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Avec un an d’avance, l’US Air Force sélectionne Raytheon pour le futur missile nucléaire embarqué par ses bombardiers

En 2012, en raison des accords de désarmements signés entre les USA et la Russie, l’USAF retirait du service son missile nucléaire le plus moderne mais également le plus complexe et coûteux à l’entretien : l’AGM-129 ACM. Aujourd’hui encore, à l’exception des bombes nucléaires non-guidées emportées par les chasseurs américains et le bombardiers furtif B-2A, les seuls missiles de croisière nucléaires de l’USAF sont les AGM-86 ALCM embarqués exclusivement à bord du vénérable B-52H.

La situation des forces aériennes stratégiques américaines devrait toutefois rapidement évoluer dans les années à venir. D’une part, l’US Air Force devrait commencer à percevoir ses nouveaux bombardiers furtifs B-21 Raider dès le milieu de la décennie, permettant ainsi de remplacer progressivement les B-1B Lancer à bout de souffle mais aussi les B-2A Spirit, toujours vaillants mais bien trop chers à l’emploi. D’autre part, et avant même que le Raider ne soit pleinement opérationnel, l’armée de l’air américaine devrait mettre en service un tout nouveau missile de croisière nucléaire, attendu pour la deuxième moitié de la décennie 2020.

AGM 129A 2006 0306 b52 2lg Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Très en avance sur son temps, l’AGM-129 de Raytheon était un missile furtif de très longue endurance. Raytheon dispose aujourd’hui d’une indéniable compétence en matière de conception de missiles de croisière.

Visant au remplacement de l’AGM-86 ALCM, ce nouveau missile est pour l’instant appelé sobrement LRSO, pour Long Range Stand-Off Weapon (arme de longue portée tirée à distance de sécurité). Dans sa version opérationnelle, il devrait cependant porter la désignation AGM-180 ou AGM-181, les deux nomenclatures ayant été réservées pour les prototypes du futur missile. En effet, jusqu’à aujourd’hui, le programme prévoyait que deux constructeurs développeraient parallèlement leur version du LRSO : Raytheon et Lockheed Martin. Les deux constructeurs ont été désignés en 2017 pour concevoir le successeur de l’AGM-86, et l’USAF aurait dû sélectionner le design d’un des deux industriels en 2022 afin de poursuivre le développement du programme.

Vendredi dernier, toutefois, l’USAF a annoncé qu’elle poursuivrait désormais le programme LRSO avec un unique fournisseur, à savoir Raytheon. Si la communication du Pentagone se veut rassurante vis-à-vis de Lockheed Martin, qui devrait rester impliqué d’une manière ou d’une autre dans le programme LRSO, il s’agit toutefois d’un coup dur pour la firme de Bethesda. Pour la plupart des observateurs, la décision de l’US Air Force était inattendue et en rupture complète avec l’historique plutôt calme du programme LRSO. Cependant, cette décision anticipée de la part de l’USAF est sans doute révélatrice d’un certain sentiment d’urgence qui circule désormais dans les couloirs du Pentagone au sujet des capacités stratégiques américaines.

AGM 86C to a waiting a B 52H Stratofortress at RAF Fairford March 30 1999 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
L’AGM-86C conventionnel, ici employé pendant la guerre du Kosovo, est sorti du service actif l’année dernière. Les versions nucléaires devraient cependant rester opérationnelles jusqu’en 2030. Près d’un millier de LRSO pourraient être commandés pour remplacer ce missile.

Jusqu’à présent, le programme LRSO avait tout d’un long fleuve –très– tranquille. Prévu dès 2012, au moment du retrait des AGM-129, le LRSO a été à de maintes reprises retardé ou ralenti. En effet, l’AGM-86 qu’il doit remplacer est un missile qui donne entière satisfaction. Stable, robuste, facile à entretenir, il pourra continuer d’armer le B-52H jusqu’en 2030 sans difficulté. Cependant, ces dernières années, le contexte géostratégique s’est rapidement dégradé, au point de mettre en avant les faiblesses du couple B-52H/AGM-86 ALCM.

En effet, si l’ALCM est un excellent missile, il ne dispose pas de la furtivité accrue ou de la gigantesque autonomie de l’AGM-129 parti à la retraite anticipée. Pire encore, l’ALCM n’est embarqué qu’à bord des B-52H Stratofortress, des bombardiers fiables et économiques à l’emploi mais qui n’ont ni la furtivité du B-2A ni les capacités de pénétration du B-1B Lancer. Or, dès l’origine, le LRSO était prévu pour pouvoir être embarquer à bord de différents modèles de bombardiers, notamment le B-52H, le futur B-21 Raider et même le B-2 pour ses dernières années de service. En raison des accords de désarmements, les Lancer restent aujourd’hui privés de capacités nucléaires, même si rien n’empêcherait l’intégration du LRSO sur cet avion si une décision politique était prise en ce sens.

B 21 Raider Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le B-21 Raider devrait remplacer à partir de 2025 son grand frère B-2 Spirit, mais aussi les B-1B Lancer. Ce bombardier devrait dès l’origine pouvoir embarquer le missile de croisière LRSO.

En raison de l’évolution des tensions entre Washington et Pékin, mais aussi entre les Etats-Unis et la Russie sur fond d’abrogation de traités de désarmement, une accélération du programme LRSO peut sans doute se justifier d’un point de vue stratégique. L’heure est en effet à la relance des programmes d’armement nucléaires et stratégiques. En poursuivant le programme avec un seul fournisseur, l’USAF prend cependant quelques risques. En effet, elle ne pourra pas négocier ses contrats dans des conditions aussi avantageuses que dans une situation de concurrence. De plus, en cas de gros problème sur le design de Raytheon, il n’existera aucune solution de repli. A l’inverse, négocier avec un unique fournisseur devrait permettre un dialogue plus franc et rapide, et un meilleur contrôle sur le déroulé du programme.

Dans de telles conditions, confier le LRSO à Raytheon apparaît sans doute comme un choix logique. L’entreprise est en effet réputée pour la qualité de ses missiles de croisière, ayant notamment conçu l’AGM-129, l’AGM-154 JSOW mais aussi les célèbres missiles Tomahawk. De plus, le choix de Raytheon pourrait également correspondre à une volonté de dilluer les investissements au sein de l’industrie américaine de défense. En effet, pour le moment, Lockheed Martin est le principal fournisseur désigné pour les différents programmes de missiles hypersoniques de l’USAF.

A LRASM at NAS Patuxent River 2015 Aug. 12 2015 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le JASSM a donné naissance au LRASM anti-navire et au JASSM-ER ayant remplacé temporairement le CALCM. A plus long terme, le JASSM-XR à portée accrue pourrait constituer une solution plus pérenne. Mais si encore plus de portée était demandée, l’USAF n’aura pas d’autres choix que de se tourner vers une variante conventionnelle du LRSO

De plus, la question du remplacement de la version conventionnelle de l’AGM-86 CALCM n’est toujours pas réglée, alors même qu’elle est au coeur des stratégies de contournement des systèmes de déni d’accès russes et chinois. Initialement, il était prévu que le LRSO puisse être équipé d’une charge nucléaire ou conventionnelle, comme l’ALCM/CALCM avant lui. Cependant, cette question avait soulevé une levée de bouclier de la part de l’opposition parlementaire qui y voyait un risque d’escalade en cas de conflit, l’adversaire n’ayant aucun moyen de savoir s’il est ciblé par un missile conventionnel ou nucléaire.

Si le LRSO devait rester une arme purement nucléaire, la frappe conventionnelle à très longue distance serait probablement assurée par une nouvelle variante à la portée encore accrue du JASSM-ER, un missile de croisière fourni par Lockheed Martin. En sélectionnant très tôt Raytheon pour le LRSO, qu’il soit purement nucléaire ou pas, l’USAF s’assure ainsi une certaine diversité de fournisseurs, tout en sécurisant autant que possible le développement de ses capacités stratégiques.

Le Département de la Défense américain veut retirer 2 porte-avions à l’US Navy

Nous nous en sommes déjà largement fait l’echo ici, la planification de l’US Navy en matière de construction de navires dans les années à venir fait aujourd’hui face à de grandes incertitudes. Elle est en effet prise entre les exigences du président Trump, reprises par son secrétaire à La Défense Mark Esper, afin de constituer pour 2030 une flotte de 355 navires (contre 293 aujourd’hui), la volonté de l’Etat-Major de l’US Navy de renforcer et rationaliser sa flotte de surface au détriment du nombre, et un budget qui a d’ores-et-déjà atteint son plafond, et qui ne pourra pas, dans les circonstances actuelles, progresser dans les années à venir. Un rapport du Département de La Défense publié hier vient accroitre les divergences qui opposent la vision politique et operationelle américaine, en recommandant de supprimer 2 des 11 porte-avions de l’US Navy, et de constituer une large flotte de navires légers robotiser ou à équipage réduit dans le but de faire face à la montée en puissance de la Marine Chinoise.

