peut s’agir, ainsi, de membranes permettant de réduire la consommation énergétique des procédés visant à séparer l’oxygène et l’hydrogène des molecules d’eau, ou encore d‘extraire l’eau atmosphérique pour le combattant. Il peut s’agir également des nouveaux matériaux permettant de concevoir des protections balistiques à la fois plus résistantes et beaucoup plus légères que celles existantes aujourd’hui. Mais il s’agit aussi de matériaux capables de resister à des chaleurs très élevées sans se révéler opaques aux emissions radio-électrique, permettant par exemple d’embarquer un autodirecteur radar dans un missile hypersonique. Enfin, Il s’agit de nouveaux matériaux permettant de concevoir des formes complexes grace à, par exemple, l’impression 3D, et qui offrent des caractéristiques mécaniques et thermiques comparables aux meilleurs matériaux du moment qui, eux, ne permettaient pas une telle souplesse.
La Chine a annoncé avoir développé de nouveaux méta-matériaux capables de resister aux chaleurs dégagées par des mobiles hypersoniques, et capables de laisser passer les ondes électromagnétiques
Si ces méta-matériaux font rarement la une de la presse, ils n’en sont pas moins déterminants et indispensables pour dépasser les limites auxquelles font face les équipements de défense actuels. Il s’agit également d’un des domaines d’excellence, une fois n’est pas coutume, de la recherche européenne, toute aussi active que discrète dans ce domaine. Mais toutes les grandes nations technologiques, aux premiers rangs desquelles les Etats-Unis, la Chine et la Russie, ont compris le rôle central que représente la maitrise de cette filière, et y consacrent de très importants investissements.
8- La Robotique
Il est rare de voir la recherche civile dépasser la recherche défense au point que les armées se tournent vers des prestataires civils pour s’équiper de materiels jugés sensibles. C’est pourtant ce qui s’est passé ces dernières années dans le domaine de la robotique, et plus particulièrement dans celui des drones légers. L’engouement des forces armées dans le monde pour ces petits drones capables de mener des reconnaissances, de faire du renseignement électronique, de transporter des charges comme des munitions ou des médicaments, et même de mener des attaques, n’a fait que croitre au fil des 5 dernières années. Et bien souvent, il s’agit de materiels initialement conçus pour des applications civiles, voir pour le divertissement.
Il faut admettre que les drones ont de nombreux atouts, en premier lieu celui de ne pas exposer de personnel. Ils sont donc parfaits pour mener des missions en zone de combat, d’autant que leur perte n’est pas considérée comme pénalisante. En outre, ils sont difficiles à detecter et à intercepter par les moyens traditionnels des forces armées, au point de voir, depuis quelques années, de nombreux programmes lancés pour justement contrer ce type de menace, comme des laser légers, des canons à micro-onde, ou des fusils à décharge électromagnétique.
Le biomimetisme est un des axes de progression de la robotique. Ici, un chien robot développé par une entreprise sud-coréenne
Mais les développements de la robotiques vont bien au delà des simples drones légers, recouvrant désormais des programmes touchant l’ensemble des forces armées, et l’ensemble des besoins. Qu’il s’agisse de robots terrestres spécialisés dans le transport de blessés ou le déminage de zone, de navires de surface autonomes comme de drones sous-marins pour la collecte de renseignement ou le déminage, ains que des robots médicaux ou des drones spatiaux, la robotique est entrée dans le quotidien du combattant, au point que l’on imagine mal, désormais, pouvoir s’en passer. Ces développements ne vont pas sans poser d’importantes questions opérationnelles et éthiques, notamment concernant la délégation de la décision de tir. De nombreuses armées occidentales restent encore indécises dans ce domaine, en dépit de l’avancée rapide d’autres pays pour lesquels la question morale se pose moins, voir ne se pose pas du tout.
Par son accessibilité technologique et financière, la robotique constitue également une arme de prédilection dans la réponse du faible au fort. On le constate notamment en Syrie, ou les rebelles islamistes ont mené plusieurs attaques par drones avec succès contre la base aérienne de Hmeimim où stationnent les forces aériennes russes déployées dans le pays, et face auxquels les systèmes de défense à courte portée TOR et Pantsir S2 rencontrèrent d’importantes difficultés, avant que la parade ne soit trouvée par les militaires russes. Il en va de même en Arabie saoudite, qui a subi plusieurs attaques par drones sur des installations critiques menées par l’Iran et les rebelles Houthis.
Les drones légers représentent aujourd’hui un enjeu important, tant du point de vue offensif que défensif, pour les armées.
En outre, l’integration massive des drones et des technologies robotiques à l’action militaire augmente l’exposition au risque cyber des forces, ainsi qu’au brouillage électromagnétique, des domaines d’excellence de certains pays comme la Russie et la Chine. Ce dernier point est devenu à ce point préoccupant que certaines armées occidentales ont entrepris d’entrainer leurs forces à combattre en situation très dégradée, c’est à dire sans accès aux systèmes d’information et de combat ni aux renseignements procurés par les drones.
Du fait de sa dimension civile, la robotique est aujourd’hui une technologie largement distribuée, et de nombreux pays ont des programmes de recherche dans le domaine, couvrant l’ensemble des domaines. Mais deux pays se détachent du lot. Les Etats-Unis en premier lieu, de part l’excellence des recherches dans ce domaine menées depuis des décennies par la DARPA, conférant au pays des savoir-faire très avancés. Le second pays est naturellement la Chine, qui elle aussi a rapidement compris le rôle crucial de ces technologies, et développé de nombreux programmes, notamment dans le domaine des drones de combat, au sujet desquels le pays se positionne devant les Etats-Unis en matière d’exportation. En outre, l’immense majorité des composants permettant de concevoir des drones légers proviennent des usines chinoises, ceci ayant amené le Pentagone à bannir l’utilisation de ces composants comme des drones légers provenant de ce pays.
9- La Bionique
La bionique couvre l’ensemble des technologies permettant d’interconnecter un organisme ou un tissu vivant avec une technologie Electro-mécanique. Au delà des clichés portés par le cinéma et les séries télévisées, la bionique englobe de nombreux domaines, allant des exosquelettes permettant d’accroitre l’endurance et la force d’un soldat aux casques permettant de piloter un ordinateur par la pensée, en passant par des prothèses pour remplacer un membre ou un organe d’un militaire blessé.