Ce rapport ne fait que mettre en forme la stratégie préconisée par Mark Esper depuis son arrivée au poste de Secrétaire à La Défense, à savoir d’augmenter le volume de l’US Navy par des petites unités et des unités robotisées, de sorte à augmenter, selon lui, la réactivité de la flotte et sa répartition sur les mers du globe. Pour cela, le rapport du DoD préconise non seulement le retrait de 2 porte-avions, mais également le maintien du nombre de navires de surface lourds, à savoir les croiseurs et destroyers, à plus de 80 unités, et l’augmentation du nombre de petites unités combattantes de 55 prévues (35 LCS et 20 FFG/X) à 70, en ajoutant très probablement 15 frégates FFG/X, les LCS ayant un intérêt opérationnel des plus limités en cas de conflit. Pour atteindre les objectifs présidentiels de 355 navires, le rapport préconise enfin la constitution d’une flotte de navires légers automatisés ou à équipage réduit, forte de 70 unités. A l’instar des drones comme le Predator ou le Reaper, ces unités navales automatisées ont l’avantage d’avoir une très longue autonomie à la mer, et une empreinte logistique et humaine, donc budgétaire, très faible, répondant dès lors aux contraintes auxquelles l’US Navy fait face aujourd’hui, tout en augmentant le nombre de navires pour « tenir la ligne » face à la Marine Chinoise, qui atteindra les 500 unités d’ici quelques années.

LCS Independence Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Les LCS (ici de la classe Independance) ont un armement réduit, ce qui limite considérablement leurs capacités opérationnelles en cas de conflit de haute intensité

Mais cette stratégie proposée par le DoD est loin d’être exempt de critiques. En premier lieu, la reduction du nombre de porte-avions à 9 unités ne permettra de disposer que de 6 navires opérationnels à chaque instant, limitant la présence américaine visible sur les océans ainsi que sa capacité à réagir aux crises dans des délais courts. En second lieu, une part significative de sa flotte sera composée de navires ayant un intérêt limité en cas de conflits de haute intensité. Ainsi, les LCS ont un armement réduit, et aucune capacité en matière de lutte anti-sous-marine, ce qui est traditionnellement le rôle des petites unités côtières. De même, les unités robotisées, comme les drones MALE, sont certes performantes dans la gestion des crises, ou dans les engagements dissymétriques, mais se retrouvent très vulnérables dès que le conflit s’intensifie. On le constate, par exemple, en Libye, ou les drones Male qu’ils soient turcs ou Emiratis, ont subi de lourdes pertes dès que les deux camps ont reçu des systèmes anti-aériens.

Enfin, cette approche présuppose que la Chine maintiendrait sa stratégie industrielle telle qu’aujourd’hui. Or, le pays est également avancé dans le domaine des navires autonomes, avec par exemple le programme JARI, une unité navale autonome légère pouvant assurer des missions de lutte anti-navire ou anti-sous-marine. Si la Chine concentre aujourd’hui son énergie dans la production de grandes unités combattantes, comme les croiseurs Type 055 ou le destroyers Type 052D, rien ne garantit qu’elle n’entamera pas, elle aussi, la production de ce type d’unités pour neutraliser la tentative américaine, et ce, tout en maintenant son effort en matière de construction plus lourdes. En d’autres termes, si la stratégie présentée par le DoD aujourd’hui permet de satisfaire aux exigences présidentielles, elle ne permet pas de créer un rapport de force en faveur de l’US Navy dans le Pacifique.

Type 055 Nanchang Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Les chantiers navals chinois lancent désormais chaque année 3 destroyers lourds type 055 de la classe Nanchang, des navires de 10.000 tonnes lourdement armés comparables aux destroyers A. Burke flight III.

Or, et nous le constatons avec force ces dernières semaines, le porte-avions est un élément clé dans la construction de ce rapport de force aujourd’hui, au point qu’à peine un des deux porte-avions nucléaires américains retiré de l’échiquier naval Pacifique, les autorités chinoises s’empressent de faire une demonstration de forces autour de Taiwan, en prenant grand soin de mettre en scène leur propre porte-avions, le Liaoning.

L’US Navy prépare également, de son coté, un rapport de recommendations concernant la planification de la construction navale, et les evolutions de son format à court, moyen et long terme. Bien que peu ait filtré à ce sujet, on peut s’attendre à ce que la stratégie proposée soit articulée en deux phases, une phase de consolidation qui verra le nombre d’unités navales se réduire pendant quelques années, puis une phase d’extension, une fois le décalage entre les besoins de renouvellement et les capacités de production et de financement aura été absorbé, soit entre 2030 et 2035. Mais ce programme aura bien peu de chances d’être retenu par l’administration américaine actuelle, puisque non seulement ne vise-t-il pas l’augmentation de la flotte à 355 navires en 2030, mais il prévoit même de diminuer temporairement le format de cette flotte d’ici cette date.

Nouveau porte avions francais Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Un porte-avions de 75.000 tonnes permettrait de maintenir le format de la flotte aéronavale américaine tout en diminuant son cout et son impact en matière de personnel

Il est toutefois surprenant de constater qu’aucun des acteurs de ce psychodrame ne s’autorise à sortir des jalons posés par l’industrie navale militaire américaine. Ainsi, on pourrait penser qu’il serait pertinent de construire 6 porte-avions de 75.000 tonnes en lieux et place de 3 Super porte-avions de la classe Ford, et ce pour un budget équivalent. Cela permettrait en effet à l’US Navy de disposer de 6 porte-avions lourds de 110.000 tonnes, ainsi que de 6 porte-avions moyens de 75.000 tonnes, pour le prix de 9 porte-avions lourds, permettant ainsi de ne pas affaiblir la composante aéronavale américaine, ainsi que l’élément au coeur du rapport de force naval avec la Chine. Pour rappel, le seul pays qui aujourd’hui a entamé la construction d’un porte-avions de plus de 75.000 tonnes est justement la Chine, mais elle n’aura en 2035 que 4 ou 5 unités de ce type, en plus de ses deux porte-avions à tremplin de 60.000 tonnes.

De même, il semblerait pertinent de remplacer une partie de la flotte de destroyers et de croiseurs par des frégates de type FFG/X, coutant 2,5 fois moins cher qu’un destroyer Arleigh Burke Flight III, mais offrant des capacités d’escorte similaires. De fait, en « sacrifiant » 10 Burke, l’US Navy gagnerait 25 de ces frégates, qui peuvent être modifiées pour recevoir 16 silos de plus, et donc mettre en oeuvre des missiles de croisières ou renforcer ses capacités anti-aériennes. Enfin, on ne peut que s’interroger sur la pertinence de maintenir la commande des LCS à venir, sachant le peu d’intérêt opérationnel de ces navires, pour un cout unitaire presque équivalent à celui d’une frégate FFG/X qui, elle, dispose d’une capacité d’escorte et peut opérer en haute mer.

FREMM Italie Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le programme FFG/X (ici le modèle FREMM proposé par l’Italie) représente incontestablement un des moyens les plus efficaces pour accroitre le format de l’US Navy à moyen terme

Il semblerait, dès lors, que l’avenir de l’US Navy dépende, aujourd’hui, bien davantage des capacités de lobbying politique et économique de l’industrie de défense US, et notamment des chantiers navals du pays grands pourvoyeurs d’emplois, que d’une analyse objective des besoins pour faire face à la montée en puissance de la Marine Chinoise. Il s’agissait, en substance, d’une des grandes craintes du président Eisenhower, non pas tant pour la dépense publique que cela engendre, que pour l’affaiblissement du pays que cela entraine immanquablement.

La stratégie de dissuasion de l’OTAN a-t-elle encore du sens ?

Selon le quotidien allemand Der Spiegel, la ministre allemande de La Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, aurait contacté directement son homologue américain Mark Esper, pour lui signifier l’intention de son pays d’acquérir 30 avions de combat F/A 18 E/F Super Hornet ainsi que 15 avions de guerre électronique EA-18G Growler, pour remplacer en partie sa flotte de Tornado spécialisées dans les missions de guerre électronique et de suppression des défenses anti-aériennes adverses, ainsi que ceux en charge d’assurer la permanence de dissuasion nucléaire de l’OTAN en transportant la bombe nucléaire B-61. Selon de nombreuses sources, c’est ce dernier point qui amena le gouvernement fédéral allemand à privilégier le Super Hornet de l’américain Boeing face au Typhoon d’Airbus Defense & Space, les autorités américaines ayant annoncé que l’adaptation du Typhoon pour mettre en oeuvre la bombe B61 ne pouvait être envisagé avant au une décennie dans le meilleur des cas.