Si la technologie est encore balbutiante, elle n’est pourtant pas nouvelle. En effet, le stimulateur cardiaque n’est autre qu’une des premieres applications de la bionique. Le premier stimulateur cardiaque autonome a été implanté en 1958 en Suède par l’équipe du professeur Åke Senning sur un patient du nom de Arne Larsson, qui mourut en 2001 à l’age de 86 ans. Depuis, la bionique a évolué au rythme des découvertes scientifiques dans les domaines de la médecine, de l’électronique, de la robotique et, de manière moins intuitive, des batteries.
droit sorti d’un film de science-fiction, l’exosquelette X2 de Raytheon donne une vision des capacités offertes par cette technologie. On remarque le cable d’alimentation, l’énergie étant aujourd’hui le principal frein à son developpement
Dans le domaine de La Défense, la bionique moderne ouvre de nombreuses possibilités, qu’il s’agissent d’accroitre les capacités physiques du combattant, de permettre de piloter les équipements technologiques qui l’entourent, ou plus simplement de communiquer et de connaitre son environnement. Tous ces domaines ont pour objet d’accroitre les performances opérationnelles du combattant, de sorte à lui fournir un avantage décisif au combat. Mais ils offrent également d’immenses perspectives pour le traitement des blessés, que ce soit pour remplacer des tissus endommagés voir des organes, que pour réduire la létalité des combats.
Les Etats-Unis, et plus particulièrement la DARPA, sont en pointe dans ces domaines, avec de nombreux programmes financés au cours des 20 dernières années. L’Europe les suit de prés, mais davantage du point de vu des applications civiles que militaires (comme souvent). La Chine et la Russie ont entrepris de rattraper leur retard il y a une dizaine d’années, et les premiers exosquelettes ont fait leur apparition dans la tenue Ratnik 3 qui devra équiper les combattants russes lors de la prochaine décennie.
10- Le Nucléaire
Pour conclure cette présentation, il est nécessaire de s’attarder sur un sujet qui surprendra probablement le lecteur, à savoir le nucléaire. En effet, les armes nucléaires sont en service depuis plus d’un demi siècle, et les développements technologiques dans ce domaine sont peu nombreux, notamment du fait de l’arrêt des essais consentis par les grandes nations dans les années 90, ainsi que par l’absence de besoin, les armes étant déjà largement suffisantes pour faire ce que l’on attend d’elles. Mais en l’occurence, il n’est pas question ici de bombes nucléaires, mais bel et bien d’énergie nucléaire …
En effet, une des conséquences majeures de l’apparition de ces nouvelles technologies, mais également de l’utilisation croissante de systèmes informatiques, dans les forces armées, se matérialise par un basculement profond du besoin en énergie, et notamment en énergie électrique. Jusqu’ici, c’était l’énergie produite par les carburants fossiles qui faisaient avancer les armées, littéralement parlant. Le carburant permet aux véhicules de rouler, aux blindés de combattre, aux aéronefs de voler, et aux fusées de mettre en orbite les satellites. Mêmes les munitions sont propulsées par une forme de carburant, la poudre. Or, l’arrivée des technologies comme les armes à énergie dirigée, les applications de l’électromagnétisme, ou encore la robotique, augmentent très sensiblement le besoin en énergie électrique, et offrent des alternatives au besoin en matière de carburant traditionnel.
Le programme PELE lancé par le pentagone vise à developper un mini-réacteur nucléaire transportable pour alimenter ses bases déportées.
Pour produire cette énergie électrique en grande quantité en simplifiant la chaine logistique, la solution la plus accessible repose sur l’énergie nucléaire, qui reste aujourd’hui la forme d’énergie la plus performante maitrisée. C’est la raison pour laquelle aux Etats-Unis, mais également en Chine et en Russie, d’importants travaux sont menés pour concevoir des générateurs électriques nucléaires de dimensions réduites, capables d’être embarqués dans un conteneur pour alimenter une base militaire, ou dans une torpille drone comme dans le cas de la Status-6 Poseidon russe. En outre, l’énergie électrique produite par le réacteur nucléaire peut être utilisée pour produire de l’hydrogène à partir d’eau, hydrogène pouvant servir de carburant pour les véhicules et aéronefs évoluants à partir de la base ou du navire, équipé de ce dispositif. Elle peut également servir à propulser des navires ou des aéronefs équipés de moteurs magnétohydrodynamiques le cas échéant.
De fait, la miniaturisation des réacteurs nucléaires devient un enjeu stratégique pour les actions militaires déportées, qu’elles soient terrestres, aériennes ou navales, et l’on comprend les raisons qui mènent les états-majors à s’intéresser à cette technologie. Reste que l’énergie nucléaire s’accompagne de risques importants, et surtout d’un besoin de compétences très difficiles à obtenir. C’est d’ailleurs un des principaux freins, bien davantage que le cout, au developpement d’une flotte propulsée par cette énergie. C’est également une des raisons pour laquelle des pays comme la Russie et la Chine maintiennent des flottes sous-marines à propulsion conventionnelle aux cotés de leurs sous-marins à propulsion nucléaire.
Conclusion
Alors que depuis les années 60, les technologies de défense ont connu une progression relativement linéaire, dont le but était avant tout d’accroitre les performances de technologies existantes, les années qui viennent risquent forts de voir apparaitre des technologies qui vont potentiellement engendrer une nouvelle évolution majeure dans l’histoire des conflits humains. Elles pourraient, en ce sens, représenter un nouvel age des technologies de défense, le 5ème pour être précis :
Le 1er age a été conditionné par les progrès de la métallurgie allant de l’antiquité au haut moyen-age (11ème siècle)
Le 2ème age pris le relais avec l’arrivée de la poudre et des armes à feu, jusqu’à la fin du 19ème siècle
Le 3ème age reposait sur l’utilisation du pétrole et l’arrivée des véhicules autonomes, jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale
Le 4ème age vit l’arrivée de l’électronique et des armes nucléaires, jusqu’à aujourd’hui
Le 5ème age verra la prédominance de la robotique, de l’énergie électro-magnétique à tous les niveaux de l’action militaire, ainsi que des technologies quantiques
Difficile de prédire la rapidité avec laquelle ces technologies entreront en service, ni même si elles répondront toutes aux attentes des militaires. Une chose est certaine, cependant, les conflits dans les années à venir n’auront que bien peu en commun avec ceux que nous avons connu jusqu’ici.