De fait, une fois le choix du F18 effectué pour assurer les missions nucléaires au bénéfice de l’OTAN, la Luftwaffe n’avait d’autres choix que d’augmenter le parc d’avions de ce type pour assurer un volume de forces cohérent en terme de maintenance et de mise en oeuvre. Ceci explique pourquoi; plutôt que de s’équiper de seulement 15 F/A 18 F Super Hornet pour former l’escadron de dissuasion allemand, le format de la flotte a été étendu à 30 Super Hornet et 15 Growler, sacrifiant au passage les efforts d’Airbus DS dans le domaine de la guerre électronique pour developper son Typhoon ECR.

typhoon ECR 1 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Airbus DS avait proposé une version de son Typhoon, le Typhoon ECR, pour remplacer les Tornado allemands dans les missions de guerre électronique et de suppression des défenses anti-aériennes

L’argument de la composante nucléaire a été au coeur d’au moins deux competitions récentes gagnées par les Etats-Unis en Europe, la compétition Belge qui vit la victoire du F35A, et donc la competition allemande, même si pour sauver les apparences, Berlin a tout de même commander une soixantaine de Typhoon supplémentaires à son constructeur national Airbus DS. Il a également été au coeur de la competition ayant amené les Pays-Bas à declarer le F35 vainqueur face au Rafale en 2012. Cependant, eu égard des nouveaux paramètres qui conditionnent la guerre moderne, cette composante nucléaire a-t-elle toujours le rôle stratégique que lui prête l’OTAN ?

Dans les années 60, face à la montée en puissance des capacités de frappe par missiles sol-sol pouvant emporter des charges nucléaires de l’Union Soviétique et du Pacte de Varsovie, l’OTAN déploya un certain nombre de bombes nucléaires gravitationnelles B61 en Europe, mises en oeuvre par les forces aériennes de cinq pays membres de l’Alliance : L’Allemagne Fédérale, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et la Turquie. Dans les années 70, ces pays firent le choix d’appareils capables de mettre en oeuvre cette munition, le F16 pour la Belgique, les Pays-Bas et la Turquie, et le Panavia Tornado pour l’Allemagne et l’Italie. Les Etats-Unis avaient en effet autorisé le transfert de competences pour modifier l’appareil européen afin d’être en mesure d’accomplir cette mission.

La Luftwaffe doit remplacer ses 80 Tornado par un appareil plus moderne Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Les Tornado Allemands et Italiens ont été modifiés pour transporter la bombe nucléaire B61 dans les années 80

Mais ces cinq pays ne sont pour autant pas des nations nucléaires, c’est l’OTAN qui assure le commandement de la mise en oeuvre de ces armes et de la designation des cibles, et l’armement des armes est assuré par un système de « double clés » détenues simultanément par Washington et les Chancelleries de chacun des pays. Par ailleurs, ces pays sont signataires du Traité de Non Proliferation des armes nucléaires, et se sont engagés à ne pas developper de programme nucléaire militaire propre ni à faire l’acquisition d’armes nucléaires.

Dans les années 70 et 80, les capacités dissuasives de cette flotte de chasse armée de bombes nucléaires gravitationnelles étaient pertinentes face à l’Union Soviétique mais surtout face aux membres du Pacte de Varsovie, qui ne disposaient d’aucune capacité nucléaire défensive en riposte, et de capacités de défense anti-aérienne limitées ne pouvant empêcher ces frappes. Mais avec la disparition du Pacte de Varsovie, et donc d’un nombre de cibles potentiellement accessibles et susceptibles de faire pression sur Moscou, et le renforcement des capacités de déni d’accès russes, rien ne garantit aujourd’hui de l’efficacité de ce volet de la dissuasion collective de l’OTAN. En effet, une bombe gravitationnelle a ceci de caractéristique qu’elle doit être larguée au dessus, ou à proximité directe, de l’objectif visé. Il en s’agit pas d’armes « Stand off » capables d’être lancées à distance de sécurité, au delà de la portée des systèmes anti-aériens adverses.

F35A lors des tests de largage de la bombe nucleaire B61 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Pour l’heure, seul le F35A est en cours de qualification pour transporter et mettre en oeuvre la bombe nucléaire B61.

Or, les performances de La Défense anti-aérienne russe aujourd’hui n’ont rien de comparable avec celles d’il y a une trentaine d’années. Les systèmes sont à la fois plus évolués, plus précis, beaucoup plus redondants, et collaborent activement pour créer une défense multi-couches qu’aucun appareil, pas même un appareil furtif comme le F35A, ne peut espérer pénétrer dans la profondeur. En d’autres termes, les capacités de ripostes nucléaires de l’OTAN, telles que conçues aujourd’hui, n’ont pour ainsi dire, plus aucune valeur dissuasive. Dès lors, ces munitions nucléaires ne peuvent, raisonnablement, être utilisées que pour des frappes proches de la ligne d’engagement, ayant donc la forme d’une frappe nucléaire tactique. A noter que ceci mettrait les pays mettant en oeuvre ces armes en total désaccord avec le traité de non prolifération qu’ils ont signé. Non pas que dans le cas d’un conflit faisant usage d’armes nucléaires tactiques, cela ait une quelconque forme d’importance tant les risques d’embrasement généralisés seraient élevés.

En d’autres termes, la composante nucléaire de l’OTAN telle que définie aujourd’hui n’a, dans les faits, plus aucun intérêt si son objectif est de préserver la paix. Il est à ce titre interessant de constater que lors des simulations de conflits nucléaires entre l’OTAN et la Russie effectuées par les chercheurs de l’Université de Berkley, le seul pays européen préservé fut la France, du fait de sa dissuasion nucléaire autonome. En effet, outre ses 4 sous-marins nucléaires mettant chacun en oeuvre 16 missiles stratégiques intercontinentaux M51, la France dispose également de deux escadrons de frappe nucléaire équipés d’avions Rafale B et de missiles nucléaires supersoniques ASMP/A. Contrairement à la bombe B61, le missile ASMP/A, qui transporte une tête nucléaire de 300 kt soit 20 fois la puissance de la bombe d’Hiroshima, a une portée supérieure à 600 km et une vitesse supérieure à Mach 3, le rendant beaucoup plus difficile à intercepter qu’un avion de combat. En outre, les Rafale de la Marine Nationale peuvent également mettre ne oeuvre ce missile si besoin. Dès lors, le volet dissuasif de cette composante aérienne française reste aujourd’hui encore très efficace, et remplit donc son rôle parfaitement. A partir de 2035, la France disposera d’un nouveau missile hypersonique qui remplacera l’ASMPA pour continuer à assurer cette mission.

Un Rafale F3 de la composante aerienne de la dissuasion francaise equipe dun missile ASMPA Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
L’Armée de l’Air française met en oeuvre deux escadrons de frappe stratégique équipés de Rafale B et de missile ASMPA ici en position ventrale

Si la proposition du président Macron d’une extension de la dissuasion française à ses voisins européens n’a pas suscité d’enthousiasme auprés des dirigeants européens, il n’en demeure pas moins vrais que l’alternative de l’OTAN n’a plus guère de raison d’être, du moins dans sa forme actuelle. De fait, le sacrifice consenti par l’Allemagne en préférant le Super Hornet et le Growler au Typhoon d’Airbus DS pour satisfaire aux exigences américaines dans ce domaine est, il faut le reconnaitre, plus que contestable, et ne repose sur aucune réalité opérationnelle. Il ne s’agit que de satisfaire ici aux exigences américaines. Mais l’on peut difficilement s’en offusquer lorsque l’on constate que l’Allemagne, comme la Belgique ou les Pays-Bas, font reposer leur défense avant tout sur une intervention américaine.

L’Iran dévoile deux nouveaux radars conçus pour détecter les missiles de croisière et les avions furtifs

L’armée iranienne a dévoilé dimanche dernier deux nouveaux modèles de radars tridimensionnels à commande de phase dont les performances seraient compatibles avec la détection d’avions furtif, de drones, mais aussi de missiles de croisière et de missiles balistiques.

Comme bien souvent, les « nouveaux » radars dévoilés par Téhéran ne sont pas aussi révolutionnaires sur le plan technologique que les annoncent ne voudraient le faire croire. Pour autant, ils démontrent une certaine maturité de la R&D iranienne, mais aussi de ses ambitions sur le plan stratégique.

Le premier modèle dévoilé est un radar stratégique à très longue portée désigné Khalij-e Fars. D’une portée de 800km, ce radar à commande de phase est destiné avant tout à l’alerte lointaine. Installé dans la province d’Hormozgan, en face des Emirats Arabes Unis, il devrait permettre de surveiller les mouvements aériens autour du détroit d’Ormuz. Si les communications officielles parlent de technologies de pointe et de radar AESA, les photographies du Khalij-e Fars montrent toutefois un radar tridimensionnel à commande de phase relativement classique.

Khalije Fars Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Les radars transhorizons iraniens sont installés en altitude afin d’éviter autant que possible les interférences atmosphériques qui perturbent le fonctionnement de ce type de radars.

La théorie des radars transhorizon est en effet connue depuis les années 1940, et consiste à faire rebondir les ondes radars sur la haute atmosphère. Cependant, leur déploiement est encore rare étant donné qu’ils demandent des infrastructures très lourdes. Ils sont cependant utilisés régulièrement depuis les années 1960 pour la détection militaire et spatiale, même si l’exploitation poussée de technologies de commande de phase est nettement plus récente. De par les formes d’ondes utilisées par les radars transhorizon, les avions furtifs sont parfaitement détectables par ce type de radar, ce qui explique en partie l’intérêt porté à ce type de technologies et les avancées récentes dans le domaine.

Ainsi, le Khalij-e Fars est probablement une variante améliorée du radar de détection avancé Nazir, déjà installé sur les hauts plateaux iraniens depuis 2016. Alors que le Nazir avait pour but de détecter les cas de violation de l’espace aérien iranien, y compris par un aéronef furtif, le Khalij-e Fars offrirait à Téhéran une capacité de surveillance en profondeur. Par son emplacement, le radar couvre en effet la quasi-totalité du Golfe Persique et du Golfe d’Oman, ainsi que les espaces aériens des Emirats Arabes Unis, de Bahreïn, du Qatar, et une partie du territoire d’Oman et de l’Arabie Saoudite.

bunker iran Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le centre de commandement associé au Khalij-e Fars serait enterré à 150m de profondeur afin d’assurer une certaine résilience du système en cas d’attaque sur le pays. Les antennes du radar elles-mêmes restent cependant très fragiles.

Depuis quelques temps déjà, l’armée iranienne semblait avoir démontré ses nouvelles capacités de détection lointaine, notamment en détectant, en traquant et en détruisant un drone américain Global Hawk évoluant à plus de 20.000m d’altitude en juin dernier. Plus récemment, en février, les autorités iraniennes annonçaient avoir détecté et repoussé un vol de reconnaissance mené par un EA-18G  Growler de l’US Navy.

Si les radars d’alerte lointaine et de détection transhorizon sont des outils stratégiques assez répandus auprès des pays maîtrisant (ou redoutant) les armes balistiques ou développant des capacités spatiales, ils ont cependant une utilité tactique relativement limitée. En effet, leur précision n’est généralement pas suffisante pour permettre de guider des missiles ou des intercepteurs. De plus, ils ne disposent pas de l’agilité en fréquence et de la discrétion d’un radar AESA. Et comme ces installations sont fixes, elles sont plus susceptibles d’être frappées dès les premières heures d’un conflit. Il s’agit donc de radars efficaces en temps de crise ou pour surveiller les mouvements adverses et donner l’alerte, mais à la survivabilité limité en cas de guerre.

Moraqheb Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le Moragheb est présenté par Téhéran comme un radar AESA. Les performances de ce type de technologie reposent à la fois sur la conception matérielle de l’antenne et sur le traitement logiciel du signal radar, ce qui soulève quelques questions sur les capacités réelles de ces radars.

En cela, le second radar dévoilé par Téhéran est sans doute plus intéressant. En effet, le Moraqheb se présente comme un radar AESA (parfois appelé « radar plaque ») mobile de grande dimension, donné pour une portée de 400km et capable de détecter des cibles discrètes ou de petite taille. Bien entendu, la portée face à ce type de cibles sera considérablement réduite. Techniquement, le Moragheb est donc plus conventionnel dans sa conception, puisqu’il ne dispose pas de capacité transhorizon, et donc sera limité dans la détection de cibles à basse altitude. Il est cependant mobile, et offre alors une souplesse tactique hors de portée des radars de veille transhorizon.

Encore une fois, cependant, le Moragheb est loin d’être aussi révolutionnaire que ce que les annonces iraniennes laissent entendre. En effet, il présente une forte ressemblance extérieure avec le Meraj-4 intégré au système de défense aérienne Bavar-373 que nous avions présenté l’année dernière. Le Moragheb semble plus compact, et il est probable que de substantielles améliorations aient été apportées au traitement de signal, mais ce n’est pas le premier « radar plaque » présenté par Téhéran. De plus, le poste de commandement mobile du Moragheb semble être dérivé de celui du système russe Gamma-DE vendu à l’Iran.

Pour autant, ces annonces montrent que la R&D de Téhéran reste active en matière de radars fixes et mobiles, et que la détection avancée de cibles furtives et de petite taille reste au cœur des priorités de l’état-major iranien. Ce type d’équipements est en effet la clé indispensable pour la constitution d’un réseau de déni d’accès (A2/AD) efficace. Le chemin est sans doute encore long avant que l’Iran ne déploie un radar AESA performant dans un avion de combat ou de détection avancée. Mais l’amélioration continue des radars mobiles à antennes AESA pourrait laisser présager une intégration prochaine à bord de navires de combat.

L’armée italienne va se doter d’une version militaire de l’hélicoptère AW169 de Leonardo

Il en était question depuis le mois de janvier, mais c’est désormais confirmé : l’armée italienne va se doter du dernier-né de la gamme d’hélicoptères de Leonardo, le AW169. S’il était déjà établi que l’appareil serait utilisé dans sa variante civile pour l’entrainement des pilotes militaires italiens, la déclaration d’achat publiée par le ministère italien de la défense évoque également le développement d’une variante armée de l’appareil, le AW169 Multi-role Advanced, ou AW169MA.

Au début de l’année, les armées italiennes avaient annoncé leurs intentions d’achat afin de moderniser leurs équipements. L’Esercito Italiano (Armée de Terre italienne) avait alors évoqué l’acquisition dans les années à venir d’hélicoptères AW169 afin de remplacer sa flotte disparate d’hélicoptères d’ancienne génération, principalement des Agusta-Bell AB212 et AB412. A l’époque, le programme d’acquisition était nommé Light Utility Helicopter (LUH) et visait à rationaliser les flottes d’hélicoptères logistiques et de soutien autour d’un unique aéronef. Cette flotte d’hélicoptères légers viendrait alors épauler les hélicoptères médians NH90 et les hélicoptères lourds CH-47 Chinook.

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Leonardo dispose d’une grande expérience dans l’intégration d’armements et de boules optroniques sur ses hélicoptères. Le AW169MA devrait être très versatile, apte aux missions logistiques comme aux opérations de combat.

Avec les annonces du 14 avril, l’Esercito italiano dévoile son plan d’acquisition. Dans un premier temps, l’armée italienne recevra rapidement deux appareils aux normes civiles (Commercial Basic Trainer) destinées à former les futurs pilotes d’hélicoptères militaires. Cet achat s’accompagne d’une offre de service assurant 400 heures de vol annuel pour chaque hélicoptère en 2022 et 2023. A terme, au fur et à mesure que le remplacement des Agusta-Bell avancera, d’autres appareils Commercial Basic Trainer pourraient être commandés.

Mais l’annonce la plus importante concerne l’acquisition d’un premier lot de quinze AW129MA, pour Multi-role Advanced, destiné à remplacer les derniers AB212 encore en service dans l’Armée Italienne. A terme, une vingtaine d’appareils supplémentaires pourraient être achetés pour remplacer les AB412. Cette nouvelle variante du AW169 devrait lui permettre d’entrer pleinement sur le marché militaire et d’affronter le AS565 Panther de Airbus Helicopters. Pour l’heure, en effet, les seuls AW169 commandés dans un standard « militaire » sont les 22 appareils en cours de livraison à la Guardia di Finanza, qui sont surtout équipés pour le soutien d’opérations des forces de l’ordre.

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La Garde des Finances italiennes est une force de police douanière et financière qui fait partie des forces armées italiennes, bien qu’elle dépende du ministère de l’économie. Ses AW169M sont de facto des appareils militaires, même s’ils ne sont pas armés.

Le AW169MA promet, lui, des performances bien supérieures. Peu de détails ont filtré sur les modifications exactes de l’appareil, même s’il apparaît que celui-ci sera directement dérivé du A169M qui avait été proposé à l’US Army dans le cadre du programme Armed Aerial Scout (AAS) annulé en 2013. D’un poids maximal de 4,5 tonnes, le AW169M arborait une boule optronique sous le nez de l’appareil et des turbines PW210A améliorées pour pouvoir opérer dans des climats chauds et en haute altitude. Mais l’appareil était surtout équipé de points d’emports latéraux pour embarquer des armes lourdes, comme des mitrailleuses, des canons de 20mm ou des roquettes à guidage laser.

Par rapport à l’Agusta-Bell 212, le AW169MA pourra ainsi embarquer son armement de soutien à l’extérieur de la cabine, qui restera dévolue à l’emport de troupes ou de matériel. En fonction des besoins exprimés par les militaires italiens, des mitrailleuses pourront cependant toujours être installées au niveau des portes latérales. Par rapport aux Bell 212 et 412, le AW169 est plus compact et plus léger, mais il est bien plus puissant, maniable et rapide que les hélicoptères qu’il est amené à remplacer.

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Le AW169MA devrait pouvoir mettre en oeuvre des armes guidées laser ainsi que des roquettes, mitrailleuses et canons plus conventionnels. Le détail de la configuration italienne n’a pas encore été dévoilé cependant.