Depuis les premières années du conflit malien, la France a cherché à entrainer à ses côtés ses alliés européens. En effet, Paris rappelle régulièrement que la sécurité de la bande sahélo-saharienne est une affaire commune, puisqu’un chaos généralisé dans la région entrainerait une recrudescence de l’immigration irrégulière mais aussi des attentats terroristes perpétrés contre des intérêts européens, et pas seulement français.
Si plusieurs partenaires ont déployé au Mali ou au Niger un peu de troupes et de matériel, notamment des hélicoptères lourds, la France reste la principale nation européenne engagée aux côtés des pays du G5 Sahel : Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie. Il y a près d’un an, toutefois, la Ministre des Armées Florence Parly avait demandé aux pays européens de déployer leurs forces spéciales au Sahel afin de participer à la formation des militaires locaux. En novembre 2019, le projet avait pris forme : le groupement européen des forces spéciales s’appellera Takuba et sera déployé au Mali dès 2020. Les spécialistes envoyés au Sahel se chargeront d’une part de la formation du personnel militaire local, comme c’est désormais devenu habituel dans la région. D’autre part, ils devront accompagner les forces armées maliennes afin de leur apprendre à mieux tenir le terrain, directement au contact de l’ennemi.
L’entrainement des forces locales fait déjà partie intégrante des missions effectuées par les troupes régulières et les forces spéciales françaises déployées au Sahel
Depuis vendredi 27 mars, c’est désormais chose faite : la force Takuba a été créée, même si sa composition exacte reste à définir. On sait ainsi qu’environ 500 membres des forces spéciales européennes seront déployés pour l’accompagnement des forces armées maliennes. Au moins cent d’entre eux seront français, et viendront s’ajouter aux opérateurs des forces spéciales déjà déployés sur place dans la Task Force Sabre. Les 400 autres hommes et leur matériel viendront des différents pays engagés dans la Task Force Takuba.
Ce regroupement européen de forces spéciales sera déployé dans la région de Liptako, la fameuse zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger où sévit notamment l’Etat Islamique dans la Grand Sahara. Sous commandement français, la force européenne Takuba sera intégrée à l’opération Barkhane, afin de permettre une parfaite coordination des différents opérations alliées menées dans le secteur, y compris avec les différentes missions de l’Union Européenne et de l’ONU. A terme, l’objectif de Takuba est d’offrir plus d’autonomie aux forces armées maliennes et, plus tard, à l’ensemble des membres du G5 Sahel. Avec des troupes locales mieux formées, et avec surtout la constitution d’un noyau de formateurs dans chaque pays, la dépendance aux forces de sécurité européennes pourrait diminuer dans les années à venir, ce qui permettrait de revoir à la baisse l’opération Barkhane elle-même.
Si les Britanniques ne devraient apporter qu’un soutien politique à Takuba, ils restent régulièrement engagés aux côtés des français dans le cadre de l’opération Barkhane.
Pour l’heure, une dizaine de pays européens assurent leur soutien politique à cette initiative : l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Estonie, la France bien entendu, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni et la Suède. Certains, cependant, ont déjà annoncé que leur participation serait, au mieux, symbolique. Les Pays-Bas, notamment, mais aussi la Belgique, pourraient n’envoyer que quelques officiers d’état-major, faute de personnel disponible, comme nous l’apprend Nathan Gain de Forces Operations Blog. Cela ouvrirait cependant la voie à un renforcement ultérieur de leurs effectifs. En effet, si une capacité opérationnelle initiale est attendue pour cet été, la Task Force Takuba ne sera pleinement opérationnelle qu’au début de l’année 2021, permettant notamment aux forces belges de venir renforcer leur dispositif local entre temps si elles le souhaitent et le peuvent.
L’autre déception, en demi-teinte pour l’instant, est venue de Scandinavie. En début d’année, il était encore espéré que la Suède, la Finlande et la Norvège fournissent une part importante du dispositif, tant en terme d’effectifs que de moyens aériens, drones et hélicoptères en premier lieu. Malheureusement, la Finlande n’a finalement pas souhaité adhérer politiquement au regroupement. Et les forces norvégiennes, malgré une véritable motivation, ne semblent pas avoir eu le soutien politique pour un déploiement au combat. De gros espoirs reposent encore sur la Suède, qui pourrait déployer 150 hommes et plusieurs hélicoptères, pour peu que le Parlement donne son aval. Il en va de même d’ailleurs pour la République Tchèque, qui attend un accord pour l’envoi d’une soixantaine d’hommes.
De plus, comme toujours, l’Allemagne a encore une fois
refusé de déployer des troupes dès lors que des combats sont possibles et
envisagés. Pour Paris, l’affaire est d’autant plus décevante que Berlin aurait
très bien pu participer à Takuba sur les seuls volets « logistique » et
« formation », ce qui aurait permis aux importants moyens militaires de
Berlin de venir épauler les capacités françaises surexploitées depuis des
années dans cette région.
Avec les nombreux entrainement réalisés par l’OTAN dans les pays Baltes ces dernières années, les forces spéciales estoniennes disposent aujourd’hui d’un très bon niveau opérationnel.
Ainsi, pour le moment, seuls les forces françaises,
danoises, estoniennes et portugaises semblent véritablement investies dans la
première phase de déploiement de Takuba, avec encore de sérieux espoirs en
direction de Stockholm et de Prague. Dans les mois qui viennent, rien n’empêchera
bien évidemment d’autres pays européens à se joindre à l’initiative, bien
évidemment. Au-delà de l’intérêt sécuritaire qu’un tel déploiement offrirait à
l’Europe, une opération conjointe de cette ampleur, sur le terrain, offrirait
un retour d’expérience précieux pour les forces spéciales des petites nations
européennes, particulièrement depuis le retrait d’un grand nombre de troupes d’Afghanistan.
Reste, comme souvent, un certain sentiment de frustration vis-à-vis des opérations conjointes en Afrique, particulièrement depuis que les réductions d’effectifs en Belgique et les coupes budgétaires au Royaume-Uni ont contraint ses deux pays à réduire leurs engagements sur place. Alors que Paris et Berlin cherchent à se présenter comme le couple fort de l’Europe de la Défense, au moins sur le plan industriel, l’Allemagne ne semble toujours pas prête politiquement à assumer sa défense territoriale au-delà des frontières européennes. L’évolution de la Task Force Takuba au cours de l’année à venir devra donc être surveillée de près, un succès d’estime pouvant rapidement mener à un élargissement du dispositif. Malheureusement, l’évolution de la situation sanitaire mondiale, dans les prochains mois, pourrait bien faire à nouveau passer la situation sécuritaire du Sahel au second plan médiatique et politique.
Le destroyer furtif de nouvelle génération Zumwalt, première unité de la classe éponyme de l’US Navy, va prochainement finaliser l’installation de son système de combat, selon une source citée par le site Defensenews.com, permettant au navire d’être enfin déclaré opérationnel, presque 4 années après son entrée en service. Commandé en 2016 à BAe pour un 192 m$, ce système de combat permettra à l’équipage de fusionner les données des détecteurs avec les données des systèmes d’armes et des systèmes de communication, de sorte à rendre le navire autonome et efficace au combat.
Mais le Zumwalt, comme la classe de destroyers qui porte son nom, n’est plus que le fantôme des ambitions de l’US Navy qu’il représentait. Lancé en 2005, le programme Zumwalt devait permettre de construire 32 destroyers de nouvelle génération, incorporant le meilleur des différentes technologies qui équipent les navires de combat, et destiné à prendre le contrôle de l’espace maritime, apporter un appui feu incomparable aux forces de débarquement et forces terrestres engagées . En ce sens, les Zumwalt relevaient d’ailleurs bien davantage de la definition du croiseur que du destroyer, ses dimensions de 190 m de long et son deplacement de plus de 15.000 tonnes confortant ce classement. Mais l’étrangeté de la classification des Zumwalt n’est malheureusement qu’un épiphénomène tant le programme s’est révélé désastreux.
Comme pour la classe Zumwalt, les hélicoptères d’attaque légers RAH-66 Comanche font parti de ces programmes avortés dans les années 2000, après qu’il ai couté 14 Md$ aux contribuables américains
A l’instar des sous-marins Sea Wolf, de l’hélicoptère Comanche et du programme TFV de l’US Army, le programme Zumwalt a surtout vu ses coûts exploser au fil des développements, passant d’un prix unitaire de 1,5 Md$ initialement, à 4,5 Md€ dix années plus tard. Dans le même temps, les capacités opérationnelles espérées pour le navire se sont avérées inaccessibles. Ainsi, le système d’artillerie Advanced Gun System, deux canons automatiques de 155mm mettant en oeuvre des obus de précision Long Range Land Attack Precision, a vu le prix unitaire des munitions passer de 10.000 $ à plus de 1 m$ au fil des développements, rendant fondamentalement inutilisables les 2 canons de chaque navire, pourtant le coeur du système d’armes.
Le nombre de bâtiments fut ramené progressivement de 32 à 3 unités, avec un budget total pharaonique de 22,5 Md$, soit prés de 7,5 Md$ par navire, une fois intégrés les couts de developpement. Et pour ce prix, les Zumwalt n’emportent que 20 modules de 4 silos verticaux Mk47, soit 80 silos au total, pour mettre en oeuvre un panache de missiles anti-navires Tomahawk, de missiles anti-sous-marins ASROC et de missiles d’autodéfense ESSM anti-aériens, ainsi que, depuis peu, le missile polyvalent lourd SM-6, sans que ce dernier puisse être employé dans sa fonction anti-missile balistique toutefois. En effet, le radar SPY-3 qui équipe le navire n’a pas les capacités à engager ce type de cible, et le navire ne peut non plus mettre en oeuvre le missile anti-aérien SM2 à longue portée qui équipe les destroyers Arleigh Burke et les croiseurs Ticonderoga.
Gros plan sur le pont avant du Michael Mansoon, deuxième unité de la classe Zumwalt. Remarquez l’absence de silos de lancement verticaux. Ceux-ci sont repartis le long de la coque pour mieux resister en cas de dégâts
Quand au système d’artillerie, il reste pour l’heure totalement inutilisable. Conçu pour ne mettre en oeuvre que des obus LRLAP, trop chers pour être en dotation, ils n’ont pas été modifiés pour tirer des obus d’artillerie plus traditionnels comme le Volcano italien, qui pourtant a fait ses preuves en matière d’artillerie navale. Et si les Zumwalt disposent d’un sonar d’étrave et d’un sonar à profondeur variable SQR-20, il n’aurait cependant pas les performances des destroyers Burke concernant la lutte anti-sous-marine en haute mer, d’autant que le navire ne dispose d’aucun tube lance-torpilles, et devra donc s’en remettre à ses ASROC et à son hélicoptère embarqué pour prendre à partie un éventuel submersible. De fait, le Zumwalt, et son sister-ship le Michael Monsoor qui recevra son système de combat d’ici la fin d’année, apparaissent désormais comme limités aux missions anti-navires, restreignant de fait lourdement leur utilité opérationnelle.
Mais tout n’est pas perdu pour les Zumwalt. Ainsi, sa propulsion électrique repose sur 4 turbines à gaz Rolls-Royce développant une puissance totale de 78 MW, soit une puissance suffisante pour y intégrer des armes à énergie dirigée à très haute puissance, ou un canon électrique, dés lors que l’une ou l’autre de ces technologies sera suffisamment mature pour équiper un navire de combat. En outre, les développements actuels en matière d’artillerie à longue portée, basée principalement sur des pièces de 155 mm en occident, permettront probablement, dans un avenir proche, de remplacer les Advanced Gun System par des tourelles simples voire bi-tubes à haute cadence de tir capables de propulser des obus guidés à prés de 100 km de portée, redonnant aux Zumwalt les moyens de recoller à leur concept initial.