Avec un poids à pleine charge de 4,85 t, le AW169 est un hélicoptère de la classe des 4 tonnes, et sera dans les années à venir l’appareil utilitaire de référence de l’armée italienne. Pouvant être utilisé aussi bien en Italie qu’en opérations extérieures, il sera chargé du transport de troupes, de la liaison, de la surveillance et de la reconnaissance armée. En récupérant à son compte les études réalisées lors de l’appel d’offre américain, l’Esercito va ainsi s’offrir un hélicoptère léger multi-rôle parfaitement adapté à ses besoins.

Il est ainsi intéressant d’observer que l’Italie, qui soutient régulièrement les productions de Leonardo, n’a pas choisi d’opter pour un appareil unique pour toutes ses forces militaires. En effet, l’Aeronautica Militare (Armée de l’Air) a fait le choix de s’équiper d’AW139, un hélicoptère médian de la classe des 6 tonnes. La Marina Militare, de son côté, à choisi de tout miser sur les hélicoptères lourds avec le EH101 Merlin et le NH90. Cette organisation diffère largement de la voie prise par la France, qui a choisi en 2017 de s’équiper du tout nouveau H160M Guépard pour son Armée de Terre, sa Marine et son Armée de l’Air.

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Près de 170 H160M Guépard devraient être commandés pour l’ensemble des forces françaises. Le choix d’un hélicoptère commun permet un important volume de commandes, même si les appareils ne seront pas parfaitement adaptés à chacune de leurs missions.

Or, à l’époque, ce choix avait été très discuté. En effet, le programme HIL (Hélicoptère Interarmées Léger) devait initialement porter sur un hélicoptère de la classe des 4 tonnes, économique à l’achat et à l’emploi. Le programme initial s’appelait d’ailleurs HC4, pour Hélicoptère Classe 4t. Très vite, cependant, il est apparu que les besoins de l’Armée de l’Air et ceux des Forces Spéciales s’orientaient vers un hélicoptère bien plus lourd, de la classe des 6 tonnes, à l’instar du AW139 sélectionné par l’Aeronautica Militare. Dans l’Armée de Terre et, dans une moindre mesure la Marine, un appareil de 6t comme le H160M apparaissait comme surdimensionné pour le remplacement des Gazelle et des Alouette III, tout en étant tout juste suffisant pour le remplacement des Puma.

Au final, les divergences dans les programmes d’acquisition français et italiens montrent les compromis différents qui sont faits à Paris et à Rome. En France, la standardisation des équipements s’effectue à l’échelle interarmées, afin d’optimiser la maintenance et la disponibilité des machines, quitte à ne pas disposer systématiquement d’un appareil taillé sur mesure pour sa mission. En Italie, au contraire, le gouvernement soutient régulièrement les productions nationales, quitte à se contenter de petites séries plus coûteuses à mettre en œuvre, mais mieux adaptées aux besoins. Au final, chaque solution a ses mérites, et permet de soutenir deux champions de l’industrie aéronautique européenne.

Le système anti-aérien russe S350 entre en service pour completer le S400

La Défense anti-aérienne et anti-missile est incontestablement un des domaines d’excellence de l’industrie de défense et des forces russes. Il faut dire que depuis la Guerre froide, l’arme aérienne et les frappes par missiles de croisière à longue portée ont été, de leur coté, les domaines de prédilection de la puissance militaire occidentale. Et de fait, les forces russes mettent en oeuvre aujourd’hui pas moins de prés d’une dizaine de systèmes anti-aériens mobiles employant des missiles, allant du S400 au Pantsir S2 en passant par les S300 et les systèmes Buk.

En occident, il est courant de concevoir un système pour être polyvalent, et assurer un vaste périmètre de défense. C’est le cas du Patriot américain, mais aussi du SAMP/T Mamba franco-italien, assurant une défense à une distance allant de quelques kilometres et plus de 150 kilometres. C’est également ce qui explique que les systèmes russes sont si mal compris, notamment par les médias, et même par certains analystes et militaires. En effet, la conception de La Défense aérienne et anti-missile russe repose avant tout sur la complémentarité des systèmes entre eux, que ce soit en matière de portée, d’altitude, ne nature de cibles et de mobilité. En outre, La Défense anti-aérienne russe est organisée en deux blocs distincts, qui certes communiquent, mais ont des missions très différentes.

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Avec 12 missiles par véhicule, une batterie S350 dispose de 24 à 48 missiles prêt à l’emploi, soit le triple du S300P qu’il remplace.

Le premier bloc est celui qui assure la protection des unités militaires, et notamment des unités mobiles. Il s’agit principalement aujourd’hui de systèmes S300PMU, BUK et TOR, chacun ayant la responsabilité d’un volume d’interception qui lui est propre. Le second bloc assure la protection de zone, ainsi que celle des infrastructures sensibles. Il comporte les systèmes S400 pour l’interception à longue distance à haute et moyenne altitude, les systèmes S300P assurant la protection à moyenne portée, les systèmes Pantsir S2 pour la protection rapprochée des infrastructures critiques, des avions de combat Su27, Su30 et Su35, ainsi que des intercepteur Mig31, qui sont déployés pour renforcer les capacités défensives là ou cela s’avère nécessaire. L’objectif est de créer une défense de zone virtuellement impenetrable pour l’adversaire.

Ainsi, et contrairement à ce que beaucoup semblent croire en occident, le système S400 n’est pas un système miracle capable à lui seul d’interdire une zone aérienne. Il est en effet peu efficace contre les cibles évoluants à basse altitude, comme certains avions de combat conçus pour ce profil de mission tels le Tornado ou la Rafale, ou les missiles de croisière, qui outre l’utilisation du masquage terrain, ont désormais une furtivité avancée. A ce titre, et selon les declarations même des officiels russes, le système S400 déployé en Syrie par la Russie n’avait pas détecté les avions Rafale ni les missiles de croisière SCALP qu’ils ont lancé lors des frappes occidentales contre des installations suspectées de produire des armes chimiques en Syrie en 2018. Quand au Pantsir S2, son efficacité face à des missiles de croisière est avérée, mais relative, eu égard aux photos satellites après l’attaque des cibles visées par les missiles américains, britanniques et français.

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Héritier du SA-4 Ganef, le S300P était entré en service au milieu des années 80 dans les forces soviétiques.

C’est précisément pour combler cette faille et remplacer les systèmes S300P que le système S350 Vityaz 50R6 a été conçu. En effet, il s’agit d’un système proche du S400, dont il reprend par ailleurs l’un des missiles, le 9M96, ce qui lui permet d’agir en parfaitement harmonie avec celui-ci. En revanche, son radar 50N6A PESA est optimisé pour detecter des cibles volant à moyenne et basse altitude, à une distance n’excédant pas les 100 km. Pour l’interception, il emploi des missiles 9M96 à moyenne portée, jusqu’à 75 km, et le nouveau missile 9M100 d’une portée maximale de 15 km, mais très rapide (1000 m/s) et extrêmement manoeuvrant (+:- 60 G). En outre, un véhicule lanceur S350 met en oeuvre 12 missiles prêts à faire feu, contre seulement 4 pour le S300P, et s’avère également beaucoup plus mobile que ce dernier. Ainsi paré, le S350 s’avère être l’outil complémentaire idéal entre le S400 et le Pantsir S2 concernant la defense des infrastructures critiques. On note que le système a également été décliné en version navale, sous le nom de Poliment Redut, qui équipe notamment les nouvelles frégates projet 22350 Admiral Gorshkov, et qui sera associé à la version navale du Pantsir pour protéger les grandes unités navales russes.

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Les frégates admiral Gorshkov projet 22350 mettent en oeuvre le système Poliment Redut dérivé du S350 et disposent de 32 missiles 9M96 et 9M100 prêts à l’emploi dans 2 silos Redut de 16 missiles chacun

De fait, l’entrée en service des premières unités opérationnelles équipées du S350, telle que l’a annoncé le site du ministère de La Défense russe Krasnaya Zvesda (étoile rouge), représente une étape majeure dans le renforcement des capacités de déni d’accès russe, même s’il s’agit de la troisième fois en dix mois que cette information est publiée par les autorités russes. Il faut dire qu’il s’agit d’une forme de coutume pour les médias russes, de faire les gros titres en annonçant l’entrée en service d’un materiel alors qu’il s’agit initialement de la fin des tests d’état ouvrant la voie aux premières livraisons, puis de la livraison aux armées des premiers exemplaires pour les centres de formation, et enfin, une dernière fois lorsque le système est effectivement livré aux premières unités opérationnelles.

La Russie a testé le char lourd T14 Armata en Syrie

Depuis 2015 et les premiers déploiements de forces en Syrie, les armées russes ont déployé de nombreux materiels en cours de developpement et prototypes sur ce théâtre, pour en évaluer le comportement en zone de guerre. Ce fut parfois avec succès, comme dans le cas du blindé d’engagement de l’infanterie Terminator 2, ou des missiles de croisière Kalibr. Parfois, les résultats furent très décevant, comme dans le cas du robot de combat terrestre Uran, entrainant de profondes modifications du système pour palier les nombreuses défaillances constatées. Des prototypes T-50 du programme PAK-FA du futur avion de combat de nouvelle génération Su-57 ont été déployés sur la base de Hmeimim par deux fois. Selon le ministre russe de l’industrie et du commerce, Denis Manturov, ce fut également le cas du char de combat lourd de nouvelle génération T-14 Armata, appelé à devenir le principal char de combat des forces russes dans les années à venir.