L’arrivée d’obus de nouvelle génération à longue portée comme le Vulcano de Leonardo et BAe pourrait permettre aux canons de 155mm des Zumwalt de retrouver leur fonction initiale de soutien des forces à terre
Toutefois, si d’ici quelques années, les 3 Zumwalt pourront effectivement atteindre le degré d’efficacité espéré initialement, il n’en demeure pas moins que ce programme reste un immense gâchis de moyens, gâchis que l’US Navy paie chère aujourd’hui alors qu’elle doit moderniser et renforcer sa flotte de surface concomitamment à sa flotte de sous-marins. Ce programme est à l’image de la majorité des programmes de défense US des années 90 et 2000 basés sur des ambitions technologiques excessives et des hypothèses budgétaires et de délais trop optimistes. Entre 2000 et 2015, les armées américaines ont annulé ou réduit à minima plus de 10 programmes majeurs, entrainant la perte de plus de 100 Md$ de crédits d’équipements, soit l’equivalent du PIB des 3 états baltes réunis. Quand aux quelques programmes qui parvinrent à atteindre leurs objectifs, ils le firent avec une explosion des coûts et des délais, comme pour le F35, le KC-46 ou encore le Littoral Combat Ship.
Dans les circonstances actuelles, avec le retour des tensions entre grandes nations technologiques, les Etats-Unis, pas plus que leurs alliés, ne peuvent désormais se permettre de dépenser des crédits d’équipements de défense non efficaces. Il sera, alors, indispensable, comme nous l’avons abordé dans un autre article, de repenser en profondeur les paradigmes qui président à la stratégie militaire et au pilotage des programmes d’équipements des armées, pour être en mesure de relever le défis lancé par la Chine, et dans une moindre mesure, par la Russie.
Depuis son départ de Toulon le 22 janvier, le porte-avions
Charles de Gaulle a été bien occupé en Méditerranée puis dans l’Atlantique
Nord, comme
nous l’avions déjà évoqué dans nos lignes. Entre opérations anti-terroristes,
manœuvres de démonstration diplomatique et autres exercices interalliés, le
groupe aéronaval (GAN) français est également mis à profit pour tester et
valider de nouvelles capacités tactiques. Ça a notamment été le cas le 17 mars
dernier quand le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) participant à l’escorte
habituelle du Charles de Gaulle a été utilisé pour désigner
une cible de surface (simulée) au profit des chasseurs Rafale M du porte-avions,
dans le cadre d’un exercice « linkex ».
Techniquement, toutefois, cette
désignation de cible ne s’est pas faite directement entre le SNA et les Rafale,
mais a transité par un avion-radar E-2C Hawkeye qui agit alors en tant qu’avion
de commandement pour les chasseurs. Cet exercice « linkex » ouvre néanmoins
la voie à de nouvelles capacités de veille navale collaborative qui devraient
considérablement s’étendre avec l’arrivée de deux nouveaux atouts pour la
Marine nationale : le
SNA de nouvelle génération de type Barracuda et le
Rafale M au standard F4, que nous avons tous deux abordés en détail dans
des articles dédiés.
Les Rafale peuvent engager des cibles de surface fortement défendues avec des missiles Exocet, mais également de nombreuses cibles plus petites, par le biais de bombes AASM. La détection, la reconnaissance et la désignation de ces cibles peut se faire par le biais du radar interne de l’appareil, par un avion-radar dédié, un navire de surface ou bien un sous-marin.
Pour l’heure, l’exercice mené dans l’Atlantique Nord le 17 mars s’est déroulé assez classiquement. Le SNA de type Rubis a repéré une cible simulée alors qu’il était en plongée. Il est remonté en immersion périscopique et, par le biais de sa liaison tactique navale L11, a transféré les coordonnées de la cible à l’avion-radar E-2C Hawkeye qui évoluait à environ 150 nautiques (277km) de là. Ce dernier a ensuite, comme il en a l’habitude, dépêché sur place une patrouille de Rafale M qui ont engagé la cible de surface.
Sur le plan opérationnel, le fait de passer par un Hawkeye
ne pose pas intrinsèquement de problème : ces avions sont conçus pour
détecter des cibles mais aussi pour contrôler et commander des opérations
aériennes. Il s’agit donc d’une procédure classique et bien maîtrisée, même s’il
est assez rare que la source initiale de la désignation provienne d’un
sous-marin. Néanmoins, dans un contexte actuel de combat multi-domaine de plus
en plus numérisé, l’obligation de transiter l’information par un Hawkeye rallonge
nécessairement la boucle de décision et d’intervention. Il s’agit,
malheureusement, d’une limitation intrinsèque à la liaison L11.
Un E2-C Hawkeye pret à être catapulter sur le pont du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle. Ces avions-radars ne servent pas qu’à la détection de cibles, ils peuvent aussi assurer un contrôle aéronaval à distance ainsi que le commandement de raids aériens complexes.
La L11 est en effet une liaison de donnée tactique navale
dont l’origine remonte aux années 1960. Conçue pour permettre aux navires de l’OTAN
d’échanger des informations sur la position des cibles ennemies, la L11 peut
porter à plusieurs centaines de kilomètres. Elle nécessite cependant un
équipement encombrant, ce qui n’est pas un problème sur un navire mais est très
limitant pour un aéronef. Ainsi, les chasseurs en sont habituellement
dépourvus, et seuls les avions volumineux comme les Atlantique 2 et les E-2C
Hawkeye de la Marine ou encore les E-3F AWACS de l’Armée de l’Air en sont
équipés.
Par chance, la L11 est aujourd’hui en fin de vie et sa
remplaçante, la L22, a déjà
commencé à être déployée. Plus moderne, avec un meilleur débit, la L22 sera
également pleinement compatible avec la L16, la liaison de donnée standard des
avions de combat de l’OTAN. Ainsi, un Rafale M doté de L16 peut d’ores et déjà
recevoir une désignation de cible de la part d’une FREMM équipée de L22, sans
avoir à faire transiter l’information par le Hawkeye. Lorsque le Suffren –premier
SNA du programme Barracuda– sera en service, ce dernier devrait également être
en mesure de communiquer directement avec des chasseurs via sa L22 compatible
L16. L’ordre d’engagement pourra toujours provenir d’un Hawkeye, si les règles
d’engagement l’exigent, mais le transfert des données actualisées vers les
Rafale pourra se faire en lien direct avec le sous-marin, même si ce dernier
est hors de portée radio de l’avion de commandement.
Le Suffren devrait entrer en service d’ici moins d’un an. Par rapport aux bâtiments de classe Rubis, les Barracuda disposeront notamment de nouveaux capteurs et de moyens de communication plus modernes.
A terme, toutefois, il sera possible d’agir de manière
encore plus rapide et directe, avec un transfert d’informations bien plus
conséquentes. En effet, dans le cadre du standard F4, le Rafale devrait
progressivement incorporer une antenne de communication satellitaire compatible
avec les satellites SYRACUSE des armées françaises. Ce système se retrouve déjà
à bord des unités de surface et sous-marines françaises, mais les nouveaux Rafale
F4 et les avions portés progressivement à ce standard pourront dès le milieu de
la décennie en profiter pleinement à leur tour.
Sur le plan de la veille coopérative navale, le champ d’application des SATCOM est gigantesque, en particulier pour l’interaction entre les vecteurs aériens et sous-marins. Ainsi, la question de la distance des communications n’entre plus en ligne de compte. Alors que les communications radios UHF ont une limite d’environ 150 nautiques entre un sous-marin en surface et un aéronef, la SATCOM permet d’échanger des données à plusieurs milliers de kilomètres.
Au sein du programme SCAF franco-germano-espagnol, l’établissement d’un système de communication et de partage standard entre les différents vecteurs aériens, notamment ceux de patrouille maritime, est central. Ce système de communication sera bien évidemment interfacé avec les principaux systèmes de combat terrestres et navals afin de faciliter les actions multidomaines.
Un SNA pourra ainsi s’éloigner sans risque avant de remonter
à profondeur périscopique pour communiquer avec des Rafale. Il sera également
possible de coordonner plus facilement des attaques conjointes
sous-marins/chasseurs provenant de deux vecteurs diamétralement opposés. De
plus, on peut parfaitement imaginer qu’une telle capacité soit étendue au-delà
de la frappe contre des cibles maritimes. Un sous-marin posté à proximité d’une
côte adverse pourra ainsi transmettre directement les positions côtières de l’ennemi,
mais également des images ou des informations sur les signaux radars adverses,
afin de faciliter la pénétration d’un raid de Rafale.
Bien évidemment, L22 et liaisons satellitaires ne profiteront pas qu’aux seuls Rafale, qu’ils soient opérés par la Marine ou l’Armée de l’Air. Comme les frégates FREMM aujourd’hui, les SNA Barracuda devraient avoir des capacités de coopérations aéronavales très développées, que ce soit avec des Rafale, des avions de patrouille maritime, des hélicoptères embarqués ou, demain, des drones basés à terre ou sur des navires. Grâces aux moyens de communication et de traitement de l’information en cours de développement et de déploiement, il sera possible de raccourcir à l’extrême la boucle décisionnelle et le tempo opérationnel. Ce qui imposera aussi de modifier la manière dont sont rédigées les règles d’engagement afin d’offrir plus de liberté tactique aux bas échelons décisionnels sans transiger pour autant sur les questions de sécurité.
Il y a quelques semaines, Tokyo avait annoncé ne pas retenir les offres européennes de co-production pour son programme de chasseur de nouvelle génération, nommément les discrètes approches françaises et surtout l’offre britannique portée par BAe. En revanche, les offres d’assistance américaines de Lockheed-Martin d’une part, et de Boeing de l’autre, restaient sur la table. Aujourd’hui, il semble que les espoirs américaines soient déçus, puisque les autorités nippones ont annoncé que le programme F-3 serait développé sur une architecture purement nationale.
Concrètement, la cellule et les commandes de vol de l’appareil destiné à remplacer les chasseurs légers F-2 des forces d’autodéfense japonaises, seront entièrement développées sur place. En revanche, d’autres éléments constitutifs de l’appareil comme les moteurs, le radar, ou le système de combat, pourront encore donner lieu à des partenariats avec des entreprises internationales. Tokyo précise que cette décision a été basée avant tout sur les bons résultats enregistrés par le démonstrateur X-2, qui fit son premier vol en 2016. Développé par Mitsubishi depuis le milieu des années 2000, le X-2 est le démonstrateur du programme ATD-X, pour Advanced technology Demonstrator-X, mis en oeuvre par l’Institut de developpement des Technologies Avancées du Ministère de La Défense nippon.
Le X-2 Shinshin est équipé de deux turboréacteur IHI XF5.1 à flux vectoriels
Long de 14 m (56 ft) pour 9 m (29 ft) d’envergure, le X-2 a une masse à vide de 9,7 tonnes (22.000 lb). Il est propulsé par deux moteurs IHI XF5.1 conçus et fabriqués par le groupe Ishikawajima-Harima, développant chacun 5 tonnes de poussée (11.000 lb), malgré des dimensions réduites de 3 m pour une masse inférieure à 650 kg, moitié moins qu’un GE F414 qui ne développe que 10% de poussé supplémentaire. Le démonstrateur a également intégré des commandes de vol en fibre optique, et une poussée vectorielle, lui offrant une excellente manoeuvrabilité. La furtivité est un des points clés du programme X-2, et ce dernier a fait l’object de recherche avancée dans ce domaine. Selon les déclarations de ses concepteurs, le démonstrateur aurait une surface équivalente radar en secteur frontal comparable à celle d’un « hanneton à plus de 10 km », ce qui mettrait l’aéronef au même niveau de le F35 dans ce domaine.