Présenté pour la première fois au public lors de la parade du 9 Mai 2015 pour les 70 ans de la fin de la seconde guerre mondiale, le T14 Armata est un char lourd de nouvelle génération, le premier du genre, et le seul jusqu’à aujourd’hui. D’une masse de 55 tonnes pour une longueur de 10,8 m et une hauteur de 3,3 metres, il est plus lourd et plus imposant que les modèles en service dans les forces russes comme le T72B3 (45 tonnes), le T80B (46 tonnes) ou le T90A (48 tonnes), se rapprochant des formats en service dans les forces occidentales comme le Leclerc français (55 tonnes) ou le Leopard 2 allemand (58 tonnes). Ce regain de masse est la conséquence d’un blindé entièrement repensé, n’ayant plus qu’une très lointaine filiation avec les modèles russes précédents.

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Parade du 9 Mai 2015 pour le 70eme anniversaire de la victoire contre l’Allemagne nazie, première apparition publique du char T14 Armata

En effet, le T14 Armata intègre un ensemble de technologies modernes et efficaces en matière de conception de blindés : blindage céramique multicouche, système de protection hard-kill et soft kill Afghanit, optronique multi-spectrale, armement secondaire sur tourelleau téléopéré, drone de reconnaissance, système d’information et de communication.. Il intègre également des avancées originales, comme la capsule de survie qui protège et isole l’equipage de 3 hommes du blindé, notamment de la tourelle et des réserves de munitions ou de carburant. L’explosion des munitions a été, en effet, la principale cause des pertes concernant les équipages de chars lourds de facture russe touchés par un obus ou une roquette antichar ces dernières décennies.

Le chassis Armata est par ailleurs au coeur d’une nouvelle génération de blindés lourds russes, avec le véhicule de combat d’infanterie lourd T-15, ou le dépanneur de char T-16. Il est également question de porter le nouveau canon automoteur 2S35 Koalitsiya sur ce châssis, et il faut s’attendre à le voir décliner dans d’autres versions spécialisées, comme pour la défense anti-aérienne rapprochée ou l’engagement de l’infanterie avec le Terminator 3. Selon le président de la société Uralvagonzavod Alexander Potapov, les premiers T14 Armata rejoindront les unités de combat russes dès 2021, alors que le troisième lot de chars Armata sera livré aux armées cette année pour terminer les essais d’Etat. Il a également indiqué qu’une fois la production industrielle de série lancée, en 2021 selon toute probabilité, la Russie proposera le T14 sur les marchés exports. Plusieurs pays ont, selon lui, déjà fait savoir qu’ils souhaitaient acquérir le nouveau char, et auraient même signé des commandes préliminaires avec la société russe.

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La Capsule de pilotage et de survie de l’equipage du T14 est une des caractéristiques issues des retours d’experience lors des engagements des chars russes ces 30 dernières années

Alexander Potapov a également abordé la question du prix du char, que l’on sait être un frein à son adoption massive dans les armées russes, et probablement étrangères. Selon lui, le prix unitaire reste aujourd’hui élevé car les forces russes continuent d’exprimer des demandes d’amélioration et de modification du blindé, et que la production industrielle de série n’est pas encore lancée. Toutefois, il est confiant dans le fait qu’une fois cette dernière entamée, le prix du char baissera sensiblement, le rendant plus accessible. Selon certaines sources, le T14 Armata couterait aujourd’hui deux fois le prix unitaire d’un T90MS neuf, soit l’équivalent d’environ 10 m$. C’est également plus de 7 fois le prix d’un T72B3M modernisé, ceci expliquant les efforts en cours en Russie pour transformer un grand nombre des T72 en parc vers ce modèle parfaitement performant, et très économique. Toutefois, si le prix du T14 venait à baisser au niveau du tarif visé par Uralvagonzavod, soit entre 6 et 7 m$, il serait extrêmement compétitif sur les marchés internationaux, le Leopard 2A7+ atteignant les 10 m$ comme le M1A2 Abrams américain, ces deux chars n’ayant pas les performances annoncées du T14 Armata.

Comme les occidentaux, la Russie se prépare à voir déferler la vague chinoise sur les marchés de l’armement dans les années à venir. Plutôt que de chercher à se positionner sur des équipements performants et des prix très attractifs, comme elle le fait pendant plus d’une cinquantaine d’années, Moscou a semble-t-il fait le choix de venir chasser sur les terres occidentales, en proposant des équipements de haute technicité (char T14, avion Su57, frégate Gorshkov..) bénéficiant de tarifs plus compétitifs que ceux des occidentaux, mais sans céder en matière de performances. On peut certes faire valoir que les nouveaux armements russes n’ont pas fait leur preuve en combat jusqu’ici, mais c’est également vrais concernant les nouveaux équipements occidentaux…

L’avion d’attaque FTC-2000G du chinois GAIC trouve un premier client en Asie du Sud-Est

L’information a été dévoilée par la presse chinoise et confirmée par des représentants de GAIC (Guizhou Aviation Industry Corporation) et du ministère de la défense chinois : l’avion de combat FTC-2000G a trouvé un premier client à l’exportation moins d’un an et demi après son premier vol. Le contrat aurait été signé en janvier, et porte sur un nombre inconnu d’appareils. De plus, l’identité du client de lancement de ce petit chasseur biplace reste également secrète pour le moment, même si la Birmanie apparaît en tête des prédictions.

D’après les informations dévoilées, on sait uniquement que le client se situe en Asie du Sud-Est, et que les premières livraisons sont attendues pour 2021 et dureront environ deux ans. Cela laisse penser qu’il pourrait s’agir, au mieux, de deux douzaines d’appareils commandés. GIAC n’a pas souhaité communiquer sur le client des appareils. Au-delà de la Birmanie (Myanmar) cependant, seul le Cambodge ou éventuellement la Thaïlande pourraient acheter du matériel militaire chinois, et le FTC-2000G aurait très peu de chance d’intéresser un de ces deux pays.

FTC 2000G Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Les configurations d’armement présentées avec le FTC-2000G laissent clairement entendre que l’avion sera adapté en premier lieu à la frappe au sol. Il sera cependant assez maniable pour assurer de la défense aérienne à courte portée.

Historiquement, les principales exportations d’avions de chasse chinois portaient sur la famille Chengdu J-7/F-7, un dérivé chinois du MiG-21 qui s’est largement vendu en Afrique et en Asie, notamment auprès du Bangladesh, de la Corée du Nord, du Sri Lanka, du Pakistan et de la Birmanie, où l’appareil reste en service aujourd’hui. Plus récemment, la Chine a obtenu de beaux succès commerciaux à la fois en Afrique et en Asie, mais systématiquement avec ses avions d’entrainement JL-8/K-8 et L-15.

Pourtant, Pékin ne manque pas d’ambition sur le marché des chasseurs et intercepteurs légers. En attendant la disponibilité à l’exportation du chasseur médian J-10, la Chine s’est associé au Pakistan pour développer le JF-17, un chasseur léger de hautes performances qui s’est exporté au Nigéria et, encore une fois, en Birmanie. Cependant, de nombreux utilisateurs du J-7 cherchent aujourd’hui un remplaçant plus modeste et moins complexe technologiquement. Souvent considéré comme l’ultime développement du mythique MiG-21, le FTC-2000G est justement un appareil polyvalent très bon marché conçu dans cette optique.

Pakistan airforce K8 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le K-8 Karakorum (version export du JL-8) est aujourd’hui très répandu aussi bien en Asie qu’en Afrique. La Birmanie l’utilise à la fois pour l’entrainement de ses pilotes et pour l’appui-feu léger.

Destiné dès le départ au marché de l’exportation, le FTC-2000G est un avion d’attaque biplace de 5 tonnes à vide et 11 tonnes à pleine charge, dérivé de l’avion d’entrainement JL-9G de la marine chinoise. Par rapport au JL-9 de l’armée de l’air chinoise (dont la version export FTC-2000 a été vendue au Soudan), les versions « G » marine et export disposent d’une voilure agrandie et d’entrées d’air DSI similaires à celles du JF-17. Surtout, ils disposent enfin d’une nouvelle dérive agrandie, là où le JL-9 d’origine conservait la dérive caractéristique du MiG-21.

Finalement, seul le réacteur WP-13F et la forme générale de l’arrière du fuselage rappellent encore l’héritage soviétique de l’appareil. L’avion ainsi conçu est robuste et économique à l’entretien, même si sa consommation en carburant reste élevée par rapport aux standards actuels. Ainsi, les éléments réellement modernes de la famille JL-9 se situent dans son cockpit et son avionique, que GAIC affirme être comparable au T-50 Golden Eagle sud-coréen ou au M-346 italien. Pour l’exportation, les FTC-2000 sont d’ailleurs proposés en option avec un radar italien Grifo S-7.