Reste que, si le X-2 a donné d’excellents résultats, le chemin reste encore long avant de pouvoir le transformer en un avion de combat. Ainsi, les moteurs XF5.1 sont des moteurs expérimentaux, et il est probable que le F3 de série soit équipé d’un moteur de substitution ayant fait ses preuves, tant il est long et ardu de rendre fiable le moteur d’un avion de combat. Les difficultés rencontrées dans le domaine par la Chine et l’Inde, et ce malgré des dizaines d’années d’investissements élevés, le démontrent. En occident, il n’y a cependant que deux moteurs répondants aux critères de compacité et de puissance comparables à ceux du XF5.1. Le premier est le F414 de General Electric, qui équipe notamment le F/A 18 E/F Super Hornet ou le Gripen E/F suédois, long de 3,9 m pour 1.110 kg de masse à vide, il développe une poussée de 5,7 tonnes (13.000 lb) à sec, 9,8 tonnes (22.000 lb) avec post-combustion. Le second est le M88 de Safran, qui propulse le Rafale français, long de 3,5 m pour 900 kg à vide, qui développe 5 tonnes à sec et 7,5 tonnes avec post-combustion. Ces deux moteurs offrent des performances et des dimensions compatibles avec celles requises par le X-2.
Le F2 est une version locale et modernisée du F16C américain.
Il est interessant de noter que le nom de la société Northrop Grumman n’a pas été cité par le communiqué nippon. Cette société proposait à Tokyo un design dérivé de son YF-23, le concurrent malheureux de la competition qui l’avait opposé au YF-22 de Lockheed-Martin. Or, si ce design ne répond clairement pas aux besoins immédiats des forces d’autodéfense japonaises qui souhaitent remplacer leurs F2, un appareil léger dérivé du F16 construit sous licence et modifié par l’industrie locale, il pourrait par contre parfaitement répondre aux attentes concernant le remplacement des F15J, même si ces derniers vont jouer les prolongations dans les années à venir. On peut dès lors imaginer que Tokyo tente concomitamment de négocier avec Washington les autorisations nécessaires pour developper une chasseur lourd dérivé du YF-23, alors que dans le même temps, l’industrie nippone développerait un appareil plus léger, aussi bien pour remplacer les F2 que pour renforcer ses compétences en matière d’aéronautique de défense.
Northrop Grumman a proposé à Tokyo son YF23, qui pourrait bien représenter un remplaçant de choix au F15J nippons
Cette approche permettrait également aux autorités japonaises de satisfaire aux exigences du président Trump concernant l’augmentation des dépenses d’armement du pays concernant des équipements américains. En commençant par fermer la porte aux entreprises US concernant le programme F3, Tokyo se retrouverait en position de force pour négocier auprés de Washington les autorisations d’un partenariat avec Northrop concernant le YF-23. Rappelons à ce titre que la decision de developper le programme ATD-X a été prise par Tokyo suite au refus américain d’exporter le F-22. Le developpement d’un tel appareil de la gamme des chasseurs lourds dépassant les 32 tonnes, permettrait aux forces d’autodéfense d’avoir l’allonge suffisante pour couvrir si besoin les forces navales dans leurs missions défensives face à la flotte chinoise, ou face aux chasseurs à long rayon d’action chinois comme le J20 ou le Su35 et ses bombardiers lourds comme le H6 ou le futur H20. En l’absence de profondeur strategique pour organiser ses défenses, le Japon se doit d’assurer celles-ci le plus amont possible, et donc de disposer des moyens pour y parvenir.
Avec l’évolution et la maturation
des technologies d’aéronefs sans pilotes, les besoins militaires en drones
logistiques connaissent aujourd’hui une forte accélération. En France,
l’entreprise bordelaise Reflet du Monde compte se démarquer sur ce secteur avec
un quadcoptère lourd capable de déplacer des charges d’une quinzaine de kilos,
le RDM MIL.
Dérivé du RDM AG qui connait un véritable succès dans le monde agricole, le RDM MIL est un drone de 30kg qui a déjà effectué différents essais en vol pour évaluer les configurations envisagées pour le monde militaire et celui de la sécurité civile. Après avoir testé la possibilité de transporter du matériel médical et des poches de sang dans des zones sinistrées difficiles d’accès, Reflet du Monde devrait prochainement effectuer une démonstration de transport logistique en collaboration avec l’Armée de Terre et la Direction Générale de l’Armement (DGA). L’épidémie de coronavirus pourrait cependant décaler dans le temps le programme de démonstration, mais aussi renforcer le besoin pour ce type d’équipements télé-opérés.
Un drone « lourd » pour les armées
En quelques années, les micro-drones se sont imposés dans toutes les branches des forces militaires et de sécurité. Ces petits drones hélicoptères, généralement dotés de quatre moteurs électriques, pèsent habituellement moins de 5kg et disposent d’une autonomie d’environ 20 ou 30min. Équipés de caméras et autres capteurs miniaturisés, ils servent d’outils de reconnaissance et de surveillance au profit de l’infanterie ou des unités mécanisées, mais aussi du génie ou des forces de sécurité. En France, c’est la société aixoise Novadem qui est souvent mise en avant, son drone NX70 ayant été sélectionné par la Gendarmerie Nationale mais aussi l’Armée de Terre, qui l’a déployé au Mali dès 2019.
Le RDM AG connait déjà un véritable succès dans le monde agricole. Ce quadcoptère relativement lourd pour un drone électrique sert de base au RDM MIL optimisé pour les usages militaires
Depuis quelques années, le
développement de la base industrielle française en matière de drones a permis
l’arrivée de nouvelles sociétés (start-up et TPE/PME) capables de proposer des
solutions innovantes pour de nouveaux usages. C’est notamment le cas de Reflet
du Monde, une entreprise bordelaise qui propose un drone lourd reprenant nombre
d’aspects techniques et opérationnels d’un micro-drone, mais disposant de
performances bien supérieures lui conférant une utilité logistique. Le RDM MIL,
puisque c’est de lui dont il s’agit, reprend ainsi l’architecture quadcoptère
de la plupart des micro-drones, son transport, son déploiement et sa mise en
œuvre s’apparentant également à ce type d’engins légers, mais à une échelle
supérieure. Avec ses 30kg dont 15kg de charge utile ainsi que son envergure
supérieure à 2m, il s’agit cependant d’une solution bien plus massive.
A l’origine, le RDM AG est un
drone conçu pour répondre aux besoins agricoles. Doté de charges modulaires, il
peut servir à la pulvérisation de produits de biocontrôle, à l’épandage de
semences ou encore le largage de micro-organismes capables de détruire de
manière naturelle certains parasites. A partir de ce modèle particulièrement
modulaire et polyvalent, Reflet du Monde a décidé de développer le RDM MIL,
spécifiquement adapté aux besoins des forces terrestres, de la marine et des
forces spéciales.
Pour l’heure, le RDM MIL se
présente comme un gros quadcoptère transportable dans une caisse adaptée et
déployable en quelques minutes. Son système d’emport modulaire lui permet
d’embarquer différentes charges utiles. Dans un premier temps, l’entreprise
propose ainsi d’effectuer des vols de démonstration sur un terrain de la DGA au
profit de l’Armée de Terre. Le RDM MIL devrait pour cela emporter un sac
commando d’une quinzaine de kilogrammes. Pour son utilisation agricole, le RDM
AG utilise un capteur de suivi de terrain lui permettant d’opérer de manière
automatique au ras du sol. Une telle capacité pourrait bien évidemment être préservée
pour un usage militaire et permettre au RDM MIL de ravitailler une unité isolée
dans la plus grande discrétion.
Conçus pour des emports modulaires très divers, les drones RDM AG et RDM MIL disposent d’une grande garde au sol. Cela permet l’emport de charges encombrantes comme ici un conteneur de transport isotherme pour poches de sang
D’autres usages sont également
envisagés. En environnement marin, depuis un navire en mer ou la côte, le RDM
MIL pourrait ainsi emporter et larguer un canot de sauvetage gonflable complet
Ce concept devrait être testé prochainement avec l’aide des Ateliers Bigata,
spécialistes des systèmes pressurisés qui fourniront le canot. De plus, l’engin
a déjà démontré sa capacité à transporter des poches de sang et du matériel
médical pour un usage civil, mais de telles performances pourraient également
intéresser les armées.
Reflet du Monde : une société 100% drones
Sur le plan technique, un RDM MIL
à pleine charge dispose d’une autonomie d’environ 20min, mais celle-ci peut
être portée à 45min ou 1h pour peu que la charge emportée soit plus réduite.
Pour l’heure, Reflet du Monde peut proposer une version militarisée de son RDM
AG rapidement, afin de répondre aux éventuelles urgences opérationnelles. Mais
la société travaille déjà en interne sur des axes d’amélioration pour le RDM
MIL. D’une part, la portée de l’engin reste pour l’instant limitée à quelques
kilomètres, mais l’entreprise bordelaise travaille sur le développement de
liaisons de communication à longue portée. D’autre part, afin de diminuer
l’impact négatifs des batteries sur la charge utile, une solution de propulsion
hybride thermique/électrique serait à l’étude afin d’augmenter l’autonomie à
pleine charge.
Si Reflet du Monde n’a pour
l’instant pas fourni de drones aux armées françaises, l’entreprise n’est pas
une inconnue du monde de la défense. En effet, Reflet du Monde ne se contente
pas de concevoir et produire des drones. Si son bureau d’étude est capable de
développer des solutions techniques sur-mesure pour ses clients, Reflet du
Monde propose également des solutions sur étagère, peut réaliser des
prestations avec son propre matériel mais aussi former de futurs opérateurs de
drones. En tant que centre de formation agréé pour télépilotes, Reflet du Monde
a ainsi été amené à former des opérateurs des forces spéciales du 13e Régiment
de Dragons Parachutistes et devrait prochainement former ceux de la Direction
Générale de l’Armement.
Si l’allure générale du RDM MIL rappelle celle des mini-drones quadcoptères, cette photo permet de pleinement réaliser l’envergure du modèle présenté par Reflet du Monde
Grâce à son large niveau
d’expertise, Reflet du Monde pourrait ainsi parfaitement développer un RDM MIL
spécialement adapté aux besoins des armées françaises, le distribuer et former
ses futurs opérateurs militaires. Pour l’heure, la version commerciale du RDM
AG utilise certains équipements électroniques et mécaniques produits à
l’étranger, notamment pour les contrôleurs de vol physique. Spécialisé dans le
développement d’aéronefs, Reflet du Monde indique néanmoins pouvoir intégrer
facilement des cartes électroniques conçues et fabriquées et France. Un partenariat
sur le long terme pourrait d’ailleurs être noué avec un spécialiste français de
l’électronique embarquée à bord des drones, afin de permettre de répondre aux
mieux aux exigences de sécurité des forces armées.
Une actualité compliquée par l’épidémie de coronavirus
Comme pour beaucoup de sociétés
de défense de toutes tailles, l’activité de Reflet du Monde a été fortement
perturbée par la crise sanitaire actuelle autour de l’épidémie de Covid-19. A
l’origine, la société bordelaise devait inaugurer ses nouveaux locaux cette
semaine, un espace de 450m2 dédié à l’ensemble des activités de l’entreprise :
espace de vente, salles de formations, bureaux d’étude, ateliers de production,
stockage, etc. De plus, la démonstration d’emport d’un sac commando au profit
de l’Armée de Terre devait également avoir lieu dans les jours qui viennent,
mais sera décalée à des jours meilleurs.
Reflet du Monde a bien entendu déjà effectué des essais d’intégration et de vol avec un sac commando. L’étape suivante, initialement prévue dans les semaines à venir, consistera à démontrer l’intérêt logistique du RDM MIL devant des représentant de l’Armée de Terre
Cependant, comme pour Shark Robotics dans le domaine des drones terrestres, il se pourrait que Reflet du Monde puisse offrir ses compétences dans la gestion de la crise du coronavirus et de ses conséquences à moyen terme. Comme pour le RHYNO PROTECT terrestre, le RDM AG ou le RDM MIL pourraient être utilisés pour la désinfection et la décontamination de larges espaces. De fait, le RDM AG est déjà qualifié pour la pulvérisation de produits de bio-contrôle, et dispose des capteurs permettant de le faire de manière sécurisée.
A plus long terme, pour une intervention sur de futures épidémies ou crises humanitaires, des RDM MIL ou dérivés pourraient parfaitement être utilisés pour transporter de l’équipement médical, des poches de sang, des médicaments ou des vivres vers des hôpitaux et dispensaires, sans exposer de personnel à des risques de contamination. Avec un drone conçu en France, avec une forte charge utile, une capacité de décollage vertical et nécessitant peu de logistique pour sa mise en œuvre, Reflet du Monde dispose aujourd’hui d’un produit inédit sur le marché français.