JL 9 PLAAF Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le JL-9 utilisé pour l’entrainement par l’armée de l’air chinoise conserve encore la dérive et l’arrière du fuselage caractéristique des MiG-21 et J-7.

Si la version FTC-2000G dont il est question aujourd’hui peut toujours être utilisée comme avion d’entrainement avancé ou pour la défense aérienne à courte portée, elle reste cependant optimisée pour l’attaque au sol. Par rapport au JL-9G d’entrainement naval, le FTC-2000G comporte sept points d’emport au lieu de cinq, lui permettant d’emporter jusqu’à trois tonnes de charges externes. Son origine navale lui confère une bonne maniabilité à basse vitesse et basse altitude. Contrairement à la version de base, cependant, le FTC-2000G dispose d’une vitesse maximale de Mach 1,2 au lieu de Mach 1,6.

Ces caractéristiques en font en théorie un bon appareil d’attaque en complément des autres chasseurs légers chinois. Or, la Birmanie est pour l’heure le seul pays de l’Asie du Sud-Est à s’équiper largement en appareils d’origine chinoise. Outre une importante flotte d’avions d’entrainement K-8, le gros de la force aérienne birmane est encore constituée d’une vingtaine de chasseurs J-7 et d’autant de bombardiers légers A-5 Fantan. Enfin, une demi-douzaine de JF-17 ont été récemment livrés afin d’offrir des capacités de défense aérienne moderne à l’armée de l’air birmane.

JF 17 birmanie Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
16 JF-17 ont été commandés par la Birmanie en 2015 pour épauler les MiG-29. Une commande supplémentaire était évoquée pour remplacer vers 2025 les derniers J-7 et A-5 birmans. Le FTC-2000G pourrait alors avoir été préféré à un second lot de JF-17, surtout si le remplacement des A-5 Fantan est prioritaire.

Cependant, en matière de soutien aérien et d’attaque au sol, les A-5 Fantan s’avèrent aujourd’hui largement obsolètes. L’achat d’une vingtaine de FTC-2000G par la Birmanie permettrait de remplacer progressivement les A-5 avec un avion économique et facile à entretenir, d’autant plus que les techniciens birmans connaissent bien la famille J-7 et son réacteur. Il reste d’ailleurs probable que Pékin ait encouragé la vente de FTC-2000G intégralement produits en Chine au détriment d’un second lot de JF-17 construits en partie au Pakistan.

Même si un achat par la Birmanie est très probable, l’option cambodgienne ne doit certainement pas être écartée. Il s’agit en effet du deuxième pays entretenant des relations de défense rapprochées avec Pékin dans la région. Pour le moment, la force aérienne royale cambodgienne n’opère aucun avion de combat, et est principalement équipée d’hélicoptères et d’avions de transports d’origine chinoise. Il serait donc possible que le Cambodge décide de s’équiper d’une petite force d’autodéfense avec un ou deux escadrons d’avions légers capables d’assurer aussi bien la formation des pilotes que des missions air-air et air-sol basiques. Le Cambodge pourrait alors reconstruire le potentiel de sa force aérienne avec un unique appareil polyvalent, ce qui serait cohérent avec les ambitions stratégiques du pays.

FTC 2000 soudan Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Dans sa version de base, le FTC-2000 est un avion d’entrainement avancé, mais peut aussi être utilisé comme chasseur léger, comme c’est le cas pour les appareils vendus au Soudan.

Le FTC-2000G a justement été conçu dans cet optique, notamment pour le marché africain où de nombreux pays n’entretiennent qu’une flotte minimaliste d’avions de combat. Si l’hypothèse cambodgienne est assez crédible, celle d’un achat par la Thaïlande l’est beaucoup moins. En effet, même si Bangkok a choisi de se doter de sous-marins chinois et que ses avions d’attaque au sol L-39 attendent d’être remplacés, son armée de l’air reste largement alignée sur les standards occidentaux.

Quoi qu’il en soit, en exportant pour la première fois son FTC-2000G, la Chine dispose d’un deuxième chasseur léger sur le marché international, après le JF-17 sino-pakistanais. Pour le moment, Pékin est seul sur le segment de marché des appareils supersoniques très bon marché, ce qui devrait lui assurer un certain succès commercial en Afrique et en Asie. L’étape suivante pour la Chine sera de réussir à exporter son chasseur J-10CE, qui se veut un équivalent des dernières versions du F-16 américain ou du Gripen suédois. Or, ce segment de marché reste généralement hors de portée de la plupart des pays africains qui achètent habituellement des avions chinois. Au-delà de l’Asie, la Chine pourrait donc tenter de séduire en Amérique du Sud où le besoin et les budgets existent encore pour ce type d’avion.

Les 3 chantiers navals de Défense allemands s’unissent pour faire face aux enjeux nationaux et internationaux à venir

La presse allemande a récemment révélé que Berlin chercherait depuis quelques mois à consolider son industrie navale afin de créer un unique champion national capable de rivaliser avec le Français Naval Group, l’Italien Fincantieri, voire l’Espagnol Navantia. Ce rapprochement, qui a depuis été confirmé par les industriels allemands, semble être une réaction à l’attribution du contrat de développement des frégates MKS-180 à la société hollandaise Damen en janvier dernier.

Pour le moment, le rapprochement évoqué en Allemagne concernerait trois sociétés. Fort logiquement, on retrouverait ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), géant allemand de la construction de navires et de sous-marins militaires installé à Hambourg. L’accord en cours de négociation inclut également le chantier naval German Naval Yards Kiel (GNYK), déjà très proche de TKMS, et qui appartient actuellement à la holding Privinvest. Ironiquement, on notera que GNYK appartenait à TKMS jusqu’en 2011, date à laquelle le chantier naval a été vendu à Privinvest. Enfin, la société Lürssen basée à Brême est aussi concernée par ce rapprochement. Si Lürssen est surtout spécialisé dans la réalisation de yacht de luxes, l’entreprise conserve une activité militaire notable, et a d’ailleurs été associée au néerlandais Damen pour le contrat de production des frégates MKS-180.

Fregate baden Wuttemberg F125 allemande Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
En cours de livraison à la marine allemande, les quatre frégates de type F125 ont été construites par ARGE F125, une joint-venture de TKMS et Lürssen. Les accords bilatéraux ne sont pas rares entre les différents chantiers navals allemands, mais le rapprochement actuel vise à consolider durablement la production de navires de surface

Selon de nombreuses analyses, c’est l’attribution du marché de construction des frégates MKS-180 au groupe néerlandais Damen en janvier dernier qui aurait servi de déclencheur au processus de rapprochement des principaux acteurs de la construction navale militaire allemande. Pour TKMS, mais aussi pour de nombreux syndicats allemands, la décision de choisir cette entreprise pour la construction de ces navires plutôt que l’alliance German Naval Yards + TKMS a été perçu comme un véritable camouflet, quand bien même Damen prévoyait de réaliser une grande partie des MKS-180 dans des chantiers allemands à Brême et Hambourg.

Il faut dire que le programme MKS-180 est hautement symbolique pour le pays. Plus important programme naval allemand depuis la seconde guerre mondiale, il porte sur la construction de quatre à six frégates polyvalentes qui impressionnent tant par leurs tailles que par leurs capacités opérationnelles. En effet, les navires pourraient déplacer 10.000 tonnes et agir sur tout le spectre des missions de surface. Malgré l’enjeu stratégique du programme, Berlin a pris la décision unique en Europe d’ouvrir l’appel d’offre à des acteurs européens. Il s’agissait, en 2015, de montrer le mécontentement de la Marine allemande vis-à-vis de TKMS, qui avait accumulé les problèmes sur les programmes de frégates F125 et de corvettes K130.

En janvier, le couperet est finalement tombé. L’alliance de TKMS et de GNYK n’a pas suffi à proposer une offre concurrentielle, et Damen et Lürssen ont remporté ce contrat historique. Symboliquement, la situation était dramatique. Si les industriels allemands échouaient sur leur propre terrain, quelles chances auraient-ils dans les années à venir sur des marchés internationaux de plus en plus concurrentiels ?

MKS 180 1 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Au total, l’Allemagne devrait s’équiper de quatre à six MKS-180, également désignées F126. Ces navires déplaceront entre 9000 et 10000 tonnes, ce qui en fera les plus grosses frégates de la marine allemande

Alors que la mise en concurrence a longtemps été vue par Berlin comme le meilleur moyen de pousser ses industriels nationaux à proposer des produits concurrentiels, l’Allemagne semble avoir aujourd’hui compris qu’il n’y avait tout simplement pas assez de place pour plusieurs industriels sur le même segment de marché. Les commandes de la Deutsche Marine ne sont pas suffisantes pour alimenter tous les chantiers, et les parts de marché internationales se réduisent avec l’émergences de nouveaux producteurs locaux (Turquie, Corée du Sud, Indonésie, etc.). C’est d’autant plus vrais qu’avec les MKS180, la Marine allemande terminera le cycle des modernisations de sa flotte de surface combattante, ne laissant que peu de perspectives en matière de commandes endogènes pour les 20 années à venir dans ce domaine.

Pour les trois industriels concernés par le rapprochement proposé par Berlin, la constitution d’une unique entité spécialisée dans la construction navale aurait un double avantage. D’une part, les commandes de la Deutsche Marine permettraient d’assurer une charge de travail aux trois industriels, sans risque de voir l’un d’entre eux mettre la clé sous la porte. D’autre part, un acteur allemand unique et renforcé serait en meilleure position pour concurrencer les autres groupes européens sur le marché international.

K130 corvette Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Les cinq premières corvettes K130 ont été construites par Blohm+Voss (qui appartenait à TKMS lors de la signature du contrat), Nordseewerke (fermé en 2010) et Lürssen. Les cinq suivantes sont en cours de construction par Lürssen, qui a racheté Blohm+Voss à TKMS en 2016. Ce programme illustre à lui seul le choc de simplification que représenterait une consolidation du secteur naval.

La forme exacte que pourrait prendre cette consolidation n’est pas encore communiquée : coopération, conglomérat, joint-venture, groupement d’intérêt industriel ? De même, rien ne dit que le rapprochement entre TKMS, GNYK et Lürssen permettra d’évincer Damen du contrat MKS-180. La position de Lürssen sur cette question devra donc être observée avec attention, tout comme celle de GNYK qui a attaqué en justice le choix du gouvernement fédéral. A plus long terme toutefois, une consolidation des principaux chantiers navals allemands mettrait ces derniers en position de force pour le programme F127 de remplacement des frégates de défense aérienne F124 après 2030. Un horizon assez lointain pour que beaucoup de choses se produisent, y compris un rapprochement avec les Pays-Bas qui devront remplacer à cette période leurs frégates De Zeven Provinciën.

Dans tous les cas, la constitution d’un géant allemand du naval militaire semble éloigner un peu plus la possibilité d’un rapprochement à l’échelle européenne, souhaitée par l’ancien patron de Naval Group Hervé Guillou. Sa proposition, qui avait conduit à la création d’une co-entreprise entre Naval Group et Fincantieri, avait déjà laissé sceptique la plupart des acteurs européens, notamment chez Damen. En se positionnant clairement comme un concurrent de Naval Group et de Fincantieri, le nouveau conglomérat allemand rend toute tentative de rapprochement à l’échelle européenne parfaitement illusoire à moyen terme. Quand à savoir si cela surprend quiconque …

Alors que le Boeing KC-46 accumule les difficultés, Airbus démontre la capacité de ravitaillement en vol automatique de l’A330 MRTT

Nous en avions déjà parlé sur Meta-Défense : Airbus travaille depuis quelques années sur un système de ravitaillement en vol automatique pour son A330 MRTT, et avait trouvé un client de lancement à Singapour. Aujourd’hui, l’avionneur européen annonce que son système de ravitaillement en vol automatique (A3R, Automatic Air-to-Air Refueling) a été testé avec succès lors d’une campagne d’essais en vol impliquant un F-16.

Les essais en vol ce seraient déroulés il y a quelques semaines au-dessus de l’Atlantique. Ils auraient impliqué un avion ravitailleur Airbus MRTT équipé du système A3R ainsi qu’un avion de chasse F-16 de la force aérienne portugaise. La campagne d’essais aurait demandé plus de 45 heures de vol et impliqué 120 contacts entre l’A330 MRTT et le F-16.

Les éléments dévoilés par Airbus nous en apprennent un peu plus sur les technologies utilisées par A3R et par son mode de fonctionnement. D’après les visuels dévoilés, il semblerait que les capteurs du ravitailleur soient en mesure de modéliser la forme de l’appareil ravitaillé, et d’en extrapolé sa position relative exacte par rapport à la perche de ravitaillement. D’après Airbus, la précision du système serait d’environ 2 cm en temps réel, bien meilleure que ce dont est capable un opérateur humain.

A3R airbus a330 mrtt Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Le système A3R d’Airbus assure une précision centimétrique à la perche de ravitaillement en vol utilisée en mode automatique

Concrètement, l’utilisation du système est simple. L’avion devant être ravitaillé effectue son approche derrière l’A330 MRTT de manière conventionnelle. L’opérateur de ravitaillement, situé derrière le cockpit de l’A330 MRRT, enclenche alors le mode A3R. La perche rigide du ravitailleur se dirige alors automatiquement vers le réceptacle de ravitaillement du F-16, et choisi le meilleur moment pour établir le contact entre les deux appareils. Une fois le ravitaillement terminé, la perche se rétracte et se relève rapidement du chasseur, qui peut alors s’éloigner.

Par rapport à un système manuel, l’A3R permet d’effectuer des ravitaillements plus rapides et plus sécurisés, y compris dans de nuit et dans des conditions aérologiques dégradées. Pour l’avion ravitaillé, c’est à la fois un gain de temps et de sécurité. Pour l’avion ravitailleur, A3R permet d’économiser l’énergie des opérateurs qui sont alors capables d’effectuer des missions plus longues.

Pour le moment, le système A3R est considéré comme une aide pour les opérateurs de ravitaillement en vol, et il n’est pas question de débarquer ces techniciens indispensables à cette capacité stratégique. En effet, en cas de disfonctionnement d’A3R, ou si l’avion devant être ravitaillé n’est pas reconnu par le système, c’est l’opérateur qui devra effectuer le ravitaillement manuellement.

A330MRTT © Airbus 2018 Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
La force aérienne singapourienne dispose de six MRTT, qui devraient tous recevoir le système A3R dès l’année prochaine. Pour un pays ayant peu de profondeur stratégique, la vitesse des ravitaillements en vol est particulièrement importante.

Traditionnellement, il existe deux méthodes de ravitaillement : la perche rigide utilisée par l’USAF, et le tuyau souple utilisé par l’US Navy et la plupart des avions conçus en Europe. Ce dernier système permettait déjà des ravitaillements en vol sans intervention de l’opérateur, puisque c’est le pilote de l’avion ravitaillé qui réalisait le contact. Avec A3R, cependant, ni l’opérateur de ravitaillement ni le pilote du chasseur n’auront à gérer cette phase délicate du ravitaillement en vol.

La certification du système A3R est attendue pour 2021. Les premiers ravitailleurs équipés du nouveau système devraient être les A330 MRTT de la force aérienne de la République de Singapour. Client de lancement du « SMART MRTT », Singapour devrait moderniser ses six A330 MRTT pour qu’ils intègrent le ravitaillement automatique. Les premiers avions intégrés à la base de donnée de l’A3R devraient donc être le F-16 et le F-15, mais également l’A330 MRTT lui-même. Les F-35B récemment commandés par Singapour utiliseront les tuyaux souples sous les ailes de l’Airbus MRTT, et non la perche rigide centrale.

Un A330 MRTT de lArmee de lAir accompagne dun Rafale B dun mirage 2000 5 et dun mirage 2000D Actualités Défense | Armes nucléaires | Bombardiers Stratégiques
Sur cet A330 MRTT Phénix de l’Armée Française, on distingue bien la perche rigide sous la queue du ravitailleur et les paniers dotés de tuyaux souples sous les ailes

Progressivement, Airbus devrait valider son système pour d’autres avions afin de convaincre ses clients de convertir leurs MRTT au standard SMART MRTT. Le F-35A, le C-17, le KC-135 et différents modèles d’AWACS devraient être concernés, afin de pouvoir être proposé à l’Australie, au Royaume-Uni ou encore à la Corée du Sud. Même si la France utilise principalement la perche rigide pour ravitailler ses AWACS, les MRTT Phénix français devraient régulièrement ravitailler des F-16, F-15 et F-35 alliés lors des opérations en coalition, ce qui en fait également un client potentiel pour le SMART MRTT.

Avec son nouveau système de ravitaillement automatique, Airbus confirme son avance technologique dans le domaine du ravitaillement en vol. En quelques années, l’automatisation du ravitaillement pourrait devenir un nouveau standard pour ce type d’opérations. Pendant ce temps, Boeing se débat encore avec le Remote Vision System installé sur son KC-46 Pegasus, bien loin d’être opérationnel. L’USAF ayant récemment imposé à Boeing de remplacer intégralement le RVS qui pose tant de problème au Pegasus, nul doute que Boeing s’intéressera de près au SMART MRTT d’Airbus, même si l’avance de ce dernier ne sera pas facile à rattraper.

Mise à jour: le doute plane encore sur l’avion utilisé pour la campagne d’essai avec le F-16 portugais. Airbus parle en effet de « Airbus MRTT » pour les essais, et du développement des « excellentes performances de l’A330 MRTT ». Il se pourrait alors que la campagne actuelle ait utilisé le A310 MRTT possédé par Airbus et équipé d’une perche rigide représentative de celle intégrée aux A330 MRTT de l’avionneur.